Migrant malien blanchisseurs à Niamey: pratiques migratoires et réseaux d'insertion

4.1..2 Une migration circulaire

Une proportion importante (83%) des répondants a l'habitude de rentrer au Mali après avoir séjourné à Niamey. Ce sont surtout des personnes qui n'en sont pas à leur premier séjour. Il s'agit dans ce cas de migrants habitués à une circulation entre leur zone de départ (villages maliens) et la ville de Niamey. La durée de résidence à Niamey des blanchisseurs varie de 6 à 24 mois avant de regagner leurs pays pour les travaux champêtres selon 71,7 % des répondants. Cela révèle l'intérêt qu'accordent les migrants aux travaux champêtres pour s'assurer des vivres qu'ils peuvent laisser à leur famille afin de réduire les sollicitations financières. Comme l'ont bien souligné Boyer et Mounkaila, 2010 « les migrations circulaires sont totalement parties prenantes du système d'organisation sociale et économique. Si l'absence est encouragée et nécessaire, elle n'empêche pas non plus la pratique de l'agriculture et surtout, ne conduit pas à des départs définitifs. Au contraire, la migration apporte les ressources que ne peut plus fournir l'agriculture, permettant justement de pérenniser les systèmes locaux. Le risque est géré par le maintien de cet équilibre économique et social entre agriculture et migration ».Pour cela, toute une stratégie fondée sur le système de noria est mise en place pour gérer la main-d'oeuvre familiale. Ainsi, le migrant avant d'aller au pays pour les travaux champêtres ou une visite à la famille s'assure de ses `'arrières''. En effet, il fait venir un membre de la famille (frère, neveu, cousin) pour le remplacer dans la chambre de blanchisseur durant son séjour au pays. Cette stratégie comporte plusieurs avantages pour le migrant. Ça lui permet de garder sa chambre de blanchisserie à Niamey et par la même conserver ses clients. En outre, pour la famille avoir un membre de la famille à l'extérieur sert de garantie ou d'assurance face à l'incertitude des récoltes au Sahel mais aussi de soutien financier pendant les travaux champêtres.

4.1.3 Une migration de courte durée

Les résultats révèlent que la durée de résidence des blanchisseurs maliens à Niamey varie d'un migrant à un autre. En effet, bon nombre des personnes interrogées (21%) affirment qu'ils passent moins de 6 mois au Niger avant de regagner leurs pays. C'est le cas généralement des migrants âgées. Mais globalement la majorité des répondants (55,1%) affirment que leurs séjours à Niamey durent moins d'un an. C'est une migration relativement très courte. Elle commence avec la fin des travaux champêtres et débute avec le début de la saison des pluies. C'est une migration saisonnière. Toutefois, il y a des migrations qui ne sont pas liées à la périodicité des travaux champêtres.

On retrouve aussi des migrations de durée plus ou moins longue. En effet, 23,9% des personnes interrogées affirment que la durée de leurs séjours à Niamey est inférieure à 18 mois. Ce sont surtout les jeunes célibataires qu'on retrouve en très grande majorité dans cette catégorie. Ces migrants choisissent cette durée pour mieux épargner afin de réunir l'argent nécessaire pour payer la dot ou une moto. Mais il importe de noter que la durée de la migration est dictée par l'environnement économique comme l'affirme Samba un blanchisseur rencontré au quartier Gaweye «  On n'a pas une durée précise à la fin de laquelle on doit rentrer au pays. C'est beaucoup déterminé par la ville »^9(*). C'est à dire que la durée de la migration est intiment liée au bénéfice que génère la blanchisserie. Donc, si le migrant arrive à avoir l'argent nécessaire pour réaliser les objectifs qu'il s'est fixé il peut alors écourter la durée de son séjour.

* ⁹ Entretien réalisé le 10 Décembre 2015