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Le veuvage de l'épouse d'un maà®tre- initié, mère de jumeaux dans la société Akélé du Moyen- Ogooué

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par Janny DIVAGOU IBRAHIM KUMBA
Université Omar Bongo - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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2. L'attribution des noms chez les jumeaux

Chez les Akélé, quand la femme est enceinte, Ondoukoué signale aux hommes que la femme qui est enceinte attend des jumeaux. Ces hommes font un rituel que l'on appelle « Bik-Mwire »97 pour préparer l'avenue des enfants. Celui-ci se fait pendant une semaine. Par ailleurs, il faut faire remarquer que le père et la mère des enfants ne rêvent jamais des noms des enfants mais ce sont plutôt les frères, les soeurs, les tantes, les oncles ou ceux qui sont voisins des parents qui rêvent des noms.

Lorsque les jumeaux viennent au monde il faut accomplir certains rites à la naissance pour ne pas les mécontenter : danser à tout moment de la journée lorsque les gens viennent leur rendre visite pour les honorer puisqu'ils sont considérés comme des êtres « sacrés. » Il faut leur faire des offrandes lorsqu'on leur rend visite, les habiller de la même façon afin d'éviter la jalousie entre eux. Les jumeaux ont un certain pouvoir c'est-à-dire qu'ils peuvent sentir des choses, ils ont un pouvoir qui peut s'avérer être « bénéfique »98 ou « maléfique »99, étant donné qu'ils sont des

96 Florence BIKOMA, Socialisation de la femme accomplie Mukaas wadya makoma bya chez les Nzébi du Gabon, Thèse de Doctorat en Ethnologie-Anthropologie, Université Montpellier III Paul VALERY, 2004, 457 pages.

97 Il s'agit ici d'un rituel qui permet de préparer l'avenue des enfants et il renseigne sur la bonne santé de ces derniers et permet entre autre de savoir si ceux-ci seront dotés d'un charisme.

98 Dans cette société, le jumeau peut bénir et être une source de richesse pour la famille.

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enfants paranormaux. Ils donnent leurs noms avant leur naissance à travers les rêves.

C'est pour cela qu'on leurs donne des noms spécifiques tels que :

> MBULE : La vérité ;

> NGIOBE : Le doute ;

> NGALE : Le tonnerre ;

> NDUMA : Celui qui annonce la pluie ;

> ANJUNE : Une journée ensoleillée ;

> BEDIUBE : Une journée non ensoleillée ;

> LEDEMBA : Arbre sans branches qui brille et qui donne la chance ;

> BIENE : Arbre sans branches qui soigne ; propriété des jumeaux.

> NZE : La panthère ;

> MBILE : L'aigle.

L'appellation des jumeaux dans la société Akélé obéit à des règles tout à fait particulières de même que les noms qu'ils portent. On parle de « règles particulières » ici pour signifier que lorsque les jumeaux viennent au monde avec leurs noms, les parents ne doivent pas changer ces noms pour quelques motifs que se soient, au risque de amoindrir leur puissance. Par ailleurs, dire que les noms des jumeaux sont « particuliers », c'est affirmer que leurs noms et ceux des enfants qui les suivent font l'objet d'un recueil prescrit par la communauté, (on retrouve cette similitude dans l'imposition des noms des jumeaux chez les Myènè) et ne sont pas les mêmes pour les jumeaux et les jumelles.

Ainsi, les jumelles sont appelées chez les Akélé MBULE (la vérité) pour la 1ère née et la 2nde NGIOBE (le doute). C'est la même chose pour ANJUNE (une journée ensoleillée) et l'autre, BEDIUBE (une journée non ensoleillée). Quant aux jumeaux, le 1er s'appellera NZE (la panthère) et le 2nd, MBILE (l'aigle) ou encore NGALE (le tonnerre)

99 Ici il s'agit de la malédiction et du malheur qu'ils peuvent engendrer. Surtout lorsqu'ils constatent qu'ils sont opprimés.

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pour le 1er et NDUMA (celui qui annonce la pluie) pour le 2nd. A cela s'ajoutent les noms mixtes des jumeaux et des jumelles tels que LEDEMBA (arbre sans branches qui brille et qui donne la chance) pour le 1er né et BIENE (arbre sans branches qui soigne ; propriété des jumeaux) pour le 2nd. Ce qu'il faut retenir c'est que chez les Akélé, les noms des jumeaux sont toujours opposés ou alors, peuvent être l'annonce d'un autre comme ils peuvent aller dans le même sens. Venons-en à présent aux noms des enfants qui les suivent. Pour les garçons, ils sont appelés BÊNHA (celui qui vient après les jumeaux) et pour les filles ABÔMBÊ (celle qui vient après les jumeaux).

Il faut dire que ces noms de jumeaux sont opposés et renvoient parfois aux éléments de la nature (panthère, d'aigle, le tonnerre, etc.) ou aux éléments liés à l'existence humaine (le doute, la vérité, etc.)

Les travaux du Pasteur OGOULA-M'BEYE100 nous permettent de nous rendre compte que chez les Myènè, « le premier jumeau se nomme WORA, le second YENO, leur précédent se désignera OGOVE W'AMPAZA et la maman se nommera alors NGOMPAZA qui signifie : ngwè y'ampaza ou mère des jumeaux ».101

Les Myènè en général, les Galoa en particulier se doivent de respecter cette nomination laissée par les ancêtres. Tout contrevenant à cette prescription expose ce dernier à la foudre des jumeaux qui, pour la circonstance, peuvent tomber malade ou « frapper les parents en rêve » et jeter les mauvais sorts aux parents.

La même idée a été développée par Florence BIKOMA pour qui, « les noms des jumeaux et même ceux des enfants nés après eux sont l'objet d'un répertoire imposé par la société. Ainsi, sont appelés chez les Myènè, WORA et YENO les jumeaux. WORA le premier né et YENO le second. A la suite, on aura MBOUROU, AKENDENGUE et OGANDAGA ».102

100 Pasteur OGOULA-M'BEYE, Galwa ou Edôngô d'Antan. Traduit du Galwa et annoté par Paul-Vincent POUNAH, Fontenay-le-Comte, Imprimerie Loriou, 1978, 214 p.

101 Ibid., p.107.

102 Florence BIKOMA, Socialisation de la femme accomplie Mukaas wadya makoma bya chez les Nzébi du Gabon, Thèse de Doctorat en Ethnologie-Anthropologie, Université Montpellier III Paul VALERY, 2004, p.282.

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Si la société Galoa a imposé des noms aux membres de sa communauté pour les jumeaux, chez les Nzébi c'est plutôt les jumeaux eux-mêmes qui viennent en rêve donner leurs noms aux parents. En effet, « les informations relatives à la nomination des jumeaux chez les Nzébi laissent entendre que le choix des noms est le fait des jumeaux eux-mêmes, étant entendu que le procédé de divination guide toute la vie des jumeaux de la grossesse à l'accouchement, au choix des noms et pour tous les actes qu'ils auront à poser toute leur vie. Le rêve apparaît comme leur principale voie de communication avec les membres de la communauté. Ainsi, les jumeaux restent sans nom "tant qu'ils ne sont pas venus donner leurs noms en rêve" auprès d'un parent ou d'un ami de la famille. C'est ce dernier qui, un matin au réveil vient l'annoncer. Cette situation vaut encore aujourd'hui et n'influent pas sur leurs noms officiels, c'est-à-dire ceux figurant sur les actes de naissance ».103

Nous pouvons retenir que Florence BIKOMA nous montre, à travers ces deux sociétés (les Myènè et les Nzébi), que l'attribution des noms des jumeaux est perçue différemment. Ce qui nous intéresse ici, c'est donc le fait que chez les Nzébi par exemple, ce sont les jumeaux eux-mêmes qui viennent dans des songes donner leurs propres noms. Tandis que chez les Myènè, les noms des jumeaux sont préétablis d'avance par la communauté, voire imposés. Cela sous-entend que la société Myènè, Galoa en particulier, est mieux structurée que les sociétés Nzébi et Akélé, ne serait ce que du point de vue de l'attribution des noms aux jumeaux.

Chez les Akélé, on retient simplement que ce sont les jumeaux eux-mêmes qui, lors de songes, viennent annoncer leurs noms, hormis ceux qui les suivent.

103Florence BIKOMA, ibid., p.282.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery