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Comment les outils d'amélioration continue contribuent-ils à l'agilité de l'entreprise ?

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par Martin Letouvet
CESI Saint Nazaire - Mastère spécialisé RACPI 2015
  

Disponible en mode multipage

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Mastère spécialisé : RACPI

 

Thèse professionnelle

Comment les outils d'amélioration

continue contribuent-ils à l'agilité de

l'entreprise ?

Martin Letouvet, promotion 2014-2015, confidentiel

Martin Letouvet - Comment les outils d'AC contribuent-ils à l'agilité de l'entreprise ? 2/67

Mastère spécialisé : RACPI

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier les personnes suivantes, dont l'indispensable contribution a permis la réalisation de cette étude :

M. Jean-Michel LERAT, pour son encadrement, son implication dans ma formation, l'apport de références, et l'organisation de rencontres.

M. Jean-Marc VASNIER, pour son excellence pédagogique prodiguée tout au long de cette année de formation.

Mme Aïda BELHAJ, pour mon recrutement, son encadrement et l'élaboration du sujet. Mme Fabienne LE BARS, pour son expertise technique de l'agilité.

M. Michel BENOIT, pour les nombreux échanges riches en éléments de réponse inédits.

M. Gérard CHAMBET, M. Jean-Claude TESSIER, M. Pierrick THIBAULT et M. Gérard SOULARD pour les rencontres et l'intérêt porté à mon étude.

M. Didier DUBOS, pour son soutien permanent et sa bienveillance.

M. Mehdi MESSARI, pour l'apport de connaissances en méthodes informatiques.

M. Sébastien CHATRY, Mme Laurence PINEAU et l'ensemble des collaborateurs de l'usine Fleury Michon Montifaut Traiteur, pour leur accueil et leurs qualités professionnelles.

Inès PANNEKOUCKE et toute ma famille.

Je remercie l'ensemble de ces personnes pour leur disponibilité, l'écoute et l'intérêt portés à mon travail qui, je l'espère, reflètera la qualité de leurs contributions.

Mastère spécialisé : RACPI

SOMMAIRE

Table des figures et illustrations 5

Glossaire 6

Introduction générale 7

Chapitre 1 : L'agilité 8

I. Historique 8

I.1 Etymologie et définition 8

I.2 Introduction dans l'entreprise 8

I.3 Pourquoi ce besoin ? 9

II. Le concept 9

III. Dans la pratique 12

III.1 Les principes 12

III.1.1 Système d'information décisionnel 13

III.1.2 Management participatif 14

III.1.3 Veille technologique & innovation 14

III.1.4 Collaboration client/équipe 15

III.1.5 Structure « services » et partage des connaissances 15

III.1.6 Amélioration continue et culture du changement 16

III.2 Les valeurs 16

III.3 L'agilité en partie appliquée 17

III.4 L'entreprise agile et l'entreprise libérée 18

Chapitre 2 : L'amélioration continue 20

I. Historique 20

II. Le concept 20

III. Dans la pratique 21

Chapitre 3 : À la croisée des deux concepts 27

I. Quels points communs à priori ? 27

I.1 Juste à temps 27

I.2 Réactivité 27

I.3 Management participatif 27

I.4 Kaizen 27

I.5 PDCA 28

I.6 Indicateurs 28

I.7 Management visuel 28

II. Quelles incompatibilités à priori ? 28

III. Réflexion et échanges : un début de réponse ? 29

IV. Champ de l'étude 30

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Chapitre 4 : Enquête et solutions 31

I. Enquête 31

I.1 Description de l'enquête 31

I.2 Résultats de l'enquête 32

I.2.1 Généralités 32

I.1.1 Réponse aux cycles de vie courts 33

I.1.2 Réponse à la demande imprévisible 35

I.1.3 Les outils Lean et l'agilité 36

I.1.3.a Outils utilisés 36

I.1.3.b Outils applicables dans une organisation agile 37

I.1.3.c Outils non applicables dans une organisation agile 38

II. Solutions 39

II.1 Introduction 39

II.2 Les outils applicables 39

II.2.1 Kanban 39

II.2.2 SMED 42

II.2.3 5S 44

II.2.4 Management visuel 47

II.2.5 Takt time 49

II.2.6 VSM 51

II.2.7 Poka Yoké 52

II.2.8 Recommandations quel que soit l'outil 55

II.3 Les outils non applicables 56

II.3.1 Introduction 56

II.3.2 Six Sigma & MSP 57

II.3.3 TPM 57

II.3.4 Boite à idée 57

Chapitre 5 : Application à Fleury Michon® Montifaut Traiteur - CONFIDENTIEL 59

Conclusion générale 60

Bibliographie 61

Annexe 1: QUESTIONNAIRE 62

Annexe 2: ICÔNES VSM 66

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Table des figures et illustrations

Figure 1 : Méthode agile de développement informatique 8

Figure 2 : « Réponse d'une entreprise à son environnement » Christian Hohmann. Source

Fleury Michon 9

Figure 3 : Processus recherché d'intelligence collective. Source www.coactiv.fr 11

Figure 4 : Différences entre les modes de production - source « concept de l'agilité à l'épreuve de la PME : cas de l'industrie de l'habillement » Barzi Redouane - adapté de Sharp

& al. (19999 : 157) 12

Figure 5 : Les trois fondements de l'agilité. Source Wikipedia.fr 12

Figure 6 : Maison TPS. Source www.menawat.com 20

Figure 7 : Exemple de 5S Avant/Après. Source www.businessbankoftexas.com 21

Figure 8 : Mur d'outils avec détrompeurs. Source CESI 22

Figure 9 : Exemple simple de VSM. Source www.image.thefabricator.com 23

Figure 10 : Exemple de tableau Kanban 24

Figure 11 : Exemple de tableau de bord. Source www.sylvaintillon.com 25

Figure 12 : Répartition des entreprises interrogées par secteur d'activité 32

Figure 13 : Réponse des entreprises interrogées sur la connaissance du concept d'agilité

organisationnelle 32

Figure 14 : Véhicule de connaissance du concept d'agilité par les entreprises concernées 33

Figure 15 : Réponse des entreprises interrogées sur leurs cycles produit 33

Figure 16 : Réponse des entreprises interrogées sur leur demande client 35

Figure 17 : Outils Lean utilisés par les entreprises interrogées. Pourcentage sur la totalité des

interrogés (41). 36
Figure 18 : Réponses des entreprises sur les outils Lean applicables dans un contexte de besoin d'agilité. Pourcentage sur la totalité des interrogés ayant répondu à cette question

(30). 37
Figure 19 : Réponses des entreprises sur les outils Lean non applicables dans un contexte de

besoin d'agilité. Pourcentage sur la totalité des interrogés (41). 38

Figure 20 : Tableau Kanban en gestion de projet informatique. Source blog.deming.org 40

Figure 21 : Tableau de planning. Source www.excel-downloads.com 41

Figure 22 : Illustration d'un tableau Kanban avec deux types de fiches 41

Figure 23 : Exemple de tableau chantier SMED à compléter. Source CESI 43

Figure 24 : Marquage au sol "puzzle". Source www.casalsport.com 46

Figure 25 : Cadre porte-affiche. Source www.sesa-systems.com 46

Figure 26 : Management visuel sur outil de production. Vert : cas normal / en dehors :

anomalie. Source : CESI 47

Figure 27 : Scotch aimanté adhésif. Source www.supermagnete.fr 48

Figure 28 : Simulation de tableau de communication réalisée avec Adobe Photoshop®.

Chaque élément est indépendant et peut-être modifié. 48

Figure 29 : ProDoc® aimantés. Source www.sesa-systems.com 49

Figure 30 : Exemple de tableau d'équilibrage de la charge par le Takt Time. Cas fictif. 50

Figure 31 : VSM sur tableau blanc. Source www.le-lean-humain.com 52

Figure 32 : Détrompeur en dessin créé sur Adobe Photoshop® 54

Figure 33 : Tableau à clous. Source www.amazon.com 54

Figure 34 : Détrompeur Lego. Source www.ezusb2131.sourceforge.net 54

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Glossaire

AC : Amélioration Continue

TIC : Technologies de l'Information et de la Communication

NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

BPM : « Business Process Management » - gestion des processus métiers

ERP : « Enterprise Resource Planning », en français Progiciel de Gestion Intégré

SI : Système d'Information

SID : Système d'Information Décisionnel

TRS : Taux de Rendement Synthétique

Principe de Pareto : principe basé sur les 80/20, disant que 80% des effets sont le produit de

20% des causes.

OF : Ordre de Fabrication

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Introduction générale

Depuis l'émergence de ces pratiques dans les années 70, les outils d'amélioration continue atteignent un niveau de maturité considérable dans l'industrie française. Nombreuses sont les entreprises déployant le Lean dans leurs unités, avec comme objectifs l'amélioration de la productivité, de l'ergonomie et l'élimination des gaspillages. Le Lean aboutit souvent sur des processus dépouillés mais figés, contribuant à la clarté des bonnes pratiques par l'ensemble des collaborateurs (détrompeurs, marquage, modes opératoires...). Or si l'usine doit subir des changements, tous ces processus seront peut-être voués à être intégralement modifiés, et le travail fourni pour leur mise en place n'aura peut-être été qu'une autre forme de gaspillage.

En effet, l'entreprise d'aujourd'hui subit d'importantes turbulences dans son environnement : en réponse à cette turbulence et découlant du succès des « méthodes agiles » informatiques, l'industrie cherche également à tendre vers une forme d'agilité organisationnelle. Dans ces conditions, comment utiliser et quels outils d'amélioration continue ?

Prenons un exemple : La direction d'une usine prévoit de lancer un chantier 5S dans un atelier de production pour réaménager l'espace de travail et éviter les gaspillages par la recherche d'outils. 6 mois après le démarrage du chantier, le client exige une modification majeure sur son produit, acceptée en R&D, qui pousse l'usine à modifier son process, donc une partie de son outillage. L'optimisation de l'espace de travail par le chantier 5S est alors partiellement condamnée à disparaître, créant paradoxalement elle-même un gaspillage. Mais cette situation n'aurait elle pu être anticipée ? Avons-nous des moyens pour lancer des chantiers d'optimisation et d'amélioration de la performance qui pourraient survivre aux modifications imposées par le besoin d'agilité de l'entreprise ?

Dans cette étude, nous allons commencer par définir le principe d'agilité et les outils Lean pour ensuite réfléchir sur ce qu'ils ont en commun et ce qui les oppose. Ensuite, nous évaluerons au travers d'un questionnaire transmis à diverses entreprises quels sont les outils Lean applicables dans une organisation agile et comment les déployer. En synthèse de tous ces éléments, nous fournirons une méthode de déploiement pour chaque outil Lean défini comme adapté à l'entreprise agile.

Enfin, l'étude se conclura par l'approche du service plats cuisinés surgelés du site Montifaut Traiteur, entreprise Fleury Michon®, au regard de nos résultats, sous forme de propositions d'application.

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Chapitre 1 : L'agilité

I. Historique

I.1 Etymologie et définition

Agile vient du latin « agilis », venant lui même de « agere » qui signifie « agir ». « Agile » signifie qui a facilité à agir, à se mouvoir, dispos, léger, souple. Communément, on parle d'une personne agile (ex : gymnaste), d'un être vivant agile (ex : chat) pour indiquer sa capacité à se mouvoir de manière fluide. Le Larousse donne la définition suivante : « qui a de l'aisance et de la promptitude dans les mouvements du corps »

I.2 Introduction dans l'entreprise

Que signifie donc l'entreprise agile ? En quelques mots, il s'agit d'une entreprise capable de s'adapter très rapidement aux variations de son environnement. Son organisation est telle qu'elle ne subit pas les aléas du monde extérieur mais au contraire les anticipe en considérant que le changement est le cas « normal ».

Au départ, le domaine informatique créé ce qu'on appelle les « Méthodes Agiles ». Ce qu'on décrit comme la 1ère méthode agile est publiée par Tom Gilb en 1976 (méthode « EVO » décrite en 2005 dans « Fundamental Principles of Evolutionary Project Management » 0). Ces méthodes font suite au constat d'échec sur les projets informatiques. De l'idée au produit, 6 mois s'écoulent, et le produit ne correspond plus aux attentes du client (80% de fonctionnalités peu ou pas utilisées). En réaction, plusieurs experts mettent en place des méthodes de gestion de projet dites « agiles ». Ces 17 experts se réunissent en 2002 aux Etats-Unis pour créer un cadre et publient le « Manifeste Agile ».

Le principe des méthodes agiles de gestion de projet informatique : créer des boucles incluant le client avec, à la fin de chaque boucle, un livrable fonctionnel. De cette manière, l'équipe projet suit l'évolution du besoin client qui, comme souvent, évolue à mesure que le projet avance.

Figure 1 : Méthode agile de développement informatique

L'idée de l'agilité appliquée au monde de l'industrie remonte à 1991 : le Lacocca Institute de Lehigh University publie un rapport « 21st Century Manufacturing Enterprise Strategy » (Roger R.Nagel) 0 qui fait émerger pour la 1ère fois le terme d'entreprise « agile ». Ce rapport fait suite au constat de la perte de compétitivité de l'industrie des années 80 aux Etats Unis, proposant ainsi un nouveau concept d'organisation. Depuis, le concept se développe surtout dans les grandes firmes, pour qui le concept est une réponse à

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l'environnement très concurrentiel, mais son application à la PME a été travaillé (citons par exemple « le concept de l'agilité à l'épreuve de la PME : cas de l'industrie de l'habillement » par Barzi Redouane - Université d'Orléans 0).

I.3 Pourquoi ce besoin ?

Dans l'ouvrage « L'entreprise Agile » 0, Jérôme Barrand explique le besoin d'agilité par 4 phénomènes actuels :

- Montée de la complexité : l'entreprise est un système complexe avec des systèmes d'information complexes. On ne cesse de rajouter des paramètres à ceux-ci, et ces paramètres interagissent entre eux.

- Montée de l'interdépendance : en interne (les collaborateurs entre eux) et en externe (les entreprises sont dépendantes les unes des autres)

- Montée de l'incertitude : le cycle produit naissance/croissance/maturité/déclin n'est plus valable, ce qui exige de la capacité d'anticipation pour les dirigeants.

- Montée de l'individualité : avec les turbulences de la société, nous n'avons plus de grands penseurs dominants, qui imposent à la « masse » leur vision. Cette « masse » est devenue agissante et tout le monde est « client-coproducteur », ne serait-ce qu'à travers l'évaluation des produits et services. On peut parler d'individualité collaborative, avec comme exemple l'illustre Wikipedia.

Ces phénomènes que subissent de plein fouet les entreprises, surtout les plus « Tayloriennes », créent un environnement exigeant une nouvelle forme d'organisation, plus réactive au changement, formellement construite autour de la prise en compte de l'imprévu. Chaque modification de l'environnement doit être captée puis transmise le plus rapidement possible pour faciliter la décision et faire évoluer l'entreprise dans son offre, son organisation et sa stratégie. Son besoin, c'est le besoin d'agilité.

II. Le concept

Pour avoir une approche simple du concept d'entreprise agile, commençons par ce tableau de Christian Hohmann :

Figure 2 : « Réponse d'une entreprise à son environnement » Christian Hohmann. Source Fleury Michon

Ici, Hohmann décrit le type de comportement que doit adopter l'entreprise en fonction de la demande client et des cycles de vie de ses produits. Il met en évidence la différence, pas forcément triviale, entre les termes flexibilité, réactivité et agilité. Toutes les entreprises ne sont pas « égales » en fonction de leur environnement.

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Par exemple, une entreprise fonctionnant en flux poussé, dont le client s'adapte aux quantités produites. C'est le cas pour certaines entreprises agroalimentaires appartenant à des groupes de grande distribution : les réseaux de distribution s'adaptent aux quantités produites par l'usine. Dans ce cas, l'usine a besoin, tout au plus si les cycles produits sont courts, d'être capable de coordonner efficacement R&D, process, achats et production pour être en mesure de proposer les nouveaux produits rapidement. C'est de la flexibilité.

Dans le cas d'un flux tiré mais avec des produits d'une durée de vie qu'on peut considérer comme longue (à partir de plusieurs années), on peut notamment penser à la sous-traitance de pièces automobiles, l'usine peut optimiser l'industrialisation de ses produits afin de répondre le plus justement aux besoins exprimés par le client. Dans ce cas, l'amélioration continue et le Lean Manufacturing sont parfaitement indiqués pour cet enjeu. C'est de la réactivité.

Mais lorsque l'entreprise produit avec des cycles courts (mois à quelques années) avec une demande imprévisible, elle doit faire preuve d'agilité. Soyons clairs, dans le paysage concurrentiel d'aujourd'hui, avec des comportements de consommation très volatiles, une demande sans cesse renouvelée de nouvelles fonctionnalités produit et l'explosion des TIC, une très large majorité d'entreprises se trouve dans cette situation.

Précisons alors ce qui est définit comme un comportement « agile » à travers deux citations :

L'agilité, c'est la capacité à maintenir la compétitivité des entreprises alors que la turbulence de leur environnement dépasse leur vitesse d'adaptation » - Jérôme Barrand.

Goldman, Nagel et Preiss décrivent l'agilité comme suit : « L'agilité est dynamique, spécifique au contexte, s'attachant agressivement au changement, orientée vers la croissance. Il ne s'agit pas d'augmenter l'efficience, de réduire les coûts ou de se fermer les portes des marchés pour traverser les tempêtes de compétition redoutables. C'est réussir et faire du profit, mettre le partage du marché et les clients au centre de la tempête de compétition qui, de nos jours, effraie beaucoup d'entreprises » (traduit dans le texte).

L'agilité prendrait donc sa source dans la prise de risque et la conquête de nouveaux marchés. Mais pour cela, l'entreprise doit être capable d'appréhender très rapidement l'évolution de son environnement, de plus en plus complexe, et d'adapter ses systèmes à cette dynamique. Et comment appréhender l'évolution de l'environnement ? En plaçant le client au centre de son organisation et de son système d'information. Goldman en 1994 décrit une entreprise agile comme intégrant « design, production, marketing et services supports de ses produits et services dans des process centrés sur le client et ce en un minimum de temps et à moindre coûts ».

A titre d'exemple, Eric Alonso de Keyrus Management ® 0 à propos des réseaux sociaux : ils permettent de « relayer la stratégie globale (de l'entreprise) dans la mesure où ils offrent une porte d'entrée, pour tous les acteurs, à l'activité de l'entreprise, et sont vecteurs de la gestion de la relation client ». Une telle utilisation de ce nouveau système en fait un système d'information agile, dans sa « capacité à intégrer les parties prenantes (ici, les clients) dans les pratiques d'entreprise ».

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Mais à quoi s'oppose donc ce fonctionnement agile ? Par définition, il s'oppose à l'organisation figée, à la culture du processus et du contrôle, et même au fonctionnement par expertise. En effet, la capacité à s'adapter aux évolutions de l'environnement nécessite d'abandonner la traditionnelle vision « métier » (ou « expert ») et exige une mutualisation des compétences. On recherche donc un fonctionnement en collectif optimal plutôt qu'un maximum par métier. L'intelligence collective et le partage des compétences y jouent un rôle majeur : la connaissance pratique de chacun est dédiée à la recherche d'amélioration continue.

Figure 3 : Processus recherché d'intelligence collective. Source www.coactiv.fr

De plus, chaque ensemble doit être reconfigurable en fonction des expressions successives du besoin client et non par un système pyramidal. On a alors affaire à des équipes « agiles » multifonctionnelles, aux décisions décentralisées avec une forte culture du changement.

A propos des processus, Jean-Pierre Malle, dans un article de Qualités Références 0, nous dit que « pour être agile, il faut considérer que l'évolution permanente est `le cas normal' et non `une anomalie à corriger' ». La formalisation du fonctionnement et toute l'inertie, les coûts, qui la caractérisent freinent la capacité de l'entreprise à remodeler ses systèmes en fonction de son environnement. L'agilité demande une prise de décision rapide et la moins formalisée possible : son champ peut être réduit (comme dans des « équipes agiles » autonomes) mais surtout rapide et pour répondre à un enjeu qui doit être encore d'actualité. Bon nombre d'entreprises sont soumises à des procédures de validation lourdes avec in fine une décision qui n'est peut-être plus autant adaptée que lorsque le besoin, changeant, était exprimé.

Car en effet le besoin change, et le besoin source reste le besoin client. Il ne sera peut-être plus le même le temps d'être traité par une longue chaîne de processus formalisés, actés et donc figés. Comme le dit Jean-Pierre Malle dans le même article : « où est l'agilité lorsque le client doit s'adapter à l'organisation là où on s'attend à ce que ce soit l'inverse ? »

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Production de masse

Production flexible

Production agile

Fondements

Prix

Économie d'échelles

Marchés stables

Marché

Économie des pertes

Marchés prévisibles

Client

Économie de la diversité

Marchés imprévisibles

Produire selon commande

Intérêts

Équipement et installations

Technologie et système

Individus et informations

Sélectionnés

Niveau de confiance élevé

Relation à court terme

Risques/gains partagés

Multi-compétences

Responsabilisation/Délégation

Personnalisé

Qualité selon demande

Adaptables

Basés sur la connaissance

Philosophie

Autoritaire

Administrative

Managériale

Figure 4 : Différences entre les modes de production - source « concept de l'agilité à l'épreuve de la PME :

cas de l'industrie de l'habillement » Barzi Redouane - adapté de Sharp & al. (19999 : 157)

Produire pour vendre

Produire pour prévoir

Note : l'emploi de l'adjectif « ordinaire » pour décrire la qualité en production de masse est

discutable

Fournisseurs

Très nombreux

Niveau de confiance bas

Considéré comme adversaire

Relations d'affaires

Peu nombreux

Niveau de confiance élevé

Relation à long terme

Coopération

Organisation

Division des tâches

Hiérarchique

Équipes

Plate

Produit

Quelques options

Qualité ordinaire

Plusieurs options

Qualité élevée

Processus

Rigides

Basés sur la main d'oeuvre

Flexibles

Automatisés

III. Dans la pratique

III.1 Les principes

En pratique, l'agilité se base sur trois fondements :

· Motivation rationnelle des ressources humaines

· Usage intensif des nouvelles technologies

· Configuration continue des processus

Figure 5 : Les trois fondements de l'agilité. Source Wikipedia.fr

En découle les principes suivants :

· Utiliser des systèmes d'information décisionnels

· Développer le management participatif

· Veille technologique, innovation

· Favoriser la collaboration clients/équipes

· S'organiser en structures « services » (au sens « fournisseur de services ») et non « métiers », qui partagent leurs connaissances.

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? Culture du changement

Détaillons alors ce que signifie la mise en pratique de ces principes qui sont, et nous allons le voir, intrinsèquement reliés.

Système d'information décisionnel

Commençons par rappeler ce qu'on appelle système d'information : c'est un système permettant de collecter des données (stock, processus, ventes...), de les traiter pour fournir d'autres données et de les diffuser à l'ensemble des parties connectées au système. Par exemple, l'ERP est un SI.

Maintenant quelle différence avec un Système d'Information Décisionnel ? Elle se trouve dans l'aspect analytique du système. En effet, le SID utilise ses données pour fournir des analyses de ses informations afin de faciliter la décision. C'est « une collection de données intégrées, orientées sujets, non volatiles, historisées, résumées et disponibles pour l'interrogation et l'analyse » (Inmon, 1994) [1]. Il dispose de compétences analytiques visant à simplifier la prise de décision et la résolution de problème.

Pour M. Messari (entreprise SIGMA®) la différence peut se décrire comme suit : « Le Système d'information, c'est l'outil, le Système d'information décisionnel, c'est le traitement. En imaginant qu'on veuille repeindre sa chambre, il faut préparer le terrain donc on va faire un audit du besoin (peinture, pinceau, problèmes rencontrés les fois précédentes etc..) : c'est le traitement (SID). Le fait de la peindre, c'est l'outil (SI). Dans les entreprises, c'est la même chose, mais en général dans l'autre sens, le SI travaille pour fournir des informations (supervision, problème récurrent...), comme une hotline par exemple, et le traitement (SID) ne rapporte pas d'argent, mais permet de traiter des données du passé pour le futur ».

Dans l'organisation agile, il doit permettre d'agir rapidement, en proposant des analyses à la portée de collaborateurs séparés géographiquement. Sa complexité doit être à échelle humaine car il devra être, anticipant les ruptures de l'environnement, reconfigurable. Il ne faudra pas oublier que l'agilité vient avant tout des hommes : elle exige une démarche proactive vers l'information, une « reconfigurabilité » selon le besoin instantané. Dans l'entreprise actuelle, le SI est souvent créateur de processus, et les utilisateurs le vivent paradoxalement comme une complexification plutôt qu'une simplification, comme une contrainte plutôt qu'une réponse à un besoin. Il formate plus qu'il fluidifie (par exemple : un ERP paramétré pour les produits de l'entreprise sera plus un frein au développement d'un nouveau produit qu'un facilitateur). Dans l'entreprise agile, il doit être adapté ET adaptable, autorisant et favorisant un dialogue entre l'utilisateur et le concepteur (actuellement trop cantonné à des rôles de maintenance) comme un centre de services le ferait. La construction du système doit permettre les comportements agiles, sinon il en deviendra le frein.

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Mastère spécialisé : RACPI Management participatif

Dans la vision Taylorienne, le manager est sensiblement cantonné au rôle de contrôle et gère les individus comme des outils de production. Dans la vision agile, il prend une posture de guide, véhiculant les valeurs (voir paragraphe III.2) de l'entreprise. Il a conscience qu'il fait partie d'un tout et intègre les paramètres environnementaux (voir paragraphe I.3) : il ne peut plus décider seul, doit anticiper et considérer que les autres sont tout aussi méritants.

Le management agile se base sur, non plus la rétention d'information, considérée comme source de pouvoir dans le modèle Taylorien, mais au contraire son partage au plus grand nombre en donnant du sens (« chacun a envie de se lever le matin pour partir au travail »). Le manager doit bâtir une finalité commune en créant des espaces de partage dans lesquels se développe une relation « gagnant-gagnant ». Dans ce sens de responsabilisation aussi, il favorise l'autocontrôle et la volonté de prendre en charge au-delà de la fonction de chacun, laissant les collaborateurs se partager les missions. Cette démarche permet de détecter de multiples anomalies mineures, peu visibles pour des échelons supérieurs car considérées peu impactantes (souvent à tord) ni fréquentes. Mais dans ce cas, il doit faire en sorte que les demandes émergentes de ses équipes soient comptabilisées dans ses propres objectifs. Sinon, il risque de ne pas en faire une priorité et donc, à termes, de perdre la motivation collective : la direction est donc pleinement responsable de l'agilité de ses managers.

Veille technologique & innovation

L'innovation est un des moteurs de l'entreprise agile. Mais pas l'innovation à tout prix : elle doit répondre à un besoin réel exprimé en interne par les équipes (on rejoint la réflexion évoquée sur les SI paragraphe 0) ou par le client. Dans « l'entreprise agile », le terme de « justinnovation » désigne l'innovation utile et différenciatrice. Elle émerge de n'importe quel service, comme une « rébellion constructive », permise par le management participatif évoqué plus haut. De même pour les produits : elle doit répondre aux nouveaux besoins et comportements des clients.

Pour cela, l'usage des NTIC est indiqué à la fois pour intercepter les nouveaux besoins clients (réseaux sociaux, espaces d'échange, évaluation produit), la veille technologique (process) mais aussi les bonnes pratiques dans l'usage de ces NTIC, nébuleuses et en mouvement perpétuel.

La communication entre les entreprises - non concurrentes - imposée par leur interdépendance (voir paragraphe I.3) permet également l'échange sur les innovations. En partageant l'information, l'adaptation de ces innovations génère elle-même de l'innovation, toujours dans l'optique de répondre à un besoin interne ou externe. Une entreprise isolée devient vulnérable dans l'environnement actuel et la prise de risque, moteur de l'agilité, exige l'innovation quelle qu'elle soit tant qu'elle répond à un besoin. L'environnement concurrentiel impose aux entreprises la création de valeur ajoutée différenciatrice dans leur produit mais aussi dans leur service.

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Mastère spécialisé : RACPI

Collaboration client/équipe

On observe actuellement, dans tous les secteurs, une course à la fidélisation du client. L'agilité va plus loin, d'une en redéfinissant le client fidèle, de deux en incluant le client dans ses processus.

Dans l'entreprise agile, le client n'est fidèle que si sa fidélité est active, et non contrainte. Pour ce faire, l'entreprise doit lui permettre de créer une attitude positive et active vis-à-vis de sa marque, à travers un marketing relationnel, que nous ne développerons pas ici.

Au-delà de sa fidélisation, l'agilité remet le client au centre même de sa production et de ses services. Comme nous l'avons vu dans les méthodes agiles en informatique, elle doit l'inclure dans la conception de ses produits, dans la construction de l'offre. Il cherche un produit et des services comme étant la solution à son besoin personnalisé. Quelques méthodes à titre d'exemple :

? Le client est intégré dans l'équipe projet

? Utilisation des NTIC, évaluation des produits

? Relation personnalisée, responsabilisation du personnel en contact avec le client

La liste n'est pas exhaustive et tend à s'étoffer pour cet enjeu très actuel, compte-tenu du comportement des consommateurs. Cette idée recoupe parfaitement la dynamique de « justinnovation », évoquée plus haut : la collaboration du client avec les équipes permet l'identification d'un besoin, propre à ce client, pouvant nécessiter une innovation, donc forcément utile et différenciatrice.

Dans la structure organisationnelle, le client est inclut dans des équipes à taille humaine qui, notamment par son apport, partagent une finalité commune claire et évolutive. Il a accès aux informations, aux décisions et contribue à l'intelligence collective, créant une boucle d'amélioration continue.

Structure « services » et partage des connaissances

Pour alimenter la collaboration client/équipe, les équipes doivent être structurées en « services », toujours au sens « fournisseur de services ». Elles doivent perpétuellement remettre en cause leur modèle de fonctionnement et non plus proposer un processus figé. L'agilité provient d'une architecture modulable, comme un service qui s'adapte au client et son besoin, s'améliore en continu.

Pour ce faire, on doit remonter jusqu'à la composition de la structure : les collaborateurs doivent posséder plusieurs compétences distinctes, et non pas chacun une expertise, afin de favoriser la reconfiguration. Elles doivent fonctionner en « proopération », terme qu'on retrouve dans le livre « l'entreprise agile », qui signifie travailler réciproquement à la satisfaction de l'autre. Lorsqu'un problème est posé sur la table, il ne s'agit plus de dire chacun son tour qu'on ne peut pas le résoudre, mais plutôt de commencer par dire ce qu'on est chacun capable de faire. Avec un environnement turbulent, si on commence par vouloir mettre en place une organisation figée, en processus, dans la structure, à peine sera-t-elle

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opérationnelle qu'elle sera obsolète. Dans la structure agile, chacun s'organise au fil de l'eau grâce aux compétences multiples de chacun, en fonction de l'évolution des attentes du client.

Dans cette optique, le partage des connaissances est primordial : la reconfigurabilité de l'organisation demande une communication transversale et une collaboration basée sur la richesse des connaissances de chacun, créant un véritable réseau organisant les tâches, déclinées du besoin client, par l'évaluation des compétences de chacun à effectuer ces tâches.

Amélioration continue et culture du changement

Pour rendre ces principes fonctionnels, l'entreprise doit posséder une véritable culture du changement. L'agilité, c'est la capacité d'anticipation des ruptures de son environnement : une fois anticipées, la réaction de l'entreprise doit se décliner dans l'ensemble de ses structures/services qui doivent nécessairement être prompts au changement permanent.

La réactivité doit être locale et la prise d'initiative favorisée. Toute évolution doit s'affranchir d'un processus lourd de demande/analyse/traitement. Chaque équipe doit être responsable et autonome sur son adaptation au changement, au risque de perdre des outils de contrôle. C'est l'application même du principe d'agilité comportementale à la structure de l'entreprise dans sa globalité. Elle perd alors ses référentiels, son confort, au profit d'une réactivité insufflée par la culture du changement.

Les êtres vivants qui survivent sont ceux qui s'adaptent le plus à leur environnement, de même que les entreprises. Comme le dit Jean-Pierre Malle 0 : « Que se passerait-il si le corps humain attendait un comité semestriel pour s'adapter au changement, pour combattre une maladie ? ».

III.2 Les valeurs

En termes de valeur, le concept d'agilité place au centre le travail collaboratif en équipes épanouies. Sur cet aspect, on peut s'avancer et dire qu'il va plus loin que le Lean (voir Chapitre 2), en conservant son principe que les bonnes idées proviennent du « bas de la pyramide », du « Genba » (voir VI), en favorisant la poly-compétence d'équipes qui s'adaptent de manière autonome aux changements.

Dans « L'entreprise Agile » dirigé par Jérôme Barrand apparait le concept « d'effisens ». Elle rajoute à l'efficience (atteinte des objectifs par rapport aux ressources utilisées) le « sens » de l'entreprise. Le sens inclut le sens global (l'écologie de l'entreprise : la réciprocité de progrès qu'elle apporte à son environnement - ex : permettre à la population de manger plus sainement) et le sens individuel (réponse de l'entreprise aux attentes de ses salariés). L'effisens place l'entreprise agile dans une responsabilité environnementale (au sens large du terme) qui est donc porteuse d'un devoir de progrès, de sens, auprès de ses clients comme de ses salariés.

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L'agilité cherche également à modifier certaines valeurs dans la culture d'entreprise, notamment sur la façon de gérer l'erreur. Beaucoup connaissent la situation : un problème ou dysfonctionnement est identifié, et on va commencer l'analyse du problème par la recherche d'un responsable. Cette démarche est naturelle mais provient avant tout de la peur d'être soi-même responsable. En y jetant un regard détaché et pragmatique, cette démarche est contre-productive, véhicule le stress, le sentiment de culpabilité, de responsabilité personnelle et favorise l'isolation. L'entreprise agile voit l'erreur comme une occasion de s'améliorer, de rendre les équipes plus compétentes et s'interdit de couper la collaboration participative en stigmatisant des erreurs humaines.

III.3 L'agilité en partie appliquée

L'agilité présente donc des caractéristiques précises allant au-delà d'un simple état d'esprit. Mais quelles sont les entreprises qui remplissent toutes ou certaines de ces caractéristiques ?

Dans l'informatique, les méthodes agiles sont à présent matures et sont employées dans de nombreuses entreprises. Dans ces méthodes, à l'origine du concept d'organisation agile, on retrouve 4 fondements qu'on peut naturellement rapprocher du concept général :

· Une équipe qui collabore et communique

· L'adaptation au changement

· La collaboration avec les clients

· Des applications fonctionnelles

Il s'agit dans ces méthodes d'inclure le client à chaque itération du projet : il fait partie intégrante du développement et chaque étape du projet est soldée par une application fonctionnelle plutôt qu'une ébauche d'application. On peut citer quelques noms de méthodes agiles utilisées dans l'informatique : Scrum, XP, RAD... On retrouve même des cadres de fonctionnement agile comme le SAFe (Scaled Agile Framework).

Dans ce domaine, on peut citer Spotify®, souvent décrite comme agile :

· Equipes à tailles humaines, autonomes, avec un Leader, au service de l'équipe.

· Chaque équipe travaille sur une zone très identifiée du produit, en relation directe avec le client.

· Culture et vision de l'entreprise partagées.

Dans le cadre industriel, on peut citer l'entreprise FAVI®, fabricant de fourchettes de boites de vitesse pour l'automobile. Cette entreprise, située à Hallencourt dans la Somme, a été considérablement chamboulée dans les années 80 par Jean-François Zobrist, alors directeur. Pour résumer, l'usine fonctionne en « mini usines » avec chacun son client. Les responsables sont élus par « mini usines », auto-organisées avec une propre capacité à la prise de décision.

Nous avons donc :

· Des équipes poly compétentes, autogérées et collaboratives : structures « services ».

· Un contact client intégré à l'équipe (un ouvrier peut se retrouver en déplacement à l'étranger chez le client si problème de qualité).

· Du management participatif.

Soit des caractéristiques typiques d'une organisation agile.

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Autre exemple industriel avec l'entreprise Poult® qui fabrique des biscuits depuis 1883. Depuis les années 2000, Poult® a opéré plusieurs changements pour tendre vers l'agilité organisationnelle. Les équipes sont réduites, autonomes et partagent leurs connaissances (notamment via la « Poult Académie » créée en 2010), tournées vers l'innovation avec un objectif commun (sens partagé/écologie).

D'autres célèbres d'entreprises répondent à des critères d'agilité organisationnelle. On peut citer Amazon®, Freitag® ou encore Wipro®.

Dans la gestion de projet en général, le management agile commence à faire son apparition. L'idée de base est similaire à celle des méthodes agiles de développement : le projet comporte plusieurs équipes, chacune autonome et impliquée dans la relation avec le client. Ces équipes sont également collaboratives et poly-compétentes, permettant une prise de décision rapide, notamment en cas de modification des livrables du projet suite à l'évolution du besoin client.

Cette méthode de gestion de projet s'impose tout comme l'agilité de l'entreprise s'impose avec l'environnement mouvementé : en effet, les fluctuations impactent les projets comme elles impactent plus généralement l'entreprise, imposant une gestion agile.

III.4 L'entreprise agile et l'entreprise libérée

Citée plus haut, FAVI® est pourtant décrite comme une « entreprise libérée » : quelle différence ? Une question qui ne met pas tout le monde d'accord.

Pour certains, l'entreprise libérée est basée sur l'accord de confiance aux salariés - opposée au contrôle systématique - et sur l'utilisation la plus aboutie possible de leurs compétences. L'agilité est par définition une réponse aux turbulences de l'environnement. Pour autant, l'un n'empêche pas l'autre (au contraire), mais l'entreprise agile répond à des critères méthodologiques assez stricts évoqués plus haut, qu'une entreprise libérée ne remplit pas nécessairement. On retrouve systématiquement dans l'agilité, découlant du principe des méthodes agiles, l'inclusion du client dans les équipes, ce qui, même si c'est implicite dans la culture propagée dans l'entreprise libérée (« sens partagé » avec l'ensemble des équipes), ne fait pas l'objet de cadrage précis dans des structures libérées.

Gérard Chambet, directeur général traiteur de Fleury Michon®, explique que l'entreprise libérée n'est pas basée sur les besoins du salarié. En fait, elle vient du constat qu`on « n'utilise pas ou très peu les compétences des gens qu'on a ». C'est donc forcément dans l'intérêt du dirigeant, pas uniquement du salarié. « Dans l'entreprise libérée, on cherche à trouver un moyen pour mieux mobiliser les gens en situation d'attente ou de rébellion : l'agilité le facilite ».

Pour Pierrick Thibault de Agile Garden®, elles aboutissent sur les mêmes résultats mais émergent différemment. Dans l'entreprise libérée, la naissance vient d'un leader « super héros » qui va libérer l'entreprise en réunissant des communicants puis en réorganisant ses services. Dans l'entreprise agile, on part d'une équipe qui va s'organiser selon les principes de gestion de projet informatique agiles, et le succès va créer un effet boule de neige.

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L'entreprise libérée se libère par un leader, l'entreprise agile le devient par des pratiques émergentes du « bas ». Toutefois, l'agilité reste une boite à outils pour l'entreprise libérée.

Jean-Claude Tessier de la société POP® nous explique que l'entreprise libérée a mis au centre de ses préoccupations celui qui créé la valeur. « On a supprimé tous les contrôles et les fonctions sans valeur ajoutée ». Pour illustrer la différence avec l'entreprise agile, il prend également l'exemple de FAVI® : « Si demain le client se lance dans la voiture électrique, il n'aura plus besoin de fourchettes de boite de vitesse. Est-ce que FAVI® s'adaptera ? Si non, elle n'est pas agile, bien que libérée ».

Synthèse :

L'agilité est avant tout la réponse à l'environnement turbulent. Pour Gérard Chambet, l'agilité est la « pro action vers l'imprévu : c'est un vaccin et non un traitement ». Il compare l'entreprise à un roseau : le roseau est flexible, il « subit sans mourir », mais n'est pas agile. Au moyen des six principes décrits (III.1), l'entreprise facilite son appréhension continue de l'environnement pour y être systématiquement adaptée.

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Chapitre 2 : L'amélioration continue

IV. Historique

L'amélioration continue et le Lean Manufacturing découlent en premier lieu de l'approche d'Henry Ford (1863 - 1947) qui révolutionna la production par la mise en place de la 1ère ligne d'assemblage en flux continu à Highland Park en 1913.

S'inspirant du modèle Ford, Kiichiro Toyoda (1894 - 1952) et Taiichi Ohno (1912 - 1990) mettent en place le TPS (Toyota Production System) avec une approche plus axée sur la demande client. Il repose sur trois principes :

· Le Juste à temps : produire exactement ce qui est demandé avec uniquement ce qui est nécessaire, dans les délais, prônant ainsi l'élimination des gaspillages (« mudas » voir V).

· Le Jidoka : produit sans défaut, détection efficace

· L'amélioration continue : recherche permanente d'amélioration de la performance. Le terme de Lean apparaît en 1990 dans le livre « The Machine That Changed The World » de Womack, Jones & Roos 0, reprenant le modèle du TPS.

Figure 6 : Maison TPS. Source www.menawat.com

V. Le concept

L'amélioration continue, cadrée par le Lean, se base avant tout sur la recherche de la satisfaction la plus exacte possible du besoin client. Pour être performant, il faut limiter toutes les opérations pour lesquelles le client « ne paie pas », dites à « non valeur ajoutée ». Exemple : lorsque le produit est transporté, rien n'est apporté au produit, le client ne paie pas pour cette opération, il faut donc la rendre la plus courte et la moins coûteuse possible. Taiichi Ohno identifie trois sources de non-valeur ajoutée, donc de gaspillage :

· Mura : variabilité, irrégularité. L'écart entre la demande et la capacité pousse à constituer du stock, afin de lisser la réponse à la demande.

· Muri : charge excessive (machine et personnel). La surcharge conduit l'employé à des problèmes de sécurité, de qualité, pour les machines de surconsommation, de pannes, etc.

· Mudas : les gaspillages, au nombre de 8 : attente, transport, processus inutile, stock, mouvement inutile, défaut, surproduction, potentiel inexploité.

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Le Lean tend à rendre la capacité de production au plus proche de la demande client et ainsi augmenter la performance - au sens sécurité, qualité, productivité - de la production.

D'abord appliqué dans l'industrie, le Lean s'introduit maintenant dans de nombreux domaines : logistique, administration (le « Lean Office »)... Toujours dans une optique d'optimisation globale des procédés et d'élimination des gaspillages propres à l'activité.

VI. Dans la pratique

De la philosophie Lean découle de nombreux outils opérationnels qui ont fait leurs preuves dans les entreprises. Nous allons ici faire une liste exhaustive de plusieurs outils affiliés au Lean, en décrivant sommairement le principe, l'objectif ainsi qu'une estimation de la durée de déploiement.

5S

Il se base sur cinq mots japonais, qu'on peut traduire comme suit :

Seiri : Débarrasser

Seiton : Ranger

Seiso : Nettoyer

Seiketsu : Rendre évident

Shitsuke : Contrôler

C'est grossièrement une méthode de rangement, réaménagement et remise en état mais

qu'on cherche à faire perdurer par des détrompeurs, modes opératoires et qu'on contrôle

régulièrement.

Objectif : rendre l'espace de travail plus visuel, plus sécurisé, éviter de perdre du temps à la recherche d'outils. Il permet de meilleures conditions de travail tout en améliorant la performance des équipes.

Durée de déploiement : 1 à 3 mois, selon la taille de l'atelier choisi

Figure 7 : Exemple de 5S Avant/Après. Source www.businessbankoftexas.com

Poka Yoke

Le Poka-Yoke, qui signifie « anti-erreur » en japonais, appelé « détrompeur » en français, est un dispositif physique qui, soit empêche l'utilisateur de placer un objet au mauvais endroit,

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soit sert pour le contrôle de pièce usinée. Dans ce cas, en général, il constitue un support à la forme de l'objet, empêchant physiquement d'y placer un objet différent, comme dans les jeux éducatifs pour enfant (objet carré à ranger dans la forme carrée).

Objectif : éviter de perdre du temps à la recherche d'outil, permettre un contrôle des pièces plus simple.

Durée de déploiement : 3 semaines

Figure 8 : Mur d'outils avec détrompeurs. Source CESI

Takt Time

Le Takt Time désigne le rythme de production adapté à la demande client. Par exemple, si le client veut 90 pièces par jour et que mon usine tourne 16H par jour avec 1h de pause, mon Takt Time sera de : [(16-1)x60]/90 = 10 minutes pour une pièce.

Il est utilisé pour le comparer au temps de cycle des machines ou processus (dans l'idéal : temps de cycle = Takt Time, ni plus ni moins).

Objectif : comparer la demande client aux temps de cycles pour mieux répartir la charge. Durée de déploiement : 1h

VSM

VSM signifie « Value Stream Mapping » (pour « carte de la chaîne de valeur ») : c'est une cartographie du flux très codifiée permettant, en partant du besoin client sur un produit « phare », d'identifier les noeuds dans le flux et les opérations qui n'apportent pas de valeur ajoutée au produit. Cet outil permet uniquement d'identifier les problèmes (stocks d'en cours, attente, charge non équilibrée), il convient ensuite de déployer les outils adaptés à chaque noeud.

Objectif : diagnostic de l'ensemble du flux de l'entreprise pour identifier les leviers d'amélioration.

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Durée de déploiement : 1 à 2 mois

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Figure 9 : Exemple simple de VSM. Source www.image.thefabricator.com

SMED

SMED signifie « Single Minute Exchange of Die » traduit littéralement par « changement de matrice(s) en une seule minute ». Il s'agit de rendre le changement d'outillage le plus rapide possible en ne gardant dans le changement d'outillage que les opérations qu'on ne peut réaliser que lorsque la production est arrêtée.

Exemple : aller chercher les outils qui servent à démonter l'outillage : au lieu de le faire lorsque la production est arrêtée, on ira les chercher avant l'arrêt.

Objectif : Pouvoir faire des petites séries (car changements plus rapides). Durée de déploiement : 1 à 2 mois

TPM

TPM signifie « Total Productive Maintenance » (pour « Maintenance Productive Totale »). Grossièrement, il s'agit d'optimiser la disponibilité de l'outil de production à travers la gestion de sa maintenance (opérations de maintenance pendant la production, planification du préventif, maîtrise de la variabilité) avec comme indicateur le TRS, qui inclut les taux de qualité, disponibilité et performance.

Objectif : éliminer les gaspillages de capacité de l'outil de production. Durée de déploiement : 4 mois

Kanban

Technique visuelle de mise en place de fiches cartonnées (« Kanban » signifie « panneau ») pour réguler la production entre un poste amont et son aval. Celui-ci donne l'information au poste amont du besoin ou non de continuer la production, permettant de limiter les encours stockés : c'est le poste aval qui dirige la production. Les fiches Kanban sont en circulation dans les ateliers et c'est leur présence/absence qui donne l'information sur le besoin de produire ou non.

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Figure 10 : Exemple de tableau Kanban

Objectif : travailler en flux tiré donc éliminer le stockage d'en cours. Durée de déploiement : 3 mois

Six Sigma

Créée en 1986 par Motorola, le Six Sigma est une méthode visant l'amélioration de la qualité en diminuant la variabilité d'un processus suivant une loi normale. Son nom provient de l'écart type Sigma : on cherche à ce que tous les produits se trouvent dans l'intervalle de 6 x sigma par rapport à la moyenne, ce qui signifie 3.4 produits défectueux sur 1 million. En pratique, parvenir à 4 x sigma est considéré comme excellent dans la plupart des industries. Elle se base sur la démarche DMAIC (Définir - Mesurer - Analyser - Innover - Contrôler).

Objectif : réduire la variabilité du processus pour une qualité quasi-totale. Durée de déploiement : 6 mois à 1 an

PDCA

PDCA pour « Plan Do Check Act » (Planifier Faire Vérifier Ajuster) est une méthode d'amélioration continue. Elle consiste à respecter les 4 étapes essentielles pour résoudre un problème ou implanter une amélioration de manière durable.

Objectif : alimenter continuellement le progrès à partir du retour d'expérience. Durée de déploiement : 1 mois

Indicateurs / Tableau de bord / Management visuel

L'amélioration continue se pilote au travers des indicateurs de performances (TRS, qualité, sécurité...). La mise en service d'indicateurs et de tableaux de bords permet la mise en place d'actions correctives, des chantiers d'amélioration continue mais aussi la communication auprès des équipes. Ils sont réalisés avec du management visuel.

Objectif : piloter la performance, développer le management visuel.

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Durée de déploiement : 1 mois

Figure 11 : Exemple de tableau de bord. Source www.sylvaintillon.com

QQOQCCP

Ensemble d'initiales, il constitue un outil d'identification de problème. Il pose les questions

suivantes :

Qui ? - Qui rencontre le problème ?

Quoi ? - Description du problème

Où ? - Où le problème a-t-il été rencontré ?

Quand ? - À quel moment, fréquence ?

Combien ? - Nombre de pièces concernées, de personnes...

Comment ? - Comment le problème a-t-il été détecté ?

Pourquoi ? - Quelle en est la cause ?

Objectif : décrire le plus précisément un problème. Durée de déploiement : 1h

MRP

MRP pour Méthodes de Résolution de Problèmes se décline en 4 étapes : Définir le problème, rechercher toutes les causes, rechercher toutes les solutions, mettre en application. L'idée est de ne pas « brûler les étapes » lorsqu'on cherche à résoudre un problème. Chaque étape fait elle-même appel à plusieurs outils indiqués qu'on ne décrira pas forcément :

Définir : Logigramme du processus, SMQ, QQOQCCP, Pareto, Histogramme...

Rechercher les causes : Brainstorming, 5 Pourquoi, Ishikawa...

Rechercher des solutions : Matrice de décision, Brainstorming...

Mettre en applications : PDCA, A3, 8D...

Objectif : trouver les solutions les plus adaptées à un problème par son analyse méthodologique.

Durée de déploiement : 1 semaine à 1 mois

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Kaizen

Tiré du japonais, il signifie changement (kai) bon (zen). Dans la pratique, on met en place des chantiers Kaizen pour améliorer l'ergonomie, les conditions de travail ou la performance d'un poste.

Objectif : réaliser une amélioration rapide et visible sur un poste donné. Durée de déploiement : 1 semaine à 1 mois

Boite à idée

Il s'agit d'un système de management participatif, anonyme ou non, permettant au personnel de proposer une idée d'amélioration soit sur un sujet donné, soit libre. Elle peut prendre la forme d'une vraie boite dans laquelle on glisse un papier, relevée régulièrement, on encore de post-its sur un tableau d'affichage.

Objectif : déployer le management participatif. Durée de déploiement : 1 semaine

Genba walk

Le Genba (« terrain » en japonais) walk (« marche » en anglais) consiste à constater par soi-même un problème rencontré sur le terrain. Par exemple, pour une pièce défectueuse, on va sur ligne regarder la pièce, la toucher.

Objectif : avoir une vision terrain fiable. Durée de déploiement : 1h

D'autres outils peuvent être considérés comme propres à l'amélioration continue (AMDEC, Analyse de la valeur...), et cela peut constituer un débat très long et stérile dans le cas de notre étude. Nous verrons dans la suite de l'étude (0) quels outils sont utilisés et considérés par les entreprises interrogées comme appartenant au Lean.

Synthèse

Les outils d'amélioration continue ont été déclinés à partir de la philosophie TPS pour répondre le plus exactement au besoin client en qualité, coûts et délais. Ils sont aujourd'hui déployés dans de très nombreuses entreprises industrielles à travers le monde. Certains outils ne sont pas applicables dans tous les contextes ou dans tout type de production, mais tous permettent, lorsqu'ils sont déployés correctement, des gains toujours intéressants pour l'entreprise.

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Chapitre 3 : À la croisée des deux concepts

I. Quels points communs à priori ?

Le Lean a considérablement marqué l'industrie du XXIe siècle avec ses nouvelles pratiques et ses succès avérés. La notion d'agilité dans l'entreprise a donc naturellement tiré les leçons du Lean pour les inclure dans sa vision cible de l'organisation agile. Pourtant, les deux concepts, dans leur définition et leur création, répondent à un contexte différent : à partir d'outils Lean, largement déployés et connus, voyons si certains principes, même si différemment abordés dans l'un ou l'autre, semblent converger vers une philosophie commune.

VI.1 Juste à temps

Le Lean prône la réception du produit à temps, dans la quantité souhaitée et sans défauts. En ce sens, le Lean rejoint l'agilité avec son principe d'introduire le client comme part entière de l'organisation. L'objectif de l'entreprise est fixé par le client auquel il faut donc adapter sa production. Dans le Lean, on déploie des outils pour identifier et corriger les noeuds qui empêchent de fournir le client dans les délais. Dans l'agilité, on intègre le client jusque dans la structure organisationnelle pour répondre à sa demande.

VI.2 Réactivité

La possibilité de produire des petites séries représente la finalité de certains outils Lean. On pense notamment au SMED qui, par l'optimisation du changement d'outillage, permet de passer d'un produit à l'autre en le moins de temps possible. Dans cette optique, on peut se rapprocher d'un comportement agile avec de la réactivité, de la rapidité pour répondre à une demande client changeante. Cependant, la demande changeante est ici cadrée : le client peut exprimer un nouveau besoin en termes de quantités, mais pas pour de nouvelles fonctionnalités produit (nous ne somme que dans de la réactivité).

VI.3 Management participatif

La boite à idée est un des outils clefs du Lean : elle permet de connaître les améliorations imaginées par n'importe quel collaborateur, concernant n'importe quel sujet. La boite à idée est donc, à priori, un outil tout à fait indiqué pour motiver l'intelligence collective et développer le management participatif. Dans le Lean, on considère que les bonnes idées viennent souvent du niveau opérationnel. Dans la structure agile, qui s'articule autour d'équipes poly-compétentes qui partagent leurs connaissances, on considère qu'elles peuvent venir de tout collaborateur.

VI.4 Kaizen

On retrouve bien évidemment dans les deux concepts la notion d'amélioration continue, de culture du changement. En termes d'outil, le Lean préconise l'utilisation de chantiers Kaizen. Ces chantiers sont très cadrés, mais c'est avant tout pour ne pas s'éparpiller et rester concentré sur l'objectif, ce n'est pas un cadre qui vise à limiter le champ de la réflexion. De

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plus, un chantier Kaizen doit être le plus rapide et visible possible, peu onéreux : il serait une sorte de « justinnovation », principe de l'entreprise agile.

VI.5 PDCA

Le PDCA est un autre outil d'amélioration continue au sens propre du terme : il structure pour permettre la durabilité des actions apportées pour la résolution d'un problème ou l'amélioration. Dans l'agilité, et notamment en ce qui concerne les SID, on cherche à décider à partir d'analyses du passé, de retour d'expérience, à condition qu'il soit accessible simplement. Le PDCA est donc un outil qui donne le cap d'une amélioration permanente, actée, donc ré-exploitable.

VI.6 Indicateurs

L'utilisation des indicateurs n'est pas forcément intrinsèque au Lean, mais reste un outil indispensable pour pouvoir le déployer. Dans l'agilité, on se sert des indicateurs, mais on évite toute interprétation court-termiste et on inclut dans la performance globale le partage du sens, non mesurable. Le Lean lui reste dans la logique « if you can't measure it, forget it » (si tu ne peux pas le mesurer, oublie-le).

VI.7 Management visuel

Dans tous les outils Lean, il est conseillé d'utiliser du management visuel (5S et tableaux de bords notamment). Dans l'organisation agile, on cherche à s'appuyer le plus possible sur du management visuel, plutôt que sur des bases documentaires.

II. Quelles incompatibilités à priori ?

Nous avons donc, à travers certains outils, aperçu quelques concordances dans les deux concepts. Cependant, il est plus intéressant de se pencher sur les principes à priori antagonistes : quels sont les aspects culturels et opérationnels sur lesquels les deux concepts divergent ?

Pour commencer, l'intégration du client est différente dans les deux : pour le Lean, le client dicte ses besoins et on déploie les outils en interne pour y répondre. Il dit ce qu'il veut, l'entreprise « se débrouille » pour lui fournir. Dans l'agilité, le client est partie intégrante : il fait partie du processus jusqu'au décisionnel, il interagit avec les équipes dans la recherche de solution.

Ensuite, le Lean tend à standardiser la production. Il se base sur l'existant, l'analyse et l'améliore pour enfin créer les modes opératoires adaptés. Alors, toute variation sur l'existant viendra remettre en question le mode opératoire. En cela, la démarche visant à standardiser concrètement par mode opératoire toute amélioration semble contradictoire avec l'idée d'agilité, qui a besoin de procédures souples et reconfigurables le plus rapidement possible.

De même qu'évoqué plus haut, le Lean participe à la réactivité, mais pas à la flexibilité. Au contraire même : le SMED permet de faire des petites séries mais concernant des produits

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dont les caractéristiques sont figées. Si le client souhaite apporter une modification/personnalisation, tout le travail effectué pour permettre un changement d'outil rapide aura alors été une perte de temps, puisque c'est le process entier qui risque d'être impacté par le changement de caractéristique produit.

La boite à idée a également quelques limites : si elle est parfaitement indiquée pour connaître des améliorations relatives aux procédés actuels, elle ne permet pas de connaître les nouveaux enjeux ou les nouveaux besoins client. On va peut-être se retrouver demandeur d'une amélioration qui sera incompatible avec la nouvelle expression de ce besoin.

Enfin toute technique nécessitant un déploiement long (3 mois à 1 an) semble contre-indiquée : on vise à perfectionner le procédé sur un produit pour obtenir le meilleur taux de qualité (on pense notamment au 6 sigma). Projets couteux et ciblés sur un procédé, ils conviennent à une production aux cycles longs.

III. Réflexion et échanges : un début de réponse ?

Dans ces conditions, doit-on abandonner ces techniques et laisser de côté les opportunités d'améliorer la performance sous la menace d'une modification ? Cette même réflexion semble incompatible avec l'idée d'agilité. L'entreprise agile est justement basée sur l'acceptation du changement et se construit avec, elle n'en a pas « peur ». Il est impensable de laisser la production parsemée de gaspillages dans une structure qui place le client au coeur de ses décisions et qui cherche sa satisfaction la plus juste en termes de service.

On peut citer Tony Davies qui publie un article au titre évocateur : « Leagility » [2]. Le principe est simple : adopter le Lean pour les cycles longs, l'agilité pour les cycles courts. En soit, aucune réponse pour adapter le Lean dans une structure agile, mais intéressante pour les entreprises en mesure de segmenter leur production comme ceci.

Pour Michel Benoit de Lean-Ergo®, l'agilité et le Lean convergent vers la même chose, soit la satisfaction du besoin client. Mais notre vision « occidentale » du Lean, normative et « pour éviter les erreurs » serait erronée : à la base, le système TPS cherche à produire avec le moins de ressources et le moins d'énergie possible, puisque c'était la condition sine qua non pour produire au Japon. Le manque d'espace disponible imposait le « zéro stock » au même titre que le manque de ressources imposait le « zéro défaut ». En revenant sur ce fondement, on sent une vraie convergence entre l'agilité et le Lean : on s'éloigne de la production de masse pour se rapprocher le plus justement du besoin client.

Pour lui, il n'est pas forcément question d'outil Lean agile ou non agile, mais plutôt d'une utilisation agile de l'outil, surtout à travers la formation du personnel et l'appréhension du contexte adapté. Si le personnel est bien formé à l'outil, il saura où et quand l'utiliser, en adaptation avec les changements dans son environnement.

Enfin il décrit l'agilité comme la suite logique du Lean : « Dans le modèle Tayloriste : on n'intègre que les dirigeants. Avec le Lean : on intègre tous les gens qui travaillent. Avec l'Agilité : on intègre les utilisateurs. On fait de la co-construction, même quand on met en place des outils d'amélioration de la performance avec les clients, les sous-traitants ou les fournisseurs ».

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Gérard Chambet estime lui que « tous les outils qui permettent de faire remonter et de répondre vite » sont adaptés dans une organisation agile. « On peut faire des réunions, des groupes de travail... Mais il faut que tout soit traité rapidement. Dans ce cas, il faut travailler en équipes poly-compétentes qui peuvent avoir toutes les réponses nécessaires rapidement ».

De même, il dit que, pour être agile, il ne faut pas chercher l'amélioration à tout prix. On peut faire du Lean mais pour un service qu'on doit valoriser auprès du client. « Notre taux de service est de 99.5% : le client ne désire pas plus, je ne vais donc pas chercher à l'améliorer ».

Enfin pour Jean-Claude Tessier, tous les outils Lean vont théoriquement dans le sens de l'agilité tant qu'ils se concentrent sur la valeur ajoutée et la suppression des gaspillages. Il faut surtout travailler l'aspect managérial pour rendre ces outils agiles, en prenant en compte les changements organisationnels qu'ils induisent. « Les entreprises ne comprennent pas que les collaborateurs doivent comprendre la finalité » et ce, quel que soit l'outil, Lean ou autre.

IV. Champ de l'étude

L'étude se concentrera sur des entreprises industrielles qui remplissent au moins l'une des conditions cycle de vie court ou demande imprévisible et qui emploient certains outils d'amélioration continue évoqués (ou en considèrent d'autres comme tel).

Les aspects marketing, financiers et système d'information propres à l'entreprise agile ne seront pas abordés, à moins qu'ils soient inclus dans les démarches d'amélioration continue de la production.

Synthèse

De prime abord, les deux concepts présentent des points de convergences évidents, notamment dans la philosophie, mais aussi des incompatibilités manifestes. C'est principalement l'aspect « figé » de l'application de certains outils, découlant d'une vision du Lean trop occidentale, qui semble fermer les portes à plus d'agilité.

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Chapitre 4 : Enquête et solutions

I. Enquête

VI.8 Description de l'enquête

Questionnaire complet dans l'0 Questionnaire L'enquête se compose de trois parties :

> Généralités sur l'entreprise et l'interlocuteur

> Connaissance de l'agilité, besoin d'agilité

> Outils d'amélioration continue et leur compatibilité avec l'organisation agile

Le besoin d'agilité organisationnelle a été réduit à un contexte de cycles produits courts et demande imprévisible, pour une meilleure intelligibilité auprès des non-initiés. Si l'interrogé est concerné par l'une des deux composantes du contexte, il explique comment son entreprise y répond par une question ouverte.

Une liste exhaustive d'outils d'amélioration continue est proposée sous forme de choix multiples avec une case « autre », laissant le choix à l'interrogé d'indiquer un ou plusieurs autres outils. Il lui est ensuite demandé, sous forme de question ouverte, d'indiquer lesquels sont, pour lui, compatibles avec un besoin d'agilité. Selon ses réponses, il développe ensuite la méthode de déploiement, si elle est particulière dans ce contexte.

De même, il doit indiquer quels outils sont pour lui intrinsèquement incompatibles dans un contexte d'agilité, sous forme de question ouverte.

Enfin, l'interrogé est amené à exprimer son avis général sur la compatibilité des outils Lean dans une entreprise agile.

L'enquête a été promue de la façon suivante :

> Transmission à l'ensemble des promotions RACPI 2014/2015 & QSE 2014/2015 à destination de leurs tuteurs.

> Listes d'anciens élèves d'école dont sont issus des collaborateurs actuels et passés.

> En interne de Fleury Michon® : transmise aux responsables d'autres unités que Montifaut Traiteur.

> Contacts personnels travaillant en milieu industriel.

> Partagée sur des forums et groupes de réseaux sociaux dédiés au Lean et à l'Agilité. > Sous forme de publicité dans un réseau social, ciblant des personnes ayant signalé dans leur profil un intérêt pour des sujets en lien avec l'étude.

Lorsque l'interrogé présente des réponses jugées très intéressantes, l'échange a été approfondi afin de développer les solutions présentées.

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I.2 Résultats de l'enquête

Généralités

Au total, 41 entreprises ont répondu au questionnaire, dans les secteurs d'activité suivants :

Nombre d'entreprises

18

16

14

12

10

4

8

0

6

2

16

5

3 3 2 2 2 1 1 1 1 1 1 1 1

Figure 12 : Répartition des entreprises interrogées par secteur d'activité

? La moyenne du chiffre d'affaire des sociétés interrogées est de 771 070 025€.

? La moyenne du nombre d'employés dans l'unité de production est de 228 personnes.

Sur la connaissance du concept d'agilité organisationnelle :

Connaissez vous le concept d'agilité organisationnelle ?

60%

56%

44%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

Oui Non

Figure 13 : Réponse des entreprises interrogées sur la connaissance du concept d'agilité organisationnelle

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Si oui, comment ?

10%

0%

36%

60% 50% 40% 30% 20%

50%

14%

7%

Évoqué dans votre entreprise Connaissances Journaux, internet, émissions... Intégré dans votre entreprise

Figure 14 : Véhicule de connaissance du concept d'agilité par les entreprises concernées

Le concept est donc connu par une majorité de 56%, mais dans laquelle pour seulement 36% l'agilité est évoquée au sein de l'entreprise, 7% intégrée.

Réponse aux cycles de vie courts

Dans votre entreprise, certains produits ont-ils des cycles de vie

courts ?

Oui Non

80%

70% 68%

60%

50%

40%

 
 
 
 
 
 
 

32%

 

30% 20% 10% 0%

 
 
 
 
 
 
 

Figure 15 : Réponse des entreprises interrogées sur leurs cycles produit

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Nous considérons qu'un cycle produit est court si le produit, de la 1ère production à la dernière, dure de plusieurs mois à quelques années (maximum 3 ans). Si le produit est modifié suite à une demande client dans ces délais, on considère également qu'il s'agit d'un cycle court (exemple : rajout d'une fonctionnalité après 1 an de production). 68% des interrogés considèrent qu'au moins une partie de leur production répond à ces critères.

Pour répondre efficacement à cette situation, les entreprises concernées affichent plusieurs propositions :

? Création d'une équipe projet dédiée au développement d'un nouveau produit (ou d'une modification). L'équipe projet contient les corps de métier R&D, Bureau d'étude, Commercial, Marketing et Production avec un effectif le plus réduit possible.

OU ? Même principe sans l'unité commerciale au sein de l'équipe. Dans ce cas le chef de projet (dépendant du BE) fait le lien avec le service commercial et s'appuie sur un « Coordinateur Nouvelle Gamme » en charge du planning.

Dans les deux cas, ces équipes projets ont une durée de vie de 1 à 2 ans. Pour l'une des entreprises interrogées, l'équipe doit être orientée « PME » avec le plus de compétences variées possibles, dans laquelle on privilégie des processus simplifiés (ex : pas de cahier des charges mais plutôt échanges par mail, processus de validation raccourci...).

? Demande formalisée pour la prise en compte des modifications demandées par le client (ex : document existant dédié, accessible au client, reçu et étudié par la R&D) donc régie par un processus strict. Après analyse, cette demande sera classée selon sa faisabilité. Une des entreprises interrogées classe ces demandes en deux catégories : « option sur devis », traitée par des compétences proche d'un SAV, ou une formalisation orientée développement, traitée par la R&D.

? Différenciation retardée : l'ensemble du processus de fabrication doit s'adapter à l'éventualité d'une modification. Ce n'est plus le processus entier qui est « sur mesure » mais uniquement une partie du process et évidemment le produit. Le produit sera le plus standard au début du process (même fabrication, même conditionnement) et sera différencié le plus tard possible dans la chaîne (suremballage différent, étiquettes différentes...). Toutefois, ceci n'est efficace que pour des modifications mineures de la production habituelle, comme le packaging ou la couleur.

Pour certaines entreprises, le type de produit permet une large diversité d'offre sans impact sur le process. L'une des entreprises interrogées, spécialisée dans le garnissage industriel, explique qu'à dose et texture identique, le produit peut-être totalement différent mais sans aucun impact sur le process. Cette situation est alors idéale mais n'est envisageable que dans une production volontairement cloisonnée.

Enfin on peut relever deux remarques à considérer sur l'adaptation aux cycles courts :

- L'adaptabilité des outils industriels peut conduire à des pertes d'efficacité, de rendement, voire des erreurs. Nous retrouvons ici la problématique de cette étude.

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- Les industries rencontrent paradoxalement plus de difficultés sur des compléments de gamme que sur de nouveaux lancements, visiblement par excès de confiance.

Réponse à la demande imprévisible

Dans votre entreprise, certains produits font-ils l'objet
d'une demande imprévisible ?

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

27%

Oui Non

73%

Figure 16 : Réponse des entreprises interrogées sur leur demande client

Une demande est considérée comme imprévisible si le client modifie les quantités commandées alors que la production est proche dans le temps. 73% des entreprises interrogées se trouvent dans cette situation, sans lien particulier avec le secteur d'activité. Ce n'est, par contre, évidemment pas le cas pour des entreprises produisant des pièces uniques sur mesure.

De même que pour répondre aux cycles courts, les entreprises n'ont pas toutes la même démarche pour être réactifs :

? Stock important de produits finis. Cette méthode « Tayloriste » engage des coûts importants et ne s'inscrit pas dans la philosophie Lean.

? Différenciation retardée ou banalisation des produits : tout comme elle permet de répondre aux cycles courts, le stock d'en cours peut alors s'adapter à un client ou un autre dans la suite du processus.

? Gestion des priorités par catégorie produits « ABC » : méthode héritière du Pareto, on identifie quels sont les produits phares (produits « A ») qui sont prioritaires. On définit ensuite un seuil de variation admissible en fonction des prévisions de vente.

? Changements d'organisation : ouverture de 8 supplémentaires, travail le samedi, modulation horaire dans les accords. Ceci exige des salariés poly-compétents, un service de planification/ordonnancement réactif et une forte communication pour garantir un bon climat social. L'utilisation d'intérimaires peut être une solution pour

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les fluctuations de besoin en main d'oeuvre, mais nécessite une organisation très lourde en termes de gestion des compétences.

? Capacité à faire des petites séries, facilitée notamment par le SMED. On peut alors

ajuster les quantités produites rapidement en changeant le type de production.

Dans un cas, on retrouve une personne intégralement dédiée à la modification des OFs de dernière minute lorsque les quantités demandées ont changé. Certaines entreprises utilisent également le retour d'expérience pour avoir la meilleure connaissance possible de la variation de la demande (ex : tel client est souvent à + ou - 3000 unités). On peut ensuite faire évoluer les paramètres propres à un produit, comme le stock de sécurité ou la taille de lot. Enfin quelques interrogés sur-dimensionnent leurs effectifs mais, tout comme un stock important de produit finis, ceci engage des coûts importants et du Muda.

Les outils Lean et l'agilité Outils utilisés

80%

76%

90%

80%

51%

44% 44% 41% 39% 37%

32%

27%

12% 12% 12% 10% 7% 5% 5% 2% 2% 2%

66% 63%

56%

0%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

22% 22% 20% 17% 17%

Figure 17 : Outils Lean utilisés par les entreprises interrogées. Pourcentage sur la totalité des interrogés (41).

Tous les outils présentés dans le graphique ci-dessus constituent les éléments retenus comme pouvant être affiliés au Lean. Certains ont été rajoutés au moyen du champ libre « autre » (Genba, SQCDP, Andon, 8D).

En tête des outils utilisés, et sans grande surprise, on trouve le 5S (80%) : facile à déployer et aux résultats visibles immédiatement, il est employé dans de nombreuses unités. On note en revanche peu d'utilisation du Six Sigma (12%), méthode très populaire dans les pays anglo-saxons.

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Mais quels sont les outils considérés comme compatibles dans une organisation agile ?

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Outils applicables dans une organisation agile

7%

37% 37%

33%

30%

27%

23%

10% 10% 10% 10%

17%

13% 13% 13%

3% 3% 3% 3% 3% 3% 3% 3% 3%

0%

40%

35%

20%

15%

10%

5%

30%

25%

Figure 18 : Réponses des entreprises sur les outils Lean applicables dans un contexte de besoin d'agilité.
Pourcentage sur la totalité des interrogés ayant répondu à cette question (30).

Sur la totalité des interrogés, peu ont un avis ferme sur des outils applicables ou non, d'où des pourcentages assez faibles. Nous trouvons en tête Kanban et SMED qui sont réputés pour fluidifier la production et permettre des petites séries. Viennent ensuite 5S, Management visuel et Takt Time pour les plus cités.

En ce qui concerne la manière de déployer ces outils dans le contexte du besoin d'agilité, on pourrait résumer l'ensemble des réponses par la démarche ci-dessous :

1) Former les managers aux outils, permettant de suivre leur évolution sur le terrain et d'effectuer les modifications rapidement.

2) Commencer sur des produits/gammes maîtrisés avec des outils dont la finalité est claire pour chacun : 5S, SMED et Poka Yoké permettent de sensibiliser et former le personnel aux principes Lean. Dans le meilleur des cas, privilégier des outils déjà connus en évitant les intervenants extérieurs plus « puristes ».

3) Créer une petite équipe et inclure chaque service. Favoriser le Brainstorming systématique pour regrouper les connaissances et contraintes de chacun. S'appuyer sur des collaborateurs poly-compétents, donc plus réactifs au changement.

4) Capitaliser sur des réussites à très court terme, utiliser les outils dans leur version simplifiée. Eviter tout rapport ou reporting.

5) Déployer chaque outil avec un principe PDCA où l'on remet en cause régulièrement les données.

6) Privilégier le management visuel et les codes couleurs, adaptables à chaque modification. De plus chaque modification est ainsi perçue et comprise.

7) Intégrer les outils dans la gestion opérationnelle (au même titre que, par exemple, qualité et sécurité).

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8) Créer deux modes opératoires : un classique et l'autre en situation de changement. Certains interrogés préconisent également de déployer les outils avant la mise en service de la ligne : en effet, ceux-ci seront donc inclus dans les pratiques standards des utilisateurs. Par exemple : fonctionnement en Kanban dès le départ ou détrompeurs créés en amont.

Pour des outils en particulier, quelques conseils supplémentaires évoqués par les interrogés : - Théorie des contraintes : travailler en amont avec les commerciaux pour qu'ils connaissent les temps de cycle.

- 5S : déploiement court (3 mois maximum).

- Kanban : l'utiliser pour communiquer les manquants au fournisseur.

- MRP : Grouper 2/3 méthodes simples et rapides à mettre en place (5P, Ishikawa, Brainstorming) avec une trame et une formation, afin que chaque unité puisse les utiliser rapidement.

- Analyse de la valeur : déployer toujours en début de projet.

- MSP : Anticiper les problèmes de performance et penser aux outils dès la conception, avant la dérive des pratiques.

Outils non applicables dans une organisation agile

7% 7%

30%

24%

10%

5% 5% 5%

2% 2% 2% 2% 2% 2% 2% 2% 2% 2% 2% 2%

5%

0%

25%

20%

15%

10%

Figure 19 : Réponses des entreprises sur les outils Lean non applicables dans un contexte de besoin d'agilité.
Pourcentage sur la totalité des interrogés (41).

S'agissant d'une démarche longue (minimum 6 mois), le Six Sigma créé la quasi unanimité dans son incompatibilité avec l'organisation agile. En effet, l'étude longue et fastidieuse de données n'a de sens que si le processus n'est pas sujet aux changements. Pour les même raisons, MSP semble contre-indiquée. TPM nécessitant beaucoup d'étude et de formalisation, la démarche peut sembler également inadaptée.

Plus surprenant, ou trouve ensuite le SMED. En effet, certaines entreprises considèrent que dans un cas où les changements de série sont inférieurs à 1h, il est inutile de déployer cet

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outil puisque le type de production est amené à changer dans un contexte de besoin d'agilité.

Certains considèrent aussi qu'un outil comme le management visuel demande trop de temps de préparation : la réalisation du support et sa modification peut demander des ressources importantes (mise à jour, remise en état, changements divers...). La boite à idée serait aussi contre-indiquée car elle amène un temps d'analyse des résultats assez long, rien qu'avec le dépouillement. Kanban peut également poser des problèmes si la demande est trop imprévisible : il faudrait alors systématiquement recalculer les tailles de carte.

Pour l'un des interrogés, sur les lignes dans lesquelles les outils Lean sont appliqués, il n'y plus de place pour les flux parasites hors standard qui ne rentrent pas dans le cadre. En ce sens, aucun n'outil ne serait adapté. Y'aurait-il un équilibre à atteindre ? Un Lean non « jusqu'en-boutiste » qui offrirait à l'organisation agile la performance qu'il promet ?

II. Solutions

I.1 Introduction

Suite à l'enquête et aux échanges qui ont suivis, nous allons expliquer, pour les outils Lean identifiés comme les plus adaptés à l'organisation agile, comment les mettre à profit. Pour chacun d'entre eux, nous allons développer la philosophie, la méthode et le matériel à employer dans ce contexte avec une estimation des coûts.

Nous décrirons ensuite les outils parfaitement contre-indiqués dans ce même contexte en y apportant les éventuelles nuances.

I.2 Les outils applicables

Kanban

Quelle philosophie ?

La philosophie du Kanban est intrinsèquement compatible avec l'agilité. Il permet d'aligner la production sur la demande client, supprime les OFs et rend la production autonome : c'est un outil d'agilité. Dans l'étude, 37% de 30 des entreprises interrogées le considèrent comme contribuant à l'agilité de l'entreprise.

Quelle méthode ?

Les opérateurs seront formés à la méthode, en insistant sur l'objectif d'une gestion autonome sans OF et de communication entre les postes. On prendra soin de cartographier précisément le flux, conjointement avec les opérateurs, pour identifier sur quel transfert un Kanban serait pertinent.

Le calcul du nombre de cartes Kanban sera déterminant pour la suite. Avec N nombre de cartes Kanban :

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N= Dd(1+K)/C

D : la demande journalière du poste aval

d : la durée d'un cycle correspondant au retour au point de départ du kanban

K : coefficient de sécurité

C : la capacité du conteneur

Si la demande journalière varie sensiblement, si la durée du cycle selon le produit est très variable, le projet peut complexifier la tâche au lieu de la simplifier. Dans la limite du raisonnable, on peut toutefois contrecarrer cette situation avec du management visuel efficace et souple, permettant de modifier rapidement les zones vertes, oranges et rouges et le nombre de Kanban.

Pour éviter les temps d'attente, il faudra miser sur la poly-compétence : un poste amont sans Kanban signifie que celui-ci ne doit plus produire mais aussi un poste aval très chargé. L'opérateur amont devra être compétent sur le poste aval pour mieux répartir la charge de travail en temps réel et éviter le gaspillage des ressources (Muda d'attente).

Autre idée importante : le Kanban fait partie des Méthodes Agiles de gestion de projet en informatique. Le principe est le même que le Kanban du Lean Manufacturing : on n'entamera pas de tâches amont tant que le poste aval est saturé. Il est souvent utilisé sous forme d'un tableau et de post-its :

Figure 20 : Tableau Kanban en gestion de projet informatique. Source blog.deming.org

S'agissant d'un outil de gestion de projet ayant fait ses preuves en informatique, on pourra l'appliquer de même sur tout projet de l'usine (travaux neufs, organisationnel...).

Matériel à employer

On prendra des fiches Kanban rédigées à la main. Les fiches vierges seront accessibles par les opérateurs pour s'adapter rapidement en cas de nombre de kanban inédits.

On utilisera un tableau à fiches type tableau de planning :

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Figure 21 : Tableau de planning. Source www.excel-downloads.com

Mais, plutôt que d'utiliser des fiches kanban colorées, on utilisera deux types de fiches : - Colorées et vierges, pour indiquer la zone verte, orange, rouge

- Non colorées et remplies : les kanban

 

Produit 2

Kanban

Kanban

Kanban

Kanban

Kanban

Kanban

Produit 1

Kanban

Kanban

Kanban

Kanban

Kanban

Kanban

Kanban

Kanban

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Figure 22 : Illustration d'un tableau Kanban avec deux types de fiches

Il est ainsi possible de réorganiser rapidement les zones vertes/oranges/rouges si le produit ou la demande change.

Coûts estimés :

Formation Kanban : 2000€

Déploiement/missions : 10000€

Tableau planning grand format : 250€

Cartes Kanban : 50€ Supports cartes : 75€

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SMED

Permettant de réaliser des petites séries, donc d'ajuster les quantités au besoin client, le SMED est validé par 37% des 30 entreprises ayant répondu à la question des outils applicables.

Quelle philosophie ?

Tout comme le Kanban, la philosophie du SMED converge vers l'agilité organisationnelle. Toutefois, et comme pour d'autres outils développés plus bas, le SMED doit être abordé avec une vision amélioration continue sans faire l'objet d'un cadrage trop strict.

Quelle méthode ?

Le SMED systématique nous éloigne de la meilleure réponse au besoin client : s'il n'apporte pas de vraie valeur ajoutée au service du client, on ne le déploiera pas. En effet, il faudra tout d'abord estimer son intérêt auprès des services d'ordonnancement. Si la demande client n'exige pas nécessairement de partitionner les 8 de production en plus petites séries, il ne sera pas nécessaire de déployer le SMED. Car même si le temps de changement est réduit, il est plus intéressant de n'avoir pas de changement du tout.

Si on estime qu'il apporte une véritable souplesse dans l'organisation, on commencera par identifier le poste dont les temps de changement sont les plus longs. Une fois identifié, on fera l'état des lieux :

- Le temps de changement est-il supérieur à 1h ?

- Combien de personnes sont nécessaires au changement d'outillage ?

- Combien de temps sont elles mobilisées par rapport à la préparation de la ligne ?

- Peuvent-elles intervenir autrement si le changement est plus court ?

Après avoir répondu à ces questions, on pourra donner une estimation du gain.

Exemple : temps de changement d'1h15min. On estime très rapidement qu'on peut réduire à 30min. On gagne 45min que 2 opérateurs peuvent consacrer chacun à la préparation de la ligne, réduisant au total le changement de produit à 40min.

? On gagne 35 min

L'ordonnancement estime que ce cas de figure est envisageable dans 10 productions par mois, soit un gain de 350min au total, donc 5h49, qu'on peut récupérer pour produire. A partir de là, on prendra la décision ou non de lancer le chantier. Il faut bien garder à l'esprit que, dans un contexte agile, les chances de recommencer le travail d'optimisation sont élevées : il faudra donc estimer la durée de déploiement et l'investissement.

Dans le chantier en tant que tel, on privilégiera une observation des temps internes et externes par trois opérateurs : deux qui connaissent l'outil et un totalement étranger pour donner l'oeil neuf sur la pratique de changement d'outil (à adapter selon le nombre d'opérateurs nécessaires au changement d'outil). Ils filmeront le changement et définiront eux-mêmes les opérations internes et externes. Une fois le schéma d'optimisation

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déterminé, ils animeront une réunion avec pour objectif la communication des bonnes pratiques (vidéo à l'appui) aux opérateurs travaillant sur l'équipement puis feront une simulation terrain.

Une fois les bonnes pratiques communiquées, le SMED ne doit pas faire l'objet d'un suivi rigoureux, donnant lieu à de nouveaux indicateurs. Aucun contrôle ni management visuel du SMED ne doit être mis en place. En cas d'écarts importants constatés sur le terrain, on réunira les opérateurs travaillant sur l'outil pour faire l'état des lieux.

L'amélioration du temps de changement peut également conduire à une commande d'outils plus performants (ex : visseuse électrique au lieu de clef à molette), ou amélioration de l'existant (ex : détrompeurs, réduction du nombre de vis). Dans ce cas, soit prévoir un dossier d'investissement destiné aux travaux neufs ou maintenance, le plus précis possible, soit inclure un technicien de maintenance dans le travail préalable.

Enfin, pour un SMED durable et évolutif, miser sur une main d'oeuvre à la formation technique conséquente. L'intérêt pour le SMED réside dans la possibilité de se passer de mode opératoire (étape « standardisation »). Si l'opérateur est expert de son outil, il n'aura pas besoin de repères visuels ou de trame avec les étapes de montage/démontage.

NB : penser à respecter les 2 règles du SMED :

Règle n°1 : Temps de Changement x Nombre de lot = CONSTANTE Règle n 2 : Temps de changement / Temps Production du lot 10%

Matériel à employer

Pour filmer les opérations, utiliser une caméra type GoPro®, car plus facile à oublier.

Pour l'identification des opérations internes/externes, on imprimera sur format A3 un tableau vierge correctement dimensionné avec numéro de l'opération, description, start/stop, durée cumulée, opération interne/externe, et des colonnes de temps fixes à colorier pour donner une indication visuelle de la durée.

u..

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Interne

(Pendant

Externe

(Machine

Description

Opérateur

Outillage

Start

Stop

Temps

Temps total cumulé

 
 
 
 

Arret

 
 

 
 
 

(sec)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

u..

(min)

Figure 23 : Exemple de tableau chantier SMED à compléter. Source CESI

Machine)

fonctionne)

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6

8

9 Pour communiquer la nouvelle manière de procéder, on utilisera le même tableau correctement organisé ou, dans le meilleur des cas, un montage vidéo (des logiciels comme Windows Movie Maker® ou Sony Vegas® sont simples d'utilisation).

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Mastère spécialisé : RACPI

Coûts estimés :

Chantier SMED : Nombre d'opérateurs x 210€ Réunion communication : Nombre d'utilisateurs x 60€ GoPro® : 200€ Windows Movie Maker® : Gratuit

Commande/Travaux : 5000€

5S

Très utilisé dans l'industrie, le 5S a été cité par 33% des 30 entreprises ayant répondu à la question comme compatible dans l'organisation agile.

Quelle philosophie ?

Dans notre contexte, le chantier 5S ne doit pas être vu comme une finalité. En effet, dans un environnement sujet au changement permanent, on doit axer l'apport de cet outil sur la capacité des collaborateurs à se projeter.

Pour simplifier, on lance un chantier 5S afin que l'atelier passe d'une étape A à une étape B. La bonne formation des collaborateurs au 5S et leur implication permettra, si l'étape B est rapidement compromise par un réaménagement, une projection spontanée sur l'étape C. Repousser le démarrage d'un chantier 5S sous prétexte que l'environnement sera modifié sous peu est une erreur, puisque même si on modifiera ce qu'on a fait, tout ce qui a été fait a permis l'acquisition de compétences.

Quelle méthode ?

Il faut alors commencer par une formation participative et collaborative. Privilégier une courte formation des managers par le service amélioration continue (1/2 journée) plutôt qu'une intervention extérieure, puis constituer immédiatement un groupe de travail incluant des managers, des opérateurs qualifiés et non qualifiés.

L'objectif de ce groupe de travail sera de :

- Planifier le chantier à court terme en essayant de créer des séances, pour chaque « S », avec des collaborateurs extérieurs au groupe de travail. A chaque fois, il faudra anticiper la modification possible de l'espace de travail (surtout valable pour le 2eS « Ranger » et le 4eS « rendre évident ») pour être le plus réactif possible. Par exemple : éviter les trous au mur ou la peinture définitive au sol.

- Insister sur l'aspect évolutif du 5S et la philosophie évoquée ci-dessus, afin de ne pas créer d'attente trop ferme sur « l'étape B » et responsabiliser les utilisateurs de l'atelier.

Dès le démarrage du groupe de travail, installer un tableau de communication sur le déroulement du chantier, qui servira ensuite pour le suivi du 5S dans l'atelier.

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Mastère spécialisé : RACPI

Une fois le chantier terminé, prévoir des missions « 5S progrès » régulières pour :

- Trouver des solutions aux écarts constatés suite aux audits 5S

- Imaginer de nouvelles améliorations sur matériel, sur le rangement ou sur le management visuel.

- Anticiper le réaménagement lorsque des modifications de l'atelier sont prévues. Pour cela, il est impératif que la direction inclue systématiquement les conducteurs de ligne dans les projets de réaménagement de l'atelier. Les utilisateurs doivent anticiper les nouvelles contraintes, permettant une réflexion 5S en amont de l'implantation.

Le livrable de ces missions sera une feuille de propositions pour des actions demandant des moyens ou de l'organisation (n'ayant pas pu être effectuées le jour de la mission). L'ensemble devra être immédiatement communiqué sur le tableau dédié au 5S. Pour des améliorations de matériel ou nécessitant des travaux, le missionné rendra une feuille destinée à la maintenance en étant le plus précis possible sur les travaux nécessaires.

Ces missions seront sur demande des utilisateurs auprès du manager, qui tiendra compte de la possibilité ou non de détachement et sera garant de l'équité de distribution des missions. On peut privilégier des missions avec 2 personnes, l'une ayant fait la demande de mission, l'autre ayant accepté sur demande ou du manager, ou du collaborateur demandeur.

Matériel à employer

Pour la communication, utiliser un tableau blanc de petite taille (A2 à A1 maximum)

contenant :

- Une partie résultats (5eS) indiquant le respect des bonnes pratiques actuelles

- Un plan d'action.

- Des réalisations avec leur coût (améliorations du matériel, suppression de matériel)

- Un champ libre pour des suggestions, impérativement en rapport avec

l'aménagement de l'espace de travail

Ce tableau doit être attractif mais comporter le moins d'éléments imprimés nécessitant des mises à jour. La capacité à être modifié est plus importante que l'esthétique de l'ensemble. Pour autant, il est conseillé d'utiliser des magnets à thème (champ du tableau, priorisation, smileys) et plusieurs feutres de couleurs différentes.

La feuille de contrôle « 5eS » doit être accessible dans l'atelier pour que, dans le meilleur des cas, l'équipe gère d'elle-même le contrôle de l'aménagement de la salle. Une fois l'audit réalisé, elle sera rendue au manager qui effectuera les éventuelles modifications demandées sur la feuille.

Mettre à disposition du matériel visuel dans l'atelier, comme par exemple une « mallette 5S » comprenant des outils d'identification (étiquettes + porte étiquette, imprimante DYMO®), de fixation rapide et réversible (aimant, scotch), des cartons rouges pour du matériel à débarrasser. Cela permet des améliorations quotidiennes et stimule les équipes à s'approprier l'espace de travail. Lorsque du matériel vient à manquer, on évitera toute demande formalisée de la part des équipes : l'intéressé appellera le service concerné et

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Mastère spécialisé : RACPI

formalisera sa demande à l'oral. On lui donnera un retour sur les délais le plus immédiatement possible.

Concernant le marquage au sol, on peut imaginer un espace de travail délimité par des bandes adhésives, donc amovibles, ou des tapis « puzzle » de couleurs :

Figure 24 : Marquage au sol "puzzle". Source www.casalsport.com

Toutefois, il convient d'évaluer la résistance de ces matériaux aux passages, au nettoyage, et l'éventuel impact sur la sécurité (si le tapis « puzzle » est épais, risque de chute).

Pour de l'affichage mural, il faut envisager toutes les techniques permettant du repositionnement et de la modification. Par exemple, on peut penser à des cadres porte-affiche adhésifs au mur, permettant de modifier le contenu affiché très rapidement.

Figure 25 : Cadre porte-affiche. Source www.sesa-systems.com

Toutefois, si la philosophie participative du 5S est suffisamment développée, il peut s'avérer inutile de multiplier les affichages, puisque chaque utilisateur est alors suffisamment informé sur les bonnes pratiques.

De même pour les modes opératoires, ce type d'affichage sera privilégié plutôt qu'un rangement en classeur. Ainsi le mode opératoire est visualisé régulièrement, et notamment ses obsolescences. Toutefois, dans un contexte agile, le mode opératoire peut être remis en question, ce que nous développerons plus bas (voir 0).

Coûts estimés

Formation 5S pour les managers : 200€ x nombre de managers + 280€

MO Chantier 5S : 12000€

Mission « 5S progrès » 1 personne : 240€

Tableau A1 : 50€

Marquage au sol « puzzle » : 30€/m2

Cadre porte-affiche 400 x 600mm : 30€

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Mastère spécialisé : RACPI Management visuel

Le management visuel n'est pas un outil forcément propre au Lean, mais il contribue à rendre chaque déploiement intelligible et communicatif. Il a été cité par 30% des 30 entreprises pour son applicabilité dans l'organisation agile.

Quelle philosophie ?

Pour Jean-Claude Tessier, le management visuel agile n'a pas simplement un but de communication : il est un indicateur sur la distance relationnelle entre les managers et leur équipe. Si les rituels ne sont pas correctement réalisés et si les équipes ne participent pas, le manque d'agilité est manifeste. L'agilité nécessite de manière absolue la contribution de tout le monde : le management visuel permet de mesurer cette contribution.

Il faut voir les équipes comme « clientes » du management visuel : il permet de savoir ce que veut le client et d'y répondre le mieux possible.

Quelle méthode ?

On peut difficilement parler de méthode concernant un outil qui n'est qu'un support pour véhiculer des informations. Cependant, nous allons essayer d'y associer certains éléments de l'organisation qui, d'ordinaire, n'y sont pas associés :

- Les réunions de pilotage : elles peuvent se faire autour d'un tableau dédié aux grands axes et projets en cours de l'unité de production.

- La gestion de projet : utiliser des outils visuels type A3 pour suivre l'avancement du projet. Tout comme dans les projets informatiques, on pourra utiliser du Kanban avec un tableau de post-its.

- Les modes opératoires : éviter le cloisonnement des informations dans un classeur difficilement accessible.

- Les détrompeurs visuels : au même titre que pour les modes opératoires, il est préférable de placer des codes couleur sur l'outil de travail pour indiquer de manière immédiate s'il y a une anomalie.

Figure 26 : Management visuel sur outil de production. Vert : cas normal / en dehors : anomalie.

Source : CESI

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Mastère spécialisé : RACPI

Dans tous les cas, il faut le rendre accessible et intelligible par tous, directement concernés ou non, pour renforcer la notion de « sens » que l'entreprise agile doit fournir à ses collaborateurs.

Là où toute procédure peut-être remplacée par du management visuel, il faut privilégier le management visuel.

Matériel à employer

Comme évoqué plus haut dans le paragraphe 0, le 5S étant étroitement lié au management visuel, on va privilégier des supports modifiables type tableau, magnets ou post-its. Pour protéger vos éléments imprimés, il faudra systématiquement les plastifier à l'aide d'une plastifieuse (attention à découper au préalable votre feuille, puis découper autour de l'objet pour une bonne imperméabilité). Pour créer vos propres magnets, utiliser du scotch aimanté adhésif qu'on collera derrière les items plastifiés :

Figure 27 : Scotch aimanté adhésif. Source www.supermagnete.fr

Si on veut simuler la création d'un tableau de management visuel, on peut utiliser un logiciel type Adobe Photoshop® qui permet, par gestion de calques, de déplacer ou modifier chaque élément du tableau très rapidement. Cette simulation peut éviter des erreurs de dernière minute (espace mal évalué, magnets trop gros...)

Figure 28 : Simulation de tableau de communication réalisée avec Adobe Photoshop®. Chaque élément est
indépendant et peut-être modifié.

Dans un environnement sujet au nettoyage fréquent, prévoir la protection de tous vos supports, soit en utilisant un tableau fermé étanche, soit en utilisant des cadre porte affiche. Sur un support magnétique, on peut également utiliser des ProDoc® aux différents formats. Ils protègent les documents et sont aimantés sur trois côtés :

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Mastère spécialisé : RACPI

Figure 29 : ProDoc® aimantés. Source www.sesa-systems.com

Coûts estimés

Grand tableau blanc : 200€

Plastifieuse : 1500€

Scotch aimanté : 84€ pour 10m Adobe Photoshop Elements® : 69,72€ Adobe Photoshop C6® : 931.20€ ProDoc® : de 30€ (A4) à 150€ (A1) Post-its colorés : 10€

Takt time

Utilisé pour cadencer la production, le Takt Time permet de connaître la cadence idéale pour répondre le plus justement au besoin client. Par essence, il semble donc adapté dans une organisation agile, ce qu'approuvent 27% des 30 entreprises ayant répondu à la question concernée.

Quelle philosophie ?

Le Takt Time est principalement utilisé par les services méthodes et/ou amélioration continue. C'est donc, traditionnellement, une donnée inconnue des équipes de production qui va déterminer la réorganisation, souvent subie, de la charge de travail entre les ateliers. Dans l'organisation agile, on privilégie l'autonomie et la réactivité à tous les niveaux : le Takt Time devra être abordé comme une donnée opérationnelle, gérée à ce niveau.

Quelle méthode ?

Pour commencer, il faudra présenter aux équipes l'intérêt du Takt Time, soit l'équilibrage de la charge de travail. Ce sujet étant sensible, il est important d'insister sur l'objectif et l'aspect collectif de la démarche. Ce sera d'autant plus simple si l'atelier travaille déjà en collaboratif et/ou rotations de poste. On pourra adapter le concept en se plaçant en configurations de « mini usines », le client étant le poste aval, imposant la cadence au poste amont.

Une fois l'intérêt compris, on fournira aux équipes un emplacement de management visuel dédié au calcul du Takt time. Les données d'entrées seront la demande client journalière et les temps de cycle de chaque poste.

Un travail préalable est donc nécessaire pour acquérir les temps de cycle. Pour cela, on missionnera deux opérateurs chargés de les chronométrer à chaque poste. Si les temps de

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cycle varient en fonction du produit, on tiendra à jour une base de données. Dans le meilleur des cas, les temps de cycle pour de nouveaux produits sont communiqués en amont et tenus à jour par le manager. On pourra aussi choisir de conserver une valeur moyenne du Takt Time, si la variation en demande n'est pas systématiquement significative.

Pour chaque production, les opérateurs viendront inscrire sur le tableau les temps de cycle et calculeront le Takt Time. Une fois calculé, en comparant aux temps de cycle, les opérateurs rééquilibreront la charge de travail sur le tableau. Par exemple :

- Le Takt Time est indiqué sur une échelle graduée en ligne d'objectif

- Chaque machine/tâche est symbolisée par une couleur, et constitue un bloc de taille variable (si le temps de cycle est fixe, on pourra utiliser des magnets).

- Les opérateurs, indiqués en colonne, se répartissent la tâche pour que chacun ait une charge de travail équilibrée par rapport aux autres

Figure 30 : Exemple de tableau d'équilibrage de la charge par le Takt Time. Cas fictif.

L'intérêt est alors multiple : la production est cadencée au plus proche possible de la demande, l'entraide est facilitée et, de plus, les équipes ont connaissance de l'ensemble du processus dans lequel ils sont impliqués. Donner la vision globale « client » aux opérateurs responsabilise et donne du sens.

Matériel à employer

Pour la base de données des temps de cycle en fonction du produit, privilégier un classeur trié par code produits, avec des données inscrites au critérium. Chaque modification est alors immédiate, au besoin remettre la date du jour par le manager avec signature.

Pour le calcul du Takt Time et la répartition de la charge, utiliser un tableau blanc. Comme évoqué, si les temps de cycle machine sont fixes, on pourra utiliser des magnets type blocs de couleur pour les représenter. Sinon, tout peut-être indiqué au feutre ou avec des post-its colorés. Penser à munir les opérateurs de calculatrice pour le calcul du Takt Time.

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Coûts estimés

Formation Takt Time : 2000€

Calculatrice : 10€ x nombre opérateurs Grand tableau blanc : 200€

Post-its colorés : 10€

VSM

La VSM est, pour beaucoup, le 1er outil à employer lorsqu'on veut déployer le Lean. Il est, pour 23% des entreprises ayant répondu à la question, applicable dans une organisation agile. Pourtant, on ne l'utilisera pas forcément aux mêmes fins que dans une vision Tayloriste.

Quelle philosophie ?

Pilier du Lean, cette « cartographie globale » du flux permet d'identifier les noeuds dans le processus global. Mais dans notre contexte, il convient d'utiliser en priorité son caractère communiquant : tous les acteurs du processus doivent être autour de la table (marketing, R&D, production...) pour briser les non-dits et redonner le langage commun. On cherche le partage de sens, cher à l'agilité, et une optimisation globale, qui n'est pas la somme d'optimisations locales.

Quelle méthode ?

On doit consacrer une journée complète à la construction de la carte. Comme évoqué, on doit impérativement impliquer l'ensemble des acteurs de l'entreprise : direction, marketing, R&D, logistique, production... L'animation doit être assurée par un collaborateur formé aux icônes de la VSM (type responsable amélioration continue). Il devra insister sur l'objectif de partage de sens, de résolution des non-dits et d'optimisation globale.

Dans le cas idéal, on invitera le client à participer à cette construction. Il sera une vraie partie prenante dans l'objectif, qui n'est autre que de mieux le servir, et un atout dans la capacité de remise en question. Il est client mais aussi, dans la plupart des cas, représentant d'une entreprise avec son propre fonctionnement : une vraie relation « gagnant - gagnant » dans l'échange pourra s'instaurer. On renforcera également la confiance par la transparence de l'entreprise sur son fonctionnement.

On construira une VSM la plus large possible. L'idéal sera d'avoir un tableau blanc consacré à la VSM. La carte sera dessinée au feutre pour la rendre modulable, ou on préparera les icones sous forme de magnets.

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Figure 31 : VSM sur tableau blanc. Source www.le-lean-humain.com

Une fois la carte constituée, elle sera prise en photo, envoyée aux participants et on planifiera une réunion « retour » quelques semaines plus tard. L'objectif sera de prendre du recul sur la méthode et les informations lors de la constitution de la carte. Chacun prendra la parole sur les noeuds propres au processus qui le concerne et pourra établir un plan d'action.

Dans un contexte d'organisation agile, il faut également identifier les phases les plus sujettes à modification/personnalisation en lien avec le client. Celles-ci feront l'objet d'un travail commun pour la simplification et la fluidité du processus, qui devra faciliter la communication entre les services dans un objectif de réactivité.

On pourra également chercher à déplacer la personnalisation du produit le plus loin possible dans le processus, en créant une boucle réduite dédiée aux modifications demandées par le client.

Matériel à employer

On utilisera un tableau blanc dédié le plus grand possible (minimum 1000mm x 2000mm) accessible et visible par tout collaborateur. A proximité, on prendra soin de laisser la liste et la signification des icônes VSM soit directement sur tableau, soit dans un cadre porte affiche.

Si on souhaite utiliser des magnets, on se référera aux recommandations du management visuel (voir 0).

Coûts estimés

Journée de constitution de la carte + réunion retour : 2x4200€ Grand tableau blanc : 200€

Poka Yoké

Dans l'idée d'autocontrôle et d'autonomie, le Poka Yoké est en phase avec les principes agiles. Il obtient le score de 17% dans l'étude réalisée.

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Mastère spécialisé : RACPI Quelle philosophie ?

Il doit permettre aux opérateurs de déterminer rapidement si le produit est conforme ou non, en évitant des méthodes de contrôle plus longues et coûteuses. Il a pour objectif de donner la capacité aux équipes à évaluer d'elles-mêmes la qualité et la conformité de leur produit. De ce fait, il est un véhicule de sens pour l'entreprise. Du point de vue client, il est une garantie plutôt qu'un frein à l'agilité, à condition d'être adapté au plus juste à son besoin.

Quelle méthode ?

Dans le meilleur des cas, on s'efforcera de prévoir la réalisation du Poka Yoké dès la conception : le client ayant défini son besoin, les services concernés peuvent dimensionner le Poka Yoké en amont de la mise en service d'un nouvel outillage. Il faudra inclure dans la démarche plusieurs opérateurs qui seront en charge de transmettre les besoins de l'atelier, en configuration mini-projet.

Le fournisseur d'un nouvel outillage pourra également être sollicité pour la création ou l'aide à la création de Poka Yoké, en option supplémentaire. Il possède en général toutes les données importantes sur l'outillage dont des dessins par CAO, des prototypes, qui pourront servir à la création du détrompeur.

D'autre part, le client pourra également intervenir dans la réalisation d'un Poka Yoké : en définissant les points critiques, il donnera le type de détrompeur le plus précisément adapté à son besoin de qualité. Cela permet d'éviter un test qualité trop lourd, amenant à de la sur-qualité que le client ne demande même pas.

Matériel à employer

Pour un Poka Yoké physique, on privilégiera du matériau souple, type mousse, permettant un usinage rapide. Le Poka Yoké nécessitant un usinage de précision, la maintenance aura à disposition tout le matériel disponible pour le réaliser et le modifier rapidement, avec un stock de matériau neutre.

Ceci exige une importante veille technologique sur les matériaux : mousse semi-rigide, colles, polyuréthane... Dans un esprit de souplesse et de malléabilité, les innovations sont sources de simplification du travail sur le Poka Yoké et impératives dans un environnement agile.

Pour des détrompeurs physiques plus simples, il faudra envisager l'utilisation de simples dessins ou marquages. Peu coûteux, ils sont facilement modifiables. Ils seront colorés, correctement fixés au support et protégés (par exemple sous plastique).

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Figure 32 : Détrompeur en dessin créé sur Adobe Photoshop®

Dans tous les cas, un logiciel de CAO type SolidWorks® ou simplement de dessin type Adobe Photoshop® pourra aider à dimensionner, créer et modifier rapidement le détrompeur. Avec ces logiciels, la base peut rester la même et on peut modifier chaque élément indépendamment.

Autre outil intéressant : le tableau à clous. Il ne peut être utilisé pour un détrompeur précis mais peut permettre un autocontrôle très rapide et peut être modifié quasi instantanément. Plus la maille est importante, plus le détrompeur sera précis.

Figure 33 : Tableau à clous. Source www.amazon.com

On peut même penser à l'utilisation des célèbres Lego® : de même que pour le tableau à clous, ils peuvent permettre de construire des détrompeurs certes peu précis mais modifiables à l'infini au moindre coût.

Figure 34 : Détrompeur Lego. Source www.ezusb2131.sourceforge.net

On ne développera pas les outils de détection type signal sonore ou sécurité machine, considérés aussi comme détrompeurs, mais propres à la maintenance et au process.

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Coûts estimés

Création par fournisseur : 1000€ (à négocier)

Planche de mousse usinable : 40€ pour planche de 300 x 500 mm

Planche de plastique thermoformé : 70€ pour plaque de 1000 x 1000 mm

SolidWorks : 500€

Adobe Photoshop Elements® : 69,72€

Adobe Photoshop C6® : 931.20€

Panneau perforé : 80€

Commande spéciale de pièces Lego® : 100€

Recommandations quel que soit l'outil

L'organisation agile exige une culture Lean partagée et comprise. Il faudra donner un socle commun à ces pratiques pour en assurer la pérennité, contraindre le Lean à rendre service à l'agilité quel que soit les outils qu'on souhaite déployer.

Tout d'abord, la poly-compétence des employés est une condition sine-qua non pour l'organisation agile mais aussi pour un Lean durable. En plus de servir certains outils spécifiques comme le Kanban et le Takt Time pour l'équilibrage autonome des tâches, la poly-compétence d'un collaborateur formé au Lean permet le partage des connaissances et l'initiative. Par exemple : un collaborateur ayant participé à un chantier SMED sur un outillage, sera en mesure de proposer le déploiement sur un autre équipement s'il estime les gains intéressants.

Dans le même ordre d'idée, la qualification des employés nous évite un Lean rigide, codifié par des Mode Opératoires. Des employés qualifiés n'ont pas besoin d'affichages leur expliquant comment faire leur travail, il en est de même pour des employé formés aux bonnes pratiques. On peut imaginer des MO visuels rappelant uniquement « ce qu'il ne faut pas faire » et laisser les collaborateurs modifier leurs propres pratiques (MO et affichages accessibles sur informatique pour les collaborateurs). Cette situation n'est envisageable qu'avec des employés très qualifiés et formés.

À titre d'exemple, Michel Benoit évoque une entreprise de transformation laitière japonaise qu'il a visitée : dans les ateliers de production, il n'y a pas d'opérateurs à proprement parler, tout le personnel travaillant sur ligne est formé à une équivalence de technicien de maintenance. Dans ce cas, il n'y a aucun MO sur ligne ni explication affichée, donc un gaspillage bureaucratique évité.

Lors de la formation des collaborateurs à un outil Lean, il faudra miser sur l'application au contexte. On ne forme pas quelqu'un à utiliser une perceuse sans expliquer quand il est utile de l'employer. Cette donnée est primordiale dans un contexte agile, dans lequel on doit être à même de déterminer rapidement quel outil sera adapté dans un environnement qui a changé. Les collaborateurs devront être à même de dire quel type d'optimisation (donc quel outil) mettre en place pour rétablir la performance en cas de modification sensible de l'environnement de travail et, par leur formation, l'appliquer rapidement. Par exemple : le client exige une meilleure uniformisation des pièces, les collaborateurs proposeront d'eux-mêmes la création de Poka-Yoké.

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Toujours concernant le personnel, les cycles courts exigent une grande implication des collaborateurs. Pour cela, quel que soit le déploiement, intégrer le management visuel dès le départ. Il favorise et jauge l'implication du personnel en plus de donner une posture de transparence.

Le Lean est un procédé d'amélioration : il exigera que les processus soient raccourcis, pour permettre une bonne réactivité (exemple : travaux 5S validés directement entre personnel terrain et maintenance). Si les processus sont trop longs, on risque de perdre le sens de l'amélioration proposée alors que l'environnement continue d'évoluer, et on ne pourra pas non plus réajuster rapidement en fonction de l'évolution. Ce processus court est similaire aux itérations propres aux méthodes agiles informatiques : l'environnement évolue et la solution de rétablissement de performance doit y être adaptée le plus rapidement possible, au risque d'être déjà éloignée du besoin client au moment où on l'applique.

La tenue des réunions est également un point de vigilance. On s'appuiera sur les méthodes agiles informatiques qui décrivent la réunion comme un « facilitateur de temps collectif ». Un ou deux objectifs précis, choisir les bons participants, donner du sens et de l'envie en proposant des témoignages : quel que soit le thème ou l'outil Lean abordé, il est à la responsabilité des animateurs de générer l'effervescence collective au service des objectifs.

On pourra également utiliser du management visuel pour redonner du sens aux outils Lean. Un tableau dédié, répertoriant les outils, leur objectif, leurs résultats actuels, dans le but de donner plus de clarté aux utilisateurs, et un historique des outils « clef » de l'entreprise (outils les plus adaptés).

Enfin on favorisera le retour d'expérience. Les solutions proposées qui n'ont pas pu être mises en place seront conservées pour rappeler quels ont été les points bloquants. Avec un environnement turbulent, les points bloquants peuvent rapidement sauter et permettre de reconsidérer des déploiements Lean laissés de côté. Ce retour d'expérience peut prendre la forme d'un fichier dédié ou dans le meilleur des cas être inclus dans un SID. Toujours sur l'utilisation du retour d'expérience, on peut évoquer la MRP, non développée dans les outils applicables mais non contre-indiquée, qui prend du sens lorsqu'elle est croisée avec un SID. Les aléas résolus de manière pérenne peuvent refaire surface dans un contexte agile, il faudra donc s'attacher à favoriser, de manière la plus rapide possible, l'utilisation du retour d'expérience. Le SID devra être capable de recroiser très rapidement les données actuelles et les données passées avec précision. Cette précision exige l'utilisation perpétuelle d'outils MRP comme le QQOQCCP ou les 5 pourquoi. En tant que SID, on peut envisager l'utilisation d'une base de données interactive et paramétrée, possible avec un logiciel comme FileMaker®.

I.3 Les outils non applicables

Introduction

Dans cette partie, nous développerons pourquoi certains outils ont été décrits comme contre-indiqués dans un environnement agile. Quand ce sera possible, nous y apporteront quelques nuances ou conditions particulières pour pouvoir quand même les développer.

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NB : SMED a été également évoqué comme non applicable par 7% des interrogés. Cependant, avec les précautions de déploiement évoquées plus haut, nous considérons qu'il n'entre pas dans la catégorie des outils contre-indiqués.

Six Sigma & MSP

Le Six Sigma, identifié comme non applicable par 24% des interrogés, se concentre sur d'importantes données récupérées sur une partie d'un process. Il nécessite systématiquement un déploiement très long, minimum 6 mois. De ce fait, il n'est pas adapté dans un contexte agile : au bout des 6 mois, on pourra déjà être éloigné des nouvelles contraintes du process. Il est coupé du fonctionnement global de l'unité, focalisé sur une partie, comme un projet « sous-marin ». Historiquement, c'est une méthode très employée dans des industries encore très Tayloristes type automobile, électronique, ce qui peut expliquer son manque d'applicabilité dans une entreprise agile.

En nuance, on pourra considérer qu'il peut être déployé si l'unité possède un service méthode très nombreux et très qualifié sur le sujet, raccourcissant la durée.

On pourra aussi utiliser des éléments du Six Sigma comme le plan d'expérience ou la corrélation, qui s'appuient sur des données du process ou du produit (viscosité, densité, etc.) dans un objectif de résolution de problème et de retour d'expérience.

La réflexion sur MSP, non applicable pour 7% des interrogés, est la même. Le résultat est plus nuancé car MSP est une sorte de « petit Six Sigma », donc intrinsèquement plus court.

TPM

TPM est considéré par 10% des interrogés comme incompatible avec l'organisation agile. C'est également une méthode lourde, nécessitant une importante base documentaire, qui débouche sur des processus de contrôle figés. De plus c'est une méthode qui fait appel à de nombreux indicateurs (TRS, MTBF, etc.) indispensables à son déploiement mais souvent trop complexes pour faire adhérer les utilisateurs de l'atelier. La TPM est, dans son contenu comme dans sa finalité, trop rigide pour contribuer à l'agilité de l'entreprise.

Boite à idée

La boite à idée n'est identifiée que par 5% des interrogés comme inadapté à l'organisation agile mais, au gré des rencontres et recherches, il est apparu comme un outil contre-agile.

La boite à idée prétend donner la parole aux collaborateurs mais sans but, sans cadre, elle est contre-productive. Si la boite à idée permet de s'exprimer sur n'importe quel sujet, elle sera difficile à traiter, plus longue, donc ne permettra pas d'être réactif, donc rapidement désavouée. De plus, comment stimuler la participation ? Le système de récompense pose un vrai problème de fond. Pour Jean-Claude Tessier, « en récompensant une bonne idée, on considère implicitement que la bonne idée ne fait pas partie du travail standard. La boite à idée est en dehors du système normal, mais pourquoi ne pourrait-on pas récolter la bonne

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idée sur le terrain ? ». En ce sens, la boite à idée peut se révéler anti-agile. Par contre, on pourra utiliser les systèmes de suggestions clients.

Synthèse

Outil

Applicable ?

Vigilance / Conseil

Kanban

Oui

Demande trop variable ? re-calcul systématique du nombre de cartes

SMED

Oui mais

Evaluer le gain de temps, statuer sur l'intérêt du déploiement avec l'ordonnancement

5S

Oui

Axer sur la formation des utilisateurs Trouver des solutions visuelles amovibles

Management Visuel

Oui

Généraliser son application le plus possible Rendre les destinataires actifs

Takt Time

Oui mais

Déconseillé si demande trop imprévisible et références différentes dans leur process

VSM

Oui

Axer sur l'aspect pédagogique

Nécessite tous les services pour casser les non-dits

Poka Yoké

Oui

Utiliser des outils reconfigurables, au détriment de détrompeurs précis

Six Sigma

Non

Ou nombreux collaborateurs aux méthodes

MSP

Non

Ou nombreux collaborateurs aux méthodes

TPM

Non

 

Boite à idée

Non

Mais suggestion client recommandé

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Mastère spécialisé : RACPI

Chapitre 5 : Application à Fleury Michon® Montifaut Traiteur - CONFIDENTIEL

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Conclusion générale

Notre étude a mis en évidence un premier élément : l'agilité dans l'organisation industrielle est encore peu connue dans la plupart des entreprises. Certaines s'adaptent aux turbulences de l'environnement par des méthodes qui vont dans le sens d'une organisation plus agile, mais sans y associer le terme, encore moins les principes. Pour beaucoup des entreprises interrogées connaissant le sujet, l'agilité est une condition sine qua non pour leur développement, voire leur survie. Mais la plupart n'appliquent pas les pratiques qu'elle induit lorsqu'elles déploient du Lean. On l'emploie trop souvent pour résoudre des problèmes récurrents, pour figer l'environnement et finalement se rassurer. Plus l'entreprise aura besoin d'agilité, moins cet emploi du Lean y contribuera. Pourtant, la philosophie initiale de ce dernier s'avère finalement très proche de la philosophie agile.

L'essentiel pour appliquer les outils Lean dans l'organisation agile reste la formation à ces outils pour donner la capacité aux équipes de les utiliser dans le bon contexte. Ils doivent avoir un « sens » partagé, et constituer une boite à outil dans laquelle chacun peut piocher pour rendre le travail d'une équipe mieux pensé. Les projets d'amélioration doivent permettre d'une part un meilleur service au client, mais aussi l'utilisation optimale des compétences de chacun. Le Lean doit être déployé dans cette optique pour trouver sa place au sein de l'organisation agile.

La performance globale ne doit pas être mise de côté lorsque l'entreprise s'adapte très vite : elle doit être une partie entière de l'adaptation et intégrée au plus tôt. Lorsque les entreprises seront plus matures dans leur réponse à l'environnement turbulent, nous verrons évoluer chacun des outils Lean en adaptation aux nouvelles organisations et nouvelles technologies. L'agilité exigera alors du Lean qu'il soit une culture et non plus une science.

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Bibliographie

« Fundamental Principles of Evolutionary Project Management » Tom Gilb. 2005

« 21st Century Manufacturing. Enterprise Strategy » Report. Roger N. Nagel. D TIC. Iacocca Institute. ELECT E. Lehigh University. 1991

« Le concept de l'agilité à l'épreuve de la PME : Cas de l'industrie de l'habillement » Barzi Redouane, ATER en Sciences de Gestion - Université d'Orléans, Laboratoire Orléanais de Gestion. 2007

« L'entreprise agile - Agir pour une performance durable » Ouvrage dirigé par : Jérôme

Barrand. Lionel Bellenger, Pierre Yves Sanséau, Jocelyne Deglaine, Sophie Buer. 2010 http://www.journaldunet.com/management/expert/50957/quand-l-agilite-fait-son-

retour-dans-le-discours-des-entreprises-francaises.shtml http://www.m8.fr/images/article_qr.pdf

« Machine That Changed the World : The Story of Lean Production » Womack, Jones & Roos. 1991

[1] « Building the Data Warehouse » Inmon, W.H. 1994

[2] « Adopting Leagility » - www.supplymanagement.com Tony Davies 2010

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QUESTIONNAIRE

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Questionnaire Thèse Martin Letouvet

Thèse professionnelle : « Comment les outils d'amélioration continue contribuent-ils à l'agilité de l'entreprise ? »

Ecole CESI Saint Nazaire - Mastère Spécialisé RACPI

Votre entreprise ne sera pas citée dans l'étude, sauf demande particulière puis accord de votre part.

CESi

ei.cesi

ÉCOLE D'INGÉNIEURS

Nom de l'entreprise

CA Annuel

Secteur

Nombre d'employés dans votre unité

Ville de votre unité

Nom et Prénom

E-mail

Fonction

Commentaires

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Agilité

Connaissez-vous le concept d'agilité organisationnelle ?

LJ Oui

Non

Si oui comment?

0 Journaux, Internet, émissions... Ü Connaissances

Ü Évoqué dans votre entreprise Ü Intégré dans votre entreprise

Définition du besoin d'agilité par Christian Hohmann

 
 
 
 
 

Demande prévisible

' amande difficilement révislble

 
 
 

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Cycle de vie long

 

Spécialisation/ optimisation

 

Flexibilité

 

Réactivité

Cycle de vie court

Flexibilité

 

Réactivité

 

Agilité

Dans votre entreprise, est ce que certains produits ont des cycles de vie courts ?

Cycle court = de la conception à la dernière production : de plusieurs mois à quelques années. On considère qu'une modification du produit suite à une demande du client nous place dans ce cas. Exemple : "je veux maintenant que mon produit possède un bouton supplémentaire"

Oui

Non

Si oui, par quels moyens y répondez vous ?

Dans votre entreprise, est ce que certains produits font l'objet d'une demande imprévisible ?

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Modification des quantités commandées par le client très proche de la production

Oui

Q Non

Si oui, par quels moyens y répondez vous ?

Amélioration continue

Quels outils d'amélioration continue utilisez-vous ?

Six Sigma [j MSP

D 5S

D Boite à idée [j Kanban

D PDCA

[i MRP (5 Pourquoi, QQOQCCP, A3.._)

[1 VSM Cl SMED

D Polycompétence

D TPM

CJ Autonomation Ci Poka Yoké

Û Lean office

Û Takt Time CI Brainstorming

D AMDEC

C! Théorie des contraintes

D Analyse de la valeur Ci Diagramme Spaghetti Li TOM

[E Management Visuel Li Autre :

Lesquels sont, à votre sens, applicables sur des productions à cycles de vie courts ET demande imprévisible ?

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ICÔNES VSM

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Source : www.qimacros.com

Key Words : agility, agile organisation, Lean, turbulent environment.

Résumé

Cette étude s'intéresse aux différents outils du Lean appliqués dans un environnement turbulent, qui exige des entreprises industrielles une organisation la plus agile possible. L'agilité se développant à travers certains principes, sont-il compatibles avec tous les outils du Lean, ou alors ces derniers demandent-ils à être adaptés ?

Une enquête réalisée auprès de 41 entreprises permet de sélectionner les outils les plus indiqués dans l'organisation agile et d'amener la réflexion sur la méthode de déploiement de chacun. L'étude se termine par des propositions d'application dans l'entreprise Fleury Michon® unité Montifaut Traiteur dont le besoin d'agilité exige un Lean adapté.

Mots clés : agilité, organisation agile, Lean, environnement turbulent.

Abstract

This study deals with the different Lean Manufacturing tools aplied in a turbulent environment, which requires from industries the most agile organisation possible. Agility works on some principles : are they compatible with all Lean tools, or do we need to adapt these tools ?

A survey with 41 companies led us to select the most appropriate tools for an agile organisation and to think about the deployment method. The study concludes with propositions on Fleury Michon company (Montifaut Traiteur unit), for its agility need requires the appropriate Lean Manufacturing method.






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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire