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Les stratégies des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à  la diversification de l'économie tchadienne

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par Ali NASSOUR
Université Marien Ngouabi - Master 2016
  

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Section 2 : Les investissements chinois au Tchad

La mondialisation financière a été facilitée par l'internationalisation de la production et la croissance des industries, le rythme rapide des changements technologiques et la déréglementation des services financiers. Les nouvelles technologies de l'information permettent la circulation transfrontalière de données financières, 24 heures sur 24. L'entrée d'IDE dans les pays en développement est généralement considérée comme favorable: source de financement plus stable que les investissements de portefeuilles, apports de technologies, producteurs d'effets d'apprentissage, ils constituent une alternative à l'APD.

L'objet de cette section consiste à présenter les investissements chinois au Tchad. Pour ce faire, un bref rappel sur les investissements au Tchad dans le cadre général nous permettra de mener à bien ce travail. C'est pourquoi nous nous proposons d'aborder dans cette section la typologie d'IDE au Tchad (paragraphe 1) d'une part et les caractéristiques des investissements réalisés par les entreprises chinoises au Tchad (paragraphe 2) d'autre part.

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Paragraphe 1 : La typologie d'investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

Depuis le boom pétrolier, le Tchad a enregistré des entrées d'IDE importants de son histoire et de nombreuses études et rapports estiment qu'il sera l'un des pays d'Afrique Centrale qui recevra dans l'avenir le plus d'IDE. Dans ce paragraphe, nous abordons dans un premier temps, l'origine d'IDE au Tchad (1-1) et dans un second temps, la répartition sectorielle d'IDE au Tchad (1-2).

1-2: L'origine d'investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

En Afrique, il existe une forte corrélation entre le pays d'origine d'IDE et le pays d'accueil. Les premiers investissements vers cette zone furent fortement influencés par des liens coloniaux et la langue parlée. On rencontre facilement les investisseurs français au Gabon, au Congo, au Tchad et au Cameroun, pays colonisés par la France et qui ont en commun la langue française; on rencontre également les Anglais au Cameroun (pays bilingue qui fut jadis colonisé par l'Allemagne mais placé sous mandat français et britannique) et enfin les Espagnols en Guinée Equatoriale111. Cependant, au Tchad, de 1960 jusqu'aux années 2000, les investissements étrangers étaient pratiquement inexistants. La véritable apparition d'IDE remonte au début des années 2000 avec la découverte de gisements du pétrole par les compagnies américaines et malaisiennes Exxon Mobil, Petronas et Chevron. En 2000, les Etats-Unis ont investi un montant de 155 millions USD d'actifs contre 100millions en 1999, soit une augmentation de 50% et un doublement en deux ans, faisant ainsi du Tchad son 67ème client. Les Etats-Unis ont pris la place du premier investisseur au Tchad surtout avec ses investissements dans le secteur pétrolier avec 70% du total d'IDE, la France vient en deuxième position avec un pourcentage de 11% du stock total d'investissements 112, le pourcentage restant appartenant à des investisseurs tiers tels que l'Inde, la Malaisie, le Bénin, le Burkina Faso, l'Egypte, l'Allemagne, l'Italie, le Mali, l'île Maurice, etc. En effet, le réchauffement de relations diplomatiques entre N'djamena et Pékin s'inscrit dans le cadre de la politique africaine de la Chine, lancée en janvier 2006 par le gouvernement chinois. La Chine est devenue l'un des plus grands investisseurs au Tchad, elle a investi dans les domaines tels que l'exploration et exploitation du pétrole, les infrastructures routières, sanitaires et des bâtiments, l'industrie textile, hôtellerie, bref dans presque tous les secteurs de l'économie tchadienne.

111Ibrahim NGOUHOUO. (2008), op. Cit., p. 32. 112Idem

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1-2 : La répartition sectorielle des investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

La décision d'investir en Afrique repose principalement sur l'existence de sous-sol riche (en minerais et hydrocarbures) et la possibilité d'un marché de plus de trente-deux millions d'individus. La recherche d'une main-d'oeuvre bon marché est une motivation secondaire car les investisseurs reprochent souvent à l'Afrique le coût relativement élevé de sa main-d'oeuvre, en comparaison aux autres pays en voie de développement, notamment ceux d'Asie du Sud-Est et du Sud-Ouest113. Cependant, dans la zone CEMAC les IDE sont inégalement répartis dans quatre secteurs principaux de l'activité économique: minerais, hydrocarbures, manufactures et les services. En 2004, on estime à 3171millions de dollars le montant d'IDE vers la CEMAC et de ce montant, environ 85% de ces IDE étaient investis dans le secteur des hydrocarbures et des minerais, 11% dans le secteur manufacturier (industrie) et environ 4% dans le secteur tertiaire114. Il faut cependant noter que cette répartition varie selon les pays et cette part est plus ou moins justifiée selon qu'on se trouve au Congo, au Gabon, en Guinée, au Tchad ou au Cameroun.

En effet, le Tchad est sans doute l'un des pays de l'Afrique Centrale qui a reçu le moins d'IDE entre l'indépendance en 1960 et l'ère de la découverte du pétrole en 1999. Cette situation est due pour une large partie aux obstacles naturels (pas de côte maritime) et surtout à la diversité ethnique et religieuse exploitée négativement par des politiciens véreux. Au Tchad, environ 80% d'IDE sont concentrés dans le secteur industriel dont environ 95% dans le seul secteur pétrolier. Les 20% restants sont répartis entre les secteurs primaire et tertiaire. La France détient le monopole d'IDE dans l'agriculture avec une part importante dans la société de production de coton. La présence française dans ce secteur est aussi fortement marquée par la transformation de la canne à sucre à travers Vilgrain (sucre) et Dagris (coton), Castel (bière)115. Depuis 2006, la Chine est devenue le plus grand investisseur avec des investissements de grande envergure dans presque tous les secteurs de l'économie avec des sociétés telles que: la CNPC, la ZTE Corporation, la China CAMC Engineering Ltd, etc.

En outre, on trouve les investisseurs Américains et Malaisiens dans le secteur pétrolier avec la société Exxon Mobile. On trouve également les IDE français dans la distribution des produits pétroliers (Schlumberger et Foraco), le transport transit, la restauration, l'hôtellerie avec les groupes Accor et le Méridien; le secteur financier est représenté par la Société

113Article : Pablo Gabriel Ferreira. (2010), Les théories des firmes transnationales issues des pays en développement et les pétrolières étatiques : les cas PDVSA et Petrobras, Centre de recherche-CEIM, p. 7.

114 Ibrahim NGOUHOUO. (2008), op. Cit., p. 35.

115 Idem

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générale, Biat, Financial, Gras Savoye, le conseil concentrant 16% d'IDE116. Et enfin, nous n'oublions pas non plus la présence de l'Inde à travers le projet Techno Economic Approach for Africa-India Movement, auquel on se réfère plus communément sous la dénomination de Team 9. Il s'agit d'une initiative du gouvernement indien lancée avec huit pays d'Afrique de l'Ouest, dont six francophones. A travers ce projet, le Tchad s'est vu octroyer un prêt de 50 millions de dollars sur 20 ans avec une période de grâce de cinq ans et un taux d'intérêt de 2,5% dès la fin d'intensification de l'investissement local117. En effet, le Tchad, à l'instar d'autres pays africains, n'a pas bénéficié d'une entrée plus importante des flux d'IDE. Le graphique suivant donne l'évolution des flux d'IDE au Tchad entre 1980 et 2012.

Graphique 1 : Evolution des flux d'IDE au Tchad en millions de dollars (1980-2012)

1000

-200

-400

400

800

600

200

0

IDE

IDE

Source : Graphique réalisé par l'auteur à partir des données de la Banque Mondiale

Ce graphique montre qu'après avoir connu une certaine stabilité dans la décennie 1990, le Tchad a enregistré des entrées d'IDE variant entre 18 millions de dollars en 1990 et 9,4 millions de dollars. Cette tendance s'est accentuée en 2000 et 2001 avec des entrées d'IDE respectivement de 115 et 459 millions de dollars. Cette hausse spectaculaire est le résultat de la mise en chantier de l'oléoduc Tchad-Cameroun qui conduit le pétrole tchadien vers l'exportation à travers le territoire camerounais. Une tendance à la hausse s'est accélérée entre 2002, 2003 et 2004 dont les montants respectifs sont 924 ; 712 et 466 millions de dollars

116 Ibidem

117 BAD. (2012), op. Cit., pp. 20-22.

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avant de connaître une baisse drastique entre 2005 et 2007. En effet, cette baisse s'explique d'une part par la période d'instabilité politique dans le pays et d'autre part par la crise économique et financière de 2008. Et enfin, entre 2008 et 2012 la tendance s'est poursuivie, elle a été en dents de scie.

Nonobstant notre analyse, la faible attractivité d'IDE au Tchad relève de causes (internes et externes) conjoncturelles et structurelles dont voici certaines : le rapport Doing Business continue de classer le Tchad dans la catégorie des pays où il est le moins simple de faire des affaires en 2014 (189ème sur 189 pays) ; à cela s'ajoutent également d'autres facteurs internes tels que :

- une administration lourde ne facilite pas souvent les formalités de l'investissement ;

- le caractère trop informel des activités économiques du pays ;

- l'instabilité régionale, certains investisseurs ont tendance à considérer globalement une région sans se soucier forcément des caractéristiques particulières de chaque pays (trouble politique en Libye, au Soudan et en Centrafrique, le phénomène de Boko Haram au Cameroun, Niger, et Nigeria) ;

- la corruption à tous les niveaux ;

- le faible développement du secteur privé formel ;

- l'insécurité grandissante ;

- et enfin, l'absence d'infrastructures routières.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery