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Investissements directs étrangers et développement durable. Cas de la côte d'Ivoire

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par Louis Kouamé CANINGAN
Faculté universitaire privée d'Abidjan (FUPA) - Master II recherche 2012
  

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PARTIE 2 : MODELISATION ECONOMETRIQUE DU LIEN IDE-DEVELOPPEMENT DURABLE

Le développement durable est un processus multidirectionnel que l'on tente de cerner à travers les trois dimensions suivantes : l'économie, le social et l'environnement. La première dimension représente l'aspect physique du développement durable et est souvent assimilé à la croissance ; dans notre étude elle sera représentée pat le PIB par tête. La seconde dimension concerne les conditions de vie de la population à savoir l'éducation, la santé, les libertés et les standards de vie. Enfin, la dernière dimension concerne l'aspect environnemental notamment la pollution, l'accès à l'eau potable, le cadre de vie, les conditions climatiques, etc.

La modélisation que nous tentons de faire ici cherche à comprendre si les IDE peuvent être déterminants pour le développement durable de la Côte d'Ivoire. En effet, nous cherchons à vérifier si les choix actuels des gouvernants en matière d'investissement et d'incitation aux profits des investisseurs privés étrangers sont pertinents et porteurs de retombées positives à court et/ou à long terme. Cette vérification passera par l'analyse de la causalité entre les IDE et chaque dimension retenue pour le développement durable ; nous retiendrons qu'il y a effectivement effet sur le développement durable si les IDE causent au moins un de ces indicateurs. Pour ce faire, cette partie de notre étude sera consacré d'une part, à la présentation de notre démarche économétrique et, d'autre part, à la présentation des résultats obtenus et leur interprétation.

CHAP I : DEMARCHE ECONOMETRIQUE

Le présent travail emprunte l'approche inductive appuyée par des techniques économétriques. Nous allons utiliser un modèle structurel capable de tenir compte de l'interdépendance des variables macroéconomiques représentant les créneaux à travers lesquels l'IDE influence le développement durable. Ce modèle doit nous permettre de dégager, s'il en existe, les mécanismes explicatifs directs ou indirects par lesquels l'IDE agit positivement ou négativement sur le développement de la Côte d'Ivoire. Cette démarche économétrique, réalisée à partir de la méthodologie de traitements des séries temporelles, se déroule en cinq étapes :

-le choix de l'indicateur du développement durable ;

-l'analyse des données ;

- les tests économétriques préalables;

- la spécification du modèle empirique ; 

-les tests de causalité;

I.A- Choix de l'indicateur du développement durable

Sen (1985)15(*) explique l'échec des politiques de développement des décennies passées par l'inexistence de dotations et «capabilités«. Le développement est désormais perçu comme l'aboutissement de la combinaison d'une croissance soutenue, de l'élargissement des capacités à mieux s'épanouir sur tous les plans matériel, culturel, social et du cadre de vie et de la préservation de l'environnement. Il doit intégrer la croissance économique, l'élargissement des capacités à mieux s'épanouir et une meilleure préservation de l'environnement. Le développement est en ce sens appréhendé par les trois dimensions économique, sociale et environnementale qui interagissent. Le développement n'est durable que s'il est « économiquement » viable, « écologiquement » durable, socialement équitable » comme l'indique Pingault16(*) (2007). Sen parle alors de développement humain et durable qui doit être harmonieux dans ses trois dimensions17(*).

Dans la mise en oeuvre de ce nouveau modèle de développement, les attentes entre les pays du nord et ceux du sud ne se situent pas au même niveau de priorités même si une convergence des politiques dans le long terme est envisageable. Les pays en développement sont toujours confrontés à des problèmes de croissance et de lutte contre la pauvreté ; le coût d'opportunité de la lutte contre la pauvreté est plus important, à court et moyen terme, par rapport à la protection de l'environnement et à la préservation des ressources. Contrairement, dans les pays développés, les objectifs sociaux sont suffisamment satisfaits et l'intensité de la production a atteint un tel niveau que la menace sur le cadre de vie est inévitable ; la hausse de la productivité peut avoir des effets pervers relevés par les économistes de la décroissance.

Si pour les pays développés, les aspects économie, social et environnement tiennent les mêmes niveaux d'importances pertinentes dans le cadre de la mise en oeuvre de leur programme de développement durable, les ordres de priorités ne sont pas identiques dans toutes les régions du monde. En Afrique, l'ordre d'importance part d'abord du social, puis la croissance et enfin l'environnement. De ce fait la construction d'un indice de développement durable devrait tenir compte de cette configuration des priorités dans le cadre des politiques de développement durable.

Tout ce débat montre à quel point il est difficile de construire un indicateur synthétique, acceptable et compréhensible par tous, qui couvrirait les trois dimensions du développement durable et pourrait servir d'outil de diagnostic et de décision. En effet, selon Streeten (1995)18(*), il ne suffit plus seulement d'être développé ou d'avoir un indicateur sur les besoins essentiels, mais il faut que les individus aient la capacité d'en profiter ; c'est l'expression du «droit au développement«. Dans les différentes contributions, il y a eu plusieurs tentatives de construction d'indicateurs et d'indice pour capter le développement durable. Parmi ceux-ci, on peut citer :

Ø le PIB traditionnel, la puissance économique est souvent mesurée par le taux de croissance du PIB, qui est la somme des richesses monétaires créées par un pays pendant une année. Il est reconnu et accepté de tous et en permanence utilisé comme outil d'aide à la décision. Toutefois, on lui reproche d'additionner indifféremment toutes les activités qui génèrent des flux monétaires quelle que soit la nature de ces activités19(*). Le PIB est donc un indicateur de flux et non de stock (qui décrirait l'état du patrimoine). L'information contenue dans le PIB est donc faible pour évaluer la performance et la durabilité du mode de développement d'un pays ; le PIB est insuffisant pour mesurer le développement.

Ø le GPI (Genuine Progress Indicator ou indicateur de progrès véritable) proposé depuis 1995 par l'institut californien Redefining Progress : il consiste à ajouter à la mesure traditionnelle de la consommation des ménages, diverses contributions à la vraie richesse et au bien-être (activité bénévole, travail domestique, etc.) et à en soustraire la valeur estimée des richesses naturelles perdues (dommages à l'environnement, destruction des ressources non renouvelables) et aussi sociales (coût social du chômage, des délits, des accidents de la route, progression des inégalités, etc.).

Ø l'IDH (Indice de Développement Humain): initié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) depuis 1990, cet indice composite privilégie la longévité, l'instruction et le niveau de vie. Au départ moyenne arithmétique des indicateurs de durée de vie, de niveau d'éducation et de PIB réel corrigé par la PPA, l'IDH est actuellement calculé à partir de quatre variables de base ; le revenu, l'espérance de vie à la naissance, l'alphabétisation des adultes et le nombre moyen d'années d'étude. Cet indice traduit également la perception de Sen (1985) du développement qui s'interprète comme la «possibilité« fondamentale d'intégration d'un ou plusieurs individus dans la société. Cette possibilité repose sur trois composantes : vivre sainement pendant longtemps, acquérir la connaissance et l'information et accéder à des ressources assurant un niveau de vie décent. Chaque année, dans son rapport mondial sur le développement humain, le PNUD classe les pays du monde selon cet indice sur une échelle de 0 à 1.Chaque critère retenu comporte une valeur maximale et minimale. Ainsi, l'espérance de vie à la naissance est estimée entre 25 ans et 85 ans, l'alphabétisation entre 0% et 100%, le taux de scolarisation entre 0% et 100% et le PIB réel par habitant par PPA entre 100 USD et 40 000USD. Dans son classement, le PNUD distingue les pays à développement humain élevé (IDH supérieur à 0,804), les pays à développement humain moyen (IDH supérieur à 0,507) et les pays à développement humain faible (IDH inférieur à 0,507). En 2005, la France arrive à la 16ème place en termes de développement humain.

Ø l'ISEW20(*) (indice du Développement Economique Soutenable): cet indice tente de mesurer le bien-être économique à long terme en corrigeant l'indicateur de la consommation des ménages par des facteurs environnementaux et sociaux.

Ø l'indice de pénurie de capacités21(*) : c'est un indice développé au profit de 101 pays en voie de développement. Il s'appuie sur le taux d'enfants de moins de cinq ans présentant une insuffisance pondérale, le taux de naissance non suivi par du personnel qualifié de santé, le taux d'analphabétisme chez les femmes âgées de quinze ans et plus. Suivant cet indice, la Côte d'Ivoire est classée dans le tiers inférieur.

Aucun des indicateurs présentés précédemment n'est à l'abri de critiques. Toutefois, au regard de toutes ces contributions et la disponibilité des données, nous faisons le choix de l'IDH comme indicateur synthétique du développement durable. En effet, comme Hellen Clark et le PNUD, nous sommes convaincus que l'Indice de développement humain peut constituer un outil de mesure plus complet du développement durable22(*). D'abord les corrections actuelles apportées dans le calcul tiens compte des attentes du développement durable car il prend en compte les dimensions économique, sociale et environnementale sur un pied avec le même coefficient de pondération. Ensuite, nous estimons que le PNUD est un partenaire dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de développement durable et l'indice qu'il propose est mondialement reconnu et concourt à des prises de décision dans les pays développés comme sous-développés. Enfin, c'est l'indice le plus aisé à construire pour la Côte d'Ivoire, compte tenu des informations disponibles.

* 15 Sen A., (1985), «Commodities and Capabilities«, Amsterdam: North Holland

* 16 Pingault, N. (2007), «Indicateurs de développement durable : un outil de diagnostic et d'aide à la décision«, Notes et Etudes Economiques n°28, pp 7-43).

* 17 Une bonne efficacité économique par exemple ne peut compenser des dégradations irréversibles de l'environnement).

* 18 Streeten P (1995), «le développement humain : le débat autour de l'indicateur«, Revue Internationale des Sciences Sociales, Paris, UNESCO, pp. 35-49

* 19 C'est « le paradoxe de Erika » dénoncé par Viveret M.(2003)

* 20 Terme anglais: : Index of Sustainable Economic Welfare proposé par le World Resources Institute des Nations Unies

* 21 apparu dans le rapport de 1996 du PNUD

* 22 Déclaration de Helen Clark administrateur du PNUD à la conférence sur le développement durable du 29 juin 2012 intitulé « Au-delà du PIB, l'avenir que nous voulons» à Rio

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld