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L'altermondialisme comme alternative a la derive du capitalisme mondial actuel

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par Marcelline LUEMBE OMBA N'SODI
Université chretienne Cardinal Malula - Licence 2015
  

Disponible en mode multipage

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IN MEMORIAM

A notre défunt Papa N'SODI OTSHUDIEMA Marcel, qui nous a entouré de tant d'amour, et nous a ouvert les portes de l'éducation et de l'instruction.

S'il était vivant, combien il aurait été heureux de voir le niveau intellectuel que nous avons atteint. Aussi promettons-nous à sa mémoire d'honorer toujours sa famille, de renouveler nos efforts pour nous ouvrir davantage au monde et ainsi porter plus haut son nom.

Repose dans la paix du très-Haut, Papa Marcel !

DEDICACE

A notre Chef Spirituel et Représentant Légal de l'Eglise Kimbanguiste, notre cher papa Simon KIMBANGU KIANGANI pour sa sollicitude et notre réarmement vertueux sans commune mesure. Comme dit Henri de Montherlant, « il sied bien être un Homme de bien ; mais il est surtout mieux d'apprendre le bien aux autres ». Il nous manque des mots assez forts pour exprimer la ferme volonté de faire de nous une femme accomplie et de mérite. Daignez trouver ici l'expression de notre gratitude !

A notre tendre et affectueuse mère Marie LUEMBE BOSOMBA, qui neuf mois durant, ne t'est point lassée de porter une pénible grossesse de jumelles que nous sommes, j'ai cité Marcelline OMBA et Beatrice SHAKO. Que ce travail soit pour toi et mon alter ego une consécration de votre soutien moral et matériel. Certes, le chemin à parcourir reste long et parsemé d'embuches, amis en nous resserrant les coudes, nous restons convaincue que la victoire sera de notre côté.

A notre frère bien aimé Jacques NSALA N'SODI et noter soeur adulée Eugénie N'SODI BEHOMWA, pour votre indéfectible attachement.

A nos charmants enfants, Gloire KIMBANGU KIANGANI, Winner KIAWANGA NZITANI et Jacques Gracieux KISOLOKELE.

A vous tous qui, de prés ou de loin, avez contribué à la réalisation du présent travail, veuillez trouver l'expression profonde de notre reconnaissance.

AVANT-PROPOS

Le travail que nous avons l'honneur de vous présenter est le fruit des années de notre formation et de couronnement de notre deuxième cycle de nos études supérieures et universitaires, la Licence en Relations Internationales.

Sur ce, notre gratitude s'adresse d'abord à l'endroit du Chef des Travaux, Joseph KINDUNUD, qui a accepté de déroger sur son agenda déjà si chargé pour amener ce travail à bon port.

Nous nous adressons également aux corps administratif et académique de l'Université Cardinal MALULA, plus particulièrement à

Nos sentiments de gratitude s'adressent également à nos amis et connaissances pour leurs courants de sympathie, notamment à Junior BINTU, Souzy KOSSI, Nathalie NSEYA, Priscille DISUNDIDI, Nadine NBOKO, Deb's DIMOKE et autres.

Nous n'oublions pas non plus les étudiants de notre promotion et ceux d'autres Facultés de l'Université Cardinal MALULA, tels que Gogo KOSSI et clarisse de la Faculté de l'Economie.

Marcelline LUEMBE OMBA N'SODI

Présentation du sujet

À Seattle, le 3 décembre 1999, le monde découvre le mouvement altermondialiste à l'occasion des manifestations contre la rencontre ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce. Les réactions sont mitigées. Si certains y voient l'expression d'un mouvement anti-mondialisation, d'autres reconnaissent dans cette mobilisation l'héritage des Zapatistes, des opposants au libre-échange et de plusieurs autres luttes contre les politiques et pratiques néolibérales aux quatre coins du globe.

Depuis, le mouvement a connu une croissance rapide et a effectué un important saut qualitatif. L'altermondialisme peut être défini comme mouvement sans frontières de lutte contre l'économie néo-libérale dominante. Pour l' essentiel, il constitue un front d'opposition à la mondialisation du marché, source d'inégalités et de différends entre les nations, entre les classes, entre les personnes.

Ses sévères critiques du Système, qui servent de dénominateur commun à ses multiples composantes, visent en priorité les Etats du G8 et les grands Organismes internationaux (OMC, OCDE, FMI, Banque Mondiale, BCE), tous accusés d'envisager l'activité humaine sous le seul angle de la marchandisation, " D'autres mondes sont possibles ", affirme-t-il.

L'OMC est dénoncée comme assujettie aux industries du Nord, défavorable à l'agriculture du Sud, et finalement indifférente au fossé social et environnemental que creusent ses décisions. Quant au FMI, sont mis en cause ses choix guidés par un préalable idéologique social-libéral plus que par le souci d'un Développement concerté. Ils témoignent, selon les altermondialistes, d'une soumission aux milieux financiers qu'accentue le fonctionnement interne du Fonds où l'influence de chacun est proportionnelle à ses capacités de contribution. Les Multinationales, elles, en majorité américaines et militantes du libre-échange, sont ciblées en raison de leur stratégie de délocalisations et de manipulations fiscales, et de leurs responsabilités en matière de pollution.

L'altermondialisme en réalité ne représente pas un parti mais une mouvance qui rapproche, sans relation hiérarchique, des opinions et des sensibilités diverses, structurées ou non, s'efforçant de dégager des synergies dans ses "Forums sociaux" (Seattle, Gènes, Porto Alegre, Bombay, Copenhague, Atlanta). N'y prévaut aucune Doctrine, même si l'on y trouve des groupes identifiés : marxistes, tiers-mondistes, ex situationnistes, écologistes, souverainistes, libertaires, à l'image des innombrables adversaires du libéralisme économique.

En dépit de cette diversité, l'accord sur des points cruciaux esquisse une alternative envisageable à l'actuelle gestion du monde. Ainsi, le concept de développement durable permet-il de poser la question de l'exploitation incontrôlée des ressources qui s'épuisent, d' où l'idée de " décroissance soutenable ". La notion de souveraineté entraine, de son côté, celle de "sécurité alimentaire " que les projets de commerce équitable et d'allègement de la dette contribuent à conforter. Enfin, les Droits humains, bafoués sous toutes les formes et tous les horizons, réclament un Parlement mondial élu, pouvant légiférer entre autres sur la prévention et le règlement des conflits, la suppression des paradis fiscaux, la neutralisation des lobbies, la taxation des transferts de capitaux, l'interdiction de privatiser certains besoins vitaux, comme l'eau, ou d' imposer au genre humain le fichage informatique.

C'est là sans doute la base d'une résistance organisée aux maux causés par la dérégulation marchande. Les altermondialistes se considèrent déjà à l' origine d'avancées telles que la réduction de la dette des PMA, l'abandon de certains plans drastiques du FMI, et l'accès des pays pauvres aux médicaments.

Choix et intérêt du sujet

La crise des subprimes ayant engendré à l'heure actuelle une crise à la fois mondiale et multidimensionnelle, plonge l'ensemble de l'humanité dans une grande dépression, dont l'issue est imprédicable. Elle peut aussi bien déboucher sur le pire, par des pulsions xénophobes, ou, au contraire, faciliter la mise en oeuvre d'un altermondialisme dont les contours s'esquissent progressivement. L'altermondialisme peut elle proposer des stratégies globales et multidimensionnelles de transformation du monde. La question essentielle «  d'un autre monde » a-t-elle des réponses au travers de l'altermondialisme.

Autant d'interrogations, lesquelles nous poussent à porter notre choix sur l'étude de ce sujet.

Problématique

Plus de 60 ans après le « grand narratif » du développement, la moitié de la population mondiale vit encore sous le seuil de la pauvreté. Par ailleurs, les crises de toutes sortes (économique et financière, alimentaire, écologique, sociale et politique, guerres...) jettent une ombre troublante sur l'avenir de l'humanité. En effet, à l'ère de l'Anthropogène, où l'impact environnemental de l'activité humaine est d'une ampleur telle qu'il génère une véritable révolution géologique, c'est l'ensemble de notre civilisation industrielle, urbaine et consumériste qui se trouve remise en cause.

Comment les peuples du monde peuvent-ils s'organiser pour changer leur destin et concrétiser, autour d'alternatives réelles ? Un monde émancipé de l'utilitarisme, du productivisme, du globalisme et de l'asservissement de l'homme par la technique et le dogme de la croissance est il possible ?

Hypothèse

En guise de réponses anticipées à ces questions, nous avançons des hypothèses.

D'une part, « Un autre monde est possible ». L'objectif étant de faire échec à la pensée unique guidée par les principes néolibéraux, de lutter contre l'impérialisme et de proposer non pas une, mais plusieurs alternatives et ce à plusieurs échelles. Cet autre monde trouve sa solution dans l'altermondialisme , au travers des revendications des mouvements sociaux, qui constituent un archipel de mondes alternatifs émergeant autour de la justice fiscale, de la souveraineté alimentaire, du commerce équitable, de l'économie sociale et solidaire, du travail décent, de la démocratie participative, de la décroissance conviviale et de la sobriété heureuse, du « vivre bien ».Bref, l'altermondialisme peut être considéré comme la solution aux injustices du monde capitaliste.

D'autre part, il serait utopique de penser que le mouvement altermondialiste, lequel a émergé il y a quinze ans, puisse inverser, les logiques à l'oeuvre au sein de ce que la pensée dominante appelait « la mondialisation ». C'est méconnaître la profondeur des transformations que le système capitaliste est en train d'imposer à l'ensemble des sociétés : tout marchandiser, c'est-à-dire soumettre toutes les activités humaines à l'exigence de rentabilité maximale.


Méthodes et Techniques de travail

Nous avons mené une recherche exploratoire afin de répondre à nos questions et de tester nos hypothèses. Nos données proviennent principalement de revue de la littérature sur les sujets abordés.

Nous avons commencé notre recherche par une recension des écrits concernant les aspects théoriques et empiriques de ce mémoire, au moyen d'articles scientifiques, de livres, d'articles de journaux ainsi que de documents disponibles sur les sites Internet de nombreuses organisations.

Délimitation du sujet

Notre étude s'étend de la période des années 90 jusqu'à nos jours. Le choix de cette période se justifie en ce sens que c'est durant cette période que le monde découvre le mouvement altermondialiste à l'occasion des manifestations contre la rencontre ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce de décembre 1999.

Plan sommaire

Ce mémoire contient quatre chapitres. Dans le premier chapitre, nous abordons l'étude terminologique des différents concepts. Cette approche nous amène à définir successivement les termes de «  Mondialisation », « l'altermondialisme » et le « capitalisme ».

Nous abordons ensuite brièvement le capitalisme tel que compris de nos jours. . Nous traitons de ce dernier sujet à travers la réflexion sur les mécanismes du capitalisme contemporain au travers de la théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, autrement appelé la théorie keynésienne.

Le deuxième chapitre contient les principales caractéristiques du monde capitaliste. Nous nous référons pour ce faire aux origines même du capitalisme, des avantages et inconvénients de ce dernier. Nous terminons ce chapitre par l'énumération des symboles même du capitalisme et une approche critique : l'Organisation Mondiale du Commerce, le Fonds Monétaire Internationale et les grandes firmes multinationales.

Dans le troisième chapitre, nous nous intéressons aux aspects fondamentaux de l'altermondialisme. Pour ce faire, nous observons au travers des figures actuelles de l'altermondialisme comment ce mouvement peut apporter des alternatives face au dysfonctionnement du modèle néo-liberal. En abordant les acteurs du mouvement altermondialistes, nous mettons à jour l'hétérogénéité de ce mouvement en prenant comme exemples des acteurs majeurs et parfois moins connus comme : José Bové, Eddy Fougier et surtout Simon Kimbangu.

Le quatrième chapitre aborde l'altermondialisme sous l'angle de sa capacité à pouvoir apporter des solutions aux faiblesses actuelles de l'humanité. Pour ce faire, nous aurons à épingler les forces et faiblesses du mouvement altermondialisme au travers notamment de ses propositions pour qu'un autre monde soit possible. A cet effet, nous énumérerons comme exemple : le commerce équitable, la taxe tobin et le resserrement des écarts entre riches et pauvres. Nous terminons ce chapitre en nous projetant sur l'avenir de l'altermondialisme et les défis qui se dressent devant lui.

Enfin, en conclusion, nous reprenons l'essentiel de nos observations et nous revenons sur nos questions et hypothèses de départ. Ceci nous permet de constater comment les concepts abordés tout au long du travail permettent d'éclairer sous un jour nouveau l'analyse du mouvement altermondialiste.

CHAPITRE 1 :

CONSIDERATION TERMINOLOGIQUE ET APPROCHE CONCEPTUELLE

Section 1 : Mondialisation

La mondialisation est un concept très complexe qui attire et préoccupe actuellement les Etats et les chercheurs. Elle est aussi définie différemment selon les uns et les autres. Elle est un concept qui suscite beaucoup de débats au sein des Etats ou de la communauté internationale.

La mondialisation est multidimensionnelle et touche tous les domaines de la vie économique, culturelle, environnementale et sociale jusqu'aux relations entre les Etats et les notions des cinq continents.

Elle se caractérise surtout par l'intensification des relations par delà les frontières, favorisée par une libération rapide et le progrès des technologies de l'information dans les domaines du commerce des flux financiers et de l'investissement direct étranger. Tout cela contribue à faire de la poursuite du développement et de la préservation de la stabilité interne et externe des tâches aussi difficiles que délicates. D'un côté, la mondialisation offre des promesses de connaissance du commerce et de l'investissement international, de l'autre côté, elle accroit les risques d'instabilité et de marginalisation.1(*)

Depuis le début des années 1990, la « mondialisation » désigne une nouvelle phase dans l'intégration planétaire des phénomènes économiques, financiers, écologiques et culturels.

Jacques Adda définit la mondialisation comme « l'abolition de l'espace mondial sous l'emprise d'une généralisation du capitalisme, avec le démantèlement des frontières physiques et réglementaires »2(*). Selon l'OCDE, elle recouvre trois étapes :

· L'internationalisation, c'est-à-dire le développement des flux d'exportation ;

ï La transnationalisation, qui est l'essor des flux d'investissement et des implantations à l'étranger ;


· La globalisation, avec la mise en place de réseaux mondiaux de production et d'information, notamment les NTIC (nouvelles technologies d'information et de communication).

La mondialisation actuelle, ce « processus géohistorique d'extension progressive du capitalisme à l'échelle planétaire », selon la formule de Laurent Carroué 3(*), est à la fois une idéologie ( le libéralisme), une monnaie ( le dollar), un outil ( le capitalisme), un système politique ( la démocratie), une langue ( l'anglais).

Ainsi, toujours selon Laurent Carroué, la mondialisation se définit comme le processus historique d'extension progressive du système capitaliste dans l'espace géographique mondial » en identifiant trois mondialisations successives depuis les Grandes Découvertes 4(*) . Pour lui, la mondialisation contemporaine correspond depuis les années 1960 à la troisième phase du processus.

Pour sa part, l'historienne et politologue américaine Suzanne Berger définit la mondialisation comme l'ensemble des mutations survenues à la

fois à l'économie internationale et nationale qui tendent à la création d'un

marché mondiale unique pour les biens, services, capital et travail. Cette mondialisation se caractérise par la croissance remarquable du commerce

international, la massivité des flux migratoires (vers les pays neufs en

particulier) et les avancées majeures des sciences et des techniques.5(*)

Quant à lui, le geographe Christian Grataloup, definit la mondialisation comme « un provessus de generalisation des echanges entre les diffeerntes parties de l'humanité entre les difefernts lieeux de la planeté », produisant ainsi «  un niveau de socéité pertinnet à l'echelle de l'esnemble des hommes, le monde »

hommes, le monde »6(*). C'est d'abord et avant tout d'un point de vue économique

et financière que l'on aborde la mondialisation. Dans ce sens, on peut la définir

comme le renforcement et l'élargissement des liaisons des économies nationales

en un marché mondial de biens, de service et surtout des capitaux.

Sans minimiser la richesse des définitions données par les différents auteurs ci-dessus, nous pouvons déduire que la mondialisation actuelle est d'abord et avant tout une globalisation financière, avec la création d'un marché planétaire des capitaux et l'explosion des fonds spéculatifs. La fin de la régulation étatique qui avait été mise en place juste après la Seconde Guerre mondiale s'est produite en trois étapes : d'abord, la déréglementation, c'est-à-dire la disparition en 1971 du système des parités stables entre les monnaies, qui se mettent à flotter au gré de l'offre et de la demande ; ensuite, la désintermédiation, possibilité pour les emprunteurs privés de se financer directement sur les marchés financiers sans avoir recours au crédit bancaire ; enfin, le décloisonnement des marchés : les frontières qui compartimentaient les différents métiers de la finance sont abolies, permettant aux opérateurs de jouer sur de multiples instruments financiers. Grâce aux liaisons par satellite, à l'informatique et à Internet, la mondialisation se traduit par l'instantanéité des transferts de capitaux d'une place bancaire à une autre en fonction des perspectives de profit à court terme. Les places boursières du monde étant interconnectées, le marché de la finance ne dort jamais. Une économie virtuelle est née, déconnectée du système productif : au gré des variations des taux d'intérêt des monnaies et des perspectives de rémunération du capital, la rentabilité financière des placements devient plus importante que la fonction productive. Les investisseurs peuvent choisir de liquider une entreprise, de licencier ses salariés et de vendre ses actifs pour rémunérer rapidement les actionnaires. 

En quelques années, la face du monde a résolument changé. La fin de la guerre froide crée l'illusion qu'une communauté internationale est née, qui va enfin percevoir « les dividendes de la paix ». Le capitalisme paraît avoir triomphé, au point que Francis Fukuyama annonce « la fin de l'histoire ». Les firmes transnationales amorcent un vaste mouvement de redéploiement de leurs activités. La décennie 1990 est jalonnée par de grandes conférences internationales où les acteurs traditionnels de la diplomatie, les Etats et les institutions internationales, se voient bousculés, interpellés par de nouveaux acteurs, qui privilégient la démocratie participative. Filles de la mondialisation, dont elles utilisent un des ressorts essentiels, le pouvoir des médias et de la communication, les ONG se fédèrent en réseaux planétaires grâce à l'utilisation d'Internet. Elles imposent la vision nouvelle d'un monde interdépendant, où les grandes questions - pauvreté, santé, environnement - doivent être appréhendées de manière globale. Le Sommet de la Terre (Rio, 1992) inaugure ainsi l'ère du développement durable. 

Mais l'apparente unification de l'espace planétaire cache de profondes disparités. A l'espace relativement homogène d'avant la révolution industrielle s'est substitué un espace hiérarchisé entre des territoires qui comptent dans l'économie mondiale et d'autres qui sont oubliés. « Le monde de la globalisation est un monde de la concentration, de toutes les concentrations : la moitié de l'humanité réside sur 3 % des terres émergées, et la moitié de la richesse mondiale est produite sur 1 % des terres », explique Olivier Dollfus 7(*). Malgré les extraordinaires progrès des technologies, il n'y a donc aucune abolition du temps et de l'espace, mais la distance n'est plus métrique : elle s'apprécie en fonction de l'équipement des lieux en réseaux, qui définit leur accessibilité et leur attractivité. Les effets de centralité se renforcent, au détriment des territoires ou des populations qui n'ont pas d'« avantage comparatif » dans la mondialisation, pas de pouvoir d'achat ou pas de matières premières par exemple. Ceux-là disparaissent dans des trous noirs, sauf quand l'enclavement leur confère précisément la valeur d'un isolat, culturel ou naturel 8(*).

La mondialisation renforce donc les inégalités. Sur un plan spatial, puisque l'accentuation de la rugosité de l'espace s'observe à toutes les échelles : planétaire, régionale, nationale, locale. Mais aussi sur le plan social : l'écart entre ceux qui peuvent saisir les opportunités offertes par la mondialisation et ceux qui ne trouvent pas leur place, entre riches et pauvres, se creuse à toutes les échelles. Un cinquième de l'humanité seulement consomme (et produit) les quatre cinquièmes des richesses mondiales. Sans régulateur, la mondialisation engendre la marginalisation des plus faibles et la prolifération des activités illicites, voire criminelles. Sans contre-pouvoir, le capitalisme finit par aboutir à des situations de concentration et de monopole qui ruinent la concurrence et remettent en question les mécanismes du marché. Face à ces logiques comme à l'émergence de multiples passagers clandestins, il faut des régulateurs.

Loin d'abolir le rôle des Etats, la mondialisation leur redonne au contraire tout leur sens : seule la puissance publique peut réguler la mondialisation en fixant des normes, en redistribuant les richesses, en aménageant le territoire. Tentations du protectionnisme, fermeture des frontières, mise en oeuvre de législations contraignantes, la mondialisation s'accompagne paradoxalement du grand retour des Etats.

Loin d'abolir l'espace, la mondialisation redonne au contraire toute leur force aux singularités locales. « En tant que changement d'échelle, c'est-à-dire invention d'un nouvel espace pertinent, la mondialisation crée inévitablement des tensions sur les configurations locales préexistantes en les menaçant d'une concurrence par sa seule existence  »9(*). L'incertitude face aux mutations du monde, la rapidité des changements suscitent en réaction une réaffirmation des identités locales, une réactivation des communautés d'appartenance : recherche de socles identitaires, montée des communautarismes, la mondialisation fragmente paradoxalement le monde.

Section 2 : Altermondialisme 

Il s'agit d'un  mouvement social qui, tout en s'opposant à la mondialisation néo-libérale, propose une autre mondialisation basée sur la justice économique, l'autonomie des peuples, la protection de l'environnement, une véritable démocratie et les droits humains fondamentaux. Ainsi, le mouvement propose une forme de  mondialisme qui n'agirait pas pour les enjeux économique néo-libéraliste. En plus de contester le néo-libéralisme, le mouvement est également une recherche d'alternatives. «Un autre monde est possible» - constiyue le slogan du mouvement altermondialiste.

Selon Eddy Fougier, l'altermondialisme ou altermondialisation se définit comme un mouvement social qui face à une logique de mondialisation libérale dynamique revendique et met en avant des valeurs telles que la démocratie, la justice économique, la sauvegarde de l'environnement et les droits humains en vue d'une mondialisation maîtrisée et solidaire.10(*)

Le Larousse définit l'altermondialisme comme «  un mouvement de la société civile qui conteste le modèle libéral de la mondialisation et revendique un mode de développement plus soucieux de l'homme et de son environnement. À la différence du courant de l' antimondialisation, il ne prône pas l'action violente.11(*)

Dans le dictionnaire de l'Internaute, l'altermondialisme permet de faire référence à un « courant opposé au libéralisme économique et à la mondialisation des pratiques financières, pour favoriser une économie plus sociale et mieux repartie ».12(*)

Le mouvement prend racine au début des années 80 dans les pays du Sud avec la lutte contre la dette, l' OMC, et les plans d'ajustement structurels du  FMI; mais il reste inaperçu en Occident. Il prend naissance en Europe, aux États-Unis et en Corée à partir de 1994 contre le chômage, la précarisation du travail et la remise en cause de la protection sociale. Les manifestations de  Seattle en 1999 sont les premières manifestations mondiales altermondialistes. Elles sont suivies par le  rassemblement de Gênes, en Italie en 2001 contre le sommet du  G8 et les Forums sociaux mondiaux de Porto Alegre de 2001 à 2003 et de Mumbai en 2004.

Le mouvement altermondialiste résulte de la convergence et de la multiplicité des luttes. Il regroupe des personnes d'horizons très divers: paysannerie, couches populaires et petite bourgeoisie du Sud, pauvres et salariés précaires des pays industrialisés, syndicats ouvriers et enseignants, associations de consommateurs, de chercheurs et de jeunesse, mouvements écologistes, anti-militaristes, féministes, marxistes, nationalistes, keynésiens et anarchistes... Pour cette raison, cette nouvelle mouvance est souvent appelée le mouvement des mouvements. Cette diversité se reflète dans le grand nombre d' organisations se revendiquant altermondialistes. Le point de vue altermondialiste connaît également un écho parmi certains dirigeants des Pays les moins avancés.

Malgré la diversité de ses acteurs, la pensée dite altermondialiste a une orientation commune qui se présente comme tournée vers la lutte pour le  développement, les  droits fondamentaux, la  paix et la  démocratie. Avec un discours souvent  idéaliste, l'altermondialisme se veut un moteur de lutte sociale. Son principal adversaire idéologique est le  néo-libéralisme. Pour certains, cela indiquerait que l'altermondialisme se soucie peu du monde et du rapprochement des peuples, mais cherche à promouvoir une théorie économique et sociale proche du  socialisme.

Leur critique part des constats du rapport de pauvreté et de domination grandissant entre le Nord ( Amérique du nord et  Europe) et le Sud ( Afrique subsaharienne ), de la croissance des inégalités et des discriminations qui en découlent, de la croissance de l'insécurité écologique et de la falsification de l'intérêt général par les intérêts privés.

Les altermondialistes refusent la représentation du monde comme «Guerre des civilisations» mais prônent une solidarité internationale entre la multitude de peuples de cultures diverses. La pensée altermondialiste veut, d'une part, faire prendre conscience des méfaits qu'elle attribue au  néo-libéralisme, déconstruire ce qu'elle appelle le dogme néo-libéral, et, d'autre part, proposer des réformes ou du moins des alternatives. Ils critiquent également la valorisation des politiques de  délocalisation qui sont selon eux négatifs à la fois pour les pays développés (car menaçant la stabilité et le volume de l'emploi, la sécurité sociale ou le minimum salarial) et pour les pays du Sud (car le développement entraîné par les délocalisations est vu comme l'exploitation par le Nord sans gain économique réel pour les habitants du Sud).

Les altermondialistes considèrent que la mondialisation du marché n'est pas un synonyme de progrès humain; elle ne profite pas équitablement à tous. Ils interprètent la croissance des inégalités et la pauvreté permanente dans le monde comme un effet pervers du libre marché mondialisé. Les altermondialistes dénoncent particulièrement l'inégalité croissante entre la proportion des plus riches et des plus pauvres de la planète, qui a augmenté depuis 1960 qu'ils attribuent à la mondialisation plutôt qu'aux causes internes à ces pays. Selon le rapport 2001 du  PNUD, 1% des plus riches mondiaux disposent d'un revenu cumulé égal à celui des 57% les plus pauvres. De plus, pour 45 des 77 pays disposant d'une statistique sur l'inégalité de revenu, celle-ci a cru à l'intérieur des pays entre 1960 et 1990, renforçant les inégalités intra-nationales.

Est également critiquée la libéralisation des flux financiers et monétaires mondiaux qui a, selon eux, un effet déstabilisateur sur les économies locales et des conséquences humaines néfastes. Ils attribuent par exemple la crise  argentine et la crise asiatique du sud-est à la fin des années 90 à cette libéralisation, là encore plutôt qu'aux déséquilibres internes et aux politiques économiques de ces pays.

Les altermondialistes considèrent que l'économie n'est pas régie par des lois économiques naturelles et immuables mais est le fruit de politiques conscientes des gouvernements qui délégueraient de plus en plus leur pouvoir au marché.

De leur point de vue, le marché réduirait l'homme et la nature à sa valeur marchande. Ils voient comme contrepoids des instances externes aux marchés comme les États, les  organisations internationales ou, sans trop précision sur sa représentation, la  société civile. Bien que favorables au développement d'organisations internationales, ils s'attaquent à celles qui cherchent à privatiser ou à réduire l'accès aux services publics, ainsi qu'à celles qui visent à déréguler l'économie.

Section 3 : Capitalisme

Pour Karl Marx le capitalise se définit comme «  un système politique, économique et social dont le principe fondamental est la recherche systématique de plus-values obtenues grâce à l' exploitation des  travailleurs par les propriétaires des moyens de production et de distribution. Leur but est de transformer la plus grande partie possible de ces plus-values en capital supplémentaire qui engendrera à son tour davantage de plus-values. »13(*).

Selon le Dictionnaire Toupie, « le capitalisme est le régime économique et juridique d'une société dans laquelle les moyens de  production n'appartiennent pas à ceux qui les mettent en oeuvre.14(*)

Dans l'ouvrage Perspective Monde le capitalisme est défini comme un « système économique basé sur la propriété privée des moyens de production et structuré en vue de maximiser les profits » 15(*)

De ces différentes définitions nous pouvons dégagé l'idée générale que le capitalisme est un régime  économique et social dans lequel les capitaux, source de revenus, n'appartiennent pas, en règle générale, à celles et ceux qui les mettent en valeur par leur  travail.

Le terme de « capitaliste » tel qu'il est couramment utilisé aujourd'hui, fait référence au système d'organisation des sociétés industrielles bien plus qu'aux mécanismes de son fonctionnement. Ce faisant, «  capitalisme » s'apparente à ` libéralisme » et à l'organisation qui en découle. Le terme englobe alors plusieurs notions.

Il s'agit ici de dégager les éléments qui ont pu favoriser le développement du capitalisme. L'histoire a permis de dégager un cadre juridique conforme à la logique économique du système. Il concerne, tout d'abord, le régime de la propriété. Les détenteurs des moyens de production disposent ainsi d'un ensemble de règles de droit leur permettant d'exercer leurs prérogatives de propriétaires, tant sur les biens que sur les moyens de se les procurer. Fondé sur l'échange, le droit assure la sécurité des transactions. Le contrat, qui définit les droits et les obligations des parties à l'échange, peut se concevoir comme le prolongement juridique d'uen réalité économique. Les règles gouvernant le mécanisme de crédit ont également favorisé la formation du capital qui est à l'origine de l'offre.

Ces règles, telles que nous les connaissons aujourd'hui, ont été au cours du temps élaborées dans un contexte politique qui a vu l'émergence du libéralisme. Reposant sur la liberté de fonctionnement des marchés et sur l'initiative privée incarnée par l'entrepreneur, ce courant politique et économique a permis l'émergence du capitalisme en tant que meilleur système de production possible. Pourtant et sans reprendre l'analyse de Marx sur les contradictions internes de ce régime qui portent essentiellement sur la formation du profit, le capitalisme ne s'identifie pas au meilleur des mondes. Deux exemples suffiront à s'en convaincre. L'argument tiré de la nécessité de posséder les moyens de production a été jugé suffisant par certains pour tenter de justifier l'esclavage. En poussant jusqu'à l'absurde la logique de la production, il suffit d'affirmer que l'Homme est un capital, et comme tel susceptible d'une appropriation privative. Par ailleurs, étant par définition un régime assis sur la propriété des moyens de production, le capitalisme est par essence inégalitaire. Il oppose ceux qui possèdent à ceux qui n'ont rien. Cette inégalité de patrimoine engendre nécessairement une inégalité de revenus. Nul besoin d'une culture économique étendue pour comprendre que le profit ne rémunère avant tout le propriétaire du capital. La sagesse populaire l'exprime fort bien lorsqu'elle constate que l'argent va à l'argent. D'où les critiques portées contre le capitalisme, qui ne se résumerait qu'à la puissance de la fortune.

Certes, aujourd'hui les inégalités les plus criantes engendrées par le capitalisme ont fait l'objet de corrections. Celles-ci ont eu pour objet de redistribuer le profit vers le travail : augmentation du revenu du travail (le salaire), introduction de mécanismes garantissant un minimum de revenus. Le capitalisme présente aujourd'hui un visage humain, qui s'oppose à un libéralisme total qualifié de sauvage. En outre, l'effondrement du système économique fondé sur le collectivisme a eu pour effet de valider à rebours les mérites du capitalisme, malgré les distorsions qu'il produit inévitablement. Pour parapher un mot célèbre : «  le capitalisme est le pire des systèmes possibles à l'exception de tous les autres. ». Ceci explique la nature complexe de ce mode d'organisation économique et social. Galbraith, économiste américain, récompensé par un prix Nobel, n'a-t-il pas écrit : «  Le capitalisme ? Oui, mais lequel ? ». L'observation de ces conditions a servi de matière à Karl Marx pour formuler une analyse complète et une critique radicale du système capitalisée. L'oeuvre de Marx met l'accent sur le principe fondateur du capitalisme, l'exploitation de la force de travail, seule richesse du prolétariat, par le capital. Elle présente également les crises comme un élément essentiel de régulation du capitalisme, dans la mesure où, pour maintenir leur taux de profit, les capitalistes se voient contraints de privilégier la concentration du capital afin d'accroître la plus-value par des gains de productivité, ce qui entraîne une baisse tendancielle du taux de profit.

Le capitalisme est affecté par les effets des cycles économiques, périodes d'expansion et d'essor par des contractions d'activité et des vagues de sous-emploi. Les économistes classiques, qui se voulaient les héritiers d'Adam Smith, n'ont pas proposé d'explications aux fluctuations de la vie économique, se contentant de considérer de tels cycles comme le prix inévitable que la société devait payer pour le progrès matériel et technique. La constitution progressive d'un mouvement ouvrier dans les principaux pays industriels a permis la création de syndicats, dont l'action revendicatrice s'est concentrée sur l'augmentation des salaires, la diminution de la durée du travail et l'amélioration des conditions de travail.16(*)

Section 4 : Le capitalisme aujourd'hui

De nos jours le mot «  capitalisme » a pris une autre connotation, c'est-à-dire l'état de celui qui est riche ». Le capitalisme est dés lors un système économique fondé sur le marché libre, la concurrence, la recherche du profit et la propriété privée des moyens de production.

Le système capitaliste encourage l'investissement privé et les entreprises, contrairement à une économie étroitement contrôlée par un gouvernement. Les investisseurs de ces entreprises privées (les actionnaires) détiennent également une part de l'entreprise. Is sont parfois appelés «  capitalistes ».

Au sein d'un tel système, les individus et les entreprises ont le droit

de posséder et faire fructifier leurs richesses, et peuvent librement acheter et vendre de la main-d'oeuvre, moyennant salaire.

La régulation de l'économie se fait principalement par les forces du marché, où les prix et les bénéfices servent d'indicateurs de la manière dont les ressources limitées doivent être allouées. Pendant la majeure partie du XXème siècle, le capitalisme en tant que système économique, s'épanouissant en général dans le cadre d'un modèle (celui de la démocratie libérale), a dû faire face à des situations de crises et à l'apparition de modèles économiques alternatifs à sa domination. La Premier Guerre mondiale, la révolution et le communisme marxiste en Russie, le national-socialisme en Allemagne, la Seconde Guerre mondiale, la mise en place de systèmes économiques communistes en Chine et en Europe orientale ont constitué autant de remises en question du capitalisme en tant que système dominant à l'échelle mondiale. Cependant, dans les années quatre vingt-dix, la conversion à l'économie du marché des pays de l'ex-bloc soviétique, que nombre de pays en voie de développement avaient adoptée précédemment, semblait néanmoins confirmer sa suprématie.

Dans les démocraties industrielles d'Europe et d'Amérique du Nord, le plus important défi au capitalisme est apparu au cours des années trente. La crise économique de 1929 a été de loin le plus grand bouleversement économique subi par le capitalisme moderne depuis ses débuts au XVIIIè siècle. Elle a amené , en s'écartant de la stricte logique libérale qui cantonne l'Etat à un rôle de «  gendarme » chargé de garantir un cadre stable à l'activité économique, à conférer à la puissance publique un rôle de régulation et d'intervention directe, afin de corriger les dysfonctionnements du système.

Aux Etats-Unis, par exemple, le New Deal du président Franklin Roosevelt a permis de restructurer le système financier afin d'éviter le renouvellement des excès spéculatifs qui ont conduit au krach de Wall Street en 1929. Les bases de l'Etat providence ont été posées avec l'introduction de la Sécurité sociale et de l'indemnisation du chômage, mesures destinées à protéger les citoyens, dans une optique substituant à l'assurance privée la prise en charge collective du risque.

La réflexion sur les mécanismes du capitalisme contemporain a été profondément renouvelée avec la publication, en 1966, de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie de John Maynard Keynes, ouvrage qui a donné naissance à l'école de pensée connue sous le nom du keynésianisme.17(*)

L'apport de Keynes consiste dans la démonstration selon laquelle il est possible pour un gouvernement d'utiliser divers instruments, dans la politique monétaire et budgétaire, afin de réguler les cycles de «  prospérité et de faillite » propres au capitalisme. Selon Keynes, le gouvernement, lorsqu'il est confronté à une période de dépression, doit augmenter ses dépenses, même aux dépens de l'équilibre budgétaire, afin de compenser l'insuffisance des dépenses privées. Ce processus doit être inversé si une vague de prospérité engendre des phénomènes de spéculation et une «  surchauffe «  de l'économie favorable à l'inflation.

CHAPITRE 2 :

LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU MONDE CAPITALISTE

Section 1 : Origines

Depuis le XIXe siècle, la question du commencement de l' histoire du  capitalisme, de ses origines, de sa consistance et surtout de son évolution est la source de débats sociologiques, économiques et historiques majeurs.

Pour notre part partant de la définition du capitalisme comme un système économique et social fondé sur la propriété privée des moyens de production et la recherche permanente de profit afin d'accumuler du capital nous pouvons dés lors distinguer plusieurs types de capitalismes qui se sont succédé dans l'histoire : le capitalisme commercial entre le XVI e et le XVIIIe siècle, le capitalisme libéral au XIXe siècle, le capitalisme institutionnel au XXe siècle. Cependant, la Révolution industrielle constitue les véritables débuts du capitalisme, car elle est non seulement un bouleversement des techniques de production caractérisé par l'introduction des machines, mais aussi un phénomène plus complexe incluant des transformations démographiques et institutionnelles, comme la suppression des contraintes réglementaires touchant l'activité économique.

Nous allons d'abord aborder les avantages du capitalisme.

Section 2 : Les avantages et les inconvénients

Le capitalisme est un système économique qui est motivée par le profit et l'accumulation de capital. Il est basé sur la propriété privée des moyens de production et est entraîné théoriquement par action privée et prendre des décisions en fonction de l'offre et de la demande. Capitalisme pur fonctionne sans ingérence d'organismes gouvernementaux ou de réglementation. La liberté de choix est un avantage du capitalisme, mais dans le même temps, le système a un certain nombre de problèmes endémiques.

2.1. Les avantages

La base du capitalisme, c'est de faire des profits en vendant des biens et des services. Il est donc normal qu'on en produise le plus passible pour en vendre le plus possible. Donc, les consommateurs ont accès à des milliers de produits. La seule chose qui limite cet accès, c'est leur capacité de payer.

Par ailleurs les compagnies sont souvent en concurrence pour offrir les mêmes produits. Évidemment, les gens ont tendance à acheter les moins chers. De plus, les usines sont souvent conçues pour produire des marchandises en grande quantité.

Enfin les compagnies doivent vendre sans arrêt pour réaliser des profits. Il faut qu'elles trouvent sans arrêt de nouveaux produits pour répondre à de nouveaux besoins. On peut penser à la recherche de nouveaux médicaments, par exemple. De plus, les compagnies ont intérêt à baisser leurs coûts de production. Elles doivent donc développer de nouvelles technologies plus efficaces pour produire en plus grande quantité sans augmenter leurs dépenses. Elles participent ainsi au développement des sciences et des technologies.

2.2. Les inconvénients

Dans le capitalisme, en tant que système de société (économico-idéologico-politique), ce n'est pas l'existence du capital qui est critiquable, mais la manière égoïste et irresponsable de l'utiliser. Dans ce cadre particulier, le capital géré est au vu de son propre intérêt  (son accumulation infinie), qui se confond avec l'intérêt de ceux qui le possèdent.

Le principal inconvénient, c'est que le capital est contrôlé par une minorité et qu'il n'est pas utilisé pour être utile socialement et économiquement, mais pour générer des bénéfices au profit de ceux qui le possède. Le second problème, c'est le pouvoir politique qu'ont les possesseurs du capital sur la vie quotidienne de la majorité de la population, sans que celle-ci soit consentante. Ce qui constitue une sérieuse entorse à la démocratie. Troisième problème, l'argent gagné grâce à l'argent implique une exploitation. Contrairement à la légende, ce n'est pas le capital, mais les travailleurs qui gagnent de l'argent en fabriquant des biens et services qui seront vendus et servirons in fine à rémunérer le capital.  

Ce système aboutit toujours à imposer une répartition très inégalitaire des revenus, ce qui engendre des tensions sociales, ralentit le fonctionnement économique et provoque des crises.

Enfin, dernier problème et non le moindre, ce système détruit a sociabilité traditionnelle par la marchandisation de toute chose. Il y a quand même pas mal d'inconvénients graves au fait que le capital ne soit pas contrôlé démocratiquement et par conséquent que l'économie ne soit pas intelligemment régulée.

L'un des inconvénients à long terme majeur est la pollution de notre planète. Effectivement l'objectif de chaque entreprise est de maximiser ses profits, mais maximiser ses profits est parfois, pour ne pas dire toujours, en contradiction avec le « bien » de notre planète. L'intérêt de l'entreprise est de réaliser le moins de dépenses possibles et donc d'être le plus efficace avec le moins d'argent possible. Prenons les deux principaux facteurs de pollutions pour mieux comprendre. C'est la réduction des dépenses dans une entreprise qui entraîne des négligences vie à vie de la nature. Ceci est quasiment analogue dans le secteur automobile. Les automobiles polluent car c'est en polluant qu'elles sont le plus efficaces et le moins chères et ainsi elles permettent de répondre aux besoins des acheteurs. La destruction massive des ressources est le second inconvénient à long terme du capitalisme. Comme nous l'avons déjà précisé l'objectif du libéralisme est de favoriser les entreprises et les entreprises ont eu pour objectif de maximiser leur profit. Or pour faire un maximum de profit, les diverses entreprises doivent produire le plus possible et sans arrêt. Elles produisent ainsi un grand nombre de produits qu'elles pourront vendre et ainsi augmenter leur gain. Mais la production de leur marchandise se fait toujours à partir de matières premières, car c'est un fait que nous ne pouvons pas obtenir un objet à partir de rien. L'homme transforme ensuite cette matière et la travaille. Cette matière à travailler est appelée matière première. Mais cette matière première n'est pas inépuisable. Les entreprises produisant le plus possible commencent alors à apercevoir le bout de la matière première qu'elles utilisaient. Ainsi l'homme a dû fixer des quotas pour préserver ces ressources naturelles.

Enfin, Le but d'une compagnie, c'est de faire des profits. Pour cela, il faut que les coûts de production soient les moins élevés possibles. Les salaires représentent une grande partie de ces coûts de production. C'est pourquoi les compagnies cherchent à payer les gens le moins cher possible pour leur travail. C'est ce qu'on appelle de l'exploitation. Avec le temps, les gens qui contrôlent ces compagnies deviennent de plus en plus riches et les autres de plus en plus pauvres.

Section 3 : Les symboles du capitalisme mondial

3.1. L'Organisation Mondiale du Commerce

L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), organisme international dont le but est de promouvoir et de renforcer le libre-échange dans le monde. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a été fondée en 1993 par l'acte final qui a conclu le cycle de négociation multilatérale, appelé l'Uruguay Round, conforment à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Basée à Genève (Suisse), l'OMC est entrée en vigueur le 1er janvier 1995.

L'Organisation a pour mission de gérer et de contrôler les vingt huit accords de libre-échange de l'acte final, de surveiller les pratiques commerciales dans le monde et de juger les différends commerciaux qui lui sont soumis par les Etats membres. Contrairement à l'organisation qui l'a précédée, l'OMC constitue une personne morale dont les règles ont force obligatoire pour les Etas membres : elle offre un cadre pour réglementer le commerce international, étendant les règles du GATT aux services, aux droits de la propriété intellectuelle et aux investissements. Les différends commerciaux soumis à l'OMC sont jugés par une commission d'enquête composée de représentants de l'OMC. Les pays disposent d'un recours auprès d'un organe d'appel de l'OMC, dont la décision est irrévocable.

Tout d'abord, le mandat de l'OMC de réduire les obstacles au libre-échange est critiqué comme étant défavorable à certains pays du Sud, particulièrement concernant l'agriculture. Ainsi, le rapport de la plateforme d'ONG français Coordination SUD intitulé «  La protection des marchés agricoles. Un outil de développement 18(*)conclut que «  associés à des mesures de soutien à la production «  et «  pendant une période de temps donnée », «  la mise en place de mesures de protection (des marchés agricoles) apparaît clairement comme une conclusion nécessaire pour parvenir à développer la production locale et renforcer l'autosuffisance »

Néanmoins, la Politique agricole commune, qui subventionne les exportations agricoles des pays riches et qui est dénoncée par les pays du Sud comme concurrence déloyale, fait débat au sein du mouvement altermondialiste. Les négociations à huis clos sont également pointées du doigt, ainsi que le système de négociation per se, géré par des comités techniques non élus démocratiquement et accusés de dissimuler des lobbies d'intérêt privés.

D'autre part, la domination des pays industrialisés dans le commerce mondial est pointée comme raison de l'impossibilité pour les pays pauvres et els groupes minoritaires de s'opposer aux décisions de l'OMC. Ainsi, l'ONG Oxfam dénonce le fait que selon elle les intérêts des pays développés prennent le pas sur le développement dans les négociations commerciales.

Les altermondialistes, rejoints en cela par des auteurs et experts de tout bord, appelant à plus de démocratie, plus de transparence et un nouveau rapport de forces plus favorables aux pays en développement et aux politiques locales.

En outre, la gouvernance de l'OMC, basée principalement sur les ministres du Commerce des pays adhérents, est critiquée pour son manque de préoccupation dans les domaines sociaux et environnementaux qui sont pourtant influencés par ses décisions. Les accords concernant la propriété intellectuelle comme les ADPIC sont également dénoncés lorsqu'ils sont relatifs aux biens « vitaux » (aliments, médicaments, eau) ou aux organismes vivants. Sont en particulier visés les OGM et le prix élevé de certains médicaments comme ceux contre le SIDA. Certains groupes ont par exemple développés le concept alternatif de brevet positif pour y remédier. Les altermondialistes sont généralement favorables aux logiciels libres.

3.2. Le Fonds Monétaire International (FMI)

Le Fonds Monétaire International (FMI) est une institution financière internationale dépendant de l'Organisation des Nations Unies (ONU).Il a vu le jour en décembre 1945 après que les 29 premiers Etats membres aient procédé à la ratification des statuts élaborés lors de la Conférence monétaire et financière de Bretton Woods ( juillet 1944), au cours de laquelle ceux de la Banque internationale pour la reconstruction et el développement ( BIRD) ou Banque mondiale ont également été formulés.19(*)

Le système de Bretton Woods repose sur trois principes fondamentaux qui sont :

a) Les transferts afférents aux transactions courantes doivent être libres : c'est le principe du retour à la convertibilité ;

b) Le taux de change de chaque monnaie doit être unique pour toutes les transactions et en doit fluctuer que dans de limites étroites de part et d'autre de la parité officielle : c'est le principe de la fixité de parité ;

c) Aucune discrimination entre les pays étrangers ne doit être pratiquée tant sur le plan de contrôle que sur celui des taux d'échange : c'est le principe de la non-discrimination.

Le FMI s'assigne dés sa création de multiples objectifs, à savoir20(*) :

Ø Promouvoir la coopération monétaire internationale au moyen d'une institution permanente fournissant un mécanisme de consultation et de collaboration en ce qui concerne les problèmes monétaires internationaux.

Ø Faciliter l'expansion et l'accroissement harmonieux du commerce international et contribuer ainsi à l'instauration et au maintien de niveaux élevés d'emploi et de revenu réel et au développement des ressources productives de tous les Etats membres, objectif premier de la politique économique.

Ø Promouvoir la stabilité des changes, maintenir entre les Etats membres des régimes de change ordonnés et éviter les dépréciations concurrentielles des changes.

Ø Aider à établir un système multilatéral de règlement des transactions courantes entre les Etats membres et à éliminer les restrictions de change qui entravent le développement du commerce mondial.

Ø Donner confiance aux Etats membres en mettant les ressources générales du FMI temporairement à leur disposition moyennant des garanties adéquates, leur fournissant ainsi la possibilité de corriger les déséquilibres de leur balance des paiements sans recourir à des mesures préjudiciables à la prospérité nationale ou internationale.

Ø Conformément à ce qui précède, abréger la durée et réduire l'ampleur des déséquilibres des balances des paiements des Etats membres.

Le FMI est une institution conçue pour permettre aux Etats membres de gérer collectivement les désordres relatifs au déséquilibre des paiements internationaux. Pour ce faire, ils s'engagent à maintenir la parité de leur monnaie dans un système de change fixe qui reste en vigueur jusqu'en 1971, date à laquelle le gouvernement américain suspend la convertibilité du dollar en or ; à cause des déficits successifs que connaissent sa balance de paiements.

Le FMI conseille les pays membres en matière de politique économique et fiscale, encourage la coordination des politiques à l'échelle mondiale et procure une assistance technique aux banques centrales et en matière de comptabilité, de fiscalité et autres questions financières.

En outre, le FMI a comme rôle :

Ø La surveillance des politiques de change ;

Ø Le prêt aux pays en développement (ces prêts sont assortis le plus souvent de conditions) ;

Ø L'émission et la gestion des droits de tirages spéciaux (DTS). Le DTS est un instrument de réserve international crée par le FMI pour répondre aux préoccupations des Etats membres. Sa valeur est fixée chaque jour sur la base d'un panier de quatre grandes monnaies : le dollar, l'euro, le livre sterling et le yen.21(*)

Le FMI ne s'intéresse pas seulement aux problèmes individuels des pays, mais aussi au fonctionnement du système monétaire international en général. Son action vise essentiellement à promouvoir les politiques et les stratégies qui permettront aux pays membres d'oeuvrer en commun pour assurer la stabilité du système financier international et créer les conditions d'une croissance économique durable.

Pour les altermondialistes, les politiques menées par le FMI ont contribué de façon dramatique à des échecs économiques, sociaux et politiques dans un grand nombre de situations : notamment la crise économique asiatique de 1997, les transitions des économies russes et est-européennes à l'économie de marché, les reformes sud-américaines et la gestion des pays africains.

Ces critiques des interventions du FMI sont en fait très répandues et développées par des économistes de tous bords, dont des défenseurs de la mondialisation. Sont mis en avant l'absence d'adaptation des politiques du FMI aux situations particulières, l'absence de recul quant à l'hypothèse de l'autorégulation du marché, ou encore le dévouement de l'institution aux intérêts de certains acteurs du marché financier.

La critique du FMI n'est donc pas du tout propre au mouvement altermondialiste. Ainsi, paradoxalement, si les altermondialistes voient dans le FMI une instance du « néo-libéralisme », nombre de libéraux peuvent contester l'existence même du FMI, dont l'objet est la régulation étatique du marché, donc en contradiction avec le principe de l'autorégulation.

Enfin, les altermondialistes critiquent le mode de fonctionnement du FMI, dans lequel les voix sont pondérées par la participation financière et préconise un mode de décision démocratique.

3.3. Les grandes firmes multinationales :

Une multinationale est une société ou une firme qui contrôle, de façon directe ou indirecte, des filiales à l'étranger, et qui est en mesure d'élaborer ure stratégie industrielle et commerciale mondiale.

Les sociétés multinationales - certains préfèrent parler de firmes multinationales (FMN) - produisent donc une part plus ou moins grande des biens et services qu'elles commercialisent à l'étranger, c'est-à-dire hors de leur marché domestique. Cette logique de pénétration des marchés passe par une localisation géographique de la firme à l'étranger. Selon la définition formelle qu'en donne l'Organisation des nations Unies, est multinationale al société qui détient une participation significative en capital dans des filiales ou des sociétés apparentes situées à l'étranger. Dans le cas d'une filiale stricto sensu, la société mère possède une participation majoritaire dans el capital.

Pourtant, il n'est pas nécessaire de détenir cette majorité du capital pour devenir l'actionnaire de référence d'une entreprise. Bien souvent, notamment lorsque le montant du capital est dilué auprès du public, ce qui est le cas de nombreuses sociétés à une bourse de valeurs, la fraction du capital qui permet de s'assurer le contrôle effectif de l'entreprise (et donc de la «  filiale ») est bien inferieure à ce seuil symbolique de 50% plus une voix.

La réglementation française considère, pour sa part, qu'un investissement de portefeuille se transforme en investissement direct des lors qu'une firme détient plus de 20% du capital d'une autre entreprise. Dans le cas des sociétés apparentées, la détention de 10% des actions assorties d'un droit de vote permet d'affirmer qu'une société est apparentée à uen autre qui y exerce, pour le moins, un pouvoir de fait.

Au-delà de cette conception normative, il existe des formes originales de participation entre sociétés. C'est le cas notamment des joint-ventures qui associent à parité résidents et étrangers au sein d'une entreprise. La formule est par exemple fréquemment usitée dans les pays dits émergents regroupant les pays asiatiques ainsi qu'à un degré moindre dans certains pays d'Europe centrale qui souffrent d'une carence en infrastructures. La formule permet pour le non-résident de s'implanter sur un nouveau marché en échange d'un apport technologique qui permet d'accélérer le développement du pays d'accueil. Bien souvent, ce type d'association permet à la société multinationale de bénéficier «  d'avantages politiques » qui le plus souvent consistent en exemptions fiscales afin d'attirer capitaux et entreprises étrangères. La joint-venture peut également constituer l'occasion d'associer capitaux privés et capitaux publics dans des projets de coopération. 22(*)

D'un autre coté et de manière plus ou moins violente, l'altermondialisme s'oppose aux grandes multinationales comme Mosanto (producteur de semences génétiquement modifiées, ou OGM) qui tentent de réguler et contrôler à leur seul profit des parts entiers de l'économie mondiale.

Une figure française emblématique de cette lutte est José Bové. Plus généralement, les altermondialistes s'opposent à tous les brevets sur le code génétique (ADN), au motif qu'on ne saurait breveter les êtres vivants (au sens de l'appropriation du vivant à des fins mercantiles).

Ils s'opposent aussi aux multinationales pharmaceutiques ( RochePfizer, etc.), qui, par leurs brevets et le prix de vente de leur médicament, empêcheraient les pays pauvres d'avoir accès aux soins. Les médicaments Diflucan® ou Triflucan® notamment de Pfizer permettraient de sauver des dizaines de millions de personnes malades du SIDA en Afrique.

Ils dénoncent certaines multinationales qui, grâce à la libéralisation des échanges et aux avantages liés aux zones franches industrielles, délocalisent et sous-traitent à bon marché en violant les droits humains ou en provoquant des désastres écologiques. Par exemple,  Shell est accusé de refuser d'assainir le site du plus grand déversement souterrain d'hydrocarbures en zone urbaine, à  Durban, en  Afrique du Sud, où plus d'un million de litres de pétrole auraient été répandus.

CHAPITRE 3 :

LES ASPECTS FONDAMENTAUX DE L'ALTERMONDIALISME

Section 1 : Figures actuelles de l'altermondialisme

1.1. Susan George

A 74 ans, Susan George demeure l'une des figures de l'altermondialisme. Avec ses allures de bourgeoise américaine, la grande dame porte toujours fièrement la contestation contre le système économique libéral. Et dans le petit milieu des "activistes alter", elle est de celles qu'on réclame plus que les autres. "C'est une pédagogue hors pair", raconte Christophe Aguiton, d'Attac. "Elle a une grande présence sur scène, un peu comme une prédicatrice alter !", lâche le journaliste Bernard Cassen.

En ces temps de crise et de critique virulente du système capitaliste mais de doutes aussi, Susan George se sait utile. "Après le G20 à Londres, on a vu que le néolibéralisme est un système que les puissants ne lâchent pas. La faillite n'est pas encore assez grande. Les gens ont raison d'être furieux !", assure-t-elle. Ajoutant sans hésiter : "Nous savons ce qu'il faut faire."

Dans son ouvrage « Le rapport Lugano, jusqu'où ira le capitalisme ? » Susan Georges parvient comme nul autre à démonter les mécanismes pervers du capitalisme ultra-libéral et l'horreur écologique, sociale et économique qu'il engendre. « Vous êtes les maîtres du monde. Vos décisions économiques touchent des millions de personnes, les médias sont à vos ordres et les décideurs politiques ont intérêt à l'être aussi, et pourtant vous êtes inquiets. Le capitalisme restera-t-il incontournable dans les décennies à venir ? La mondialisation continuera-t-elle à accroître votre richesse et votre puissance ?... avec huit milliards de personnes sur terre en 2020, le système deviendra ingérable et aucun équilibre ne pourra plus être maintenu... ». 23(*)

1.2. Walden Bello

Une autre figure de l'altermondialisme, c'est Walden Bello. Pour beaucoup, il est l'un des penseurs clés de l'altermondialisme. Dans son livre, La fabrique de la famine, il reprend plusieurs des thèmes qui lui sont chers. Fidèle à son engagement critique face à un modèle économique de mondialisation. Une des principales réalisations de Bello est le développement du concept de « démondialisation ». Ce concept de démondialisation propose une alternative au modèle économique néolibéral et de libre-marché qui a soumis les économies locales à une interdépendance grandissante au niveau mondial en diminuant le pouvoir d'agir des cadres de vie communs.

Pour Bello, démondialiser signifie proposer un modèle alternatif. Cela signifie renforcer le pouvoir économique local tout en participant au commerce international sur des bases différentes de celles mises de l'avant par les organisations multilatérales actuelles. Il ne s'agit donc pas de revenir en arrière, mais plutôt d'améliorer le modèle actuel en le rendant plus juste, équitable et viable, tant au niveau social, environnemental et économique.

L'ouvrage de Bello « La Fabrique de la famine : Les paysans face à la mondialisation » présente la façon dont les politiques néolibérales et de libre-marché ont été imposées aux pays du Sud. L'ouvrage montre, à partir de plusieurs études de cas, quels effets désastreux ces politiques ont eu sur le contrôle de leur marché agroalimentaire. On notera que le sujet est d'actualité avec une crise des prix alimentaires qui a secoué la planète en 2008. Cette crise a mis de l'avant le besoin urgent de trouver des alternatives au dysfonctionnement du modèle agricole néolibéral et, plus généralement, cette crise questionne sérieusement le phénomène de mondialisation économique.24(*)

Section 2 : Les acteurs du Mouvement des altermondialistes

Les mouvements altermondialistes regroupent divers acteurs qui, opposés à ce qu'ils appellent le «  mondialisme  néolibéral », jugé injuste et dangereux, revendiquent la mise en place d'une autre mondialisation. Parmi les plus connus et les plus actifs sur terrain :

2.1. Jose Bové

Depuis son coup d'éclat le 12 août 1999, lorsqu'il entreprend le démontage du MacDonald's de Millau avec quelques dizaines d'éleveurs de brebis du Larzac, José Bové symbolise à travers le monde la lutte contre la mondialisation.

Pour José Bové, «La question centrale est de savoir comment créer le débat sur la démocratie et la transparence entre les Etats, l'appareil institutionnel, le mouvement citoyen, ceci afin de promouvoir des règles plus équitables, pas seulement sur le commerce mais aussi sur l'environnement, le droit du travail et les droits humains.» Selon lui, il suffirait de «réguler» le marché, de «démocratiser» les institutions internationales pour améliorer le sort des paysans et des travailleurs du monde entier.

Bové cherche constamment à limiter les effets du capitalisme mondial mais ne s'attaque jamais à la cause des problèmes. Il dénonce la course aux profits mais entend seulement la ralentir. «Le marché existe, il n'est pas question de le nier, répète-t-il. Mais face au marché, il faut des règles.» La solution s'impose alors d'elle-même : «Il faut véritablement un contre-pouvoir et des règles autonomes auxquelles se plierait obligatoirement le marché.» Logiquement toute sa réflexion s'articule autour des instances internationales et nationales à même de s'opposer efficacement au marché.

2.2. Eddy Fougier

Spécialiste des mouvements de contestation de la mondialisation, Eddy Fougier dépeint dans son ouvrage « Parlons mondialisation : en 30 questions »25(*) dépeint les différentes facettes obscures de la mondialisation : délocalisations des entreprises, crise financière, américanisation culturelle, diffusion des pandémies, sentiment que les États sont dépassés... la mondialisation concerne aujourd'hui de nombreux aspects de notre vie quotidienne. Partant de 30 questions que chacun se pose, cet ouvrage donne des clés pour comprendre ce qu'est la mondialisation, les réalités qu'elle recouvre et les conséquences à venir de ce phénomène qui peut sembler irréversible.

2.4. Simon Kimbangu

Les chrétiens socialement engagés sont une des composantes les plus actives et importantes du mouvement altermondialiste

Au niveau local et plus particulièrement dans les pays sub-sahariens, les églises ont depuis longtemps intégré les différentes réflexions et propositions du mouvement altermondialiste dans leur approche à rendre «  le monde meilleur ». En République Démocratique du Congo, Simon Kimbangu au delà de son message pastoral constitue l'un des pères de l'altermondialisme dans la lutte qu'il a eu à mener pour la population congolaise alors sous le joug du capitalisme représenté par le colon belge. Il va ainsi formulé pour la première fois, au nom du christianisme, une proposition radicale de transformation sociale, donnant ainsi naissance à un courant, que l'on pourrait désigner comme « christianisme de la libération » et qui quelques années plus tard sera développé en Amérique Latine et plus particulièrement au Brésil, avec l'apparition des mouvements tels que le Mouvement des paysans sans terre . Simon Kimbangu sera ainsi considéré comme l'un des inspirateurs et précurseurs de l'altermondialisme.

Dans sa théologie de la libération, Simon Kimbangu considère que le peuple congolais ne peut plus être perçu comme uns simple objet, tel qu'il était par le colonisateur belge, mais comme l' acteur de sa propre histoire, les sujets de leur propre libération. Pour Simon Kimbangu, le rôle des chrétiens socialement engagés c'est de participer à cette « longue marche » des pauvres vers la « terre promise » -- la liberté -- en apportant leur contribution à leur auto-organisation et auto-émancipation sociale.

Sur le plan politique, parler de la contribution politique de Simon KIMBANGU à l'essor de la République Démocratique du Congo revient à replacer ce grand homme dans le contexte de l'époque coloniale précisément en 1921. Le 06 Avril 1921, l'évangélisation assortie des actes de puissance s'annonce avec pompe. Le peuple congolais miné littéralement par les tortures dues à l'esclavagisme, trouve en lui un seul pilier à qui il faut s'appuyer. Du coup, c'est l'espoir qui naît en ce peuple congolais. Pour extérioriser leur joie, la population se mobilise aux fins de se rendre à N'kamba pour écarter et intérioriser le message de Simon KIMBANGU.

Sur place, les messages d'espoir sont suivis avec attention. Ces enseignements donnés avec effervescence se transforment en véritable éveil de conscience. La phrase selon laquelle « L'homme noir deviendra blanc et l'homme blanc deviendra l'homme noir » constitue une phrase détonateur qui va réellement susciter l'éveil de conscience dans l'homme congolais. Cette déclaration constitue un leitmotiv qui va contribuer à coup sûr à la lutte que les Kimbanguistes vont mener pour affaiblir toutes les velléités coloniales. C'est pour confirmer cette lutte que Patrice Emery LUMUMBA disait : « Si seulement les militants du M.N.C. pouvaient être cohérents comme les Kimbanguistes ? »26(*)

Cette lutte vers la souveraineté va inexorablement s'intensifier car « les Kimbanguistes savent que sous un Congo indépendant, ils ne feront plus l'objet de relégations et qu'il leur sera permis de vivre librement leur foi en Jésus-Christ »27(*). La République du Congo-Brazzaville qui avait pris l'élan de l'émancipation vers l'indépendance à partir de 1958 lorsque le Président DE GAULE de passage à Brazzaville déclarait : « Si vous voulez l'indépendance, je vous la donne », a servi de bases arrières aux Kimbanguistes qui avaient, pour dérouter le colonisateur, commencé à dirigé à partir de Brazzaville un bon nombre de leurs actions de lutte contre le colonialisme Belge.

Jouissant d'un prestige considérable grâce au combat sans relâche initié par Simon KIMBANGU en vue de libérer tout un peuple du joug colonial, d'aucun, avec exagération appelaient les Kimbanguistes, « les tombeurs du colonialisme ».

Dans le livre les mouvements de résistance Kongo à l'évangélisation du 16ème siècle à nos jours, NSUMBUKA NKANSA confirme que « KIMBANGU a certainement donné à l'ensemble des kongo une conscience plus claire de leur unité, des aspirations vigoureuses à la réalisation de cette unité latente, le sens de leur unité et de leur valeur propre »28(*). Georges BALANDIER corrobore cette déclaration en parlant du messianisme en ces termes : « Il exprime les réactions profondes d'un peuple qui a trouvé le sens de l'unité ». « Il est donc à l'origine d'une prise de conséquence, d'un sentiment de cohésion qui est plus qu'une ébauche du sentiment national » 29(*)

Sur le plan éducatif, toujours dans une lutte inexorable, Simon KIMBANGU s'insurge contre les inégalités sociales. Dans ces enseignements évangéliques, il prêche la justice pour tous dans une société où chaque personne est libre. Dans une société pour laquelle il s'est sacrifié toute sa vie, l'homme doit se sentir dans une association naît donc d'un pacte, ou d'un accord, par lequel l'individu perd sa liberté, l'abdique et la retrouve inchangée et égale à celle des autres individus avec en plus tous les bienfaits de la vie sociale, ou du « corps politique ». Car la société est gérée de la volonté générale, par la communion des citoyens et non par l'addition de leurs volontés individuelles. Cette communion ne peut que vouloir le bien du corps social dans son entier qui coïncide avec celui des individus en particulier ».30(*)

S'appuyant sur ces idées prônées par son père, Son Eminence DIANGIENDA KUNTIMA, après avoir constaté l'exclusion des écoles de tous les enfants dont leurs parents professaient la foi Kimbanguiste, se lance dans une vaste aventure, celle de créer les écoles Kimbanguistes. Seul contre tous, il démarra les écoles Kimbanguistes sous les manguiers au mépris de la colonisation qui ne crut jamais au progrès d'un pays de ces écoles. Contre toute attente, ces écoles ont démarré le 04 janvier 1990 sous la détermination de quelques Kimbanguistes intellectuels décidés à rendre bénévolement service à l'Eglise pour la formation des enfants des Kimbanguistes rejetés par les missionnaires.

Dans un discours prononcé dix ans après la création des écoles Kimbanguistes écrit Susan ASCH, « Le Chef Spirituel souligne l'obligation morale de l'E.J.C.S.K. qui devrait créer les écoles au Congo pour prendre en charge les enfants des Kimbanguistes rejetés des écoles Protestantes et Catholiques. Il rend. Il rend hommage aux fidèles et aux enseignants, qui se sont sacrifiés pour réaliser ces écoles, ainsi qu'au Chef de l'Etat qui les a soutenues »31(*). Du 4 janvier 1960 jusqu'à nos jours, point n'est besoin de démontrer la contribution éloquente du Kimbanguisme au développement national du point de vue éducationnel.

Sur plan socio-économique, la contribution socio-économique du Kimbanguisme en République Démocratique du Congo se situe dans le domaine de la construction, de l'éducation, de la formation professionnelle, de la santé, de l'agriculture et de l'élevage.

S'inspirant de la bible, plus précisément dans les livres suivant : Genèse 3 : 16-19 qui déclare que « Après la chute de l'homme et sa femme, Dieu nous a montré comment nous devons travailler pour vivre », Jacques 2 : 14 qui précise que « La foi sans oeuvres est morte ». Dans le domaine de construction, les travaux se sont réalisés sans aucune aide extérieure.

Les temples, les écoles, les universités, les foyers sociaux et les centres d'hébergement sont construites à l'aide des contributions internes.

Dans le domaine de l'agriculture, l'Eglise Kimbanguiste initie partout les travaux champêtres sachant que celui qui ne travaille ne mange pas comme le déclare Saint Paul dans son Epitre aux Théssalonissiens 3 :10-12.

Les cas les plus typiques c'est le Centre Agricole de Bateke à Kinshasa où plusieurs hectares mécanisés sont labourés, le Centre de Lutendele à Kinshasa toujours, le Centre de Kinkewa et de Monguandanda dans le Bas-Congo, le Centre de Munua au Katanga ou le Centre de Mabaya à Mbuji-Mayi dans le Kasaï-Oriental.

Face à cette détermination du Kimbanguisme dans la contribution socio-économique de notre pays, Susan ASCH abonde dans le même sens lorsqu'il précise que « Face à la crise globale que traverse toute la société congolaise, les Kimbanguistes se distinguent nettement des autres secteurs de la population, dans la mesure où ils s'engagent activement pour combattre les fléaux de la crise »32(*)

Section 3 : Les actions des altermondialistes

Au delà des coups d'éclats, dont ceux de Jose Bove avec en particulier pour cible les organismes génétiquement modifiés (OGM) parmi lesquels la destruction de milliers de plusieurs milliers de plants de riz transgénique en 1999, les actions des altermondialistes peuvent être reparties en 3 périodes bien distinctes.

3.3.1. Les années 1990

Cette période coïncide avec la multiplication de mobilisations locales et nationales contre le néolibéralisme dans toutes les régions du monde au milieu des années 1990. Au cours de cette époque, le mouvement altermondialiste était essentiellement organisé, d'une part, autour de campagnes internationales (comme celle contre la dette du tiers-monde), des réseaux et des rencontres d'intellectuels militants et d'ONG et de contre-sommets , d'autre part, sur des mobilisations populaires massives au niveau local et national, comme les « guerres de l'eau » en Bolivie, ou de paysans dans toute l'Asie.

Au milieu des années 1990, des acteurs très divers se sont mobilisés contre les politiques néolibérales, dénonçant notamment l'influence croissante de l'Organisation Mondiale du Commerce, le poids de la dette du Tiers Monde et le pouvoir des multinationales : des mouvements indigènes, particulièrement médiatisés à partir de la révolte des zapatistes au Mexique, la « guerre de l'eau » en Bolivie, les coalitions sud-africaines contre les privatisations, les mouvements des petits paysans en Asie et en Amérique latine, réunis à partir de 1993 dans le réseau global Via Campesina, qui revendique aujourd'hui près de 200 millions de membres à travers le monde ; des syndicats, particulièrement mobilisés en Corée du Sud ; des intellectuels progressistes ; des écologistes ; la Marche Mondiale des Femmes ; des activistes libertaires et des réseaux de jeunes « alter-activistes », des centaines d'ONG et des dizaines de milliers de « simples citoyens ».

Cette époque a également été marquée par la multiplication des « contre-sommets », autour des grandes rencontres des institutions internationales. Les mobilisations altermondialistes à Seattle en 1999 et l'échec du sommet de l'Organisation Mondiale du Commerce ont eu une grande portée symbolique et ont incarné le message central de l'altermondialisme : de « simples citoyens » peuvent avoir un impact jusqu'au plus haut niveau de décision international.

3.3.2. 2001-2005 

Tous ces acteurs se sont retrouvés au premier Forum Social Mondial, organisé à Porto Alegre (Brésil) en janvier 2001 et qui marque le début d'une nouvelle phase. Au cours des cinq années qui suivirent, des centaines de Forums Sociaux furent organisés au niveau local, national, continental et mondial. Plutôt que l'opposition à une institution internationale qui fut au coeur des contre-sommets, les forums ont pour objectif de favoriser les échanges entre des militants de différentes parties du monde autour des alternatives qu'ils mettent en oeuvre. Le premier Forum Social Européen de Florence, le Forum Social Mondial 2004 à Mumbai et le Forum Social Mondial 2005 à Porto Alegre, qui ont respectivement rassemblé 50.000, 120.000 et 170.000 personnes, figurent parmi les plus grands succès de l'altermondialisme, tant au niveau de la mobilisation populaire et des échanges qui s'y sont créés autour de différents espaces thématiques qu'en matière d'organisation, plus ouverte et horizontale que les éditions antérieures des Forums Sociaux.

L'opposition à la guerre en Afghanistan et en Iraq fut un axe majeur du mouvement entre 2002 et 2004. L'initiative de la manifestation globale qui a rassemblé entre 10 et 20 millions de personnes le 15 février 2003 a par exemple été lancée par les Forums Sociaux. Au cours de cette période, les Forums Sociaux ont bénéficié d'un tel écho populaire et médiatique que les leaders progressistes latino-américains s'y sont régulièrement retrouvés et que même des politiciens de droite ou des représentants de la Banque Mondiale ont voulu y participer. Cette période correspond aussi à l'arrivée au pouvoir de gouvernements progressistes en Amérique latine.

3.2.3. Depuis 2011

Entre 2005 et 2010, le monde arabe a été la région où se sont tenus le plus grand nombre de forums sociaux internationaux. C'est de cette région qu'est partie en 2011 une vague globale de mouvements. Ils ont dénoncé les politiques d'austérité, en rappelant que ce sont les dérives de la finance et non celle des Etats sociaux qui étaient à l'origine de la crise. Au-delà de la crise économique, les « indignés » et le mouvement « occupy » ont surtout dénoncé la crise de la démocratie. Ils se sont insurgés contre l'absence de choix offert par les principaux partis de la démocratie représentative, contre les inégalités et contre la collusion entre les « 1% » les plus riches et les dirigeants politiques. Pour les indignés et les activistes d'Occupy, la démocratie n'est pas qu'une revendication, elle est aussi (et surtout) une pratique. L'expérimentation d'une démocratie directe, participative et horizontale dans les débats, les processus et l'organisation de la vie quotidienne était le coeur de leurs campements et de leurs assemblées de quartier.

CHAPITRE 4 :

L'ALTERMONDIALISME COMME SOLUTION AUX FAIBLESSES ACTUELLES DE L'HUMANITE

Le climat actuel nous oblige à remettre radicalement en question notre vision du monde, mais aussi, et surtout, notre mode de vie. La crise du capitalisme financier, puis du capitalisme tout entier 
entamée en 2008 se superpose à la crise écologique latente, celle d'une marche à peine freinée vers un réchauffement irréversible de la planète qui causera de nombreux bouleversements ne laisse personne indifférent et semble exiger un temps d'arrêt. Cet arrêt pose une question claire : le capitalisme et son cheval de Troie financier ont-ils un avenir sur une planète ronde?

En admettant que ce système ait un avenir et qu'il faille le réformer, on se demandera par où commencer car il y a urgence à agir. Il sied dés lors de réfléchir sur la mise en place de mesures visant à contrôler les dérives potentielles (les changements du climat, les catastrophes du privé et les mutations culturelles relatives aux technologies non maîtrisées). Le « bateau » humanité vogue sans gouvernail. Il sied des lors de proposer des pistes pour un monde plus juste, durable et plus équitable.

Section 1 : Les chances du succès de l'altermondialisme

Certains avaient peut-être espéré, lorsque l'altermondialisme a émergé il y a dix ans, que ce mouvement inverse, en quelques semaines ou en quelques mois, les logiques à l'oeuvre au sein de ce que la pensée dominante appelait « la mondialisation ». C'était méconnaître la profondeur des transformations que le système capitaliste était en train d'imposer à l'ensemble des sociétés : tout marchandiser, c'est-à-dire soumettre toutes les activités humaines à l'exigence de rentabilité maximale.

L'altermondialisme ne pouvait qu'être à la mesure de ce bouleversement qui était lié à une dynamique d'accumulation dont l'origine est vieille maintenant de deux ou trois siècles. L'altermondialisme devait être pensé comme un nouveau mouvement d'émancipation humaine s'inscrivant dans le long terme et capable d'intégrer les acquis fondamentaux de l'histoire ouvrière, de la conquête des droits démocratiques et de ceux des femmes, de la résistance des peuples à la domination coloniale et impérialiste et les impératifs de la nouvelle frontière écologique. 

Dés lors quelle chance de succès peut-on accorder à l'altermondialisme ? Quel est l'état des forces et des faiblesses de l'altermondialisme ? Comment se servir des premières pour dépasser les secondes ? Deux victoires importantes ont été obtenues. L'une est d'avoir brisé le consensus autour des institutions internationales sous la férule desquelles les peuples étaient enrégimentés. Car le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont vu leurs plans d'ajustement structurel plonger les pays les plus pauvres dans la faillite. L'Organisation mondiale du commerce a été démasquée dans sa volonté de généraliser le libre-échange. Le mythe d'un G8 soucieux du destin de l'humanité s'est évanoui pour laisser apparaître la défense des intérêts sordides des grands groupes économiques et financiers dont les maîtres se réunissent en conclave chaque année à Davos, pendant que leurs mandataires s'affairent pour spéculer sur les marchés financiers et restructurer dans le monde entier leurs investissements, avec pour principal résultat un accroissement considérable des inégalités. 


La seconde victoire a été de créer des lieux où les peuples ont pris la parole, où les citoyens engagés ont pu confronter leurs analyses et leurs expériences. Dans le Forum social mondial, les forums sociaux continentaux et les forums sociaux locaux, est née une forme d'expression populaire, originale par la diversité des acteurs qu'elle impliquait, et ancrée dans la meilleure tradition de l'autogestion par l'aspiration à la démocratie participative. Mais ces deux victoires ont aussi leurs revers. D'une part, la faillite des institutions internationales et des gouvernements a été mise à profit par leurs dirigeants pour infléchir notablement leur stratégie. Aux accords de libre-échange multilatéraux, devenus plus difficiles à obtenir au sein de l'OMC, se sont substitués une multitude d'accords bilatéraux tout aussi désastreux pour les pays les plus faibles, quoique habillés d'un manteau protecteur nommé « partenariat économique ». 

Et à l'idéologie du tout-marché apportant le bonheur à l'humanité a succédé une idéologie de plus en plus sécuritaire et guerrière pour protéger intérêts, accès aux ressources et places stratégiques, exacerbant les conflits identitaires et religieux et encourageant la xénophobie. D'autre part, les forums sociaux doivent aider à surmonter la difficulté de passer d'une phase de critique du capitalisme néolibéral à une phase de propositions alternatives. Nous en sommes là : à un tournant de l'altermondialisme. Il lui faut ne rien perdre de la radicalité de sa critique tout en construisant, autour d'objectifs stratégiques, une cohérence aux alternatives en cours d'élaboration et en travaillant à la convergence des mouvements qui forgent celles-ci. - Quelle cohérence ? L'altermondialisme prolonge et renouvelle le projet d'émancipation humaine porté par les idées des Lumières et par le mouvement ouvrier, ainsi que par les luttes pour la décolonisation et par celles pour la conquête de la démocratie et de l'égalité entre hommes et femmes. Mais il s'inscrit aussi dans une perspective d'élargissement de la problématique d'émancipation, permettant de réunir les dimensions sociale et écologique, dont le point commun est la nécessité de socialiser la richesse et les moyens de produire celle-ci : contrôler les moyens de production industriels ne suffit plus, il faut aussi rendre inaliénables les biens communs de l'humanité (eau, air, ressources rares, terre, connaissances). Les privatisations généralisées n'ont pas fait disparaître la question de la propriété collective de l'histoire humaine, elle est au point de départ d'une nouvelle réflexion sur le socialisme en plusieurs endroits du monde, notamment en Amérique latine où des processus démocratiques sont en cours et où une Banque du Sud vient d'être créée. La socialisation des biens communs impliquera de restreindre drastiquement le pouvoir - et donc le droit relatif à la propriété - des actionnaires en introduisant de plus en plus de démocratie dans les entreprises et en écrêtant radicalement les revenus financiers. Et la socialisation d'une fraction croissante de la richesse, grâce à une sphère non marchande, est parfaitement possible car, lorsque la collectivité anticipe l'existence de besoins sociaux (éducation, santé, transports, etc.) et qu'elle investit et embauche pour cela, les travailleurs des services non marchands produisent de vraies richesses, des valeurs d'usage débarrassées de la contrainte du profit. 


La récente crise immobilière et financière survenue aux États-Unis en 2007 rappelle le besoin urgent d'une régulation mondiale très différente de celle en cours. C'est ainsi que l'idée de taxes globales susceptibles d'assurer la préservation et le développement des biens communs de l'humanité, et l'accès de tous les humains à ces biens, fait maintenant son chemin. - Quelle convergence ? Deux types d'alliances nous paraissent primordiales pour dépasser les contradictions existantes. La première concerne le rapport Nord-Sud. Les effets les plus délétères du libre-échange se produisent dans les pays du Sud soumis à une concurrence qu'ils ne peuvent supporter, notamment pour les produits agricoles lorsque leur autonomie alimentaire a été anéantie en même temps que leurs cultures vivrières. La solidarité internationale exige de défaire les accords commerciaux comme la Zone de libre-échange des Amériques, ou les accords de partenariat économique entre l'Union européenne et les pays d'Afrique, Caraïbes et Pacifique, que l'Union s'efforce d'imposer mais qu'un nombre croissant de pays du Sud refusent. De même, une révision radicale de la politique agricole commune européenne est indispensable, afin de la rendre non productiviste et non agressive vis-à-vis des agricultures du Sud. 

La seconde alliance à nouer est entre les forces représentatives du salariat et les écologistes. Compte tenu de la double crise, sociale et écologique, l'urgence est de bâtir une convergence entre les revendications sociales, souvent immédiates, et les préoccupations écologiques, qui s'inscrivent dans une perspective de plus long terme. Jusqu'ici, tout semblait opposer ces aspirations ; aujourd'hui, l'altermondialisme porte l'idée que la transformation des rapports de production ne peut se faire sans changer la production elle-même. Dans ce cadre, un double élargissement des forums sociaux mondiaux est en cours et doit encore s'approfondir : un élargissement géographique, par la tenue des forums, après Porto Alegre, à Mumbai, Bamako, Caracas, Karachi, Nairobi..., et un élargissement des bases sociales par la présence de syndicats de travailleurs salariés et de paysans, de celle des mouvements des exclus et des associations de citoyens. 

Cette convergence est une condition à la fois du recul de l'idéologie néolibérale et de la réussite des actions porteuses d'une logique solidaire, écologique et démocratique. Tel sera le sens encore de la semaine d'action du Forum social mondial décentralisé qui culminera partout dans le monde le 26 janvier 2008. Tel est le sens de l'implication de nombreux altermondialistes dans les mouvements sociaux qui prennent ou ont pris corps sur les retraites, le logement, l'avenir des universités, l'agriculture sans OGM et le traitement odieux réservé aux étrangers. Les forums sociaux ne constituent pas un pôle dirigeant de l'altermondialisme mais sont des moments et des lieux pour mettre en relation et unir tous les mouvements autour d'objectifs de transformation. Ainsi, les propositions de taxes globales, de socialisation de la richesse, d'échanges fondés sur la coopération et le respect des normes sociales et écologiques, de démocratie au plan local comme au plan global, de droits humains respectés partout et pour tous, indiquent la direction vers laquelle aller. L'altermondialisme est à un tournant : en utilisant les opportunités d'échange et d'articulation ouvertes par les forums sociaux, il lui faut penser le dépassement du système dominant et le préparer d'ores et déjà.

Section 2 : Les conditions pour un monde plus juste

56 % de la population mondiale vit actuellement dans la pauvreté.1,3 milliard de personnes vivent avec moins de 1,05 € par jour et 2,8 milliards d'autres vivent avec 2,1 € par jour.  Tels sont les chiffres alarmants publiés par la Banque Mondiale dans son enquête menée sur une période de 10 ans...33(*). La mondialisation financière comme celle de la production ont accru les déséquilibres tant entre pays riches et pauvres qu'à l'intérieur des pays eux - mêmes : le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) le rappelait dans son rapport de l'année dernière : les 1,3 milliard d'habitants des pays les plus pauvres sont 86 fois moins riches que les Nord Américains.  Ce rapport était de 22 il y a 20 ans.34(*)

2.1. Le commerce équitable

Alors que les débats sur la mondialisation occupent de plus en plus de place dans l'actualité internationale, les petits producteurs et artisans du Sud restent soumis à une pression sauvage des lois du commerce. Les matières premières, qui font vivre une grande partie des salariés et producteurs du Sud, voient leur cour, sur le marché mondial, s'affaiblir d'année en année. Les petits producteurs sont totalement démunis face à des multinationales qui imposent leur prix et leurs conditions. 

Dans ces conditions justement, un petit paysan ou artisan ne peut vivre dignement de son travail. Il est couramment obligé de travailler dans des conditions comparables à l'esclavage, faire travailler ses enfants, et renier son environnement social, économique, écologique et culturel.

Dans les pays du Sud, les petits producteurs sont soumis à une totale dépendance à l'égard d'acheteurs et d'intermédiaires eux-mêmes sans emprise sur les cours mondiaux, ce qui entraîne pour les premiers, un endettement fréquent, une absence de fonds propres et des revenus de misère. 

De plus ils sont à la merci du moindre accident climatique (inondation, sécheresse), biologique (maladie des plantes ou des hommes), économique (mévente des produits, fluctuation à la baisse) ou politique (guerre civile). Esclaves de conditions de vie très précaires, il leur faudrait une vie de travail (33 ans) pour acquérir une maison en dur et un hectare de terre d'une valeur totale de 10 000 francs, 300 ans pour acquérir un camion à 100 000 francs et... 3000 ans pour acquérir un équipement complet de moto mécanisation d'une valeur de 1 million de francs. Des lors que faire ?

Il existe une autre manière de faire du commerce, une autre manière de consommer. Depuis quelques années, le commerce équitable s'impose comme étant une alternative efficace pour réduire les inégalités et redonner à l'homme sa place dans les échanges commerciaux internationaux.

Visant à établir un rapport d'échanges satisfaisants pour tous - du producteur au consommateur - le commerce équitable est fondé sur les principes suivants :

- assurer une juste rémunération du travail des producteurs

et artisans les plus défavorisés, leur permettant de satisfaire leurs besoins élémentaires : santé, éducation, logement, protection sociale. 

- garantir le respect des droits fondamentaux des personnes

(refus de l'exploitation des enfants, de l'esclavage... ) 

- instaurer des relations durables entre partenaires économiques 

- favoriser la préservation de l'environnement 

- proposer aux consommateurs des produits de qualité. 

2.2. Taxe Tobin

La Taxe Tobin est une taxe sur les transactions monétaires internationales proposée par l'économiste  James Tobin en  1972 pour réduire les transactions monétaires et limiter la volatilité des taux de change. Soutenue par les  mouvements altermondialistes, elle est extrêmement critiquée par la grande majorité des économistes et a été même rejetée par celui qui l'a initialement proposée.

La taxe Tobin consiste en une taxation des transactions monétaires afin de désinciter à la  spéculation. Le taux choisi serait faible, de 0,05 % à 1 %, mais, suffirait à être un « grain de sable » venu gripper la machine spéculative sans décourager les échanges non-spéculatifs.

L'assiette et le taux seraient identiques dans tous les pays. Collectée et administrée par chaque gouvernement, les fonds recueillis seraient ensuite reversés à un organisme géré par le  FMI, la  Banque mondiale ou un organisme indépendant placé sous le contrôle de l' ONU. Les sommes ainsi récoltées seraient redistribuées prioritairement aux pays les moins avancés.

A l'heure actuelle elle est de plus en plus associée au concept développé par le professeur Paul Bernd Spahn et prend le nom de taxe Tobin-Spahn. Celle-ci est une taxe à double niveau: le premier niveau est un faible taux applicable aux transactions financières tant que celles-ci restent dans les limites d'une moyenne convenue, le deuxième niveau est un taux élevé (de l'ordre de 80%) qui s'applique automatiquement en cas d'instabilité financière.

Le taux du premier niveau, de l'ordre du centième de pour cent, est trop faible pour entraver les transactions productives mais constitue déjà un frein aux transactions spéculatives. Celles-ci, en effet, se caractérisent par des échanges financiers très rapides et très nombreux avec des marges bénéficiaires très faibles. C'est la répétition de ces échanges sur un court laps de temps qui permet d'accumuler des bénéfices importants. La taxe Tobin s'appliquant à chacune des transactions grèverait de façon importante le bénéfice final du spéculateur.

2.3. Resserrement des écarts entre riches et pauvres

Comme souligné plus haut créer un monde plus juste signifie créer un monde plus équitable c'est-à-dire plus équilibré. Or pour équilibrer la société de façon durable il faut que le riche soit un peu moins riche et que le pauvre soit un peu moins pauvre. Comment ? En fixant par exemple, un salaire maximum comme on a déjà avec le RMI fixé un salaire minimum : pourquoi ne limiterait on pas effet le luxe comme on limite la pauvreté ?

Qu'est ce qui distingue l'un de l'autre sinon qu'ils déséquilibrent, simultanément, la balance du juste et qu'ils entretiennent soit par le désoeuvrement soit par l'opulence l'indécence à l'origine des crises morales.

Bref, une meilleure répartition de richesse, une abolition des privilèges doivent être au coeur d'un véritable politique progressiste. Quant à faire entrer le prolétariat dans le capital de l'entreprise dans laquelle il travaille, et le faire bénéficier des avantages au même titre que les actionnaires. L'idée n'est pas seulement équitable ni excellente, elle est notoirement impérative !

De surcroit il y a nécessité pour que le monde actuel se soucie plus de l'homme que de la matière que les nantis attachent d'intérêt au général qu'au leur propre et qu'ils redistribuent pour la concorde et la prospérité publique les bénéfices qu'ils tirent le plus souvent du travail d'autrui.

Section 3 : Les perspectives

Le mouvement altermondialiste dans ses différentes significations est porteur d'un nouvel espoir né du refus de la fatalité ; c'est le sens de l'affirmation « un autre monde est possible ». Nous ne vivons pas « La Fin de l'Histoire » ni « Le Choc des civilisations ». La stratégie du mouvement altermondialiste s'organise autour de la convergence des mouvements sociaux et citoyens qui mettent en avant la solidarité, les libertés et la paix. Dans l'espace du FSM, ils confrontent leurs luttes, leurs pratiques, leurs réflexions et leurs propositions. Ils construisent aussi une nouvelle culture politique fondée sur la diversité, les activités autogérées, la mutualisation, « l'horizontalité » préférée à la hiérarchie.

A travers les forums, une orientation stratégique s'est dégagée, celle de l'accès pour tous aux droits fondamentaux. C'est la construction d'une alternative à la logique dominante, à l'ajustement de chaque société au marché mondial à travers la régulation par le marché mondial des capitaux. A l'évidence imposée qui prétend que la seule manière acceptable pour organiser une société c'est la régulation par le marché, nous pouvons opposer la proposition d'organiser les sociétés et le monde à partir de l'accès pour tous aux droits fondamentaux. Cette orientation commune donne son sens à la convergence des mouvements et se traduit par une nouvelle culture de la transformation qui se lit dans l'évolution de chacun des mouvements.

Les débats en cours dans le mouvement mettent en avant la question stratégique. Elle soulève la question du pouvoir qui renvoie au débat sur l'État et recoupe celle des partis, et la question du modèle de transformation sociale et de la nature du développement.

Le mouvement altermondialiste ne se résume pas aux Forums Sociaux, mais le processus des forums y occupe une place particulière. Le mouvement altermondialiste ne cesse de s'élargir et de s'approfondir. Élargissement géographique, social, thématique, il a connu une montée en puissance considérable en moins de dix ans. Pour autant, il n'a pas gagné, même si la crise par bien des aspects valide nombre de ses analyses et justifie son appel aux résistances. Le mouvement altermondialiste est un mouvement historique qui s'inscrit dans la durée. Il prolonge et renouvelle les trois mouvements historiques précédents. Le mouvement historique de la décolonisation ; et de ce point de vue l'altermondialisme a modifié en profondeur les représentations Nord-Sud au profit d'un projet mondial commun. Le mouvement historique des luttes ouvrières ; et de ce point de vue, est engagée la mutation vers un mouvement social et citoyen mondial. Le mouvement des luttes pour la démocratie à partir des années 1960-70 ; et de ce point de vue le renouvellement de l'impératif démocratique après l'implosion du soviétisme en 1989 et les régressions portées par les idéologies sécuritaires. La décolonisation, les luttes sociales, l'impératif démocratique et les libertés constituent la culture de référence historique du mouvement altermondialiste.

3.2. Crise de la mondialisation

Le mouvement altermondialiste est confronté à la crise de la mondialisation que l'on peut caractériser comme une crise de la mondialisation capitaliste dans sa phase néo-libérale. Cette crise n'est pas une surprise pour le mouvement ; elle était prévue et annoncée depuis longtemps. Trois grandes questions déterminent l'évolution de la situation à l'échelle mondiale et marquent les différents niveaux de la transformation sociale (mondiale, par grande région, nationale et locale). Le système dominant est confronté à une triple crise : la crise écologique mondiale qui est devenue patente ; la crise du néolibéralisme ; la crise géopolitique avec la fin de l'hégémonie des États-Unis.

La crise de l'hégémonie états-unienne s'approfondit rapidement. L'évolution des grandes régions se différencie, d'autant que les réponses de chaque région à la crise de l'hégémonie américaine sont différentes. La lutte contre la prétendue guerre des civilisations et la très réelle guerre sans fin constituent une des priorités du mouvement altermondialiste.

La phase néolibérale semble à bout de souffle. La nouvelle crise financière est d'une particulière gravité. Ce n'est pas la première crise financière de cette période (Mexique, Brésil, Inde, Argentine, etc.) et elle ne suffit pas à elle seule à caractériser l'essoufflement du néolibéralisme. La déclinaison des différentes crises est plus singulière. La crise monétaire accroît les incertitudes sur les réaménagements des monnaies. La crise immobilière aux États-Unis révèle le rôle que joue le surendettement, et ses limites, en tant que moteur de la croissance. La crise énergétique et la crise climatique révèlent les limites de l'écosystème planétaire. La crise alimentaire d'une exceptionnelle gravité peut remettre en cause des équilibres plus fondamentaux. L'approfondissement des inégalités et des discriminations, dans chaque société et entre les pays, atteint un niveau critique et se répercute sur l'intensification des conflits et des guerres et sur la crise des valeurs. Les institutions responsables de la régulation du système économique international (FMI, Banque Mondiale, OMC) n'ont plus de légitimité. Le G8 s'est réuni pour résoudre les problèmes de la planète. Même replâtré en G20, avec quelques gros pays de plus, il n'a aucune légitimité pour le faire. Seules les Nations Unies et leur Assemblée Générale, quelques soient leurs limites, peuvent parler au nom de tous. D'autant que ce sont les mêmes qui ont la plus grande part de responsabilité dans la crise actuelle. Le G20 n'a pas de solution parce qu'il est le problème. C'est aux peuples et aux sociétés de se faire entendre.

L'incertitude demeure sur les temps et les horizons de la crise. Il est probable qu'un nouveau cycle caractérisera les 25 à 40 prochaines années. La crise du néolibéralisme, du point de vue idéologique, est fortement liée à la montée en puissance de l'altermondialisme qui a aiguisé les contradictions internes au système. Pour autant, la crise du néolibéralisme ne signifie pas sa disparition inéluctable. De plus, le mouvement altermondialiste n'est pas le seul mouvement antisystémique par rapport à la logique dominante du système. D'autres mouvements intégristes divers peuvent aussi contester le cours dominant. Plusieurs scénarios sont possibles à moyen terme, avec plusieurs variantes : un néolibéralisme conforté, une dominante néoconservatrice, une variante néokeynésienne. Une issue altermondialiste est très peu probable à court terme, les conditions politiques n'étant pas encore remplies ; mais le renforcement du mouvement altermondialiste pèsera sur les issues possibles.

C'est dans les cinq à dix ans que se formalisera la nouvelle rationalité économique, comme le néolibéralisme s'est imposé, à partir de tendances existantes, entre 1979 et 1985. Il reste une discussion sur la suite de ce cycle à venir. Immanuel Wallerstein fait l'hypothèse d'un retournement du cycle séculaire, voire même multiséculaire, posant pour les trente ou quarante prochaines années, la question historique d'un dépassement du capitalisme et donnant ainsi une portée nouvelle à l'altermondialisme.

3.2.  Les opportunités ouvertes par la crise de la mondialisation

L'idéogramme chinois qui représente la crise, fort ancien et vénérable, associe deux signes, contradictoires comme il se doit pour toute bonne dialectique, celui des dangers et celui des opportunités. Le premier danger concerne la pauvreté. La sortie de crise recherchée consiste à faire payer la crise aux pauvres, et d'abord aux discriminés et aux colonisés. Il s'agit aussi de raboter les couches moyennes. Et même, si ça ne suffit pas, de faire payer certaines catégories de riches ; ce qui laisse préfigurer de fortes contradictions.

Pour faire passer de telles politiques, il faudra beaucoup de répression, de criminalisation des mouvements sociaux, de pénalisation de la solidarité, d'instrumentalisation du terrorisme, d'idéologie sécuritaire, d'agitation raciste, islamophobe et nationaliste, d'exploitation des boucs émissaires, des migrants et des roms. Cette évolution ira dans certaines régions vers des régimes autoritaires et répressifs et même vers des fascismes et des populismes fascisants.

Une autre sortie de crise cible des pays qui seront marginalisés et ruinés. Les risques de guerre sont aussi une issue classique des grandes crises. N'oublions pas que le monde est déjà en guerre et que près de un milliard de personnes vivent dans des régions en guerre. Les conflits sont permanents et la déstabilisation systématique. Les formes de guerre ont changé avec la militarisation des sociétés, l'apartheid global, la guerre des forts contre les faibles, la banalisation de la torture. On peut lutter contre ces dangers par des résistances, des alliances et des coalitions pour les libertés, la démocratie et la paix.

Les dangers sont connus, les opportunités ouvertes le sont moins. Quatre opportunités sont ouvertes par la crise. D'abord, la défaite idéologique du néolibéralisme favorise la montée en puissance de la régulation publique. Ensuite, la redistribution des richesses redonne une possibilité de retour du marché intérieur, de stabilisation du salariat et de garantie des revenus et de la protection sociale, de redéploiement des services publics. De plus, le rééquilibrage ente le Nord et le Sud ouvre une nouvelle phase de la décolonisation et une nouvelle géopolitique du monde. Il s'accompagne d'une nouvelle urbanisation et des migrations qui sont les nouvelles formes du peuplement de la planète. Enfin, la crise du modèle politique de représentation rend incontournable la démocratie sociale et le renforcement de la démocratie représentative par la démocratie participative.

Un rééquilibrage possible entre le Nord et le Sud ouvre une nouvelle phase de la décolonisation. Elle suit la phase qui va de 1979 à 2008, de reprise en main par la gestion de la crise de la dette, le contrôle des matières premières et les interventions militaires. Entre trente et cinquante pays émergents, dont les trois les plus dynamiques Brésil, Inde, Chine, peuvent défendre leur point de vue et leurs intérêts. Il ne s'agit pas d'un monde multipolaire mais d'un nouveau système géopolitique international. Les conséquences pourraient être considérables, notamment pour les termes de l'échange international et pour la nature des migrations.

Il y a deux conditions à cette évolution qui ne se fera pas sans bouleversements. La première condition est que les pays émergents soient capables de changer leur modèle de croissance en privilégiant le marché intérieur et la consommation des couches populaires et moyennes par rapport aux exportations. Cette déconnexion est possible. La deuxième condition est que les pays émergents construisent des formes d'unité entre les pays du Sud. La première phase de la décolonisation avait échoué en grande partie quand les pays pétroliers, après le choc de 1977, avaient laissé la division s'installer entre les pays du Sud, permettant au G7, appuyé sur le FMI et la Banque Mondiale, d'imposer l'ajustement structurel.

La redistribution des richesses, nécessaire par rapport à la logique du néolibéralisme et par ses excès, ouvre une tentation néo-keynésienne. Elle conforte la tendance à réhabiliter le marché intérieur, plutôt à l'échelle des grandes régions qu'à l'échelle nationale. Elle pourrait se traduire par la réhabilitation des systèmes de protection sociale et d'une relative stabilité salariale. Les planchers des revenus et leur progression retrouveraient un rôle en tant que moteur de croissance par rapport au surendettement qui a déclenché la crise des « subprimes ». L'accès aux droits pour tous, dont les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) sont un pâle succédané retrouveraient droit de cité.

Il y a deux conditions à cette hypothèse qui ne se confond pas avec l'idée d'un simple retour au modèle keynésien d'avant le néolibéralisme. La première condition est la nécessité de répondre aux limites écologiques qui rendent dangereux un prolongement du productivisme. La contradiction entre l'écologique et le social est devenue déterminante, son dépassement est primordial. La deuxième condition est la nécessité d'une régulation ouverte à l'échelle mondiale par rapport à la régulation nationale complétée par le système de Bretton Woods des années soixante.

La montée en puissance de la régulation publique achèvera la défaite idéologique du néo-libéralisme. Le néolibéralisme est toujours dominant mais l'idéologie néo-libérale a subi une défaite cuisante, il lui sera difficile de s'en relever. Les nationalisations dites temporaires, le temps de sortir de la crise, seront difficiles à renvoyer au cabinet des débarras. Les fonds souverains avaient déjà ouvert la voie à des interventions inattendues des États au niveau de la mondialisation. L'évaluation des privatisations, jusque là demandées sans succès, réservera certainement des surprises. La nouvelle rationalité pourra difficilement continuer à subordonner complètement la régulation aux marchés et à confondre le privé avec les capitaux et leurs marchés. De même l'associatif pourrait ne pas être considéré comme une sous-catégorie non viable des entreprises. Le retour de la régulation publique pourrait prendre d'autre forme que l'étatisation classique et combiner socialisation et contrôle démocratique. Les différentes formes de propriété sociale et collective pourraient trouver une nouvelle légitimité. Les nationalisations pourraient s'adapter à la construction des grandes régions.

Le renouvellement des modèles de pouvoir et de représentation devrait être au centre des recompositions économiques et sociales. Il est probable que la reconstruction du lien social trouvera de nouvelles opportunités par rapport aux formes juridiques de la démocratie imposées par le haut. Les inégalités de revenus et la relation entre le revenu minimum et le revenu maximum seraient bien plus sensibles. La démocratie resterait une référence mais les déterminants pourraient changer. Les systèmes institutionnels et électoraux pourraient plus difficilement être considérés comme indépendants des situations sociales. Les revendications devraient mettre plus en évidence les libertés individuelles et collectives et leurs garanties. L'accès aux droits individuels et collectifs pour tous devrait fonder une démocratie sociale sans laquelle la démocratie politique perdrait beaucoup de son attractivité. Les formes d'articulation entre la démocratie participative et la démocratie représentative, et leur liaison primordiale avec la démocratie sociale, devraient progresser et se diversifier.

D'autres évolutions, déjà entamées devraient prendre plus d'importance. Les collectivités locales élargiront leur rôle de pouvoirs locaux et d'institutions locales. L'alliance stratégique entre les collectivités locales et les mouvements associatifs seront au fondement des territoires et de la citoyenneté de résidence.

En mettant en évidence le potentiel porté par les résistances et les pratiques actuelles, l'altermondialisme donne une perspective à la sortie de la crise actuelle dans ses différentes configurations. Il permet de fonder, contre les conservatismes autoritaires et répressifs, les coalitions pour les libertés et la démocratie. Il permet de lutter contre l'alliance possible entre les néolibéraux et les néokeynésiens en poussant les résistances et les revendications pour la modernisation sociale. Il permet de pousser le néokeynésianisme radical dans ses limites. Il permet d'esquisser les alternatives qui caractériseront un autre monde possible.

CONCLUSION

Nous voici arrivés au terme de notre travail de mémoire dont l'intitulé est : « 

Après avoir fait l'ébauche des différentes définitions conceptuelles autour des notions tels qu'altermondialisme, mondialisation ou encore capital, nous avons eu à démontrer de quelle manière le mouvement altermondialiste s'est invité au niveau du débat de la mondialisation. Le cycle 1998-2008 a consacré la naissance et l'affirmation du mouvement altermondialiste, comme il a modifié les conditions objectives de son évolution. Nous avons pu constater tout au long de notre travail scientifique que le mouvement « altermondialiste » recouvre des réalités très diverses en termes de nature d'organisations, de projets, de priorités politiques et stratégiques pour ses composantes. Mais il bâtit son unité à travers l'affirmation de grandes revendications internationales et transversales sur les questions sociales, environnementales et de paix.

L'altermondialisme s'est au fil des années forgé en tant que mouvement formulant une nouvelle solidarité Nord / Sud contre la mondialisation néolibérale dont la domination de la finance, la marchandisation de toutes les activités humaines et l'internationalisation des forces du capital ont conduit à devoir redéfinir une nouvelle phase du développement du capitalisme plus juste et davantage équitable entre les différents pays du monde. A la soi-disant absence d'alternative invoquée par les dirigeants des ces grandes institutions, les manifestants de Seattle, Gênes ou Barcelone répondent par un slogan chargé de sens : « Un autre monde est possible ! »


En même temps qu'il la nommait, le mouvement altermondialiste a contesté cette mondialisation néolibérale. Des organisations comme Attac se sont constituées à partir de 1998 pour porter cette dénonciation publiquement et faire des propositions pour « un autre monde ». De son côté, l'emblématique mobilisation internationale de Seattle en 1999 (où se sont retrouvés syndicats, ONG, associations, mouvements sociaux, etc.) à l'occasion de la Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a posé un acte, d'une certaine manière, fondateur. Pour la première fois, des associations et des organisations du monde entier, conscientes des méfaits causés par les prétentions des maîtres du monde, empêchèrent le bon déroulement d'une réunion d'une institution du capitalisme mondial.

Comme nous avons eu à le relever au cours de notre mémoire, le début des années 2000 sera donc marqué par une nouvelle forme de contestation internationale du capitalisme visant ses institutions et ses espaces de visibilité planétaires (FMI, Banque mondiale, OMC, etc.). Cette période a facilité la construction de réseaux au niveau continental et mondial, et la production d'un patrimoine de connaissances commun sur la mondialisation. Elle a réuni des milliers d'organisations jusque là atomisées par deux décennies de rouleau compresseur néolibéral. Dans ce contexte, les Forums sociaux (le premier s'est tenu en 2001 à Porto Alegre au Brésil) se sont enracinés dans le paysage public aux niveaux international, continental et national.

Ce sont dans ces espaces ouverts d'échange et de travail, où se regroupent associations, syndicats, mouvements sociaux, mouvements de jeunes, de femmes, de paysans, etc., qu'ont commencé à être élaborées des contre-propositions et des alternatives au capitalisme néolibéral, ainsi que de nouvelles formes d'organisation des luttes et des mobilisations. C'est ici aussi que nombre de grandes revendications thématiques ont combiné, de manière inédite, le social et l'environnemental (suppression des paradis fiscaux, abolition de la dette des pays les plus pauvres, mesures sur la préservation et la distribution de l'eau, lutte contre les OGM, taxes internationales, réforme de l'ONU, démocratie participative, etc.).

Le mouvement altermondialiste, s'appuyant sur une dynamique d'amplification du rejet du néolibéralisme a su imposé des thèmes politiques dans l'agenda mondial, auprès des opinions publiques et des gouvernements. Ces thèmes et revendications ont poussé, temporairement, les institutions financières internationales et le libéralisme sur la défensive entre 1999 et 2004-2005. Ainsi, le mouvement altermondialiste a créé une faille dans l'hégémonie culturelle du libéralisme et dans le triomphalisme du capitalisme mondial.

La production et la circulation internationales d'idées et de propositions du mouvement des mouvements a armé tous les acteurs (syndicats, ONG, mouvements politiques et sociaux, associations citoyennes, etc.) d'un nouveau logiciel critique du capitalisme néolibéral adapté à toutes ses dimensions. Il convient également d'admettre que, dans le même temps, critiques systémiques et revendications ont été absorbées par les élites mondiales et les gouvernements. Du moins, dans leur communication auprès des opinions publiques (déclarations d'intention, dialogues citoyens, commerce équitable et « bio », responsabilité sociale et éthique des entreprises, etc.) et dans leurs stratégies de mise en place des politiques néolibérales (développement des accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux en lieu et place des grand-messes de l'OMC).

A titre illustratif, dans un clip très dynamique et interactif, le Forum de Davos de 2008 annonce son objectif : « Rendre le monde meilleur » (How to Make the World a Better place ?). A travers une succession d'interventions intergénérationnelles et internationales - célébrant la diversité - , il nous est dit que les penseurs et les dirigeants mondiaux vont traiter, pendant le Forum de Davos, la question de la lutte contre la pauvreté mondiale, du changement climatique, de savoir comment gérer la pénurie énergétique, aborder la question des technologies de l'information, de l'éducation, de la citoyenneté globale, du sida, des désastres humanitaires, du développement économique et de la gouvernance mondiale. Le clip compte sur chaque individu pour changer le monde : « Tu peux faire entendre ta voix en envoyant une question à Davos. Les meilleures seront présentées aux penseurs et leaders de Davos qui te répondront. ». Voici la question soumise à l'internaute : « si les pays, les entreprises, ou les gens pouvaient faire quelque chose pour rendre le monde meilleur en 2008, quelle serait-elle selon vous ? »

Ici, nous pouvons dés lors répondre par l'affirmative par rapport à notre hypothèse que l'altermondialisme peut constituer un facteur de changement de l'environnement mondial,

Toutefois, en notre qualité d e chercheur scientifique nous sommes amené à constater que dans un contexte de crise financière accentuée évoluant vers une récession économique majeure, le mouvement altermondialiste perd petit à petit le monopole de la critique du néolibéralisme. Pour continuer à jouer un rôle dans le débat public, il doit donc apporter des nouvelles réponses aux diverses crises mondiales. Car un débat s'est enclenché au sein de l'altermondialisme en 2005.C'est à partir de ce moment que la question de son objet, de ses finalités et ses différents potentiels se pose de manière récurrente alors que, conjugué à la réorientation stratégique des élites et des gouvernements, un effet palier commence à se faire sentir (répétition de la formule des Forums, banalisation, manque de matérialisation dans le réel, absence de prolongement politique des mobilisations sociales, etc.). Alors que le visage de la mondialisation s'est considérablement modifié ces dix dernières années, ce débat s'avère, plus que jamais, crucial.

L'évolution de la mondialisation impose un élargissement des objectifs du mouvement altermondialiste. Nous avons déjà changé d'époque. La dernière décennie n'a pas modifié le rapport de forces dans le sens d'un affaiblissement du système capitaliste mondial, mais dans celui d'une modification des conditions dans lesquelles évolue aujourd'hui le mouvement altermondialiste. La mondialisation n'a plus, en effet, le même visage qu'en 1998.

Dans une dynamique contradictoire, la mondialisation néolibérale s'est accentuée. Elle est marquée par la continuation et l'approfondissement des politiques de marchandisation, de précarisation du travail et de fragilisation des individus et de leur reproduction socio-économique, de développement des accords de libre-échange (Accords de partenariat économique en Europe avec les pays du Sud), de concentration des richesses, de développement des inégalités, de destruction de l'environnement, etc. L'Union européenne (UE) est, à notre échelle continentale, cet agent zélé de la mondialisation néolibérale.

Cette évolution générale a sensiblement diminué la visibilité et l'espace propres du mouvement altermondialiste, en même temps qu'elle lui offre aujourd'hui de nouveaux défis stratégiques et de nouveaux points d'appui... à condition qu'il modifie ses méthodes d'action et qu'il investisse de nouveaux champs de bataille, en particulier celui de la reconstruction et du renouvellement du champ de l'action politique dans le cadre de la mondialisation néolibérale. C'est ici que la notion de post-altermondialisme intervient. Elle n'indique pas la fin de l'altermondialisme, mais sa continuation par l'intégration de nouveaux sujets. Pas de post-altermondialisme sans mouvement altermondialiste. Il s'agit moins de faire table rase du passé et de déclarer obsolètes l'ensemble de ses outils (comme les Forums), que de créer de nouveaux espaces propres à travailler la question de l'articulation entre mouvements sociaux, forces politiques et actions de gouvernement (les Forums, par nature, ne peuvent remplir cette fonction, et plusieurs acteurs qui participent à ce mouvement ne peuvent, pour des raisons structurelles et historiques, assumer cette orientation).

L'altermondialisme, espace international premier, se pose aujourd'hui la question de savoir s'il doit - et si oui comment - gagner des espaces politiques concrets :

· influence sur le champ politique ?

· intégration au champ politique ?

· ou renouvellement du champ politique ?

C'est cette nouvelle phase de son histoire que l'on désignera comme un post-altermondialisme dans laquelle vont agir une partie de ses composantes les plus actives. Du point de vue des processus, l'histoire de tout mouvement social montre que le champ de la mobilisation sociale, lorsqu'il atteint l'apogée de sa capacité d'agglutination, redéploie une partie de lui même et des forces qu'il a produite sur la voie du politique. Cette mutation ne signifie pas l'abandon du terrain social, mais la reformulation dynamique de la relation social/politique comme nécessité pour remporter des succès face à la radicalisation des forces du capital et des élites qui relaient leurs intérêts.

C'est dans ce cadre qu'il nous faut désormais parler de post-altermondialisme, mouvement se devant de soumettre une nouvelle proposition : la promotion de nouvelles convergences, au niveau international, entre mouvements sociaux disponibles, forces politiques cherchant leur dépassement et gouvernements progressistes. Cela doit se faire à partir deux principes : l'autonomie des acteurs et l'exclusion de tout suivisme. Mais cette autonomie n'empêche pas la construction d'une relation de travail et d'enrichissement mutuel basée sur une articulation dynamique. Le processus des Forums sociaux, en tant que tel, n'a pas été conçu pour remplir cette fonction. La sienne - espace d'échanges entre une diversité d'organisations et de mouvements et d'élaboration d'alternatives - reste cruciale dans le long terme. Mais une ramification dans le cycle qui s'ouvre aujourd'hui est tout aussi fondamentale.

Tel est le sens de la démarche post-altermondialiste : la réalisation des propositions portées par ce mouvement et le renouvellement du politique, y compris du champ politique.

Si la diversité d'acteurs et le mode de fonctionnement participatif séduisent, le mouvement peine toutefois à véhiculer un message clair. Si un « consensus altermondialiste » parvient à se structurer autour du refus de la marchandisation du monde, le mouvement est aujourd'hui confronté à plusieurs difficultés qui, prises ensemble, posent la question de son avenir.

Premier défi, et de taille : les logiques à l'oeuvre au sein de la mondialisation néolibérale n'ont pas connu de véritable renversement avec l'apparition des revendications altermondialistes. Une réalité qui, pour beaucoup, pose inévitablement la question de l'utilité du mouvement, de son efficacité politique. Ce constat ne doit toutefois pas faire oublier deux avancées majeures à mettre au crédit du mouvement alter. D'abord, avoir créé des plate-formes où citoyens et peuples peuvent échanger leurs expériences. Le Forum Social Mondial reste à cet égard un exemple d'autogestion et de démocratie participative particulièrement riche et encourageant. Ensuite, avoir brisé l'unanimité qui entourait les principales institutions financières internationales (IFI). L'OMC a connu des oppositions très fortes dans sa volonté de généraliser le libre-échange et ne parvient pas à conclure le cycle de Doha. Les plans d'ajustement structurels du FMI et de la Banque mondiale ont mené de nombreux pays à la catastrophe et connaissent également une crise de légitimité. Les logiques à l'oeuvre ont été dévoilées. Reste aujourd'hui à définir clairement le type d'architecture internationale que le mouvement altermondialiste appelle de ses voeux.

Second défi, paradoxal, pour le mouvement : la crise de légitimité de l'idéologie néolibérale. Face à la multiplicité des crises actuelles (alimentaire, énergétique, sociale, etc.), même les défenseurs les plus acharnés de ce modèle économique global se mettent à dénoncer les « dérapages du capitalisme aveugle » et appellent à une « nécessaire régulation des marchés ». Cette remise en question du système par ses propres architectes contraint donc le mouvement altermondialiste à clarifier ses propres réponses, sous peine de disparaître du débat public.

Enfin, troisième défi, le mouvement ne pourra pas non plus faire l'économie d'une redéfinition de sa relation à la sphère politique. En raison de certaines situations nationales d'abord, où les idées issues du mouvement ont parfois été récupérées voire dénaturées. Mais à l'échelon international surtout, où des gouvernements, notamment en Amérique latine, se réfèrent de façon constante à l'antilibéralisme, obligeant ainsi le mouvement altermondialiste à s'interroger sur la posture à adopter à leur égard.

La perte de vitesse des Forums Sociaux, constatée un peu partout dans le monde, est le corollaire inévitable de la crise identitaire dont est victime la mouvance altermondialiste. Les Forums ne bénéficient plus de l'effet de surprise de leurs débuts, et ils ont créé des réseaux qui ont désormais un fonctionnement autonome. Si la diversité du mouvement est une force, elle a aussi un prix politique élevé dans la mesure où elle empêche toute prise de position forte et unanime, particulièrement requise en ces temps de crise. Le défi qui se pose est de taille : redéfinir les objectifs du mouvement tout en préservant sa diversité et son unité. « Un autre mouvement » est-il possible ? Après tout, si le capitalisme n'est pas éternel, la question de son dépassement peut être d'actualité. Et nous pourrions commencer dès maintenant à revendiquer et à construire un autre monde possible. Tel que déjà vécu au travers de la ville sainte de Nkamba au Bas-Congo.

Car en effet, il y a eu lieu de remarquer qu'en tant qu'étudiant chercheur, comme le dit le Professeur ordinaire Jean KAMBAYI BWATSHIA M.A Ph D, dans le cours de la culture, mondialisation et développement (35(*)) qui a eu à citer l'ensemble des personnes regroupant les altermondialistes, à savoir en autres, les églises et les tendances religieuses diverses. C'est sur cet aspect que nous tenons à nous attarder afin d'apporter notre pierre de construction de cette édifice appelée altermondialisme ou «  l'autre monde meilleur est possible ».

Portant notre réflexion sur les églises, nous sommes sans ignorer que l'Eglise implique directement Dieu, et qui dit Dieu, c'est le Créateur du ciel et la terre et Créateur de toute chose ici bas.. Ici, nous voyons d'abord l'homme car en créant ce monde, Dieu a fait toutes ces choses en pensant à l'être humain qu'il aura créer afin qu'il vive mieux , donc paisiblement et heureux sur cette terre afin qu'il en manque de rien.

Au travers du courant altermondialiste, nous devons donc recourir à notre Créateur pour implorer sa bonté infinie pour qu'enfin tout celui qui se sent menacé par la mondialisation puisse être fort moralement et spirituellement afin de changer ce monde en apportant un résultat escompté à cette lutte qui n'est pas facile à mener.

Dans notre travail, nous avons eu à épingler Simon Kimbangu comme l'un des précurseurs de l'altermondialisme. Ceci nous conduit à prendre pour illustration l'exemple d'une église d'autonomie ou d'authenticité noire qui, pendant l'époque coloniale a eu à mener une lutte de libération pour le peuple noir, il s'agit de l'église kimbanguiste.

En 1921, dans la colonie belge appelé Congo belge, un jeune homme au nom de KIMBANGU Simon, âgé de 34 ans, par soucis des siens, suite à la souffrance de cette colonisation, s'est mis debout pour combattre au nom du seigneur Jésus-Christ pour chercher l'indépendance de son pays, n'a pas eu peur de ce qui pouvait lui arriver car sous la colonisation, un colonisé ne pouvait pas se lever pour dire quoi que ce soit surtout pour réclamer l'indépendance. De par son courage et animé de l'esprit de Dieu, Simon Kimbangu a su convaincre les siens, malgré les tortures et les déportations subies par 37000 familles, dont celle d'une jeune fille de 12 ans répondant au nom de MIKALA MANDOMBE. Loin de leur village d'origine, comme prisonniers, parmi lesquels figurait le fils ainé de papa KIMBANGU Simon.

Simon Kimbangu avait une femme et 3 enfants dont KISOLOKELE LUKELO Charles Daniel, fils ainé qui était également déporté à l'âge de 7 ans, DIALUNGANA KIANGANI Paul Salomon, son deuxieme fils était alors âgé de 5 ans et son fils cadet DIANGIENDA KUNTINA Joseph, qui est le 1er Chef spirituel de notre Sainte Eglise n'avait que 3 ans. Comme tout leader luttant pour que son peuple puisse vivre dans des conditions meilleurs , Simon Kimbangu a accepté de sacrifier sa vie. Ainsi il accepta de faire la prison pendant 3O ans dans une petite cellule au Katanga jusqu'à ce qu'il réussisse la décolonisation du Congo et aujourd'hui c'est une autre histoire du Congo que nous vivons où les revendications d'équité et de justice ont pu l'emporter sur la domination du joug coloniale.

C'est dans cet optique d'équité et de justice sociale que l'Eglise Kimbanguiste constitue en elle seule avec la création de la ville sainte de Nkamba au Bas-Congo, un bel exemple des prescrits altermondialistes. En effet NKAMBA appelée aujourd'hui Nouvelle Jérusalem accueille toutes les races confondues avec un grand temple d'une capacité de 37 000 places assises en mémoire des 37000 familles déportées pendant la colonisation L'Eglise Kimbanguiste regorge en son sein plus de 25000000 fideles répandus dans le monde.

Dans son soucis de toujours oeuvrer pour un monde meilleur l'Eglise Kimbanguiste a réaliser plusieurs oeuvres sociales dont : les écoles les universités les hôpitaux et dispensaires des centres d'accueil pour ses hôtes des champs des fermes etc...

Sans nous tromper nous pouvons affirmer que l'Eglise Kimbanguiste est l'une des rares églises qui vit de ses propres efforts qui n'a pas l'esprit de la main tendue pour quémander à l'extérieur. L'unité de tous les fideles affichés autour de leurs Chef spirituels respectifs à savoir : DIANGENDA KUNTIMA Joseph 1er chef spirituel de l'Eglise Kimbanguiste, Papa DIALUNGANA KIANGANI 2ème chef spirituel et depuis l'an 2002 Papa Simon KIMBANGU KIANGANI Chef spirituel légalement reconnu

Papa Simon KIMBANGU KIANGANI homme divin qui conduit actuellement le règne de l'Eglise kimbanguiste poursuit dans la même lignée que ses pères à savoir matérialiser au travers de la ville sainte de Nkamba qu'un autre monde est possible. Ainsi parmi ses oeuvres il y a lieu de citer : la réalisation de l'Aéroport International Simon KIMBANGU à Nkamba et du Musée Simon KIMBANGU toujours dans cette même ville sainte

En tant que chercheur j'invite tous les chercheurs scientifique et militant de l'altermondialisme d'aller à Nkamba pour s'y inspirer. Par ailleurs il y a lieu de noter la gratuité de la restauration et du logement à la ville sainte de Nkamba ce qui constitue déjà la preuve notoire qu'un autre monde est possible. Dans cet élan le chef spirituel reçoit tout le monde sans relâchement avec pour ambition de donner la joie et l'espoir à chacun.

Pour conclure ce travail nous pouvons qu' exprimer un voeu celui que tous les militants altermondialistes pour être solidaires afin de mener à bout le combat pour la justice sociale et l'équité afin d'obtenir un « autre monde ». Et pour ce faire l'exemple de l'Eglise Kimbanguiste au travers de la ville sainte de Nkamba constitue notre participation à la réflexion de rendre un monde meilleur possible. Comme dit-on «  tout peuple a son histoire et un peuple sans histoire est un peuple mort ». D'où le choix pour notre part de l'Eglise Kimbanguiste Car dans cette lutte permanente contre les dérives du mondialisme chaque peuple doit apporter sa part pour l'aboutissement d'un monde plus juste. Le Kimbanguisme en tant que patrimoine congolais en est l'exemple le plus illustratif.

* 1 Rose ETTENBERG, les multiples facettes de la mondialisation, édition LABOR, Bruxelles, 2001, p.75

* 2 J. Adda, La Mondialisation de l'économie. Genèse et problèmes, La Découverte, 7e éd. 2006.

* 3 L. Carroué, D. Collet et C. Ruiz, La Mondialisation. Genèse, acteurs et enjeux, Bréal, 2005.

* 4 Laurent Carroue, Géographie de la mondialisation, Ed. Armand Collin, Paris, 2002

* 5 Suzanne Berger, Notre première mondialisation - Leçons d'un échec oublié, Ed .Seuil, Paris, 2003

* 6 Christian Grataloup , Géohistoire de la mondialisation : Le temps long du mondeArmand Colin,ý Paris, 2007

* 7 O. Dollfus, La Mondialisation, Presses de Sciences po, 2e éd., 2001. 

* 8 J. Lévy, Le Tournant géographique. Penser l'espace pour lire le monde, Belin, 1999. 

* 9 J. Lévy et M. Lussault (dir.), Dictionnaire de la géographie, Belin, 2003.

* 10 Eddy Fougier, L'Altermondialisme, Ed. Le Cavalier Bleu, Paris, 2008,p.16

* 11 http://www.larousse.fr/dictionnaires

* 12 http://www.linternaute.com/dictionnaire

* 13 Karl Marx, Le capital, Ed. Gallimard, volumes 1 et 2, 2005

* 14 http://www.toupie.org

* 15 http://perspective.usherbrooke.ca

* 16 Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

* 17 Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

* 18 Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

* 19 MABI MULUMBA Evariste, la monnaie dans l'économie, Ed. CEDI, Kinshasa, 2001, p.263

* 20 FMI, Qu'est ce que le Fonds Monétaire International, Washington DC, 2001, p. 11

* 21 FMI, Op.cit, p.18

* 22 Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés

* 23 Susan Georges, Le rapport Lugano : jusqu'où ira le capitalisme ? , Ed. de l'Aube, Paris, 2006, p.35

* 24 Walden Bello, La Fabrique de la famine : Les paysans face à la mondialisation, Éd. Montparnasse,

Paris, 2012

* 25 Eddy Fougier, Parlons mondialisation : en 30 questions, Ed. La Documentation Française, Paris, 2012

* 26 (1) DIANGIENDA KUNTIMA J. : L'histoire du Kimbanguisme, Ed. Kimbanguistes, Kinshasa 1984, P.179.

* 27 DIANGIENDA KUNTIMAJ. : Op. cit, P.49. 

* 28 (1) P. ARDANT : Institutions politiques et Droit Constitutionnel, Ed. L.G.D.J, Paris 1997, P.30

* 29

* 30

* 31 S.ASCH : L'Eglise du Prophète KIMBANGU, Ed. KARTHALA, Paris 1983, P.205.

* 32

* 33 Banque Mondiale

* 34 PNUD

* 35






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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry