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Le veuvage de l'épouse d'un maà®tre- initié, mère de jumeaux dans la société Akélé du Moyen- Ogooué

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par Janny DIVAGOU IBRAHIM KUMBA
Université Omar Bongo - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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Conclusion de la première partie

Au sortir de cette première partie consacrée à l'étude sur l'imaginaire des jumeaux chez les Akélé du Moyen-Ogooué, il est important de dire que ce travail ne repose pas essentiellement sur les représentations sociales des jumeaux, mais se propose de voir comment le statut social d'une mère des jumeaux s'acquiert après la naissance de ces enfants qualifiés d'« exceptionnels » ; tout en mettant en évidence le champ politique et religieux dans lequel ils vont évolués. Cette étude nous permet de voir comment la plupart des sociétés symboliques lignagères (précisément la société Akélé) abordent les questions axées sur les représentations sociales du maître-initié et de sa femme, mère de jumeaux, dans les rites initiatiques masculins.

Aussi, nous nous sommes efforcés, dans le premier chapitre de déchiffrer la vie politique des Akélé et la naissance des jumeaux car ils sont considérés comme des "génies" sont intimement liés à l'eau. Ils seraient même aussi puissants que les divinités et auraient le pouvoir de rendre fructueuses toutes les activités de la famille en augmentant la production matérielle. Aussi, il convient de dire ici que pour les Akélé du Moyen-Ogooué, les jumeaux sont des êtres surnaturels, ce sont des génies dont l'origine serait mythologique, imaginaire et sacralisée. En un mot, ce sont des fétiches politiques au sens de BOURDIEU.

Dans le second chapitre, nous avons voulu faire ressortir les représentations sociales qui gravitent autour des jumeaux, c'est-à-dire la position sociale de ces enfants. Et que les rites initiatiques sont primordiaux puisqu'ils permettent à la femme d'occuper un statut social supérieur dans les rites initiatiques masculins. Nous constatons, par ailleurs, que la mère des jumeaux, à travers la naissance de ses enfants, pourrait avoir le pouvoir d'un homme et même de dominer les hommes à un moment donné. Ce qui nous permet d'analyser la manière dont cette femme vie cette situation de domination sur les hommes, parce qu'elle est perçue comme fétiche politique elle aussi.

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Pour résumer notre première partie, soulignons que le chapitre premier nous a permis de dire que les jumeaux du groupe ethnolinguistique Akélé du Moyen-Ogooué du village Bellevue seraient, sans aucun doute, des fétiches politiques. En dernière analyse, notre second chapitre nous permet de voir la position sociale des jumeaux sans oublier le statut social de leur mère, veuve d'un maître-initié.

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Introduction de la deuxième partie

La vie et toutes les complexités qui sont les siennes, préoccupent les chercheurs en sciences sociales. Mais tout le monde sait qu'il n'y a pas de vie sans mort. La mort est donc également un moment important dans la vie sociale. Autant il naît des individus, autant il en meurt tous les jours. La mort et les morts sont donc également, en sciences sociales, des objets pouvant rendre compte de la société globale ; de la réalité sociale. En revanche, la tâche du sociologue consiste à étudier les pratiques sociales, sans omettre l'idée selon laquelle « L'imaginaire (...) éclaire le phénomène politique ; sans doute du dedans parce qu'il en est constitutif... »158

Cela laisse supposer que les phénomènes politique et religieux sont en grande partie constitués d'imaginaire. On pourrait déduire que tout phénomène l'est également dans la mesure où ce sont les individus, en tant qu'agents sociaux, qui concourent à leur réalisation. Mais surtout que l'homme ne peut pas vivre dans un milieu sans qu'il ne se le représente, se l'imagine. Le choix de notre sujet nous permet de déchiffrer comment les mutations politiques se vivent dans la société lignagère Akélé, à travers le fait social total qu'est la mort qui suscite le veuvage. De plus, le veuvage met en évidence le fait que la femme d'un maître-initié, mère des jumeaux change de statut social ; elle passe ainsi du statut social « de femme » à celui « d'homme »159 ; c'est-à-dire d'homme initié et comment cette mère de jumeaux hérite des biens symboliques de son défunt mari.

En effet, Fulbert TOKA définit le veuvage comme « une situation de totale retenue de la veuve à l'écart de tout ce qui relève de la vie quotidienne ; cette retenue s'accompagne également d'une restriction des contacts avec l'entourage immédiat, lointain et d'une série d'interdits ».160

158 Georges BALANDIER, Le pouvoir sur scènes, Paris, Balland, 1992, p.14.

159 Lorsqu'on traite un garçon dans le village Bellevue de femme, c'est une manière de le distinguer de la classe des initiés, en fait, c'est le traiter de peureux, de mauviette, de dégonfler. Il en est de même pour une fille que l'on traiterait d'homme.

160 Fulbert TOKA, Le veuvage et la valorisation de la femme dans la société Akélé, Rapport de Licence en Sociologie, Libreville, UOB/FLSH, 1997, p.15.

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Dans la société lignagère Akélé du Moyen-Ogooué du village Bellevue, le veuvage que nous avons décrit et observé se définit comme est un moyen de purification psychique, spirituelle et physique, afin de libérer la veuve des possibles persécutions de l'esprit de son défunt époux. Mais nous pensons que ce veuvage se présente aussi comme une étape d'initiation, une étape d'intronisation pour la veuve, un rite de passage pour parler comme VAN GENNEP161 ; afin d'intégrer la catégorie sociale des maîtres-initiés et donc, de rentrer dans les rites masculins pour ensuite occuper une place importante dans la vie politique du village.

Il convient de dire que dans cette société lignagère Akélé, la veuve d'un maître-initié mère des jumeaux joue un rôle prépondérant dans le corps de garde, même si pour certains hommes, la gestion des affaires publiques du village ne concerne pas les femmes, plutôt les hommes initiés ; contraints d'accepter et de supporter sa présence parmi eux. Le refus d'acceptation de sa présence au corps de garde d'après les hommes trouverait sa justification en référence à la persistance de l'évocation de la tradition. BALANDIER, pour sa part, précise que « la référence à la tradition éloigne d'une réalité qui ne se réduit pas à la répétition, qui se constitue par un continuel travail d'ajustement et de réponse aux conjonctures ».162

A la suite de BALANDIER, nous voulons dire que la tradition est toujours utilisée par nos informateurs comme alibi, une échappatoire, une sorte de parade pour justifier un acte que l'on pose ou que l'on entend poser afin de se déresponsabiliser par la suite. La tradition est, nous le pensons, un appareil idéologique d'Etat au sens d'ALTHUSSER, qui sert ici les intérêts de la catégorie des maîtres-initiés et à légitimer leur domination. Face à cette situation, la veuve d'un maître-initié mère des jumeaux ne semblerait être pas un fétiche politique, un obstacle pour les maîtres-initiés dans cette société dans la mesure où elle est détentrice de multiples pouvoirs ?

161 Arnold VAN GENNEP, Rites de passage, Paris, Mouton, 1909, pp.66-71.

162 Georges BALANDIER, Civilisés dit-on, Paris, 2003, p.154.

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