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Le veuvage de l'épouse d'un maà®tre- initié, mère de jumeaux dans la société Akélé du Moyen- Ogooué

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par Janny DIVAGOU IBRAHIM KUMBA
Université Omar Bongo - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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Section 2 : Construction du modèle d'analyse

Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT affirment dans leur ouvrage Manuel de recherche en sciences sociales que l'élaboration de la problématique est une opération qui se déroule souvent en deux étapes ; la problématique « est l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ ».19 Ce qui revient, dans un premier temps, à « exploiter les lectures et les entretiens et de faire le point sur les différents aspects du problème qui y sont mis en évidence »20 afin que, dans une deuxième intension, l'on parvienne à « construire sa propre problématique ».21

Dans le cadre de notre étude, nous explorerons les acquis scientifiques qui portent sur les phénomènes politiques et le veuvage. La représentation sociale du veuvage de l'épouse d'un maître-initié mère de jumeaux, à la suite de la mort de son mari maître-initié étant au centre de notre étude, nous nous focalisons aussi bien, sur les travaux de la mort comme un rite de passage obligatoire, dont l'interprétation est immédiatement religieuse qu'aux travaux portant sur la pratique du phénomène du veuvage, comme un rite de passage, qui devient un phénomène politique.

1. La question politique à travers le veuvage dans la littérature sociologique occidentale

Nous voulons rappeler qu'en ce qui concerne la pratique du veuvage, en tant que fait social total et comme rite de passage et d'intronisation, il est un alibi pour interroger la question politique. Néanmoins, l'examen que nous faisons du phénomène de la mort, montre que le veuvage est une conséquence directe de celle-ci ; au même titre que le levé de terre et le retrait de deuil. D'autant plus que, c'est

19 Raymond QUIVY et Luc VAN CAMPENHOUDT, Manuel de recherche en sciences sociales, 2ème éd., Paris, Dunod, 1995, p.85.

20 Ibid., p.86.

21 Ibid., p.86.

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l'occasion d'exposer ici le fait selon lequel la mort, bien qu'étant un phénomène qui s'inscrit dans le religieux et le social ; peut avoir une dimension politique. En ce sens, le rituel du veuvage apparaît, comme un mécanisme politique qui permet, non seulement, un changement de statut, l'accession au pouvoir, mais également un processus de réinsertion sociale (il s'agit de revaloriser la femme dans un nouveau statut).

« Concevoir la sociologie politique comme une sociologie, le système politique comme un système social, c'est construire l'ensemble des relations qui lient la politique et le social ».22 Ceci, pour dire que la question politique demeure une des préoccupations fondamentales des chercheurs parce qu'elle est un phénomène social total au sens de MAUSS. C'est la politique qui nous renseigne sur la façon dont les hommes en société organisent et planifient leur quotidien.

D'abord, plusieurs anthropologues se sont intéressés à la mort comme phénomène social. Dans « Cinq essais sur la mort africaine », Louis-Vincent THOMAS affirme que « le simple fait que l'humanité est constituée de plus de mort que de vivant, montre bien que les hommes aient conçu et élaboré des systèmes de croyances, parfois d'une prodigieuse complexité, pour se préserver des effets dissolvants de la mort. Trois buts semblent plus spécialement visés : rassurer l'homme, revitaliser le groupe que le décès perturbe et amoindrit, normaliser les rapports entre les vivants (monde visible) et les morts (monde invisible) ».23 Pour notre part, c'est plutôt la deuxième raison évoquée par l'auteur qui nous intéresse. En effet, comme évoqué plus haut, c'est la politique qui vient revitaliser le groupe en instituant et en gérant des mécanismes tel que le veuvage de l'épouse d'un maître-initié, mère de jumeaux, pour restaurer l'ordre social déstructuré par la mort.

22 Jean-Pierre COT et Jean-Pierre MOUNIER, Pour une sociologie politique. Tome 2, Paris, Editions du Seuil, 1974, (coll. « Points »), p.148.

23 Louis Vincent THOMAS, Cinq essais sur la mort africaine, Dakar, Université de Dakar, 1968, p.494.

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Le veuvage de la mère de jumeaux chez les Akélé du Moyen-Ogooué révèle une particularité : celle de la mort symbolique de cette épouse du maître-initié. Et par le veuvage, elle doit être réinsérée dans sa communauté. Louis-Vincent THOMAS, poursuit en disant que « l'incertitude des frontières entre la vie et la mort soit un élément d'interrogation du social ».24 C'est dans ce sens qu'Emile DURKHEIM parle de rites piaculaires, il affirme que « régulièrement, il faut pleurer, s'attrister, manifester sa colère et que ces grandes manifestations collectives restituent au groupe l'énergie » qui menaçait de lui soustraire ».25

C'est dans cette même perspective que Arnold VAN GENNEP montre que « tous s'organisent selon une séquence constante en trois temps, qui distingue à l'intérieur d'un même rituel : une phase de séparation vis-à-vis du groupe ; une phase de mise en marge (ou « liminale ») ; une des réintégration (ou « agrégation ») au sein du groupe, dans une nouvelle situation sociale ».26 Cette perspective décrit déjà la situation que nous étudions ici, à savoir ; le veuvage de l'épouse d'un maître-initié, mère de jumeaux, comme processus de réinsertion sociale et d'agrégation par le statut acquis dans la communauté des maîtres-initiés. C'est la restauration du groupe qui a enregistré une perte, un déséquilibre et celle de l'épouse d'un maître-initié, mère de jumeaux, dans sa position originaire par rapport au pouvoir politique qu'exercent les hommes.

La présentation de la littérature sociologique sur le veuvage, que nous avons prise comme conséquence principale de la mort nous permettra d'appréhender les répercussions socio-politiques de celle-ci, surtout les rapports de pouvoir entre la société initiatique (religieuse) masculine, voulant faire du veuvage, un mécanisme de légitimation du pouvoir androcentrique. Toutefois, on se rend compte que c'est par le veuvage que la veuve va s'intégrer dans la communauté des maîtres-initiés, en lieu et place de son défunt mari.

24 Louis Vincent THOMAS, Anthropologie de la mort, Paris, Payot, 1975, p.101.

25 Emile DURKHEIM, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, (coll. « Le livre de Poche »), classiques de la philosophie, 1991, p.687.

26 Arnold VAN GENNEP, Rites de passage, Paris, Mouton, 1909, p.66.

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Cette démarche nous conduit à visiter les travaux des chercheurs africains, africanistes et gabonais sur la question de la mort dans ses rapports de pouvoir religieux et politiques.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille