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La protection des droits fondamentaux au sein de l'Union européenne

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par Stéphanie Ducret
Université Lumière Lyon 2 - droits de l'homme 2010
  

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§3. Le droit de vote de l'Union au Comité des Ministres

La place de l'Union au sein du Comité des ministres relève également une certaine difficulté. Il est à noter que le Comité des Ministres est chargé de contrôler l'exécution des arrêts de la Cour de Strasbourg. Quelle sera la place de l'Union au sein de ce Comité ? A ce jour, des membres de la Commission européenne ont le statut d'observateur, ceci leur permettant d'être présents mais ne leur donnant pas le droit de vote. « Dans la mesure où l'Union serait signataire de la CEDH, il serait logique qu'elle bénéficie du droit de vote et participe de la surveillance de l'exécution des arrêts au même titre que les autres Parties contractantes »425.

Mais, la responsabilité de l'Union devant la Convention se limite à des compétences plus restrictives que celles des Etats. Dans ce cas, « le droit de vote de l'UE devrait être limité aux affaires impliquant le droit communautaire »426. « Pourtant, un droit de vote général pour toutes les affaires semble être préférable au regard du principe de la garantie collective des droits contenus dans la Convention et pour éviter une situation asymétrique vis-à-vis des autres Parties contractantes »427.

Mais cette modification ne fait intervenir non pas uniquement la Convention et le règlement de la Cour de Strasbourg mais également celui du Conseil de l'Europe. Dans ce cas, l'Union doit-elle également adhérer pleinement au Conseil de l'Europe pour pouvoir adhérer à la Convention ? L'article 14 du Statut du Conseil de l'Europe indique que seuls les Etats peuvent être membres du Comité des ministres.

424 supra note 411, KRUGER et POLAKIEWICZ, p.13

425 supra note 345, DOLLAT, point 1133

426 supra note 382, IMBERT, p13

427 ibid.

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« Pour éviter la lourde procédure d'amendement du Statut, la solution la plus facile semble être un amendement à l'article 46 de la Convention prévoyant le droit de vote pour l'UE quand il s'agit de la supervision de l'exécution des arrêts de la Cour. Un tel amendement aurait préséance

sur les règles du Statut au titre de lex specialis et posterior »428

De plus, cette vision n'est pas sans critique. Une résolution statutaire pourrait permettre de contourner cette difficulté. Le but est bien d'éviter la procédure d'amendement au Statut du Conseil de l'Europe qui est plus complexe.

Cependant, le droit de vote accordé à l'Union pourrait être refusé pour des questions de compétence. En effet, les Etats possèdent un droit de vote en vertu de leur souveraineté. L'Union ayant une souveraineté limitée, ceci l'empêcherait d'avoir un droit de vote. Il a été également envisagé de n'accorder le droit de vote à l'Union que dans les affaires portant sur elle. Mais une limitation des droits de l'Union constituerait une asymétrie dans le système conventionnel, ce qui reviendrait sur le système même de la Convention qui se base sur une garantie collective des droits.

« La nature collective du système établi par la Convention, soulignée dans le préambule de celle-ci, signifie qu'il incombe à l'ensemble des Etats, et pas seulement à l'État défendeur, de veiller à ce que les affaires connaissent une issue satisfaisante »429.

L'Union ne semble pas envisager d'adhérer à la Convention sans avoir une emprise également sur les décisions du Comité des Ministres. Ainsi, la Commission des Affaires étrangères a indiqué que le Statut du Conseil de l'Europe, ou tout du moins une résolution statutaire, devrait prévoir le droit de vote de l'Union430.

Il demeure également la question de la place de l'Union au sein même du Conseil de l'Europe. En effet, la Cour de Strasbourg, conformément à l'article 50 de la Convention, est directement financée par le Conseil de l'Europe. L'Union doit-elle alors également adhérer au Conseil de l'Europe ? L'adhésion de l'Union à la Convention n'implique pas l'adhésion au Conseil de l'Europe. En effet, l'article 220 TFUE indique que « l'Union établit toute coopération utile avec [...] le Conseil de l'Europe » ce qui démontre qu'une adhésion au Conseil

428 supra note 382, IMBERT, p13

429 ibid. p.16

430 Commission des affaires étrangères, Parlement européen, Avis à l'intention de la Commission des affaires constitutionnelles sur les aspects institutionnels de l'adhésion de l'Union européenne à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, 13 mars 2010, 2009/2241(INI), p.4

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de l'Europe ne semble pas être envisagée. De plus, il faut posséder un titre de compétence pour pouvoir adhérer à une organisation internationale. Pourtant, l'Union est déjà liée au Conseil de l'Europe, une coopération accrue et une adhésion aux différents organes de protection des droits de l'Homme du Conseil de l'Europe devraient être envisagées431. Mais, la coopération de l'Union avec une organisation internationale, telle que le Conseil de l'Europe « ne soulève aucune difficulté quand [...] la Communauté n'aspire pas à acquérir la qualité de membre »432.

« Une disposition contenant une base juridique générale pour cette contribution [aux frais de fonctionnement du système de contrôle de la Convention], sans qu'il soit nécessaire d'amender formellement l'article 50 de la Convention »433 pourrait être adoptée. Ceci permettrait notamment d'écarter la question de l'adhésion de l'Union au Conseil de l'Europe.

Francesco Capotorti, ancien avocat général à la Cour de Luxembourg, a indiqué, lors de sa critique du mémorandum de la Commission de 1979, que la négociation d'un protocole d'adhésion de la Communauté à la Convention soulèverait des « difficultés inextricables »434 concernant la gestion économique de la Convention qui « se trouverait altérée à un point tel qu'on peut douter qu'un projet de ce genre puisse être acceptable pour les autres Etats européens, non membres de la Communauté »435.

Le Parlement européen semble cependant exclure l'adhésion de l'Union au Conseil de l'Europe, mais souligne le fait que certains droits devraient être conférés à l'Union436.

Les modalités de l'adhésion de l'Union à la Convention représentent un enjeu majeur pour la pérennité du système qui sera mis en place. Des compromis devront être trouvés sur des questions délicates, pour permettre aux deux systèmes de fonctionner en harmonie tout en évitant « une hiérarchisation des relations entre les Cours de Luxembourg et de Strasbourg et [en permettant] de préserver l'autonomie du droit de l'Union »437.

431 supra note 372 ; document de séance du Parlement européen, p.10 ; Comité pour la prévention de la torture, Commission européenne contre le racisme et l'intolérance, Commission européenne pour l'efficacité de la justice, Comité européen des droits sociaux, Commissaire aux droits de l'homme etc.

432 MICHEL Valérie, Recherches sur les compétences de la Communauté européenne, L'Harmattan, 2003, 704p, p.127

433 supra note 382, IMBERT, p13

434 supra note 403, PESCATORE, p.744

435 ibid.

436 surpa note 372, document de séance du Parlement européen, p.6

437 supra note 345, DOLLAT, point 175

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