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Schisme de la microfinance: problématique de l'atteinte de l'autosuffisance opérationnelle par les institutions ciblant les personnes à  faible revenu en RDC

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par Pompon- Ludovic MPOTO MANKENI
Université protestante au Congo - Licence 2 microfinance 2013
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO

Faculté d'Administration des Affaires et Sciences Economiques

CENTRE CONGOLAIS-ALLEMAND DE MICROFINANCE

SCHISME DE LA MICROFINANCE : 

Problématique de l'atteinte de l'autosuffisance opérationnelle par les institutions ciblant les personnes à faible revenu.

Par :

MPOTO MANKENI Pompon

Licence 2, Microfinance

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du diplôme de licencié

en administration des affaires.

Option : Microfinance

Directeur de recherche : Professeur KALALA TSHIMPAKA Frédéric

Juillet 2013

Epigraphe

Si la microfinance est la réponse, quelle est la question ?

Professeur MARC LABIE.

Dédicace

A Michel MPOTO et Henriette MBO, mes parents.

Remerciements

La présente dissertation est l'aboutissement de notre parcours au sein de l'université protestante au Congo.

Au-delà d'une simple réflexion personnelle, elle est le résultat de plusieurs contributions. Comme le disait Blaise PASCAL, il est bon qu'un auteur dise : « notre livre, notre commentaire, notre histoire.... » tant il est vrai que bien peu de ce qu'il écrit lui appartient et qu'il est redevable aux autres du meilleur de ses idées.

Que l'honneur et la gloire reviennent à notre Dieu pour son amour, ses grâces et sa miséricorde qu'il ne cesse de nous accorder.

Il serait preuve de prétention et d'ingratitude de ne pas reconnaitre le mérite de tous les enseignants du centre congolais allemande de microfinance pour les efforts consentis en vue de nous aiguiser.

D'une manière particulière, nous pensons au professeur KALALA TSHIMPAKA Frédéric qui a été pour nous plus qu'un simple directeur de recherche. Il a été pour nous un père. Qu'il trouve ici l'expression de notre gratitude.

Mêmement nous remercions le professeur BAKENGELA SHAMBA Patrick et le Chef des travaux NSHUE MBO MOKIME Alex. Nous avons bénéficié d'un excellent coaching de leur part pendant nos deux années passées au CCAM. Nous leur sommes reconnaissants.

Nous pensons également au professeur MUAYILA KABIBU Henry pour son grand apport dans la partie méthodologique de ce travail.

Nous serions partiel si nous ne pensons pas à toute la famille MPOTO (Gisèle, Youyou, Pathy, Carine, Herve, Afi , Yannick , Jonathan). A nos cousins, cousines, oncles, tantes...

A ceux-ci nous joignons volontiers tous nos collègues de la vallée du savoir. Nous pensons plus particulièrement à toute la promotion Microfnance 2013, à Desiré EBONGYA, Jonathan NSIKU, Henoc IFAMBE, Grace DIAKA, Yves MAFOLO, Vanessa LONDA, Joe KOBAKOZETE, Arsène MUTOMBO, Hervé TANSIA sans oublier Sarah NZAMBI.

Enfin, que tous ceux qui n'ont pas été cités, acceptent toutes nos excuses et sachent que nous leur restons reconnaissants.

Pompon-Ludovic MPOTO

Table des matières

Epigraphe 1

Dédicace 2

Remerciements 3

Acronymes 6

Mise en contexte 7

Problématique 8

Hypothèses 9

Délimitation du sujet 10

Méthodes et techniques 10

Intérêt du sujet 10

Canevas du travail 11

Chapitre 1 : Schisme de la microfinance : Une revue de la littérature 12

1. Généralités sur la double mission en microfinance 12

1.1. La mission sociale de la microfinance 13

1.2. La mission commerciale 13

1.3. Lien entre les performances sociales et financières 14

2. L'intermédiation financière en faveur des personnes à faible revenu 16

2.1. Mécanismes de financement des personnes à faible revenu 16

2.2. Le coût de l'intermédiation en faveur des personnes à faible revenu 17

2.3. Le coût des ressources 18

3. Les déterminants de l'autosuffisance et de la portée sociale 19

3.1. Les déterminants de l'autosuffisance 19

3.2. Déterminants de la portée sociale 23

4. Stratégie de convergence : Ciblage des personnes à faible revenu et autosuffisance 24

4.1. La gestion des risques de la mission sociale 24

4.2. La Gestion des risques de crédit 25

4.3. La fixation des taux d'intérêt adaptés 26

4.4. La maitrise des charges opérationnelles 28

4.5. Protection des consommateurs 28

5. Analyse des études empiriques 29

5.1. Analyse empirique du lien « ciblage des pauvres et autosuffisance 29

5.1. Analyse empirique des déterminants de l'autosuffisance 31

Chapitre 2 : Analyse empirique du schisme en microfinance à Kinshasa 33

1. Aperçu de l'industrie de la Microfinance à Kinshasa 33

1.1. Les performances financières du secteur 33

1.2. Portée sociale 34

1.3. La gouvernance 35

2. Analyse descriptive des données 36

2.1. Analyse uni variée sur les performances financières 36

2.2. Analyse uni variée sur le niveau d'encrage sociale 38

2.3. Analyse bi-variée 40

3. Méthodologie 44

Chapitre 3 : Analyse critique et ébauche des solutions 52

1. Présentation des résultats 52

1.1. Analyse de la convergence 52

2. Ebauche des stratégies efficaces pour une convergence à Kinshasa. 58

2.1. Gestion du portefeuille de crédit 59

2.2. Amélioration de la rentabilité 61

2.3. Maitrise des charges d'exploitation 62

2.4. Gestion des ressources humaines 62

2.5. Gestion de la mission sociale 63

2.6. Système d'information de gestion. 64

2.7. Transparence, application des taux d'intérêt responsable mais adéquat 64

2.8. Rôle de l'organe régulateur 64

Conclusion 66

Bibliographie 68

Annexes 71

Liste des tableaux

Tableau 1 : Interaction entre les performances financières et sociales......................p15

Tableau 2 : Les performances financière de BG (en 2006) .....................................p31

Tableau 3 : performances de la FENACOBU.......................................................p32

Tableau 4 : Les performances financières des institutions sous études.................... p34

Tableau 5 : Indicateurs de portée sociale .........................................................p36

Tableau 6 : intervalles de classe des crédits moyens ............................................p37

Tableau 8 : Répartition géographique des ISFD sous étude ...................................pg8

Tableau 9 : Les variables inputs et outputs du premier modèle .............................p47

Tableau 10 : La variable endogène et les variables exogènes du second modèle......... p49

Tableau 11 : Résultat de la première estimation (DEA)......................................... p50

Tableau 12 : Benchmark entre les DMU efficientes et les DMU non efficientes........... p52

Tableau 13 : Forces et faiblesses des DMU efficientes ..........................................p54

Tableau 14 : Résultat de la deuxième estimation (TOBIT) ......................................p55

Liste des graphiques

Graphique 1 : Benchmark des performances Kinshasa vs RDC................................. p31

Graphique 2 : Benchmark des charges Kinshasa vs RDC ........................................p32

Graphique 3 : Benchmark ROA kinshasa vs RDC .................................................p32

Graphique 4 : répartition des ISFD en RDC ........................................................p33

Graphique 5 : Autosuffisance opérationnelle des institutions sous études................. p35

Graphique 6 : Le portefeuille à risque 30 et le ratio de charge d'exploitation .............p36

Graphique 7 : Intervalles de classe des crédits moyen .........................................p37

Graphique 8 : Répartition géographique des ISFD sous étude ..............................p39

Graphique 9 : Relation entre l'autosuffisance opérationnelle et le crédit moyen......... p39

Graphique 10 : Relation PAR 30 et proportion des femmes emprunteuses................ p40

Graphique 11 : Relation autosuffisance et proportion des femmes emprunteuses ........p41

Graphique 12 : Relation proportion des femmes et crédit moyen ............................p42

Graphique 13 : Relation entre l'ancienneté et l'autosuffisance opérationnelle............ p42

Graphique 14 : convergence et non convergence ................................................p51

Graphique 15 : Benchmark entre les DMU efficientes et les DMU non efficientes .........p53

Acronymes 

- ACDI : Agence canadienne pour le développement international

- AFD : Agence française de développement

- ASO : Autosuffisance opérationnelle

- BAD : Banque africaine de développement

- BCC : Banque centrale du Congo

- BIT : Bureau international de travail

- CCAM : Centre congolais allemand de microfinance

- CGAP : Consulting Group to Assist the Poorest

- CFSI : Centre for the Study of Financial Innovation

- COOCEC : Coopérative centrale d'épargne et de crédit

- COOPEC : Coopérative d'épargne et de crédit

- DEA : Data enveloppement analysis

- DMU : Unité décisionnelle (Décisionnel making unit)

- FPM : Fonds pour l'inclusion financière en RDC

- IMF : Institution de microfinance

- ISFD : Institution du système de financement décentralisé

- KFW : Banque de développement allemande

- MECRECO : Mutuelle d'épargne et de crédit du Congo

- MPME : Micro, petit et moyen entreprise

- PASMIF : Programme d'appui au secteur de la microfinance

- PAR : Portefeuille à risque

- UNHCR : Haut-commissariat des nations unies pour les réfugiés

Mise en contexte

Les définitions de la microfinance telles qu'évoquées par plusieurs auteurs, (Labie 1999, CGAP 2004, Morduch 2005, BCC 2005, UNHCR 2008), font apparaître clairement le souci de venir en aide aux personnes à faible revenu qui présidait à sa naissance. Au fil du temps, cette approche qualifiée de welfariste ou de bien-être a fait preuve des insuffisances pour s'aligner dans une logique de long terme et a laissé la place à un courant intégrant les principes du marché, de pérennité et de performance (DEBREY V, 2005).

Ce courant applique des taux d'intérêt relativement élevés, parfois pour juguler l'inefficacité, en vue de couvrir toute les charges, de générer des bénéfices permettant de rémunérer les apporteurs des capitaux et d'être autosuffisante.

Cependant, une attention trop poussée à la rentabilité risquerait d'éloigner l'institution des pauvres en faisant une sélection qui écarte ces derniers en vue de minimiser les coûts et de limiter les risques pouvant affecter le niveau de performance (GUIRAUD L, 2009). Certains observateurs qualifient cette approche, « orientée rentabilité », de dérive de la mission fondamentale de la microfinance (LAPENU C, 2007) et tirent la sonnette d'alarme en vue de la mise en place des stratégies plus adaptées. Selon le rapport microfinance banana skins en 2011 (CFSI, 2011), le risque de dérive de mission en microfinance est passé de la 19ième place à la 9ième place1(*).

Par contre, une vision trop sociale pourrait aussi aiguiller à l'application des taux d'intérêts trop bas pouvant surseoir l'autosuffisance et la pérennité de l'institution (GUIRAUD L, 2009, p 28). Le défi actuel des ISFD consiste donc à trouver un juste équilibre, c'est-à-dire être viable et autosuffisant tout en servant les personnes à faible revenu avec des taux d'intérêt adéquats (ADAIR P et al, 2010 ; ACDI, 1999).

Sous d'autres cieux2(*), plusieurs institutions ont réussi à le faire (Gutiérrez-Nieto et al, 2005 ; Luzzi et Weber, 2006 cités par BERGUIGA I, 2009), d'autres par contre n'ont pas pu (Woller & Schreiner 2002 ; Paxton 2002 ; Cull, Demirguc- Kunt & Morduch 2006 cités par BERGUIGA I, 2009). En RD Congo, il n'existe quasiment pas d'études menées sur ce sujet. Considérant les particularités du secteur, jeune, dynamique et peu professionnel, il s'avère important de l'analyser.

Problématique

Construire un secteur financier viable et accessible à tous demeure l'un des défis de plusieurs organismes internationaux (CGAP 2012, PNUD 2006, BIT 2005, AFD 2010). Cet objectif semble avoir plus d'acception en République Démocratique du Congo où moins de 6 % de la population a un compte bancaire (FPM, 2013), soit environ 4 millions comptes bancaires pour 72 millions d'habitants.

Malgré le nombre croissant des institutions financières qui s'installent en RDC (KFW, 2011), la majeure partie de la population demeure toujours hors du système financier. Le secteur classique étant incapable d'intégrer les laissés-pour-compte, considérés comme la couche essentiellement pauvre (BAD, 2010) l'industrie microfinancière congolaise, 150 fois plus visible que le secteur classique (KALALA F, 2010 p 18), se présente comme une alternative efficace pour une inclusion financière des personnes à faible revenu en RD Congo. Malheureusement, son insuffisance de professionnalisme (BCC 2010, KALALA F, 2006, PASMIF 2007 cité par KALALA F, 2010) constitue une entrave à cette convergence. Son taux de pénétration a été de 6,7%3(*) en 2011. De plus, beaucoup de ses institutions sont encore très loin d'une autosuffisance opérationnelle. Pour certaines, il s'ajoute une dépendance financière qui handicape dans bien des cas la viabilité financière.

La moyenne de l'autosuffisance opérationnelle, au niveau national, est de 98% (BCC 2011, p 44) contre une moyenne de 108% pour la ville de Kinshasa (BCC 2011 p 92). La somme de ces éléments nous conduit à la présomption selon laquelle, de manière globale, les ISFD congolaises ont non seulement une portée sociale faible mais sont aussi moins viables.

En approfondissant la réflexion, on s'aperçoit que la plupart des institutions octroyant des crédits de taille élevée4(*) ont atteint l'autosuffisance à l'opposé des institutions octroyant des crédits plus modestes qui se retrouve encore en décas du seuil. Subséquemment, les institutions qui s'éloignent des personnes à faible revenu deviennent plus rapidement autosuffisantes. Il y a donc là une relation négative qui apparait entre ces deux objectifs.

Au regard de cet état des choses, nous nous interrogeons sur la possibilité d'une éventuelle convergence entre l'autosuffisance opérationnelle d'une ISFD et son niveau de portée sociale en ressortant les principaux écueils à ladite convergence. Concrètement, nos questions se déclinent de la manière suivante :

(i) Les institutions de microfinance actives à Kinshasa peuvent-elles être autosuffisantes tout en ayant une grande portée sociale ?

(ii) Quels sont les facteurs susceptibles d'être considérés comme achoppement à ladite convergence ?

(iii) Quelles stratégies mettre en place en vue de surmonter ces écueils ?

Hypothèses

Nous partons des hypothèses suivantes :

(i) En scrutant les analyses SWOT élaborées par plusieurs auteurs sur la microfinance en RDC (KALALA 2010, MECRECO 2011, BCC 2011) on se rend compte qu'il est envisageable que les institutions congolaises en général et Kinoises en particulier soient autosuffisantes en ayant une grande portée sociale. Cependant, cette convergence se consolide avec le temps et nécessite donc des efforts en termes de gouvernance et de maitrise des charges.

(ii) La non maitrise des charges opérationnelles, le coût élevé de l'octroi de crédit, la mauvaise qualité du portefeuille, l'application des taux d'intérêt non adapté, la faible productivité des agents de crédit, l'ancienneté de l'institution, la non maitrise de la vision et de la mission de l'institution, la défaillance du système d'information de gestion, et bien d'autres facteurs peuvent expliquer la non réalisation de cette double mission.

(iii) S'éloigner du mimétisme et appliquer un taux effectif global selon les exigences du CGAP, renforcer les mécanismes d'octroi de crédit, de remboursement et de recouvrement, adopter des techniques efficaces pour la gestion des impayés et ainsi améliorer la qualité du portefeuille (principale de revenus). Adopter un comportement professionnel et rationnel, tout en identifiant les rubriques de charges les plus significatives, en vue d'y accorder plus d'attention et ainsi minimiser les coûts. Rester focaliser sur la mission, bien définir la cible, son rayon d'action et identifier ses besoins, afin d'offrir les produits adaptés et réduire les coûts de transaction.

Délimitation du sujet

Les difficultés en termes d'accès aux données ne nous ont permis de faire une analyse dynamique en vue de prendre en compte les saisonnalités. Ainsi, nous faisons une analyse transversale pour trente institutions actives à Kinshasa durant l'année 2011.

Méthodes et techniques

Les techniques documentaire, d'observation et d'interview nous ont permis d'obtenir les informations nécessaires pour une analyse pertinente.

Les informations recueillies ont été analysé par les méthodes quantitatives (analyse descriptive, estimation par enveloppement des données, estimation avec les méthodes censurées) et qualitatives (analyse SWOT et benchmark).

Intérêt du sujet

Ce mémoire, tachant de dénicher les principaux achoppements à l'atteinte de l'autosuffisance opérationnelle et à la portée sociale, présente essentiellement les intérêts suivants :

A l'issue de cette analyse, non seulement la littérature sur la microfinance en RDC sera enrichie par cet essai, les résultats serviront certainement de lumière aux dirigeants des ISFD dans leur gestion des charges, politiques de crédit, politique tarifaire, ciblage des clients, etc. Ce cheminement nous permettra aussi de bien maitriser le fonctionnement de l'industrie microfinancière congolaise en matière de ciblage, de performances financières en général et de l'autosuffisance en particulier.

Canevas du travail

Hormis l'introduction et la conclusion générales, ce travail comprend trois chapitres. . Le premier abordera, de manière théorique, la question du schisme de la microfinance. Le deuxième s'appesantira sur l'analyse du schisme dans le secteur congolais. Et enfin le troisième se basera sur une analyse critique des résultats de nos estimations et sur une ébauche des stratégies conduisant à une convergence entre les performances financières et la portée sociale.

Chapitre 1 : Schisme de la microfinance : Une revue de la littérature

Après l'avènement de différents intermédiaires financiers spécialisés dans le financement en faveur des personnes à faible revenu, un grand défi se présente à l'horizon. Il s'agit de savoir comment offrir les services adéquats aux pauvres tout en restant performant et autonome sur le plan financier. Pour apporter une lumière théorique à ce sujet, nous partirons d'une présentation sommaire de deux missions de la microfinance et de leurs interactions (section 1). Ensuite viendra une analyse détaillée sur l'intermédiation en faveur des pauvres (section 2) en relevant les éléments à apprivoiser pour son autosuffisance et l'élargissement de sa portée sociale (section 3) et des stratégies pour concilier le double objectif (section 4). Enfin une étude des cas est prévue pour cerner la réalité sous d'autres cieux (section 5).

1. Généralités sur la double mission en microfinance

Peu d'outils de développement suscitent autant d'enthousiasme que celui du microcrédit (LABIE M., 1999). Cela peut s'expliquer par le fait que la microfinance donne aux pauvres les moyens de sortir de leur condition précaire, contrairement aux politiques d'aide au développement menées précédemment et qui maintenaient les pauvres dans un état de dépendance par l'offre de services sociaux gratuits (DEBREY V., 2005). Néanmoins pour être effectivement ce levier efficace du développement, la microfinance doit changer d'échelle et s'engager sur la voie de la viabilité financière (CERISE, 2009).

Par l'offre de services financiers aux personnes exclues du système financier classiques, essentiellement des pauvres, d'une manière pérenne en vue d'améliorer leur niveau de vie, la microfinance fait face à deux objectifs. Sociaux d'une part et financiers d'une autre part. D'aucuns estiment qu'il y a un arbitrage entre ces objectifs (NIYONGABO E 2007 ; GUIRAUD 2009), d'autres par contre pensent qu'il y a compatibilité et complémentarité (LAPENU 2007). Il y en a aussi ceux qui voient la neutralité. Pour mieux position notre recherche par rapport à toutes ces discussions théoriques, cette section s'articule autour de principaux aspects du « double bottom line »5(*) en microfinance afin de relever les différentes relations existantes.

1.1. La mission sociale de la microfinance

Si dans les pays du Sud la majorité de la population et des petites entreprises sont exclues des services bancaires classiques, cette proportion est particulièrement élevée dans les États très fragiles tels que la RDC, avec l'un des plus faibles taux de bancarisation au monde6(*) (AFD 2010). Dans un contexte pareil, les ISFD déploient des efforts considérables afin de servir ceux qui sont constamment exclus des systèmes financiers (BERGUIGA 2007). Par cette intégration des exclus, la microfinance amorce le premier pas de sa mission sociale (Soulama, 2008 ; Guittiérez-Nieto et al., 2007 et 2009 ; Serano-Cinca et al., 2010 et Hermes et al., 2011 cités par Kablan Sandrine 2012). Mais au-delà d'une simple inclusion financière, les ISFD doivent s'assurer de l'adaptabilité des services offerts aux besoins de demandeurs. A cela s'ajoute une analyse des effets des produits fournis sur les activités et/ou le bien-être des bénéficiaires. Pour ce faire, l'institution est appelée à analyser son niveau des performances sociales. A ce jour beaucoup d'outils (le SPI7(*) du CERISE, FFSI8(*) du CGAP, SOCIAL9(*) d'ACCION...) sont mis en place en vue de cerner ce niveau de performances sociales.

Cependant, les avantages à tirer par les bénéficiaires des services ne doivent pas être temporairement limités. Il est préférable que l'offre des services financiers s'aligne dans une logique de long terme. Pour y parvenir, l'institution doit associer à ses performances sociales les performances financières. Cela passe par la concrétisation de sa mission commerciale.

1.2. La mission commerciale

La mission commerciale est le fait, pour une ISFD, de fournir des services financiers de manière à lui permettre de se pérenniser et de devenir autosuffisante (Churchille et al 2001). Ceci sous-entend que les institutions de microfinance doivent adopter des modes de gestion efficaces basées sur des règles commerciales sûres et claires, sans sentiment de charité.

Cela conduit naturellement à l'application des taux d'intérêt, relativement élevé, à même de couvrir toutes les charges d'exploitation10(*) et de générer des surplus pour la rémunération des actionnaires. Cette logique de fonctionnement est nécessaire surtout pour les ISFD n'optant pas pour le « one shoot »11(*) car la croissance ne peut être financée par les subventions12(*), et difficilement par les bénéfices générés13(*). Mais plutôt par les ressources du marché. Malencontreusement, rares sont les institutions qui définissent leur taux d'intérêt en tenant compte de tous ces éléments (Churchill et al, op cit).

Toutefois, la recherche des performances financières, avec des taux d'intérêt élevés, conduit parfois aux effets pervers sur les objectifs sociaux et inversement. La question se pose donc de savoir le lien existant entre ces deux missions.

1.3. Lien entre les performances sociales et financières14(*)

La relation existante entre la mission sociale et financière n'est pas toujours univoque. Pour une bonne analyse de cette dernière, deux dimensions sont prises en compte pour formuler les différentes hypothèses : le signe de la relation et la direction de la causalité (O'Bannon et al, 1993 cité par BERGUIGA op cit).

Tableau 1 : Interaction entre les performances financières et sociales

Schéma causal

(unidirectionnel ou interactif)

Lien positif

Lien négatif

Les PS influent sur les PF

 

H1 : hypothèse du bon

management ou de l'impact

social

H2 : hypothèse d'arbitrage

 
 
 
 

Les PF influent sur les PS

 

H3 : hypothèse des fonds

disponibles ou slack

organisationnel

H4 : hypothèse de l'opportunisme

Les PS et les PF interagissent

 

H5 : hypothèse de la synergie

Positive

H6 : hypothèse de la synergie Négative

Les PS et les PF n'interagissent pas

 

H7 : hypothèse du bon management ou de neutralité

H8 : liens complexes entre la PS et la PF

Source : Adapté de GIRAUD et BERGUIGA 2007

La première hypothèse suppose que la satisfaction des clients influe positivement sur le niveau des recettes et donc de rentabilité, la qualité du portefeuille, bref sur les performances financières de l'institution. Par contre L'hypothèse 2 retient le cas de figure où le fait d'être socialement responsable entraîne des coûts financiers supplémentaires et, par conséquent, engendre un désavantage compétitif (Frideman, 1962, 1970 cité par BERGUIGA). Des charges s'enflent et réduisent par conséquent le niveau de rentabilité (Cornée, 2006). Et cela conduit à un arbitrage entre les objectifs sociaux et financiers (GUIRAUD, op cit).

Concernant l'hypothèse 3, de bonnes performances financières permettent à l'institution d'avoir une certaine marge de manoeuvre pour investir dans le domaine social, améliorer la qualité des services offerts, en passant évidement par les études sur la satisfaction des clients, cible plus des pauvres, etc.

L'hypothèse 4 suppose que la recherche de la rentabilité détourne les yeux de l'institution sur les objectifs sociaux, la notion d'arbitrage trouve encore du sens à ce niveau. Les hypothèses 5 et 6 ne sont que des fusions respectives des hypothèses 1 et 3, et 2 et 4. L'hypothèse 7 suppose l'absence de relations que ce soit positif ou négatif. Et enfin l'hypothèse 8 suppose une relation complexe c'est-à-dire, à la fois positive, neutre et/ou nulle. Cela dépend donc de la dimension considérée (CERISE, 2010).

2. L'intermédiation financière en faveur des personnes à faible revenu

Par personnes à faible revenu, nous entendons essentiellement des personnes vivant avec un revenu inférieur au seuil défini. En RD Congo par exemple, ce seuil est de 2$ par jours. Pour arriver à cerner la proportion de cette catégorie des personnes dans le portefeuille d'une ISFD, on se réfère souvent à la taille moyenne de crédit accordé, la taille moyenne de l'épargne par individu et le nombre des femmes emprunteuses (LAPENU cité par CORNEE 2008). Notons que ces personnes, bien qu'exclues du système classique, possèdent quelques mécanismes pour obtenir le service d'épargne ou pour bénéficier d'un crédit.

2.1. Mécanismes de financement des personnes à faible revenu

On y retrouve principalement trois grandes classes. Premièrement, le secteur financier informel caractérisé par la prédominance des transactions en espèces, l'absence d'enregistrement et de règlementation, l'échelle restreinte des opérations, la pratique de taux usuraires, les coûts de transaction faibles, la facilité d'entrée... (Hugon 1996 cité par KALALA 2006, KALALA 2010). Ses activités principales sont : l'épargne coutumière, les gardes-monnaies, les préteurs individuels ou usuriers ou clubs d'amis, les financières et les tontines (KALALA, op cit). Dans cette sphère, l'épargne est souvent mobilisée à des taux négatifs pour les clients et le crédit est octroyé avec une rémunération allant au-delà de 600% l'an.

En deuxième lieu, nous avons le secteur financier formel. Ce secteur, qui jadis excluait les personnes à faible revenu, adopte certaines stratégies de rapprochement à cette couche telles que le « down-scalling ».

En fin, on a le secteur financier semi-formel se retrouvant à cheval entre les deux premiers. Il est certes régulé, mais il utilise certaines technologies de la finance informelle. On y inclut la plupart des ISFD telles que : les institutions mutualistes et les ONG à volet crédit.

Selon Koveos et al. (2004), les coûts élevés, essentiellement financiers, du secteur informel par rapport aux ISFD font que les clients sont de plus en plus nombreux à se diriger vers les ISFD. Toutefois, signalons que les offres des ISFD aux personnes n'ayant pas assez de revenus, moins encore des garanties, engendrent elles aussi des coûts de transaction importants qui se répercutent in fine sur les clients (TÉNIN FATIMATA 2009, LABIE M, 1999).

Ce faisant, les structures mutualistes semblent être les plus adaptées et les mieux organisées dans l'offre des services aux personnes à faible revenu. Cela par le fait qu'elles développent une relation de proximité facilitant la réduction des coûts de transactions.

2.2. Le coût de l'intermédiation en faveur des personnes à faible revenu

Il s'agit essentiellement des coûts liés à la minimisation des risques de défaillance, aux charges d'exploitation et enfin aux coûts des ressources.

2.2.1. Coûts de la gestion des risques

S'il est vrai que toute relation de crédit se caractérise par une incertitude, celle-ci est d'autant plus forte dans une communauté des pauvres ne disposant pas de garanties telles qu'exigées par les institutions financières. A cette incertitude croissante, sont associés des coûts de gestion énormes.

Evoluant dans un marché avec imperfections (Stiglitz 1997, Arkelof 2001), les ISFD ne peuvent pas élucider toute l'information sur leurs clients, elles essayent juste de minimiser le risque de défaillance (BERGUIGA op cit).

En amont, elles commencent par optimiser la recherche des informations sur l'emprunteur. De telles recherches entraîneraient un coût démesuré pour les prêteurs au vu de faibles montants de prêts demandés (DEBREY V., 2005). Ensuite, elles adoptent des stratégies innovantes telles que la collecte rapprochée des remboursements, la constitution des groupes solidaires, la formation des clients à la gestion d'entreprise, l'accompagnement des clients, etc. Ainsi, en rapportant le montant des crédits aux frais de gestion, le coût relatif apparait élevé. (BERGUIGA, 2007).

En aval, pendant la période post contractuelle, les ISFD sont obligées de constituer des provisions en vue de gérer le défaut de crédit dans une certaine mesure.

2.2.2. Charges d'exploitation

L'octroi de crédit de faible montant nécessite, comme tout crédit, des analyses approfondies en vue d'atténuer le risque de non remboursement. Eu égard au montant faible à octroyer, l'offre des services financiers aux personnes à faible revenu nécessite des coûts relatifs15(*) importants (NIYONGABO E op cit ; Fernando, 2006 cité par NIZAR LAARIF 2011).

De plus, les erreurs les plus typiques et les plus lourdes se trouvent souvent dans la politique de recrutement et de gestion du personnel où certaines ISFD accroissent le nombre d'agents salariés au fur et à mesure de l'augmentation des clients et de la création d'antennes régionales, sans avoir préalablement évalué la rentabilité à court et moyen terme de leurs opérations (Lelart, 2006 cité par BERGUIGA op cit). A côté de ses charges s'ajoutent les amortissements de matériels, les frais de loyer, etc.

2.3. Le coût des ressources

Le financement traditionnel des ISFD est souvent structuré autour de composantes principales suivantes, les fonds propres, les subventions et emprunts soft16(*), l'endettement au marché et l'épargne du public. A cette liste s'ajoute les VIM17(*) et la finance du marché pour certaines institutions telles que Compartamos et Equity Bank et tant d'autres.

D'après certains praticiens de la microfinance, l'évolution des sources de financement est expliquée par l'âge de l'institution (De Sousa-Shield et Frankiewicz, 2004 ; Fernando, 2004; Fehr et Hishigsuren, 2006 cités par Tchakouté H, 2011 Churchille, 2001). D'autres par contre estiment que cela est expliquée par la transformation institutionnelle (White et Campion, 2002 ; Fernando, 2004 ; Ledgerwood et White, 2006 cités par Tchakouté H, 2011).

Ces deux thèses peuvent avoir du sens dans la mesure où la plupart des institutions « start-up » ont un statut d'organisation non lucrative. Et au fil du temps, elles acquièrent le statut d'une organisation régulée et lucrative.

Cela étant, au début de leurs activités, la plupart des ISFD ont des charges financières quasi-nulles. Néanmoins, bien que n'étant pas liées au taux d'intérêt, les subventions sont rattachées à des coûts d'opportunités et sociaux non négligeables. Avec le temps, les coûts purement financiers apparaissent. Le caractère limité et inconstant des subventions pousse les institutions à mobiliser l'épargne et à recourir au refinancement. A ces opérations, sont rattachées des taux d'intérêt débiteurs que doit supporter l'institution.

Tous ces éléments mis ensemble accroissent sensiblement les charges de l'institution et se répercutent sur la viabilité financière de l'institution en compromettant son autosuffisance.

A ce niveau, il est clair que les charges ont une incidence importante sur l'autosuffisance de l'institution. Cependant il n'est pas le seul déterminant. Alors quels en sont les autres ? La section suivante donne un aperçu sur les principaux déterminants de l'autosuffisance, mais aussi sur la portée sociale.

3. Les déterminants de l'autosuffisance et de la portée sociale

Dans un premier temps, il s'agira de relever les éléments les plus déterminants sur l'autosuffisance opérationnelle. Ensuite, nous relèverons aussi les déterminants pour la portée sociale.

3.1. Les déterminants de l'autosuffisance

L'autosuffisance opérationnelle évalue dans quelle mesure une institution couvre ses charges d'exploitation avec ses produits d'exploitation (SEEP 2005). Les meilleures institutions du monde affichent en moyenne une autosuffisance opérationnelle variant autour de 133% (DESJARDIN, 2005). En RD Congo cette norme est réduite à la baisse et se situe à 119% (BCC 2012). Intuitivement, il semble que seuls les produits et les charges d'exploitation soient les déterminants. Cependant, s'alignant dans le même ordre d'idée que Ndimanya, (2003) (cité par NIYONGABO E. 2007), il existe plusieurs autres éléments qui conditionnent l'autosuffisance opérationnelle. Cette section vise donc à ressortir les principaux déterminants de l'autosuffisance opérationnelle.

3.1.1. Charges de l'institution

Parmi les grands problèmes auxquels font face les institutions de microfinance, il y a lieu de citer la maitrise des charges opérationnelles. Ces charges sont essentiellement constituées de : charges financières18(*), provisions pour pertes sur créances19(*), charges administratives20(*) et charges salariales21(*).

Vu que les coûts relatifs inhérents à l'octroi de petit crédit sont très élevés, l'autosuffisance des institutions servant les personnes à faible revenu est mise en péril. Cette situation contraint la plupart des ISFD à un état de dépendance face aux subventions (Brau et Woller 2004 ; Hermes et Lensink 2007 cités par Maty Sene 2009). Encore faut-il souligner que ce ne sont pas toutes les institutions qui ont accès à ces subsides. Celles qui n'en bénéficient pas se retrouvent donc dans le pire des cas.

Ainsi pour franchir cette autosuffisance, les ISFD doivent adopter les stratégies du modèle commercial basées sur les modes de gestion efficace et rationnel (Gebons et Meehan 2000).

3.1.2. Produits de l'institution

Par ses produits sur portefeuille22(*), ses produits d'investissement23(*) et ses autres produits d'exploitation,24(*) l'institution doit être à même de couvrir toutes ses charges et s'aligner dans une logique de long terme

La viabilité nécessite donc un effort d'efficience dans le chef des institutions en vue d'avoir les charges faibles et des recettes élevées. Eu égard aux incidences des charges et des produits, une déduction logique nous fait voir que la rentabilité de l'institution serait aussi un déterminant de l'autosuffisance.

3.1.3. Productivité des travailleurs25(*)

Le fait pour un agent de crédit de gérer un grand portefeuille de crédit permet sans nul doute de minimiser sensiblement les coûts et par ricochet faciliter l'atteinte de l'autosuffisance. La norme CGAP préconise qu'un agent de crédit gère un nombre des clients compris entre 250 et 500 clients. Ce niveau est toujours difficile à atteindre, surtout pour les institutions moins professionnelles comme celles de la RDC. Si pour les institutions qui financent les PME cette norme peut être revue à la baisse, il est cependant contraire avec les ISFD ciblant les personnes à très faible revenu.

Cette productivité peut également être mesurée par le montant net de l'encours de crédit par agent de crédit.

3.1.4. Qualité du portefeuille

Une mauvaise qualité du portefeuille de crédit a comme effets : des coûts supplémentaires liés à la gestion de la délinquance, l'accroissement du risque de non remboursement et des revenus plus faibles (SEEP, 2005) et par conséquent des achoppements sur la viabilité financière (KABLAN S, 2012).

La moyenne du PAR30 des IMF congolaises, en 2011, a été 42 % (BCC 2011), très largement au-dessus du seuil qui est de 5%.

A côté du portefeuille à risque, on a les créances irrécouvrables qui donnent une idée sur les pertes issues du portefeuille de crédit par contrecoup la réduction des produits du portefeuille. La norme CGAP exige que ce ratio soit inférieur à 3%.

La plupart des éléments repris dans les paragraphes ci-haut sont censés figurés dans la composition du taux effectif global tel que préconisé par le CGAP (1997). C'est dans cette logique que certains auteurs (Littlefield et Rosenberg 2004 cité par MATY SENE ; AYAYI, 2007) estiment que les ISFD peuvent couvrir l'intégralité de leurs charges, si elles offrent leurs services avec des marges d'intérêts adéquates. Selon ces derniers, le taux d'intérêt adéquat constitue l'élément fondamental dans l'atteinte de l'autosuffisance opérationnelle.

3.1.5. Les subventions et les ressources bonifiées

Les subventions et les ressources bonifiées sont des financements ne nécessitant pas d'intérêt en contrepartie ou encore sont faiblement rémunérées. A ce stade, il n'existe pas encore des dommages sur l'atteinte de l'autosuffisance. Le bât blesse au niveau des coûts sociaux26(*). Les institutions bénéficiaires sont souvent contraintes à adapter leurs politiques de crédit, des taux d'intérêt, montant plancher, montant plafond... aux décisions des donateurs de fonds. Pourtant ces décisions ne sont pas souvent orientées dans la logique commerciale. Parfois, les subventions incitent les institutions à des comportements laxistes (KABLAN S, 2012). In fine, les institutions bénéficiaires demeurent dans une situation de dépendance financière et n'arrivent pas à être autosuffisantes.

De plus, les clients bénéficiaires des crédits à des taux bonifiés perçoivent parfois cela comme des dons déguisés. Il se suit donc un niveau élevé de défaut stratégique. Espérant avoir toujours les subsides, les ISFD ne prennent pas souvent des décisions palliatives. Or en réalité, les subventions n'ont qu'un caractère passager, ainsi la pérennité d'une institution ne peut en dépendre de manière exclusive.

Toutefois, actuellement, certains de bailleurs de fonds exigent à leurs partenaires ISFD un effet de levier financier important avant la fin de leur intervention et adoptent la politique de la dégressivité de leur apport au fonctionnement de l'ISFD.

3.1.6. Autres déterminants

Dans un premier temps, la technologie de l'institution en terme de produits offerts, la qualité du système d'information de l'institution, le niveau de compétence de son personnel, les politiques de motivation des travailleurs peuvent avoir des effets, de façon indirecte, sur l'atteinte de l'autosuffisance opérationnelle (Maty Sene 2009, Kablan S., 2012,). Cela dans la mesure où ils permettront à l'institution d'être plus efficace et efficiente et par ricochet contrôler ses coûts opérationnels.

Dans un second temps, l'adaptation du produit aux besoins des clients et la satisfaction des clients permettront à ceux-ci de bien utiliser le crédit reçu, par ricochet de rembourser facilement et in fine accroitre les recettes de l'institution.

A côté de ces éléments, on peut adjoindre la dimension temporelle. En effet, beaucoup d'auteurs affirment que l'ancienneté de l'institution est très substantielle dans l'atteinte de l'autosuffisance. Ils estiment qu'une institution ne peut être viable financièrement qu'au-delà de cinq ans d'existence (ACDI 2002, Debrey op cit ; ADAIR P et BERGUIGA i 2010).

A cette liste, KABLAN S. (2012) intègre les variables telles que : le statut juridique, la taille de l'institution, la proportion des actifs non productifs et la méthodologie du crédit (individuel ou de groupe).

3.2. Déterminants de la portée sociale

3.2.1. La mission et la vision

Avant toute chose, l'institution doit bien définir la cible et son champ d'intervention. Ces éléments donneront une ligne de conduite à l'institution de manière à élargir sa portée sociale. Du reste, un penchant social doit se faire remarquer dans cette formulation.

Ensuite, il s'agira d'examiner les décalages entre les actions pratiques et la mission théorique telle que reformulée. L'ISFD doit être à même de cibler des bénéficiaires répondant au profil défini dans ses orientations stratégiques. Ce ciblage peut être géographique, c'est-à-dire l'ISFD se localise dans une zone à faible niveau de vie et n'ayant pas ou ayant moins d'institutions financières. Il peut aussi s'agir d'un ciblage individuel, l'ISFD sélectionne les personnes à faible revenu et sollicitant des crédits à faible montant. En dernier, ce ciblage peut aussi être méthodologique, c'est-à-dire adapter sa méthodologie au profil de personnes à faible revenu. Cela passe souvent par la mise en place des techniques spécifiques telles que : le crédit à caution solidaire, le crédit warranté, le leasing...

3.2.2. Qualité des services

Une institution qui arrive à offrir des services adaptés aux besoins de sa cible a plus des chances d'avoir une portée sociale plus grande.

Cette bonne qualité est perçue au travers l'étendue de la gamme des services que l'ISFD met à la disposition de ses bénéficiaires, le niveau de proximité de services rendus, Le taux d'intérêt qu'il applique, le temps et tant d'autre.

3.2.3. La responsabilité sociale envers les clients

Il s'agit pour l'institution de mettre en place des mécanismes lui permettant d'être responsable de ses actes. L'institution devra sécuriser ses clients contre le surendettement, mettre en place des mécanismes adaptés dans le traitement de recours et dans la pratique des recouvrements. L'institution doit aussi assurer la confidentialité des données fournies par les clients ainsi que la transparence à l'égard de ce dernier.

3.2.4. Les autres déterminants

D'aucuns prétendent que le statut juridique joue un grand rôle dans le niveau de portée sociale. En ce sens, une institution ayant un statut de coopérative aura une portée plus étendue qu'une institution non mutualiste. A cela, s'ajoute les éléments tels que le niveau de la réglementation et de la supervision, la typologie des crédits (en groupe et individuel). Généralement, le crédit des groupes est utilisé pour des personnes n'ayant pas assez de revenus. Une institution qui n'offre pas ce crédit aura théoriquement une portée sociale faible. Comme dernière variable, il y a certains auteurs qui estiment que l'aspect temporel est très déterminant. Selon eux, ce n'est qu'à un certain âge qu'une institution peut se lancer dans l'élargissement de la portée.

4. Stratégie de convergence : Ciblage des personnes à faible revenu et autosuffisance

Il s'agit ici de relever les principales stratégies que doivent implémenter les ISFD afin d'élargir leur portée sociale et d'être autosuffisante.

4.1. La gestion des risques de la mission sociale27(*)

La mission sociale des institutions de microfinance les expose à des risques importants si les groupes cibles ne sont pas bien définis, et si des mécanismes de suivi ne sont pas mis en place pour assurer une meilleure adéquation des services financiers fournis aux besoins réels de leur clientèle actuelle et potentielle (Churchill, 2001 p 13). Subséquemment, l'institution doit veiller à fournir des services financiers appropriés (i) à plusieurs personnes (ii) à faibles revenus (iii) afin d'améliorer leurs conditions de vie (iv). Pour ce faire, un accent particulier doit donc être mis sur les 4 M (Churchille op cit).

Encadré 1 : la gestion de la mission sociale, la stratégie de 4M.

- La Mission : l'institution doit avoir une mission claire, bien définie, intérioriser par les stakeholders et s'articulant aussi bien sur l'aspect commerciale que sur le social. Ainsi, l'institution doit avoir une mission qui exprime son attachement à des personnes à faible revenu.

- Le Marché : l'institution doit être en mesure de cerner les attentes et les besoins de son marché cible. Cela peut passer les études du marché de manière régulière.

- Le Suivi de la clientèle et la Mesure d'Impact : au-delà de l'étude du marché, pour déterminer si une institution satisfait le marché ciblé ou si ses services sont en train d'atteindre les objectifs fixés on utilise généralement deux indicateurs.

Ces indicateurs sont : le niveau moyen de prêt et le pourcentage des clients femmes. Le suivi du niveau moyen de prêt est surtout important pour les nouveaux clients parce que malgré le fait que le niveau moyen de l'ensemble des clients augmente quand les IMF se développent, les prêts aux nouveaux clients doivent demeurer constants. Si la valeur augmente (surtout si elle augmente plus rapidement que l'inflation), cela pourrait signifier que l'IMF s'écarte de son marché cible d'origine.

- Manager la croissance : l'institution est appelée à bien analyser ses capacités humaines et ses ressources fiduciaires avant de se lancer dans une croissance. Dans cette phase une surveillance doit se faire remarquer sur le taux de rétention de la clientèle, indicateur par défaut du taux de fidélisation de la clientèle.

Source : Adapté de Churchill et Al, 2001

4.2. La Gestion des risques de crédit

Cette gestion doit débuter par la conception d'un produit adapté aux besoins des clients. L'obtention des fonds ne doit pas être la seule raison qui unit les clients à l'institution. Mais bien plus, le crédit doit permettre une internalisation de la relation client-institution.

Après la conception d'un produit adapté, une analyse approfondie doit se faire au niveau de la sélection des clients. A ce niveau ; il est souhaitable de ne pas omettre la technique de 5 C dans les analyses (Churchill, 2001). C'est-à-dire, tenir compte du caractère du client, de sa capacité à rembourser, de son capital, de ses cautionnements et des conditions dans lesquelles son activité évolue. Cela doit être appuyé par les techniques innovantes telles que : la caution solidaire, les incitations dynamiques et tant d'autres.

A ce niveau, cette théorie de 5C avec une orientation essentiellement commerciale semble se rapprocher avec la théorie de 4M ayant une orientation purement commerciale. Ainsi, la convergence peut avoir encore du sens au travers de ces deux théories.

Les études des marchés menées au niveau de la mission sociale permettra l'institution de bien comprendre les capacités, le caractère, le cautionnement... afin de proposer un produit répondant au maximum au profil de la cible. En ce sens, l'analyse de 4M sert d'appui à l'analyse de 5C. Ces deux éléments mis ensemble permettent à l'institution d'être non seulement performante mais aussi avoir une grande portée sociale.

Certes, cette démarche atténuera le risque de défaillance, cependant il est irréaliste de vouloir atteindre un niveau de risque zéro. Cela étant, les mécanismes de la gestion des impayés doivent servir de support. La littérature en propose plusieurs.

- Inculquer la culture institutionnelle aux clients et membres ;

- Orienter et informer les clients sur les politiques de l'institution ;

- Accorder les primes d'encouragement aux meilleurs agents et mettre en place des contrats de performances ;

- Fixer les pénalités sur la pré-défaillance (mesures de dissuasion);

- Mettre en place les incitants dynamiques pour les clients ;

- Restructurer le crédit en cas de risque pur (rééchelonnement et refinancement).

Certains ratios (portefeuille à risque, taux de créance irrécouvrable, taux de provisionnement de créance, taux de recouvrement et le taux de rééchelonnement) doivent servir des signaux aux dirigeants de l'institution.

4.3. La fixation des taux d'intérêt adaptés

Plusieurs institutions de microfinance africaines (PAPME, PADME, FECECAM...) ont pu atteindre leur autosuffisance grâce non seulement à une meilleure gestion des risques de crédit mais à des taux d'intérêt effectif déterminés conformément aux normes et meilleures pratiques existantes dans le monde.

Cependant, cette question du prix des crédits n'est pas perçue de la même manière par de différentes tendances.

Pour la première école, constituée en particulier des ONG du Nord et de leurs partenaires du Sud défend le principe que les pauvres ne peuvent pas payer les taux d'intérêt aux prix du marché et qu'en conséquence, il faut leur prêter à des taux d'intérêt très bas28(*) (Acclassato D., 2006).

La deuxième école, celle des caisses d'épargne et de crédit et les mutuelles, leurs Fédérations adoptent des taux d'intérêt en dessous de ceux du marché quand les états dans lesquels ils fonctionnent les y autorisent. Elles le peuvent car elles rétribuent peu ou pas du tout l'épargne collectée ou alors bénéficient des lignes de crédit subventionnées et/ou de dons (Vincent F. 1999).

Enfin la troisième école est celle des organisations qui veulent gérer les microcrédits en couvrant toutes les charges afin d'atteindre l'autosuffisance et de pérenniser leurs actions de manière à sortir les pauvres de l'exclusion bancaire (Maty Sene, 2007).

Ainsi, ces institutions appliquent des taux d'intérêt (R) effectif tel que le préconise CGAP (1997). Ce taux comprend : les frais généraux (FG) (frais administratifs et opérationnels) ; les créances irrécouvrables(CI) ; le coût de ressource(CR) ; le taux de capitalisation (K)  et enfin les produits de placements (PP). La formule pour le calculer se présente comme suit :

Ce taux qui dans certaines mesures apparait élevé n'asphyxie en rien les clients micro entrepreneurs. En réalité, Les rendements des activités de ces petits commerçants sont aussi plus élevés par unité de capital que ceux de plus grosses entreprises. Les travaux de recherche menés en Inde, au Kenya et aux Philippines (Mahajan, Vijay, et Ramola, 2003) ont montré que le taux annuel moyen du rendement de l'investissement dans des micro-entreprises pouvait aller jusqu'à 847 % contre un taux d'intérêt variant dans le 60% annuel appliqué en microfinance. Cela étant, l'application de ce taux n'est donc pas un frein pour la mission sociale.

Du reste, certaines institutions utilisent cet argument pour dissimuler leurs contre-performances. Elles appliquent des taux d'intérêt très élevé et de manière arbitraire afin d'accroitre leurs produits financiers tout en pensant qu'elles pourront mieux atteindre la viabilité. Cette tarification peut être considérée comme un élément d'inefficacité et de non rentabilité si elle n'est pas adaptée aux réalités de la clientèle ciblée.

4.4. La maitrise des charges opérationnelles

Considérant la spécificité de l'activité de microfinance, les ISFD doivent adopter une politique de rationalisation des charges en vue de demeurer très compétitives. Cela peut passer par plusieurs techniques. Etant donné que la part la plus importante des charges d'une institution est composée des charges salariales, les institutions de microfinance ne doivent pas avoir un nombre élevé du personnel administratif au détriment des agents de terrain. De surcroît, les agents de terrain doivent être très productif tel que le recommande les normes internationales.29(*) La mise en place de contrat de performances et des autres mesures d'encouragement est très importante à ce niveau.

4.5. La protection des consommateurs

Pour arriver à une tarification responsable, au-delà des recommandations CGAP sur le calcul du taux d'intérêt, le groupe CERISE préconise une méthode qui conduit les institutions à rationaliser leurs charges. En effet, une institution ayant un taux d'intérêt effectif annuel supérieur au coût de ressources en pourcentage plus 30% est ne protège pas ces clients. En effet, ceci n'est pas un plafonnement du taux d'intérêt. Mais seulement, l'institution est appelée à mieux gérer ces les composantes endogènes du taux d'intérêt selon CGAP. Le coût de ressources est mis à coté car il est exogène à l'institution et par conséquent non maitrisable par cette dernière.

Pour arriver à cette tarification responsable, l'autre alternative serait de favoriser la compétitivité afin d'avoir un secteur très concurrentielle ou les institutions cesseront d'être des « price-maker » pour devenir des «price-taker ». 

De plus cette tarification doit être bien claire aux clients de manière à leur permettre de faire un choix entre différentes possibilités qui leurs seront offertes. A cela doit s'ajouter les mécanismes de lutte contre le surendettement, un traitement respectueux des clients et résolution efficace de leurs plaintes, la confidentialité de leurs données.

5. Analyse des études empiriques

Comme souligné plus haut, l'enjeu actuel de la microfinance demeure la capacité des ISFD d'atteindre la viabilité financière et de ne pas tourner le dos à sa clientèle traditionnelle. Plusieurs études empiriques démontrent qu'il est toujours possible pour une institution de servir les pauvres et être viable sur le plan financier30(*).

Cependant, il ressort de certaines études que le ciblage des personnes à faible revenu entraine des contre-performances et cela handicape l'autosuffisance opérationnelle. Ces résultats contradictoires ne permettant pas toujours de valider l'hypothèse d'un lien univoque entre ces deux éléments sous étude.

Cette partie reprend non seulement les différents travaux sur le lien entre soutenabilité et le ciblage des pauvres (1) mais aussi les études sur les déterminants de l'autosuffisance pour les institutions ciblant les pauvres (2).

5.1. Analyse empirique du lien « ciblage des pauvres et autosuffisance »31(*)

Les travaux réalisés par Schreiner et Woller (2002) ont confirmé la simultanéité entre ciblage des pauvres et autosuffisance de l'institution. En effet, pour comprendre la relation entre l'autosuffisance financière et le niveau du ciblage des pauvres, cette étude examine les causes déterminantes de l'autosuffisance financière de 13 institutions bancaires de village (« village banks ») sur une période de trois ans (1997-1999) d'une part et d'autre part, elle utilise des indicateurs exprimant le six aspects de la portée sociale de Schreiner. Les résultats de cette étude suggèrent que les deux volets social et financier peuvent être conjointement atteints, exceptionnellement en adoptant des stratégies appropriées : charger un vrai taux élevé d'intérêt, faire l'utilisation productive des agents de crédit, payer des salaires appropriés, et réduire les coûts administratifs.

Gutiérrez-Nieto et al (2005) montrent aussi qu'il n'y a pas nécessairement d'arbitrage entre le ciblage des pauvres et la soutenabilité des activités. Ils utilisent des outils de gestion pour tenter de valider la complémentarité entre ces deux dimensions en appliquant la méthode d'enveloppement des données à 30 IMF d'Amérique Latine. Leurs résultats montrent qu'il y a plutôt un effet « pays » et un effet « statut » sur une combinaison efficace de deux objectifs. Concrètement, le niveau de l'infrastructure de chaque pays et le statut de l'institution considérée influence significativement la convergence de cette double mission.

Morduch Cull et Demirguc-kunt (2006) utilisent dans leur étude des données sur 124 IMF, dans 49 pays (Asie, Afrique, MENA), pour cerner de la relation entre la viabilité financière et la profondeur de la portée sur trois types d'institutions: Contre toute attente, les résultats obtenus, montrent que les institutions ne deviennent pas viables avec le temps seulement mais plutôt et surtout avec une concentration, de plus en plus, sur ses anciens clients en leur accordant de grands prêts ».

Pour capter les effets temporels, Paxton (2002) a comparé dans son étude les clientèles de 18 IMF, choisies au moment de l'étude, entre 7 et 27 ans d'existence, situées en Amérique latine et en Afrique qui octroient des crédits aux « pauvres ». Cet auteur a corrélé le degré de pauvreté des clients à la viabilité financière de l'institution. Les résultats montrent l'inefficacité de la dimension temporelle. Plus la proportion des pauvres a été élevée et plus l'institution avait des difficultés à être indépendant de subvention.

5.2. Analyse empirique des déterminants de l'autosuffisance

Partant d'une étude sur la BUUSAA GONOFAA32(*) (BG) en Ethiopie, Teshome yohannes et Marc-mees (2007), soulignent qu'il est possible de servir les pauvres et avoir des performances élevées sur le plan financier. La taille moyenne des crédits faibles, le pourcentage des femmes, la localisation de cette institution entérine que la BG cible les plus pauvres. Le tableau 2 nous donne un aperçu globale de la dite étude.

Tableau 2 : Les performances financière de BG (en 2006)

 

BG

Afrique de l'est

IMF africaines de petite taille

Moyenne des IMF africaines

Années d'opération

6

8

6

8

Clients actifs

17.860

18.640

9.821

11.698

Solde moyen crédit en cours

51,5

110,8

80,0

176,9

% de femmes

76

54

64

57

Frais administratifs/total

Actifs

5,5%

7,2%

15,3%

8,7%

Clients par agent de crédit

388

319

254

254

Portefeuille à risque 30 jours

0,3%

4,6%

4,3%

4,6%

Rendement des actifs

25,1%

-2,5%

-10,2%

-2,2%

Autosuffisance opérationnelle

132%

108,9%

81,1%

104,4%

Source : Teshome yohannes et Marc-mees 2007 (Zoom Microfinance)

Au-delà de la de sa fidélité à sa clientèle cible, ces données mettent en exergue le niveau des performances impressionnantes affiché par la BG. Son ratio d'autosuffisance opérationnelle a été pratiquement égal à la norme33(*). Les analyses de Teshome et Mees montrent que la BG est arrivée à de tels résultats par la mise en place des stratégies de rationalisation des charges, la bonne maitrise de la qualité du portefeuille, l'amélioration du rendement du personnel en général et des agents de crédit en particulier et la décentralisation de la décision au niveau des agences : grande rapidité de réaction pour les renouvellements (maximum 24 heures), ce qui limite les coûts d'opportunité.

Les conclusions de NIYONGABO Ephrem sur une étude effectuée une année plus tard étayent les arguments de Teshome et Mees. NIYONGABO présente les mécanismes mise en place par une institution burundaise (FENACOBU) pour être viable financièrement tout en servant les personnes à faible revenu.

Tableau 3 : performances de la FENACOBU

 

2002

2003

2004

2005

Crédit moyen

83$

95$

98$

112$

Année d'existence

18

19

20

21

Rendement d'actif

0,53

4

4,4

4,88

Ratio de créance irrécouvrable

0,0156

0,0108

0,0143

0,2995

Ratio frais généraux

0,3879

0,3889

0,5016

0,7695

Indice de dépendance aux subventions

2

-33

-36

-50

Autosuffisance opérationnelle

108

139

138,4

180,7

Source : NIYONGABO Ephrem

Au-delà des stratégies accoutumées, la FENACOBU avait mis en place une politique de collecte de l'épargne à terme spéciale34(*) très efficace, celle-ci lui a permis de faire des placements et d'accroitre ses produits financiers, par ricochet ses revenus d'exploitation.

En ce qui concerne les charges d'exploitation, bien qu'un écart s'exprime en 2005, une relative maitrise se fait remarquée pendant les trois premières années. La FENACOBU a tout de même affiché un ratio d'autosuffisance opérationnelle au-delà de la norme.

Au regard de ce premier chapitre, il s'est avéré que la possibilité pour une institution d'être autosuffisante tout en servant les personnes à faible revenu est très loin d'être exclue. Cependant, la littérature empirique révèle quelques éléments substantiels à endiguer. Il s'agit essentiellement du niveau de charge d'exploitation, de la qualité du portefeuille, de la productivité des agents de crédit, ... Certains auteurs soulignent l'importance des aspects additionnel tel que : l'âge de l'institution, sa forme juridique, la qualité de ses produits offerts, la méthodologie des prêts...

Chapitre 2 : Analyse empirique du schisme en microfinance à Kinshasa

Après une auscultation théorique, il se suit une analyse axée directement sur la sphère d'étude. Cette démarche nous permettra d'avoir une idée sur la validité de nos hypothèses dans le contexte Kinois.

Pour ce faire, nous partirons d'une présentation sommaire de l'industrie de la microfinance à Kinshasa (Section 1). Après cela, il s'agira de faire une analyse descriptive et tendancielle de nos données (section 2) pour finir avec la méthodologie d'étude (Section 3). Dans cette dernière, l'accent sera mis sur les techniques d'échantillonnage, les méthodes de traitement, la description des données ainsi qu'une spécification des modèles.

1. Aperçu de l'industrie de la Microfinance à Kinshasa

Il s'agit ici de relever les performances de l'industrie de microfinance à Kinshasa. Ainsi, nous parlerons des performances financières et de la portée sociale.

1.1. Les performances financières du secteur

Avec un ratio d'autosuffisance opérationnelle situé à 108% en 2011, les institutions actives à Kinshasa font encore face au défi de la viabilité financière. Néanmoins, comparées aux performances de la RDC, Kinshasa affiche une situation plus satisfaisante.

Ces performances en deçà de la norme sont expliquées entre autre par la non maitrise des charges opérationnelles par les institutions actives à Kinshasa. Le ratio de charge d'exploitation s'est situé à 65%, largement au-dessus de la norme.

Graphique 1 : Benchmark des performances Kinshasa vs RDC

Source : Adapté BCC 2011

Par ailleurs, l'une des causes de la non efficience des institutions actives à Kinshasa est le niveau des charges du personnel élevé par rapport aux institutions de la RDC. Eu égard au niveau moyen de salaire relativement élevé à Kinshasa qu'à l'intérieur du pays (FPM 2012), la forte pondération des charges du personnel se repercute négativement sur les performances des institutions Kinoises.

Graphique 2 : Benchmark des charges Kinshasa vs RDC

Source : Adapté de la BCC 2011

Toutefois, cette non éfficience dans la gestion des charges est contrebalancée par un niveau satisfaisante du rendement du portefeuille (Graphique 1) et du rendement des fonds propres.

Graphique 3 : Benchmark ROA kinshasa vs RDC

Source : Adapté de la BCC 2011

1.2. Portée sociale

Actuellement, Kinshasa est le deuxième pool de la microfinance en RD Congo. Elle comptait 42 institutions (mutualiste et non mutualiste) en décembre 2011. En termes d'encours des crédits octroyés, les institutions de la ville de Kinshasa renfermaient 34% du total encours en 2011.

Graphique 4 : répartition des ISFD en RDC

Source : Adapté de la BCC 2011

Pour ce qui est des clients servis, la ville de Kinshasa a encore occupé la première position avec près des 43% du total épargnant. De plus, les femmes ont représenté la plus grande proportion avec près de 80%.

En ce qui concerne leur localisation, la plupart de ces institutions se retrouvent dans la commune de la Gombe (33%). La raison essentielle de cette localisation est le niveau de proximité avec le plus grand centre commercial de la ville. Du reste, certains coins reculés se retrouvent dépourvu d'institutions de microfinance. Faute du niveau de vie et du niveau d'activité faible, les institutions refusent de s'installer dans ces quartiers. Bref, il ne s'agit pas vraiment du niveau de pauvreté ou de l'adéquation avec la cible qui importe sur le choix de la localisation. Les institutions actives à Kinshasa sont plus orientées par le niveau d'activité commerciale car en réalité la microfinance n'a des sens que pour les pauvres dynamiques et rentables.  

1.3. La gouvernance

La majorité des institutions actives à Kinshasa ne disposent pas des visions stratégiques bien définies, claires et intériorisées par les parties prenantes. Le départ étant mal défini, il est très difficile pour ces institutions kinoises de faire ceux pourquoi elles ont été créée. Ce faisant, la probabilité de s'éloigner de leur cible est donc très élevée. A cela s'ajoute le faible niveau de capital humain dont fait preuve l'industrie de la microfinance à Kinshasa. Une étude menée par les étudiants du CCAM (2012) a démontré que la plupart des agents de terrain n'avait pas assez des connaissances en matière de crédit. De surcroit les formations reçues après l'embauche ne se limitaient qu'à une formation d'intégration. Par conséquent, les performances de ces agents de terrain sont restées dans la plupart de cas faibles.

En ce qui concerne la collecte, la circulation, le traitement et la diffusion de l'information, les analyses de la banque centrale du Congo (2011) révèlent que seuls 33% des institutions ont disposé d'un système d'information de gestion à même de faciliter les transactions et de générer les informations financières dans un délai raisonnable. Avec une base d'informations non fiable, il est difficile pour ces institutions de prendre des décisions efficaces de manière à améliorer leurs performances financières ainsi que leur portée sociale.

2. Analyse descriptive des données

Cette analyse est basée sur un échantillon de trente-une institutions actives à Kinshasa pendant la période 2011.

2.1. Analyse uni variée sur les performances financières

- Quelques statistiques

De manière globale, le tableau suivant illustre que les institutions sous études ne sont pas performante sur le plan financier. La moyenne du PAR30 est largement au-dessus de la norme de 5% et se situe approximativement à 16%. Il est de même pour les autres indicateurs qui sont au-dessus au-delà des normes.

Tableau 4 : Les performances financières des institutions sous étude

 

PAR 30

ASO

ROA

Ratio des Charges op

Taux d'intérêt

Moyenne

0,159

0,9873

0,017

0,49992

0,531

Max

0,567

1,8800

0,072

0,71700

0,660

Min

0,043

0,1990

0,0002

0,2899

0,280

Ecart-type

0,1313

0,3658

0,0183

0,108865

0,066

Médian

0,120

1,0800

0,0226

0,4670

0,520

Source : Enquêtes de l'auteur

- L'autosuffisance opérationnelle et PAR 30

Au seuil de 119%, la plupart des institutions n'ont pas pu franchir le cap et être autosuffisantes sur le plan opérationnel. La moyenne a été de 98%. En effet, cette situation n'est que le reflet d'une inefficience dans la gestion des charges et d'une mauvaise qualité du portefeuille. Du reste, il y a des institutions qui se sont démarquées en affichant des performances très élevées. La valeur maximale a été de 188%. En opposé on retrouve des institutions moins performantes avec un ratio d'autosuffisance opérationnelle de 19%.

Graphique 5 : Autosuffisance opérationnelle des institutions sous étude

Source : Enquêtes de l'auteur

Pour ce qui est du portefeuille à risque, pratiquement toutes les institutions ont affiché un PAR 30 de plus de 5% (15,9% de moyenne). Pareille pour le ratio de charge d'exploitation qui est restée supérieur à 40% pendant la période d'étude (49,9% de moyenne). Néanmoins, le PAR30 minimal est de 4,3 et le ratio de charge d'exploitation de 28,9%.

Graphique 6 : Le portefeuille à risque 30 et le ratio de charge d'exploitation

Source : Enquêtes de l'auteur.

2.2. Analyse uni variée sur le niveau d'encrage sociale

- Quelques statistiques

L'encours moyen de crédit en 2011 a été de 605357 USD. Du reste, le niveau de dispersion très élevé démontre qu'il y eu des écarts très significatives parmi les institutions sous études.

Tableau 5 : Indicateurs de portée sociale

 

Encours de crédit

Nombre des clients

Encours d'épargne

Nombre des femmes

Taille moyenne de crédit

Moyenne

605 357

3 004

3 935 846

1 951

267,327419

Max

12 845 747

61 825

54 611 584

42 041

1390,52

Min

950

35

3 455

14

80,62

Ecart-type

2292873

11070

13570836

7538

210,178376

Médian

105 082

513

112 856

236

141,57

Source : Enquête de l'auteur.

En se basant sur la taille moyenne de crédit comme indicateur de ciblage individuel, il s'avère que 53% des institutions constituant notre échantillon ont une taille moyenne de crédit inférieure à 200 dollars.

Tableau 6 : intervalles de classe des crédits moyens

 

Nombre

Inferieur 200$

17

Entre 200 et 500$

10

Entre 500 et 800$

2

Supérieur à 800$

3

Source : Enquête de l'auteur

Ce niveau faible de crédit moyen nous conduit à la présomption selon laquelle les institutions sous études ont un niveau d'encrage social élevé.

Graphique 7 : Intervalles de classe des crédits moyen

Source : Enqête de l'auteur.

En faisant un rapprochement entre le critère de ciblage géographique et le profil de pauvreté à Kinshasa, on se rend compte que la répartition géographique des institutions sous études est relativement équilibrée. Il y a assez d'institutions dans les zones avec un niveau de vie faible. Ainsi, cela parait comme un élément de plus afin de présumer d'un fort encrage social.

Toutefois, comme dit précédemment, le critère de base dans la localisation est plutôt le niveau d'activité commerciale et non le profil de pauvreté.

Tableau 8 : Répartition géographique des agences des ISFD sous étude

Répartion géographique des agences

Nombre

Pourcentage

Tshangu

7

19%

Bandal

2

6%

Gombe

5

14%

Kasavubu

4

11%

Ngaliema et Kintambo

9

25%

Matete et Lemba

5

14%

Mont Ngafula

3

8%

Limete

1

3%

Total

36

100%

Source : Enquête de l'auteur

Graphique, il apparait de manière plus visible que l'essentielle des agences

Graphique 8 : Répartition géographique des ISFD sous étude

Source : Enquête de l'auteur

2.3. Analyse bi-variée

- Relation autosuffisance opérationnelle et crédit moyen

Graphique 9 : Relation entre l'autosuffisance opérationnelle et le crédit moyen

Source : Enquête de l'auteur

La lecture de ce graphique donne l'impression d'une absence de relation inverse entre l'autosuffisance opérationnelle et la taille moyenne de crédit.

En effet, il existe des institutions avec des crédits moyen faibles mais affichant un bon ratio d'autosuffisance opérationnelle. Ceci conforte la thèse d'une éventuelle convergence entre l'autosuffisance opérationnelle et une grande portée sociale. Ceci nous conduit a présumé que les institutions moins performantes ne le sont pas à cause de l'arbitrage.

Pour les institutions moins performantes, le problème n'est pas à l'arbitrage entre ces deux choses. Le problème est certainement lié à la gouvernance de l'institution.

- Relation portefeuille à risque (30j) et nombre de femmes emprunteuses

Graphique 10 : Relation PAR 30 et proportion des femmes emprunteuses

Source : Enquête de l'auteur.

De manière globale, la qualité du portefeuille n'est pas toujours fonction du nombre des femmes emprunteuses. Comme démontré dans plusieurs études (CORNEE 2010 ; LUMBAYA 2011), il n'existe pas une relation univoque entre la proportion des femmes emprunteuses et le taux de remboursement ou la qualité du portefeuille.

De ce fait, on s'abstient de commentaires comme quoi les femmes remboursent mieux ou mal.

- Relation autosuffisance et nombre des femmes emprunteuse

Graphique 11 : Relation autosuffisance et proportion des femmes emprunteuses

Source : Enquête de l'auteur

Ce graphique dévoile encore l'hypothèse de la convergence entre l'autosuffisance opérationnelle et la portée sociale car la proportion élevée des femmes emprunteuses n'a pas été un achoppement pour les institutions sous études. Dans les cas extrêmes ou s'affichent une relation négative, les causes sont certainement les variables prises en compte dans la prochaine section.

- Proportion des femmes et encours moyen de crédit

Graphique 12 : Relation proportion des femmes et crédit moyen

Source : Enquête de l'auteur

Au travers de ce graphique, on se rend compte que de manière globale les pics sur la tendance de crédit moyen ont été observé dans les institutions ayant des proportions des femmes assez faibles.

En effet, plusieurs études réalisées en Afrique et en Amérique latine (KOBOU 2007, CORNEE 2010) ont démontré la vulnérabilité économique élevée des femmes par rapports aux hommes. Cela étant elles n'ont pas assez de garanties et évoluent souvent dans les groupes solidaires en sollicitant des crédits pas trop importants. Ce graphique semble confirmer cette hypothèse.

- Ancienneté et autosuffisance opérationnelle

Graphique 13 : Relation entre l'ancienneté et l'autosuffisance opérationnelle

Source : Enquête de l'auteur

Bien qu'il existe quelques cas exceptionnels, de manière globale les institutions autosuffisante sur le plan opérationnelle sont ceux ayant déjà un certain âge. Une analyse minutieuse du graphique nous permet d'estimer cet âge à quatre soit 48 mois d'existence.

Encore faut-il souligner que ce n'est pas une évidence comme quoi toute institution avec au moins quatre ans d'ancienneté doit être autosuffisante. Le niveau de gouvernance est aussi un déterminant majeur.

3. Méthodologie

En vue d'une analyse pertinente et efficace, nous avons utilisé les méthodes statistiques et économétriques afin d'estimer une fonction de convergence. Etant donné que nous ne disposons pas d'une forme fonctionnelle bien précise (à l'égard de Coob-douglas, CES...), nous faisons donc recours à la méthode non paramétrique qui consiste à estimer une frontière optimale de production. Pour ce qui est de notre, la production n'est rien d'autre que ce niveau de convergence. Dans le cadre de ce travail, l'estimation de cet isoquant optimal passe par la méthode d'enveloppement des données (data enveloppement analysis : DEA). Pour ressortir les écueils à ladite convergence, une analyse basée sur un modèle TOBIT censuré sera effectuée.

Une autre justification est que la méthode DEA permet de réaliser une analyse de l'efficacité à des situations multi produits et de rendements d'échelle non constants.

Elle compare toutes les unités similaires dans une population donnée en prenant en compte simultanément plusieurs dimensions. Il existe donc plusieurs variables dépendantes considérées comme output et plusieurs variables indépendantes considérées comme input. Chaque institution de l'échantillon est considérée comme une unité décisionnelle (Decision-making Unit - DMU) qui transforme des inputs en outputs. Ainsi, Chaque DMU consomme un montant m de différents inputs afin de produire s différents outputs. Autrement, la DMU (j) (j =1,...m) consomme un montant X {ij} d'inputs (i = 1,...m) et produit un montant Y {rj} d'outputs (r = 1,...s).

Pour arriver à déterminer la frontière d'efficacité technique (niveau de convergence), il nous faut résoudre quelques programmes linéaires. Selon Farell (1957) (cité par KOBOU et al 2009), l'inverse de la fonction distance35(*) représente génère des niveaux d'efficacité technique à partir des informations fournies sur les inputs et les outputs. Une ISFD sera efficiente, si elle maximise sa production pour un niveau donné d'inputs. En d'autres termes si son niveau d'efficacité technique est égal à l'unité, c'est-à-dire sa production réalisée est égale à la production optimale. Dans le cas contraire, cette ISFD sera dite moins efficiente et/ou inefficiente.

L'approche CCR développé par Charnes, Cooper et Rhodes en 1978 et adoptée dans ce travail s'aligne dans une logique de rendement d'échelle constant. Cependant, l'hypothèse des rendements constants n'est appropriée que si l'entreprise opère à une échelle optimale (Ambapour, 2001). Ce qui n'est pas toujours le cas (concurrence imparfaite, contraintes financières...). Ce constat a poussé Banker, Charnes et Cooper (1984), à proposer un modèle qui permet d'intégrer l'aspect de rendement variable (BCR).

Ainsi, le modèle CCR peut être modifié en tenant compte de l'hypothèse des rendements variables à l'échelle en ajoutant une contrainte de convexité « N1'ë = 1 » aux programmes distances. Concrètement, il s'agit de maximiser le ratio sommes pondérées des outputs sur la sommes pondérées des inputs.

Avec :

k : institution dont on mesure la convergence s

hk :le score de convergence

la quantité d'output r pour le DMU k

Ur : le coefficient de pondération de l'output r

: la quantité d'input i pour le DMU k

vi : le coefficient de pondération de l'input i

j : les DMU

Cela implique de trouver les valeurs de u et v, de telle sorte que la mesure de l'efficacité de la iième entreprise soit maximisée, sous les contraintes que toutes les mesures d'efficacité soient inférieures ou égales à un. Cependant un problème avec cette formulation particulière en ratio est qu'il existe une infinité de solutions36(*). Pour éviter cela, on peut poser :

Ce qui donne :

Cette forme est connue sous le nom de « forme multiplicative » du problème de programmation linéaire. En utilisant le programme dual de la programmation linéaire, on peut dériver une forme équivalente de ce problème d'enveloppement :

Sous contrainte

Avec :

le score d'efficience

Y: les quantités observées d'output dont on mesure l'efficience

X0 : les quantités observées d'input dont on mesure l'efficience

Yj :les quantités observées d'output pour la firme j

Xj :les quantités observées d'output pour la firme j

ëj :les coefficients de pondérations

Pour avoir un modèle à rendements d'échelles variables ainsi passé du modèle CCR au modèle BCC, il suffit d'ajouter une contrainte de convexité, de la forme :

Ainsi, le problème devient :

Sous contrainte

Avec les ajustements mathématiques, on a en fin :


- Choix des inputs et outputs

Dans la sélection des inputs, nous n'avons pas voulu s'aligner dans la logique traditionnelle car ce dernier est plus compatible avec les outputs unidirectionnels (mesurer un seul aspect de la performance) car ce travail analyse deux orientations de manière simultanée. S'inspirant de CORNE (2006) et KOBOU et Al (2009), qui ont utilisé le nombre du personnel, le total actif comme input et le ROA et le nombre des femmes emprunteuses comme output. Nous nous sommes démarqués en eux en considérant juste l'actif le plus important, c'est-à-dire l'encours brut de crédit37(*) et les charges opérationnelles en lieu et place de l'effectif du personnel. Nos outputs sont orientés dans la performance sociale et dans la portée sociale, ainsi nous avons l'autosuffisance opérationnelle et la taille moyenne de crédit.

Tableau 9 : Les variables inputs et outputs du premier modèle

Variables

Acronymes

Explication

Type de variable

Type de performance mesuré

Encours brut de crédit

ENCRED

L'ensemble des crédits accordés pendant la période d'étude

Input

RAS38(*)

Charges d'exploitation

CHEXPL

L'ensemble des charges salariales, des charges administratives et des provisions et amortissements

Input

RAS

La taille moyenne du crédit

CREDMOY

L'encours de crédit sur le nombre total des emprunteurs

Output

Portée sociale

Autosuffisance

ASO

le rapport produit d'exploitation sur charge d'exploitation

Output

Performance financière

Source : Analyses auteur

Les DMU39(*) qui affichent une valeur de 1 se situent sur l'isoquant d'efficience et réalise ainsi la convergence. Les DMU qui affichent une valeur inférieure à 1 ne sont pas optimaux. La valeur (1 - Efficience du DMU) montre le niveau de l'inefficacité du DMU concerné.

Après l'estimation de l'isoquant représentant le niveau de convergence, un modèle TOBIT censuré sera estimé. Le choix est porté sur un modèle TOBIT censuré car notre variable dépendante (niveau de convergence) sera définie dans un intervalle allant de 0 à 1. (Y € ]0 ; 1]). Cependant, le modèle TOBIT s'applique sous deux contraintes : la variable dépendante est continue dans un intervalle et la probabilité pour que la variable dépendante prenne des valeurs nulles est positive. Concrètement, on observe la variable seulement pour une partie de la population l'autre partie est non observée. Et dans ce dernier cas, on pose sa valeur égale à zéro.

Pour contourner cette contrainte, on expliquera plutôt l'inefficacité (La non convergence) en lieu et place de l'efficacité (la convergence). Ainsi Yi représente le niveau d'inefficacité d'une institution. La partie de l'échantillon constitué des institutions efficaces (convergente) est considérées comme non observée. Le modèle se présente donc comme suit :

Yi =

Avec :

Le terme d'erreur qui suit la loi normale de moyenne 0 et d'écart-type ó.

Xi : est un vecteur des variables explicatives susceptible d'expliquer la non convergence des coopératives.

âi : un vecteur représentant les paramètres à estimer;

Yi = les scores de la non convergence

Yi : seuil à partir duquel les variables X affectent l'efficacité des institutions sous études. Dans le cadre de notre étude, la variable dépendante « inefficacité » est continue et limitée à zéro. De plus, les erreurs sont normalement distribuées.

Vu le niveau de biais associé aux estimateurs de la fonction TOBIT par moindre carré ordinaire, et la restriction en une variation binaire astreint par la méthode d'Heckman (Hurlin ), nous faisons recours à l'optimisation de fonction de vraisemblance associées au modèle Tobit afin de ressortir les déterminants de la non convergence.

Le modèle de log vraisemblance s'écrit comme suit :

Log L ( y, â, ó2å )= - log (ó2å) -

Les variables dépendantes retenues à ce niveau sont les suivantes :

Tableau 10 : La variable endogène et les variables exogènes du second modèle

Variable

Explication

Type de variable

Mesure

Niveau de la non convergence

(NONCONV)

Cet indicateur est une variable composite qui prend en compte la capacité de l'institution à être autosuffisante sur le plan opérationnelle tout en servant des pauvres avec des crédits moyen faibles.

Variable expliquée

Indice composite

Portefeuille à risque de 30 jours (PAR)

C'est la partie du portefeuille ayant un retard de paiement de plus de trente jours sur l'encours brut de crédit.

Variable explicative

C'est un ratio

Return on asset

(ROA)

C'est la rentabilité des actifs qui est mesuré par le rapport entre les bénéfices net après impôts sur le niveau d'actif total.

Variable explicative

C'est un ratio

Proportion des femmes emprunteuses

C'est le nombre des femmes emprunteuses sur le nombre total des emprunteuses (femmes + hommes)

Variable explicative

C'est un ratio

Obtention des subventions et/ou appuie technique

Distingue les institutions qui bénéficient des subventions et celles qui n'en ont pas

Variable explicative

Variable dichotomique

Age de l'institution (AGE)

C'est le nombre de mois de l'existence de l'institution

Variable explicative

En nombre de mois.

Source : Analyses Auteur

Après le développement de ce chapitre, il en découle de manière globale que l'industrie de la microfinance à Kinshasa n'est pas encore viable. Par ailleurs, son niveau d'encrage social n'est pas non plus très élevé.

La situation s'accentue avec une analyse basée sur les institutions de notre échantillon. En effet, rare sont les institutions qui maitrise leurs charges opérationnelles et la qualité du portefeuille. Ceci se répercute sur leur niveau d'autosuffisance opérationnelle.

Toutefois, aucune liaison entre les éléments de la portée sociale et les performances sociale n'a été démontrée de manière significative. Du reste, les analyses bi-variées ont de présumait la possibilité d'une convergence entre l'autosuffisance opérationnelle et la portée sociale.

Chapitre 3 : Analyse critique et ébauche des solutions

Après une analyse descriptive et tendancielle du le schisme à Kinshasa, ce chapitre est consacré à une analyse empirique en vue de ressortir les conclusions les plus pertinentes sur ledit sujet en partant d'une modélisation économétrique (Section 1). La deuxième partie de ce chapitre sera consacré à la mise en place des stratégies efficaces de manière à atteindre la convergence entre l'autosuffisance opérationnelle et la portée sociale (section 2).

1. Présentation des résultats

1.1. Analyse de la convergence

Le modèle à estimer afin d'avoir le score de convergence se présente comme suit :

Après estimation sur le logiciel data enveloppement analysis programme (DEAP) version 2.1, les resultats sur le niveau de convergence sont présentés dans le tableau 11.

Tableau 11 : Résultat de la première estimation (DEA)

 

Valeur

Moyenne

0.29103226

Maximum

1

Minimum

0,011

Ecart-type

0,34334438

Nombre des institutions convergentes

4

Nombre des institutions situées entre 0,5 et 0,99

4

nombre des institutions en déca de 0,5

23

Source : Analyses auteurs

Graphiquement, la situation se présente comme suit :

Graphique 14 : convergence et non convergence

Source : Analyse auteur

On constate que les institutions sous études présentent un niveau de convergence entre la portée sociale et l'autosuffisance opérationnelle faible. En moyenne le score est de 0.29103226, largement en décas de 1. De plus, la plus part des institutions sous études (74%) ont affiché un score de convergence de moins de 0,5.

Il y a à peine quatre institutions qui affichent le score de 1. Cela étant, une analyse comparative sera menée entre ces dernières et le reste de l'échantillon en vue d'identifier les forces et les faiblesses leurs forces et faiblesses de manière à proposer des stratégies efficaces.

Tableau 12 : Benchmark entre les DMU efficientes et les DMU non efficientes

 

score de convergence

ratio charge d'exploitation

ASO

Taille moyenne de crédit

Encours de crédits 2011

Les DMU les plus efficients

MUFESAKIN

1

0,367

119%

198.96

455424

LIFE VEST

1

0,267

188%

194.89

144027

COOPEC BOSANGANI

1

0,234

123%

110.62

13164

MEC IDECE

1

0,28992189

129%

466.52

184277

Les DMU les mois efficients

MEC CAPROS

0,024

0,567

80,00

358.47

255589

IMF VIA NOVA

0,016

0,517

104,00

963.06

199353

CBCO BANDAL

0,015

0,654

110,00

65.11

20118

IMF OFED

0,011

0,463

98,00

94.02

7616

Source : Analyses de l'auteur

Parmi les IMF efficientes, on retrouve trois institutions mutualistes et une institution non mutualiste. Ces quatre DMU ont poursuivi un réel objectif social pendant l'année d'étude, s'il on se réfère à la taille du prêt40(*), mais ont arboré également de très bons résultats financiers en regardant le niveau de l'autosuffisance opérationnelle. Bien que toutes les institutions n'aient pas pu réaliser cette convergence, néanmoins cet exemple illustre la capacité de certaines institutions actives à Kinshasa de combiner la portée sociale aux performances financières. Le 12% des institutions convergentes dans notre échantillon nous conduit à accepter partiellement notre première hypothèse.

Les DMU efficientes sont des structures de taille modeste et moyenne si l'on considère leur nombre total d'emprunteurs. Le point commun le plus frappant entre ces quatre structures est la faible proportion des charges d'exploitation sur l'encours brut de crédit. Sans doute trop hâtivement, on peut en déduire que le point fort de ces institutions résident dans leur localisation et ciblage qui influence positivement le coût de transaction et par ricochet baisse le niveau des charges de ces institutions. On doit toutefois nuancer ce propos en avançant que d'autres facteurs influent sur le niveau de charge administrative comme par exemple le faible nombre des employés.

Graphique 15 : Benchmark entre les DMU efficientes et les DMU non efficientes

Source : Analyses de l'auteur

Cette illustration graphique vient étayer l'argument selon lequel, les DMU ayant un score de 1 sont très efficients dans la gestion de leur charge. En opposé, on remarque que les quatre DMU les moins efficients ont un ratio des charges d'exploitation très élevé. Par-là, on présume donc que le niveau de charge d'exploitation exerce une influence non négligeable sur le niveau de convergence.

Toutefois, au-delà ces éléments, ces DMU efficients possèdent aussi quelques faiblesses qui ne leur permettant pas d'être performantes sur tout point de vue. La prise en compte de ces détails améliorera sans nul doute les performances de ces institutions.

Tableau 13 : Forces et faiblesses des DMU efficientes

Forces

Faiblesses

- Orientation stratégique bien définie

- Concertation sur la cible ;

- Volonté d'offrir les produits dans un horizon de long terme ;

- Gestion rationnelle des charges ;

- Structures organisationnelle bien définie.

- Turn over élevé ;

- Faible stratégie de mobilisation de l'épargne ;

- Faible productivité des agents de terrain ;

- Plan de carrière inexistante ;

- Non actualisation ou absence des études de marché ;

- Offre stéréotypée

- Non maitrise de la qualité du portefeuille ;

Source : Analyse de l'auteur

Le faible niveau des charges d'exploitation constaté au niveau du benchmark peut s'expliquer par le fait que ces institutions n'accordent pas des rémunérations adéquates à leurs employés. Leur niveau de salaire moyen s'est situé entre de 200 à 350 dollars US en 2011 (FPM dossier d'évaluation). Cette faible rémunération combinée à une motivation non régulière se répercute négativement sur le niveau de stabilité des employés et entraine par conséquent des démissions assez importantes de ces derniers. En 2011, Le taux de « turn over » a été supérieur à 8% pour quasiment toutes les institutions efficientes (FPM 2011). Pour certaines institutions, les politiques de motivation ne sont plus adéquates au contexte actuel.

A ces choses s'ajoute l'absence d'un plan de carrière bien défini et connu par tous. Les employés n'étant garantis en rien sur leur avenir au sein de l'institution, n'hésiterait en aucun cas de quitter l'institution lorsqu'une bonne offre se présente.

Pour ce qui est de ressource, il sied de noter que la plupart de ces institutions ne disposent pas des stratégies efficaces afin d'optimiser la collecte de l'épargne. Avec des taux de transformation allant jusqu'à plus de 140%, certaines institutions sous étude recourent aux emprunts en lieu et place de maximiser la collecte d'une ressource quasiment gratuite. Les dépôts à terme occupent une proportion très faible dans ces institutions.

Par ailleurs, le non recours ou la non actualisation des études de marché pose un grand problème dans ces institutions. Faute des moyens et des compétences nécessaires, pratiquement toutes les institutions efficientes ne recourent pas aux études de marché avant la mise en place d'un nouveau produit. Ainsi, ces dernières ignorent la dynamique des besoins de leur public cible dans les caractéristiques de leurs produits. Si leurs offres connaissent encore du succès jusque-là, c'est simplement parce que le marché de la microfinance est encore dans une phase oligopolistique. Le manque d'information sur les vrais besoin de leurs cibles leur pousse à offrir des produits standards.

1.2. Déterminants du non convergence

Avant de présenter les résultats de nos enquêtes, rappelons que le modèle TOBIT estimé se présente comme suit :

Après estimation avec la commande suivante sur Eviews 5:

CENSORED(D=N) NOCONV C APTECETFIN AGE PAR ROA PROPFEM


Les résultats des estimations sont présentés dans le tableau suivant :

Tableau 14 : Résultat de la deuxième estimation (TOBIT)

 

Coefficient

Standard error

z-Statistic

Probabilité critique

C

-0.305863

0.225273

-1.357742

0.1745

APTECETFIN

-0.065302

0.117391

0.556278

0.5780

AGE

-0.001674

0.002014

0.830885

0.4060

PAR

1.002109

3.57E-09

2.286599

0.0222

ROA

-1.034506

0.000188

-0.005490

0.0436

PROPFEM

0.414177

0.169653

2.441320

0.0746

R carré

0.476487

R carré ajusté

0.325609

Probality value of residual (Jarque Bérra test)

0.046460

Source: Analyses de l'auteur

La droite de régression s'écrit comme suit:

NOCONV = -0.3058625641 - 0.06530189031* APTECETFIN - 0.00167350056*AGE + 1.002109*PAR - -1.034506*ROA + 0.4141771106*PROPFEM

Le coefficient d'ajustement R2 nous renseigne que les variables retenues dans ce modèle expliquent le niveau de convergence à 47,6%. La différence est expliquée par les variables non prises en compte dans ce travail.

Hormis le niveau de charges d'exploitation et l'encours de crédit, il s'avère que le niveau du portefeuille à risque et le rendement des actifs sont statistiquement significatifs.

Le ratio de portefeuille à risque trente jours varie dans le même sens que le niveau de non convergence. En conséquence, une mauvaise qualité du portefeuille de crédit réduit les performances de l'institution sur le plan financier et social. Ce faisant non seulement que la viabilité financière de l'institution sera atteinte, mais aussi sa portée sociale. Pour pallier à cette situation, certaines institutions préfèrent s'accrochées aux personnes disposant des garanties physiques et sollicitant ainsi des montants très élevé.

Pour ce qui est du rendement des actifs, la relation est plutôt négative par rapport au niveau de non convergence. L'amélioration du rendement des actifs permet à l'institution d'être non seulement autosuffisante mais aussi avoir une grande portée sociale.

Contrairement à toute atteinte, l'ancienneté de l'institution, l'assistance technique ou financière obtenue par l'institution et la proportion des femmes emprunteuses n'ont pas été significatives.

Néanmoins leurs signes dans la droite régressée renferment beaucoup d'éléments pertinents et susceptibles d'enrichir nos analyses.

On remarque que le niveau d'ancienneté conduit l'institution à des performances financières ainsi qu'à une grande portée sociale. Ceci est aussi le cas pour l'assistance technique et financière.

Les institutions bénéficiant d'une assistance technique et/ou financière améliorent leur mode opératoire et deviennent donc plus professionnelles. Cette migration dans le mode de gestion exerce une influence positive mais non significative sur le niveau de convergence.

2. Ebauche des stratégies efficaces pour une convergence à Kinshasa.

Au regard des résultats empiriques, il sied de souligner que les institutions actives à Kinshasa ne seraient vraiment efficaces en termes de portée et de performances financière seulement s'ils arrivent à mettre en place des stratégies de manière transversale. C'est-à-dire, toucher à la fois la maitrise des charges, gestion du portefeuille, la gouvernance, la gestion de la mission sociale, la gestion des ressources humaines, la gestion des risques...

2.1. Gestion du portefeuille de crédit

L'indicateur retenu dans le cadre de ce travail a été le portefeuille à risque pour trente jours. La non nullité de cette variable nous révèle son importance significative dans la réalisation de ce double objectif (financier et social). Cela étant, les stratégies à mettre en place par des institutions doivent à trois niveaux : avant le déboursement de crédit, pendant les échéances et après les échéances en cas de non remboursement. Toutefois avant ce processus, l'institution doit s'assurer de l'adaptabilité des produits aux besoins des clients. La quasi-totalité des institutions Kinoises sont caractérisées par le mimétisme et la standardisation de l'offre. En partant d'une étude de marché, l'institution devra être à même de définir les caractéristiques de son produit de manière à être en phase avec les besoins de son public cible.

- Avant le déboursement

La plupart des institutions sous études fondent leurs analyses de crédit sur la capacité de remboursement des emprunteurs et les garanties que ces derniers possèdent. Encore faut-il le souligner que rien ne garantit la fiabilité et la complétude des informations recueillies 41(*) sur cette capacité de remboursement. Un client adverse, bien qu'ayant une capacité de remboursement suffisante, sera toujours tenté a affiché un comportement d'hasard moral. Cela étant, il est souhaitable que les décisions d'octroi de crédit partent d'une base d'analyse plus étendue.

En premier lieu, la prise en compte du caractère de l'individu dans les analyses est très substantielle. Vue la nature complexe de cette variable, il est souhaitable de procéder par des enquêtes informelles dans les lieux d'activité ou d'habitation de l'emprunteur. Ces enquêtes permettront d'avoir une idée sur le niveau de moralité du prospect. Ce faisant, il n'est pas prudent d'octroyer un crédit à une personne récemment installée dans son environnement d'habitation ou professionnelle car l'institution n'aura pas assez d'informations séantes. De plus, on présume n'est pas maitrisé le niveau de la mobilité spatiale du client.

Par la suite, l'institution devra aussi tenir compte des conditions dans laquelle le prospect évolue. Par condition, on fait allusion à tous les facteurs environnementaux susceptibles d'influencer l'activité du client. L'institution a intérêt à prendre en compte cet élément en vue de dénicher les performances saisonnières et intégrer les risques externes dans l'analyse.

Ensuite, il parait pertinent de prendre en compte les actifs et le passif de l'affaire. Ceci permettra à l'institution de de déterminer si l'affaire est solvable et de savoir combien de fonds de commerce est à la base de l'affaire. Une institution rationnelle ne peut pas octroyer un crédit supérieur au fonds propre du client.

- Pendant que le crédit est encours 

Dans les manuels de procédures des institutions sous études, la plupart d'entre eux déclarent faire des visites après le décaissement pour s'assurer de la bonne affectation du crédit telle que déclarée lors de la demande. Cependant, rare sont ceux qui l'appliquent. Certes ces visites engagent des coûts supplémentaires, mais aussi elle vaut leur pesant d'or.

Dans la plupart des cas, les analyses de l'institution se basent sur une activité quelconque et le remboursement se fera sur une activité dont l'institution ne maitrise aucun risque. Ainsi, la négligence de la réalisation de ces visites expose donc l'institution à un niveau de vulnérabilité énorme.

L'institution a donc intérêt à réaliser ces visites de courtoisies pour s'assurer de la bonne évolution de l'activité du client. De plus, ces visites serviront à internaliser la relation « client-institution42(*) » et de réduire l'asymétrie informationnelle.

Pour contourner les problèmes des coûts, l'institution doit en amont bien définir son champ d'intervention en tenant compte du principe de la proximité géographique.

- En cas de non remboursement à l'échéance

La première des choses est d'avoir l'information selon laquelle le client n'a pas effectué son remboursement à l'échéance. Malencontreusement le système d'information de gestion de certaines institutions sous étude ne génère pas toujours cette information au moment opportun. Les efforts doivent commencer par là. Avoir un SIG à même de produire cette information au bon moment. Ceci n'est pas synonyme de l'achat d'un logiciel. Même de façon manuelle, avec des rapports journaliers bien établis, l'institution de petite taille peut contrôler son information.

Ensuite, il faut chercher la cause du non-paiement à l'échéance. Une segmentation des clients est souhaitable pour appliquer des techniques spécifiques à chaque classe. Parfois c'est juste un oubli ou un empêchement. Dans ce cas, une simple relance suffit. Pour d'autres, il s'agit d'un risque pur. Le bât blesse encore à ce niveau. La plupart des institutions actives sous études adoptent des mesures agressives pendant le recouvrement bien que le client soit de bonne foi. Rare sont les institutions qui appliquent le rééchelonnement et moins encore le refinancement. Or ces mécanismes sont bien repris dans leurs manuels de crédit. La mise en application de ces mécanismes est d'une importance substantielle.

Pour les clients qui peuvent mais ne veulent pas payer, l'institution doit appliquer la stratégie d'escalade, c'est-à-dire accentue l'intensité de recouvrement lorsque le jour avance. Ceci peut aller jusqu'au recouvrement juridique. Mais seulement, dans le contexte congolais, il n'est pas rationnel d'arriver à ce niveau pour éviter les dépenses supplémentaire ne garantissant pas le remboursement.

2.2. Amélioration de la rentabilité

En réalité, l'encours de crédit qui est l'actif le plus important pour une institution de microfinance doit représenter jusqu'à quatre-vingt pourcent du total actif. Force est de constater que les institutions Kinoises accordent assez d'importance aux actifs non productifs (immobilisation et autre). Pour certaines institutions sous études, le ratio portefeuille de crédit sur actif variait autour de 30%. Ces institutions prétendent gérer les risques avec une telle stratégie.

L'augmentation de cet encours permettra à l'institution d'avoir plus des revenus d'exploitation, d'améliorer le rendement du portefeuille, d'améliorer la rentabilité économique, d'améliorer la rentabilité commerciale et à infra courte période améliore la qualité du portefeuille. Mais seulement, cette augmentation souhaitée ne doit pas se faire de manière abusive. Elle doit être en phase avec les capacités de l'institution (humaines et financières) pour n'est pas se retrouver dans une situation de croissance non maitrisée et ainsi détériorée d'avantage la qualité du portefeuille.

Par ailleurs, ces institutions doivent améliorer leurs stratégies visant à collecter les ressources moins couteuses. Les promotions des dépôts à terme doivent être entreprises afin d'accumuler assez des revenus pérennants et à moins cher. En aval, ces stratégies permettront de réduire sensiblement les charges financières et de générer assez des produits nets bancaires. Ainsi, les institutions peuvent recourir à la force de vente avec des décente sur terrain en vue de sensibiliser sa cible sur la culture et les biens faits de l'épargne et d'en collecter encore plus.

2.3. Maitrise des charges d'exploitation

Le grand défi se retrouve à ce niveau. Comme stratégie à adopter, les institutions sous études doivent favoriser les agents productifs afin de contrebalancer le poids de ces charges administratives. Ce faisant, Il est préférable que les agents administratifs ne représentent pas plus de 40% de l'effectif total des agents.

Les performances de ces agents de terrain doivent aussi être contrôlées. L'évaluation de leurs productivités peut passer par une analyse qualitative43(*) et/ou quantitative.44(*)

Par ailleurs, pour réduire les coûts d'exploitation, l'institution peut opter pour l'externalisation ou la sous-traitance de certaines tâches non liées directement avec la raison sociale de celle-ci. Cette stratégie permettra à l'institution d'éviter certaines charges liées essentiellement aux avantages sociaux que doivent avoir les agents (prise en charge médicale, prise en charge de la pension...).

2.4. Gestion des ressources humaines

La résolution de ce problème doit commencer en amont, c'est-à-dire : recruter la personne qu'il faut, à la place qu'il faut et au moment qu'il faut. Après le recrutement et la formation d'intégration, un niveau de productivité élevé est fonction d'une bonne rémunération et d'une bonne motivation. Du plus cette motivation ne doit pas rester fixe, sa subdivision en partie fixe et variable, surtout pour les agents de terrain servira d'un stimulant efficace.

Au-delà de ces aspects, les agents doivent voir à l'institution un avenir prometteur. Cela passe par un plan de carrière bien définie et connu pas tous. L'égalité de chance pour bénéficier des formations de mise à jour, des missions et autres avantages.

Toutefois, l'institution doit songer à mettre se garder fou afin de protéger ses compétences. Il est souhaitable à l'institution de faire signer des clauses bien spécifiques par exemple pour les agents ayant suivi une formation pour le compte de l'institution.

Après leurs formations, ces agents seront condamnés à travailler pendant un temps au sein de l'institution avant toute initiative de démission.

2.5. Gestion de la mission sociale

Avant toute chose, l'institution doit bien définir ceux pour qui elle veut servir. Evidemment, cette reformulation de la mission doit prendre en compte aussi bien les éléments sociaux que financiers.

Après cela, l'institution devra mettre des stratégies qui lui permettront de répondre de manière continuelle aux attentes de ses clients. Cela peut passer par le contrôle des éléments liés au marché, à la mesure des effets sur les bénéficiaires et à la gestion de sa croissance.

Eu égard à la dynamique des besoins humains, l'institution doit être à même de procéder aux études de marché régulièrement afin d'adapter son offre aux attentes de sa cible. Les institutions ne disposant pas des moyens tant financiers qu'humains pour la réalisation de ces études peuvent commencer par étendre leurs canaux de communication avec leurs clients. Concrètement, elles peuvent mettre des boites à suggestions dans les agences, bien formuler la procédure des plaintes et l'afficher dans les corridors de l'institution. S'entretenir avec des clients déçus...

Pour ce qui est du suivi des effets, l'institution est appelée à analyser de manière régulière l'évolution en terme de bien-être de ses emprunteurs. Un élément très important à contrôler à ce niveau est la taille moyenne de crédit (Churchill 2001). Ce suivi est surtout important pour les nouveaux clients parce que malgré le fait que le niveau moyen de l'ensemble des clients augmente quand les ISFD se développent les prêts aux nouveaux clients doit demeurer constants. Si la valeur augmente (surtout si elle augmente plus rapidement que l'inflation) cela pourrait signifier que l'ISFD s'écartent de son marché cible d'origine.

Pour ne pas s'affaler dans le piège d'une dérive de mission, l'institution désirant changer de cible et/ou faire un upscalling doit passer par une reformulation de sa mission.

En dernier lieu, l'institution doit veiller à ce que ses ressources tant financières qu'humaines lui permettent de bien atteindre ses objectifs. Comme dit précédemment, l'ISFD est appelée à accorder une attention particulière à ses employés car en réalité ces sont eux qui apportent les bons risques à l'institution.

2.6. Système d'information de gestion.

Chaque institution doit commencer par faire un diagnostic sur les défaillances du système actuel. En effet, le système d'information de gestion doit cesser d'être perçu comme un logiciel permettant de générer les ratios et les tableaux. Tous les agents doivent être impliqués dans la production de l'information susceptible de conduire aux bonnes décisions. En ce sens, les dirigeants doivent bien éclaircir les deadlines sur la production de toute information et pour tous les employés.

Au cas où le système actuel ne serait plus en phase avec le niveau d'activité, l'institution devra songer à une restructuration mais tenant compte de ses ressources.

2.7. Transparence, application des taux d'intérêt responsable mais adéquat

Au-delà de la couverture des charges, le taux d'intérêt appliqué ne doit pas non plus asphyxié les clients. Ainsi pour éviter de faire supporter aux clients les contre-performances, une transparence est exigée de manière à permettre aux consommateurs de faire un choix plus rationnel. Ceci n'est rendu possible qu'au travers une supervision de l'autorité de régulation.

2.8. Rôle de l'organe régulateur

La banque centrale a un rôle très prépondérant dans le processus de professionnalisation du secteur. En amont, elle doit veiller à l'adaptabilité des lois et textes règlementaires au contexte congolais en général et kinois en particulier.

Après cela, une supervision efficace est souhaitable afin d'éviter les déviations de certaines institutions. Cependant, le faible niveau le sous-effectif de la banque centrale ne permet pas de réaliser cette mission immense. Cela étant, cette dernière a intérêt à renforcer son équipe en vue d'améliorer sa supervision.

Pour faire bref, les analyses effectuées dans ce troisième chapitre nous ont permis de valider partiellement nos deux premières hypothèses.

Concrètement, il a été démontré que les institutions évoluant à Kinshasa peuvent être autosuffisantes sur le plan opérationnel tout en ayant une grande portée sociale.

En second lieu, les facteurs à considérer comme achoppement à la convergence entre les performances financières et la portée sociale sont : le niveau de charges d'exploitation, la qualité du portefeuille et le niveau de rentabilité des actifs.

De plus, le benchmark nous a fait voir que les éléments liés à la gestion des ressources humaines avaient un rôle substantiel dans la réalisation de la convergence entre les performances financières et la portée sociale.

Ce faisant, il est souhaitable que les institutions actives à Kinshasa réorientent leur mode opératoire enfin d'être encore plus efficientes. Cela peut partir de l'ébauche proposée dans ce travail.

Conclusion

Le dynamisme constaté dans le secteur de la microfinance en RD Congo pendant ces dernières années n'a pas permis à la plupart des institutions active à Kinshasa d'assumer réellement leur double mission45(*).

Cette étude cherchait à dénicher la possibilité d'une éventuelle convergence entre les performances financières et la portée sociale. Ensuite, il a été question de déceler les principaux écueils à ladite convergence avant de passer à la proposition des stratégies susceptibles de les surmonter.

Après une analyse empirique sur 31 institutions actives à Kinshasa pendant l'année 2011, nous n'avons pas été en mesure de valider totalement nos hypothèses de départ.

Partant d'une analyse basée sur un modèle d'enveloppement des données, 4 institutions seulement ont pu être efficaces sur le plan financier et de la portée sociale. Le score de convergence moyenne a été très faible et s'est situé à 0,29.

Toutefois, malgré cette moyenne faible du score de convergence, nos conclusions ont révélé la possibilité de réalisation d'une convergence entre l'autosuffisance opérationnelle et la portée sociale.

Hormis le niveau des charges d'exploitation détecter à partir de la première estimation, la régression TOBIT nous a permis d'identifier le niveau de significativité du rendement des actifs et du portefeuille à risque sur l'autosuffisance opérationnel et la portée sociale.

L'ancienneté de l'institution, l'assistance technique et/ou financière, et la proportion de femmes emprunteuses n'ont pas été influentes sur le niveau de convergence.

En dehors des variables essentiellement quantitatives retenues dans nos modèles, un parallélisme avec les institutions les plus performantes de notre échantillon nous a fait voir que les aspects liés à la gouvernance et à la gestion des compétences restent très déterminants dans la réalisation de cette convergence.

De ce qui précède, il s'avère que la mise en place des stratégies efficaces semble être plus qu'opportun. Ces mécanismes palliatifs doivent se mettre en place de manière simultanée sur le plan micro, méso et macro environnementale.

Pour clore, cette analyse peut bien être approfondie en élaguant les saisonnalités avec l'utilisation des données en panel, et en intégrant d'autres variables non prise en compte.

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Annexes

1. Estimation par des déterminants (Modèle TOBIT)

Dependent Variable: NOCONV

 
 

Method: ML - Censored Normal (TOBIT) (Quadratic hill climbing)

Date: 07/21/13 Time: 17:42

 
 

Sample: 1 31

 
 
 

Included observations: 31

 
 

Left censoring (value) at zero

 

Convergence achieved after 1 iteration

 

Covariance matrix computed using second derivatives

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Coefficient

Std. Error

z-Statistic

Prob.  

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

-0.305863

0.225273

-1.357742

0.1745

PAFIN

0.065302

0.117391

0.556278

0.5780

AGE

0.001674

0.002014

0.830885

0.4060

PAR

8.15E-09

3.57E-09

2.286599

0.0222

ROA

-1.03E-06

0.000188

-0.005490

0.0436

PROPFEM

0.414177

0.169653

2.441320

0.0746

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Error Distribution

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

SCALE:C(7)

0.316237

0.047675

6.633225

0.0000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

R-squared

0.476487

    Mean dependent var

0.291032

Adjusted R-squared

0.325609

    S.D. dependent var

0.343344

S.E. of regression

0.326519

    Akaike info criterion

0.793420

Sum squared resid

2.558748

    Schwarz criterion

1.117223

Log likelihood

-5.298004

    Hannan-Quinn criter.

0.898972

Avg. log likelihood

-0.170903

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Left censored obs

0

     Right censored obs

0

Uncensored obs

31

     Total obs

31

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2. Estimation des scores de convergence

 

ISFD

Score de convergence (VRS)

DMU1

FINCA

0,718

DMU2

MECREKIN

0,101

DMU3

IMF HOPE

0,16

DMU4

MEC MUFESAKIN

1

DMU5

MECRE NGALIEMA

0,035

DMU6

COOPEC CEAC KITAMBO

0,112

DMU7

MECRE KINTAMBO

0,17

DMU8

CECI PME

0,024

DMU9

COOPEC DIC

0,087

DMU10

MECREGOMBE

0,047

DMU11

IMF VIA NOVA

0,016

DMU12

MECRE MASINA

0,075

DMU13

LIFE VEST

1

DMU14

COOPECAS

0,519

DMU15

Mutuelle BOMOKO

0,052

DMU16

COOPEC CEAC MATETE

0,622

DMU17

IMF SODEC

0,053

DMU18

COOPEC ACCO

0,114

DMU19

COOPEC BOLINGO

0,085

DMU20

COOPEC MAKIN

0,442

DMU21

IMF COMIF

0,015

DMU22

CAMEC MONT NGAFULA

0,125

DMU23

MEC DECO

0,121

DMU24

COOPEC BOSANGANI

1

DMU25

CECPKI KITAMBO

0,718

DMU26

CEAC NLEMBA

0,087

DMU27

IMF OFED

0,011

DMU28

MEC CAPROS

0,027

DMU29

MEC APROSCAC

0,118

DMU30

Mec IDECE

1

DMU31

CBCO Bandal

0,0158

* 1 Centre for the Study of Financial Innovation (CSFI) est une organisation qui évalue annuellement le niveau des risques de chaque domaine en microfinance et le présente sous forme d'un classement de 24 risques en partant des risques les plus graves aux risques les plus mitigés. Cela se fait sur base d'un échantillon de 86 pays dans le monde (dont la RDC) en partenariat avec CGAP et CITYGROUPE. Selon le CFSI, la recrudescence du risque associé à l'écart par rapport à la mission est ainsi en raison de la perception selon laquelle les IMF sont en train de délaisser leur mission de réduction de la vulnérabilité en faveur de la recherche du profit financier.

* 2 Il s'agit essentiellement des institutions de l'Amérique latine et de l'Asie centrale.

* 3 www.lamicrofinance.org

* 4 La base de données du FPM nous révèle qu'en 2011, parmi les ISFD ayant une taille moyenne de crédit Inférieure à 800$, seulement 17% d'entre elles ont atteint l'autosuffisance opérationnelle. Par contre 29% des ISFD ayant une taille moyenne de crédit de plus de 800$ ont atteint l'autosuffisance opérationnelle.

* 5 Double botton line est une expression anglaise couramment utilisée dans la littérature en microfinance pour désigner sa double mission.

* 6 Selon les dernières statistiques, ce taux est estimé à 5,6 % (BCC, 2011)

* 7 Socials performances indicators.

* 8 Ford foundalion Social Indicators.

* 9 Social mission, 0utreach, Client service ,Information transparency and consumer protection, Association with the community , Labor climat

* 10 Il s'agit de charges administratives, le coût des ressources, le coût de créance irrécouvrable

* 11 L'expression one shoot équivaut à une intervention qui se suit par une disparition.

* 12 Vu son caractère limitatif et inconstant.

* 13 Ces derniers requièrent la capacité de créer l'excédent considérable chose improbable pour la plupart des ISFD.

* 14 Ce point est essentiellement conçu sur les éléments développés par BERGUIGA Imene

* 15 Par coût relatif, il s'agit d'une comparaison entre le montant du crédit et le coût engagé.

* 16 Emprunt à taux bonifié.

* 17 Ils restent encore très concentrés dans certaines régions où la microfinance fait preuve de beaucoup des maturités.

* 18 Montant de tous les intérêts, frais et commissions dus au titre de l'endettement, dont les comptes de dépôt clients détenus par une IMF, les emprunts commerciaux et à taux bonifié, les emprunts hypothécaires immobiliers et autres dettes. Peut comprendre également les commissions de confirmation ou d'engagement payées sur des lignes de crédit. Comprend les intérêts courus aussi bien que les intérêts échus.

* 19 Ce compte enregistre la valeur cumulée de toutes les dotations aux provisions pour créances douteuses diminuée de la valeur cumulée des prêts ayant fait l'objet d'un abandon de créance.

* 20 Charges administratives, les dépenses d'amortissement, de loyer, d'eau, gaz et électricité, les dépenses publicitaires, de transport, de communication et de conseil. Ce poste ne comprend pas les charges sociales, les impôts sur le revenu ou les bénéfices, mais peut inclure les taxes sur les transactions et les achats, telles que les taxes sur la valeur ajoutée.

* 21 Comprennent la rémunération du personnel (salaires, primes et avantages sociaux), ainsi que les charges sociales dues par une IMF. Il comprend aussi En revanche, les frais de formation continue ou spécialisée pour le personnel existant font partie des charges administratives.

* 22 il s'agit de produits sous forme d'intérêts, de frais et commissions (dont frais et pénalités de retard) perçus sur l'encours de prêts brut, les intérêts reçus en trésorerie mais aussi le montant des intérêts courus et non encore payés.

* 23 On y inclut les comptes de dépôt de l'IMF rémunérés, achats de certificats de dépôt ou de bons du Trésor. Comprend non seulement les intérêts reçus en trésorerie mais aussi le montant des intérêts courus et non encore payés.)

* 24 Les frais d'inscription, les frais sur cartes bancaires, les frais de virement ou autres services financiers tels que les services de gestion des paiements ou d'assurance. Le frais de change).

* 25 Des agents de crédits essentiellement

* 26 Situation de dépendance continue à l'égard des donateurs de fonds.

* 27 Essentiellement tirée de Churchill 2001.

* 28 Inférieur à 3% le mois.

* 29 250 à 500 clients par agents de crédit.

* 30 Toutefois il convient d'indiquer que la microfinance ne s'adresse pas aux plus démunis. Selon la Banque Mondiale, cette catégorie n'a pas besoin de services financiers, mais de services beaucoup plus élémentaires (nourriture, logement, soins, eau, électricité...), elle s'adresse à une catégorie, certes pauvre, mais dynamique. C'est-à-dire, exerçant déjà ou disposant des capacités managériales démontrées.

* 31 L'essentiel de cette partie a été tiré de BERGUIGA.

* 32 La ressemblance du contexte Ethiopien, pays africain à faible niveau de vie, nous a conduit à faire le choix de BG pour cette étude menée en RD Congo.  

* 33 132% au lieu de 133%.

* 34 Les termes étaient généralement de plus d'une année.

* 35 La fonction distance est une fonction qui établit une relation entre la production observée et la production optimale.ca permet de cerner le niveau de l'efficacité des DMU sous études. En d'autres termes, elle détermine l'efficacité technique des DMU sous études.

* 36 En effet, si (u, v*) est une solution, alors (au, av*)

* 37 Il représente près de 80% dans les institutions professionnelles et est générateurs de recettes.

* 38 Rien à signaler

* 39 Decision makin unit ou unité décisionnelle en français qui ne représentent les coopératives sous études

* 40 Nous rappelons que la taille moyenne du prêt est utilisée comme proxy pour refléter la portée sociale.

* 41 En effet, dans une relation de crédit, l'emprunteur possède toujours plus d'informations que le préteur. Il sera tenté d'affiché un opportunisme précontractuel pour cacher ses faiblesses et maximiser ainsi les chances d'obtention d'un crédit. Cet état de chose est qualifié d'asymétrie d'information.

* 42 Proximité relationnelle

* 43 Qualité du portefeuille à trente jours inférieur à 5%

* 44 Nombre de client par agent de crédit, encours de crédit par agent de crédit... Toutefois, le nombre des clients pour un agent de crédit ayant des groupes solidaires doit être supérieur au nombre des clients gérer par un agent ayant des clients individuels.

* 45 Financière et sociale






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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote