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La commercialisation de la mangue bio du Mali: perspectives de développement

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par Boubacar TRAORE
Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux - Master complémentaire 2008
  

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Communauté française de Belgique

FACULTE UNIVERSITAIRE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DE GEMBLOUX

LA COMMERCIALISATION DE LA MANGUE BIOLOGIQUE
DU MALI : PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT

Travail de fin d'études

Année académique 2007-2008

Présenté par : Boubacar TRAORE

Promoteurs : Philippe LEBAILLY et Baudouin MICHEL Lecteurs : Marc DELVAULX et Daniel BODSON En vue de l'obtention du Diplôme de Master complémentaire Orientation : Économie et Sociologie Rurales

Copyright

(c) Toute reproduction du présent document par quelque procédé que ce soit ne peut être autorisée qu'avec l'autorisation de l'auteur et de l'autorité académique de la faculté des sciences agronomiques de Gembloux.

Le présent document n'engage que son auteur.

Communauté française de Belgique

FACULTE UNIVERSITAIRE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DE GEMBLOUX

LA COMMERCIALISATION DE LA MANGUE BIOLOGIQUE
DU MALI : PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT

Travail de fin d'études

Année académique 2007-2008

Présenté par : Boubacar TRAORE

Promoteurs : Philippe LEBAILLY et Baudouin MICHEL

Lecteurs : Marc DELVAULX et Daniel BODSON

En vue de l'obtention du Diplôme de Master complémentaire

Orientation : Économie et Sociologie Rurales

i

REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail de fin d'étude, mes remerciements sincères vont à l'endroit des personnes ci-après nommées :

Philippe Lebailly pour son accord et son implication à toutes les étapes de la réalisation de cette étude.

Michel Baudouin pour son travail remarquable d'encadrement de cette étude.

Daniel Bodson et Marc Delvaulx pour leur travail de lecture, remarques et suggestions pertinentes.

Thomas Dogot et tout le personnel de l'unité d'économie et du développement rural de la Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux pour leur accompagnement durant mon cursus à l'unité.

La coopération bilatérale belgo malienne et Aurélie Vandecruys de la CTB pour le financement et la gestion de la bourse.

Toutes les personnes ressources qui ont collaboré de près ou de loin à l'étude : Stéphane Durand (TERALIS-BIO), Wim Spieringhs (AGRO FAIR), Denis Félicité Zulmas (COLEACP), Moctar Boukanem (PCDA), Modibo Traoré (HELVETAS), Moctar Fofana (AOM), Adama Zongo (FRUITEQ), tous les producteurs de mangues biologiques de Sibirila et Doussoudiana, Assane Zouhry (Ministère de l'Agriculture Maroc), Mme Fatiha (Groupe DELASSUS), M. Zitouni (MOKALA s.c.a), M. Lekchri (SAM), M. Chbouki (Direction Agriculture Casablanca), Abdelkrim Abouyoub (Centre Marocain pour la Promotion de l'Exportation).

Toutes mes familles au Mali et en France.

Tous mes amis et tous mes camarades de promotion.

ii

AVANT PROPOS

Les différentes bases de données statistiques des pays importateurs de mangues biologiques ne font pas de distinction entre mangue conventionnelle et mangue biologique dans la statistique des flux importés. Toutes les mangues sont regroupées en un seul code dans la nomenclature combinée (NC). C'est ainsi qu'avec EUROSTAT, le code 080450 correspond aux mangues, goyaves et mangoustans à l'état frais ou sec. Il faut noter ici que les quantités de goyaves et mangoustans sont infimes, d'où leur rattachement à la mangue. En l'absence donc de données statistiques officielles sur les importations de mangues biologiques, Nous avons donc travaillé avec les chiffres du NC 080450, tout en insistant sur les spécificités du marché biologique tant que cela est possible dans notre analyse.

Les photos, tableaux, graphes et figures dont les sources ne sont pas citées dans le texte ont été élaborés par le soin de l'auteur.

Les montants sont exprimés en franc CFA dans ce travail et 1 euro = 655,89 F CFA.

Un certain nombre d'entreprises sont nommées dans ce travail non pas par publicité, mais pour des raisons de la clarification des faits.

iii

RESUME

Le Mali est un pays qui exporte des fruits exotiques sur le marché européen pour accroître les revenus des producteurs et lutter contre la pauvreté en milieu rural. La mangue conventionnelle demeure le premier fruits et légumes d'exportation du Mali avec une valeur FOB de près de 2 milliards de francs CFA. Pour consolider cette valeur, la segmentation du marché a révélé la mangue biologique comme un produit porteur.

Ainsi des initiatives étatiques et privées ont émergé pour l'organisation et l'accompagnement d'une chaîne d'approvisionnement mangue biologique au Mali. À ce jour, la production et la commercialisation de la mangue bio, qui a commencé il y a trois ans de cela, sont en hausse constante chaque année malgré quelques difficultés et contraintes comme le manque d'infrastructures adéquates, l'absence de structure nationale de certification biologique, l'insuffisance du financement des acteurs de la chaîne, etc.

Après avoir caractérisé les marchés de destination de la mangue biologique du Mali en termes d'exigences réglementaires et commerciales, la présente étude a dégagé les perspectives à moyen terme du marché européen de mangue. Il est apparu que la demande du marché européen en mangue biologique est en croissance depuis une dizaine d'années. Mais cette croissance est atténuée par la capacité d'absorption très limitée du marché de niche mangue biologique et l'émergence d'un mouvement écologique défendant la consommation de fruits dont la production et la commercialisation ont peu d'empreinte carbone sur l'environnement. Pour bien se positionner sur le segment de niche mangue biologique, le Mali doit être compétitif face à la concurrence des pays latino américains voire des pays de la sous région comme le Burkina Faso, la Côte d'ivoire, etc. En Afrique de l'Ouest, les sociétés burkinabés sont bien positionnées sur les marchés de niche mangue bio et bio-équitable grâce à leur partenariat stratégique avec les entreprises d'importation et de distribution des pays européens et leur management de la qualité du produit.

Après le diagnostic actuel de la chaîne d'approvisionnement mangue bio du Mali, une étude Benchmarking a été effectuée au Burkina Faso et au Maroc pour s'inspirer des facteurs clés de succès et les meilleures pratiques afin de déceler et corriger les écarts de compétitivité de la chaîne d'approvisionnement mangue bio du Mali. À l'issue des résultats de cette étude, un plan de compétitivité est proposé pour mieux positionner la chaine d'approvisionnement mangue bio du mali sur le marché européen.

iv

ABSTRACT

Mali is a country which exports exotic fruits on the European market for grow the incomes of the producers and to fight against the poverty in rural areas. The conventional mango lives first fruits and vegetables of export of Mali with a value FOB of about 2 billion CFA francs. To strengthen this value, the segmentation of the market to reveal the biological mango as a carrier product.

So state and private initiatives appeared for the organization and the accompaniment of organic mango supply chain in Mali. This day, the production and the marketing of the organic mango, which began three years ago of propped up, are in constant increase every year in spite of some difficulties and constraints as lack of adequate infrastructures, the absence of national structure of organic certification, The incapacity of the financing of the actors of the chain, etc.

Having characterized the markets of destination of the organic mango of Mali in terms of statutory and commercial requirements, the present study kicked away the medium-term perspectives of the European market of mango. It seemed that the demand of the European market in biological mango is in growth since about ten year. But this growth is eased by the absorption capacity very limited by the niche market organic mango and the emergence of an ecological movement defending the consumption of fruits among which the production and the marketing have little imprint carbon on the environment.

To position well on the segment of niche biological mango, Mali must be competitive in front of the competition of countries Latino American even countries of her under region as the Burkina Faso, Côte d'Ivoire, etc. In western Africa, companies Burkinabe are positioned well on niche markets organic and organic-fair trade mango thanks to their strategic partnership with the companies of import and distribution of the European countries and their management of the quality of the product.

After the current diagnosis of the organic supply chain mango of Mali, a study Benchmarking was made in the Burkina Faso and Morocco to be inspired by key factors of success and the best practices to reveal and correct the distances from competitiveness of the supply chain organic mango of Mali. In the stemming from the results of this study, a plan of competitiveness is proposed to position better the supply chain organic mango of Mali on the European market.

v

TABLE DES MATIERES

i) Remerciements

ii) Avant propos

iii) Résumé

iv) Abstract

v) Table des matières

vi) Liste des graphes, figures, photos, acronymes

Introduction générale .1

1. Objectifs .2

1.1 Objectif général 2

1.2 Objectifs spécifiques 2

2. Hypothèses .2

3. Méthodologie .3
3.1 Recherche bibliographique et diagnostic actuel de la chaine d'approvisionnement

mangue bio du Mali

3

3.2 Étude benchmarking

3

3.3 Analyse et interprétation des données

.3

3.4 Post étude benchmarking

.4

Partie I : La mangue biologique du Mali et ses marchés de destination

5

Chapitre 1 : Brève présentation du Mali

6

1. Situation géographique

..6

2. Environnement socioéconomique

..7

Chapitre 2 : Généralités sur la mangue biologique

8

1. Systématique de la mangue

8

2. Histoire de la mangue

8

3. Caractéristiques agronomiques du manguier

.9

4. Zones d'étude et conditions agro climatiques

...9

5. Aléas sanitaires

10

6. Typologie des vergers de manguier au Mali

11

Chapitre 3 : Les marchés de destination de la mangue biologique 12

I. Introduction .12

II. Objectifs ..12

III. Méthodologie ..12

IV. Résultats et discussion 13

1. L'étendue du marché mondial de la mangue 13

1.1 Le marché de mangue en Union Européenne 14

1.2 Le segment bio 15

2. présentation des acteurs de la chaine de distribution de la mangue bio 18

2.1 Les importateurs/distributeurs 18

2.2 Les grandes et moyennes surfaces 19

2.3 Les magasins spécialisés en produits bio 20

2.4 Les autres acteurs 20

3. La dynamique du marché européen de mangue 21

vi

3.1 Le segment bio 26

4. Le diagnostic de la situation courante par rapport à la dynamique du marché de

mangue bio

28

5. L'évolution de la tendance du marché

28

5.1 Le segment bio

29

6. Les perspectives de marché pour la mangue bio

30

Partie II : Analyse des chaines d'approvisionnement mangue biologique

.32

Chapitre 4 : Le diagnostic actuel de la chaine d'approvisionnement mangue biologique du

Mali et son benchmarking 33

1. Définition et délimitation de la chaine d'approvisionnement mangue biologique du

Mali .33

2. Analyse fonctionnelle de la chaine d'approvisionnement mangue bio du Mali 35

2.1 La production 35

2.2 Les pisteurs 38

2.3 La transformation 38

2.4 L'exportation .39

2.5 Les structures techniques d'appui 41

3. Analyse financière des comptes d'exploitation de la chaine d'approvisionnement

mangue biologique du Mali 43

3.1 Le compte d'exploitation du producteur ...43

3.2 Le compte d'exploitation du pisteur ..45

3.3 Le compte d'exploitation de l'exportateur 45

4. Analyse AFOM 47

Chapitre 5 : Étude benchmarking .48

I. La filière agrumicole du Maroc 48

II. La chaine d'approvisionnement mangue biologique du Burkina Faso 49

Partie III : Stratégies de mise à niveau de la chaine d'approvisionnement mangue bio du

Mali 53

Chapitre 6 : Le plan de compétitivité 54

1. La matrice du plan de compétitivité de la mangue biologique du Mali ....54

Conclusion 58

Bibliographie 60

Annexes

vii

Liste des figures, graphiques, tableaux, photos et acronymes

Figures

Figure 1. La carte du Mali

Figure 2. Quelques logos du label bio en Europe

Figure 3. Part de marché des différentes origines sur le marché UE en 2005

Figure 4. Part de marché des différentes origines sur le marché UE en 2006

Figure 5. Part de marché des différentes origines sur le marché UE en 2007

Figure 6. Saisonnalité des principaux pays exportateurs sur le marché européen pendant

les 5 dernières années

Figure 7. La chaine d'approvisionnement mangue bio équitable du Mali

Figure 8. La chaine d'approvisionnement mangue bio du Mali

Figure 9. Organisation de la certification bio au Mali

Graphiques

Graphique 1. Les importations de mangues des États-Unis, Canada et Japon pendant les

années 2003, 2004, 2005 et 2006 (en tonnes)

Graphique 2. Évolution des importations de mangues en UE 27 de 1998 à 2007

Graphique 3. Importation extra UE de mangues par pays en 2006

Graphique 4. Saisonnalité de la mangue malienne sur le marché UE en 2005

Graphique 5. Saisonnalité de la mangue malienne sur le marché UE en 2006

Graphique 6. Saisonnalité de la mangue malienne sur le marché UE en 2007

Graphique 7. Mangue biologique import (toutes origines) - Cours au stade gros à Rungis

pendant les 5 dernières années

Graphique 8. Importations UE 15 mangue de 1998 à 2007

Graphique 9. Évolution des exportations de mangues du Mali de 2005 à 2007

Graphique 10. Évolution des exportations de Fruiteq de 2005 à 2007

Tableaux

Tableau 1. Les normes de calibrage de la mangue

Tableau 2. Process de conditionnement et de logistique

Tableau 3. Les investissements d'installation d'un verger de mangue bio au Mali (F CFA/ha) Tableau 4. Le coût de production par an d'un verger de mangue bio au Mali (F CFA/ha) Tableau 5. Les produits annuels de vente d'un verger de mangue bio au Mali (F CFA/ha) Tableau 6. Le compte d'exploitation du pisteur

Tableau 7. Structure de charges des exportateurs en F CFA/kg de mangue bio

Tableau 8. Caractéristiques de l'impact du temps de la récolte à la mise en pré cooling sur la qualité de la mangue

Tableau 9. Plan de compétitivité pour la chaine d'approvisionnement mangue bio du mali

Photos

viii

Photo 1. Plaque d'identification de verger de mangue bio et Verger de mangue bio avec écartement 10/10

Photo 2. Mangue bio séchée conditionnée par Oxfam solidarité Belgique

Photo 3. Quelques photos de la station de conditionnement de Fruiteq

Acronymes

AB : Agriculture Biologique

AOM : Agrumes et Oléagineux du Mali

ASBL: Association Sans But Lucratif

Belux : Belgique Luxembourg

Bio : Biologique

CAF: Coût Assurance Fret

CCI : Centre du Commerce International

CTA : Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale

DD: Développement Durable

FAO: Food and Agricultural Organization

F CFA: Franc Communauté Financière Africaine

FLO: Fair trade Labeling Organizations

FOB: Franco On Board

FT: Fair Trade

GMS: Grandes et Moyennes Surfaces

HACC: Hazard Analysis and Critical Control Points

NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

ONG: Organisation Non Gouvernementale

PCDA : Programme compétitivité et Diversification Agricole

PLAZA : Plate forme Aménagée en Zone Aéroportuaire

SOQ : Signe Officiel de Qualité

SWOT : Strengths Weaknesses Opportunities threats

UE : Union Européenne

UEMOA : Union Économique Monétaire Ouest Africaine

ix

1

INTRODUCTION GENERALE

Le Mali est un pays dont l'économie repose essentiellement sur l'agriculture et l'élevage. En effet le secteur agro-pastoral participe à la formation du PIB à hauteur de 45 %, contribue pour plus de 50 % aux recettes d'exportation et assure les revenus à environ 80 % de la population. Ainsi, le Mali à travers ses interventions (comme le Programme de Compétitivité et de Diversification Agricoles, les appuis des coopérations belge, néerlandaise et suisse, etc.) veut miser sur les filières dont le potentiel de valeur ajoutée est élevé, tant au niveau des produits agricoles frais que des produits agro industriels dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la pauvreté formulée dans le document CSCRP.

La filière mangue pour laquelle le Mali dispose d'un avantage comparatif, a connu un essor certain. La production malienne de mangue est estimée actuellement à environ 200 mille tonnes par an dont moins de 10 % sont commercialisés. Des efforts ont été déployés pour relancer la filière. Les résultats des politiques de relance ont permis de faire passer les exportations entre 1997 à 2007 de 1 450 à 4 317 tonnes. Pour soutenir l'accroissement des volumes d'exportation, une politique de diversification des produits a été enclenchée.

Le Mali a exporté ses premières mangues biologiques certifiées avec 30 tonnes en 2005. Depuis, les exportations de mangues biologiques n'ont pu décoller significativement. Pour promouvoir la filière mangue, il est nécessaire de passer par une stratégie de compétitivité, de diversification des produits et des marchés.

Le segment de niche des fruits biologiques dont la demande ne cesse de croître sur le marché européen est un créneau porteur pour la filière mangue du Mali. Dans le cadre de la diversification des produits de la filière mangue du Mali, depuis 2001, un certain nombre d'acteurs se sont lancés dans la production et commercialisation de mangues certifiées biologiques avec l'appui des projets techniques comme Helvetas, GREFA, Trademali, etc.

Cependant, la mangue biologique du Mali connaît quelques difficultés de mise en marché notamment l'absence de chaîne de valeur spécialisée en bio, le manque de professionnalisme, l'insuffisance de financement des acteurs et d'information sur les marchés, etc.

Cette étude est une contribution au développement de la chaîne d'approvisionnement mangue biologique du Mali. Elle analyse le marché européen de la mangue bio et dégage les perspectives à moyen terme. Ensuite elle propose des axes stratégiques d'amélioration pour le positionnement de la chaîne d'approvisionnement de mangue bio du Mali.

L'étude a été réalisée en trois phases : (i) L'enquête exploratoire (effectuée au Maroc) qui a permis de consolider les connaissances théoriques sur l'étude de la filière bio d'une manière générale et tester le dispositif d'enquête, (ii) l'étude des marchés de destination de la mangue biologique en Belgique, France et Pays-Bas. Dans ces trois pays les marchés de mangue bio ont été caractérisés et analysés pour présenter les perspectives, (iii) le diagnostic de la chaîne d'approvisionnement mangue bio du Mali et l'étude benchmarking1 en Afrique ont permis d'élaborer le plan de compétitivité2.

1 Le benchmarking est un outil qui permet de rechercher en permanence les meilleures pratiques en se comparant dans un domaine précis à un organisme faisant référence.

2 Un ensemble de mesures stratégiques à mettre en oeuvre pour renforcer la capacité de maintenir et accroître ses parts de marché sur les marchés internationaux.

2

Les résultats de ces différentes phases sont structurés en trois parties. La première partie présente brièvement le Mali et traite les questions liées à la généralité sur la mangue biologique et les marchés de destination. La seconde partie fait le diagnostic actuel de la chaine d'approvisionnement mangue biologique du Mali, étudie celle du Burkina Faso pour en tirer des leçons positives. Quant à la troisième partie, elle définit un plan de compétitivité à travers des axes d'amélioration en rapport avec le produit, les acteurs, le management et la destination géographique.

1. Objectifs

Les objectifs de cette étude sont de : 1.1 Objectif général

Contribuer à l'amélioration de la compétitivité et de la mise en marché de la mangue biologique du Mali par l'élaboration d'un plan stratégique de compétitivité.

1.2 Objectifs spécifiques

Analyser la chaîne de distribution de la mangue biologique des marchés de destination (Europe) afin de dégager les perspectives,

Faire un diagnostic de la chaîne d'approvisionnement mangue bio du Mali,

Réaliser un benchmarking concurrentiel au Burkina Faso permettant de déceler les écarts de compétitivité,

Formuler des stratégies de compétitivité à partir des résultats du diagnostic de la chaîne d'approvisionnement de la mangue bio du Mali et de l'étude benchmarking.

2. Hypothèses

La production biologique est un mode d'agriculture qui a la particularité de ne pas utiliser les produits chimiques de synthèse et est respectueuse de la protection de l'environnement. Les marchés internationaux de mangues biologiques sont donc régis par des conditions d'accès spécifiques et des mécanismes de fonctionnement particuliers.

Le Mali a un potentiel de production de mangues d'environ 200 mille tonnes par an. la filière mangue conventionnelle avec ses atouts et faiblesses a connu pendant ces dix dernières années quelques progrès. Cependant, le segment de niche mangue biologique tarde à suivre la dynamique enclenchée par la filière mangue conventionnelle du Mali.

Certains pays, en termes de production de mangues et d'exportation sont mieux positionnés sur le marché de niche mangue bio que le Mali. Ces pays ont réussi à développer des politiques et stratégies pour promouvoir la production et l'exportation de mangues bio.

Vu la performance commerciale de certains pays concurrents, si le Mali ne fait rien en termes de formulation et de mise en oeuvre de politiques afin d'améliorer la compétitivité, il n'augmentera pas sa part de marché, pire, il en perdra au profit de ses concurrents.

3

3. Méthodologie

La méthodologie de l'étude a été conçue en quatre phases.

3.1 Recherches bibliographiques, diagnostic actuel des chaînes d'approvisionnement mangue bio du Mali et pré benchmarking3

Cette étape a consisté à repérer et exploiter les ouvrages qui ont trait à la filière mangue bio et les thématiques assimilées. Une première rencontre avec les acteurs de la filière et les collectes de données générales sur le développement rural au Mali, les acteurs de l'aval et le marché ont permis de faire l'état actuel des connaissances.

La notion de filière étant vaste, complexe et relevant aussi très souvent de l'objectif recherché par l'analyste, il est apparu nécessaire d'aborder ce travail avec une approche de chaine d'approvisionnement pour mieux comprendre les stades successifs, les flux physiques, économiques et les relations entre les acteurs.

Une enquête exploratoire a été menée au Maroc pour tester le dispositif technique de l'enquête (questionnaires et guides d'entretien) et définir quelques indicateurs de benchmark.

Une enquête sur les marchés de mangues bio en Belgique, France, Allemagne et Pays-Bas a été réalisée pour analyser et comprendre les mécanismes de fonctionnement et exigences de ces marchés. A ce niveau, le Burkina Faso a été identifié comme pays à benchmarker sur la base de sa performance commerciale en Europe.

Des enquêtes de base sous forme de questionnaires et d'interviews directes ouvertes ont été réalisées au Mali pour mieux identifier les différents intervenants de la chaine d'approvisionnement à travers leurs rôles d'une part, et déterminer d'autre part, les difficultés pratiques rencontrées par les acteurs et la performance actuelle de la filière en termes d'efficience des acteurs.

Pour toutes les enquêtes et interviews, le choix a porté sur l'échantillonnage raisonné.

3.2 Étude Benchmarking

Au Burkina Faso, des observations de bonnes pratiques, des enquêtes qualitatives et une analyse et interprétation sur les résultats de benchmarks préalablement identifiés.

3.3 Analyse et interprétation des données

Les données ont été analysées en deux étapes. Une étape descriptive qui a concerné le produit, les itinéraires, les agents, les opérations, les flux, l'environnement institutionnel, les interventions des ONG et l'état, les accords interprofessionnels et intercommunautaires, etc. Une étape explicative qui a donné des éclaircissements sur la structure du marché de la mangue bio, la détermination de l'écart de compétitivité et du seuil de performance pour le futur (exercice d'étalonnage).

A l'issue de l'analyse finale, un plan de compétitivité pour la mangue bio du Mali a été proposé.

3 Etudes préalables pour identifier les objectifs, les indicateurs et le partenaire du benchmarking

4

3.4 Post étude benchmarking

Restitution des résultats aux différents partenaires qui ont participé à la réalisation du TFE.

La rédaction de la bibliographie a été faite selon la norme iso 690 décrite par Bernard Pochet. La méthode Harvard (auteur - date) a été retenue pour la citation des auteurs dans le texte du travail et dans la liste bibliographique (Pochet, 2005).

5

PARTIE : I

LA MANGUE BIOLOGIQUE DU MALI ET SES MARCHES DE DESTINATION

6

CHAPITRE 1 : BREVE PRESENTATION DU MALI

1. Situation géographique

Le Mali est un pays continental sans accès direct à la mer qui est situé en Afrique de l'Ouest entre les 10e et 20e degrés latitude Nord. Il est limité géographiquement au Nord par l'Algérie, au Sud par la Côte d'ivoire et la Guinée, au Sud Est par le Burkina Faso, à l'Ouest par la Mauritanie et le Sénégal et enfin à l'Est par le Niger. Le Mali couvre une superficie de 1 241 300 Km2, habité par 13,5 millions habitants4 avec une densité de 7,4 habitants par km2. Ce vaste territoire est traversé par deux grands fleuves africains, le Niger long de 4700 km (dont 1700 km au Mali) et le Sénégal long de 1790 km (700 km au Mali). Ces deux cours d'eau constituent un enjeu stratégique pour les politiques agricole, énergétique et économique du pays.

La température moyenne sur l'étendue du territoire est de 25° Celsius en mois de janvier et 35° Celsius en mai. Le pays est caractérisé par trois principales saisons climatiques : la saison froide (octobre à février), la saison sèche (mars à juin) et la saison hivernale (juin à septembre). La pluviométrie varie de 1 120 mm à Bamako à moins de 130 mm dans le Sahara5. Il existe trois zones climatiques : au Sud le Soudan, à l'Ouest et l'Est le Sahel et au Nord le Sahara.

Les principales villes sont Bamako (capitale), Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal (Figure 1).

Figure 1. La carte du Mali

4 Source : Banque Mondiale, 2006

5 Source : Encyclopédie Encarta 2007

2. Environnement socioéconomique

Essentiellement, pays à vocation agro-sylvo-pastorale, environ 70 % de la population sont des ruraux. L'Agriculture participe à la formation du PIB à hauteur de 45 %.

Les principales cultures agricoles sont le coton, riz, mil, sorgho, fruits et légumes. Les produits d'élevage cuirs et peaux et le bétail constituent aussi une source de recette importante. Le sous sol malien est très riche en ressources minières, notamment l'or qui est devenu depuis 2004, le premier produit d'exportation du Mali devant le coton avec 50 % de l'ensemble des recettes d'exportation du Mali6.

Les fruits et légumes constituent une réelle potentialité pour diversifier et accroître les revenus d'exportation et des producteurs.

La performance des exportations des produits agricoles est très souvent liée à la bonne pluviométrie et à la conjoncture favorable du cours des matières premières.

Il existe une bipolarité Nord Sud au Mali qui se manifeste au niveau des modes de vie et des activités de production. Le Nord est une zone désertique, les populations sont nomades et la principale activité de production est l'élevage extensif des ovins, caprins, bovins et camelins. Le Sud est une zone soudanienne propice à l'agriculture, les populations sont sédentaires et pratiquent de la céréaliculture, la culture du coton et l'horticulture.

Le manguier est culturellement encré dans les pratiques de plantation d'arbre pour lutter contre la famine, préserver l'environnement, générer des revenus et décorer le paysage.

Les caractéristiques zonales et socioéconomiques susmentionnées font du Mali un pays producteur de mangues par excellence.

7

6 Source : OCDE, « Perspectives économiques en Afrique 2005-2006 »

8

CHAPITRE 2 : GENERALITE SUR LA MANGUE BIOLOGIQUE

La mangue est un fruit agricole tropical comestible qui constitue pour les pays producteurs un fruit stratégique en termes de création de valeur ajoutée, d'amélioration de la santé, de protection de l'environnement et de développement.

La mangue biologique appelée encore mangue organique est une mangue labellisée qui est issue d'un mode particulier de production dit agriculture biologique. Selon le Larousse agricole, l'agriculture biologique est définie comme « un mode de production agricole excluant tout recours aux fertilisants de synthèse et impliquant l'abandon de la quasi-totalité des produits chimiques pour la protection des plantes et des animaux », (Mazoyer et al, 2002).

L'authenticité de la garantie de cette agriculture est assurée par des organismes tiers qui contrôlent et certifient les produits et les process. Pour utiliser le label bio, les différents acteurs se conforment à un cahier de charges qui reprend le règlement CEE 2092/91 et ses modifications7. La mangue bio diffère donc de la mangue conventionnelle par son mode de production et sa qualité différenciée par un signe.

Dans ce travail, les informations d'ordre général sur la mangue ont été obtenues par recherche bibliographique et les informations relatives à la mangue bio de ce chapitre sont issues des résultats de l'enquête effectuée au Mali pendant la période du 15 février au 25 avril 2008.

1. Systématique de la mangue Famille : Anacardiacées

Genre : Mangifera

Espèce : Mangifera Indica L.

2. Histoire de la mangue

Depuis 4000 ans, le manguier est présent en Inde orientale et en Birmanie, il fut introduit au XVIe siècle en Afrique par les arabes et au Brésil par les portugais. Largement cultivé dans la quasi-totalité des pays tropicaux, il a joué un rôle dans la culture, la religion et les fêtes des communautés. Le grand voyageur Alexandre le Grand aurait repéré en 327 avant J.-C. un verger de manguiers. Aussi, certains auteurs comme Ibn Hankal (902-968), Huien T'Sang (632-645), Ibn Batuta (1325-1349) qui ont visité l'Inde citent le manguier dans leurs ouvrages (De Laroussilhe, 1980). Adanson a parlé de la présence des manguiers en Afrique occidentale en 1757 (Dubois et Van Laere, 1948).

Les dynamiques socioculturelles ont influencé l'intensification ou le déclin de la culture de manguier ça et là dans les zones agro écologiques. Ainsi au Mali, le manguier existait depuis 1890 à Kita, mais c'est en 1961 que les premières importations européennes des variétés Amélie et Julie ont été constatées (De Laroussilhe, 1980).

La production de mangues biologiques est très récente au Mali. C'est en 2002 que le programme initié par l'association suisse au développement Helvetas - Mali dénommé Promotion des Filières (ProFil) s'est engagé à organiser et soutenir la première chaîne d'approvisionnement de mangue biologique dans les cercles de Bougouni et de Yanfolila au Mali. En 2006 un exportateur privé dénommé Agrumes et Oléagineux du Mali (AOM) a

7 Règlement CEE 2092/91 du conseil du 24 juin 1991 concernant le mode de production biologique de produits agricoles et sa présentation sur les produits agricoles et les denrées alimentaires.

9

organisé et encadré une seconde chaîne d'approvisionnement de mangue bio dans le cercle de Sikasso.

3. Caractéristiques agronomiques du manguier

Le manguier est un grand arbre pérenne qui vit plusieurs centaines d'année s'il est bien entretenu. La hauteur de l'arbre varie entre 5 et 30 m. La semence est le noyau du fruit, en général, la germination a lieu 15 à 30 jours après le semis. Le système racinaire est du type pivotant, permettant à la plante de subsister en cas de déficit pluvial. S'il n'y a pas d'obstacles, le pivot peut atteindre jusqu'à 6m de profondeur. Le tronc est obtenu à l'issue des croissances successives de la tige du jeune manguier. La feuille est entière, ovoïde-lancéolée à ovale ou elliptique et mesure de 15 à 40cm de long.

Le manguier a besoin d'une période de repos végétatif pour fleurir, c'est lorsque les rameaux ont pu accumuler des réserves suffisantes que le bourgeon apical se différencie en bourgeon floral. Le repos végétatif de 2 à 3 mois est provoqué par une période sèche. Le fruit est une drupe de forme oblongue, ovale, ovoïde, etc. et de coloration verte, rouge, jaune, etc. selon les variétés. Le fruit pèse entre 500g et 2,5 kg. On observe un phénomène d'alternance de production forte et faible chez le manguier, l'arbre donne de forte récolte tous les ans ou soit un espacement de 3 à 5 ans entre les fortes récoltes, (De Laroussilhe, 1980).

Il existe deux catégories de variétés de manguier : les variétés vertes et les variétés colorées (floridiennes). Ce sont les variétés colorées (Kent, Keïtt, Valencia, Aden) et verte (Amélie) qui font l'objet de la quasi-totalité d'échanges internationaux. Concernant la mangue bio, ce sont la Kent et la Keitt qui sont surtout appréciées et demandées sur le marché européen. Ces deux variétés ont l'avantage d'avoir des caractéristiques organoleptiques appréciées par les consommateurs et un long temps de conservation, donc se prêtent mieux au fret bateau.

Le rendement d'un manguier n'est pas facile à déterminer, puisqu'il dépend du cultivar, de l'âge du manguier, de la saison et des entretiens apportés au verger. Les rendements des variétés Kent et Keitt en agriculture conventionnelle sont respectivement 3,75 et 6 tonnes par hectare par année (IER, 2000).

Les rendements des variétés Kent et Keitt en agriculture bio obtenus au cours des enquêtes de cette étude étaient compris entre 0,5 à 5 tonnes/ha. Ils sont donc faibles par rapport à ceux obtenus en agriculture conventionnelle.

4. Zone d'étude et conditions agro écologiques de culture

Le manguier s'accommode à tous les types de sol (sablo-argileux, sablonneux, etc.) pourvu qu'il soit profond (1,5 à 2m), assez léger, frais et drainé. Il croit en zone tropicale dans les régions comprises entre 0 et 700m d'altitude, au-delà sa fructification à tendance à se réduire. Les températures critiques pour la germination sont +1°, +2° C. La pluviométrie nécessaire pour la germination varie de 500 à 2250mm selon les variétés et les endroits. La pluviosité est très importante chez le manguier pour la floraison/production. Il craint les pluies au moment de sa floraison, une saison sèche de 2 à 3 mois favorise l'induction florale (F. De Laroussilhe 1980).

Au Mali, il existe trois principaux bassins de production de mangues : les bassins de Koulikoro, de Bamako et de Sikasso. La mangue bio est produite dans seulement le bassin de Sikasso.

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Ce bassin (cercle en pointillés rouges sur la figure 1), qui a fait l'objet d'enquêtes au cours l'étude diagnostique, est subdivisé en trois zones. Ce sont les zones de Bougouni, Yanfolila et de Sikasso. Sibirila est une commune rurale de Bougouni et Doussoudiana une commune rurale de Yanfolila.

A Sibirila et Doussoudiana où il y a les vergers des coopératives de producteurs de mangues bio équitables, les températures minima sont de 21° C, les maxima sont de 34° C. Dans le bassin de production de mangue de la zone d'étude, les sols sont du type ferrugineux tropical lessivé (Alfisols)8. Ce type de sol qui est profond (plus de 50 cm), de texture limoneuse à limono sableuse va bien au manguier. Les pluviométries cumulées annuelles sont de 1 025,5 mm à Bougouni et 1 019 mm à Yanfolila9.

A Sikasso, il où existe l'AOM le sol est du type Alfisol. La pluviométrie cumulée annuelle est de 992 mm.

5. Aléas sanitaires

Le produit sain est aujourd'hui le préalable à l'accès aux marchés internationaux des fruits et légumes. Les maladies de la mangue comme la maladie des taches noires du manguier, la mouche des fruits (Diptera tephritidae), l'anthracnose (Colletotrichum gloeosporioides Penz), etc. affectent le rendement des vergers et la qualité du fruit. Les maladies sont inégalement reparties dans les zones agro écologiques, les degrés d'infestation le sont aussi. Les modes de traitement acceptés par le cahier de charges de l'agriculture biologique et leurs coûts ont un impact sur le rendement et le prix bord champ.

Lors de la commercialisation, si une pièce de mangue infectée est détectée dans une palette, celle-ci est complètement détruite, pire au-delà, c'est l'image de l'origine de la provenance qui subie un sérieux coup, cela peut se manifester par des méfiances des importateurs voire des baisses de prix.

Les questions posées aux producteurs lors de cette étude se rapportaient aux maladies présentes dans les vergers, à la nature des traitements apportés et aux pertes causées par les maladies.

Au Mali dans la zone d'étude, les maladies qui posent de sérieux problèmes sont la mouche du fruit, la cochenille farineuse et l'anthracnose, (PCDA, 2007). Ces maladies sont présentes un peu partout en Afrique de l'Ouest et nuisent à la qualité des fruits et au rendement des vergers.

La mouche du fruit est un véritable fléau sous régional en Afrique de l'Ouest, pour l'endiguer, il faudra des réponses sous régionales comme celle initiée et financée par le programme PIP du COLEACP (le PIP ne prenant pas en compte à l'heure actuelle l'agriculture biologique). C'est la mouche du fruit qui a été indiquée par les producteurs enquêtés comme le problème phytosanitaire majeur dans les vergers de mangue bio. Les dégâts sont constatés quand les fruits sont à maturité avancée.

Les producteurs ont déclaré n'avoir jamais fait recours à aucun traitement depuis leur reconversion en bio. Ils se disent préoccupés par les pertes de rendement liées à la mouche du fruit en fin de campagne, et ces pertes vont de 20 à 70 % de leur production selon eux.

8 FAO, Les sols dominants au Mali, disponible sur le http://www.fao.org/DOCREP/005/Y3948F/y3948f08.htm consulté le 21/05/08

9 Source : Ministère de l'Agriculture du Mali sur le site http://www.maliagriculture.org/agromete/index.htm consulté le 21/05/08

6. Typologie des vergers de manguier au Mali

D'emblée d'une manière générale, il faut noter que les vergers de mangue au mali sont naturellement biologiques parce que les producteurs n'utilisent jamais d'engrais chimiques ou de pesticides chimiques.

Selon la densité et les modes de conduite de la plantation, il existe les vergers industriels, semi-industriels et traditionnels. Les rendements sont différents dans les différents types de vergers.

Les densités sont au Burkina Faso de 100 à 230 pieds/ha, contre par exemple 400 à 450/ha au Mexique, (Mazières, 2005). Quant au Mali, c'est la densité 100 pieds/ hectare qui a été vulgarisée par les services techniques de l'agriculture (Maïga, 2004). Il n'existe pas de vergers industriels de mangues bio au Mali, ce ne sont que des vergers traditionnels.

L'enquête menée sur le terrain a révélé qu'il y a dans chaque exploitation de mangue bio environ 40 à 110 manguiers/ha (image [b] photo 1). Cette densité est faible par rapport à celle pratiquée dans les vergers des pays latino américains. En période hivernale dans les mangueraies, d'autres cultures (maïs, mil, sorgho, arachide, fonio, riz de bas fond, etc.) sont associées aux manguiers. La faible densité de manguiers dans les vergers bio au Mali s'expliquerait par ce système de production de culture associée.

Les enquêtes ont aussi révélé que tous les vergers de mangue bio sont des exploitations familiales de petite taille dont les superficies sont comprises entre 0,5 à 5 ha. La majeure partie des exploitations ont environ 1 ha. Cependant, l'ensemble des producteurs enquêtés ont déclaré avoir des possibilités d'extension de leurs vergers. Un seul producteur a affirmé ne pas avoir cette possibilité d'agrandir son verger pour des raisons de relief de terrain défavorable.

Tous les vergers sont plurivariétaux (au moins trois variétés de mangue dont les deux variétés exportables Kent et Keitt) et n'ont jamais été traités chimiquement.

L'accès aux vergers est assez facile, environ 2 à 10 km les sépare du goudron ou d'une piste rurale praticable (image [a] photo 1). Par contre les vergers sont assez éloignés des stations de conditionnement (100 à 250 km).

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Photo 1. (a) Plaque d'identification de verger de mangue bio (b) Verger de mangue bio avec écartement 10/10

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CHAPITRE 3 : LES MARCHES DE DESTINATION DE LA MANGUE
BIOLOGIQUE

I. Introduction

La mangue biologique est un fruit exotique de niche, donc abordable par une clientèle bien précise. Comprendre la demande de ce marché de niche, revient à considérer au-delà des aspects microéconomiques, les aspects socioéconomiques et culturels des consommateurs. (Varian, 2006) dit que «Le choix optimal du consommateur dépend de son revenu et du prix des biens.», en plus de ces variables conventionnellement admises comme déterminants de la demande d'un bien, ce travail a retenu d'autres variables ayant aussi une répercussion sur la demande de la mangue biologique. Celles-ci sont : les caractéristiques de la population des pays de destination de la mangue bio, leurs habitudes de consommation, leurs préférences et le rôle de la promotion (relevant du socioéconomique).

Concernant la mangue, selon (Jussira, 2004) « la demande mondiale est concentrée en quatre pôles : les États-Unis, l'Europe, les pays asiatiques et le Moyen Orient ». Cette étude se borne à la demande de la mangue bio dans le pôle européen.

À la date d'aujourd'hui, les pays importateurs de mangues biologiques ne font pas de distinction entre mangue conventionnelle et mangue biologique dans les statistiques. Toutes les mangues sont regroupées en un seul code dans le système de nomenclature combinée (NC). Tout le travail a été fait avec les extractions du NC 080450 dans Eurostat.

II. Objectifs

Les objectifs de ce chapitre sont de :

Comprendre la saisonnalité de la mangue biologique sur le marché européen

Identifier les poches d'opportunités pour l'origine Mali

Comprendre l'organisation des achats des importateurs

Recenser les attentes des importateurs

Présenter les perspectives

III. Méthodologie

La méthodologie a consisté à faire des recherches documentaires, interviews directes, extractions de données dans Eurostat comext et visite du salon spécialisé « Fruit Logistica de Berlin ».

La synthèse de l'analyse et de l'interprétation des données a permis de dégager les perspectives du marché européen.

Pour l'analyse du marché européen, le recours a été fait aux paramètres du « guide d'analyse de la dynamique du marché mondial d'une matière première » de (Calabre, 1997). Ceux-ci sont (i) l'étendue du marché international de la mangue biologique et les prix internationaux de référence (seuls les prix fournis par le marché bio de Rungis ont été pris en compte comme prix de référence), (ii) la dynamique à moyen et long terme du marché international, (iii) le diagnostic de la situation courante par rapport à la dynamique du marché et (iv) l'évolution de la tendance du marché. En développant ces paramètres, les spécificités du segment bio ont toujours été prises en compte tant que cela est possible.

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IV. Résultats et discussion

1. L'étendue du marché mondial de la mangue

A l'heure actuelle, la clientèle des mangues échangées sur le marché mondial, qu'elles soient conventionnelles ou biologiques, est bien située dans les pays développés. A travers les volumes qui font l'objet d'échange international, ce sont les marchés nord américains (Canada et États-Unis), européens (UE 15) et japonais qui apparaissent comme les trois principaux grands marchés mondiaux de mangues avec chacun leurs spécificités propres en termes de règlementations et d'exigences.

Les volumes importés par ces plus grands marchés étaient en 2006 : États-Unis (298 088 T), Union Européenne (212 035 T), Canada (50 486 T) et Japon (12 466 T)10. Les origines d'approvisionnement de ces marchés sont les pays des continents africain (Côte d'ivoire, République Sud Africaine, Mali, Sénégal, Burkina Faso, etc.), américain (Brésil, Pérou, États-Unis, Mexique, Costa Rica, etc.), asiatique (Pakistan, Inde, Thaïlande, etc.) et européen (Espagne). Bien que les quantités de mangues échangées sur le marché international soient faibles par rapport à certains produits de base comme le blé, la banane, les agrumes, etc., elles sont en croissance et des flux réguliers existent entre les continents du monde. Le graphique 1 montre l'évolution des importations de mangues aux États-Unis, Canada et Japon en 2003, 2004, 2005 et 2006. Le marché mondial de mangue est en croissance durant ces dernières années (graphique 1).

Graphique 1. Les importations de mangues des États-Unis, Canada et Japon pendant les années 2003, 2004, 2005 et 2006 (en tonnes)

Comme précédemment dit plus haut, cette étude analyse le marché de mangue bio européen, puisque la mangue bio du Mali n'est présente que sur celui-ci. Les données relatives à ce marché sont développées dans ce chapitre.

10 Sources : extractions dans les bases de données Eurostat comext (UE 25), Data Foreign Agricultural Service USDA (USA), Statistiques Canada (Canada) et douane japonaise (Japon).

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1.1 Le marché de mangue en Union Européenne

L'Europe des 27 qui couvre une superficie de 4,3 millions km2 avec une population de 459,5 millions d'habitants est le 2e plus grand marché de mangue de par la taille de ses consommateurs potentiels et des volumes de mangues importés. Le pouvoir d'achat du consommateur européen est élevé, ainsi l'UE25 a un PIB de 23 400 SPA (Standard de Pouvoir d'Achat11) et les pays membres, excepté quelques uns, sont en haut du tableau de classement (1er à 30e sur 177 pays) de l'Indice du Développement Humain (IDH). Les européens ont aussi une habitude de consommation de fruits exotiques, en moyenne 121 kg/an/personne12, dont 550g de mangue/an/personne13.

Maintenant de plus en plus les européens consomment les fruits biologiques dont la mangue bio. Aussi, la présence accrue de fruits exotiques dans le caddie des consommateurs est devenue chose courante. Cet état de fait découle du développement qu'a connu le secteur de la distribution des fruits frais grâce au fret maritime. Ce mode de transport des fruits frais a permis des importations de tonnage élevé. Cette évolution a eu comme conséquence la régularité des approvisionnements des marchés pendant toute l'année et l'abondance sur le marché suivi d'une diminution du prix du kilo au consommateur.

Les exigences règlementaires du marché européen sont contenues dans le Codex Alimentarius. Pour la mangue, c'est le codex Stan 184-1993 dont voici quelques grands éléments ci-dessous. L'intégralité du codex est reprise en annexe.

Le Codex définit la mangue comme le fruit de Mangifera Indica L. de la famille des anacardiacées.

Les dispositions concernant la qualité ont trait aux caractéristiques minimales et à la classification du fruit. Pour la classification ce sont les catégories qui déterminent le degré de la qualité.

? Catégorie extra : mangue de qualité supérieure présentant les caractéristiques de la variété, exemptes de défauts à l'exception de très légères altérations superficielles ne portant pas atteinte à l'aspect général du produit, à sa qualité, à sa conservation ou à sa présentation dans l'emballage.

? Catégorie I : mangue de bonne qualité, présentant les caractéristiques de la variété, qui toutefois présente de légers défauts (formes, épidermiques) à condition que ceux-ci ne portent pas atteinte à l'aspect général du produit, à sa qualité, à sa conservation ou à sa présentation dans l'emballage.

? Catégorie II : mangues qui ne peuvent être classées dans les catégories supérieures mais correspondant aux caractéristiques minimales.

Les dispositions concernant les calibres ont trait à la longueur, diamètre et poids de la mangue. Les mangues sont calibrées en A, B ou C. les caractéristiques du calibrage sont présentées dans le tableau 1.

11 Le SPA est une unité monétaire commune fictive de référence utilisée au sein de l'Union européenne aux fins des comparaisons dans l'espace pour exprimer le volume des agrégats économiques d'une manière telle que les écarts de prix entre pays sont éliminés (source UE, 2008 disponible sur le site internet http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l34019.htm consulté le 08/06/08.

12 Source: Data Food Networking, 2006.

13 Source : COLEACP, 2006

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Tableau 1. Les normes de calibrage de la mangue.

Poids minimum 200 g

 

Echelle de calibres

Codes

Poids

Ecarts au colis

A

B

C

200 à 350 g
351 à 550 g
551 à 800 g

75 g 100 g 125 g

Tolérances: 10% Dans la limite de la moitié de l'écart autorisé

jamais inférieur à 180 g, ni supérieur à 925 g

source: ctifl/DFA, 2006

D'autres dispositions ayant trait aux seuils de tolérance, à la présentation, à l'étiquetage, aux contaminants et à l'hygiène sont développées dans le Codex Alimentarius.

En plus du Codex Alimentarius qui est une exigence réglementaire, il existe des exigences commerciales que les firmes d'importation et de distribution demandent aux exportateurs. L'EUREPGAP devenu par la suite GLOBALGAP est un référentiel basé sur la sécurité sanitaire des aliments, les bonnes pratiques agricoles qui protègent l'environnement, la protection sociale (santé, sécurité) des ouvriers et le bien être des animaux14. Ces référentiels qui sont des préalables pour accéder au marché européen, sont coûteux pour les petits producteurs et exportateurs des pays subsahariens africains et constituent une barrière non tarifaire. Sans l'appui des acteurs européens et projets d'appui, les producteurs et les exportateurs n'ont pas la capacité de s'adapter continuellement au rythme de l'évolution des exigences.

La standardisation de la qualité de la mangue, et la régularité des approvisionnements pendant toute l'année sont un acquis du marché européen actuel. Ceci a imposé le professionnalisme aux acteurs de la filière mangue.

1.2 Le segment mangue bio en HE

Le segment bio est la partie du marché qui concerne les produits issus de l'agriculture biologique et qui sont labélisés bio. Les labels sont donc des signes de différenciation de la qualité, ils distinguent alors les mangues issues de l'agriculture biologique des mangues conventionnelles.

Le prix est un élément décisif de l'acte d'achat, et celui de la mangue bio est supérieur par rapport à la mangue conventionnelle. Dans la conjoncture actuelle où les questions de pouvoir d'achat sont évoquées dans tous les pays européens, cela peut constituer un frein au développement du segment bio à priori ; mais au regard de l'augmentation des ventes de produits biologiques en Europe de 2 à 3 % par an, nous pouvons dire que la préférence des consommateurs de mangues bio est un choix rationnel et motivé par des raisons qui sont d'actualité de nos jours, c'est-à-dire le Développement Durable (DD). L'émergence du mouvement biologique sur lequel a été bâtie la filière bio a été accélérée par la crise de confiance entre producteurs et consommateurs d'une part, et suite aux problèmes sanitaires qu'a connu l'agriculture européenne, la quête de garantie et d'assurance de produits sains qui soient respectueux de l'environnement, d'autre part.

14 Le référentiel complet EUREPGAP est disponible sur le site web http:// www.eurep.org

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Les éléments ci-dessous du DD sont les principales raisons de l'idée d'agriculture biologique:

Environnement : la dégradation de l'environnement par les pratiques agriculturales intensives menace l'équilibre de l'écosystème. Il est apparu nécessaire de protéger l'environnement par des pratiques non dégradantes.

Social : le mode de production traditionnel et les savoir-faire locaux doivent être préservés pour le maintien de la société rurale. La promotion d'un nouvel rapport de confiance entre producteurs et consommateurs avec la vente de produits sains et d'échange direct (moins intermédiaires de grandes multinationales) versus un rapport classique basé sur la logique de marché et les profits financiers. Aussi la valeur intrinsèque du produit bio (goût, valeur nutritionnelle, santé, etc.) est appréciée par les consommateurs qui reconnaissent le rôle positif de l'agriculture biologique dans le DD.

Économie : le prix d'achat au producteur plus élevé (impacts positifs sur le revenu et le bien-être des producteurs) assure le maintien du mode de production biologique.

Les crises successives qui ont affecté l'agriculture européenne et décrites ainsi « Crise de la dioxine, crise de la vache folle, fièvre aphteuse, fermeture des frontières [...] les consommateurs sont inquiets [...] » (Bodson, 2001), les changements climatiques dus à la dégradation de l'environnement par les pratiques agriculturales et les produits chimiques (engrais, pesticides, hormones de croissance, etc.) ont créé un sentiment de peur et d'inquiétude chez les consommateurs.

C'est ainsi que des notions comme « consommer responsable » ont émergé. De plus en plus, les consommateurs s'orientent vers une alimentation de bonne qualité sanitaire et organoleptique, dont la production préserve l'environnement.

Les résultats d'une étude faite avec un panel de consommateurs belges de fruits bio ont révélé que le produit bio est spontanément associé à : un prix cher, une production artisanale, un produit sain de bonne qualité visuelle et organoleptique, sûr et garantie (BioForum Wallonie, 2006).

Ainsi de nouveaux acteurs et dispositifs ont foisonné pour apporter la garantie recherchée par les consommateurs. Les organismes de certification publics et privés ont élaboré des cahiers de charges dont les producteurs doivent appliquer pour obtenir le label bio. Tous les certificateurs doivent appliquer l'acte du règlement CEE 2092/91 et ses actes modificatifs sur l'agriculture biologique pour élaborer leurs cahiers de charges. Quelques principes fondamentaux de ce règlement sont :

- Pas d'utilisation d'engrais chimiques ni d'autres produits chimiques pour la lutte contre les maladies, les parasites, les nuisibles et les adventices

- Pas de mélange de lots de produits bio et conventionnels

- Pas d'éléments chimiques pour l'induction florale et l'accélération du mûrissement du fruit

- Tenue de la comptabilité chez les producteurs

- Etc.

Les interdits et ce qui sont admis dans l'agriculture biologique sont nombreux et changent très souvent avec les actes modificatifs du règlement dans le temps. Mais quelque soit le règlement et ses actes modificatifs, les produits importés de pays tiers doivent être produits et

commercialisés dans des conditions de production et de contrôle équivalentes à celles applicables aux produits de l'UE15.

Les signes de différenciation des produits bio sont nombreux en Europe (figure 2) et constituent un système de reconnaissance visuelle et de garantie de la qualité pour les consommateurs.

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(a) (b) (c) (d)

Figure 2. Quelques logos du label bio en Europe : (a) Europe, (b) Belgique, (c) France, (d) Allemagne

Ces signes de différenciation ne sont que quelques uns parmi des dizaines détenus par les autorités publiques, des organisations non étatiques et des distributeurs privés (marques déposées). Le foisonnement des labels biologiques témoignent de l'engouement des opérateurs de distribution et des consommateurs à retrouver la garantie pour un nouveau mode de produire et de consommer.

Le biomarché de Nivelles (Belgique), le marché de Rungis à Paris (France), le salon BioFach à Nuremberg (Allemagne) et dans beaucoup d'autres pays (Canada, Chine, Japon, etc.) et d'autres manifestations (foires, colloques, etc.) font la promotion de l'agriculture biologique et des produits bio pour un développement durable.

Selon (Bonny, 2006), « bien que les produits biologiques représentent 30 milliards US dollars soit moins de 1% de la valeur totale (3 500 milliards US dollars) du marché des produits agricoles, ils sont en croissance régulière ». Ainsi de 2003 à 2005, les ventes des produits biologiques ont connu une augmentation de 5 à 10 % dans plusieurs pays européens, 15 à 20 % aux États-Unis et 10 à 20 % au Canada (Kortbech, 2006) cité par Sylvie Bonny. Concernant la mangue bio, les résultats de notre enquête confirment en 2007 cette tendance haussière de vente des fruits frais biologiques, mais relèvent aussi certains questionnements liés à la capacité d'absorption du marché. En effet, les acteurs interviewés disent à propos :

Interviewé n°1 : « La mangue bio c'est facile à faire, n'importe qui peut la faire surtout en Afrique de l'Ouest dans la mesure où il y a peu de vergers cultivés, beaucoup de la collecte et il ya peu de traitement. Donc on est dans une économie de collecte où c`est pas forcement très simple à contrôler ; donc des gens comme Ecocert, Qualité France, UEMOA ils savent le faire, les procédures sont en place. Le souci est que comme c'est assez facile de le faire, donc il y a beaucoup de monde qui le fait et il y a de grosses quantités qui sont certifiées et qui sont exportées. Le problème est que la rentabilité de l'opération, elle est encore là, mais il faut beaucoup faire attention parce que on peut avoir un marché qui bascule. »

Interviewé n°2 : « [...] ici en Europe le marché n'est pas encore grand, mais nous sommes entrains de chercher d'autres supermarchés qui seraient intéressés par la distribution de mangues biologiques [...] »

15 Le règlement CEE 2092/91 du 24 juin 1991 et ses actes modificatifs sont disponibles sur le site web http://eur-lex.europa.eu/smartapi/cgi/sgi doc

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Interviewé n°3 : « On est dans un marché en croissance mais qui est aussi une niche pour l'instant vu le prix et le développement qui n'est pas exponentiel, donc le marché, il peut être vite saturé f...] Le marché UE aujourd'hui, c'est 27 pays mais la mangue est directement importée par 5 à 6 pays seulement. Il y a d'autres marchés qui sont encore vierges, qui je pense, notamment aux pays de l'Est et les nouveaux entrants à l'UE. Mais il faut se dire qu'il y en a parmi eux certains qui ne sont pas prêts à accueillir la mangue maintenant parce que le pouvoir d'achat n'est pas là. Des pays comme la Pologne, la république tchèque, la Slovénie ou la Russie qui n'est pas un pays de l'UE mais qui est demandeur. »

Il apparaît selon les propos des trois interviewés que le marché de mangue bio peut se détériorer facilement par la mise en marché de grande quantité par les pays producteurs. A propos Pierre Gerbaud a dit« il convient bien de constater que trop de mangue tue la mangue et que l'approvisionnement du marché européen est supérieur à ses propres capacités d'absorption pendant une bonne partie de l'année » (Gerbaud, 2007). Mais avec des efforts de prospection par les importateurs dans certains nouveaux états membres de l'UE (République tchèque, Pologne, Lituanie, etc.) et la Russie, la croissance des flux importés va être consolidée.

2. Présentation des acteurs de la chaîne de distribution de la mangue bio

Une filière produit est constituée par quatre stades (production, transformation, distribution et consommation), pour cette partie du travail, l'attention a été portée seulement sur le stade de distribution en aval de la filière mangue bio, donc les acteurs qui sont présents en Europe. En se basant sur le cas du marché français des fruits et légumes frais, (Vernin, 1998) a identifié trois principaux acteurs au stade distribution. Ce sont :

les importateurs et introducteurs s'occupant respectivement des flux extra et intra européens,

les entrepôts, plates-formes et centrales qui sont des lieux qui organisent la réception, le groupage, le stockage, le fractionnement et la livraison,

les détaillants composés des magasins spécialisés et marché de détail, des magasins alimentaires de petite surface et enfin des magasins alimentaires de grande surface.

L'enquête de cette étape en Europe sur la filière mangue bio auprès d'un échantillon raisonné d'acteurs a permis d'aboutir à l'identification de trois principaux acteurs que sont : les importateurs, les grandes et moyennes surfaces, les magasins spécialisés en produits bio et un certain nombre d'acteurs désignés par autres acteurs.

2.1 Les importateurs/distributeurs

Ils sont deux catégories : Les multinationales et les PME. Le marché est fortement dominé par les multinationales qui sont de grande taille financière et qui sont parvenues grâce à des joint-ventures avec certains exportateurs des pays du Sud à dominer le marché.

Ici avec les importateurs, les questions ont porté sur l'intérêt qu'ils ont sur la mangue bio du Mali, l'organisation de leurs achats, le moment où ils souhaitaient le plus importer la mangue bio du Mali et leur moyen de fret préféré pour le transport des mangues bio.

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Intérêt et saisonnalité :

L'ensemble des importateurs interviewés ont affirmé qu'il n'y avait pas pour le moment d'importation directe de mangue bio à partir du Mali, mais qu'ils ont un intérêt avoué pour la mangue bio du Mali pendant les campagnes futures.

Ils ont situé la saisonnalité de l'origine Mali à : de début mars à fin juillet. Ils disent être intéressés même en dehors de cette période (mars-juillet), parce que leurs activités de distribution de mangue bio s'étalent sur toute l'année.

Organisation des achats :

En ce qui concerne l'organisation de leurs achats de mangue bio, trois types d'achat ont pu être distingués :

y' Les importations directes sans alliance contractuelle, y' Les importations directes avec alliance contractuelle,

y' L'achat direct sur place avec d'autres collègues importateurs (centrales d'achats) sur le marché européen.

Pour les importations, avant le démarrage de la campagne de commercialisation, l'importateur et l'exportateur se rencontrent pour planifier les quantités, les variétés, l'emballage, le prix et les dates de livraison. Certains importateurs préfinancent l'exportateur pour la bonne mise en oeuvre de la campagne, d'autres règlent la facture dès réception de la lettre de transport aérien (LTA) ou du connaissement. En plus de la typologie de l'importation, il existe aussi deux sortes de liens contractuels entre l'importateur et l'exportateur : (i) importation et prélèvement de commission par kilo vendu, (ii) importation et paiement de la facture de la commande.

Fret :

La mangue bateau est très largement prédominante par rapport à la mangue avion selon tous les interviewés, ainsi ils pensent que la mangue avion est appelée à disparaître. Pour les importations, la quasi-totalité est faite en Franco On Board (FOB). Les importations qui sont faites en Coût Assurance Fret (CAF) concernent surtout la mangue bio avion et les quantités sont minimes, elles ne concernent que le début de la campagne ouest africaine de commercialisation.

Les raisons qu'ils ont avancé pour expliquer leur préférence à la mangue bio bateau par rapport à la mangue bio avion étaient : le coût cher du fret avion, les considérations écologiques des consommateurs et l'économie d'échelle avec le bateau.

2.2 Les grandes et moyennes surfaces (GMS)

Ils sont de plus en plus présents sur le segment bio en réservant des rayons spéciaux aux produits biologiques. Les GMS travaillent selon les pays UE directement ou indirectement avec les importateurs. En France par exemple, les importateurs peuvent vendre directement aux GMS, tandis qu'aux Pays-Bas il y a des intermédiaires appelés « referencial suppliers » qui sont les seuls habilités à vendre aux GMS, ces intermédiaires à leur tour travaillent avec les importateurs. Les relations que les GMS ont avec les importateurs ne sont pas uniformes sur l'espace UE, mais d'une manière générale, ils constituent les deux principaux acteurs de la chaîne de distribution puisque les petits magasins de détail ont du mal à résister à la forte concentration de leurs activités de distribution des fruits frais.

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2.3 Les magasins spécialisés en produits biologiques

Le poids de ces magasins est faible dans le circuit de distribution. Ils se distinguent surtout par leur lien direct avec les producteurs bio, mais pour la mangue ce lien direct n'existe pas car l'Europe ne produit pas de mangue bio (bien que l'Espagne produise une quantité infime).

2.4 Autres acteurs

La logique de la chaîne de valeur conduit à considérer les ONG, ASBL et autres sociétés privées comme des acteurs ayant aussi leurs rôles à jouer. Elles sont très actives pour la Promotion des produits bio, travaillent à organiser et renforcer la filière en amont. Pour la mangue bio, elles s'occupent de la certification, de l'appui aux organisations paysannes des pays producteurs. Elles sont souvent l'interface entre les producteurs et les importateurs.

Bien que cette étude n'ait pas mené une enquête auprès des consommateurs, mais il faut noter que les consommateurs ont été au coeur de toutes les interviews qui ont été effectuées.

Le consommateur est l'acteur qui a le plus de poids aujourd'hui dans la stratégie des firmes de l'industrie agroalimentaire. Comme l'a expliqué dans sa leçon inaugurale de la rentrée académique 2006, le professeur Philippe LEBAILLY16 disait que : nous sommes passés d'une économie de l'offre à une économie de la demande, cette nouvelle logique de marché n'épargne pas les fruits et légumes frais, notamment la mangue bio. Dans ce contexte, chaque nouvelle « aspiration » voire « caprice » du consommateur est un nouveau marché de niche. Aujourd'hui les consommateurs veulent des fruits sains dont la production respecte l'environnement, les conditions sociales décentes et rémunèrent « bien » les producteurs. Et les firmes organisent leurs stratégies pour répondre à ces attentes là.

Quelles sont les préférences et les attentes par rapport à la mangue bio des consommateurs qui sont les clients finaux des acteurs de la distribution qui ont été interviewés dans cette étude? Selon les acteurs de l'aval interviewés, voici quelques propos :

Interviewé n°1 : « Nos clients nous demandent essentiellement la Kent et la Keitt, [...] Le consommateur, ce qui l'intéresse, c'est d'avoir un bon fruit, un beau fruit et régulièrement à un prix correct [...] Mais je dirais aujourd'hui dans le secteur du bio, il y a un vrai intérêt pour les deux variétés dont je vous ai parlé et en dehors de ces variétés là c'est plus compliqué. Que ça soit l'Amélie, la Tommy ou l'Atkins pour des raisons différentes. C'est beaucoup plus compliqué de les commercialiser et beaucoup moins d'intérêts de la part des clients. »

Interviewé n°2 : « Le consommateur attend généralement d'un fruit biologique qu'il soit sain, avec une qualité gustative et visuelle en rapport avec le prix affiché [...] la problématique de l'empreinte carbone est là, il y a aujourd'hui un mauvais procès qui est fait aux fruits et légumes venant par avion. On dit que ces fruits et légumes ont plus d'empreinte carbone élevée et là on pousse le consommateur à être mieux informé et à faire un choix citoyen en disant mieux vaut privilégier les produits qui sont proches de son lieu de consommation. »

Interviewé n°3 : « Ce sont les variétés Kent et Keitt et un tout petit peu d'Amélie, mais apparemment la variété Amélie ne marche pas très bien »

16 Philippe Lebailly, professeur d'économie rurale et de développement à la Faculté Universitaire des Sciences Agronomiques de Gembloux, Belgique.

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Il apparaît clairement qu'ici le consommateur a une préférence nette pour deux variétés de mangue que sont la Kent et la Keitt, de bonne qualité intrinsèque (fruit sain, beau, bon) et à un prix juste et raisonnable. Les raisons de la préférence aux variétés Kent et Keitt s'expliquent par le fait que ces deux variétés se conservent longtemps (environ un mois après la cueillette) donc se prêtent mieux à la logistique bateau et leur coloration. Selon Delvaulx, les européens apprécient les variétés Kent et Keitt parce que « la mangue se mange quand sa peau est rouge » et les exportations massives de ces deux variétés par le Brésil (1er exportateur mondial) qui ont permis à beaucoup d'européens d'être de consommateurs réguliers de mangue17.

Certains consommateurs européens demandent aussi maintenant des fruits à faible empreinte carbone.

Ce choix du consommateur à favoriser les fruits frais à faible empreinte carbone peut a priori constituer un facteur limitant pour le développement de la mangue biologique du Mali face aux fruits locaux des pays européens. Mais la mangue est un fruit exotique, donc venant des pays tropicaux excepté l'Espagne (production faible), même si le fret avion parvenait à disparaître, on ne pourrait se passer du fret bateau pour le transport des mangues. Cette considération pourrait être alors un avantage pour les origines de production plus proches de l'Europe, notamment les pays ouest africains dont le Mali.

3. La dynamique du marché européen de mangue

La mangue connaît un essor certain. Le graphique 2 retrace l'évolution pendant les dix dernières années des importations de mangues de l'UE (1998 à 2007).

Graphique 2. Évolution des importations de mangues en UE 27 de 1998 à 2007

Sur le marché européen les origines de production d'environ une soixantaine de pays se retrouvent pour satisfaire les besoins de consommation. De 1998 à 2007, les importations de mangues sont passées de 84 532 à 212 583 T, soit une multiplication par un facteur de 2,5 en 10 ans.

Le graphique 3 indique que plus de 3/4 des quantités totales importées en Europe ont été faites par trois pays : les Pays-Bas (50 %), Royaume-Uni (18 %), Belux (9 %). Il y a une

17 Communication orale avec Marc Delvaulx, consultant et spécialiste en mangue qui a fait une étude sur la filière mangue du Burkina Faso.

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intense activité de réexportation entre les gros importateurs d'une part, et vers les pays de l'Europe du Nord, de l'Est et autres pays hors UE d'autre part.

En 2006, les 27 de l'UE ont réexporté dans l'espace UE 108 378 tonnes de mangues et 9 724 tonnes hors de l'UE, soit plus de la moitié de la quantité totale des importations hors UE.

Importations extra UE de mangues par pays en 2006

120000

100000

80000

60000

104745

40000

20000

0

3726 1577 757

39286

Pays UE25

Graphique 3. Importations extra UE de mangues par pays en 2006

20127 15846 15054 10917

Le marché de la mangue est sensible à la fois aux quantités mises sur le marché, à la qualité (variété, calibre, emballage), au pouvoir d'achat des consommateurs, aux problèmes de crise phytosanitaire et aux campagnes médiatiques faites autour du changement climatique.

Pour comprendre la dynamique du marché européen par rapport à l'origine Mali, le travail a consisté à analyser les quantités de mangues importées durant les dix dernières années par l'UE, les interviews faites auprès des acteurs de la chaîne de distribution et la documentation disponible sur l'objet de l'étude.

Les figures 3, 4 et 5 représentent les parts de marché des grands exportateurs présents sur le marché UE. Les pays mentionnés en rouge sont les concurrents directs du Mali, c'est-à-dire ceux qui ont la même saisonnalité que le Mali.

Figure 3. Part de marché des différentes origines sur le marché UE en 2005

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En 2005, le marché des mangues fraîches était détenu à 44 % par le Brésil, 14 % par le Pérou. A la même année quand le Mali détenait 1 % de part de marché, ses concurrents directs avaient respectivement Israël (7 %), Pakistan (6 %), Côte d'ivoire (5 %), États-Unis (4 %), Sénégal (2 %), Afrique du Sud (2 %) et Burkina Faso (1 %). Le Brésil et le Pérou détenaient 58 % à eux seuls. Le Mali et le Burkina Faso (deux pays sahéliens n'ayant pas d'accès direct à la mer) avaient les parts les plus faibles parmi les grands exportateurs.

Figure 4. Part de marché des différentes origines sur le marché UE en 2006

En 2006, le Brésil et le Pérou maintiennent toujours leur domination avec respectivement 40 % et 19 % Le Mali avait 2 % (+1 % par rapport à 2005), ses concurrents avaient : Côte d'ivoire 7 % (+2 %), Israël 5 % (-2 %), Pakistan 5 % (-1 %), États-Unis 3 % (-1 %), Sénégal 3 % (+1 %), Afrique du Sud 1 % (-1 %), Burkina Faso 1 % Mexique 1 % (+1 %) Le Brésil et le Pérou ont confirmé leur domination avec 59 % de parts.

Figure 5. Part de marché des différentes origines sur le marché UE en 2007

En 2007, le Brésil et le Pérou bien qu'étant toujours leaders avec respectivement 26 % et 21 % ont perdu des parts considérables. Le Mali a eu 3 %, en prenant 2005 comme année de base, cela équivaut (+2 %). Les concurrents du Mali à leur tour ont eu : Côte d'ivoire 10 % (+5 %), Pakistan 9 % (+3 %), Israël 5 % (-2 %), États-Unis 5 % (+1 %), Sénégal 2 %, Afrique

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du Sud 2 %, Burkina Faso 2 % (+1 %), Mexique 2 % (+2 %). Le Brésil et Pérou qui détenaient plus de la moitié des parts de marché pendant les années 2005 et 2006, passent sous la barre de 50 % avec 47 % de parts. Cette perte est surtout due au Brésil, sinon le Pérou a fait une percée remarquable en passant de 14 % à 21 % (+7 %) soit une progression de 50 % de sa propre part de marché en deux ans. Le Mali et le Burkina Faso ont profité de la perte de parts détenues par le Brésil, mais aussi la Côte d'ivoire, le Pakistan et les États-Unis. Donc le marché européen est dynamique et très concurrentiel, puisqu'aucune part n'est jamais acquise définitivement.

De 2005 à 2007, il y a eu une variation significative de parts de marché. Les pays dont la saisonnalité coïncide aux 1er, 2e et 3e trimestres ont gagné d'année en année des parts au détriment du Brésil dont la saisonnalité est étalée sur presque toute l'année.

Pour tenter de comprendre cette situation, les expéditions des différentes origines présentes sur le marché européen ont été analysées à travers la figure 7 représentant la saisonnalité des treize pays qui ont exporté les plus grandes quantités de mangues sur le marché européen en 2007.

Figure 6. Saisonnalité des principaux pays exportateurs sur le marché européen

La figure 7 montre clairement la prédominance du Brésil au 3e quadrimestre et du Pérou au 1er quadrimestre. C'est au 2e quadrimestre que presque toutes les origines se retrouvent sur le marché européen. Au-delà de cette première vue, in situ la saisonnalité du Brésil s'étale presque sur toute l'année mais avec deux principales phases, de juillet à septembre avec la variété Tommy Atkins et d'octobre à décembre avec la variété Kent. La Tommy étant moins appréciée que la Kent, les offres de Kent des autres origines pendant les mois de juillet à septembre font perdre des parts de marché au Brésil. Donc plus les campagnes malienne, burkinabé ou ivoirienne s'allongent jusqu'en fin juillet avec des Kent et Keitt de bonne qualité, les expéditions brésiliennes vont se ralentir à cette période. La saisonnalité de la mangue du Pérou s'étale de janvier à avril, une campagne péruvienne très marquée en Avril n'est pas favorable aux origines Mali, Burkina et Côte d'ivoire, cela coïncide à la mise en marché des grandes quantités de ces pays et cela détériorent les prix.

Comme précédemment évoqué, la période s'étalant d'avril à septembre est le moment où presque toutes les origines se retrouvent sur le marché, mais le Brésil et le Pérou sont moins présents avec les variétés floridiennes que sont les Kent et Keitt.

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La Saisonnalité du Mali : comme le montreront les trois graphiques suivants relatifs à la saisonnalité des mangues maliennes en 2005, 2006 et 2007, le Mali commence sa campagne avec la variété Amélie, très généralement de faibles expéditions par avion en début mars, à partir de la troisième semaine de mars de grosses quantités de Kent sont expédiées par bateau. Après la variété Kent, suit la Keitt jusqu'à la fin de la campagne vers fin juillet. Donc au début de campagne il n y a pas de Kent ni de Keitt; il a été constaté que la fin de la campagne est problématique pour les mangues maliennes, la qualité des fruits se dégrade avec la présence de maladies comme la mouche du fruit, anthracnose ou la cochenille farineuse.

Graphique 4. Saisonnalité de la mangue malienne sur le marché UE en 2005

En 2005, la campagne a commencé avec des expéditions de mangue avion vers la France en début mars (96 T) et la France a continué à importer pendant les mois d'avril (295 T), mai (322 T), juin (253 T). Les Pays-Bas ont reçu la plus grande part des exportations du Mali en mangue bateau avec des pics en mai (707 T) et juin (423 T). La Belgique et l'Allemagne ont reçu de faibles quantités. La campagne s'est terminée en juillet.

Graphique 5. Saisonnalité de la mangue malienne sur le marché UE en 2006

En 2006, les Pays-Bas sont demeurés le marché principal qui a reçu le plus grand volume avec la mangue bateau avec en mai (427 T), juin (921 T), juillet (499 T). Pour la France, c'était en mois d'avril (283 T), mai (393 T), juin (248 T). Le fait marquant de la campagne a

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été l'étalement des exportations jusqu'en mois d'août vers les Pays-Bas avec 68 T. Les exportations vers la Belgique et l'Allemagne sont restées toujours faibles.

Graphique 6. Saisonnalité de la mangue malienne sur le marché UE en 2007

En 2007, les exportations vers les Pays-Bas pendant les mois d'avril (214 T), mai (821 T), juin (685 T) et juillet (497 T) ont augmenté significativement par rapport respectivement aux mêmes mois en 2005 où c'était (101 T), (708 T), (423 T) et (174 T).

Les exportations vers la Belgique en mois de juin ont augmenté significativement avec 389 T alors qu'elles étaient de 65 tonnes en 2006 et de 70 T en 2005. Elles ont augmenté aussi en juillet (370 T) alors qu'elles étaient de 43 T en 2006. En juillet 2005, il n'y avait pas de flux import entre la Belgique et le Mali. La campagne a pris fin en juillet et il n'y a pas eu d'exportation vers l'Allemagne.

3.1 Le Segment bio

Concernant le marché de mangue bio, il n'y a pas de différence entre les saisonnalités et les caractéristiques de la concurrence sont les mêmes. Il faut cependant noter ici que le segment de mangue bio est un marché de niche, certains pays n'étant pas de grands producteurs/exportateurs sont bien positionnés sur le segment bio. Le cas du Burkina Faso est illustratif.

Interviewé n°3 : « La république dominicaine c'est plutôt l'été à partir de juin, donc on peut avoir une concurrence juin-juillet-août importante à ces moments là. Mais sur toute la période mars-juin, a priori en dehors des origines latino américaines comme le Pérou ou le Brésil, en ces moments là il n'y a pas beaucoup de concurrence. »

Interviewé n°1 : « C'est qu'on est arrivé à un point où le marché de la mangue bio devenait extrêmement concurrentiel malgré tout, et que ça ne devenait plus très, très intéressant d'aller chercher la mangue en direct et il valait mieux l'acheter avec des importateurs, ce n'était pas beaucoup plus cher et c'est moins risqué. Il y avait de quantités de mangues très, très importantes, notamment en fin de campagne, notamment avec une grosse concurrence de la mangue de Saint Dominique. »

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Interviewé n°2 : « ils sont entrains de faire un programme qui doit s'étaler sur toute l'année. Pour les mois de mars, avril, mai, juin et juillet, les mangues viennent du Burkina Faso mais aussi du Mali ; mais pour les autres périodes, nous prenons les mangues du Mexique, du Pérou et du Brésil. »

Bien que la république Dominicaine n'apparaisse pas en haut des statistiques avec de grosse quantité, il ressort qu'elle est présente sur le segment bio avec une place importante. Le marché est très marqué par la concurrence entre diverses origines de l'Afrique et de l'Amérique latine (Pérou, Brésil, Mexique). Cette concurrence influe sur les prix.

à Rungis pendant les 5 dernières années

7 6 5 4 3 2 1 0

 
 
 
 

2003 2004 2005 2006 2007

Mangue biologique import (toutes origines) - cours au stade gros

mars avril mai juin juillet août

Source : SNM Rungis 2007

Graphique 7. Mangue biologique import (touts origines) cours stade gros à Rungis pendant les 5 dernières années

A noter ici que les mangues bio sont cotées chaque jour, le graphique 7 représente

aléatoirement la cotation moyenne de la 2e semaine de chaque mois pendant les 5 dernières années.

Pour la période qui concerne la mangue biologique du Mali et pendant les cinq dernières années, le cours au stade gros a été instable, ceci est surtout dû à l'absence d'un mécanisme de régulation des flux. Quand de grosses quantités se retrouvent sur le marché, les prix chutent, tandis qu'une pénurie fait monter le prix. Les années 2005 et 2007 se sont distinguées avec les cours les plus élevés (6 euros/kg) et les plus bas (1,8 et 2,3 euros/kg).

Par ailleurs, il faut noter que le prix de la mangue bio est coté selon la variété, le fret emprunté, l'origine et l'état de la demande du marché. La mangue avion est plus chère que la mangue bateau. Les variétés floridiennes (Kent et Keitt) sont plus chères que les variétés vertes.

Interviewé n°1 : « il y a beaucoup de monde qui le fait et il y a de grosses quantités qui sont certifiées et qui sont exportées. Le problème est que la rentabilité de l'opération, elle est encore là, mais il faut beaucoup faire attention parce qu'on peut avoir un marché qui bascule. Moi il m'est arrivé d'acheter la mangue de Saint Dominique à 3 euros le colis à Rotterdam. A 3 euros, personne ne s'en sort ni l'importateur, ni l'exportateur, ni le producteur. »

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Dans ce contexte concurrentiel, les poches d'opportunités pour le Mali se situent entre mars et juin, idéalement avril-mai où les variétés Kent et Keitt sont à maturité et ne présentent pas de problèmes phytosanitaires (mouche du fruit, anthracnose). Aussi à ces périodes là, le Brésil et le Pérou ne sont pas présents avec une quantité importante de Kent et Keitt, la république Dominicaine non plus n'est pas présente, ce sont les origines ouest africaines qui prédominent et le Mali peut jouer un rôle de leader s'il reste compétitif à ces moments là.

4. le diagnostic de la situation courante par rapport à la dynamique du marché de mangue bio

Le diagnostic courant se résume aux points suivants :

· Un marché en croissance avec des prix de mangues bio élevés par rapport aux conventionnels

· Un marché qui peut basculer rapidement (capacité d'absorption limitée)

· Une nouvelle exigence des consommateurs (fruits avec moins d'empreinte carbone)

· Dans la chaîne de distribution des fruits bio, un poids de plus en plus important des GMS au dépend des petits magasins

· De nouveaux canaux d'achat (internet)

· Un développement du packaging permettant d'élargir les gammes de l'offre

· Une structure de marché oligopolistique

· Une possibilité de croissance de marché dans les nouveaux pays membres de l'UE et en Russie

· Un environnement international favorable aux produits bio

· Une saisonnalité des importations européennes de la mangue favorable à l'origine Mali

5. l'évolution de la tendance du marché de mangue

Le graphique 8 représente les importations européennes de mangues, mois par mois de 1998 à 2007. Il a été généré par le logiciel statistique Minitab par la méthode du modèle additif de décomposition pour l'analyse des différentes composantes de cette série chronologique (la tendance, la composante cyclique, la composante saisonnière et la composante irrégulière ou résidus).

L'équation de régression obtenue pour la série est 6923 + 97,8 t (t = 1, ...., 120). Cette équation montre clairement que l'évolution à moyen et long terme des mangues importées par l'UE est une tendance haussière. Plus t (rang du mois dans la série) augmente plus les importations augmentent. Ainsi, les importations mensuelles au mois 1 qui était de 5 000 T sont passées à 20 000 T au mois 120.

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L'analyse de la variance de cette régression a donné après élimination de la tendance un écart type de 3 100,86. Le modèle explique à 54,5 % le phénomène de variation de quantité de mangues par la tendance. La composante saisonnière n'explique que très peu les variations de quantité de mangues importées de la série, puisque la tendance est donc très marquée.

Avec l'hypothèse que la composante saisonnière fait partie des résidus, la formule du modèle de la tendance linéaire est Yt = a0 + bt + Ó.

Yt égale valeur observée, a0 égale valeur de la tendance, t égale au rang du mois dans la série et Ó égale erreur (résidus).

IMPORTATION UE 15 MANGUE DE 1998 A 2007

25000 20000 15000 10000

5000

0

 

1

12

24

36

48

60

Mois

72

84

96

108

120

Graphique 8. Les importations de mangue en UE 15 de 1998 à 2007

Les prévisions à l'horizon t = 121, ....132 (autrement dit les importations de janvier 2008 à décembre 2008) sont respectivement (en tonnes) de : 16 635 ; 17 535 ; 10 423 ; 16 603 ;

23 521 ; 19 928 ; 17 720 ; 20 370 ; 13 822 ; 15 908 ; 17 759 ; 21 122.

5.1 Le Segment bio

Il a été influencé par l'entrée des firmes multinationales dans le segment bio (OTC, Agro Fair, etc.), la nouvelle directive de l'UE acceptant une faible dose d'OGM dans les produits labellisés bio. Cette nouvelle donne touche l'image qui a été initialement associée à l'AB, c'est-à-dire une agriculture qui protège l'environnement et la production paysanne puisque les multinationales ne sont guidées que par la logique de « plus de profits ». La prise en compte de l'empreinte écologique par le consommateur lors de la décision d'achat, l'évolution des habitudes d'achat (achat de panier de fruits biologiques, achat par internet, achat par pièce, livraison à domicile, etc.) sont aussi des éléments qui devront marquer le développement de la filière biologique en UE.

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6. Les perspectives de marché pour la mangue bio

Les perspectives de marché à moyen terme de la mangue bio en Europe sont :

y' Le marché européen de mangue bio se présente comme un vaste et dynamique marché avec des importations et réexportations de flux intra et extra européens. Les acteurs dominants sont les consommateurs, les GMS et les importateurs, à côté de ceux-ci les petits magasins tentent de résister à la percée des GMS très concentrés. A la longue, les consommateurs seront les principaux acteurs du marché au regard de la logique de filière qui se construit dans le sens « Consommateur vers Producteur ».

y' L'évolution des quantités de mangue bio importées est en constante hausse et cette tendance n'est pas prête à s'estomper, puisqu'une logistique adaptée aux fruits bio est en place et se consolide d'année en année. Cette situation présente une menace pour la stabilité des prix, quant on sait que le marché peut être vite saturé. Mais est-ce qu'avec ce développement logistique la situation va tendre vers une égalisation du prix des mangues conventionnelles et bio ? En tout cas, la mangue bio demeure toujours un produit de niche et la capacité d'absorption du marché est très faible. De grosse quantité sur le marché ne pourrait que faire baisser le prix.

y' Le comportement d'achat des consommateurs est aussi en train d'évoluer avec les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC), de plus en plus de gens commandent des fruits bio via internet, cela donne la possibilité à d'autres profils de consommateurs d'avoir accès à la mangue bio (livrée à domicile). L'émergence de la vente de paniers de fruits bio et la vente par pièce sont aussi une opportunité pour la mangue bio d'atteindre de nouveaux consommateurs.

y' L'adaptation continue du packaging à la demande va certainement rendre accessible la mangue à beaucoup de consommateurs. Le packaging a suivi l'évolution des nouveaux modes d'achat précédemment décrits.

y' Les différentes campagnes de promotion de l'effet bénéfique de la nutrition sur la santé incitent les populations à consommer plus de fruits. Ainsi, le slogan « Manger 5 fruits par jour » est véhiculé un peu partout en Europe. Ces campagnes qui incitent plus de gens à consommer des fruits devront offrir des lendemains meilleurs à la consommation des mangues.

y' La décision de l'UE d'accepter les OGM dans l'agriculture biologique va certainement toucher la motivation d'achat de certains consommateurs qui associent l'image de l'agriculture paysanne et du produit sain sans lien avec les multinationales au produit bio.

y' La question de l'empreinte carbone est au coeur d'un débat entre les consommateurs de mouvements écologiques comme la Soil Association Britannique et tant d'autres. Les partisans de ces mouvements avancent la thèse qui stipulerait que tout fruit produit de manière intensive (forte mécanisation) et/ou importé à de longue distance du marché de consommation aurait une empreinte carbone très élevée, donc nuisible pour

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l'environnement. Ils prônent donc le boycott des fruits d'origine lointaine affrétant l'avion. Certes ce mouvement est marginal aujourd'hui, mais ils font beaucoup de campagne autour du thème. Dans l'hypothèse où ce mouvement s'amplifierait trois évolutions peuvent se passer : i) la chaîne d'approvisionnement de la mangue bio avion (marginale actuellement) disparaîtra complètement, ii) les pays producteurs dont les vergers ne sont pas mécanisés vont gagner des parts de marché considérables, iii) les consommateurs vont bouder les fruits venant de pays lointains. Dans tous les cas, la mangue bio du Mali ne peut que bénéficier de ces évolutions face à ses concurrents latino américains qui sont plus éloignés de l'Europe et ont une agriculture plus intensifiée.

? Le marché de mangue bio demeure toujours marginal par rapport au conventionnel, mais avec la logistique bio qui est entrain de se mettre en place et avec l'augmentation du niveau de vie des nouveaux pays entrant à l'UE, il faut s'attendre au maintien de la croissance du marché de mangue biologique en UE.

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PARTIE : II

ANALYSE DES CHAINES D'APPROVISIONNEMENT MANGUE BIOLOGIQUE

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CHAPITRE 4 : LE DIAGNOSTIC ACTUEL DE LA CHAINE
D'APPROVISIONNEMENT MANGUE BIO DU MALI ET SON BENCHMARKING

I. Objectifs

Les objectifs de ce chapitre sont de :

Délimiter la chaîne d'approvisionnement mangue bio du Mali,

Identifier les principaux acteurs de la chaîne d'approvisionnement mangue bio à travers leurs rôles,

Déterminer les difficultés pratiques rencontrées par ces acteurs, Analyser les comptes financiers de ces acteurs,

Faire l'analyse des Atouts, Forces, Opportunités et Menaces (AFOM en Anglais SWOT) de la chaîne d'approvisionnement mangue bio.

II. Méthodologie

Pour atteindre les objectifs, il a été fait une revue documentaire et des collectes de données auprès des principaux acteurs de la chaîne. Avec un échantillon raisonné de 9 producteurs de mangue bio du bassin de Sikasso (dont 6 de la coopérative de Sibirila et 3 de la coopérative de Doussoudiana), 2 exportateurs (AOM du Mali et Fruiteq du Burkina Faso), 2 structures techniques d'appui (Helvetas, PCDA), et 3 pisteurs, le travail a été réalisé en deux mois (du 15 février au 14 avril 2008). Des questionnaires ont été soumis aux différents acteurs et des interviews auprès d'eux ont complété le dispositif d'enquête.

L'analyse des résultats a permis de faire la description du produit, des itinéraires, des acteurs, des opérations, des flux, de l'environnement institutionnel, des interventions d'ONG et de l'État. Le fonctionnement de la chaine d'approvisionnement mangue bio, à travers les liens (horizontal et vertical) entre les acteurs a été analysé aussi. Pour l'analyse financière, les comptes d'exploitation du producteur et de l'exportateur ont été élaborés.

A partir des leçons apprises au Maroc et Burkina Faso (chapitre 6), des recommandations de stratégies ont été formulées pour corriger les écarts de compétitivité s'ils existaient afin de mettre à niveau la chaine d'approvisionnement mangue biologique du Mali (chapitre 7).

III. Résultats et discussion

1. Définition et délimitation de la chaîne d'approvisionnement mangue biologique du Mali

La chaîne d'approvisionnement ne saurait être comprise sans que la notion de filière soit définit. Alors disons d'emblée que la filière n'a pas une définition standard admise par tous. Sa définition est très souvent fonction de l'objectif du chercheur.

Ainsi, La filière en tant que méso économie est un sous ensemble de l'économie qui est composé d'un ensemble d'acteurs et de transactions relatives à un produit et à ses transformations, (P. Hugon, 1998).

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La filière se définit aussi comme une succession de stades de production liés par des flux physiques ou encore un ensemble organisé d'acteurs autour de relations verticales, (Loïc Sauvée, 2007).

Une filière peut posséder en son sein une ou plusieurs chaînes d'approvisionnement et une ou plusieurs chaînes de valeur en même temps.

Dans cette étude pour plus de facilité d'analyse et de délimitation de l'objet d'étude,

l'approche chaîne d'approvisionnement (supply chain en Anglais) a été préférée à l'approche filière.

La chaîne d'approvisionnement se définit comme un « ensemble de procédures et de logiciels permettant de gérer de façon optimale la totalité des flux d'information, des flux physiques et des interfaces entre les différents acteurs, producteurs et fournisseurs qu'implique la fabrication d'un produit ou l'offre d'un service. Ils se basent sur les renseignements concernant la demande jusqu'aux données nécessaires à la distribution, en passant par la conception et la production proprement dite. »18

Au Mali la filière mangue possède plusieurs chaînes d'approvisionnement avec des degrés de spécialisation différents. Il s'agit entre autres des chaînes d'approvisionnement mangue conventionnelle export avion, mangue conventionnelle export bateau, mangue bio export bateau, mangue conventionnelle export régional, mangue marchés locaux. Il peut donc en exister autant de chaînes d'approvisionnement qu'il y'a d'opérations organisées pour un marché bien précis.

Quant à la chaîne de valeur, elle se définit comme un ensemble d'activités principales et de soutien d'une entreprise ou d'un groupe d'entreprises mis en oeuvre pour créer la valeur ajoutée. Josée Vincelette 19 la définit ainsi « mode de gestion qui relie étroitement quelques partenaires dans une chaîne en particulier dans le but de répondre à un besoin précis du marché ».

Ceci étant, l'étude a identifié deux chaînes d'approvisionnement de mangue biologique. Les Contours de ces deux chaînes sont représentés dans les figures 7 et 8.

a) La chaîne d'approvisionnement mangue bio équitable (figure 7) : Helvetas - Mali en appui aux bureaux privés a initié, encadré et accompagné les producteurs de Doussoudiana et de Sibirila dans leur reconversion en producteurs de mangues bio, leur mise en relation avec d'autres acteurs notamment l'exportateur, etc.

· Sibirila Pisteurs de Fruiteq au

Producteurs Pisteurs Exportateur

· Doussoudiana Sikasso Burkina Faso

Figure 7. La chaîne d'approvisionnement mangue bio équitable du Mali

18 http://www.agrojob.com/dictionnaire/definition-Cha%C3%AEne-d-approvisionnement-Supply-chain-2638.htm consulté le 14.05.08

19 Mme Vincelette est conseillère en chaine de valeur, principale responsable de l'initiative chaine de valeur du Québec (Canada).

35

b) La chaîne d'approvisionnement mangue bio uniquement (figure 8) : l'exportateur AOM avec le soutien de l'US AID et IFCD Mali a sensibilisé et convaincu certains producteurs de Sikasso à se lancer dans la production de mangues bio. L'AOM en collaboration avec le bureau d'étude GREFA a accompagné les producteurs jusqu'à leur certification. Ici, c'est l'exportateur malien qui est à la base de l'organisation de la filière avec l'appui de l'US AID et l'encadrement du GREFA.

Producteurs

Sikasso

Pisteurs

Pisteurs

Sikasso

Exportateur

Sikasso

Figure 8. La chaîne d'approvisionnement mangue Bio du Mali

2. Analyse fonctionnelle de la chaine d'approvisionnement mangue bio du Mali 2.1 La production

de

AOM à

Le rendement annuel des vergers de mangue bio du Mali est de 5 à 6 tonnes par hectare. La production malienne de mangues certifiées biologiques en 2007 était de 1 600 tonnes dans la zone Sikasso20 et environ 300 tonnes dans la zone de Bougouni et 700 tonnes dans la zone de Yanfolila. Ce potentiel est amené à croître quant on sait qu'il y a d'autres vergers qui ont commencé le processus de reconversion. Il faut noter que toute la production certifiée bio n'est pas de qualité export marché international, il y a les écarts de tri de la production qui sont écoulés sur le marché local.

En 2005 dans les zones de Bougouni et Yanfolila, ils étaient 11 producteurs certifiés bio regroupés dans une coopérative. En 2006, c'était 45 producteurs dans 2 coopératives. Actuellement, c'est plus de 100 producteurs répartis entre 2 coopératives. Cette évolution augure de perspectives meilleures pour la production.

Relations entre producteurs et autres agents :

Ils produisent les mangues bio, sont organisés en coopérative, vendent leurs produits aux pisteurs. Il existe un contrat entre producteur et exportateur, mais leur lien physique n'est pas direct. L'exportateur envoie le pisteur avec de l'argent et les matériels de cueillette chez le producteur et celui-ci revient avec les mangues dans la station de conditionnement de l'exportateur. Les producteurs sont encadrés et appuyés financièrement par des structures techniques d'appui, les prestataires privés et les exportateurs.

20 D'après Mouctar Fofana, Directeur de la société AOM, c'est AOM qui a organisé et accompagné les producteurs à la certification.

36

Le dénombrement des réponses à la question : « Quelles sont les principales difficultés que

vous rencontrez dans la production et la commercialisation de vos mangues ? » a donné les éléments ci-après.

Les principales difficultés rencontrées par les producteurs :

> Surveillance du verger contre les animaux au moment de la cueillette

> Pénurie de main d'oeuvres

> Rôle de la coopérative

> Exclusivité à un seul exportateur (contrat)

> Période d'achat

> Mouche du fruit

> (Pas de difficultés parce que nouveau verger, mais travail minutieux, beaucoup d'adventices)

> Trouver vite des exportateurs

> Difficultés de recouvrement des sous

> Relations souvent tendues entre les pisteurs et les producteurs à cause de la méthode du choix des mangues à cueillir

> Pénibilité des travaux d'entretien du verger

> Problème d'adventices

> Relations entre les producteurs eux même

> Toute la quantité cueillie par le pisteur n'est pas prise par l'exportateur

La production de la mangue bio est soumise à une organisation bâtie autour des exigences et spécificités de l'AB.

Organisation de la certification AB :

Les producteurs désireux de convertir leurs vergers conventionnels en bio ou d'en implanter de nouveaux font la demande auprès du projet Helvetas Mali. Ensemble Helvetas et prestataires privés élaborent le canevas de reconversion suivant les critères du cahier de charges de l'organisme de certification Ecocert.

Les deux bureaux de prestataire privé BEACIL à Bougouni et AMS à Yanfolila font le travail de sensibilisation, de formation et d'encadrement pour accompagner les producteurs.

Le contrôle est organisé en deux types : le contrôle interne qui s'effectue au moins deux fois par an. Il est assuré par les producteurs avec l'encadrement des deux bureaux de prestataire privé. Le contrôle externe qui s'effectue une fois par an par un auditeur d'Ecocert.

Chaque producteur est inspecté individuellement mais le certificat AB est délivré collectivement à la coopérative.

37

Pour ce qui concerne la chaîne d'approvisionnement de la mangue Bio uniquement, les procédures sont identiques mais le financement et la coordination de la certification est assuré par l'AOM au lieu d'Helvetas - Mali dans le premier cas (figure 9).

Inspection de

1 fois par an

mangue

Bio

certification

(Helvetas, AOM)

bureaux privés 2

fois par an

Figure 9. Organisation de la certification Bio au Mali

l'expert d'Ecocert

Coordination et

financement des

activités de

Contrôles internes

par les

producteurs et les

L'avantage financier lié au signe AB est difficile à évaluer avec la chaîne

d'approvisionnement mangue bio équitable, puisque la prime du commerce équitable (91,82 F

CFA/kg bord verger)21 vient s'ajouter au bénéfice du signe AB. Quant à la chaîne

d'approvisionnement mangue bio uniquement, il est plus aisé d'en évaluer le bénéfice.

Vergers de

Au cours des enquêtes, la question « Qu'est-ce qui vous motiverait davantage à produire plus

de mangues bio ? » a été posée aux producteurs. En réponse, ils ont dit :

Les raisons de la motivation :

> Augmentation du prix

> Cueillette à temps

> Payement à temps

> Plus d'aides financières pour la mise en place du verger, la sécurité du verger contre

la divagation des animaux au moment de la cueillette

> Plus de demande des exportateurs

> Plus de profit

> Le respect des clauses du contrat

La principale raison qui pousse les producteurs à faire plus de mangues bio est l'argent. Sur les sept raisons évoquées par eux, cinq ont trait à l'argent.

Les Signes Officiels de Qualité (SOQ) sont une politique favorable pour les petites exploitations paysannes, les zones difficiles voire les pays pauvres. Ils mettent en valeur les pratiques locales et les produits du terroir. Selon (Hassan et al., 2006), deux conditions sont nécessaires pour que les SOQ soient un instrument de valorisation des terroirs, ils disent à propos qu'il faudrait que : « Le marché doit accorder une plus value aux produits sous SOQ,

21 Pour la mangue de l'Afrique de l'Ouest, le prix minimum du FT bord verger est de 459,12 F CFA/kg et la prime FT est de 91,82 F CFA/kg (FLO, janvier 2008). Ces prix n'étaient pas effectifs lors de la campagne de commercialisation 2007, cela pause la question de la transparence de la chaîne d'approvisionnement bio FT.

38

en plus, que cette plus value soit redistribuée en partie vers l'amont » autrement dit que les producteurs bénéficient des retombées du SOQ. Qu'en est-il pour les producteurs de la filière malienne de mangue bio ?

Du moment que leur principale motivation de production est l'argent et qu'ils continuent à en produire, il peut être admis que le bénéfice du signe leur parvient. Mais un constat ressort de leurs propos, c'est qu'ils ne sont pas tout à fait satisfaits du prix qui leur est payé.

À propos, ils disent : « Ce qui me ferait plaisir pour que j'augmente ma production est que le prix augmente f...] », « C'est le fait de mettre plus de prix au kg, et de tirer plus profit. C'est cela qui nous encourage », « bon, c'est d'avoir un meilleur prix au Kg f...] ». Qui donc profite le plus du SOQ de la mangue, sachant que le producteur n'est pas tout à fait satisfait ? Le consommateur paye un surplus pour la mangue bio, si le producteur ne ressent pas bien les retombées, ce sont les acteurs de la distribution (importateur, exportateur, GMS) qui profitent mieux de ces retombées. Cette situation peut s'expliquer par leur pouvoir de marché très fort par rapport aux producteurs.

Vu que c'est l'argent qui motive les producteurs à faire la mangue bio, deux faits pourront limiter la production au Mali :

a) Actuellement le coût de la certification bio est pris en charge par le projet d'appui (Helvetas) et l'AOM. Quand ces deux structures cesseront de payer ce coût pour les producteurs, ils auront des difficultés pour faire face à cette nouvelle charge.

b) Le développement de la logistique mangue bio va offrir la possibilité de mettre de grosse quantité sur le marché et cela va tirer les prix vers le bas. Si le prix du kg de mangue bio venait au même niveau que celui de la conventionnelle, les producteurs ne seront pas motivés pour faire la mangue bio.

2.2 Les pisteurs

Les pisteurs sont des intermédiaires entre producteurs et exportateurs qui organisent la cueillette et l'achat des mangues avec les producteurs. Ils sont au compte de l'exportateur. Ils ont reçu des formations pour cueillir les mangues qualité export marché UE, s'occupent de la logistique du verger jusqu'à la station de conditionnement. Ils sont localisés à Sikasso, travaillent avec les transporteurs pour l'acheminement des mangues à la station. Les relations entre les pisteurs et les producteurs ne sont pas toujours faciles au moment de la cueillette. Les producteurs reprochent aux pisteurs de faire un tri rigoureux des mangues et mettent en cause leurs critères de tri.

2.3 La transformation

À ce jour il n'y a pas de transformation faite sur la mangue bio du Mali. Pendant les enquêtes des femmes promotrices d'unités de séchage de mangues conventionnelles ont émis leur souhait de faire la mangue bio séchée. Des initiatives de transformation de la mangue bio peuvent constituer des solutions au problème de non commercialisation de toute la quantité produite, évoqué précédemment par les producteurs. Les écarts de tri au moment de la cueillette qui posent souvent des difficultés entre producteurs et pisteurs peuvent être valorisés en d'autres produits transformés.

La boisson gazeuse, boisson pulpeuse, confiture, sirop, bois en ébénisterie, pharmacopées, mangues séchées et vinaigre de mangue sont des produits de la transformation de la mangue

39

dont le développement assure une augmentation des flux d'échange internationaux de mangue. Le volume des exportations de mangues a grimpé de 38% principalement en raison de la croissance de la demande de produits transformés à base de mangue (FAO, 2005). Il y a là une perspective de soutenir la demande globale.

Des mangues bio séchées du Burkina Faso ont été retrouvées sur le marché européen en Belgique dans les magasins Oxfam. Oxfam est une ASBL qui travaille à combattre la pauvreté par des projets d'appui aux producteurs de mangues bio en amont, et des initiatives de commercialisation en Europe des produits issus des projets qu'elle a financés (photo 2).

Photo 2. Mangue bio séchée conditionnée par Oxfam les magasins du monde

Des opportunités d'affaire avec des ASBL et ONG existent en Europe, puisque ces dernières années les associations telles que « GEPA », « Solidarmarke », « Oxfam », « Claro, SA », « Ecological Farmers Association » vendent des fruits secs bio, (Strunden, 2004).

2.4 L'exportation

L'évolution des exportations des trois dernières années sur le graphique 9 indique une progression plus rapide de la mangue conventionnelle par rapport à la mangue biologique. Certes le bio est une niche, mais son volume d'exportation peut être amélioré encore, vu les perspectives du marché et le développement de la logistique bio qui s'installe. Le seul exportateur malien qui a une licence bio est en train de faire ses premières opérations cette année, cela améliorera dans le futur les volumes d'exportation.

40

Graphique 9. Évolution des exportations de mangues du Mali de 2005 à 2007

Comme précédemment dit plus haut, il y a deux chaînes d'approvisionnement de la mangue bio du Mali. Les deux chaînes sont organisées autour des exportateurs AOM localisés au Mali et Fruiteq au Burkina Faso.

L'exportateur Fruiteq à Bobo-Dioulasso a une évolution d'exportation (graphique 10) plus rapide que celle qui a été observée au Mali. Bien qu'une partie de ces approvisionnements proviennent du Mali, même si les mangues du Mali ne rentraient pas dans les statistiques, ces volumes d'exportation restent toujours largement supérieurs à ceux du Mali. En déduisant les quantités provenant du Mali, il restera 168 T en 2005, 506 T en 2006 et 1 000 T en 2007.

Graphique 10. Évolution des exportations de Fruiteq de 2005 à 2007

Ces exportateurs achètent avec les pisteurs qui s'approvisionnent chez les producteurs. Ils conditionnent les mangues dans leurs stations respectives, puis l'expédient en Europe. Selon les clauses du contrat avec leurs partenaires clients, ils vendent en FOB. Au Mali, c'est le FOB point de départ Sikasso et au Burkina le FOB point d'embarquement port d'Abidjan.

Les différentes fonctions de l'exportateur sont résumées dans le tableau 2 ainsi que la présence ou l'absence de(s) étape(s) du process chez les deux exportateurs respectivement au Mali et au Burkina Faso.

41

Tableau 2. Process de conditionnement et de logistique

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Conditionnement

Réception du produit

Pesage

Calibrage

o = oui

n = non

Mali&BF

Logistique

Mali

Burkina

Tri

Nettoyage

o

o

o

o

o

Palettisation

Pesage

Empotage

Pré cooling

Stockage en froid

Gestion d'intrant

o

o

o

n

n

o

o

o

o

o

o

o

o

o

o

Il ressort de l'analyse du tableau, que la logistique chaîne du froid (Pré cooling et chambre

froide) n'est pas présente chez l'exportateur malien. Ceci est une différence remarquable

pour la qualité du produit à l'arrivée du point de destination finale (Europe).

Stickage

Emballage

o

o

Expédition

Transport

o

o

Les infrastructures de conditionnement disponibles au Mali sont de deux types, les stations privées et les stations collectives.

Transit

o

La station PLAZA est une infrastructure collective construite grâce à l'aide de la coopération néerlandaise. À la PLAZA, il y a la présence d'un segment de la chaîne du froid (2 chambres de pré cooling et 2 chambres cooling) plus 5 modules de conditionnement non encore équipés de chaîne de conditionnement mécanique. Cette station répond aux standards internationaux, mais à l'heure actuelle aucun exportateur de la chaîne d'approvisionnement mangue bio n'est locataire d'un des 5 modules et la station n'a pas encore de licence bio.

Les stations de Bougouni et de Yanfolila sont aussi des infrastructures collectives qui n'ont pas de licence bio et ont du mal à faire des opérations d'envergure aussi.

2.5 Les structures techniques d'appui

Les principales structures qui interviennent dans la chaîne d'approvisionnement mangue bio sont Helvetas Mali, le PCDA et le GREFA. Elles assurent l'encadrement des producteurs, la prise en charge de la certification des vergers et l'accompagnement de tous les acteurs de la chaîne.

Helvetas Mali

Helvetas est une association suisse de coopération au développement créée en 1955 en Suisse. Elle intervient dans 22 pays à travers le monde pour la lutte contre la pauvreté. Ses domaines d'intervention sont la gestion durable des ressources naturelles, les infrastructures rurales, l'éducation et la culture, la société civile et l'État.

42

Avec le ProFil, Helvetas joue depuis 2004 le rôle d'appui financier et technique dans la chaîne d'approvisionnement de mangue bio équitable du Mali à travers l'accompagnement, la formation, l'information et la facilitation des liens entre les acteurs.

Les actions en cours et les résultats obtenus par le ProFil sont la formation et l'encadrement des producteurs de Séribala et de Doussoudiana aux techniques du mode de production de l'agriculture biologique, la prise en charge du coût de la certification des producteurs et la mise en relation des producteurs avec les autres acteurs.

Interviewé n° 5 : « au Mali, Helvetas est pionnier dans la filière biologique, d'abord à travers le coton biologique et maintenant à travers la mangue biologique. Donc nous avions formé des organisations. Nous avions d'abord identifié les organisations qui étaient susceptibles de pouvoir conduire ce processus, nous les avions formé, nous les avions mis en relation avec des exportateurs. Nous avons facilité les transactions entre producteurs, organisations de producteurs et exportateurs. Nous avons aussi facilité la formation des pisteurs, notamment sur tout ce qui est capitalisation. »

Le Programme de Compétitivité et Diversification Agricoles

Le PCDA est un programme cofinancé par la Banque Mondiale et le Mali pour la promotion des productions Agricoles pour lesquels le Mali jouit d'un avantage comparatif. Il a démarré ses activités en janvier 2007 et devrait prendre fin en 2010.

Le PCDA a identifié 9 filières (mangue, haricot vert, pastèque, gomme arabique, karité etc.) pour lesquelles le Mali peut se positionner sur le marché international. Parmi elles la filière mangue figure au premier rang. Pour une approche plus orientée vers le marché, le PCDA a détecté 5 chaines d'approvisionnement au sein de la filière mangue et travaille à lever les contraintes spécifiques pour chacune des chaines.

Bien qu'il n'y ait pas dans le programme d'interventions du PCDA des activités directes pour le développement de la chaine d'approvisionnement mangue bio, certaines activités du plan de compétitivité de la filière mangue élaboré par le PCDA ont des effets positifs sur la chaine d'approvisionnement mangue bio du Mali. Il s'agit entre autre des activités de : suivi régulier des marchés européens pendant la campagne d'exportation du Mali par des experts spécialisées en commerce des fruits et légumes sur le marché européen ; bilan de la campagne basée sur les éléments du suivi de campagne ; élaboration de référentiel technico économique pour l'implantation de nouveaux vergers ; aide incitative à l'adoption de nouvelles pratiques et technologies (irrigation, matériel de récolte, implantation de pépinières certifiées) ; mise en place et opérationnalisation d'un centre de mise en froid et logistique d'exportation par bateau à Sikasso (PCDA,2008).

Le PCDA envisage de travailler en synergie avec Helvetas - Mali pour promouvoir la production et la commercialisation de la mangue biologique du Mali.

Interviewé n° 4 : « Donc il serait très important pour nous, même si nous intervenons directement dans la filière bio, de venir en appui, en complémentarité aux actions qui existent pour le développement de la filière biologique au Mali. Sur cela je parle notamment pour la mangue biologique, je pense surtout à Helvetas qui a beaucoup travaillé sur la mangue bio au niveau de la région de Sikasso. Et nous, nous sommes un peu focalisés dans le domaine de la certification biologique et que nous venons en complément. Il y a d'ailleurs des propositions de partenariat entre Helvetas et PCDA et certainement d'autres acteurs. »

43

3. Analyse financière des comptes d'exploitation de la chaine d'approvisionnement mangue bio du Mali

Comme l'objectif n'est pas une analyse économique et financière de la chaîne d'approvisionnement mangue biologique du Mali, les comptes des acteurs en amont de la production (pépiniéristes, commerçants, etc.) et transporteurs ne sont pas pris en compte dans cette partie. Seuls les comptes des trois principaux acteurs à savoir le producteur, le pisteur et l'exportateur feront l'objet d'une analyse financière.

3.1 Le compte d'exploitation du Producteur

Les investissements nécessaires (tableau 3) pour l'implantation d'un verger de mangue bio d'un hectare sont les aménagements (défrichement, puits, trouaison), les plants, la plantation, la fumure organique, l'irrigation et les petits équipements (haches, machettes).

Tableau 3. Les investissements d'installation d'un verger de mangue bio au Mali (F CFA/ha)

Charges d'installation

Unité

Coût unitaire

Nombre
d'unité

Coût total

Défrichement

ha

10000

1

10000

Plants

pieds

247

110

27170

Fumure organique

seau

125

110

13750

Trouaison et plantation

ha

257

100

25700

Puits 10m

m

10000

3

30000

Hache

 

2000

2

4000

Arrosage

pers/an

1500

45

67500

Désherbage

ha

15000

1

15000

Machette

 

1500

2

3000

clôture avec haie morte (bois)

 

25000

1

25000

Total Investissements 221120

Le total des investissements représente le coût d'installation d'un hectare de verger de mangue bio au Mali, il est de 221 120 F CFA/ha. Il faut noter ici que ce coût est identique pour l'installation d'un verger de mangue conventionnelle.

Le tableau 4 représente les charges d'exploitation d'un hectare de verger de mangue bio. Les charges sont constituées par le labour, les entretiens (taille, balayage), le coût de la certification bio, le coût de la main d'oeuvre familiale et les amortissements.

Le coût de la main d'oeuvre familiale est assimilé au coût d'opportunité (manoeuvre salarié) de la zone de production qui est de 1 500 F CFA et il faut environ 7 jours à un producteur pour faire les entretiens22. L'ensemble des vergers d'une coopérative est certifié bio à 1 800 000 F CFA, une coopérative compte environ 150 producteurs. Le coût de la certification a été ramené à un producteur en divisant le coût global sur 150.

22 Selon une étude de terrain effectuée au Burkina Faso par Clémentine Mazières (2005), il faut 6,8 jours par un homme pour entretenir un hectare de manguier.

44

Le manguier commence à produire à partir de la 4e voire 5e année. Pendant 30 ans, il va produire son plein rendement et après le rendement commence à baisser. Donc le défrichement, les plants, la trouaison et la plantation sont amortis à 30 ans. La clôture et les puits sont amortis à 10 ans. Les petits outils sont amortis à 3 ans. Le taux d'intérêt sur immobilisation du capital investi est de 3,5 % (taux des caisses de micro finance de la zone)

Tableau 4. Le coût de production par an d'un verger de mangue bio au Mali (F CFA/ha)

Charges opérationnelles

Unité

Coût
unitaire

Nombre
d'unité

Coût total

Labour

ha

15000

1

15000

Taille

pieds

150

75

11250

balayage

ha

7500

1

7500

Main d'oeuvre (familiale)

h/j

1500

7

10500

Certificat bio

verger

6000

1

12000

Charges de structure

 
 
 
 

Amortissements

 
 
 

13512

Intérêts

 
 
 

38696

Coût de production 108458

Le coût production (CP) représente les charges d'exploitation d'un hectare de mangue bio, elles sont de 108 458 F CFA/ha.

Le tableau 5 indique les produits de vente d'un hectare de mangue bio. Le rendement du verger bio est de 5 T/ha. Sur la base des enquêtes menées auprès des producteurs de Sibirila et Doussoudiana pour la mangue bio qualité export, le prix de vente bord champ était de 1 300 francs CFA le cageot de 18 kg soit 72,2 francs CFA/kg.

3,5 T sont vendues qualité export et 1,5 T sur le marché local à 40 F CFA/kg. Le sorgho cultivé en hivernage est vendu à 85 F CFA/kg.

Tableau 5. Les produits annuels de vente d'un verger de mangue bio au Mali (F CFA/ha)

Produits

Unité

Prix unitaire

Quantité

Montant total

Mangue bio export

kg

72

3500

252700

Mangue bio marché local

kg

40

1500

60000

Sorgho

kg

85

800

68000

Total Produit 380700

Le prix de revient par kg de mangue bio = Coût total de production/Production totale Le prix de revient = 108 458 F CFA/5000 kg = 22 F CFA/kg

La marge brute du producteur par hectare = (Total produit - produit sorgho) - Coût de Production

La marge brute par hectare = 312 700 F CFA - 108 458 F CFA = 204 242 F CFA La marge nette par hectare = marge brute - (amortissements + intérêts)

La marge nette par hectare = 204 242 F CFA - 52 208 F CFA = 152 034 F CFA La production de mangue bio est donc rentable.

Les comptes d'exploitation du producteur de mangue bio et conventionnelle se différencient par le coût de la certification bio qui n'existe pas chez le producteur conventionnel et les produits de la vente qui sont supérieurs chez le producteur bio. La mangue conventionnelle qualité export est vendue à 60 F CFA/kg. Le prix du marché local demeure le même (40 F CFA/kg).

Coût de production verger conventionnel par hectare = CP verger bio - Coût de la certification bio.

Coût de production verger conventionnel par hectare = 108 458 F CFA - 12 000 F CFA

= 96 458 F CFA.

Total produit du verger conventionnel par hectare = ventes mangue conventionnelle (210 000 F CFA) + vente marché local (60 000 F CFA) + sorgho (68 000 F CFA) = 338 000 F CFA.

La marge brute du verger conventionnel par hectare = 270 000 F CFA - 96 458 F CFA

= 173 542 F CFA.

La marge nette du producteur conventionnel par hectare = 173 542 F CFA - 52 208 F CFA = 121 334 F CFA.

La différence de marge nette entre productions de mangue bio et conventionnelle est de 30 700 F CFA/ha. Le producteur bio gagne 30 700 F CFA de plus à l'hectare par an que le producteur conventionnel. La mangue bio est plus rentable que la mangue conventionnelle.

L'argent étant la principale motivation des producteurs à faire la mangue bio, ils vont continuer à produire de la mangue bio. Mais si un jour la subvention à la certification disparaissait et/ou le prix se détériorerait, la pérennité de la production serait menacée.

3.2 Le compte d'exploitation du pisteur

Le tableau 6 relatif au compte d'exploitation du pisteur indique une marge nette de 31 F CFA/kg de mangue. L'activité de pisteur est aussi rentable.

Tableau 6. Le compte d'exploitation du pisteur

Postes

 

F CFA/kg

Prix d'achat bord champ

1 300 F CFA/cageot de 18 kg

72,2

Frais de récolte

600 000 F CFA ÷ 21 000 kg

28,6

Transport

1 bâchée: 35 000 ÷ (45 cageots x 18 kg)

43,2

Total charges

 

144

Produit

kg accepté par l'exportateur

175

Marge nette

 

31

45

3.3 Le compte d'exploitation de l'exportateur

46

Sur la base d'une commande ferme de 700 tonnes qui doit s'effectuer en 3 mois de campagne de commercialisation pour le compte du Mali et 1 200 tonnes pour le compte du Burkina Faso. La durée de l'amortissement des équipements de la chaîne de conditionnement et ceux du froid est de 10 ans, pour les caisses c'est 3 ans.

Tableau 7. Structure de charges des exportateurs en F CFA/kg de mangue bio

Postes

MALI

FCFA

%

BURKINA FASO

FCFA

%

Prix Bord champ

 

72

 
 

89

 

Prix station

 

175

56

 

205

57

Conditionnement

 
 
 
 
 
 

Main d'oeuvre permanent

7 x 2291,6 F CFA ÷ 20 500 kg

0,8

0,3

6 x 3333,3 F CFA ÷ 20 800 kg

1

0,3

Main d'oeuvre occasionnelle

135 x 750 F CFA ÷ 20 500 kg

4,9

1,6

160 x 2502 F CFA ÷ 20 800 kg

19

5,3

Location station

3 x 1 500 000 F CFA ÷ 700 1

6,4

2,1

3 x 700 000 F CFA ÷ 1 200 1

1,8

0,5

Caisses

300 x 5 000 F CFA ÷ 2 500 1

0,6

0,2

500 x 6 250 F CFA ÷ 4 500 1

0,7

0,2

Amortissement équipements

60 millions F CFA ÷ 10 000 1

6

1,9

100 millions F CFA ÷ 15 000 1

6,6

1,8

sticker

au compte de l'importateur

0

0

18 F CFA ÷ 6

3

0,8

Emballages

carton 4 kg 400 F CFA ÷ 4

100

32

carton 4 kg 381 F CFA ÷ 4

95

26

Palettisation

5000 F CFA ÷ (240 colis x 4 kg)

5,2

1,7

5 000 F CFA ÷ (240 colis x 4 kg)

5,2

1,4

Frais licence Bio et assistance technique

6,25 millions ÷ 700 1

8,9

2,9

8 000 000 F CFA ÷ 1 200 1

6,7

1,9

Energie + eau

3 x 150 000 F CFA ÷ 700 1

0,6

0,2

3 x 5 000 000 F CFA ÷ 1 200 1

13

3,6

certificat phytosanitaire

30 000 F CFA ÷ 20 500 kg

1,5

0,5

15 000 F CFA ÷ 20 800 kg

0,7

0,2

Autres frais divers

forfaitaire

1,2

0,4

forfaitaire

1,2

0,3

Coût de revient à la sortie station

 

311

100

 

359

100

* le prix du kg bord champ figure dans ce tableau à titre indicatif, ne rentre pas dans le calcul

Dans le tableau 7, le prix d'achat de la mangue bio représente plus de la moitié des charges totales au Mali (56 %) et au Burkina Faso (57 %). Les coûts de conditionnement sont de 136 F CFA/kg au Mali soit 44 % des charges totales, tandis qu'ils sont de 154 F CFA/kg au Burkina Faso soit 43 % des charges totales. Le coût de la mangue bio est moins cher au Mali qu'au Burkina Faso et le coût du conditionnement est aussi moins cher au Mali qu'au Burkina Faso.

A priori, la première idée qui pouvait expliquer le coût de revient cher au Burkina est la présence des infrastructures du froid. Avec l'hypothèse que ces infrastructures du froid n'existent pas au Burkina, le coût de conditionnement revient à 141 F CFA/kg, ce qui est toujours cher par rapport au Mali.

Le coût du carton d'emballage est énorme dans les deux pays. Il de 100 F CFA/kg (soit 73,5% du coût de conditionnement) au Mali et de 95 F CFA/kg (soit 61,7% du coût de conditionnement) au Burkina Faso. L'écart est significatif à ce poste entre les deux pays.

Le coût de la location de la station de conditionnement est de 4,9 F CFA/kg (soit 3,6% du coût de conditionnement) et de 1,8 F CFA/kg (soit 1,2% du coût de conditionnement). Cette situation est paradoxale du moment que la superficie et la taille du bâtiment au Burkina Faso étaient supérieures à celles observées au Mali.

Le coût de revient sortie station de la mangue bio au Mali est plus compétitif qu'au Burkina Faso. Mais les paramètres comme la qualité du produit au point de destination et le volume

47

des exportations peuvent relativiser cette compétitivité et justifieraient le coût élevé au Burkina Faso. En effet la station burkinabé dispose d'une chambre de pré cooling et d'une chambre de cooling, les charges afférentes à ces infrastructures du froid (investissements, électricité) n'existent pas au Mali.

4. Analyse AFOM

Le bilan de la chaine d'approvisionnement mangue bio du Mali se résume ainsi :

Atouts :

Faiblesses :

Disponibilité de terre

faible rendement des vergers

Climat et sol favorables à la

Ressources financières insuffisantes

production de mangues

des acteurs de la chaîne

Reconversion des vergers facile

Absence de bureau de certification et d'auditeurs qualité national

Appuis techniques et financiers de projets étatiques et non étatiques

Un seul exportateur qui manque de chambre de pré cooling et de cooling

Dynamique d'implantation de

nouveaux vergers de mangues bio

Insuffisances d'informations sur marché

Producteurs motivés

 
 

Offre inadaptée au moment de la demande

 

Absence d'unités de transformation

 

Pénurie de main d'oeuvre par moment

Opportunités :

Menaces :

Marché en croissance en Europe

Concurrence des pays latino

Qualités organoleptiques de la

mangue bio du Mali appréciées par les consommateurs

américains

Nouvelles exigences des

Développement de logistiques de

consommateurs (empreinte

fruits et légumes biologiques

écologique)

 

Saturation par moment des marchés

 

Mouche des fruits

48

CHAPITRE 5 : ÉTUDE BENCHMARKING

« Qui veut s'améliorer doit se mesurer, qui veut être le meilleur doit se comparer. » dixit Robert C. Camp23. C'est dans cette logique que cette partie tente de comparer la commercialisation de la mangue biologique du Mali à celle du Burkina Faso.

Selon (Gautron et al., 2003), le benchmarking est un outil qui permet de rechercher en permanence les meilleures pratiques en se comparant dans un domaine précis à un organisme faisant référence.

D'après (SCHOETTL, 2003), le benchmarking consiste à analyser les pratiques des entreprises leaders pour les mettre en place dans son entreprise.

Il n'y a donc pas une définition officielle pour le benchmarking, mais ce qui doit être retenu est : une pratique (processus continu) basée sur l'observation et l'analyse de la performance du savoir-faire des entreprises, établissements, filières, etc. excellents dans le but de déceler les écarts de compétitivité, pour ensuite les corriger. Il s'appuie sur des indicateurs de performance appelés benchmarks (coût, qualité, délai, management, etc.).

Il existe quatre types de benchmarking : les benchmarking interne,
concurrentiel, fonctionnel et générique.

Pour mener à bien les objectifs de cette étude, le benchmarking concurrentiel est apparu pertinent. Ce choix a été fait pour les raisons suivantes : (i) la filière mangue bio du Mali est confrontée à la concurrence des autres pays producteurs de mangues bio notamment le Burkina Faso, la Côte d'ivoire, le Pérou, la saint Dominique, etc. (ii) Ces concurrents ont un avantage compétitif sur le Mali grâce à de meilleures pratiques. Afin de corriger les écarts s'il y en a, le Maroc (filière agrumes) et le Burkina Faso (filière mangue) ont été choisis comme pays à benchmarker.

I. La filière agrumicole du Maroc

Il a été effectué un voyage d'étude à Casablanca au Maroc dans le cadre d'une enquête exploratoire. L'objectif de ce déplacement était double. Premièrement, aller s'imprégner des facteurs et conditions de réussite de la filière agrumicole marocaine afin d'identifier les indicateurs (benchmarks) qui ont concouru à la performance de cette filière, deuxièmement, vérifier le dispositif de questionnaire. Le choix du Maroc découlait de deux constats : primo, en Afrique l'effet d'apprentissage que ce pays a cumulé dans la production et la mise en marché des agrumes et secundo, ses performances en termes de quantités d'agrumes exportées qui le place parmi les leaders de cette filière en Afrique.

Durant cette phase exploratoire, le choix de l'échantillonnage raisonné est apparu pratique pour ce travail. Au moins un acteur au niveau de chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement des agrumes marocains a été retenu pour les entretiens.

La question centrale des interviews était stipulée ainsi « Le Maroc est cité en Afrique comme une référence en matière de production et de commercialisation d'agrumes, selon vous monsieur, quels sont les facteurs clés de succès de cette réussite ? » et les aspects abordés dans nos questionnaires étaient centrées sur :

- les caractéristiques du produit (agrumes) et l'importance de celles-ci sur la compétitivité,

23 Robert C. Camp est gestionnaire et analyste, auteur du Best-Seller « Benchmarking : The search for industry best practices that lead to superior performance »

49

- l'orientation géographique des exportations marocaines d'agrumes,

- l'importance des facteurs coût de production, coût de fret, coût de packaging, coût de certification, délai de livraison et capacité financière sur la compétitivité des acteurs de la filière.

Les leçons apprises au Maroc

Au terme de l'enquête exploratoire effectuée au Maroc, deux principales leçons pouvaient être tirées :

Primo, du point de vue connaissances théoriques, les facteurs ci-dessous évoqués ont contribué au succès de la filière agrumicole du Maroc. Ils ont suscité plus de compréhension et d'inspiration dans une perspective d'amélioration de la compétitivité au cours de l'étude de la filière mangue biologique au Mali.

V' L'effet d'apprentissage : le Maroc commercialisait les agrumes depuis les époques coloniales. Le rôle des politiques pour dynamiser et maintenir la pérennité de l'expertise nationale pour la production et de la commercialisation des fruits a été prépondérant pour le succès de la filière. Des politiques de soutien et de promotion pour créer cet effet d'apprentissage sont indispensables pour la compétitivité d'une filière comme celle de la mangue bio du Mali.

V' L'intégration horizontale et verticale : la concentration des acteurs en amont a été l'un des premiers facteurs clés du succès de la filière agrumicole du Maroc. La structure de marché du secteur des produits agroalimentaires étant caractérisée aujourd'hui par une très forte concentration des acteurs de l'aval avec un grand pouvoir de marché ; face à cette situation, il faudrait aussi une forte concentration en amont pour que les acteurs aient plus de pouvoir de négociation.

V' La distance et le choix du moyen de fret : la gestion de la distance est importante pour la compétitivité d'une filière puisque la régularité des expéditions dépend en partie de la maîtrise de la distance par une logistique adaptée. Le Maroc a su développer une forte logistique pour satisfaire la demande des marchés lointains ; il exporte jusqu'en Russie et au Canada. Le Mali qui est un pays enclavé et continental doit connaître les conséquences du coût de la distance sur la compétitivité de sa chaîne d'approvisionnement mangue bio.

Secundo, du point de vue technique, l'étude réalisée au Maroc a permis de déceler les insuffisances de la grille d'entretien et les questionnaires, d'en apporter des corrections. In fine, un nouveau dispositif composé du guide d'entretien et de questionnaires plus adaptés pour l'enquête sur la mangue bio au Mali et l'étude de la filière burkinabé a été élaboré.

II. La chaîne d'approvisionnement mangue biologique du Burkina Faso

L'étude de terrain a consisté à faire une analyse benchmarking pour déceler les écarts de compétitivité s'il y en a et les facteurs clés qui ont concouru au succès de la chaîne d'approvisionnement burkinabé de mangue bio. Les critères de compétitivité choisis a priori

50

étaient les benchmarks (indicateurs) process de conditionnement, coût de revient sortie station de conditionnement, démarche qualité et management de la campagne.

Au Burkina Faso, la chaine d'approvisionnement mangue bio est organisée autour des acteurs qui sont identiques à ceux intervenant au Mali. Ce sont les producteurs, les pisteurs, les exportateurs et les structures techniques d'encadrement.

L'intérêt de cette partie a porté sur les exportateurs. Au Burkina Faso ils sont deux sociétés à mettre sur le marché la mangue bio (Fruiteq et Burkinature). Fruiteq a été choisi comme l'exportateur partenaire du benchmarking pour la simple raison que c'est cette société qui exporte la mangue bio du Mali. Sinon Burkinature est aussi un exportateur de mangue bio qui a une alliance stratégique avec Pronatura (multinational de distribution en Europe).

Fruiteq

Fruiteq est une société à responsabilité limitée qui a été créée pour gérer le centre de conditionnement construit à Bobo Dioulasso grâce à un financement de la Banque européenne d'investissement (BET) à hauteur de 70 % et l'ONG néerlandaise Solidaridad24 à 30 % (Nathalie Mcsween, 2006). Fruiteq travaille avec les organisations de producteurs du Burkina Faso, de la Côte d'ivoire et du Mali pour satisfaire les commandes de son client et partenaire Agrofair. Elle fait aussi des prestations pour d'autres exportateurs.

Le management du produit chez Fruiteq

Fruiteq conditionne et exporte la mangue biologique et la mangue bio équitable. Elle ne fait pas de mangue conventionnelle. Elle fait des prestations de conditionnement pour d'autres exportateurs. Les approvisionnements sont faits en plus du Burkina Faso, au Mali et en Côte d'ivoire.

Pour assurer la qualité des mangues jusqu'au consommateur final, Fruiteq fait une évaluation de la qualité des fruits réceptionnés par des observations et de mesures des facteurs d'écart de tri25. L'image de gauche de la photo 3 montre quelques instruments de mesure de la qualité des mangues. Ce mécanisme permet de faire des gains de temps, d'électricité, d'eau et réduit le pourcentage de rejet de lot à l'arrivée du marché de destination au cas où le lot ne serait pas conforme aux standards et normes internationaux.

Après l'évaluation si la décision de conditionner est prise, les mangues passent dans une chaîne de conditionnement avec les étapes suivantes : pré - tri (manuel), bac de trempage, bac de lavage (brossage, lavage, rinçage) , bac de cirage, tapis de triage, calibrage à poids, mise en carton, contrôle de poids, palettisation et mise au froid.

La mise au froid se fait en deux étapes. Dans un premier temps dans la chambre de pré cooling et après dans la chambre de cooling (photo n° 3, image du milieu et d'à droite). L'impact du temps qui sépare la cueillette de la mangue et sa mise en pré cooling constaté dans la station de Fruiteq est contenu dans le tableau 8.

24 Solidaridad est une ONG créée par les fondateurs de Max Havelaar qui détient des parts dans le capital social d'Agrofair.

25 Les facteurs d'écart de tri sont : coup de soleil, brûlure de sève, nez mou, grattage, blessure, immaturité, surmaturité, malformation, piqûre de mouches, anthracnose, pédoncule non conforme, pourriture du noyau, taches noires, fourmis, maturité, brix ,fermeté.

51

Tableau 8. Caractéristiques de l'impact du temps de la récolte à la mise en pré cooling sur la qualité de la mangue

Nombre de jours entre la cueillette
et la mise en pré cooling du fruit

Durée du
maintien de la
qualité du fruit

 

Minimum

Maximum

Moins d'un jour
1 jour

20 jours
15 jours

30 jours
25 jours

Le positionnement de Fruiteq sur le marché européen

Les exportations de Fruiteq sont destinées au marché européen uniquement. C'est aux Pays-Bas où le client partenaire (Agrofair) se trouve. Il existe une alliance stratégique entre les deux entreprises. D'après (Grelaud et Gasse, 1995) « Dans une alliance stratégique les entreprises collaborent et partagent les mêmes besoins et les mêmes risques en vue de réaliser un objectif commun. Si elles ne partagent pas un niveau de risque important, elles ne peuvent pas s'attendre à un engagement réciproque. Les entreprises partagerons donc certains risques seulement si elles ont besoins l'une de l'autre pour atteindre les mêmes objectifs. » Lewis Jordan D.26 cité par Martine Grelaud et Yvon Gasse.

Agrofair est une société d'importation et de distribution de fruits et légumes bio et Fair Trade (FT), détenue à 50 % de parts par une coopérative internationale de producteurs et le restant 50 % par l'ONG Solidaridad. Elle a investi dans la formation du personnel, l'encadrement des producteurs et les infrastructures chez Fruiteq. Cette alliance stratégique qui s'inscrit dans les critères du FT est à la base du succès de la chaine de valeur mangue Bio FT du Burkina Faso.

La compétitivité chez Fruiteq

Le coût de revient par kilo de mangue achetée et conditionnée est élevé chez Fruiteq (359 F CFA/kg) par rapport à AOM du Mali (311 F CFA/kg). Ceci est dû au prix du produit d'achat du kilo de mangue à l'entrée station. Sinon les charges de conditionnement sont faibles par rapport AOM du Mali. Le management du produit et le positionnement précédemment évoqués ont assuré la compétitivité de Fruiteq sur le segment mangue bio FT.

(Gauche) (Milieu) (Droite)

Photo 3. Quelques photos de la station de conditionnement de Fruiteq27

26 Lewis J. D. (1990), Partnerships for profit, New York, the Free Press, 255 pages.

27 À gauche, matériels de contrôle de qualité avant conditionnement (en partant de la gauche : pénétromètre, réfractomètres, échelle du mesure de la maturité, thermomètre). Au milieu, chambre de pré cooling. À droite, lots de mangues palettisées et empotées prêts pour l'expédition dans la chambre de cooling.

52

Une étude diagnostique sur la filière mangue du Burkina Faso a évoqué le rôle de l'état dans la promotion des filières. Par exemples, les facteurs clés de succès de la filière fruits et légumes au Sénégal ont été l'engagement de l'état, la mise en place de démarche qualité et un soutien adapté aux investissements (Mazières, 2006). Au Burkina Faso aussi, il y a eu cette volonté politique d'accompagner les acteurs de la filière fruits et légumes à travers différentes études, constructions d'infrastructures et subventions.

Les leçons apprises au Burkina Faso

y' Le management de la qualité depuis la réception jusqu'à sortie des mangues de la station. Au Burkina Faso, Fruiteq contrôle et évalue la qualité des mangues avant leur réception. Ce mécanisme est une bonne pratique qui garantit une meilleure gestion de l'écart de tri, donc de très faible rejet sur le marché de destination. L'utilisation des chambres de pré cooling et de cooling assure la qualité à la sortie de la station. La meilleure gestion de la Qualité des mangues à l'entrée et à la sortie de la station de conditionnement est indispensable pour la compétitivité.

y' La politique d'approvisionnement de Fruiteq intègre les producteurs du Mali, de la Côte d'ivoire en plus du Burkina Faso. Celle-ci leur permet d'honorer leur carnet de commande d'assurer le timing des expéditions. Cette intégration verticale est une bonne pratique pour consolider une part de marché.

y' La politique de partenariat de Fruiteq avec le client Agro Fair a permis de mettre sur pieds une chaîne de valeur solide. Cette situation permet à Fruiteq de s'adapter continuellement aux exigences du marché.

y' La disponibilité d'infrastructures adéquates qui respectent les standards internationaux et la taille financière de Fruiteq lui ont permis d'être l'un des leaders de la mangue bio dans la sous région ouest africaine.

y' Les Prestations de conditionnement faites par Fruiteq pour d'autres exportateurs grâce à leurs infrastructures et leur licence bio permettent d'augmenter leur rendement et d'assurer la viabilité de leurs investissements.

53

PARTIE : III

STRATEGIES DE MISE A NIVEAU DE LA CHAINE D'APPROVISIONNEMENT
MANGUE BIOLOGIQUE DU MALI

54

CHAPITRE 6 : LE PLAN DE COMPÉTITIVITÉ

1. La matrice du plan de compétitivité de la mangue biologique du Mali Les principaux axes du plan de compétitivité sont :

Amélioration de la qualité du fruit

La démarche qualité HACCP (Hazard Analisys and Critical Control Points), l'engagement à la certification Global Gap et d'autres démarches sont indispensables de nos jours pour se maintenir sur le marché européen.

La réduction du coût de conditionnement

Le renforcement du contrôle de la qualité avant réception à la station de conditionnement (gain de temps, d'électricité et d'eau), le design du carton (réduction du coût unitaire, gain d'espace dans le container) peuvent engendrer la baisse du coût de revient du conditionnement.

Augmentation de la production

L'incitation des producteurs à la reconversion et l'implantation de nouveaux vergers bio en agissant en aval sur la demande des exportateurs par l'identification et l'appui à de nouveaux exportateurs. L'amélioration de la productivité passera par l'appui aux instituts de recherche IER et IPR/IFRA et des collaborations avec les instituts de recherche régionaux pour endiguer les maladies et insectes nuisibles du manguier, trouver la densité optimale de manguier dans les vergers ; les entretiens réguliers des vergers par les producteurs. Toutes ces mesures sont des actions peuvent améliorer la productivité.

Renforcement de capacités des acteurs

Par la formation des acteurs aux techniques de production, de lutte biologique contre les maladies et les insectes, les bonnes pratiques agricoles et de conditionnement les acteurs de la chaine seront plus compétitifs. Leur information sur les nouvelles tendances du marché et les prix et leur sensibilisation (L'empreinte écologique) auront des effets positifs sur leur adaptation aux exigences du marché.

Financement de la production, transformation et commercialisation

La formation des banquiers aux besoins des acteurs de la chaîne, la mise en place de fonds de garantie, de lignes de crédit pour l'achat des intrants avant démarrage de la campagne (pour les exportateurs), la subvention du coût de la certification (pour le producteur), le financement des projets de création d'unité de transformation, etc. sont quelques mesures qui pourront soutenir le dynamisme des acteurs.

Le Partenariat par l'alliance stratégique ou la joint venture

55

Selon le modèle développé par Martine Grelaud et Yvon Gasse, le processus de réalisation d'une alliance stratégique entre PME du Nord et PME du Sud distingue trois phases pour s'accomplir :

- Phase I (choix du pays, choix du partenaire, choix de la forme)

- Phase II (montage du projet)

- Phase III (gestion des relations, pérennité, fonctionnement)

Ce modèle convient à la chaîne d'approvisionnement bio du Mali pour mieux positionner les exportateurs.

La mise en place d'infrastructures de conditionnement et de logistique

Pour le fret bateau il ne doit pas avoir de rupture de la chaine du froid, cela nécessite des chambres de pré cooling, de cooling, des camions et containers frigorifiques. Le coût de l'emballage carton représente un poste élevé dans le coût de conditionnement, la relance de l'ancienne usine de fabrique de cartons ou la construction d'une nouvelle usine de cartons est nécessaire pour réduire le coût de revient de la mangue sortie station.

Les détails des activités du plan de compétitivité, de sa mise en oeuvre et des résultats attendus sont contenus dans le tableau 9.

56

Tableau 9. Plan de compétitivité pour la chaine d'approvisionnement mangue bio du Mali

Stades

Activités

Stratégies de mise en oeuvre

Résultats attendus

 

1. Information et sensibilisation des producteurs

1. Consultation d'un expert en fruits et

1. L'expert fournit le flux d'informations

 

sur l'évolution des exigences de la demande du marché (qualité, conviction écolo, prix, cahier de charges AB, etc.)

légumes bio résidant en Europe pour la fourniture de rapports hebdomadaires sur l'évolution du marché et le suivi de la mangue bio du Mali

du marché aux acteurs de l'amont

 
 

Renforcement des capacités d'intervention des bureaux de prestataires privés pour un accompagnement de qualité des producteurs

Les prestataires privés sont plus présents pour accompagner les producteurs

 

2. Facilitation de mise en relation avec les autres

2. Participation aux foires, salons et visites

2. Les producteurs ont plus d'opportunités

Production

acteurs

des cas de réussite

de mettre leurs produits sur le marché

 

3. Renforcement de l'organisation des coopératives

3. Formations des membres de la coopérative en gestion, négociation et recherche de partenaires

3. Le pouvoir de négociation de la coopéra-tive est renforcée

 
 

4. Mise à la disposition d'une ligne de crédit

4. Collaboration entre structures techniques

4. Les banques financent la production

 

d'équipements aux paysans

et financières d'appui et les banques pour la mise en place d'un fonds de garantie et de prêts adaptés aux producteurs

de mangues bio

 

5. Appui à la recherche scientifique pour trouver

5. Collaboration entre l'état, les structures

5. La recherche trouve des solutions de lutte

 

moyens de lutte biologique contre la mouche

techniques et financières, IPR/IFRA et l'IER

biologique contre les adventices les

 

des fruits, l'anthracnose, la cochenille farineuse

et les adventices. Amélioration de la densité

pour le financement, la conduite de recherches de solutions au niveau régional de lutte biologiques contre les maladies et la moche des fruits et autres insectes nuisibles

insectes et les maladies

57

Production

 

6. Mise en place d'une expertise nationale de certification bio et d'auditeurs qualité libres (accélération de la certification des vergers)

6. Formation des agents de bureaux d'audit, "linkage" avec les bureaux européens accrédités

6. Au moins un bureau malien est accrédité pour délivrer le certificat bio

 

1. Identification et accompagnement d'un acteur

 

1. Construction d'une unité de transformation

 
 

1. Étude de faisabilité et de rentabilité du projet de création de

 

Transformation

national pour la création d'une unité de transformation de la mangue bio du Mali

l'unité de transformation et élaboration du business plan de l'unité

de mangue biologique du Mali

 

(séchage, purée, jus, etc.)

 
 
 
 
 

1. Au moins un exportateur malien a la capacité

 

1. Projet de mise à niveau des exportateurs par la mise en place d'une démarche qualité au sein des entreprises et d'investissement dans les équipements

1. Diagnostic de l'état des exportateurs, soutien aux initiatives de démarche qualité des stations de conditionnement, à la formation au métier de qualiticien, d'acquisition d'infrastructures logistiques et du froid

de s'adapter aux exigences qualité du marché

 

2. Recherche de partenaires stratégiques

 

2. Au moins un exportateur malien a un

Exportation

(multinationales de distribution et les GMS)

2. Mission de "linkage et de Networking" appui aux initiatives d'intégration verticale, de joint-venture, d'alliance, etc.

partenaire stratégique

 

3. Identification d'un ou plusieurs exportateurs intéressés à la mangue bio et accompagnement de leurs entreprises

3. Concertation avec les exportateurs, conduite de l'exportateur à l'obtention de la licence bio dans le cadre d'un programme d'appui

convention d'appui technique et financier

3. Le nombre d'exportateur malien de mangue bio passe de un à deux voire plus

 

58

CONCLUSION

La filière de mangue biologique du producteur jusqu'au consommateur est construite selon des règles bien spécifiques qui demandent la certification AB de la production et de la licence AB pour les acteurs de la distribution. Les organismes accrédités pour délivrer ces documents de reconnaissance sont situés en Europe, l'expertise locale au Mali tarde à intégrer le réseau des bureaux de certification et ceci pose un problème de coûts supplémentaires avec les missions d'inspection d'experts étrangers.

Le marché de mangue biologique est situé dans les pays développés occidentaux. Les exportations maliennes ont été destinées seulement à la date d'aujourd'hui à quatre pays européens à savoir la France, les Pays-Bas, la Belgique et l'Allemagne. Les importations dans ces pays là, et un peu partout dans l'Europe des 15 ne cessent de croitre, bien que la mangue bio demeure toujours un produit de niche. Le marché est aussi dynamique, des importations intra et extra UE se font chaque année. Le consommateur est au coeur de la logique de stratégies de tous acteurs de la chaine distribution, ces exigences deviennent de plus en plus grandes en termes de qualité du fruit mais aussi d'autres considération qui ne sont pas directement liées à la qualité intrinsèque du Fruit. L'empreinte écologique en est un exemple actuel.

Actuellement les multinationales de distributions de fruits et légumes et les GMS s'intéressent davantage à la mangue bio, cela est entrain d'asphyxier les petits magasins spécialisés. Les origines latino américaines sont les plus compétitives à l'heure actuelle grâce à leurs effets d'expérience et à leur taille financière. A côté d'elles, les origines ouest africaines travaillent à améliorer leur compétitivité et gagnent progressivement des parts. Du mois de Mai à Juin, l'offre de l'origine Mali est sollicitée par le marché bien que la campagne commence à début Mars et termine en Août.

Pour être sur le marché européen si exigent en norme réglementaire et commerciale, le Mali a organisé deux chaines d'approvisionnement de mangue bio. La première s'étend du Mali jusqu'au Burkina Faso, tandis que la seconde se limite seulement à l'intérieur du territoire national. Les acteurs de la chaine ont quelques difficultés qui vont de l'insuffisance de moyens financiers, du manque de professionnalisme jusqu'à l'absence d'infrastructures du froid.

Malgré ces difficultés les perspectives restent meilleures pour la mangue bio du Mali, puisque le potentiel certifié chaque année est énorme et les marchés en Europe sont en croissance. Mais pour bien saisir la niche de mangue bio en Europe, le Mali doit engager une politique volontariste pour la promotion d'agriculture biologique en s'inspirant sur les meilleures pratiques qui ont été observés au Burkina Faso. Le plan de compétitivité proposé par cette étude est une ébauche dans ce sens.

Cette étude a confirmé l'émergence de la pratique de la production de mangue biologique au Mali dans les bassins de Sikasso. Les producteurs de Sibirila, Doussoudiana et Sikasso organisés en coopératives font la mangue biologique pour le marché européen. Leur potentiel actuel de production certifié est énorme, mais ne couvre pas à ce jour les besoins d'approvisionnement des deux exportateurs qui commercialisent la mangue bio du Mali. Avec des efforts de sensibilisation, d'encadrement et d'incitation, ce potentiel pourrait être mieux valorisé à travers l'incitation d'autres exportateurs à s'intéresser à la mangue bio et la construction d'unités de transformation de la mangue bio en jus, purée, séchée, etc.

59

La performance de l'exportateur burkinabé de mangues biologiques Fruiteq s'est révélée vrai avec les quantités qu'elle exporte, son alliance stratégique avec Agro Fair, l'économie de champ qu'elle prestant pour d'autres exportateurs et son effet expérience.

Dans ce contexte où les deux entreprises burkinabés sont bien positionnées sur les segments bio et bio Fair Trade, il ne reste au Mali que d'oser plus, en investiguant plus dans la recherche de stratégies optimales de mise en marché des mangues bio et de compétitivité des acteurs.

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Communication orale

Delvaulx Marc (31/05/08), Consultant spécialiste en mangue, Parc des jardins, Belgique






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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera