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Investissements directs étrangers et développement durable. Cas de la côte d'Ivoire

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par Louis Kouamé CANINGAN
Faculté universitaire privée d'Abidjan (FUPA) - Master II recherche 2012
  

Disponible en mode multipage

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A vous qui très tôt aviez crû en nous et nous aviez donné l'opportunité de la recherche de la connaissance, recevez la dédicace de cette oeuvre : Ahou-N'Goh, Affoué Goloh, Konan Célestin, Konan Dauré, Kouadio N'Guessan, Kouamé Caningan.

REMERCIEMENTS

Nous rendons grâce à l'Eternel, qui nous a guidés et a veillé que nous ayons la provision nécessaire pour réaliser cette étude.

Nous adressons nos sincères remerciements au Professeur KOUAKOU Kouadio Clément qui a bien voulu accepter de présider ce jury et apporter sa contribution à notre formation ; c'est un honneur pour nous de soutenir ce mémoire devant lui.

Nous remercions les Professeurs ESSO Loesse Jacques et KEHO Yaya et leur témoignons notre reconnaissance pour leurs nombreux conseils et encouragements constants, et l'intérêt qu'ils ont porté à ce travail. Nous leur adressons toute notre estime.

Nous adressons nos félicitations à la direction, au personnel et à l'ensemble du corps enseignant de l'université FUPA, particulièrement aux Professeurs KOUADIO Bénié, ASSEMIEN Alexandre et ONDO Ossa dont les implications personnelles ont été déterminantes pour la réussite de notre étude.

A Kouo Josselyne, notre compagne, nous disons merci d'avoir supporté nos nombreuses absences et d'avoir réussi avec nos enfants Yann, Fleur et Emmanuel à nous donner les encouragements et le soutien nécessaire à la poursuite de ce travail.

Nous témoignons notre reconnaissance à tous les membres de notre famille, oncle, tante, frères et soeurs, cousins et cousines, pour leurs soutiens et conseils inlassables.

A tous nos collègues de la première promotion de Master II Recherche, recevez nos remerciements pour tout le soutien et la solidarité que vous nous aviez témoignés tout au long de cette année : Arnold, Bah, Elie, Francis, Kelly, Wilfried.

Cette liste ne saurait être exhaustive ; nous adressons nos reconnaissances à toutes les personnes physiques et morales qui sont intervenues d'une manière ou d'une autre dans notre formation et/ou dans la rédaction de ce mémoire.

RESUME DU MEMOIRE

L'accroissement des flux IDE à partir de 1990, avec la mondialisation et la globalisation financière internationale, et l'accroissement des thèses sur le « développement durable » constituent une aubaine dont veulent profiter les pays en développement, notamment la Côte d'Ivoire. Cette étude avait pour objectif de donner un nouvel éclairage sur le rôle qui pourrait être accordé aux IDE dans le cadre de la conception et la mise en oeuvre du plan de développement durable de la Côte d'Ivoire. A partir d'informations collectées auprès d'institutions nationales et internationales, nous avons constitué une base de données qui nous a permis d'effectuer notre étude économétrique sur un modèle autorégressif mettant en corrélation les flux entrants d'IDE par PIB et le développement durable représentée par l'Indice de Développement Humain (IDH). Les tests de stationnarité ont été effectués à partir des tests de racine unitaire de Dickey-Fuller et Phillips-Perron. Par la suite le test de cointégration de Johansen nous a conduits à estimer un modèle vectoriel à correction d'erreur. Enfin, nous avons effectué le test de causalité de Granger entre les variables du modèle. Cette étude a abouti à la conclusion que les flux d'Investissements Directs Etrangers contribuent, à long terme, au développement durable de la Côte d'Ivoire.

Mots clés : Investissement Direct Etranger, Développement Durable, Indice de Développement Humain.

Abstract

Contribution of Foreign Direct Investment to Sustainable Development:

Case of Côte D'Ivoire

Less developed countries want take advantage of the rapid increasing of Foreign Development Index (FDI) since 1990, induced by the international financial globalization. Recent evolutions of development's theories comfort their strategy. This study is a contribution to the exiting debate about the effect FDI could have in conception and implementation of Côte d'Ivoire's sustainable development. We analyze the consequences of the interactions between FDI flow and sustainable development indicated by Human Development Index (HDI). For the econometric techniques, we use Vector Error Correction approach and causality test of Granger applied to data collected from several national and international sources. Before, we try stationary test with Dickey Fuller and Philipp-Perron unit root test. The results of the study indicate that, in the long-run, FDI are benefic for sustainable development of Côte d'Ivoire because of its positive effects on human development Index.

Keywords: Foreign Direct Investment, Sustainable Development, Human Development Index

Table des Matières

INTRODUCTION.............................................................................. 2

PARTIE 1 : IDE ET DEVELOPPEMENT DURABLE : CADRE THEORIQUE ET EXPERIENCE IVOIRIENNE...................................................................13

CHAPITRE I : REVUE ANALYTIQUE DU LIEN ENTRE LES IDE ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE ........................................................................... 2

I.A- Cadre théorique................................................................................................ 2

I.A.1- Théorie du Développement durable .................................................................................................................................... 2

I.A.2- Théorie des Investissements Directs Etrangers (IDE) ........................................................................................................ 2

I.B- Revue de la littérature ....................................................................................... 2

CHAPITRE II : POLITIQUE DES IDE ET DEVELOPPEMENT DURABLE EN CÔTE D'IVOIRE..................................................................................................... 2

II.A- Impact de la politique des IDE en Côte d'Ivoire : un bilan mitigé............................. 2

II.B- Les priorités du gouvernement ivoirien dans le cadre du développement durable......... 2

PARTIE 2 : MODELISATION ECONOMETRIQUE DU LIEN IDE - DEVELOPPEMENT DURABLE........................................................... 2

CHAPITRE I : DEMARCHE ECONOMETRIQUE ..................................................... 2

I.A- Choix de l'indicateur du développement durable..................................................... 2

I.B- Sources des données........................................................................................ 2

I.C- Spécification du modèle économétrique................................................................. 2

I.D- Tests économétriques préalables.......................................................................... 2

I.E- Tests de Causalité............................................................................................. 2

CHAPITRE II : RESULTATS ET INTERPRETATION DES TESTS ECONOMETRIQUE.... 2

II.A- Résultats des tests économétriques...................................................................... 2

II.B- Interprétation des résultats................................................................................ 2

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ........................................ 2

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................. 2

ANNEXES......................................................................................65

LISTE DES GRAPHIQUES

FIGURE 1:FLUX ENTRANTS DES IDE EN CÔTE D'IVOIRE DE 1970 À 2010 (MILLIONS USD) 2

FIGURE 2 TAUX DE CROISSANCE DU PIB PAR HABITANT EN CÔTE D'IVOIRE DE 1970 À 2010 2

FIGURE 3: ÉVOLUTION DE LA FBCF DANS LE PIB EN CÔTE D'IVOIRE DE 1970 À 2010 (MILLIONS USD) 2

FIGURE 4: EVOLUTION DE L'IDH EN CÔTE D'IVOIRE DE 1970 À 2010 2

FIGURE 5 : RÉPARTITION DES FLUX D'IDE EN AFRIQUE DE L'OUEST (MOYENNE 2000-2005) 2

FIGURE 6: EVOLUTION DU TAUX D'ÉMISSION DE CO2 EN CÔTE D'IVOIRE DE 1970 À 2010 (TONNES PAR HABITANT) 2

LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : EMISSIONS DE CO2 EN CÔTE D'IVOIRE DE 1990 À 2004 2

TABLEAU 2 : FLUX ENTRANTS D'IDE PAR PIB EN CÔTE D'IVOIRE DE 1970 À 2010 (POURCENTAGE DU PIB) 2

TABLEAU 3 : EVOLUTION DE LA VALEUR AJOUTÉE DES ACTIVITÉS EXTRACTIVES EN USD DE 1970 À 2010 2

TABLEAU 4 : RÉSULTATS DES TESTS DE STATIONNARITÉ 2

TABLEAU 5 : RÉSULTATS DE LA DÉTERMINATION DU NOMBRE DE RETARDS 2

TABLEAU 6 : RÉSULTAT DU TEST DE LA TRACE DE JOHANSEN 2

TABLEAU 7 : RÉSULTAT DE L'ESTIMATION DU MODÈLE À CORRECTION D'ERREUR 2

TABLEAU 8 : RÉSULTAT DU TEST DE CAUSALITÉ BIVARIÉE DE GRANGER À LONG TERME 2

TABLEAU 9 : RÉSULTAT DU TEST DE CAUSALITÉ BIVARIÉE DE GRANGER A COURT TERME 2

SIGLES ET ABREVIATIONS

ADF : Dickey Fuller Augmenté

CEPICI : Centre de Promotion des Investissements en Côte d'Ivoire

CME : Commission Mondiale pour l'Environnement

CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

CO2 : Dioxyde de Carbone

DSRP : Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté

FAO : Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture

FBCF : Formation Brute de Capital Fixe

F CFA : Franc de la Communauté Financière Africaine

FMI : Fonds Monétaire international

FMN : Firme Multinationale

IDE : Investissement Direct Etranger

IDH : Indice du Développement Humain

IPPTE : Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PIB : Produit Intérieur Brut

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

PP : Phillips et Perron

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

UICN : Union Internationale pour la Conservation de l'Environnement

VAR : Vecteur Autorégressif

VECM : Modèle Vectoriel à Correction d'Erreur

INTRODUCTION

La relation entre investissements Directs Etrangers (IDE) et développement durable est un sujet d'actualité, en Afrique, en général, et, en Côte d'Ivoire, en particulier. Cette question est d'autant plus préoccupante que pour une économie ivoirienne sous-développée sortant de près de dix années d'instabilité politico-sociale, les choix politiques, économiques, sociaux et d'ouverture à l'extérieur à faire, sont déterminants pour son développement harmonieux.

L'investissement joue, aujourd'hui, un rôle majeur de moteur de croissance. Alors, depuis les indépendances, les pays africains se sont engagés dans la mobilisation des investissements nécessaires à leur développement ; plusieurs organisations ont été mises en place marquées par un engagement important de l'Etat dans la constitution d'un tissu industriel national, avec la création de sociétés à participation majoritaire ou totale publique et le soutien au renforcement d'une classe locale d'investisseurs. Ce vaste mouvement industriel a induit de gros investissements publics dans les secteurs des infrastructures économiques, routières et sociales (santé, éducation, etc.).

Les conditions mises en place ont suscité de l'intérêt chez plusieurs investisseurs étrangers. Mais l'afflux d'IDE est resté faible. De 1970 à 2010, selon les chiffres de la CNUCED1(*) le flux entrant des IDE en Afrique s'est élevé de 1 266 millions USD à 55 040 millions USD avec des chiffres relativement très bas pour tous les pays au sud du Sahara, en dehors de l'Afrique du Sud, du Nigéria et de l'Angola. Cette situation est due, en partie, selon Alaya et al (2009), au manque d'intérêt des pays africains pour les IDE, au début de la période post-coloniale; en effet, les nouveaux pays décolonisés les considéraient comme un canal de domination et donc une éventuelle entrave à leur souveraineté nationale.

Toutefois, les crises économiques mondiales successives, à partir des années 1970, la détérioration des termes de l'échange international et la crise de la dette vont considérablement amenuisées les gains financiers extérieurs, déterminants pour la survie de ces pays. En effet, la faiblesse de l'épargne nationale n'a pas pu soutenir le tissu industriel mis en place ; or cette épargne devait renforcer l'investissement privé, qui en prenant la relève de l'Etat, aurait été le canal pour une croissance soutenue. Elle aurait également permis aux différents pays de réduire les recours permanents à l'aide internationale au développement.

Face à cette situation de crise généralisée, la majeure partie de ces pays, en situation de pauvreté et d'endettement extrêmes, se sont engagés, sous la houlette des institutions internationales notamment le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale, dans les projets de l'Initiative en faveur des Pays Pauvres très Endettés (IPPTE).

L'engagement des pays en développement dans ce programme de politiques économiques est lié à l'un des constats fait par les décideurs au niveau des investissements étrangers. Les recherches scientifiques2(*) effectuées sur les moteurs de la croissance ont montré que c'est surtout l'investissement privé qui est le principal catalyseur de la croissance. Mais en plus, elles indiquent qu'une part belle faite à l'investissement privé étranger a des impacts nets positifs importants sur l'ensemble de l'économie. L'essor économique des pays d'Asie du Sud-Est et de l'Amérique Latine en est un exemple remarquable. Ces pays, malgré la situation de crise mondiale depuis le début du deuxième millénaire, réussissent à garantir des taux de croissance largement supérieurs aux taux mondiaux. Plusieurs travaux, notamment ceux de Mainguy (2004), associent la solidité de leurs économies et la réussite de leurs politiques de lutte contre la pauvreté, notamment en Chine et au Vietnam, au « boum » de la destination des IDE en direction de ces pays. En 2001, la Chine, Hong Kong, Singapour, Taïwan, Thaïlande et la Corée ont reçu 95% des IDE mondiaux3(*).

Les nouveaux programmes seront l'occasion de réunir un minimum de conditions structurelles et réglementaires pour inciter cet investissement privé étranger. Ces conditions appellent une révision de la vie de la nation, un renforcement de la bonne gouvernance économique, financière, politique et sociale. Ces exigences sont contenues dans le Document Stratégiques de Réduction de la Pauvreté (DSRP) qui retrace les attentes des gouvernements et des populations.

La Côte d'Ivoire qui n'échappe pas à la situation décrite précédemment a été à tous les rendez-vous des programmes d'ajustement initiés depuis les années 80. En 1996, elle a conclu un programme de réduction de sa dette avec le FMI et la Banque Mondiale dans le cadre de l'initiative PPTE. Ce programme suit son cours, en dépit de quelques entraves créées par les crises militaro-politique de 1999 et 2002.

Avec l'appui des partenaires extérieures, la Côte d'Ivoire a adopté une politique de libéralisation économique, qui sera définitivement scellée à partir de 1990. Dans ce programme, une place plus importante est faite au secteur privé et un désengagement de l'Etat du secteur productif national est fortement recommandé. Il devrait conduire au renforcement du tissu d'investisseurs locaux et surtout encourager un afflux plus important d'investisseurs étrangers privés. Des réformes importantes ont été réalisées dans ce sens : la privatisation des entreprises étatiques à partir de 1990, le réaménagement du code des investissements en 1995 et 2012, la création de la zone franche biotechnologique et des technologies de l'information et de la communication, l'initiation des « programmes investir en Côte d'Ivoire », le réajustement du FCFA en 1994 et la mise en oeuvre du pacte de convergence et l'harmonisation du droit des affaires dans le cadre de l'UEMOA, etc. Toutes ces actions devraient pouvoir insuffler son développement.

Malgré ces efforts, les résultats espérés sont loin d'être atteints. L'avènement d'investissements étrangers est resté relativement faible même si on constate un taux d'augmentation élevé. Le montant net des flux entrants d'IDE, selon les chiffres de UNCTAD, de 1990 à 2003, est passé de 48 millions USD à près de 272 millions USD avec des pics de plus de 415 millions USD juste après la dévaluation du FCFA de 1994. Ces chiffres sont confirmés par le Centre de Promotion des Investissements en Côte d'Ivoire (CEPICI), qui, entre 1996 et 2004, n'a pu assister qu'environ 697 entreprises privées dans le cadre des facilités offertes par le nouveau code des investissements.

Par ailleurs au niveau de l'économie nationale, en dehors des premières heures de l'indépendance le taux de croissance est resté faible avec une valeur moyenne autour de 1,8% sur la période d'étude ; il a même atteint des valeurs négatives entre 2000 et 2003. Les espérances d'amélioration des conditions de vie sont également restées faibles : la pauvreté s'est accrue et les inégalités sociales et régionales se sont aggravées ; en 1999, au forum économique mondial, la Côte d'Ivoire a été classée parmi les pays les moins compétitifs du monde au 110è rang sur 135 pays. En 2010, le classement IDH du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) la classe dans le groupe des pays à développement humain faible, à la 170ème place, avec un Indice de Développement Humain (IDH) de 0,400.

En plus, le pays connaît une dégradation permanente de l'environnement et du cadre de vie avec l'accentuation de la pollution agricole et industrielle, la baisse du couvert forestier, notamment dans les zones de forte exploitation agricole. Les menaces sur l'accessibilité à l'eau potable et aux infrastructures se sont également accrues avec la pression de l'urbanisation galopante et la croissance des activités industrielles dans les grandes zones urbaines.

Au regard de ce maigre résultat, la détermination affichée par les gouvernements successifs à la poursuite des mesures en faveur des IDE mérite une plus grande attention ; en effet, l'on est en droit de se demander s'il est possible que les IDE aient un impact effectif sur le développement durable de la Côte d'Ivoire. A première vue, on serait tenté d'affirmer que l'entrée des IDE et l'installation des Firmes Multinationales (FMN) participent à l'activité économique locale puisqu'elles coexistent avec une croissance faible, certes, mais positive. Mais c'est un regard simpliste car de véritables interrogations demeurent. En effet, de nombreux travaux effectués sur les IDE en Afrique subsaharienne ont souvent donné des conclusions divergentes, créant ainsi une grande controverse quant à l'importance et l'utilité des IDE dans les pays en développement.

Le problème que nous abordons, au cours de cette étude, est de savoir s'il existe effectivement des mécanismes de transmission des avantages des IDE au développement durable de la Côte d'Ivoire. Il s'agit particulièrement de rechercher des canaux de diffusion par l'intermédiaire du PIB par habitant, de l'Indice de Développement Humain (IDH) et du taux d'émission de CO2 par tête. En somme, comment les IDE peuvent-ils insuffler le développement de la Côte d'Ivoire par leurs relations avec le PIB par tête, l'IDH et l'émission de CO2?

La présente étude est d'un intérêt notable pour la Côte d'Ivoire car elle doit permettre de faire une appréciation de la corrélation entre l'afflux des IDE et des Firmes Multinationales (FMN), l'économie, le capital humain et l'environnement dans l'optique d'un développement durable; elle doit pouvoir ouvrir des voies de réflexion sur la croissance soutenue et durable. C'est une contribution à l'enrichissement des travaux empiriques sur la mise en place des conditions d'un développement durable en Côte d'Ivoire.

Notre travail a pour objectif principal de rechercher les canaux par lesquels les IDE peuvent insuffler le développement durable de la Côte d'Ivoire. Cet objectif se décline en plusieurs autres objectifs spécifiques dont l'identification des secteurs d'attrait des IDE en Côte d'Ivoire, l'analyse des liens de causalité entre les flux IDE, le PIB par tête, l'IDH et les émissions de CO2 par habitant en Côte d'Ivoire et la proposition de politiques économiques, sociales et environnementales intégrant les IDE.

Pour cette étude, nous faisons les hypothèses suivantes : premièrement, les IDE n'ont pas une incidence directe sur le PIB par tête en Côte d'Ivoire et donc les IDE ne causent pas la croissance; deuxièmement, les IDE ont une incidence directe sur l'IDH ; l'avènement des IDE entraîne une amélioration des indicateurs de l'IDH; et, troisièmement, il n'existe aucune relation de causalité entre les IDE et le taux d'émission de CO2 par tête.

La vérification de ces hypothèses nous conduit à utiliser une méthode économétrique inductive basée sur l'estimation d'un modèle vectoriel à correction d'erreur en mettant en relation les IDE et l'IDH pris comme indicateur du développement durable. Cette démarche utilisera les données fournies par le ministère du plan et du développement, le CEPICI, le PNUD et l'OCDE sur la période de 1970 à 2010 concernant la Côte d'Ivoire.

La démonstration économétrique que nous ferons doit nous permettre d'aboutir à des résultats utiles. D'abord, elle doit compléter les travaux scientifiques mettant en évidence les canaux de transmission des effets des IDE au développement à travers les liens entre l'IDE, le PIB par tête, l'IDH et l'émission de CO2 par habitant; enfin elle doit aboutir à des propositions en vu d'une plus grande prise en compte des objectifs environnementaux et sociaux dans le projet de développement durable de la Côte d'Ivoire.

Le plan du document que nous présentons s'articule autour de deux grandes parties. Dans la première partie, nous faisons la revue de la littérature théorique et empirique et exposons l'expérience ivoirienne en matière de politique des IDE; quant à la seconde partie, elle sera consacrée aux estimations économétriques et à l'interprétation des résultats.

PARTIE 1 : IDE ET DEVELOPPEMENT DURABLE :

CADRE THEORIQUE ET EXPERIENCE IVOIRIENNE

De nombreux travaux se sont intéressés à l'importance des IDE dans la conception et la mise en oeuvre de politiques économiques et sociales fondées sur une croissance forte, saine, équitable soutenue et durable. Les conclusions de ces contributions sont aussi diverses que hétérogènes donnant toujours l'occasion d'un approfondissement de ces réflexions. Cette partie de notre travail, en faisant une synthèse des travaux portant sur l'intégration des IDE dans la vie économique internationale et locale, s'articulera autour de deux points essentiels : la revue de la littérature théorique et empirique et un bilan de l'expérience de la politique des IDE en Côte d'Ivoire.

CHAPITRE I : REVUE ANALYTIQUE DU LIEN ENTRE LES IDE ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE

L'exploration de notre thème nécessite, au préalable, des précisions sur l'environnement théorique et empirique de notre démarche. Ce chapitre portera sur le cadre théorique et la revue de littérature.

I.A- Cadre théorique

La situation du cadre théorique recommande des précisions terminologiques sur les concepts clés de notre étude pour mieux cerner notre champ de réflexion. Nous verrons successivement le Développement durable, et les Investissements Directs Etrangers (IDE).

I.A.1- Théorie du Développement durable

Plusieurs approches du développement ont été expérimentées avec des démarches et conclusions qui semblent complémentaires et non exclusives. Cette diversité d'orientation est la conséquence du fait que le développement économique n'a ni DE paradigme ni DE doctrine universellement acceptés et reconnus. En plus ce concept semble lui-même plus ou moins ambigu. Toutefois, une sorte de convergence semble se faire autour de la théorie du « développement durable ». Il est quasiment impossible, aujourd'hui, d'aborder les questions de développement sans faire référence à ce thème ; il est omniprésent dans tous les discours politiques, dans les programmes des organismes et institutions internationaux, dans les travaux de tous les domaines de la recherche.

L'intérêt pour ce concept ne s'est tout de même pas fait aisément et le débat continue toujours quant à sa conception et à son contenu.

Selon Aknin et al. (2002), l'expression « développement durable » est apparue pour la première fois dans l'élaboration de la stratégie mondiale pour la conservation de l'environnement (UICN, 1980). Ce document exposait le souci des experts dans leur quête à trouver un cadre de conciliation entre les objectifs de développement des nations (préoccupation des pays en développement) et les impératifs de conservation de la nature (préoccupation des pays du Nord). Le rapport Brundtland (CME, 1987), va essayer d'y apporter une définition qui est couramment retenue, aujourd'hui : le développement durable, c'est s'efforcer de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité de satisfaire ceux des générations futures. Cette tentative est complétée par Reed (1995) pour qui le développement durable c'est l'amélioration de la qualité de la vie humaine tout en respectant les limites des écosystèmes connexes.

Le développement durable, en définitive, est une stratégie économique axée sur la personne car elle vise à améliorer la qualité de la vie humaine ; mais en plus, elle repose sur la protection de la nature car étant conditionnée par la nécessité de respecter la capacité de la nature à répondre aux sollicitations en ressources et en services biologiques. Fondamentalement, on attend du développement durable qu'il assure l'équité sociale présente et future à travers une solidarité intergénérationnelle et intra-générationnelle.

De ce point de vue, on peut appréhender le développement durable à travers trois aspects essentiels : l'économie, le social et l'environnement.

Cette théorique prend totalement en compte le concept de développement traditionnel et y associe de façon incontournable le développement humain et la préservation de l'environnement. De ce point de vue elle s'écarte des théories de la décroissance qui, elles, cherchent « la croissance zéro » à travers des solutions aux nuisances majeures (écologiques, économiques et psycho-sociales) qui engendrent la croissance4(*).

Le développement durable fait l'objet de plusieurs essais et théories dont les contributions tournent autour du sens, du contenu et du degré de la `durabilité'. Dans ce débat, la CMED (1987) et la Conférence sur le Développement Durable à Johannesburg en 2002 indiquent que, en dépit de toute polémique, ce modèle ne pourra être réalisé que par une volonté politique; celle-ci passe par des réorganisations structurelles, institutionnelles et juridiques et une plus grande participation du public, des collectivités décentralisées, des ONG, des industriels, etc. aux prises de décisions.

I.A.2- Théorie des Investissements Directs Etrangers (IDE)

Un Investissement Direct Etranger (IDE), selon le 5eme manuel de la balance des paiements du FMI (1993), est une opération par laquelle un investisseur basé dans un pays, appelé pays d'origine, acquiert un actif dans un autre pays, dit pays d'accueil, avec l'intention de le gérer sur une longue période. Les IDE mettent en relation deux espaces géographiques et économiques en cherchant à les rapprocher dans l'optique de création de profits économiques, pour un long terme. Ils concernent des mouvements de capitaux impliquant aussi bien des droits managériaux qu'une propriété partielle ou totale des firmes locales.

La réalisation des IDE, tel que résumé par Bost (2004) et Lahimer (2009), s'effectue suivant deux sortes d'opérations : les opérations réalisées par croissance interne et les opérations réalisées par croissance externe.

Les opérations de croissance interne ont lieu au sein d'une même firme entre l'entreprise mère et les filiales à l'étranger ; elles prennent plusieurs formes :

- création de nouvelles unités locales (les investissements Greenfield),

- extension des capacités de production d'une unité déjà existante,

- réinvestissement local des bénéfices,

- Flux financiers entre maison mère et unité locale.

Quant aux opérations réalisées par croissance externe, elles sont surtout guidées par les programmes de privatisation et les fusion-acquisitions ; elles sont soumises à la condition d'atteindre 10% du capital de l'entreprise visée.

Elles concernent :

- les prises de participation minoritaires dans le capital d'entreprises locales (entre 10% et 49% du capital),

- la création de société conjointe (50/50%),

- la prise de participation majoritaire dans des entreprises locales (plus de 50% du capital),

- la prise de participation totale.

Les travaux sur les IDE foisonnent montrant ainsi l'intérêt et l'importance accordés à cet instrument. Ainsi, les théories du commerce international, de l'économie industrielle, de l'économie de l'information et de l'économie du développement se sont-elles intéressées à comprendre, définir et expliquer les IDE. Les principaux travaux effectués portent sur les motivations, les déterminants ou les effets des IDE pour les pays d'origine et les pays d'accueil.

Dunning (1977) fait la synthèse des incitations à l'implantation des IDE dans sa théorie éclectique en formulant le paradigme des avantages OLI. Cette théorie stipule qu'il faut qu'une firme dispose en même temps de trois avantages pour qu'elle se décide à investir à l'étranger : avantage de propriété (Ownership), de localisation (Localisation) et d'internationalisation (Internalisation).

Van Huffel (2001) approfondit cette théorie et distingue deux stratégies théoriques d'insertion des IDE, conséquences de l'arbitrage que font les FMN pour sélectionner leurs lieux d'implantation: la stratégie d'insertion verticale (market-seeking) et la stratégie horizontale (rent-seeking ou resource-seeking). La stratégie verticale consiste pour la FMN à installer des « filiales ateliers » dans les pays d'accueil. Ces firmes, dans leur majorité, sont à la recherche des avantages comparatifs liés surtout aux coûts de production. Elles ont pour principale finalité de permettre une réallocation internationale de la production en fonction des avantages comparatifs offerts par les différents pays d'accueil (dans la logique de la division internationale du travail). Elles sont tournées vers les marchés à l'exportation et donc peu intégrées à l'économie locale.

Quant à la stratégie d'intégration horizontale, elle consiste en un investissement dans le pays d'accueil, pour contourner les obstacles à l'exportation. Dans cette optique, elles cherchent à minimiser les coûts afférents à l'approvisionnement d'un marché étranger ; leur vocation est de servir une demande domestique, entre pays à niveau de développement et aux conditions macroéconomiques semblables. Les entreprises à stratégie horizontale s'intègrent rapidement à l'économie locale.

Lahimer (2009) constate tout de même que dans la pratique, il se développe une forme de stratégie des FMN qu'il a nommé « stratégie hybride ». En effet, selon lui, une firme peut décider d'appliquer simultanément les deux stratégies exposées précédemment.

Il est important de noter également que les mouvements des IDE sont un indicateur des relations économiques et financières internationales. En effet, la concentration des IDE permet de vérifier l'intégration des pays dans la globalisation de l'économie.

Après cette présentation de la littérature théorique, faisons une synthèse des travaux empiriques sur les relations entre IDE et développement durable.

I.B- Revue de la littérature

La revue des travaux portera sur les liens entre le développement durable et les IDE. Les études portant précisément sur ces deux sujets sont encore au stade préliminaire ; alors notre synthèse des travaux s'organisera autour des relations des IDE et les trois dimensions du développement durable que sont l'économie, le social et l'environnement. Ainsi, ferrons-nous successivement la revue des relations entre les IDE et l'économie, les IDE et le social et les IDE et l'environnement.

I.B.1- IDE et économie

La plupart des travaux auxquels nous avons pu avoir accès utilise le concept de croissance comme indicateur de la situation économique, particulièrement la croissance du PIB/tête ; il en est ainsi puisque c'est vers elle que convergent les différentes politiques de développement économique et social mises en oeuvre. C'est donc la croissance du PIB par tête qui fera l'objet de notre revue de littérature dans cette section.

Les interactions entre IDE et croissance économique ont été la préoccupation de plusieurs recherches, surtout après la période des trente glorieuses et les faiblesses révélées des premiers modèles de développement. C'est une préoccupation qui s'inscrit dans le même ordre que la recherche des moteurs de la croissance économique. Ainsi, autant les modèles traditionnels de croissance que les modèles dits de la croissance endogène, ont-ils, dans leurs études, tenté de comprendre comment l'intégration des IDE pouvait-elle être un facteur de croissance. Les spécialistes de la nouvelle théorie du commerce international et de l'économie industrielle en font également un point central dans la compréhension de l'importance de l'ouverture économique comme facteur de croissance.

De toutes les contributions deux tendances se dégagent Pour certains auteurs, l'avènement des IDE crée la croissance alors que d'autres y émettent des réserves. Solow (1956), a écrit que les IDE créent de la croissance mais avec des effets seulement à court terme à cause des rendements décroissants du capital qui font que le taux de croissance de long terme est stationnaire. En suivant cette idée, les néo-classiques dont Solow concluent que les IDE devraient s'orienter vers les localités où ils sont les moins importants car les rendements y devraient être élevés.

Deux auteurs, précurseurs de la théorie de la croissance endogène, ont émis des réserves aux conclusions de Solow. Romer (1986) écrit que le transfert et la diffusion de technologies par l'intermédiaire des IDE est facteur de réduction d'écarts technologiques entre les pays avancés et les pays en développement ; c'est donc un moteur de croissance et de convergence économique. Ces résultats sont confirmés par Lucas (1988) pour qui, l'endogénéisation du taux de croissance est source de croissance de long terme ; les IDE peuvent être un véhicule de transfert des avantages comparatifs dynamiques de la technologie et du capital humain à la croissance locale de long terme.

Ces travaux posent, tout de même, le problème de la difficulté de l'évaluation de l'impact des IDE sur la croissance.

Plusieurs auteurs lient profondément cette mesure aux stratégies des FMN.

De Mello (1999), montre que, plus l'écart technologique entre les firmes du pays d'origine et d'accueil est important, plus l'impact des IDE sur l'économie destinataire est réduit. Brewer et Young (2000), en comparant l'afflux des IDE en Inde, en Angola, en Malaisie et en Chine, concluent que l'impact des IDE sur la croissance est fonction du type d'IDE. Ils observent une corrélation positive en Chine et en Malaisie, où les IDE sont horizontalement intégrés ; contrairement, en Angola où les IDE sont intégrés verticalement, ils y observent une corrélation négative. Agosin et Mayer (2000) ont abouti au constat que les IDE encouragent l'investissement domestique en Asie, beaucoup moins en Afrique et créent un effet d'éviction en Amérique Latine.

En s'appuyant sur cette distinction, Van Huffel (2001), dans une étude sur les IDE dans les Pays au Sud et à l'Est de la Méditerranée (PSEM), écrit que la présence de firme étrangère est positivement corrélée à la croissance mais la stratégie des FMN, restée verticale, en atténue les effets. Toutes ces conclusions sont corroborées par Javorcik (2004), pour qui la productivité des spillovers5(*) naît de la caractéristique des relations entre les firmes étrangères et les entreprises locales. Une perte de marché locale pour les firmes domestiques engendre un effet négatif des IDE.

Qu'en est-il des relations entre les IDE et l'aspect social du développement durable ?

I.B.2- IDE et conditions sociales

Les travaux sur les interactions entre les IDE et les conditions sociales ont porté principalement sur le développement du capital humain (notamment sur les indicateurs d'éducation et de santé de la main d'oeuvre active).

Deux thèses s'affrontent, sur ce sujet : pour certains, les effets des IDE sur les indicateurs sociaux sont négatifs; d'autres soutiennent le contraire. Ces controverses sont en rapport avec le niveau de capital humain dans les zones d'étude. Ainsi, Borensztein et al. (1998) soutiennent que le développement du capital humain est un déterminant des IDE en comparant plusieurs pays ; dans les pays à niveau de capital humain très faible, l'afflux des IDE est faible avec des effets négatifs. L'OCDE (2002) soutient, à cet effet, que l'investissement dans l'enseignement général et les autres formes du capital humain sont essentiels pour un climat favorable aux IDE. La Corée du Sud et la Taiwan se sont inspirées de cette thèse et ont mis en place des dispositifs de développement d'un capital intellectuel significatif pour pouvoir bénéficier davantage d'IDE. Au Mexique, les IDE ont peu d'influence sur l'économie à cause de la faiblesse des investissements en capital humain notamment dans l'éducation de base.

Pour Van Huffel (2001), il est possible que les IDE aient des effets indirects sur le développement humain car ils peuvent offrir des avantages liés aux investissements dans le capital humain au sein des filiales. Le constat fait généralement est que les multinationales investissent plus dans la formation des cadres et d'un personnel qualifié que les entreprises nationales ; or le transfert de technologie concerne aussi le transfert de compétences et de savoir-faire. Alors leur venue pourrait avoir des effets positifs sur le développement du capital humain, notamment, sur les institutions éducatives (réorientation de l'enseignement supérieur, formation au sein des firmes locales, etc.).

Borensztein et al (1998) ont obtenu que l'atteinte d'un certain seuil de développement du capital humain, en utilisant le nombre d'années d'études secondaires pour les hommes, est nécessaire pour que les IDE aient un effet bénéfique sur les économies d'accueil. OCDE (2002) indique que l'ampleur des retombés positifs des IDE est liée à l'écart entre les FMN et les entreprises nationales en termes de compétences ; elle fait ainsi allusion à « la capacité d'absorption » de la main d'oeuvre et le degré de concurrence locale.

Carkovic et Levine (2002) contestent cette hypothèse du seuil d'absorption des IDE car l'introduction, dans leur modèle, d'une variable interactive entre IDE et niveau d'éducation a entraîné des effets négatifs. Yoshua (2007) également, dans une étude en République Démocratique du Congo a conclu à une relation négative entre IDE et les dépenses d'éducation prises comme indicateur du capital humain.

Oman (2000) émet, sur ce sujet, des réserves quant aux mesures incitatives des IDE dans les pays en développement ; il écrit que celles-ci nuisent au développement humain car elles protègent peu les droits des travailleurs.

Ram et Zhang (2002), en testant les effets des IDE sur la croissance dans les années 90 sur un grand nombre de pays, et Bussman et al (2002) n'ont trouvé aucun lien entre les IDE et les indicateurs du capital humain.

I.B.3- IDE et Environnement

Jolivet et Paré (1993) définissent l'environnement comme un ensemble d'agents physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux susceptibles d'avoir un effet direct et indirect immédiat ou à long terme sur les êtres vivants et l'activité humaine. Selon l'OCDE, l'environnement désigne les sols (pour porter les cultures alimentaires), l'eau (pour boire, se laver et irriguer les cultures), l'air (pour respirer) et une foule de produits alimentaires et médicaux (fruits, poissons, bois, racines comestibles, etc.). Il intègre donc tous les aspects de la vie quotidienne de l'homme et est même fortement lié à la satisfaction des besoins primaires humains.

Les travaux portant sur les relations entre les IDE et l'environnement dans les pays pauvres sont marginaux et le sujet y est encore récent comparativement aux pays développés.

Selon les écologistes, l'afflux d'IDE porteurs de capacité de production est nuisible à l'environnement. Pour eux, la hausse de la production liée à l'ouverture commerciale peut accélérer l'utilisation des ressources naturelles et la spécialisation dans des secteurs pas forcement favorable à la lutte contre la pollution. On constate tout de même que cette menace est en voie de réduction dans les pays développés, alors qu'elle reste élevée dans les pays émergents et en développement.

Plusieurs auteurs lient cette situation au comportement des FMN face à la réglementation sur l'environnement. Leighton et al (2002) constatent qu'au Nigéria, les FMN dans l'industrie pétrolière poursuivent les pratiques environnementales locales qui seraient condamnées dans leurs pays d'origine. Cela à fait écrire à Copeland et Taylor (2004) que, face à la réglementation, les pays riches sont entrain d'abandonner les activités polluantes aux pays en développement aux conditions environnementales peu contraignantes. Ainsi, selon Zugravu (2009), les effets des IDE sur l'environnement seraient statistiquement positifs pour les pays développés et en développement et négatifs pour les Pays d'Europe Centrale et Orientale (PECO) et de la Communauté des Etats Indépendants (CEI). De ce point de vue des travaux récents indiquent que les IDE pourraient être des canaux de transfert et de diffusion de « technologies propres », tel que vu dans les pays développés. Cole et al (2006) constatent que la corruption peut avoir des impacts sur la transmission des effets des IDE à la politique environnementale.

Oman (2000) soutient tout de même que la mise en place des mesures incitatives aux IDE notamment la protection de l'environnement peut décourager les IDE. Ces conclusions attestent celles de Treillet (2002), pour qui les IDE peuvent, certes, être source de transfert et de diffusion de technologies propres respectant strictement les normes environnementale, mais, le dumping environnemental peut décourager l'avenue de ces IDE. Zugravu (2009) soutient cette thèse et indique que la mise en place de cette réglementation peut être source de localisation ou de délocalisation des IDE, suivant son hypothèse du « havre de pollution ». Cette assertion, explorée par une étude de Eskeland et Harrison (2003) n'a pas été confirmée.

Zugravu soutient, tout de même, la possibilité d'effets positifs des IDE sur l'Environnement ; elle pense que les changements structurels des IDE peuvent induire une réduction des pressions environnementales, compte tenu du fait que le secteur des services est plus écologique que les activités manufacturières. Il faut arriver à imposer les normes environnementales aux firmes surtout celles qui passent par des sous-traitants ayant leurs sites de production dans les pays du sud.

CHAPITRE II : POLITIQUE DES IDE ET DEVELOPPEMENT DURABLE EN CÔTE D'IVOIRE

La Côte d'Ivoire, à l'indépendance, a opté pour un modèle de développement axé sur une complémentarité entre un secteur privé fort intégrant des investisseurs privés nationaux et étrangers et une solide présence de l'Etat dans les domaines productifs de l'économie. Ce modèle a connu plusieurs bouleversements liés aux différentes crises nationales et internationales et à la redéfinition du rôle de l'Etat, à partir de 1990, pour tenir compte des exigences des institutions d'aide au développement. La conclusion, à partir de 1996, d'un programme au compte de l'IPPTE, rentre dans ces réaménagements et doit offrir des opportunités de contourner la faiblesse de l'épargne locale ; il s'agit de créer un environnement macroéconomique saint et une gouvernance forte pour remettre l'investissement privé local en scelle et attirer les investisseurs étrangers. En effet, ces recommandations s'appuient sur les théories qui soutiennent que face à la faiblesse de l'accumulation interne, le salut pour le développement des pays pauvres ne peut venir, en grande partie, que des initiatives privées extérieures.

Les autorités ivoiriennes font alors de la relance de l'économie par l'investissement privé une préoccupation pressante et permanente. C'est un sujet central dans tous les cercles de réflexion car il constitue un axe déterminant de la politique de développement économique actuelle. Il concerne, certes, le secteur des investisseurs nationaux, mais, avec de grandes mesures de motivation pour les investisseurs directs internationaux.

Les différentes modifications apportées au code des investissements, dont la dernière remonte à 2012, traduisent cette volonté de l'Etat. Ce code, en effet, retrace les mesures et décisions mises en place pour la sécurité juridique ainsi que celle des biens et personnes au profit des investisseurs. Elles prennent en compte les secteurs d'activités, le volume des investissements, les exonérations et autres mesures préférentielles concernant la fiscalité, les bénéfices, le foncier, les zones d'installation, etc. Pour le suivi de ces dispositions, plusieurs structures d'encadrement et de conseils sont mises sur pied, dont la plus célèbre est le « guichet unique » du CEPICI. L'appréciation des résultats de tous ces programmes et mesures nous permet de déceler plusieurs mouvements dans l'afflux d'IDE en direction de la Côte d'Ivoire.

II.A- Impact de la politique des IDE en Côte d'Ivoire : un bilan mitigé

La Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), en 2006, classe la Côte d'Ivoire au 78ème rang des pays d'accueil des stocks d'IDE dans le monde et au 4ème rang des pays africains au sud du Sahara en termes de flux entrants d'IDE, après l'Afrique du Sud, l'Angola et le Nigéria. Au sein de la zone Franc, plus de la moitié des stocks d'IDE était localisé en 2001 en Côte d'Ivoire (3,4 milliards USD, soit 27% du stock d'IDE de la zone), en Guinée Equatoriale (2 milliards USD) et au Cameroun (1,3 milliards USD). Suivent le Sénégal (859 millions USD) et le Bénin (632 millions USD)6(*) ; La Côte d'Ivoire est donc une destination non négligeable au niveau africain. Toutefois, l'analyse des données sur les flux entrants d'IDE en Côte d'Ivoire montre qu'ils sont relativement marginaux par rapport à l'ensemble des pays africains et en deçà de ce qu'elle devrait recevoir au vu des mesures et réformes structurelles qui ont été entreprises.

La figure 1 retrace l'évolution des flux entrants d'IDE rapportés au PIB de 1970 à 2010. Son analyse fait ressortir trois grandes périodes des mouvements des IDE en direction de la Côte d'Ivoire.

La première période part de 1960 à 1990. Pendant ce temps, les flux entrants d'IDE en Côte d'Ivoire sont restés très faibles même s'il y transparaît une certaine hausse en volume. Ainsi de 31 millions USD en 1970, ils ont doublé en cinq ans pour atteindre 69 millions USD en 1975. Cette période correspond aux heures de gloire de l'économie ivoirienne ; c'est le « miracle ivoirien » avec des taux de croissance près des 10% comme on peut le voir avec la figure 2. Dans le même temps, se met en place le tissu industriel avec les grands travaux publics dans les domaines des investissements lourds, de l'éducation, de la santé, etc. La fin de la décennie 70 est marquée par une profonde crise nationale née de la détérioration des termes de l'échange et de la crise économique internationale. Le taux de croissance baisse et tend à être négatif avec tous les voyants économiques au « rouge ». Mais ce handicap n'atténue pas l'entrée d'IDE qui se conforte jusqu'à atteindre, en 1980, les 95 millions USD soit trois fois la valeur du début de la décennie précédente. Toutefois, avec les dommages persistants de la détérioration des conditions économiques, le flux d'IDE va connaître une chute drastique jusqu'à atteindre la valeur de 18 millions $US en 1989. Le taux de chute moyen sur cette période est d'environ 81% par rapport au début de la décennie 80-90.

L'année 1992 marque le début de la seconde grande période. Avec les effets crées par les politiques de désengagement de l'Etat du secteur productif et de privatisation des sociétés d'Etat, on assiste à la reprise de l'arrivée d'IDE. Ce retour est surtout conforté par le réajustement du FCFA au FF, et les programmes de reformes structurelles et de stabilité financière mis en oeuvre. Il coïncide avec une reprise de la croissance qui atteint 6% en 1996 et une forte amélioration des principaux indicateurs économiques. On enregistre ainsi des chiffres d'IDE beaucoup plus élevés que les périodes précédentes : Ces flux ont atteints le montant record de 415 millions USD en 1997. Malheureusement, cette tendance va s'interrompre et décroître, à partir de 1998. Le pays replonge dans une profonde crise politique, économique et sociale, avec notamment la mise en mal des relations avec les partenaires internationaux, les remous socio-politiques, le coup d'Etat de 1999, la crise militaro-politique de 2002. L'activité économique s'est profondément restreinte avec des taux de croissance négatifs de 1999 à 2004. Les flux d'IDE se sont à nouveau restreints ; La destination ivoirienne fut de moins en moins prisée.

La signature des accords de Ouagadougou marque le début de la dernière période. Elle entraine une relative reprise économique à partir de 2007 et le retour de la confiance à la destination Côte d'Ivoire. En 2010, le flux d'IDE en direction du pays est estimé à 418 millions USD.

Figure 1:Flux Entrants des IDE en Côte d'Ivoire de 1970 à 2010 (millions USD)

Source : l'auteur à partir des données du CNUCED

L'évolution des flux entrants d'IDE est à comparer avec l'évolution du taux de croissance du PIB par tête et celle du taux de croissance du PIB réel présenté dans la figure 2.

Figure 2 Taux de croissance du PIB par habitant en Côte d'Ivoire de 1970 à 2010

Source : DCPE/MEF(2010) in Programme National de Développement 2012-2015

Les effets de l'afflux des IDE sur les investissements privés locaux et les conditions sociales et environnementales du pays sont également difficiles à établir, à l'analyse des données disponibles.

La libéralisation de l'économie ivoirienne devrait créer deux effets positifs importants pour le développement national. Elle devait, dans un premier temps, consolider les fondamentaux par le renforcement du tissu industriel privé local qui prendrait la relève de l'Etat ; dans un second temps, l'avènement des IDE devrait créer un effet d'entraînement des industries nationales et des externalités positives importantes. Il s'agissait pour l'Etat de réorienter sa politique de coopération en renforçant le partenariat public-privé.

Selon les chiffres du CNUCED, la moyenne des flux d'IDE ont représenté 9,1% de la Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) entre 19985 et 1995. Ce ratio est passé à 30% en 1997 avant de descendre à 16% en 1998. Par ailleurs, force est de constater que le niveau des investissements locaux demeure toujours faible, comme le montre la figure 3. Elle rend compte de l'évolution de la FBCF dans le PIB national. Son analyse indique qu'à part la première décennie de l'indépendance, qui a connu des niveaux de formation de capital relativement élevés avec des montants allant jusqu'à 28 millions $US, l'investissement est resté faible en dessous des 15 millions USD.

Figure 3: évolution de la FBCF dans le PIB en Côte d'Ivoire de 1970 à 2010 (millions USD)

Source : l'auteur à partir des données du CNUCED

L'analyse de la situation sociale et environnementale de la Côte d'Ivoire conduit à l'observation d'un effet induit mitigé des IDE sur l'éducation, la santé, le cadre de vie et l'environnement. On le voit à partir de l'analyse des composantes de l'Indice de Développement Humain (IDH).

En effet, selon les chiffres du PNUD, la Côte d'Ivoire est classée parmi les 20 pays les moins compétitifs du monde, avec un rang de 170ème sur 187 pays, en 2011.Son indice de Développement Humain est resté inférieur à 0,400, légèrement en deçà de celui de l'Afrique subsaharienne qui est de 0,463 et de l'ensemble des pays à développement humain faible qui est de 0,456. Sur toute la période d'étude, le taux de croissance annuel de l'IDH est resté autour de 0,01%. La figure 3 en est une illustration.

Figure 4: Evolution de l'IDH en Côte d'Ivoire de 1970 à 2010

Source : l'auteur à partir de la base de données du PNUD7(*)

Au niveau environnemental, au regard des exigences internationales, notamment le protocole de Kyoto qui exige une réduction totale des émissions de gaz à effet de Serre de 5% par rapport aux niveaux de 1990, la Côte d'Ivoire peut être considérée comme un pays peu polluant. Le tableau 1 fait la synthèse de l'évolution des émissions de CO2 en Côte d'Ivoire. Cette pollution est principalement due à la consommation énergétique des industries, des ménages et des transports. Les émissions de CO2 restent faibles autour d'une moyenne de 0,66 tonnes par habitant.. Par ailleurs, la part des émissions de CO2 dans la croissance est faible avec une valeur moyenne autour de 20%. La figure 5 complète ses informations et indique que les plus forts taux d'émission de CO2 par habitant ont été observés de 1986 à 1991 et de 2002 à 2006 (période de la crise armée où le taux d'émission de CO2 par tête est passé de 1,10% en 2002 à 1,60% en 2005) ; ces périodes correspondent à des moments de baisse de croissance et de ralentissement des afflux d'IDE en direction de la Côte. Cette corrélation négative, même si elle semble rejoindre les thèses de la théorie de la décroissance, pourrait plutôt signifier l'absence de relations de causalité entre les émissions de Gaz à Effet de Serre et les activités économiques et industrielles en Côte d'Ivoire8(*).

Tableau 1 : Emissions de CO2 en Côte d'Ivoire de 1990 à 2004

Total d'émissions de CO2 (millions de tonnes de CO2)

Variations annuelles des émissions de CO2 (%)

Emissions par habitant (t CO2 par habitant)

Intensité carbone (kt de CO2 par kt d'équivalent de pétrole)

Intensité en Carbone de la croissance par unité de PIB (kt de CO2 par 2000 PPA USD)

1990 2004

5,4 5,2

1990-2004

-0,3

1990 2004

0,5 0,3

1990 2004

1,22 0,74

1990 2004

0,26 0,20

Source : données du PNUD9(*)

Quelles sont les origines des IDE entrants en Côte d'Ivoire ?

Selon les chiffres du CNUCED, le stock d'IDE en Côte d'Ivoire ne représente que 0,6% du stock mondial et a concouru à hauteur de 24,8% du PIB en 2008 et 27,8% en 2009. Les investissements greenfield sont passés de 5 en 2008 et 8 en 2009. Quant aux flux entrants d'IDE, ceux de la Côte d'Ivoire représentent 8% au niveau de l'Afrique de l'Ouest sur la période 2000-2005 comme l'indique la figure 5. La CNUCED classe la Côte d'Ivoire au 103ème rang sur 141 pays selon son indicateur de performance basé sur un ratio entre la part du pays dans le total mondial des IDE entrant et sa part dans le PIB mondial.

251658240Figure 5 : Répartition des flux d'IDE en Afrique de l'Ouest (moyenne 2000-2005)

Source : World Development Indicators 200710(*)

La France demeure son principal fournisseur grâce aux liens historiques et commerciaux entre ces deux pays ; par ailleurs une grande connaissance du pays par les entrepreneurs en est une explication. Entre 1985 et 1995, les flux entrants d'IDE provenant de la France ont représenté 9% de la FBCF ; ils ont atteint 30% en 1997 avant de descendre à 16% en 199911(*). Le stock d'IDE français a atteint 24,2% du PIB en 1998, alors qu'il n'était que de 9% en 1990 et 16,2% en 199512(*).

Les IDE français se trouvent principalement dans les secteurs de la télécommunication, de la finance, de l'énergie, du transport et de l'agro-industrie. Les données du CEPICI13(*) indiquent que les demandes d'agrément formulées par les investisseurs français dans le cadre du code des investissements entre 1996 et 2000 représentaient 50% des investissements étrangers. Ils constituaient 28% des demandes d'agrément du secteur des télécommunications, 7% du transport et 5% de la chimie. Sur cette même période, les capitaux français représentaient 23% de l'ensemble des demandes d'agrément dont 52% pour les capitaux ivoiriens.

Toutefois, la multiplication des secteurs porteurs de valeur ajoutée et les chamboulements dans les relations internationales donnent l'occasion de diversifier ses partenaires. Ainsi, retrouve-t-on après la France, les pays de l'Union Européenne, les Etats Unis, les pays d'Asie du Sud-est, particulièrement la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Nigéria comme des sources importantes d'IDE en direction de la Côte d'Ivoire. Des demandes d'agrément adressées au CEPICI entre 1996 et 2000, 7% étaient issues des capitaux suisses, 5% des britanniques et 2% des américains. Il indique également que la part de la Chine dans le total des IDE est de 1,24% entre 1996 et 1999 pour atteindre 3,58% en 2002. Ils représentent aujourd'hui 1,91% des stocks d'IDE en Côte d'Ivoire.

Ces investissements étrangers ont dans les débuts concerné principalement le secteur primaire notamment la collecte et l'exportation des produits tels que le café, le cacao, le bois, la banane, le palmier à huile etc. Certains font des transformations pour le marché local, mais ne concernent que les produits agro-alimentaires (lait, bouillon, jus de fruits, boissons, etc.). Avec les promotions constantes et l'allègement des conditions d'investissement, d'autres activités primaires vont intéresser les investisseurs étrangers notamment les activités extractives et pétrolières ; aujourd'hui, il y a une forte concentration. On les retrouve surtout dans la zone rurale, au Sud, au Sud-ouest, à l'ouest et au Nord. Les entreprises extractives utilisent une importante main d'oeuvre locale ouvrière. Les entreprises pétrolières utilisent une main d'oeuvre, souvent expatriée.

La présence des FMN porteuses des IDE est plus forte dans le secteur tertiaire. On les retrouve principalement dans le secteur des technologies de l'information et des communications, de la téléphonie mobile, des banques, de la finance, des constructions et des grands travaux, du tourisme, de l'hôtellerie, etc. Entre 2000 et 2003, le secteur tertiaire a absorbé environ 80% des flux d'IDE en Côte d'Ivoire avant de descendre à 75% en 2006. Sur cette période, la part des services de télécommunication était de 79% en 2002, et celle de l'immobilier de 23% en 200314(*).

On note tout de même une présence des IDE dans le secteur industriel principalement dans l'agro-industrie et la production alimentaire à destination du marché local et de l'étranger.

II.B- Les priorités du gouvernement ivoirien dans le cadre du développement durable

L'objectif majeur du gouvernement est d'atteindre un taux de croissance soutenue durable à deux chiffres et d'ériger la Côte d'Ivoire au stade de pays émergent à l'horizon 2020. Ce cheminement devra se faire avec une contribution relativement réduite des investissements publics dans le secteur productif et l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement. Les ambitions du gouvernement font l'objet de détail dans le DSRP (Konan, 2002)  confirmé par le premier ministre lors de son discours de politique générale devant le parlement en 2012.

Ainsi les priorités de l'Etat sont-ils suivant résumées :

Ø la réduction de la pauvreté : il s'agit de la mise en oeuvre de politiques de développement en faveur des pauvres. Elle passe par la prise en compte de l'égalité des genres, des facilités d'accès à la micro-finance, de la formation et l'insertion des jeunes et des femmes, du renforcement des opportunités de création d'emplois et de sources de revenus profitables aux populations vulnérables ; elle intègre également la sécurité alimentaire. L'aspect développement humain est plus que jamais un défit pour les décideurs et ils tiennent à le relever par l'amélioration de l'accessibilité à des services sociaux de base de qualité et de sécurité sociale.

Ø la protection et la gestion de l'environnement : il s'agit de l'élaboration de politiques et d'instruments adaptés à la protection et l'usage durable de l'environnement ; elle concerne surtout la gestion intégrée des ressources en eau, la facilitation de l'accès à l'eau potable et aux infrastructures d'assainissement.

Ø la promotion du secteur privé pour soutenir le développement durable ; il s'agit de la mise en place et l'entretien des investissements publics lourds qui doivent servir de fondement aux initiatives privées nationales et internationales.

Ø la restauration de la cohésion sociale : elle procède de la consolidation de la paix par la réconciliation nationale, la réduction des tensions intra-communautaires et interethniques en vu de créer des conditions propices à l'épanouissement économique social national et des investisseurs étrangers.

Ces priorités rentrent en ligne de compte des politiques à mettre en place dans le cadre du développement durable. Alors, face aux nouvelles orientations de la politique de développement ivoirien et face à la pertinence des objectifs prioritaires de l'Etat, nous procédons à une étude économétrique afin de vérifier le rôle que pourraient jouer les IDE.

PARTIE 2 : MODELISATION ECONOMETRIQUE DU LIEN IDE-DEVELOPPEMENT DURABLE

Le développement durable est un processus multidirectionnel que l'on tente de cerner à travers les trois dimensions suivantes : l'économie, le social et l'environnement. La première dimension représente l'aspect physique du développement durable et est souvent assimilé à la croissance ; dans notre étude elle sera représentée pat le PIB par tête. La seconde dimension concerne les conditions de vie de la population à savoir l'éducation, la santé, les libertés et les standards de vie. Enfin, la dernière dimension concerne l'aspect environnemental notamment la pollution, l'accès à l'eau potable, le cadre de vie, les conditions climatiques, etc.

La modélisation que nous tentons de faire ici cherche à comprendre si les IDE peuvent être déterminants pour le développement durable de la Côte d'Ivoire. En effet, nous cherchons à vérifier si les choix actuels des gouvernants en matière d'investissement et d'incitation aux profits des investisseurs privés étrangers sont pertinents et porteurs de retombées positives à court et/ou à long terme. Cette vérification passera par l'analyse de la causalité entre les IDE et chaque dimension retenue pour le développement durable ; nous retiendrons qu'il y a effectivement effet sur le développement durable si les IDE causent au moins un de ces indicateurs. Pour ce faire, cette partie de notre étude sera consacré d'une part, à la présentation de notre démarche économétrique et, d'autre part, à la présentation des résultats obtenus et leur interprétation.

CHAP I : DEMARCHE ECONOMETRIQUE

Le présent travail emprunte l'approche inductive appuyée par des techniques économétriques. Nous allons utiliser un modèle structurel capable de tenir compte de l'interdépendance des variables macroéconomiques représentant les créneaux à travers lesquels l'IDE influence le développement durable. Ce modèle doit nous permettre de dégager, s'il en existe, les mécanismes explicatifs directs ou indirects par lesquels l'IDE agit positivement ou négativement sur le développement de la Côte d'Ivoire. Cette démarche économétrique, réalisée à partir de la méthodologie de traitements des séries temporelles, se déroule en cinq étapes :

-le choix de l'indicateur du développement durable ;

-l'analyse des données ;

- les tests économétriques préalables;

- la spécification du modèle empirique ; 

-les tests de causalité;

I.A- Choix de l'indicateur du développement durable

Sen (1985)15(*) explique l'échec des politiques de développement des décennies passées par l'inexistence de dotations et «capabilités«. Le développement est désormais perçu comme l'aboutissement de la combinaison d'une croissance soutenue, de l'élargissement des capacités à mieux s'épanouir sur tous les plans matériel, culturel, social et du cadre de vie et de la préservation de l'environnement. Il doit intégrer la croissance économique, l'élargissement des capacités à mieux s'épanouir et une meilleure préservation de l'environnement. Le développement est en ce sens appréhendé par les trois dimensions économique, sociale et environnementale qui interagissent. Le développement n'est durable que s'il est « économiquement » viable, « écologiquement » durable, socialement équitable » comme l'indique Pingault16(*) (2007). Sen parle alors de développement humain et durable qui doit être harmonieux dans ses trois dimensions17(*).

Dans la mise en oeuvre de ce nouveau modèle de développement, les attentes entre les pays du nord et ceux du sud ne se situent pas au même niveau de priorités même si une convergence des politiques dans le long terme est envisageable. Les pays en développement sont toujours confrontés à des problèmes de croissance et de lutte contre la pauvreté ; le coût d'opportunité de la lutte contre la pauvreté est plus important, à court et moyen terme, par rapport à la protection de l'environnement et à la préservation des ressources. Contrairement, dans les pays développés, les objectifs sociaux sont suffisamment satisfaits et l'intensité de la production a atteint un tel niveau que la menace sur le cadre de vie est inévitable ; la hausse de la productivité peut avoir des effets pervers relevés par les économistes de la décroissance.

Si pour les pays développés, les aspects économie, social et environnement tiennent les mêmes niveaux d'importances pertinentes dans le cadre de la mise en oeuvre de leur programme de développement durable, les ordres de priorités ne sont pas identiques dans toutes les régions du monde. En Afrique, l'ordre d'importance part d'abord du social, puis la croissance et enfin l'environnement. De ce fait la construction d'un indice de développement durable devrait tenir compte de cette configuration des priorités dans le cadre des politiques de développement durable.

Tout ce débat montre à quel point il est difficile de construire un indicateur synthétique, acceptable et compréhensible par tous, qui couvrirait les trois dimensions du développement durable et pourrait servir d'outil de diagnostic et de décision. En effet, selon Streeten (1995)18(*), il ne suffit plus seulement d'être développé ou d'avoir un indicateur sur les besoins essentiels, mais il faut que les individus aient la capacité d'en profiter ; c'est l'expression du «droit au développement«. Dans les différentes contributions, il y a eu plusieurs tentatives de construction d'indicateurs et d'indice pour capter le développement durable. Parmi ceux-ci, on peut citer :

Ø le PIB traditionnel, la puissance économique est souvent mesurée par le taux de croissance du PIB, qui est la somme des richesses monétaires créées par un pays pendant une année. Il est reconnu et accepté de tous et en permanence utilisé comme outil d'aide à la décision. Toutefois, on lui reproche d'additionner indifféremment toutes les activités qui génèrent des flux monétaires quelle que soit la nature de ces activités19(*). Le PIB est donc un indicateur de flux et non de stock (qui décrirait l'état du patrimoine). L'information contenue dans le PIB est donc faible pour évaluer la performance et la durabilité du mode de développement d'un pays ; le PIB est insuffisant pour mesurer le développement.

Ø le GPI (Genuine Progress Indicator ou indicateur de progrès véritable) proposé depuis 1995 par l'institut californien Redefining Progress : il consiste à ajouter à la mesure traditionnelle de la consommation des ménages, diverses contributions à la vraie richesse et au bien-être (activité bénévole, travail domestique, etc.) et à en soustraire la valeur estimée des richesses naturelles perdues (dommages à l'environnement, destruction des ressources non renouvelables) et aussi sociales (coût social du chômage, des délits, des accidents de la route, progression des inégalités, etc.).

Ø l'IDH (Indice de Développement Humain): initié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) depuis 1990, cet indice composite privilégie la longévité, l'instruction et le niveau de vie. Au départ moyenne arithmétique des indicateurs de durée de vie, de niveau d'éducation et de PIB réel corrigé par la PPA, l'IDH est actuellement calculé à partir de quatre variables de base ; le revenu, l'espérance de vie à la naissance, l'alphabétisation des adultes et le nombre moyen d'années d'étude. Cet indice traduit également la perception de Sen (1985) du développement qui s'interprète comme la «possibilité« fondamentale d'intégration d'un ou plusieurs individus dans la société. Cette possibilité repose sur trois composantes : vivre sainement pendant longtemps, acquérir la connaissance et l'information et accéder à des ressources assurant un niveau de vie décent. Chaque année, dans son rapport mondial sur le développement humain, le PNUD classe les pays du monde selon cet indice sur une échelle de 0 à 1.Chaque critère retenu comporte une valeur maximale et minimale. Ainsi, l'espérance de vie à la naissance est estimée entre 25 ans et 85 ans, l'alphabétisation entre 0% et 100%, le taux de scolarisation entre 0% et 100% et le PIB réel par habitant par PPA entre 100 USD et 40 000USD. Dans son classement, le PNUD distingue les pays à développement humain élevé (IDH supérieur à 0,804), les pays à développement humain moyen (IDH supérieur à 0,507) et les pays à développement humain faible (IDH inférieur à 0,507). En 2005, la France arrive à la 16ème place en termes de développement humain.

Ø l'ISEW20(*) (indice du Développement Economique Soutenable): cet indice tente de mesurer le bien-être économique à long terme en corrigeant l'indicateur de la consommation des ménages par des facteurs environnementaux et sociaux.

Ø l'indice de pénurie de capacités21(*) : c'est un indice développé au profit de 101 pays en voie de développement. Il s'appuie sur le taux d'enfants de moins de cinq ans présentant une insuffisance pondérale, le taux de naissance non suivi par du personnel qualifié de santé, le taux d'analphabétisme chez les femmes âgées de quinze ans et plus. Suivant cet indice, la Côte d'Ivoire est classée dans le tiers inférieur.

Aucun des indicateurs présentés précédemment n'est à l'abri de critiques. Toutefois, au regard de toutes ces contributions et la disponibilité des données, nous faisons le choix de l'IDH comme indicateur synthétique du développement durable. En effet, comme Hellen Clark et le PNUD, nous sommes convaincus que l'Indice de développement humain peut constituer un outil de mesure plus complet du développement durable22(*). D'abord les corrections actuelles apportées dans le calcul tiens compte des attentes du développement durable car il prend en compte les dimensions économique, sociale et environnementale sur un pied avec le même coefficient de pondération. Ensuite, nous estimons que le PNUD est un partenaire dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de développement durable et l'indice qu'il propose est mondialement reconnu et concourt à des prises de décision dans les pays développés comme sous-développés. Enfin, c'est l'indice le plus aisé à construire pour la Côte d'Ivoire, compte tenu des informations disponibles.

I.B- Sources des données

Nous allons construire un modèle de séries temporelles à partir des sources d'informations suivantes :

-le CEPICI et le site de l'OCDE (à partir de la base de données UNTCAD23(*)) fournissent les données sur les flux d'IDE par PIB, le PIB par habitant et la valeur des activités extractives et de production de gaz, d'eau et d'électricité concernant la Côte d'Ivoire ;

-le site du PNUD24(*) fournit les données sur l'IDH le taux d'émission de CO2, et le PIB par habitant ;

-la Direction de la Prospective du Ministère d'Etat, Ministère du Plan et du Développement fournit les chiffres sur les émissions de CO2 par tête ;

Ces informations collectées couvrent la période de 1970 à 2010.

Pour certaines variables, notamment l'IDH et le taux d'émission de CO2 par habitant, des données, avant 1990, ne sont pas disponibles. Nous les avons alors estimés selon une technique statistique en trois étapes. D'abord, nous avons déterminé le taux d'accroissement annuel de chaque variable. Ensuite, nous avons calculé le taux d'accroissement moyen et, enfin, nous l'avons appliqué en partant de 1990 pour descendre à 1970, ainsi qu'à toutes les données manquantes.

I.C- Spécification du modèle économétrique

La spécification du modèle va consister à choisir la forme du modèle et à expliquer les différentes variables.

I.C.1-Forme du modèle

Notre modèle est inspiré des modèles de croissance de Lucas (1988), Barro et Lee (2001), Ces auteurs ont tenté de retrouver des déterminants du développement à travers des indicateurs du capital humain, du cadre et des conditions de vie. Il prend en compte l'approche de Sen (1990) et du PNUD qui ont construit des modèles explicatifs des déterminants de l'IDH. Par ailleurs, nous nous inspirons de la stratégie économétrique de Lahimer (2009) dans sa tentative d'expliquer l'impact des IDE sur la pauvreté. Notre modèle intègre enfin les enseignements de notre revue de littérature qui indiquent que la qualité et le niveau du capital humain sont des déterminants du développement durable et que les IDE y contribuent fortement.

Le choix que nous faisons répond au souci de mettre en évidence les mécanismes probables qui pourraient lier nos variables. Il doit nous permettre de faire ressortir les relations possibles entre le PIB par tête, le développement durable capté par l'IDH, le taux d'émission de CO2 par habitant, les flux entrants d'IDE par PIB et la part des activités extractives dans le PIB. Les IDE sont considérés comme un choc exogène dont nous voulons vérifier les effets sur la variable indicatrice du développement durable.

Notre modèle de départ se présentera sous forme d'une fonction de l'IDH par rapport aux flux d'IDE : (1)

La prise en compte de l'indicateur environnemental et le niveau de l'économie (représenté par le PIB en PPA par tête) nous semble nécessaire dans la recherche des canaux de transmission des effets des IDE sur l'IDH. Par ailleurs, l'intégration de la part des activités extractives et de production de gaz, d'eau et d'électricité est souhaitée car elles attirent une part importante des IDE ; elle nous permettra renforcer l'appréciation de l'incidence de la politique d'ouverture sur les mouvements des IDE. Notre modèle sous sa forme explicite est :

(2).

Pour les études économétriques nous nous utilisation la modélisation linéaire des séries temporelles. La représentation log-linéaire de notre modèle est :

(3)

La variable Xt regroupe toutes les autres variables explicatives de l'IDH non prises en compte dans le modèle.

Les modèles économétriques utilisant la linéarisation des données de l'IDH ne sont pas valides comme l'a indiqué Nangbé (2010)25(*). Alors pour pouvoir utiliser les coefficients de la linéarisation comme des élasticités, nous allons générer une approximation de l'IDH suivant la forme log(1+h). En fait, si h est proche de 0 alors log(1+h) est proche de h. Or l'IDH de la Côte d'Ivoire est resté en dessous de 0,4 pendant toute la durée d'étude. L'équation (3) devient alors :

(4)

I.C.2- Explication des variables

Les variables de notre modèle et les contenus que nous leur donnons sont décrits dans les lignes qui suivent.

I.C.2.1- l'Indice du Développement Humain (idh)

L'IDH fait la synthèse des conditions sanitaires, éducatives et du cadre de vie de chaque individu. Les données sur les évolutions de l'IDH en Côte d'Ivoire sont transcrites dans la figure 4. Celles-ci indiquent que l'IDH de la Côte d'Ivoire est resté en dessous des 0,400, la classant parmi les pays à développement humain faible. Il constitue la principale priorité pour les pays en développement dont la Côte d'Ivoire. Il représente le niveau et la qualité de vie de la population. L'IDH sera utilisé comme indicateur du développement durable, tel que recommandé par le PNUD.

I.C.2.2- le Produit Intérieur Brut par tête (PIBH)

Le Produit Intérieur Brut par tête mesure le rapport du PIB nominal en millions USD par la population totale. La figure 3 montre l'évolution de cet instrument économique. De 1500 USD en 1970, le PIB par tête a été multiplié par 10 environ, en 10 ans pour atteindre près de10180 USD en 1980. La crise économique des années 80 entraîne une baisse à partir de 1981. Depuis 1987, les montants du PIB par tête sont au dessus des 10.000 USD. Ils ont doublés pour atteindre 23280 USD en 2008 et 22780 USD en 2010.

Figure 6 : Evolution du PIB par habitant en PPA de 1970 à 2010 (en USD)

Source : l'auteur à partir des données UNCTAD

Exprimé en USD par habitant, le PIB par tête en PPA sera utilisé comme la variable indicatrice du l'aspect économique du développement durable ; il traduit les performances économiques réalisées et leurs impacts. La revue de la littérature montre que le signe attendu pour cet indicateur est positif.

I.C.2.3- le taux de flux entrants d'IDE par PIB (feide) 

L'UEMOA indique que les flux entrants d'IDE en Côte d'Ivoire représente 49% de l'ensemble de toute la zone tel que indiqué dans le tableau 3.

Le tableau 5 traduit la part des entrées d'investissements directs étrangers en millions USD dans le PIB national sur la période 1970-2010. Ce taux connaît un accroissement moyen de 1,3% sur toute la période d'étude. De 1979 jusqu'à 1993, il était en dessous des 1%. Les valeurs les plus élevées sont enregistrées entre 1995 et 2000 où le taux moyen atteint 2,5%. Depuis 2002, on enregistre une baisse, certes faible, mais non négligeable de la part des IDE entrants dans le PIB.

Tableau 2 : Flux entrants d'IDE par PIB en Côte d'Ivoire de 1970 à 2010 (pourcentage du PIB)

Années

1970

1980

1990

1996

1997

2000

2005

2010

Taux annuel

2,93

0,93

0,41

2,22

3,54

2,58

2,20

1,84

Source : données UNCTAD

Le flux entrant d'IDE par PIB est un indicateur qui nous permettra d'évaluer l'impact de la politique de libéralisation et de l'ouverture économique sur le développement durable de la Côte d'Ivoire. Le taux de flux entrants d'IDE par PIB est exprimé en pourcentage du PIB. Suivant les résultats théoriques et empiriques des travaux précédents et par rapport à la composition de l'IDH, le signe attendu du coefficient de cette variable est positif.

I.C.2.4- le taux d'émission de CO2 par habitant (eco2)

Le taux d'émission de CO2 par habitant est le rapport de la quantité émise de CO2 par la population totale. Il représente l'indicateur des systèmes et techniques de production au niveau agricole et industriel. Selon la figure 6, le taux d'émission de CO2 par habitant en Côte d'Ivoire est resté en dessous des 1% sauf pour les périodes 1986-1991 et 2002-2006. Le taux d'émission de CO2 par habitant est exprimé en tonnes par habitant. Le signe attendu du taux d'émission de CO2 par habitant est négatif.

Figure 6: Evolution du taux d'émission de CO2 en Côte d'Ivoire de 1970 à 2010 (tonnes par habitant)

Source : l'auteur à partir des données du ministère du plan et du développement

I.C.2.5- La part des activités extractives et de production de gaz, d'eau et d'électricité

Cette variable traduit la part de la valeur ajoutée des activités extractives et de production de gaz, de l'eau et de l'électricité exprimé en USD dans le PIB en PPA. Son évolution révèle une évolution ascendante permanente en dépit de quelques périodes de fléchissements notamment 1993-1995 et 200-2004. La moyenne sur toute la période d'étude est 2035 USD avec un taux moyen de près de 95% de hausse; elles constituent une composante essentielle du PIB. Cette variable sera utilisée comme indicateur des politiques en faveur des IDE.

Tableau 3 : Evolution de la valeur ajoutée des activités extractives en USD de 1970 à 2010

Année

1970

1980

1985

1990

1995

2000

2003

2006

2007

2010

Valeur dans le PIB

219

1330

1083

2622

2063

2504

2254

3773

4027

4800

Source : base de données UNCTAD

I.D- Tests économétriques préalables

Les tests économétriques préliminaires vont consister en l'étude de la stationnarité et en la recherche de relations de cointégration.

I.D.1- Tests de stationnarité des données

La stationnarité renvoie à la persistance d'une série suite à des chocs. Le test de stationnarité doit nous permettre de vérifier la stabilité de nos données et l'ordre d'intégration. Ces caractéristiques sont très importantes car une série stationnaire, c'est-à-dire ne contenant ni tendance ni saisonnalité ni facteurs évoluant dans le temps, permet d'éviter les régressions fallacieuses et les erreurs de prévision.

Plusieurs tests existent pour étudier la stationnarité mais la majorité présente des biais. Il est donc nécessaire, en prenant en compte les recommandations de Levine, Lin et Chu cité par Esso (2010) sur les tests de stationnarité, d'en effectuer plusieurs pour confirmer l'ordre d'intégration.

Pour notre part, nous effectuerons deux tests de racine unitaire :

-Le test Dickey-Fuller Augmenté (ADF) qui prend en compte la présence d'auto-corrélation dans les séries ;

-Le test de Phillips-Perron (PP) qui, en plus de la présence d'auto-corrélation, prend en compte la dimension d'hétéroscédasticité des séries.

I.D.2- Tests de cointégration

En fonction des résultats des tests de stationnarité des données, nous devons choisir la forme de représentation de notre modèle. A cette étape, nous devons vérifier si nos variables sont cointégrées et si notre modèle contient des relations de long terme et de court terme. Deux méthodes possibles s'offrent à nous : la méthode d'Engle et Granger (1987) et la méthode de Johansen (1988). Nous privilégierons l'approche de Johansen qui, selon KEHO (2009) et ESSO (2010), est plus efficace, lorsque nous avons plus de deux variables dans le modèle.

La finalité du test de Johansen est de nous permettre de choisir entre un modèle vectoriel autorégressif (VAR) et un modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM).

I.E- Tests de Causalité

Le sens de la causalité économique, que Bourbonnais (2003) a appelé « the causal knowledge », est un élément essentiel pour élaborer une politique économique ou pour effectuer des prévisions. En conséquence, afin de tirer les enseignements qui s'imposent, nous allons appliquer le test de causalité au sens de Granger (1987) pour dégager s'il en existe les dimensions par lesquelles l'IDE cause le développement durable.

CHAPITRE II : RESULTATS ET INTERPRETATION DES TESTS ECONOMETRIQUES

Ce chapitre nous permet de présenter les différents résultats obtenus des tests effectués sur nos données à partir de notre modèle économétrique de base et d'en faire une interprétation.

II.A- Résultats des tests économétriques

Nous présenterons successivement les résultats des tests de stationnarité, du choix de l'ordre optimal d'intégration, de la Trace de Johansen, du modèle vectoriel à correction d'erreur et de causalité.

II.A.1- Résultats des tests de stationnarité

Pour tester la stationnarité de nos données, nous avons effectué deux sortes de test : le test ADF et le test PP. Le tableau 4 fait la synthèse des résultats obtenus.

Tableau 4 : résultats des tests de stationnarité

 

ADF

PP

IDH

?(IDH)

1,471a (-3,527)

-13,977b (-1,949)

2,864c (-1,949)

-8,958b (-1,949)

PIBH

?(PIBH)

-1,314a (-3,527)

-4,368b (-1,949)

-1,666a (-3,527)

-4,353b (-1,949)

FEIDE

?(FEIDE)

-2,977a (-3,527)

-8,195b (-1,949)

-3,208a (-3,527)

-8,196b (-1,949)

ECO2H

?(ECO2H)

-2,178a (-3,527)

-5,825b (-1,949)

-2,374a (-3,527)

-5,825b (-1,949)

AEPE

?(AEPE)

-1,911a (-3,527)

-5,200b (-1,949)

-2,068a (-3,527)

-5,241b (-1,949)

Note :* significativité des deux tests : 5%. a : modèle avec tendance et constante. b : modèle avec constante  et sans trend; (.) valeur critique

Source : l'auteur à partir des données du modèle

Les tests ADF et PP donnent les mêmes conclusions : les variables pibh, idh, feide et eco2 et tchange sont toutes stationnaires en différence première sans trend ni constante. Nous allons procéder à la vérification de la cointégration de nos variables. Pour ce faire, il nous déterminer le nombre de retards de notre modèle.

II.A.2-Résultat du test de retards

Le test de recherche du nombre de retards permet de déterminer l'ordre optimal de notre modèle sous forme vectoriel. Celui-ci nous permettra de nous assurer de l'efficacité des coefficients obtenus et la puissance des tests statistiques associés. Pour réaliser ce test, nous avons utilisé les critères d'information d'Akaike(AIC), d'Hannan-Quin (HQ) et de Schwarz (SC). L'ordre optimal du modèle correspond au nombre de retards pour lequel deux au moins de ces critères sont à leur minimum.

Les critères de Schwarz (SC), de Hannan-Quinn (HQ) et de Akaike (AIC) nous indiquent que les minima des statistiques correspondent tous au retard 1 comme l'indique le tableau 5. Ces résultats nous recommandent de retenir 1 comme le nombre de retards de notre modèle.

Tableau 5 : résultats de la détermination du nombre de retards

 retards

AIC

SC

HQ

 
 
 
 

0

-3,958

-3,743

-3,882

1

 -12,509*

 -11,216*

 -12,049*

2

-12,192

-9,822

-11,349

3

-12,278

-8,830

-11051

 
 
 
 
 
 
 
 

Note : * : indication de l'ordre retenu par le critère

Source : calcul de l'auteur à partir des données du modèle

II.A.3- Résultat du test de la Trace de Johansen

Les résultats de la trace ont été obtenus en supposant la présence d'une constante et l'absence de trend déterministe dans la relation de long terme. A l'hypothèse nulle d'absence de cointégration, la valeur de la statistique de la trace, de 71,855, est supérieure à la valeur critique qui est de 69,812; il y a rejet de l'hypothèse nulle d'absence d'équation de cointégration au seuil de 5%. L'hypothèse nulle d'au plus une seule relation de cointégration est acceptée. Il en est de même pour les autres hypothèses.

Les résultats du test de la Trace de Johansen résumé dans le tableau 6, nous permettent de conclure qu'il existe effectivement une seule équation de cointégration entre les variables de notre modèle. Au regard de ce résultat, il convient, suivant le théorème de la représentation de Granger (1987), de retenir un modèle Vectoriel à Correction d'Erreur pour la suite de notre étude.

Tableau 6 : Résultat du test de la Trace de Johansen

Hypothèses du nombre d'équations de cointégration

Valeur propre maximale

Statistique de la trace Trace

Valeur critique 0.05

Probabilité

 
 
 
 
 

Aucune *

 0,609

 71,855

 69,812

 0,001

Au plus 1

 0,330

 35,241

 47,856

 0,095

Au plus 2

 0,238

 19,671

 29,798

 0,150

Au plus 3

 0,153

 9,118

 15,495

 0,134

Au plus 4

0,065

2,631

3,841

0,105

 
 
 
 
 

Note : test sur un modèle avec absence de trend déterministe et présence d'une constante au seuil de 5%

Source : calcul de l'auteur à partir des données du modèle

II.A.4- le Modèle Vectoriel à Correction d'Erreur (VECM)

Les modèles VECM permettent de faire des modélisations conjointes de dynamiques de court terme (avec les variables en différence première) et de long terme (avec les variables à niveau). Ils peuvent être interprétés comme des modèles d'ajustement qui, selon KEHO (2009) et ESSO (2010), présentent plusieurs avantages ; d'abord, ils permettent l'intervention des variables explicatives avec un décalage temporel pour pouvoir capter le temps nécessaire de l'impact d'un choc ou de la variation d'une innovation. Ensuite, les prévisions faites à partir de tels modèles sont plus fiables. Enfin, ils permettent également de faire une analyse d'impacts en termes de causalité. Le modèle à correction d'erreur que nous devons estimer est sous la forme de l'équation 5 :

Dans l'équation 5, le nombre entier p représente le nombre de retards à niveau. Par ailleurs, les coefficients , appelés force de rappel à l'équilibre, doivent être tous significativement négatifs et compris entre 0 et 1 pour que l'équation à correction d'erreur soit valide .

L'estimation du modèle à correction indique une relation de long terme donnée par l'équation 6 :

(6)

 (0.004) (0.0009) (0.002) (0,004)

Les tests de significativité nous donnent une significativité globale de l'équation (6) avec un coefficient de détermination ajusté égale à 0,8 et la probabilité de la statistique de Fisher proche de 0. Toutefois, les statistiques de Student n'indiquent une significativité que des coefficients des variables laepe et lfeide. Les chiffres entre parenthèse dans l'équation 6 indiquent les écarts types.

La relation (6) nous indique, par ailleurs que, dans le long terme, l'idh a le même sens d'évolution que toutes les variables du modèle. Cette relation confirme les thèses exposées dans la revue de la littérature. Dans le long terme, les IDE ont un impact positif sur le développement humain et, toute chose égale par ailleurs, ils ont un impact positif sur le développement durable en Côte d'Ivoire.

L'estimation du modèle à correction d'erreur indique également que les coefficients des termes d'erreur sont positifs pour les équations DLFEIDE, DLPIBH et DPLAEPE. Celui de DLDIH est néanmoins négatif avec une valeur de -0,08 et significatif. Ce résultat nous permet de confirmer le test de Johansen et d'identifier l'équation DLIDH comme la seule équation de cointégration. Dans cette dynamique de court terme, seule la variable indicatrice des activités extractives et de production du gaz, de l'eau et de l'électricité a un impact positif sur l'IDH ; toutes les autres variables ont un impact négatif. Par ailleurs l'observation de la statistique de Student indique seules les variables DLIDH, DLECO2H et la constante sont significatives.

Tableau 7 : résultat de l'estimation du modèle à correction d'erreur

 

D(LIDH)

 
 
 
 

CointEq(-1)

-0,084

 

 (0,033)

D(LIDH(0))

 0,084

 

 (0,040)

D(LFEIDE(0))

-0,001

 

 (0,001)

D(LECO2H(0))

-0,001

 

 (0,001)

D(LAEPE_PIB(0))

 0,003

 

 (0,001)

D(LPIBH(0))

-0,003

 

 (0,002)

 
 

C

 0,0012

 

 (0,001)

Source : l'auteur à partir des données du modèle

Ces résultats se prêtent difficilement à l'analyse économique et ne rendent toute fois pas compte des inter-corrélations entre les différentes variables du modèle. Il est nécessaire de les renforcer par un test de causalité.

II.A.5- Résultat du test de causalité au sens de Granger

L'analyse de la causalité doit nous permettre de connaître quelles sont les influences statistiquement significatives de notre modèle. Son étude est donc un préalable à l'appréciation de la dynamique du modèle.

Selon Toda et Phillips (1993) rapporté par Keho (2009), le test de causalité au sens de Granger peut être effectué dans un modèle à correction d'erreur. Il revient à effectuer un test de causalité sur la dynamique de court terme et la dimension de long terme portant sur les coefficients associés aux valeurs passées des variables causales du modèle. Les résultats du test de causalité de long terme sont consignés dans le tableau 7.

Les résultats du test de causalité bi-variée à long terme au sens de Granger, au seuil de 5%, indiquent une relation de causalité unidirectionnelle des IDE vers l'IDH et deux relations de causalité unidirectionnelle de l'IDH vers le PIB et l'AEPE. On peut alors dire que les flux entrants d'IDE causent, à long terme, le développement durable capté par l'IDH. La première relation est conforme à l'équation de long terme obtenue quant à l'effet positif et significatif des flux d'IDE sur l'IDH.

Tableau 8 : Résultat du test et du sens de causalité bivariée de Granger à long terme

Hypothèse nulle:

Obs

F-Statistic

Prob. 

 
 
 
 

 LPIBH does not Granger Cause LIDH

 40

 9,009

0,992

 LIDH does not Granger Cause LPIBH

 7,099

0,011

 
 
 
 
 
 
 
 

 LFEIDE does not Granger Cause LIDH

 40

 5,471

0,025

 LIDH does not Granger Cause LFEIDE

 3,166

0,083

 
 
 
 
 
 
 
 

 LECO2H does not Granger Cause LIDH

 40

 0,251

0,620

 LIDH does not Granger Cause LECO2H

 0,003

0,956

 
 
 
 
 
 
 
 

 LAEPE_PIB does not Granger Cause LIDH

 40

 1,002

0,323

 LIDH does not Granger Cause LAEPE_PIB

 6,890

0,013

 
 
 
 
 
 
 
 

 LFEIDE does not Granger Cause LPIBH

 40

 0,021

0,964

 LPIBH does not Granger Cause LFEIDE

 0,869

0,358

 
 
 
 
 
 
 
 

 LECO2H does not Granger Cause LPIBH

 40

 1,193

0,282

 LPIBH does not Granger Cause LECO2H

 0,033

0,857

 
 
 
 
 
 
 
 

 LAEPE_PIB does not Granger Cause LPIBH

 40

 0,061

0,806

 LPIBH does not Granger Cause LAEPE_PIB

 0,737

0,396

 
 
 
 
 
 
 
 

 LECO2H does not Granger Cause LFEIDE

 40

 0,008

0,928

 LFEIDE does not Granger Cause LECO2H

 0,187

0,669

 
 
 
 
 
 
 
 

 LAEPE_PIB does not Granger Cause LFEIDE

 40

 1,283

0,265

 LFEIDE does not Granger Cause LAEPE_PIB

 0,205

0,653

 
 
 
 
 
 
 
 

 LAEPE_PIB does not Granger Cause LECO2H

 40

 0,033

0,876

 LECO2H does not Granger Cause LAEPE_PIB

 2,064

0,159

 
 
 
 
 
 
 
 

Source : l'auteur à partir des données

Les résultats du test de causalité bi-variée, à court terme, au sens de Granger sont présentés dans le tableau 8. Ceux-ci n'indiquent qu'une seule relation de causalité unidirectionnelle partant de l'IDH vers l'AEPE. Cette conclusion confirme un des résultats du test de causalité de long terme. Elle pourra servir à une meilleure compréhension de l'équation à correction d'erreur obtenue au tableau 7.

Tableau 9 : résultat du test et du sens de causalité bivariée de court terme

 Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Prob. 

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLPIBH does not Granger Cause DLIDH

 39

 0.23657

0.6296

 DLIDH does not Granger Cause DLPIBH

 0.80284

0.3762

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLECO2H does not Granger Cause DLIDH

 39

 2,964

0,093

 DLIDH does not Granger Cause DLECO2H

 0,162

0,689

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLFEIDE does not Granger Cause DLIDH

 39

 0,041

0,949

 DLIDH does not Granger Cause DLFEIDE

 0,042

0,839

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLAEPE_PIB does not Granger Cause DLIDH

 39

 0,001

0,978

 DLIDH does not Granger Cause DLAEPE_PIB

 1,252

0,271

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLECO2H does not Granger Cause DLPIBH

 39

 0,031

0,860

 DLPIBH does not Granger Cause DLECO2H

 0,074

0,787

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLFEIDE does not Granger Cause DLPIBH

 39

 3,778

0,059

 DLPIBH does not Granger Cause DLFEIDE

 0,025

0,874

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLAEPE_PIB does not Granger Cause DLPIBH

 39

 1,720

0,198

 DLPIBH does not Granger Cause DLAEPE_PIB

 7,055

0,012

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLFEIDE does not Granger Cause DLECO2H

 39

 0,339

0,564

 DLECO2H does not Granger Cause DLFEIDE

 1,760

0,193

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLAEPE_PIB does not Granger Cause DLECO2H

 39

 0,169

0,683

 DLECO2H does not Granger Cause DLAEPE_PIB

 0,105

0,748

 
 
 
 
 
 
 
 

 DLAEPE_PIB does not Granger Cause DLFEIDE

 39

 0,086

0,718

 DLFEIDE does not Granger Cause DLAEPE_PIB

 3,662

0,064

 
 
 
 
 
 
 
 

Note : seuil de significativité : 5%

Source : l'auteur à partir des données

I.B- Interprétation des résultats

Les résultats des différents tests montrent que les IDE entrants en Côte d'Ivoire ont un impact direct positif sur l'IDH en se référant à la période de 1970-2010. En effet, à long terme, l'élasticité du log d'IDH par rapport au log des flux entrants d'IDE est de 0,3%.Les tests statistiques ont montré que cette élasticité est significative dans l'explication de l'IDH. Par ailleurs, les tests de causalité ont identifié une relation de causalité de long terme partant des IDE vers l'IDH. Il n'apparaît aucune autre relation de causalité entre les IDE et les autres variables du modèle. En plus de ces résultats, il faut ajouter l'importance révélée de la variable indiquant les activités extractives et de production de l'eau, du gaz et de l'électricité. En effet, les tests de causalité indiquent une causalité unidirectionnelle de court terme et de long terme de l'IDH vers l'AEPE.

Ces résultats appellent plusieurs commentaires.

En premier lieu, ils indiquent l'importance des IDE pour le développement durable de la Côte d'Ivoire, notamment pour l'amélioration des conditions sociales et le niveau de vie de la population. En effet le fait que les flux entrants d'IDE soient un déterminant de l'IDH confirme certaines thèses défendues par les théories de la croissance endogène et celles favorables au développement durable ; pour celles-ci, l'intégration des investissements étrangers à l'économie locale a des effets directs et des spillovers importants pour les entreprises nationales et la main d'oeuvre active. De ce fait, l'arrivée d'IDE est porteuse de retombées positives sur la qualité de vie et la qualification des travailleurs en Côte d'Ivoire.

L'arrivée des investisseurs et des travailleurs étrangers a également des effets d'entraînement et d'imitation sur la population. En effet, les efforts importants de ces entreprises et de l'Etat pour créer une main d'oeuvre capable de répondre aux besoins de ces investissements conduisent à une modification de la structure de la société qui cherche à s'adapter à des nouveaux modes de vie. L'implication des entreprises multinationales dans la réalisation d'ouvrages ruraux pour l'accès à l'éducation, à l'eau potable et l'électrification rurale joue un rôle indéniable, à cet effet.

Dans un second temps, l'absence de causalité entre le PIBH et les IDE traduit la faiblesse, certes positive, des dépendances entre ces deux variables. Ainsi, d'une part, ce ne sont pas principalement les performances dans la croissance économique qui ont attiré les IDE en Côte d'Ivoire, et, d'autre part, l'afflux d'IDE n'est pas assez important pour améliore créer une croissance soutenue ; des insuffisances dans l'orientation des IDE par secteurs d'activité et sur l'espace national portent en partie cette absence de causalité. Ce résultat peut traduire également des insuffisances dans les choix en matière de stratégie de développement ivoirien basé sur une économie agricole extravertie qui accorde peu d'opportunités à la compétitivité interne. On trouve également une explication dans la grande vulnérabilité de cette économie à la conjoncture économique et financière internationale; l'attention au profit des investisseurs étrangers peut avoir des limites et ne produit pas l'effet économique escompté. Ces insuffisances pourraient également justifier la faiblesse de l'élasticité du LIDH par rapport à LPIBH (0,3%).

Enfin, ces résultats relèvent l'absence de causalité entre les IDE et le taux d'émission de CO2 par habitant. Cela signifie que les IDE ne sont pas à la base de la pollution en Côte d'Ivoire, particulièrement au niveau des émissions de CO2. De même, ce ne sont pas les politiques environnementales qui attirent les IDE en Côte d'Ivoire ; ceci pourrait expliquer pourquoi la prise en compte des conditions environnementales est faible dans le code des investissements et le DSRP. Toutefois, la relation de long terme indique une élasticité positive entre le taux d'émission de CO2 et l'IDH. Cette indication fait dire que la pollution participe à l'amélioration de l'IDH. Ceci est conforme à la situation des pays en développement dont la Côte d'Ivoire. En effet, ces pays sont encore largement en dessous de leurs objectifs économiques dont la satisfaction provient principalement de l'exploitation de leurs ressources naturelles. Dans ces économies croissance et pollution évoluent ensemble.

Toute fois, dans l'optique du développement durable, ce résultat interpelle sur le fait que dans la poursuite des objectifs économiques, la prise en comptes des impératifs environnementaux doit être de mise afin de ne pas dévier des priorités sociales notamment l'amélioration du capital humain. Il est alors impératif que les modes de production soient révisés notamment dans les secteurs agricoles et agro-industriels qui sont les plus gros secteurs pollueurs en Côte d'Ivoire. Dans cette optique les IDE sont également très attendus car devant être les vecteurs de transmission des technologies propres au profit de l'économie et des entreprises nationales.

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les IDE sont un centre d'intérêt particulier pour les autorités sous-régionales et ivoiriennes, en raison de leur importance dans le système financier et industriel mondial. Cette étude a été initiée pour mesurer leurs contributions au développement durable de la Côte d'Ivoire. Pour cela nous avons choisi l'IDH comme indicateur du développement durable et pris en compte les trois dimensions économique, sociale et l'environnementale, en choisissant un indicateur pour chaque dimension. Ainsi avons-nous choisis le PIB par habitant comme indicateur de l'aspect économique et social et le taux d'émission de CO2 par habitant pour l'aspect environnemental. Nous avons intégré une variable indicatrice de la politique commerciale en choisissant la valeur ajoutée des activités extractives et de production du gaz, de l'eau et de l'électricité rapportée au PIB.

La méthodologie suivie pour conduire les tests statistiques est basée sur un modèle vectoriel à correction d'erreur et les tests de causalité bi-varié de Granger. Les tests économétriques montrent qu'à long terme, les flux entrants d'IDE ont un impact positif sur l'Indice de Développement Humain (IDH) et donc sur le développement durable. En plus, une relation de causalité a été obtenue des flux entrants d'IDE par PIB vers l'IDH ; ce qui n'est pas le cas avec des IDE vers le PIBH, le taux d'émission de CO2 par habitant (ECO2H) et la part des activités extractives et de production du gaz, de l'eau et l'électricité dans le PIB. Ces résultats n'ont toutefois pas pu être confirmés par la dynamique de court terme.

En définitive ces conclusions indiquent l'importance des IDE pour le développement durable ; elles concordent en grande partie avec la littérature empirique sur les liens entre les IDE et le développement du capital humain ; en effet par ses effets positifs directs et indirects sur les conditions du capital humain, les IDE peuvent influencer développement durable. La Côte d'Ivoire gagnerait alors à maintenir ses politiques d'attractivité des IDE afin de faire face à ses obligations d'offrir de meilleures conditions éducatives, sanitaires, de vie et de cadre de vie à sa population.

Toutefois, cette étude a révélé des déficits dans la politique des IDE dont l'une des conséquences est la faiblesse de l'impact attendu. En fait, les stratégies de développement fondées uniquement sur les mesures d'attrait des IDE ne sont pas suffisantes pour engendrer le développement durable dans toutes ses dimensions. Il est indéniable de prendre en compte les objectifs sociaux et environnementaux dans les discussions avec les investisseurs étrangers. Ces dispositions doivent concerner prioritairement les investissements dans les secteurs extractifs miniers, minéraliers pétroliers et dérivés ainsi que les secteurs agro-industriel et de la construction car ils sont en première ligne dans la pollution en Côte d'Ivoire, notamment dans la zone rurale et péri-urbaine. Les investisseurs étrangers doivent être pleinement associés et intégrés dans le plan national de développement durable. Ils doivent pouvoir participer à l'amélioration des conditions éducatives, sociales, environnementales et de vie des populations à proximité de leurs lieux d'implantation. Une commission nationale serait nécessaire afin d'assurer le suivi de cet aspect du plan de développement durable.

Une autre faiblesse à relever dans le cadre de la promotion des IDE est de ne pas offrir de réelles opportunités d'épanouissement aux entreprises et investisseurs locaux. Or c'est la prospérité des entreprises privées nationales qui pourra créer la croissance durable et soutenue recherchée. Il importe alors de renforcer l'encadrement et le suivi des initiatives et entreprises locales notamment les PME et PMI et de l'accompagner par un secteur financier public capable de contourner les hésitations des banques classiques, surtout dans cette période de sortir d'une crise qui a porté un coup aux activités nationales. Ce soutien leur permettra de se mettre à niveau afin d'être aptes à l'appropriation des savoir-faire et des besoins des firmes arrivantes.

Au niveau du cadre de vie, même si la situation n'est pas alarmante, les autorités ivoiriennes ne doivent pas perdre de vue la qualité de l'environnement. Sa sauvegarde ne doit pas rester seulement dans des slogans et autres campagnes de publicité. Il est nécessaire, dans la stratégie de développement durable de la Côte d'Ivoire, de mettre en place des techniques précises de protection de l'environnement basées sur l'éducation et la formation de la population ; toutes les forces vives doivent être intégrées dans toutes les politiques environnementales et de gestion des ressources naturelles.

Enfin, comme nous l'avons déjà souligné, le modèle de développement ivoirien souffre du manque de coordination entres les différentes stratégies et programmes prises en compte dans le cadre du développement durable. C'est pourquoi il est plus qu'urgent que soit mise en place « la commission du développement durable » ; celle-ci sera chargée de la synergie, de la coordination et de l'harmonisation des programmes nationaux de développement économique, social et de préservation des ressources nationales. En effet, le développement durable intègre des acteurs divers dont l'Etat est l'artisan central. Alors, pour que leurs actions produisent les résultats escomptés, l'Etat doit mettre en avant sa capacité à promouvoir, organiser et accompagner ce processus. Cette implication aura l'avantage de la précision des choix à faire en intégrant les particularités communautaires et de la définition des dispositions règlementaires devant réguler les rapports sociaux. Elle va ainsi créer les conditions de l'appropriation de ce processus par les composantes de la vie socio-économique nationale, en tenant compte du contexte international ; cela facilitera l'identification des groupes vulnérables et la mesure de l'impact des actions menées.

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ANNEXES

Annexe 1 ; Résultats des tests de stationnarité

Test ADF à niveau sur le PIBH

Null Hypothesis: PIBH has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

 2.417372

 0.9955

Test critical values:

1% level

 

-2.624057

 
 

5% level

 

-1.949319

 
 

10% level

 

-1.611711

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test ADF en différence première sur PIBH

Null Hypothesis: D(PIBH) has a unit root

 

Exogenous: None

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-4.368309

 0.0001

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test PP à niveau sur PIBH

Null Hypothesis: PIBH has a unit root

 

Exogenous: None

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

 2.161580

 0.9916

Test critical values:

1% level

 

-2.624057

 
 

5% level

 

-1.949319

 
 

10% level

 

-1.611711

 
 
 
 
 
 

Test PP en différence première sur PIBH

Null Hypothesis: D(PIBH) has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Bandwidth: 2 (Newey-West automatic) using Bartlett kernel

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

-4.352930

 0.0001

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité ADF sur IDH

Null Hypothesis: IDH has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Lag Length: 1 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

 7.514746

 1.0000

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Test de stationnarité ADF en différence première sur IDH

Null Hypothesis: D(IDH) has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-13.97735

 0.0000

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité PP à niveau sur IDH

Null Hypothesis: IDH has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Bandwidth: 2 (Newey-West automatic) using Bartlett kernel

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

 2.863663

 0.9986

Test critical values:

1% level

 

-2.624057

 
 

5% level

 

-1.949319

 
 

10% level

 

-1.611711

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité en différence première de PP sur IDH

Null Hypothesis: D(IDH) has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Bandwidth: 5 (Newey-West automatic) using Bartlett kernel

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

-8.958089

 0.0000

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Test de stationnarité ADF à niveau sur FEIDE

Null Hypothesis: FEIDE has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-1.185386

 0.2117

Test critical values:

1% level

 

-2.624057

 
 

5% level

 

-1.949319

 
 

10% level

 

-1.611711

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité ADF en différence première sur FEIDE

Null Hypothesis: D(FEIDE) has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-8.195953

 0.0000

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité PP à niveau sur FEIDE

Null Hypothesis: FEIDE has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Bandwidth: 2 (Newey-West automatic) using Bartlett kernel

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

-1.043601

 0.2625

Test critical values:

1% level

 

-2.624057

 
 

5% level

 

-1.949319

 
 

10% level

 

-1.611711

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité PP en différence première sur FEIDE

Null Hypothesis: D(FEIDE) has a unit root

 

Exogenous: None

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

-8.195953

 0.0000

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité ADF à niveau sur ECO2H

Null Hypothesis: ECO2 has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-1.053769

 0.2587

Test critical values:

1% level

 

-2.624057

 
 

5% level

 

-1.949319

 
 

10% level

 

-1.611711

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Test de stationnarité ADF en différence première sur ECO2H

Null Hypothesis: D(ECO2) has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-5.824799

 0.0000

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Test de stationnarité PP à niveau sur ECO2H

Null Hypothesis: ECO2 has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Bandwidth: 0 (Newey-West automatic) using Bartlett kernel

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

-1.053769

 0.2587

Test critical values:

1% level

 

-2.624057

 
 

5% level

 

-1.949319

 
 

10% level

 

-1.611711

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité PP en différence première sur ECO2H

Null Hypothesis: D(ECO2) has a unit root

 

Exogenous: None

 
 

Bandwidth: 1 (Newey-West automatic) using Bartlett kernel

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

-5.825435

 0.0000

Test critical values:

1% level

 

-2.625606

 
 

5% level

 

-1.949609

 
 

10% level

 

-1.611593

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité ADF à niveau sur aepe

Null Hypothesis: AEPE_PIB has a unit root

 

Exogenous: Constant, Linear Trend

 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-1.902216

 0.6348

Test critical values:

1% level

 

-4.205004

 
 

5% level

 

-3.526609

 
 

10% level

 

-3.194611

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 

Test de stationnarité ADF en différence première sur aepe

Null Hypothesis: D(AEPE_PIB) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=9)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

t-Statistic

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Augmented Dickey-Fuller test statistic

-5.456760

 0.0001

Test critical values:

1% level

 

-3.610453

 
 

5% level

 

-2.938987

 
 

10% level

 

-2.607932

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité PP à niveau sur aepe

Null Hypothesis: AEPE_PIB has a unit root

 

Exogenous: Constant, Linear Trend

 

Bandwidth: 2 (Newey-West automatic) using Bartlett kernel

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

-2.123696

 0.5174

Test critical values:

1% level

 

-4.205004

 
 

5% level

 

-3.526609

 
 

10% level

 

-3.194611

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Test de stationnarité PP en différence première sur aepe

Null Hypothesis: D(AEPE_PIB) has a unit root

 

Exogenous: Constant

 
 

Bandwidth: 1 (Newey-West automatic) using Bartlett kernel

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Adj. t-Stat

  Prob.*

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Phillips-Perron test statistic

-5.459251

 0.0001

Test critical values:

1% level

 

-3.610453

 
 

5% level

 

-2.938987

 
 

10% level

 

-2.607932

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

 

Annexe 2: estimation du modèle à correction d'erreur

 Vector Error Correction Estimates

 
 
 

 Date: 01/02/13 Time: 11:33

 
 
 

 Sample (adjusted): 1972 2010

 
 
 

 Included observations: 39 after adjustments

 
 

 Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Cointegrating Eq: 

CointEq1

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

LIDH(-1)

 1.000000

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

LFEIDE(-1)

-0.002642

 
 
 
 
 

 (0.00086)

 
 
 
 
 

[-3.05581]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

LECO2H(-1)

-0.001685

 
 
 
 
 

 (0.00158)

 
 
 
 
 

[-1.06859]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

LAEPE_PIB(-1)

-0.014109

 
 
 
 
 

 (0.00374)

 
 
 
 
 

[-3.77348]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

LPIBH(-1)

-0.003174

 
 
 
 
 

 (0.00428)

 
 
 
 
 

[-0.74204]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

C

-0.176686

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Error Correction:

D(LIDH)

D(LFEIDE)

D(LECO2H)

D(LAEPE_PIB)

D(LPIBH)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

CointEq1

-0.083705

 37.66518

 13.47564

 15.04801

 18.76738

 

 (0.03340)

 (26.9197)

 (16.3148)

 (6.24109)

 (4.79254)

 

[ 2.50598]

[ 1.39917]

[ 0.82598]

[ 2.41112]

[ 3.91596]

 
 
 
 
 
 

D(LIDH(-1))

 0.083583

-34.77588

 0.896909

-2.165038

-7.551478

 

 (0.04018)

 (32.3859)

 (19.6276)

 (7.50837)

 (5.76569)

 

[ 2.07997]

[-1.07380]

[ 0.04570]

[-0.28835]

[-1.30973]

 
 
 
 
 
 

D(LFEIDE(-1))

-5.93E-05

-0.360076

 0.095103

-0.044858

-0.032829

 

 (0.00021)

 (0.17030)

 (0.10321)

 (0.03948)

 (0.03032)

 

[-0.28076]

[-2.11436]

[ 0.92144]

[-1.13615]

[-1.08279]

 
 
 
 
 
 

D(LECO2H(-1))

-0.000744

-0.431495

 0.025485

-0.005400

-0.015550

 

 (0.00037)

 (0.29708)

 (0.18004)

 (0.06887)

 (0.05289)

 

[-2.01810]

[-1.45248]

[ 0.14155]

[-0.07840]

[-0.29401]

 
 
 
 
 
 

D(LAEPE_PIB(-1))

 0.002772

 1.607950

-0.128321

-0.175682

 0.083097

 

 (0.00147)

 (1.18788)

 (0.71992)

 (0.27540)

 (0.21148)

 

[ 1.88052]

[ 1.35364]

[-0.17824]

[-0.63792]

[ 0.39293]

 
 
 
 
 
 

D(LPIBH(-1))

-0.003193

-1.661883

-0.074945

 0.522946

 0.267712

 

 (0.00169)

 (1.36595)

 (0.82784)

 (0.31668)

 (0.24318)

 

[-1.88375]

[-1.21665]

[-0.09053]

[ 1.65133]

[ 1.10088]

 
 
 
 
 
 

C

 0.001184

 0.069051

 0.011793

 0.057157

 0.056602

 

 (0.00015)

 (0.12368)

 (0.07495)

 (0.02867)

 (0.02202)

 

[ 7.71318]

[ 0.55832]

[ 0.15733]

[ 1.99338]

[ 2.57068]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 R-squared

 0.478649

 0.210845

 0.048975

 0.373918

 0.488131

 Adj. R-squared

 0.380896

 0.062878

-0.129342

 0.256527

 0.392155

 Sum sq. resids

 1.77E-05

 11.47996

 4.216618

 0.617049

 0.363857

 S.E. equation

 0.000743

 0.598956

 0.363000

 0.138863

 0.106633

 F-statistic

 4.896501

 1.424947

 0.274653

 3.185251

 5.085992

 Log likelihood

 229.4969

-31.49091

-11.96030

 25.51557

 35.81522

 Akaike AIC

-11.41010

 1.973893

 0.972323

-0.949516

-1.477703

 Schwarz SC

-11.11151

 2.272481

 1.270911

-0.650928

-1.179115

 Mean dependent

 0.001334

 0.017496

-0.002444

 0.076284

 0.068146

 S.D. dependent

 0.000945

 0.618724

 0.341582

 0.161047

 0.136771

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 Determinant resid covariance (dof adj.)

 1.45E-12

 
 
 

 Determinant resid covariance

 5.39E-13

 
 
 

 Log likelihood

 274.1563

 
 
 

 Akaike information criterion

-12.00802

 
 
 

 Schwarz criterion

-10.30180

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


* 1 : www.unctad.org

* 2 OCDE, (1998) Pour l'ouverture des marchés : les avantages des échanges et de l'investissement », Problèmes économiques, no 2611-2612, 7-14 avril 1999.

* 3 Mainguy, C. (2004) : «l'impact des investissements directs étrangers sur les économies en développement«, revue régional et développement n°20.

* 4 Voir Rapport du club de Rome (1972), «the limits to Growth«

* 5 Externalités positives indirectes des IDE sur l'économie d'accueil

* 6( CNUCED, 2002)

* 7 www.undp.org

* 8 Voir étude de Hamida et Fekhi ( ), «Energie, émissions polluantes et développement économique en Tunisie«

* 9 PNUD (2008) : «Rapport sur le développement humain 2007/2008

* 10 Rapporté par Lahimer N. (2009)

* 11 Chiffres de UNTCAD (2010)

* 12 BCEAO, (2007), «Rapport annuel«, BCEAO

* 13 : Rapporté par la Mission Economique de l'Ambassade de France sur le site www.izf.net

* 14 BCEAO, (2007)

* 15 Sen A., (1985), «Commodities and Capabilities«, Amsterdam: North Holland

* 16 Pingault, N. (2007), «Indicateurs de développement durable : un outil de diagnostic et d'aide à la décision«, Notes et Etudes Economiques n°28, pp 7-43).

* 17 Une bonne efficacité économique par exemple ne peut compenser des dégradations irréversibles de l'environnement).

* 18 Streeten P (1995), «le développement humain : le débat autour de l'indicateur«, Revue Internationale des Sciences Sociales, Paris, UNESCO, pp. 35-49

* 19 C'est « le paradoxe de Erika » dénoncé par Viveret M.(2003)

* 20 Terme anglais: : Index of Sustainable Economic Welfare proposé par le World Resources Institute des Nations Unies

* 21 apparu dans le rapport de 1996 du PNUD

* 22 Déclaration de Helen Clark administrateur du PNUD à la conférence sur le développement durable du 29 juin 2012 intitulé « Au-delà du PIB, l'avenir que nous voulons» à Rio

* 23 www.unctad.org

* 24 www.undp.org

* 25Nangbé(2010), «Depenses publiques en infrastructures de base et indicateur de developpement humain (IDH) au Benin«, université d'Abomey Calavi






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