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Sagesse et destinée tragique dans la philosophie de Schopenhauer

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par Sylvain Sella
Université Paul Valéry Montpellier III - Master 1 2011
  

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II/ La force du déterminisme

II/,1La « ruse « de la Volonté,l'amour et la sexualité

-le sexe:l'individu au service de l'espèce p 43-47

-La sélection sexuelle et la stratégie reproductrice p 48-51

-Aspect métaphysique de la passion p 52-53

II/,2 Une philosophie tragique qui préfigure la psychanalyse

-La sexualité et l'inconscient p 53-57

-Dissimulation et refoulement p 57-66

-Le traumatisme de la naissance p 66-73

-La sublimation esthétique p 73-77

-Compulsion de répétition et circularité du temps p 77-79

II/, 3 Hérédité et Volonté p 79-88.

-L'hérédité un savoir « inné » et universel p 79-82

-Rôles du père et de la mère chez Schopenhauer p 82-85 -Importance de l'hérédité au XIXème,le caractère immuable p 85-88

III/ Sagesse et prédestination

III/,1L'illusion du libre-arbitre

-L'absence de la liberté d'indifférence p 89-96

-la décision est-elle libre ? P 96-100

-Liberté et conscience réfléchissante p 100-105

-Le caractère et la paradoxe de la volonté libre p 105-109

III/,2 Fatalisme transcendant

-Analogie entre le rêve ,la tragédie ,le sens du destin p 110-116 -Grandeur et misère du génie p 116-120

III/, 3 Une gnose libératrice mais limitée -La parenté avec le gnosticisme p 120-124 -La « conscience meilleure » p 124-127

Conclusion

-La postérité de Schopenhauer p 127-132.

Sagesse et destinée tragique dans la philosophie de Schopenhauer;

Introduction

Macbeth,le personnage tragique de Shakespeare ,dans la pièce éponyme dit ceci:

Macbeth : La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur
Qui s'agite et parade une heure, sur la scène,
Puis on ne l'entend plus. C'est un récit
Plein de bruit, de fureur, qu'un idiot raconte
Et qui n'a pas de sens.1

- A la fois bourreau et victime,cette réflexion lui vient au milieu des méfaits commis et du sang qui coule,volonté véhémente et aveugle du méchant, qui haïssant sa propre condition ,souhaiterait détruire la vie entière pour apaiser une souffrance fondamentale. Emporté par un désir orphelin de son origine et d'autant plus insatiable,le sanguinaire Macbeth,jette un regard en coin,mais furtif et lucide sur l'existence et révèle le caractère double de ceux de son espèce;condamnés à agir,parfois

1 William Shakespeare, Macbeth acte V,scène V (1606).

férocement, mais aussi complétement capables de se voir. L'art de la tragédie est-il essentiellement un remède efficace en vue de prévenir nos excès passionnels ainsi que le définit Aristote ou cache-t-il un enseignement complet sur le sens de la destinée humaine?Schopenhauer est sans doute le seul penseur à vraiment proposer une philosophie de la tragédie, La Naissance de la tragédie 1872 de Nietzsche,est dans le fond véritablement d'accord avec la métaphysique de la volonté,mais on sent poindre chez lui ,une recherche indépendante et singulière de l'origine profondément musicale et rituelle du culte dionysiaque,comme une réminiscence de l'orphisme ,de Dionysos et de sa volonté de puissance artiste. Arthur Schopenhauer,le théoricien du pessimisme métaphysique,ne propose pas bien sûr une étude littéraire de la tragédie,mais souligne la supériorité philosophique de la tragédie moderne sur la grecque,en particulier Shakespeare et Goethe;l'essence d'une sagesse contenue dans le genre et qui constitue,comme une illustration,une métaphore de sa philosophie. Schopenhauer est un idéaliste ; la matière est juste le support du drame métaphysique qui se joue et se rejoue à l'infini;le temps et le progrès ne trouvent pas leur place n'étant que la scène où se débat la Volonté avec elle-même. Il convient d'établir une différence entre la vision tragique de l'auteur et une philosophie de l'absurde comme on peut la

rencontrer chez Camus ou Sartre, où il est possible de trouver un sens dans l'engagement et d'échapper ainsi au vide de l'existence sans Dieu. La pensée de Schopenhauer est une remise en cause de la valeur de l'existence ,du vouloir vivre lui-même,d'une façon franche et radicale,faisant l'objet de tout un système philosophique présenté dans l'oeuvre principale de l'auteur, Le Monde comme volonté et comme représentation, paru à la fin de l'année 1818.Si la Volonté est l'essence de toute chose,la découverte primordiale,Schopenhauer nous demande de procéder en philosophe véritable et ,dans l'idéal,de commencer par lire sa thèse sur le quadruple principe de raison suffisante ,de se pénétrer du caractère purement phénoménal de la connaissance possible et de tirer pleinement les conséquences de la philosophie kantienne sur ce point. Donc pas de connaissance de la chose en soi. Le tragique,c'est qu'il n'y ait pas d'issue possible dans le cours ordinaire de notre vie,du moins,pas avant que ne survienne l'occasion de faire un choix radical;la volonté veut-elle se poursuivre ou passer à autre chose?La négation du vouloir vivre par la connaissance de soi constitue la seule et unique liberté . La satisfaction ne peut être atteinte par une volonté de vivre,indéfinie,insatiable et irrationnelle. La pensée de cet auteur a souvent été dénoncée comme outrancière et choquante voire pathologique. Que la vie vaille la peine

d'être vécue serait la marque de la santé mentale et lui préférer le non-être,le désaveu complet de la raison et de l'humanité,le signe d'une faillite lamentable. Des éléments de sa biographie vont certes dans ce sens mais à l'opposé également,on peut y reconnaître l'élu de la volonté ,l'auteur du Monde,d'un livre « prophétique »,d'une gnose salvatrice. Schopenhauer a-t-il été marqué irrémédiablement par l'abandon? Il naît à Dantzig le 22 Février 1788 dans une famille bourgeoise. Il aurait souhaité poursuivre ses études au Lycée mais son père le destine au commerce comme lui. Il obtient finalement de lui la faveur de joindre l'utile à l'agréable,et effectue un tour d'Europe de deux ans dont on peut penser qu'il comptera beaucoup pour sa connaissance concrète et variée de l'humanité réelle. Son père se suicide quand il a dix sept ans et sa mère,une mondaine qui deviendra une romancière à succès ne l'aime pas beaucoup. Bénéficiant désormais d'une rente,il veut s'atteler à la tâche de résoudre le difficile problème de la vie et en effet,son existence sera toute entière consacrée à l'ascèse philosophique,à la rédaction puis aux commentaires de son grand ouvrage. Les échecs personnels seront décisifs et instructifs ,comme venant confirmer son désir de se consacrer à l'essentiel et d'en être plus inutilement détourné. Plusieurs échecs amoureux mais aussi professionnels;il échoue comme professeur d'Université à Berlin de 1820 à

1822 où sa rivalité avec Hegel est tout à fait révélatrice de son irréductible position philosophique. Il s'installe alors dans une vie d'ermite à Francfort,fuyant Berlin et le choléra,vivant tout simplement la vie pour laquelle il est fait. Cette idée d'un destin qui s'impose et qui parle est importante chez Schopenhauer en dépit du fait que cette question n'ait pas reçue une très grande attention. Il y a consacré un ouvrage,Le sens du destin,spéculation transcendante sur l'intentionnalité apparente dans le destin de l'individu(extrait de parerga)1851,et dans lequel il traite de ce problème ardu mais qui s'avère capital en vue d'une compréhension plus profonde de cette métaphysique. En effet, dans le Monde,la volonté est tout d'abord et fort logiquement exposée dans ses grands traits,ce qui ne laisse pas vraiment la place pour envisager comment elle s'objective concrètement dans la vie de l'individu. La connaissance de soi,selon notre auteur,n'est pas donnée à la faveur d'une méditation à part de l'expérience mais ne peut se réaliser que dans le miroir de nos actes ,ce qui confère à l'âge le privilège de pouvoir pleinement revenir sur le sens de notre existence. Cet écrit sur la destinée, tempère le nihilisme de Schopenhauer,comme si celui-ci correspondait à une phase purgative,car de son propre aveu,sa vie,son génie ont bien un sens et même un sens supérieur ainsi qu'il le déclare dans une lettre à son disciple Frauenstadt:

2)A Bossant,Schopenhauer et ses disciples p150 Hachette Paris 1920,cité par Marie-José Pernin p8 Le sens du destin Vrin Paris 2009.

"Je suis réellement heureux d'avoir assez vécu pour assister à la naissance de mon dernier enfant:maintenant je considère ma mission en ce monde comme terminée..."2les voies de la volonté semblent parfois bien lisibles et même pressantes pour qui doit faire oeuvre de libérateur. Schopenhauer rejoint là le thème théologique de la prédestination ,préférant sur ce point une certaine version de la "grâce" augustinienne, au karma hindoue et bouddhiste,paradoxe qui s'explique pour sauver la liberté métaphysique de la Volonté,et qui signifie pour l'individu ,que ce ne sont pas les oeuvres qui sauvent,mais un acte transcendant de connaissance de soi de la volonté. Elitisme et élection se conjuguent ici,la majorité des gens ordinaires étant,en quelque sorte,les oubliés du destin. Schopenhauer va jusqu'à parler de fabrication industrielle en ce qui concerne la masse. Où se trouve le libre arbitre individuel?Nul part, si l'on excepte que les racines de l'individualité,participent quelque part de la liberté de la volonté, mais ceci reste un mystère insondable. Il faut comprendre que la sagesse issue du pessimisme de Schopenhauer n'est pas affaire d'héroïsme moral comme chez les stoïciens,mais dépend de notre compréhension,qui ultimement, est une incitation au renoncement.

Quelque soit le côté par lequel on aborde cette "Thèbes aux cent portes",il convient tout d'abord de parler de la découverte de l'essence,la Volonté. En temps que moment crucial de son objectivation,elle se signale en l'homme, avant tout, par l'apparition de ce besoin métaphysique,responsable de la philosophie,de la religion et en réponse à l'offense causée par la finitude et la mort. La philosophie nous amène à reconnaître l'idéalité du monde,la représentation et l'héritage kantien;à l'opposé nous pouvons saisir immédiatement la réalité de la volonté de vivre présente en nous et que nous transposons aisément aux autres êtres vivants. La volonté est aveugle et omniprésente à travers les règnes de la nature mais en l'homme ,elle "joue" tout son destin,lieu paroxystique de son affirmation puis de sa négation. Le règne de la volonté s'impose par la force du déterminisme et se poursuit par la "ruse" de l'amour et du sexe,l'empreinte héréditaire,l'immutabilité du caractère et l'inconscient.

Cette résignation éclairée face à la fatalité,conduit le philosophe à reconnaître le lien entre sagesse et prédestination. Schopenhauer et d'autres grands esprits dénoncent l'illusion du libre arbitre,mais notre vie n'est pas absurde si nous pouvons lire le sens de notre destinée,admettre la présence d'un fatalisme transcendant. La connaissance contenue dans le Monde est-elle bien la gnose libératrice?Le saint ,le sage ,le génie sont-ils vraiment

des prédestinés ou,leur mystique, simplement l'expression possible d'une façon de supporter le fardeau de l'existence?

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