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Les stratégies des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à  la diversification de l'économie tchadienne

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par Ali NASSOUR
Université Marien Ngouabi - Master 2016
  

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2-2 : Le modèle angolais

Les entreprises chinoises s'associent dans la plupart de cas à des sociétés africaines ou nationales pour l'exploration et l'exploitation des gisements, pour la construction des infrastructures, etc. Ce qui n'est pas le cas des multinationales occidentales qui travaillent naturellement seules ou en consortium entre elles91. Il y a plusieurs exemples des JV en Afrique, mais le cas le plus connu est celui de modèle angolais. Selon Martyn Davies et al., (2008), Sanfilippo. (2011), Dzaka. (2011), ce modèle correspond à un package deal mis en oeuvre par la Chine pour gestion optimale du risque pays en Afrique. Il lie l'APD, le commerce et les IDE effectués par les FMN publiques chinoises dans les pays d'accueil richement dotés en ressources pétrolières et minières. En effet, il convient de rappeler qu'aucune somme d'argent n'est directement prêtée au gouvernement africain, mais le gouvernement chinois mandate une firme publique de construction recevant en général le soutien financier de China Export-Import Bank pour réaliser des projets d'infrastructure avec l'accord du gouvernement africain92. En contrepartie de la provision de ces infrastructures, le gouvernement africain accorde aux FMN chinoises le droit d'exploiter des ressources naturelles dans le pays d'accueil via l'acquisition de parts dans une entreprise publique nationale sous forme de JV ou de licences de production.

91Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p. 145.

92 T. DZAKA. (2012), Le rôle des joint-ventures et alliances stratégiques dans l'internalisation des multinationales chinoises : évidence pour les pays d'Afrique Centrale, Editions ICES, Revue congolaise de gestion, pp. 105-107.

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Par ailleurs, pour montrer cette stratégie d'association, nous pouvons citer plusieurs exemples. L'Angola, par exemple, est un pays membre de l'OPEP depuis 2007, et actuellement 2e exportateur mondial de pétrole vers la Chine, après l'Arabie Saoudite, Sinopec a créé, en 2006, une JV, SSI (Sonangol Sinopec International) avec le partenaire public angolais, Sonangol (45%), pour une participation majoritaire du partenaire chinois (55%).L'objectif poursuivi consistait à exploiter conjointement les participations dans les blocs pétroliers offshores et de construire une seconde raffinerie du pays à Lobito, la Sonaref d'une valeur de 3,5 milliards de dollars et d'une capacité de 240000 barils/jour, toujours sous forme d'une JV entre Sonangol (70%) et Sinopec (30%). Il est vrai que les négociations sur le projet de la raffinerie ont été suspendues en 2007, l'Angola ayant décidé par patriotisme économique de réaliser seul ce projet pour réduire sa dépendance en matière de carburants importés qui est actuellement de l'ordre de 60%93.

Plus généralement, outre l'Angola, les trois principales FMN pétrolières chinoises (CNPC, SINOPEC, CNOOC) ont investi, à compter du milieu des années 2000, dans tous les autres pays pétroliers d'Afrique Centrale (Congo-Brazzaville, Tchad, Gabon, Guinée Equatoriale, Cameroun) en fonction de leur spécialisation à travers des alliances de type contrats de partage de la production, impliquant souvent comme partenaires les entreprises publiques pétrolières des pays d'accueil et/ou les majors pétroliers des pays occidentaux ou ceux des pays émergents (Dzaka, 2011). En effet, en République Démocratique du Congo (RDC), par exemple l'accord de prêt concessionnel chinois de 8,5 milliards de dollars a été conclu en avril 2008, conformément au « modèle angolais »: contrats miniers contre infrastructures et JV. Ce contrat apparaît à ce jour le plus important contrat chinois signé avec un Etat africain, ceci s'explique certainement par le fait que la RDC considérée comme un « scandale géologique » soit richement dotée en ressources minières (cuivre, cobalt, diamant, or, coltan, etc.) dont l'économie de la Chine a tant besoin pour poursuivre sa croissance rapide. Au terme de cet accord, a été constituée une JV minière, dénommée SICOMINES, entre l'entreprise publique locale, la GECAMINES (32%) et un consortium de cinq FMN chinoises (68%): China Railway Group Ltd, Sinohydro Corporation, China RailwaySino-CongoMining Ltd, Sinohydro Harbour Co Ltd, China Railway Ressources Development Ltd. En contrepartie du prêt concessionnel de la China Exim Bank (durée de remboursement: 30 ans; taux d'intérêt: 0,25%) un contrat d'exploitation des ressources minières réserves de

93 T. DZAKA. (2012), op. Cit., pp. 107-108.

10616070 tonnes de cuivre, de 626619 tonnes de cobalt et, pour un tonnage restant à déterminer, toutes substances minérales valorisables a été accordé à la Chine94.

Un autre exemple est celui du Tchad où la CNPC a livré clés en mains à l'Etat tchadien en juin 2011 sa première raffinerie d'une capacité de 20000 barils/jour. Dans cette JV dénommée société de raffinage de N'djamena (SRN), dont la durée de vie est prévue pour 99 ans, la CNPC détient une participation majoritaire à hauteur de 60% contre 40% pour la société des hydrocarbures du Tchad (SHT) 95 . La JV a prévu le volet transfert de connaissances aux travailleurs tchadiens notamment à travers la formation en Chine de 50 ingénieurs et techniciens. Ces derniers ont de ce fait, en 2010, passé un stage professionnel en Chine dans le domaine de la gestion et l'exploitation dans l'industrie du raffinage. Cette formation a été complétée au Tchad par un stage d'imprégnation des stagiaires tchadiens aux normes de sécurité sur le site de la raffinerie, sous l'encadrement d'ingénieurs chinois.

Nous convenons de ce qui précède, que les stratégies d'implantation des FMN chinoises divergent de celles des firmes occidentales. Elles lient, comme nous venons de le voir, la coopération, l'aide publique au développement et l'IDE. C'est dans cette perspective que nous nous posons la question de savoir : quels sont les effets de ces stratégies sur la diversification de l'économie tchadienne ? C'est ce que nous allons examiner dans la partie qui suit.

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94 T. DZAKA. (2012), op. Cit., pp. 111-112.

95 Idem

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Deuxième partie : Les effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne

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Depuis plus d'une décennie nous assistons de plus en plus à la présence des investissements directs étrangers d'origine chinoise. Face à l'ampleur de ce phénomène un consensus se dégage parmi les auteurs pour dire que les impacts de ses investissements sur les économies sont loin d'être atteints du fait de leur caractère récent. Dans un rapport de la Banque mondiale ces auteurs constatent qu'il est difficile d'obtenir des données désagrégées pour mener une analyse un peu fine des rapports entre la Chine et l'Afrique, d'où leur nécessité de définir une méthodologie pour constituer une base des données relative à leur objet de recherche. De plus les statistiques sur les IDE chinois présentent quelques différences par rapport aux autres IDE notamment ceux des pays développés. Les statistiques chinoises sur les IDE sortants présentent des lacunes majeures qui rendent les évaluations de montant, nombre et secteurs d'investissement particulièrement difficiles.

C'est pourquoi, dans cette partie, nous nous proposons de présenter d'abord les investissements directs étrangers (IDE) chinois au Tchad (Chapitre III) et puis ensuite d'analyser l'apport de ces investissements sur la diversification de l'économie tchadienne (Chapitre IV).

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CHAPITRE III : LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS (IDE) CHINOIS AU TCHAD

L'objectif de ce chapitre consiste à présenter les investissements directs étrangers (IDE) chinois au Tchad. Pour ce faire, la question des conditions de l'attractivité des investissements directs étrangers (IDE) est devenue au coeur des réflexions stratégiques des pays en voie de développement (Ferrara et Henriot, 2004). Durant ces dernières années, on a assisté à une concurrence entre les responsables gouvernementaux pour attirer les firmes multinationales. Certains ont joué sur les politiques fiscales en proposant des exonérations pendant une période donnée. D'autres pays ont proposé des subventions spécifiques et une atténuation des restrictions imposées habituellement comme le contenu local minimum ou bien la limitation de l'importation des biens intermédiaires à un montant lié aux exportations, un niveau maximum d'exportation, etc.96 C'est pourquoi, nous nous proposons de présenter dans ce chapitre, les politiques d'attractivité d'IDE (section 1) avant d'aborder les investissements directs étrangers (IDE) chinois au Tchad (section 2).

Section 1 : Les politiques d'attractivité d'investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

Dans les années 1950 et 1960, les flux d'investissements directs étrangers (IDE) à destination des pays en voie de développement (début de leur accession à l'indépendance) étaient très faibles. Cela s'explique par le fait que, pour des raisons politiques, beaucoup de décideurs considéraient l'IDE comme une menace réelle et un facteur de dominance pouvant porter atteinte à la souveraineté nationale nouvellement acquise (Alaya, 2004). L'IDE était considéré comme un facteur de domination et les firmes multinationales étaient soupçonnées de réduire le bien-être social par la manipulation des transferts, des prix et la formation d'enclaves économiques. Aujourd'hui, on assiste à un changement radical de l'attitude des pays en voie de développement vis-à-vis de l'investissement direct étranger. Le comportement de suspicion est désormais remplacé par une politique de promotion visant à drainer des flux substantiels d'IDE (Oman, 2000). Ce changement d'attitude a été rendu possible en partie grâce à un environnement économique mondial de plus en plus libéral et une littérature économique abondante vantant les mérites de l'IDE.

L'objet de cette section consiste à montrer comment les politiques d'attractivité d'IDE au Tchad sont organisées. Cependant, on entend par la politique d'attractivité l'ensemble des

96 DRISS Slim. (2007), op. Cit., p. 138.

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politiques économiques, fiscales, douanières et institutionnelles que les autorités ont élaboré afin de rendre le pays attractif aux yeux des investisseurs. C'est pourquoi, nous verrons dans le paragraphe suivant comment l'attractivité d'IDE est organisée au Tchad.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote