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La réduction de la fracture numérique en Afrique centrale: cas du Cameroun

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par LEO GAËL ATANGA ONDOA
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2015
  

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SECTION II : STRATEGIES AU NIVEAU DU CAMEROUN

La réduction du fossé numérique s'inscrit au rang des priorités de la vision de développement à long terme des pouvoirs publics. Ceci est d'autant plus consacré dans le DSCE110 où un accent particulier est accordé à la promotion des TIC. D'après ce cadre de référence de l'action gouvernementale, les dirigeants envisagent d'ici 2020, porter la télédensité fixe à 45% et la télédensité mobile à 65 %. De même, l'Etat s'est donné pour objectif de doter 40000 villages de moyens de télécommunications modernes, de faire passer le débit de transfert des données à 3800 Mb/s et de multiplier par 50 le nombre d'emplois directs et indirects dans le domaine des télécommunications/TIC. Pour atteindre ces différents objectifs, plusieurs textes juridiques encadrant les activités du secteur des télécommunications/TIC ont été élaborés et diverses institutions d'accompagnement ont été créées. Dans le même ordre d'idée, les dirigeants oeuvrent pour le développement du réseau national de télécommunications et pour la formation des citoyens aux TIC.

2.1 Le cadre règlementaire et institutionnel

Il nous incombe de parler des différents instruments juridiques et des diverses institutions qui soutiennent les stratégies nationales de réduction de la fracture numérique.

2.1.1 La règlementation

Au sens large, la réglementation peut se définir comme un ensemble d'indications, de lois, de prescriptions, de règles, et autres textes juridiques régissant une activité sociale. Il peut aussi simplement s'agir de l'ensemble des mesures légales et réglementaires qui régissent une question. Pour réduire la fracture numérique et projeter le Cameroun vers la modernité, les pouvoirs publics ont élaboré plusieurs textes juridiques. Il importe de passer en revue ces différents instruments. Une distinction s'impose entre les textes du domaine des télécommunications et ceux du secteur des TIC.

110 Ministère de l'Economie et des Finances, Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi. Cadre de référence de l'action gouvernementale pour la période 2010-2020, Yaoundé, Août 2009.

a- dans le domaine des télécommunications

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Le développement du réseau des télécommunications nécessite l'existence d'un cadre juridique adéquat auquel se réfèrent tous les bailleurs de fonds qui veulent investir. A cet égard, le gouvernement, dans le souci de dynamiser l'activité du secteur concerné a adopté la loi n° 98/014 du 14 juillet 1998 régissant les télécommunications au Cameroun. Considéré comme le socle juridique des infrastructures, des réseaux et des services de télécommunications111, ce texte matérialise le désir de l'Etat de s'arrimer à la modernité. De manière pragmatique, ce document a mis fin à la situation de monopole qui a longtemps prévalu en faveur de l'opérateur national INTELCAM112. De même, cette loi libéralise le secteur des télécommunications en l'ouvrant au régime concurrentiel. Consécutivement à cette libéralisation quatre opérateurs de téléphonie mobile GSM ont fait leur entrée sur le marché camerounais. Il s'agit des trois opérateurs privés dont la société de télécoms française Orange (en 1999), la société sud-africaine Mobile Telecommunication Network (MTN en 2000) et plus récemment la société vietnamienne Nexttel en décembre 2012. Il faut également noter l'attribution en septembre 2014 à Camtel d'une licence de téléphonie mobile. En outre, la loi su-citée a également favorisé la création de l'Agence de Régulation des Télécommunications (ART) dont la mission principale consiste à gérer les activités de ce secteur.

L'élaboration d'autres textes de droit s'inscrit également dans cette logique de modernisation du secteur des télécommunications par les pouvoirs publics. Ainsi, la loi n° 2001/0130 du 23 juillet 2001 instituant le service minimum dans le secteur des télécommunications et la loi n° 2005/013 du 29 décembre 2005 établissant un Fonds Spécial des Télécommunications (FST) sous la forme d'un compte d'affectation spéciale sont-ils des exemples évocateurs.

La détermination des autorités publiques s'illustre davantage à travers la prise de certaines décisions importantes notamment : le décret n° 98/108 du 08 septembre 1998 créant la Cameroon Telecommunications (CAMTEL), le décret n° 2012/203 du 20 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'ART et le décret n° 2012/308 du 26 juin 2012 fixant les modalités de gestion du FST. Hormis ces différents actes juridiques qui

111 Issowa Iyoni Samuel, « Le cadre juridique camerounais des réseaux et services de télécommunications face à la société de l'information : de la fracture numérique à la fracture juridique ? », in Juridis Périodique, Yaoundé, APRODA, Numéro 71, Juillet-Août-Septembre 2007, pp 103-110, p 106.

112 International Telecommunications Cameroon

50

encadrent les activités dans le secteur des télécommunications, d'autres textes ont été élaborés pour promouvoir la vulgarisation des TIC.

b- dans le domaine des TIC

Divers textes normatifs encadrent les activités du secteur des TIC au Cameroun. En effet, considérant l'intérêt de plus en plus grandissant que suscitent ces outils et au regard de leur niveau d'utilisation sans cesse croissant il semblait nécessaire de garantir la sécurité des usagers. Ainsi, les dirigeants ont adopté la loi cadre n° 2011/012 du 06 mai 2011 sur la protection du consommateur.

De même, dans le souci d'appliquer les différentes résolutions prises dans le cadre des Sommets Mondiaux sur la Société de l'Information (SMSI) tenus respectivement du 10 au 12 décembre 2003 à Genève en Suisse et du 16 au 18 novembre 2005 à Tunis113, il a été crée par arrêté n° 066/CAB/PM du 24 février 2009, le comité de suivi de la mise en oeuvre des résultats des SMSI. Dans le même ordre d'idée, l'arrêté n° 209/CAB/PM du 21 août 2009 portant création, organisation et fonctionnement du comité de pilotage de la stratégie nationale de développement des TIC a été signé.

Par ailleurs, le chef de l'exécutif a promulgué la loi n° 2010/012 du 21 décembre 2010 sur la cybercriminalité et la cyber sécurité afin de réglementer le cadre de sécurité des réseaux de communications électroniques et des systèmes d'information aussi bien que pour définir et réprimer les infractions liées à l'usage des TIC. A ce texte, s'ajoute la loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques et la loi n° 2010/021 du 21 décembre 2010 fixant les règles du commerce électronique.

D'autres initiatives confirment la détermination de l'Etat à réduire le fossé numérique. On peut citer le décret n° 2012/180 du 10 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication (ANTIC) et le décret n° 2012/309 du 26 juin 2012 fixant les modalités de gestion du Fonds spécial des activités de Sécurité Electronique (FSE). Outre l'élaboration des textes de droit dans le domaine des télécommunications/TIC, les pouvoirs publics ont également créé des organismes institutionnels pour réduire le fossé numérique.

113Issowa Iyoni Samuel, « Le cadre juridique camerounais des réseaux et services de télécommunications face à la société de l'information : de la fracture numérique à la fracture juridique ? », in Juridis Périodique, Yaoundé, APRODA, Numéro 71, Juillet-Août-Septembre 2007, pp 103-110, p 103.

2.1.2 Analyse du cadre normatif institutionnel

51

Le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun, est soutenu par des acteurs publics et des acteurs privés.

a- Les acteurs publics

Les acteurs publics font référence aux institutions étatiques qui oeuvrent pour la réduction de la fracture numérique au Cameroun. Parmi ces dernières, on distingue le CENADI, la CAMTEL, l'ART, l'ANTIC et ENEO Cameroon.

1- Le Centre National de Développement de l'Informatique (CENADI)

La création du CENADI par le décret n° 88/1087 du 12 août 1988 démontre à suffisance l'antériorité de l'intérêt pour l'Etat d'automatiser ses procédures administratives. Né d'une série de mutations organiques114 de la DCIT115 à la DIT116, le CENADI est placé sous la tutelle du Ministère des Finances. Il assure le développement, la promotion et la mise en oeuvre de la politique nationale de l'informatique au sein des administrations publiques et parapubliques.

2- La Cameroon Telecommunications (CAMTEL)

Considéré comme l'opérateur historique des télécommunications au Cameroun, l'avènement de CAMTEL date de 1998 suite à la transformation de l'ancienne direction des télécommunications du Ministère des Postes et des Télécommunications (MINPOSTEL) en Société Anonyme (SA) et à sa fusion avec l'entreprise nationale INTELCAM117 qui jusque-là s'occupait des communications téléphoniques internationales.

CAMTEL est un établissement public placé sous la tutelle du MINPOSTEL. Sa mission principale consiste à mettre en oeuvre la politique de l'Etat dans le secteur des télécommunications118. Ainsi, sur le plan pratique, elle assure les prestations d'un ensemble de services aux usagers. Au rang de ces dernières, nous citons les communications

114 M.A NGONO Zintchem et al, « Convergences technologiques et politique : opportunités et défis pour une meilleure appropriation des TIC au Cameroun », Revue camerounaise des relations internationales, Yaoundé, IRIC, 2010.

115 Direction Centrale de l'Informatique et de la Téléinformatique

116 Direction de l'Informatique et de la Téléinformatique

117 Ibid.

118 Cette politique est définie par le ministère en charge des postes et des télécommunications.

52

53

électroniques notamment par la téléphonie fixe assurée par le CT-Phone et la téléphonie mobile 3G depuis septembre 2014. De même, Camtel s'occupe de la fourniture de la bande passante aux différents fournisseurs d'accès internet et de la fourniture du haut débit aux usagers. Cette organisation gère également le backbone national à fibre optique et vend cette infrastructure de pointe aux opérateurs privés.

Par ailleurs, dans l'optique de porter la télédensité fixe à 45% comme cela est envisagé dans le DSCE, l'entreprise parapublique a déployé la technologie CDMA119 en 2004. En 2005, avec l'appui de son partenaire chinois Huawei, CAMTEL a lancé le CT-Phone sur le marché120. C'est un téléphone fixe qui se présente comme un portable. Il est assez avantageux dans la mesure où l'usager peut l'utiliser dans un rayon important grâce à la technologie d'accès sans fil et en boucle locale radio121.

3- L'Agence de Régulation des Télécommunications (ART)

Créée par la loi régissant les télécommunications au Cameroun citée plus haut, l'ART est un établissement public administratif doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Le MINPOSTEL assure la tutelle technique et le département ministériel en charge des finances s'occupe de la tutelle financière122.

L'ART s'occupe pour le compte de l'Etat de la régulation, du suivi et du contrôle des opérateurs, des exploitants des réseaux et des fournisseurs de services de communications électroniques. Elle veille également au respect du principe d'égalité du traitement des usagers dans toutes les entreprises de communications électroniques. A ces prérogatives, s'ajoute la gestion du spectre de fréquences dans le secteur des télécommunications. Concernant les dispositions relatives à l'organisation et au fonctionnement de l'Autorité il faut se référer au décret n° 2012/203 du 20 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'Agence de Régulation des Télécommunications.

Il importe de noter que l'ART oeuvre également pour l'amélioration de l'offre des services dans le domaine des télécommunications/TIC au Cameroun et par ricochet pour la

119 Code Division Multiple Accees. Cette technologie offre de nombreux avantages, au rang desquels nous citons l'adaptation en zone rurale et urbaines et dans les localités non desservies par le téléphone filaire. Elle a une facilité d'installation et offre la possibilité de développer des services internet.

120 M.A Zintchem, « Problématique de l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun »...

121 Voir Ewangue J.L, « La politique de développement des Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun : une dynamique d'accès inégalitaire à la société de l'information »...

122 Cf. Article 3 du décret N° 2012/203 du 20 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'ART.

réduction de la fracture numérique. Dans ce sens, l'agence a joué un très grand rôle pour l'application d'une facturation à la seconde depuis 2009 dans l'optique de satisfaire les consommateurs en faisant réduire les coûts d'utilisation du téléphone mobile. De même, cette institution a milité pour le passage du plan de numérotation national de 8 à 9 chiffres dans le but d'accroitre la télédensité fixe et mobile.

4- L'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication (ANTIC)

La naissance de l'ANTIC remonte à 2002 avec la signature du décret n° 2002/092 du 08 avril 2002 portant création de ladite structure. Ce texte a été abrogé en 2012 avec le nouveau décret fixant les modalités d'organisation et de fonctionnement de l'ANTIC. Au vu des prérogatives dévolues à l'Agence, on peut lire l'intérêt croissant des pouvoirs publics pour faire en sorte que cette structure devienne un levier pour le développement des technologies numériques au Cameroun. Placée sous la tutelle technique et financière respectivement du MINPOSTEL et du Ministère des Finances123, l'Agence veille à la promotion et au suivi de l'action des autorités publiques en matière de TIC. De plus, elle assure la régulation, le contrôle et le suivi des activités liées à la sécurité des systèmes d'informations et des réseaux de communications électroniques, ainsi qu'à la certification électronique en collaboration avec l'ART.

Depuis le démarrage de ses activités en 2006, l'entreprise parapublique ne cesse de s'affirmer comme le bras séculier de l'Etat pour le développement des technologies numériques sur l'ensemble du territoire. En 2007, elle a élaboré la stratégie nationale de développement des TIC qui jusqu'à présent oriente la politique de l'Etat dans ce sens. Dans l'optique de développer les compétences numériques des citoyens, l'ANTIC organise généralement des ateliers de formation et d'imprégnation aux modes d'utilisation des TIC à l'intention des agents publics124. De même, l'Agence organise habituellement des séminaires d'information et de sensibilisation des populations, sur la cybersécurité afin de les prévenir des actes cybercriminels125.

123 Cf. Article 3 du décret N° 2012/180 du 10 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'ANTIC.

124 Entretien avec Monsieur Ndongo, ingénieur en service à l'ANTIC.

125 L'ANTIC a organisé à Yaoundé du 27 au 29 novembre 2013 un séminaire d'information sur la cybersécurité et la cybercriminalité.

5- ENEO Cameroon (Energy of Cameroon)

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La création de cet établissement parapublique remonte à 2014 suite au rachat des parts d'AES par le fonds d'investissement britannique ACTIS. ENEO Cameroon gère le développement du réseau électrique national et la fourniture de l'énergie électrique sur l'ensemble du territoire. Cette organisation dispose d'une capacité de production installée de 935 MW126. Le réseau de transport relie 24 postes et comprend 1944,29 kilomètres de lignes haute tension, 15081,48 kilomètres de lignes moyenne tension et 15209,25 kilomètres de lignes basse tension. Le réseau de distribution est constitué de 11 450 km de lignes de 5,5 à 33 KV127 et 11.158 km de lignes de 220 à 380 KV. Cette société compte plus de 900 000 clients dont environ 45% résident à Douala et Yaoundé128.

Energy of Cameroon joue un rôle très important dans le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun. En fait, l'accès à l'énergie électrique reste l'une des principales conditions nécessaires pour l'utilisation permanente d'un téléphone mobile, d'un téléviseur, d'un ordinateur ... Dans l'optique d'offrir l'accès à l'électricité à tous les citoyens particulièrement à ceux résidant dans les zones rurales, ENEO Cameroun oeuvre pour l'élargissement de la couverture nationale en électricité. Cette entreprise parapublique participe grandement à la réalisation du PDSE129 qui vise le triplement de la capacité énergétique à l'horizon 2030. De même, ENEO agit en faveur de l'électrification des campagnes grâce au fonds d'électrification des zones rurales. Notons que le secteur privé joue également un rôle capital dans le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun.

b- Les acteurs du secteur privé

Le secteur privé s'oppose généralement au secteur public ou étatique. Il désigne le domaine d'activité constitué des entreprises, associations ou organisations qui ne dépendent pas directement de l'Etat, de son administration et des collectivités territoriales. La plupart des fois, les fonds publics ne sont pas investis dans ce secteur ou ils le sont très peu130. Le secteur privé est constitué des entreprises ou associations privées, des banques à capitaux privés, des

126 Mégawatts

127 Kilovolts

128 http://bienvenueneo.com/index.php/fr/eneo-cameroon/aes-sonel-devient-eneo-cameroon site consulté le 04 décembre 2014.

129 Plan de Développement du Secteur de l'Energie

130 http://www.toupie.org/Dictionnaire/Secteur_prive.htm site consulté le 10 décembre 2014.

55

Organisations Non Gouvernementales, des coopératives, des associations... Dans le cadre de cette étude, les acteurs du secteur privé renvoient aux différents opérateurs de téléphonie mobile et aux ONG qui participent activement au processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun.

1- Les opérateurs de téléphonie mobile

Un opérateur de téléphonie mobile est une compagnie de télécommunication qui propose des services de téléphonie mobile ou d'accès mobile à Internet. Cette entreprise fournit une carte SIM au client qui l'insère dans son téléphone mobile ou dans sa tablette tactile pour avoir accès au réseau cellulaire de l'opérateur. Il peut s'agir du réseau GSM, CDMA, UMTS... L'opérateur de réseau mobile assure le marketing, la commercialisation, la facturation et l'assistance à sa clientèle. On dénombre trois opérateurs privés de téléphonie mobile au Cameroun : Orange, MTN et Nexttel.

· Orange Cameroun

Cette entreprise française a fait son entrée dans le marché des télécommunications camerounais en juillet 1999. C'était suite à la signature d'une convention de concession pour l'établissement des réseaux de communications ouverts au public entre l'Etat camerounais et la Société Camerounaise de Mobile (SCM) dont le capital était détenu à 99,97% par le groupe France Télécom131. A travers la convention signée pour une durée de trois ans, France Télécom a à nouveau réussi à s'installer sur le marché camerounais des télécommunications. En février 2000, la SCM démarre ses activités. Suite à l'acquisition en mai 2000 de la société Orange par France Télécom, la SCM devenue Mobilis va adopter le nom Orange Cameroun en juin 2002.

Orange Cameroun offre à sa clientèle plusieurs types de services. On peut citer entre autres : la téléphonie mobile, la transmission des données et d'autres services à valeur ajoutée. En dépit des données statistiques difficilement accessibles, le réseau orange couvre plusieurs villes et campagnes du pays. La filiale française emploie plus de 800 personnes de manière directe et offre près de dix mille emplois indirects132. De même, Orange Cameroun fournit

131 Sylvie Siyam, Serge Kuaté et Serge Daho, « Réformes des télécommunications : cas du Cameroun », Association for

Progressive Communications (APC), Septembre 2009.

132 Ibid.

56

57

l'accès internet aux usagers, ceci est assuré par Orange Multimedia Services qui détient la licence en la matière.

· Mobile Telecommunication Network (MTN)

MTN est une multinationale sud-africaine. Elle entre dans le marché camerounais en acquérant les actions de CAMTEL Mobiles133 le 15 février 2000. Le capital de cette firme est détenu à 70% par MTN International et à 30 % par la société camerounaise Broadband Telecom134. MTN Cameroun oeuvre pour le développement et l'extension du réseau de télécommunication national à travers la fourniture du réseau de téléphonie mobile dans plusieurs localités urbaines et rurales. Elle offre les mêmes services qu'Orange Cameroun. Elle emploie plus de 400 personnes de manière directe et son réseau de distribution compte près de 45 distributeurs et plus de soixante dix mille points de vente répartis sur l'ensemble du territoire135. Notons également que MTN Cameroun fournit l'accès internet par l'entremise de sa succursale MTN Networks Solutions.

· NEXTTEL Cameroun

Nexttel est une multinationale vietnamienne. Elle entre dans le marché camerounais en 2012 suite à son attribution d'une licence de téléphonie mobile 3G par le ministère des postes et des télécommunications en décembre 2012. Dès son arrivée, le troisième opérateur de téléphonie mobile envisageait couvrir le territoire national à environ 85%. Il a démarré ses activités le 12 septembre 2014. Afin de réduire le taux de chômage qui demeure un problème épineux pour l'économie camerounaise, cette entreprise a embauché plusieurs jeunes diplômés camerounais jusque-là sans emplois. Par rapport aux deux autres opérateurs privés, Nexttel a la particularité d'offrir la téléphonie 3G à sa clientèle. En effet, la troisième génération (3G) désigne une génération de normes de téléphonie mobile. Elle est représentée principalement par les normes Universal Mobile Telecommunications System (UMTS) et CDMA 2000. Cette norme de téléphonie offre des débits de 2 à 42 Mb/s définis par la dernière génération des réseaux UMTS : l'HSPA+DC l'HSPA qui sont bien plus rapides que

133 Considérée comme une unité de projet créée par Décision N° 00011.7/MPT/DT du 29 juin 1993 du Ministre en charge des télécommunications, Camtel Mobiles exploite au cours des années 1990 la téléphonie mobile au Cameroun.

134 Sylvie Siyam, Serge Kuaté et Serge Daho, « Réformes des télécommunications : cas du Cameroun », Association for Progressive Communications (APC), Septembre 2009.

135 Ibid.

le GSM. La 3G rend possible les appels vidéos, la visioconférence, les téléchargements à une vitesse qui est vingt fois plus rapide que la 2G (norme GSM).

Le tableau ci-dessous fournit des éléments permettant de mieux percevoir la différence qui existe entre la 2G et la 3G.

Tableau 2 : Différence entre la 3G et la 2G

Opérations

Durée de réalisation avec la 2G

Durée de réalisation avec la 3G

Téléchargement
d'une vidéo de 750
mégabits

1280 minutes soit environ 21
heures 30 minutes

100 minutes soit 1heure 40 minutes

Téléchargement
d'une musique de 5
mégabits

8 minutes 52 secondes

40 secondes

Envoi d'une pièce
jointe de 2
mégabits par email

3 minutes 41 secondes

16 secondes

Téléchargement
d'une photo de 500
kilobits sur
Facebook

85 secondes

4 secondes

Source : Tableau conçu par l'auteur à partir des données fournis par Nexttel Cameroun136 sur la différence

entre la 3G et la 2G

Le tableau comparatif ci-dessus, montre clairement les capacités des deux normes en termes de débits, de services et de vitesse d'exécution des requêtes

Outre les trois opérateurs privés de téléphonie mobile que nous venons de mentionner, les Fournisseurs d'Accès Internet (FAI) jouent également un rôle non négligeable dans le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun. Les FAI sont des structures qui offrent des prestations internet aux consommateurs. Au Cameroun, on dénombre plus de 60 organisations spécialisées dans la fourniture d'accès et des services généralisés au rang desquels figurent : Infogénie, Matrix Télécoms, Saconnets, Ringo, Yoomee, SNS Mobility, Creolink communications... Toutefois, malgré le fait que les opérateurs privés de téléphonie mobile jouent déjà un rôle important dans le processus de démocratisation des TIC au Cameroun, il n'en demeure pas moins que les ONG jouent aussi un rôle non négligeable dans ce sens.

136 http://www.nexttel.cm/ site consulté le 10 décembre 2014.

2- La participation des ONG

58

Une Organisation Non Gouvernementale est une organisation de la société civile d'intérêt public ou ayant un caractère humanitaire. Elle ne dépend ni d'un Etat, ni d'une institution internationale137. Ce type d'organisation décide de manière autonome des actions qu'elle engage. Ses membres sont des volontaires bénévoles, le plus souvent organisés en association. Les ressources des ONG proviennent de fonds publics ou privés. Au Cameroun, on distingue plusieurs ONG qui participent au processus de réduction de la fracture numérique. Ces acteurs sont associés dans l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies de développement des TIC. Parmi les organismes de la société civile qui accompagnent l'Etat dans sa dynamique de vulgarisation des TIC, on peut citer les Organisations Non Gouvernementales (ONG) spécialisées dans la promotion des TIC telles que ANAIS-AC138, Genesis Telecare, Young Cameroonians Network, Forum.Net, ISOC-Cameroun... D'autres ONG non spécialisées mènent également des activités dans le secteur des technologies innovantes. Au rang de ces dernières on distingue de l'Association des Professionnelles Africaines de l'Information (APAC), l'Association des Femmes Ingénieurs du Cameroun (AFIC), l'Association pour le Soutien des Actions des Femmes et des Entrepreneurs (ASAFE), la Ligue pour l'Education de la Femme et de l'Enfant (LEFE) et bien d'autres.

En dehors de l'élaboration des instruments juridiques et de la participation des acteurs publics et privés, le développement des compétences numériques, la modernisation des services publics et l'équipement des campagnes en moyens de télécommunications modernes font aussi partir des stratégies de réduction de la fracture numérique au Cameroun.

2.2 Développement des compétences numériques, modernisation du service public et
équipement des campagnes en moyens de télécommunications modernes

A ce niveau, nous mettrons en évidence la formation des citoyens aux TIC, le projet e-gouvernement et le projet des Télécentres Communautaires Polyvalents (TCP).

137 http://www.toupie.org/Dictionnaire/Ong.htm site consulté le 15 décembre 2014.

138 Advisory Network for African Information Society- Afrique Centrale

59

2.2.1 Le développement des compétences numériques à travers la formation des
populations aux TIC

Il n'existe pas une définition précise du concept compétence numérique. Selon la direction générale « Education et culture » de la Commission Européenne, la compétence numérique implique l'usage sûr et critique des technologies de la société de l'information au travail, dans les loisirs et dans la communication139. La condition préalable pour l'utilisation effective de ces dispositifs est la maîtrise des TIC. A titre indicatif, en utilisant un ordinateur pour obtenir, évaluer, stocker, produire, présenter et échanger des informations ou encore, pour communiquer et participer via internet à des réseaux de collaboration l'usager doit au moins avoir de bonnes aptitudes cognitives sur les TIC. Ces compétences s'acquièrent le plus souvent à l'école ou parfois de façon personnelle. Dans l'optique de développer les compétences numériques des citoyens en vue d'accroitre le niveau d'utilisation et de maitrise des TIC les pouvoirs publics ont opté pour l'intégration de ces technologies dans tous les cycles éducatifs.

Dans les cycles maternels et primaires, l'existence d'enseignements relatifs à l'initiation sur les TIC devient progressivement une réalité. Plusieurs établissements sont même dotés d'un Centre de Ressources Multimédia (CRM) équipé d'ordinateurs et d'une connexion internet afin de permettre aux écoliers de se familiariser à l'usage des TIC. A titre indicatif, on peut citer le Groupe Scolaire Bilingue la Citadelle à Yaoundé, l'Ecole Primaire les Oiselets de Bafoussam et l'Ecole les Champions FCB de Mémiam située à 20 kilomètres de Mbalmayo sur l'axe routier Mbalmayo-Sangmélima. Grâce aux CRM, les formateurs effectuent facilement leurs recherches sur internet préparant ainsi mieux leurs leçons140. Ces équipements permettent également aux enseignants d'améliorer leurs modes d'évaluation de par la possibilité d'individualiser les tests soumis aux élèves141.

Au niveau secondaire, en dehors des enseignements sur l'informatique déjà dispensés dans la plupart des établissements publics et privés, les dirigeants ont ouvert la série Technologie de l'Information (TI) par l'arrêté ministériel N°25/11/MINESEC/CAB du 13 janvier 2011. Certains élèves de la classe de première titulaire du BEPC142, s'intéressent davantage à cette option dans les institutions scolaires telles, le Collège Vogt à Yaoundé,

139 http://forumeculture.net/605/la-competence-numerique/

140 Karsenti, T. et al, Intégration pédagogique des TIC : Succès et défis de 100+ écoles africaines, Ottawa, ON : IDRC, 2eme

édition, 2011, p 126.

141 Ibid.

142 Brevet d'Etude du Premier Cycle

60

l'Institut Victor Hugo à Yaoundé et le Complexe polytechnique privé laïc Tama à Bafoussam. A l'issue de leur parcours secondaire, les étudiants ayant opté pour cette filière obtiennent le baccalauréat de l'enseignement secondaire général série technologie de l'information. De plus tous les candidats aux examens du baccalauréat de l'enseignement secondaire général sont désormais soumis à une épreuve d'informatique obligatoire avec coefficient 2.

Par ailleurs, bon nombre de structures scolaires publiques et privées au rang desquels le Lycée Général Leclerc, le Lycée Bilingue de Yaoundé, le Lycée Joss de Douala, le Lycée classique et moderne de Mvomeka'a, le Longla Comprehensive College de Bamenda, le Collège les Lauréats de Bonamoussadi à Douala... disposent des CRM et pour d'aucun un laboratoire informatique143. Ces infrastructures permettent aux élèves d'apprendre à utiliser un ordinateur et à se connecter sur internet pour effectuer une recherche. Au Lycée de Mvomeka'a le laboratoire informatique favorise l'étude de l'informatique par les apprenants comme une discipline scientifique, la maîtrise de la bureautique élémentaire et l'utilisation des tableurs144.

En outre, beaucoup de professeurs suivent des cours dispensés par les moniteurs des CRM afin d'acquérir des compétences numériques. Une fois ces compétences acquises, certains intègrent les TIC dans leurs procédés d'enseignements. Au Lycée Joss à titre indicatif, pour amener tous leurs enseignants à utiliser les TIC, le staff administratif les a obligé à saisir toutes leurs épreuves d'examen avant de les déposer auprès du censeur concerné et de proposer pour chaque discipline enseignée un répertoire de sites éducatifs devant aider les élèves dans leurs recherches145.

A l'échelle universitaire, les autorités ont favorisé la profusion des instituts supérieurs de formation en technologies numériques notamment à travers l'attribution des agréments aux promoteurs. En effet, plusieurs structures académiques oeuvrant dans ce cadre ne cessent d'émerger, accompagnant alors les instituts publics existant, dans la formation des citoyens dans le domaine des télécommunications/TIC146. Elles offrent ainsi différentes spécialités aux apprenants : génie logiciel, maintenance des systèmes informatiques, informatique industriel, secrétariat de direction et bureautique bilingue... L'Institut Africain d'Informatique (IAI) se présente comme l'institution supérieure privée par excellence formant

143 C'est le cas du Lycée classique et moderne de Mvomeka'a.

144 Karsenti, T. et al, op.cit, p 117.

145 Ibid. P 120.

146 Il s'agit précisément des instituts de formations publiques tels que l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique (ENSP) et de l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et des Télécommunications (ENSPT).

61

toutes catégories de personnes à la fabrication et à la maîtrise des modes d'emplois des technologies numériques.

Notons également que les pouvoirs publics ont ouvert la filière TI à l'Ecole Normale Supérieure. Depuis plusieurs années, cette nouvelle option accueille de nombreux étudiants qui sont formés en tant que professeur d'informatique. Au terme de leur parcours à l'ENS, ces individus possèdent toutes les facultés nécessaires pour dispenser des cours aux élèves du secondaire. Toutefois, on observe d'autres initiatives étatiques qui vont dans le sens de la modernisation du service public.

2.2.2 Le e-government : vers la modernisation du service public

Selon l'OCDE147, l'e-gouvernement ou administration en ligne renvoie à « l'usage des TIC dans les activités des administrations, à la fois à l'échelle nationale et locale, spécialement pour améliorer la fourniture de services et d'informations et la conduite des politiques publiques.148 » L'e-gouvernement a pour objectif de rendre les services publics plus accessibles aux usagers et d'améliorer le fonctionnement interne des administrations.

Dans l'optique de faire évoluer le service public, les décideurs politiques ont mis en place le projet e-government ou gouvernement électronique149. Il se décline en plusieurs volets. Premièrement, on note la mise en place d'un intranet gouvernemental (Govnet) en vue d'interconnecter les administrations pour permettre des échanges de données entre les différents services150. Le MINPOSTEL est l'institution chargée de mettre en oeuvre ce programme.

La deuxième articulation du projet concerne le développement de la dorsale nationale en fibre optique ceci, dans le but de couvrir tous les 10 chefs-lieux de régions et près de 40 chefs-lieux de départements en large bande filaire151.

La troisième déclinaison du projet concerne la dématérialisation des procédures administratives152. Dans ce sens, plusieurs initiatives de services en ligne ont été développées

147 Organisation pour la Coopération et le Développement Economique

148 Bonjawo Jacques, Révolution numérique dans les pays en développement. L'exemple africain, Paris, Dunod, 2011, p 140.

149 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'état d'avancement des nouvelles technologies de l'information et de la communication destinées à soutenir le développement en Afrique Centrale : Etat de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet Mondial sur la Société de l'Information (SMSI), Libreville, BSR/AC, 2013, p 19.

150 Ibid. P4.

151 Ibid.

152 Ibid.

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dans divers départements ministériels et dans différentes structures parapubliques. De même, la plupart des administrations publiques se sont lancées dans le développement des sites web pour davantage se rapprocher des usagers du service public.

Enfin, le dernier volet consiste au développement des sites web dans les administrations'53 ce qui favorisera d'une part la célérité des services publics et d'autre part le rapprochement des administrateurs vers les administrés. Toujours dans l'optique d'assurer l'accès universel sur toute l'étendue du territoire national, les dirigeants ont mis en place le projet des télécentres communautaires.

2.2.3 Le projet TCP et la réduction de la fracture numérique entre les villes et les

campagnes

Afin d'atteindre l'objectif fixé dans le DSCE de doter 40.000 villages de moyens de télécommunications modernes pour ainsi réduire la fracture numérique entre les villes et les campagnes, les dirigeants ont mis en place le projet Télécentre Communautaire Polyvalent (TCP).

Le projet TCP naît dans un contexte assez particulier. En effet, suite au désengagement de l'Etat dans l'exploitation du réseau de télécommunication au profit des opérateurs privés, vu la vétusté des équipements de téléphonie fixe dans les zones rurales et le délaissement des campagnes jugées peu rentables, par les entreprises privés de téléphonie mobile les pouvoirs publics ont décidé en 2007'54, de créer, les TCP et les Points d'Accès Numérique (PAN) dans plusieurs localités rurales du pays. Selon le MINPOSTEL, département ministériel en charge de la mise en oeuvre du projet TCP, un télécentre communautaire polyvalent est une infrastructure installée dans une zone rurale ou enclavée. Il offre à des prix abordables d'une part, des services de télécommunications/TIC et audiovisuels (téléphone, fax, photocopies, télévision, Internet...) et d'autre part, des services financiers postaux (transfert d'argent et messagerie)'55. Un point d'accès numérique quant à lui fait référence à un télécentre qui offre les mêmes services mais à la seule différence que ce dernier est installé dans un bureau de poste'56.

153 Ibid.

154 http://www.minpostel.gov.cm/index.php/en/les-projets/telecentres site consulté le 20 février 2014.

155 MINPOSTEL, Performances des P&T. Magazine d'informations du Ministère des Postes et Télécommunications, Yaoundé, Hors-série, 2013, p 4.

156 Ibid.

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Les TCP et les PAN demeurent des lieux idoines pour le transfert et l'appropriation des technologies numériques en zones rurales157. Ces infrastructures vont à destination des citoyens à faible revenu qui le plus souvent, ne disposent pas dans leurs foyers ou dans leur lieu de travail d'un accès aux TIC. A travers une offre de services variée comme l'impression, le scanner, la téléphonie, le fax, la photocopie, le téléchargement des logiciels, la formation en TIC, l'hébergement des pages web, l'Internet158... ces structures permettent aux bénéficiaires de tirer profit des effets positifs dont les TIC sont porteurs.

Rendu au terme de cette section, nous pouvons dire qu'il existe plusieurs stratégies de réduction de la fracture numérique au Cameroun.

157 M.A Zintchem, « Problématique de l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) au

Cameroun »... page 124.

158 Ibid. P 5.

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