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Argumentation et soliloque: une étude sémiotique dans les tragédies de Shakespeare

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par Marine Garel
Université Lumière Lyon 2 - Sciences du langage 2016
  

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Chapitre 3. Dialogue et Soliloque : comparaison et distinction au niveau argumentatif

a. Généralités sur le dialogue

Si l'on doit donner une définition générale à toute connaissance de la forme, le dialogue consiste en un échange verbal entre deux, voire plusieurs personnes sur un sujet défini. C'est une forme universelle carcommune à tout genre littéraire et même si l'on se place du point de vue de l'autobiographie, genre  qui extériorise l'intériorité du soi, nous trouvons du dialogue : c'est le cas par exemple, dans Enfance de Nathalie Sarraute où le récit s'ouvre sur une conversation entre la narratrice et son double. Il est vrai qu'un tel échange peut venir remettre en cause la notion du dialogue mais étant donné qu'il y a bien un acte de communication, le dialogue est effectif. 

Un échange verbal exige donc une situation de communication et une « réversibilité de cette communication »comme l'affirmait Patrice Pavis. Il en va donc qu'il doit y avoir un émetteur et un récepteurau minimum7(*) qui s'échangent un message codé sur le référent en question : tel est le schéma de communication proposé par Roman Jakobson(Annexe 1). Le message varie en contenu et en temps suivant le type de communication : il sera par exemple standard dans le cas d'une communication unidirectionnelle. Ce message est codé car il renferme un ensemble de signes, commun au destinateur et au destinataire. Plusieurs codes peuvent être émis dans un même message. Le référent constitue le contexte du message ; il peut être soit verbal, soit susceptible d'être verbalisé. Enfin, et pour que le message soit transmis, les deux locuteurs doivent être reliés par un canal psychologique et physique.

Le dialogue est de ce fait, la forme première de communication par le langage. Patrice Pavis parle également « d'effet de réalité », ce qui prouve qu'une telle forme renferme quelque chose d'assez poignant pour refléter la réalité et permettre au lecteur ou au spectateur, de penser qu'il assiste en face de lui à un véritable échange.Bakhtine affirmait que le dialogue ou l'échange de mots est la forme la plus naturelle du langage. Autrement dit, il n'est pas possible de ne pas communiquer ou de ne pas émettre un signe montrant toute forme de communication.Le théâtre est incontestablement le genre littéraire où l'on trouve le plus de dialogue notamment au travers de stichomythies où les personnages communiquent et se répondent par de brèves répliques. Les stichomythies sont souvent à l'origine de querelles ou de désaccords et permettent une certaine accélération du rythme de la scène. Dans Le Misanthrope de Molière (Acte I, Scène 1), nombreuses sont les stichomythies pour exprimer le désaccord entre Alceste et Philinte qui reproche à ce dernier d'être hypocrite. 

Le dialogue ne peut pas être défini seulement par une ouverture de guillemets pour faire place à la parole d'un personnage. Cela va au-delà de ça : c'est une forme qui permet d'établir un contact (d'où la fonction phatique du langage chez Jakobson) et de lier une personne avec une autre par un lien invisible, ayant un ou plusieurs référents en commun. Le dialogue présente toujours un but et comme l'affirme Alain Couprie, «  c'est toujours un instrument qui vise à produire quelque chose ». Le dialogue a donccette fonction d'être productif puisqu'il amène à faire faire quelque chose (comme dans le cas d'un ordre) ou il peut aussi être la cause d'un changement. Bien évidemment, cela relève de la pragmatique de définir les différents actes de langage. Sur ce point, Austin a distingué clairement les énoncés constatifs des énoncés performatifs : les uns décrivent la réalité, les autres décrivent l'action en question. Le dialogue en tant que tel, est un mélange des deux.Les études interactionnistes ont permis au dialogue de prendre une place importante en termes d'analyse et d'étude. De ce point de vue, il en va que le dialogue est constitué d'un « tour de rôle » ou d'un « principe d'alternance » selon Kerbrat-Orecchioni. Bakhtine lui, donnait au dialogue le rôle d'être une forme d'échange interindividuel.

Le dialogue se définit ainsi par les répliques qui le compose et met en avant un caractère social de par la définition d'un Je qui s'adresse à un Tu. En s'adressant à un Tu, le Je prends non seulement conscience de soi mais également d'autrui en le mettant au même niveau que lui. Le dialogue a donc ce caractère social que le soliloque ne possède pas. Il serait intéressant par la suite de voir comment s'articule l'argumentation dans le dialogue pour établir une distinction avec le soliloque.

* 7Il s'agit dans ces cas-làde la communication bidirectionnelle ou interaction de base. Mais il existe en autre, la communication unidirectionnelle comme lorsque nous regardons la télévision ou encore lors d'un cours où un professeur s'adresse à ses étudiants.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand