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La dynamique dramaturgique de Koffi Kwahulé à  travers " Cette vieille magie noire " et " Big shoot "

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par Yao Charles MESSOU
Université Félix Houphouët- Boigny - Master lettres modernes 2013
  

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CHAPITRE V : LE BILAN ET LES PERSPECTIVES

I- LE POINT DES PREMIERS RÉSULTATS ACQUIS

Au terme de cette étude, nous avons obtenu des résultats qui expriment bien la dynamique dramaturgique de Koffi Kwahulé. Les premiers résultats de cette étude sont multiples.

La dynamique dramaturgie de Koffi Kwahulé s'exprime à travers le processus de construction et de déconstruction des catégories dramatiques.

Au niveau des personnages, avec Cette vieille magie noire on constate qu'ils sont construits en accord avec les normes du théâtre classique. Mais avec Big shoot, on est face à des personnages déconstruits. On observe donc dans la construction du personnage, une dynamique d'une pièce à une autre.

Au niveau du dialogue, on observe une altération de Cette vieille magie noire à Big shoot. Désignant un échange entre deux ou plusieurs personnages, le dialogue se veut cohérent car il implique une certaine logique, un certain ordre. Ainsi, dans le théâtre classique, une réplique est toujours une suite cohérente de la réplique précédente ou une réponse à cette réplique. Pour indiquer la présence d'un dialogue, on utilise soit des tirets (-), soit le nom de l'émetteur ou du récepteur, ce qui se fait essentiellement au théâtre. Dans Cette vieille magie noire Koffi Kwahulé opte pour cette transcription classique du dialogue. Mais, avec Big Shoot, on observe une nouvelle dynamique. On n'y trouve aucun tiret. Les répliques de Stan et Monsieur ne sont pas précédées par leur désignation respective. Le texte est présenté sans aucune marque apparente du dialogue. Le lecteur-spectateur est donc invité à construire le sens. Par le moyen de la lecture, il peut essayer de faire la distinction entre les répliques de Stan et celles de Monsieur.

Au niveau de l'espace temps, dans Big Shoot, Kwahulé opte pour une altération et une imprécision. Dans cette pièce, c'est avec beaucoup d'hésitation que la première didascalie introductive fait la description de cet espace. Par l'emploi de la marque d'incertitude « peut-être » le lieu de l'action n'est pas clairement identifié. L'absence «d'odeur » et de « sang» dans l'abattoir « nettoyé à l'ammoniaque », rendent l'espace indéterminé. Le caractère transparent de « la cage de verre » participe également de l'imprécision du lieu où se déroule l'intrigue. Or, avec Cette vieille magie noire, même si on retrouve quelques espaces indéterminés, le dramaturge situe sa pièce en Amérique, dans le milieu de la boxe. Il évoque des espaces référentiels comme « Broadway », « Madison Square Garden » « l'Amérique », « Spanish Harlem », et « Kansa ».

Au niveau de la fable, on perçoit mieux pourquoi le dramaturge a tenu les propos suivant :

Avant je cherchais une histoire, un thème, et j'écrivais. Aujourd'hui, avec des pièces comme Big Shoot, je ne sais pas, même après les avoir écrites quels en sont les thèmes. Je ne peux plus dire : ça parle de telle ou telle chose. Simplement je sentais que je devais prendre quelque chose à un bout et l'amener jusqu'où ça pouvait me porter.48(*)

On note clairement la dynamique du dramaturge de Cette vieille magie noire à Big Shoot. Avec la première oeuvre, on peut clairement identifier une thématique qui s'articule autour de la boxe, la violence, le jazz et la quête de la gloire. On note aussi dans cette première pièce, une histoire avec deux niveaux diégétiques. Un premier niveau diégétique est relatif à la vie de Shorty et ses péripéties en tant que boxeur. Un second, est en rapport avec la représentation de la pièce théâtrale jouée par Shorty et Angie. Shadow qui est le manager de Shorty devient le metteur en scène. Shorty et Angie qui sont frère et soeur dans le premier niveau diégétique, deviennent des amants dans le second.

Avec Big Shoot, Kwahulé prend vraiment comme il le dit si bien, quelque chose à un bout pour l'amener jusqu'où ça pouvait le porter. Cette pièce n'est organisée « ni en actes, ni en tableaux, ni en scènes. Elle présente un bloc compact, une espèce de corps hybride qui semble donner à chaque lecteur la possibilité de l'organiser »49(*).

Le dynamisme dramatique s'exprime aussi à travers la pluralité des thèmes et l'influence de l'univers du jazz. Dans le théâtre de Koffi Kwahulé le jazz est indispensable. Cette importance se manifeste aussi au niveau de la représentation. Dans le paratexte de Cette vieille magie noire, on peut lire : « Un quartet de Jazz » (indispensable) ». Ainsi, Kwahulé pose une condition incontournable pour la représentation de sa pièce. Sans quartet de Jazz, on ne peut donc pas représenter fidèlement Cette vieille magie noire. Dans Big Shoot, l'influence du Jazz se perçoit essentiellement à travers les effets d'improvisation.

Dans Cette vieille magie noire, on observe l'influence du jazz dans l'attribution des désignations et les rôles des personnages. Shorty est aussi appelé P'tit Jazz. La Scène 1 intitulée « le pacte », commence par une didascalie introductive qui présente Shorty sur un ring et travaillant « sans relâche sur un air de Jazz aux accents coltraniens »50(*). A l'image de cette didascalie introductive, on observe des didascalies internes et conclusives qui donnent des indications relatives au tempo, au genre, et à l'air musical qui accompagne la représentation. Le monde de la musique est omniprésent dans cette pièce et se manifeste aussi à travers le personnage d'Angie qui est une chanteuse de Jazz.

Koffi Kwahulé évoque aussi certaines figures marquantes de la musique comme « Bessie Smith », « Sara Vaughan », « la voix de Billie Holiday », « la trompette de Dizzy Gillespie », et le « saxo de Charlie Paker ».

Des enjeux découlent directement de cette dynamique dramaturgique de Koffi Kwahulé. À travers son théâtre, on assiste à l'émergence du concept de la « conscience diasporique ». Son écriture renvoi à l'ensemble des pièces du théâtre contemporain et laisse émerger une dimension transculturelle. Dans la même perspective, elle actualise la problématique de l'identité.

* 48 Gilles Mouëllic, entretien avec Koffi Kwahulé, le 6 Octobre 2000 pour Jazz Magazine.(in Théâtre/Public, n°158 "Afrique noire : écritures contemporaines d'expression française" pp. 57-59).

* 49 Dominique Traoré, « Big Shoot, Kwahulé Koffi », op.cit.

* 50 Koffi Kwahulé, Cette vielle magie noire, op.cit.,p.7

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