WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Vieillissement et longévité en milieu urbain dans le district d'Abidjan. Cas des personnes àągées d'obédience musulmane à  partir de leurs pratiques

( Télécharger le fichier original )
par Daouda DOUKOURE
Université Félix Houphouët Boigny Abidjan - Doctoat de sociologie 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I-5-1-2 Représentation de la vieillesse dans les sociétés non-occidentale

Selon une communication faite par Touré A. (1984) sur « Le vieux et la vieille. Une situation et rôle des personnes âgées en Côte d'Ivoire », montre qu'en Afrique, vieillir c'est s'assagir et la sagesse implique respect de la plupart de ceux, qui par leur jeune âge, n'ont pas encore acquis assez d'expérience. En effet, la vieillesse confère de privilèges tels que droit d'aînesse, droit à la parole et respectabilité qui sont autant de pouvoirs : être plus vieux qu'un tel, c'est pouvoir lui en imposer ; par exemple demander à celui qui a un ou deux ans de moins que soi, de faire telle ou telle chose alors qu'on pourrait le faire soi-même.

Dès lors, on comprend l'acharnement des Africains à se déclarer plus vieux qu'ils ne sont en réalité et de se référer ainsi au droit d'aînesse ; sauf lorsqu'un âge avancé ferme la porte à certains avantages : par exemple, pour bénéficier du droit d'inscription dans une école, on réduira son âge deux ou cinq ans par l'établissement de jugements supplétifs en l'absence d'acte de naissance. Que du haut de la pyramide socio-politique d'alors (1984), l'ancien président de la république (feu Félix Houphouët-Boigny), surnommé le sage de l'Afrique à la fois pour son grand âge (79 ans en 1984) et son intelligence à diriger son peuple.

Cette communication a permis à l'analyse du rôle et de la place des vieillards dans la société africaine. Cette représentation qui est faite n'est pas contraire à l'approche que les personnes âgées d'obédiences musulmanes en font.

Les anthropologues remarquent l'importance des privilèges dont jouissent les personnes âgées dans les sociétés traditionnelles actuelles : pour l'Asie du Sud-est, Georges Condominas (1983) notait : « le privilège de la vieillesse se trouve sur tous les plans. Le vieillard, entouré d'affection, a droit à des tas de faveurs. On trouve normal qu'il profite de ce qui lui reste de force pour obtenir des satisfactions de tous...si le vieillard est ainsi entouré de prévenances, ce n'est pas par devoir de protéger un être affaibli, mais parce que le bonheur irradie et profite à l'entourage de l'homme ainsi favorisé. Atteindre le grand âge est considéré comme un bonheur dont on se réjouit, surtout si le vieillard a une nombreuse descendance. C'est alors un homme comblé surtout en Afrique ! On ne peut pas, comme le souligne l'auteur, le mettre à l'écart, comme chez eux en occident, l'éloigner dans les maisons de retraite, il reste au milieu des siens, car il est la preuve manifeste de la réussite du groupe. »

Cette étude a permis de montrer les privilèges de la vieillesse qui détermine la place indéniable des personnes âgées dans la société africaine. C'est, d'ailleurs, cette représentation qui fait objet d'analyse dans notre étude.

Selon Schwartz, A. (1968), dans Tradition et changement dans la société Guéré, souligne que, c'est seulement à la personne âgée qu'il est réservé le droit de faire les libations lors des cérémonies rituelles. Aussi, le culte des morts ou culte des génies qui concourent au maintien de la société et à son harmonie, est également réservé aux personnes âgées. Ainsi le doyen d'âge a donc un rôle de sécurité. Il est intermédiaire entre les morts, les génies et les familles.

Grattié pour sa part approfondie davantage les fonctions des personnes âgées en se référant à Hampaté Ba, lesquelles fonctions font objet sans détours dans notre étude.

Grattié L. (1988), montre que la société africaine traditionnelle est basée sur un pouvoir gérontocratique très marqué. Le vieux est considéré comme un personnage sacré dont le destin est de rejoindre l'aéropage des divinités ou des ancêtres. Ils ont également un rôle religieux médico-magique, ce qui fait leur force tant dans les sociétés traditionnelles que modernes africaines. Sa connaissance des us et coutumes, de sa tradition confère à la personne âgée un rôle juridique intermédiaire entre le monde des ancêtres, des esprits et le monde des vivants.

L'auteur définit les différents rôles assignés aux personnes âgées dans la société africaine. A travers ces fonctions, on représente les personnes âgées comme des êtres transcendants, des dieux, des juges, des sages. Cela été important à l'analyse de notre étude.

Dans une communication faite par Dédy S. (2005), sur le thème « Comment tirer profit de l'expérience des cadres à la retraite pour le développement national », il insiste sur la place plus qu'importante de la personne âgée dans nos sociétés traditionnelles africaines : « la personne âgée est un trésor pour la société toute entière en raison de l'ensemble de son vécu et principalement de ses expériences. ».

Cette communication a permis la conception théorique et pratique de notre étude.

Tous ces écrits précités ont fait l'apologie du rôle, de la place et des privilèges des personnes âgées dans la société africaine. Toutefois, les écrits ci-dessous viennent contredire ces privilèges et la place des personnes âgées dans la société africaine. Cela relativement à la mutation que connaissent les sociétés.

En effet, Nana Apt (1999), présidente de la Société africaine de Gérontologie, lors d'une Communication sur le thème « Les personnes âgées n'obtiennent pas leur juste part de l'aide au développement », souligne que la société africaine apparaît comme une sorte de gérontocratie où les vieillards jouent un rôle important, où ils sont respectés pour leur sagesse et où la collectivité veille à leurs besoins.

Toutefois, cet immense trésor et d'expérience seront érodés suite aux mutations sociales que connait la société africaine.

Les jeunes avaient besoin d'eux pour se marier, pour des cérémonies rituels, etc. Ils avaient le pouvoir économique. Ils étaient les piliers de la famille, gardaient les biens, l'argent et les ressources. Mais, les mutations subies par nos sociétés rendent vulnérables et plus isolés les personnes âgées. L'éducation a conduit à un renversement des rôles : les jeunes sont les mieux formés, ils ont de l'argent. Ils n'ont pas besoin de leurs grands-parents pour trouver une épouse ou payer une dot. Le pouvoir des personnes âgées s'en trouve érodé.

Evans,R. (1999) dépeint la réalité changeante dans laquelle se trouvent les personnes âgées. Il raconte ce fait : « II y a quelques années, un ami tanzanien est venu lui rendre visite et à été stupéfié d'entendre que sa vieille voisine de 92 ans vivait totalement seule, sa fille ne lui rendait que de rares visites et aucun membre de sa famille ne vivait à proximité pour l'aider. Cela n'arriverait jamais en Afrique, a-t-il affirmé. Les familles s'occupent des personnes âgées ». Pour lui, cela est dû aux mutations socioculturelles intervenues dans nos sociétés modernes.

H. Yambené, H. Mimché, Y. Zoa Zoa (2005) abondant dans le même sens, indique que l'indigence des personnes âgées est d'envergure. Au regard des données disponibles au Ministère des Affaires Sociales du Cameroun, il ressort que les demandes d'aide adressées par les personnes âgées révèlent les problèmes suivants : la santé physique et mentale, la salubrité, le manque d'alimentation saine et variée, le mépris et le rejet, les préjugés, l'isolement et la solitude, la difficulté d'accès à un environnement physique et social tolérable, le manque d'intimité et de vie privée, l'abandon, la violence verbale et physique, etc.

Myerhoff (1978), dans son étude montre que les Yahgan de la Terre de Feu, vivant dans un milieu naturel particulièrement rude et dont la technologie représente un extrême de simplicité, traitant leurs vieillards avec respect et vont même jusqu'à les porter sur leur dos lors des migrations, tandis que leurs voisins, les Ona, préfèrent les abandonner à une mort certaine. Ces deux populations habitent un même milieu naturel, des systèmes économiques identiques, et des formes d'organisations sociopolitiques comparables, et pourtant traitent les personnes âgées de façon radicalement différente. La « société primitive » est contradictoire et ne peut y avoir de génération simpliste sur le vieillissement dans la société humaine.

Cette étude pose aussi les jalons de la contradiction dans la représentation de l'image et le rôle des personnes âgées. C'est dire que les vieillards ne sont pas traités de façon identique avec respect et considération. Ils font objet de rejet, de méchanceté. Ce qui est confirmé dans notre analyse.

L-V Thomas (1991) observait le prestige considérable dont jouissaient les vieux dans les vingt-deux ethnies qu'il a pu étudier en Afrique : « Expérience, disponibilité, éloquence, savoir, sagesse, voilà ce qui justifie l'image idyllique que le Négro-africain se fait du vieillard. Et ceci malgré la réalité des vieux séniles, égoïstes, tyranniques ou acariâtres, comme partout dans le monde. C'est qu'une société de pure oralité a besoin de ses vieux, symbole de sa continuité en tant que mémoire du groupe et condition de sa reproduction. Alors, pour rendre plus supportable leur pouvoir et aussi pour se valoriser en les valorisant, le groupe n'hésite pas à les idéaliser. Puisqu'on ne peut rien faire sans les vieux, autant leur accorder toutes les qualités. Et confondre leur somnolence avec le recueillement de la médiation. »

Mais aujourd'hui avec le contexte socioculturel favorisé par la pénétration du livre, de l'écrit, l'oralité ne fait plus le poids devant le livre. Le pouvoir gérontocratique se voit désormais démystifié et même agressé. De même, l'apparition d'un type de gouvernement démocratique, l'élimination progressive du sacré dans la politique sont des facteurs à mettre fin à la gérontocratie.

En somme vieillir en Afrique et dans les sociétés, c'est avoir des privilèges, tels le droit à la parole, droit d'ainesse, de respectabilité, de sagesse, d'affection, de bonheur pour la société, qui a un droit de regard de la part de la communauté.

Par ailleurs, les différents rôles assignés aux personnes âgées sont qu'elles sont des intermédiaires entre les morts et les vivants. Elles ont un rôle de sécurité, un rôle religieux, médico-magique, juridique et culturel..

Toutefois, avec la dynamique socioculturelle de la société, le pouvoir gérontocratique est agressé par la perte de leur privilège social.

La représentation sociale de la vieillesse dans ses ramifications a touché la représentation occidentale et non occidentale de la vieillesse. Elle renferme aussi des déterminants qui contribuent au vieillissement et à la longévité. C'est d'ailleurs l'idée que développe la seconde partie de notre revue documentaire.I-5-2 Les déterminants du vieillissement et de la longévité

Le vieillissement en tant que processus et conséquence du temps qui passe est un phénomène obligatoire et inéluctable. Il est complexe et multifactoriel.

Il concerne les facteurs sociaux et écologiques, biologiques, physiques, mentaux, religieux, nutritionnels et comportementaux.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams