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L'éducation de l'élite gouvernante dans la pensée platonicienne

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par Placide IPAN MOLOUASHUNI
Institut supérieur de philosophie Saint-Joseph MUKASA Yaoundé Cameroun - Baccalauréat 2010
  

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III.3. Le Radicalisme platonicien

Avant d'aborder ce point, il nous faut certes souligner que le radicalisme de Platon s'insère en effet dans cet idéal de vouloir réaliser un avenir lointain, mais immédiatement, par le simple fait de décrire les chefs, les gouvernants ou tout simplement en leur donnant une caractéristique. Et Platon a voulu que ces chefs soient d'une certaine manière ôtés des désirs malsains pouvant les empêcher de bien remplir leur tâche. Car, « aucun intérêt les détournant de leur fonction primordiale, qui est de maintenir dans et par l'Etat, la rationalité, ne leur sera ainsi proposé ni l'amour charnel d'une femme, ni le sentiment paternel, ni le souci d'accroître le patrimoine »58(*). Eu égard à ce qui précède, Auguste Dies ajoute : « ôtons, au contraire, aux gouvernants, toute inquiétude matérielle et jusqu' à la moindre tentation de rapine et de profit, ne leur laissons qu'une fonction et qu'une préoccupation, celle de gouverner l'Etat »59(*). En ce sens, nous pouvons dire que le philosophe qui dirige doit être celui qui se dirige lui-même, c'est-à-dire que c'est l'âme qui doit guider le corps et non l'inverse ; sinon, il abandonnera son peuple parce que guidé ou attiré par des passions ou sentiments corporels.

A cet effet, nous remarquons que l'ambition de Platon, c'est de ôter de nos chefs tous les plaisirs malsains ou tout goût d'intérêt personnel, afin qu'ils ne s'occupent que de la cité. Ceci nous révèle donc le radicalisme platonicien, car ces chefs ou gouvernants, sont des hommes. Et en tant qu'hommes, ils ont des sentiments et des plaisirs. Mais la question qui se pose est celle de savoir comment alors réussir de les ôter ? Voilà en quoi se dévoile l'utopie platonicienne qui est la tâche que nous nous assignerons dans le dernier point. Disons tout de même que Platon voulait dans sa quête des remèdes aux maux qui déchiraient la cité, entre autre la corruption qui pervertit toute idée de gouvernement, sinon de séparer absolument ces deux notions de pouvoirs et d'intérêts personnels. Malgré tout cela, il reste radical dans son voeu de réformer les esprits qui dirigeront demain la nouvelle cité au mieux la cité idéale qu'il envisage créer.

III.4. L'utopie platonicienne

Il nous semble important de rappeler que le problème central posé par la société à l'époque de Platon, était celui de former ses cadres et ses citoyens. Mais nonobstant son plan minutieux, l'échec semble frapper à sa porte. Le cas échéant est celui du jeune Denis, tyran de Syracuse, chez qui Platon voulait restaurer le royaume des philosophes. A cet égard comme le note Marrou, « le philosophe renoncera à cette ambition inutile, et se repliant sur lui, il se tournera vers la cité intérieure qu'il porte en lui-même »60(*). A vrai dire, ni le citoyen, ni l'élite, à en croire Platon, n'est formé pour une cité idéale, étant donné que son ambition était de réformer l'Etat athénien corrompu par les sophistes. Devant ce repli du philosophe, la cité retombe entre les mains des détracteurs de la vraie science, alors l'éducation reçue devient inutile. De plus à la suite de la critique Isocratique, Marrou dira qu' « il ne s'agit pas de remonter au ciel des Idées, de jongler avec les paradoxes : la conduite de la vie demande non des idées surprenantes et nouvelles, mais du bon sens éprouvé »61(*). Pour Isocrate, en effet, l'éducation ne devrait pas quitter la vie idéale. Il s'agit des qualités et des actions qui rendent possible le bien poursuivi par la cité hic et nunc et non quelque part.

En clair pour Isocrate, l'éducation platonicienne est moins réaliste, car l'élite qu'elle forme finira un jour par vivre dans une cité moins proche de sa situation particulière. C'est ce que Jacques Maritain appelle « l'abstraction platonicienne ». Eu égard à cette vision platonicienne de l'éducation, Maritain en revanche soutient que « la tâche de l'éducation n'est évidemment pas de former un enfant appartenant à une nation donnée »62(*). Et à Marrou de renchérir en disant : « plaçons-nous en face d'un problème concret : il s'agit de savoir que faire et que dire. Il n'existera jamais de science théorique assez précise pour nous dicter la conduite à tenir »63(*). L'homme que l'éducation va modeler est appelé à vivre dans une société concrète, ayant son acquis culturel et non dans une société qu'il aurait fondée dans sa propre intelligence. Bref, Platon ne dit pas comment passer de la cité idéale à sa réalisation ; mais tout ce que nous pouvons dire est qu'elle est compatible avec sa nature humaine.

Notons que si Platon a perçu très vite l'importance de l'éducation pour les citoyens, cependant tous n'auront pas la même éducation, car chaque classe aura une éducation spécifique par rapport à sa nature, nous l'avons souligné plus haut en disant que le choix des hommes se fera d'après leur nature64(*).

* 58 François Chatelet, Platon, Op. Cit., p. 217.

* 59 Auguste Dies, Op. Cit., p. 164.

* 60 Platon, Les Lois, II, 617è, trad. Chambry, Paris, Garnier Frères, 1946, p.125.

* 61 Henri Irenée Marrou, Op. Cit., p. 141.

* 62 Jacques Maritain, cité par Jean Louis Allard, Education à la liberté ou philosophie de l'éducation de                                 Jacques Maritain, Ottawa, Ed. de l'Université d'Ottawa, 1978, p. 66.

* 63 Henri Irenée Marrou, Op. Cit., p. 140.

* 64 Cf. Platon, La République, Op. Cit., VII, 535a-536a.

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