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Les stratégies des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à  la diversification de l'économie tchadienne

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par Ali NASSOUR
Université Marien Ngouabi - Master 2016
  

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Section 1 : L'économie tchadienne avant et après l'exploitation du pétrole

L'économie tchadienne se caractérise par une faible productivité, surtout dans l'agriculture dont les moyens et techniques de production restent rudimentaires et traditionnels. C'est une agriculture de subsistance. La couverture alimentaire qui était de 22% en 1963 a connu de très fortes détériorations dans les années 1980 et 1990, à cause de la sécheresse et des aléas climatiques, d'où des déficits chroniques observés, particulièrement dans les années 1983 et 84. Cette situation a poussé le pays à une importation respectivement de 45% à 56% de sa production agricole pour satisfaire les besoins alimentaires de sa population (profil démographique et économique du Tchad, CERPOD, 2003). Les années 1970 ont été marquées au Tchad par de sérieuses difficultés économiques et financières qui sont liées au faible niveau de développement économique. Elles ont été aggravées par la crise politico-militaire occasionnant une rupture économique 128 .Mais depuis les années 2000, l'économie tchadienne vit à l'ère du pétrole. L'exploitation de cet « or noir » a constitué le principal moteur de la croissance. Il a permis d'enregistrer un taux de croissance record de

127 Banque de France. (2007), Diversification économique en Afrique Centrale : état des lieux et enseignements, p. 113. 128: DJERABE Kélos. (2009), Pauvreté des ménages et travail des enfants au Tchad : niveaux et déterminants, mémoire de master en démographie, IFORD, Université de Yaoundé II, Cameroun.

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31.3% (FMI, INSEED, 2006). Pour mieux appréhender le contexte économique du Tchad, il nous paraît important d'aborder la doctrine économique du Tchad (paragraphe 1) d'une part et d'autre part l'économie tchadienne à l'ère pétrolière (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La doctrine économique

A l'instar de beaucoup d'autres pays africains, le Tchad, au sortir de l'indépendance a largement mené une politique de développement économique qui n'est pas adaptée avec ses potentialités. Il a choisi sans ambiguïté la voie du libéralisme qui, au plan de la vie économique, repose sur les principes de la propriété privée des moyens de production et de l'ouverture sur l'extérieur, comparativement à d'autres pays qui ont des atouts similaires mais optent pour la collectivisation des moyens de production et le développement endogène. A la faiblesse des structures économiques héritées de la colonisation, s'est ajouté le manque de stabilité politique engendrée par les conflits armés. Le Tchad a des potentialités énormes: le sous-sol est très riche (or, hydrocarbure, etc.) et ne demande qu'à être mis en valeur. Outre les atouts économiques, il existe aussi des obstacles externes et internes qui limitent le développement de ce pays. Les obstacles internes majeurs sont les turbulences qui existent partout dans le pays en terme de rébellion armée qui ruine l'économie du pays. En plus de cette rébellion, les conditions climatiques ne sont pas favorables pour certaines cultures. Par ailleurs, il faut souligner que le pays manque d'industries et d'infrastructures de base susceptibles de stimuler son développement économique. L'enclavement et les carences en infrastructures rendent toute activité productrice trop chère.

En effet, le début des années 1990 est marqué par la reconstruction de l'Etat tchadien avec l'organisation de la conférence nationale souveraine (CNS) en 1993 dont le but n'est rien d'autre que de jeter les jalons d'un Etat démocratique et économiquement prospère. Cette période a été marquée par un faible niveau des recettes fiscales et une forte dépendance à l'aide internationale. Elle coïncide aussi avec les programmes d'ajustement structurels (PAS) dont l'une des conséquences est la dévaluation du franc CFA, monnaie communautaire utilisée par le Tchad. Cependant, le Tchad s'est engagé en 1994 dans ce programme d'ajustement économique qui a donné lieu à l'approbation d'un accord de confirmation avec le FMI en mars 1994. Compte tenu du dérapage des recettes budgétaires constaté au premier semestre de l'année, le FMI a suspendu les tirages et défini un programme de référence sans décaissement des bailleurs de fonds. Toutefois, fin mai 1995, le Tchad a repris les négociations en vue de la signature d'un accord triennal au titre de la facilité d'ajustement

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structurel renforcé (FASR) qui ont abouti à la signature d'un accord approuvé le 1er septembre 1995 par le conseil d'administration du FMI. Cet accord couvre une période de trois ans avec pour principaux objectifs la stabilisation macroéconomique et la création d'un environnement favorisant une croissance soutenue à moyen terme.

En particulier, il s'agissait de renforcer les recettes budgétaires, d'améliorer l'efficacité de l'administration publique et de revitaliser l'économie à travers la libéralisation des prix et du commerce extérieur, la privatisation et l'amélioration du dispositif réglementaire. Dans l'ensemble et en particulier dans le domaine des finances publiques, le programme a été satisfaisant dans la mesure où entre 1995 et 1997, les mesures adoptées ont permis d'accroître les recettes fiscales et douanières. L'assiette fiscale a été élargie et les exonérations limitées et mieux contrôlées. Des réformes ont amélioré le fonctionnement des administrations fiscales et douanières, permettant un recouvrement plus efficace. Un fichier unique des contribuables a été élaboré en 1995. Grâce à ces dispositions, les recettes fiscales ont plus que doublé entre 1994 et 1999 passant de 27,6 milliards pour s'établir à 68,3 milliards de franc CFA. C'est dans cette perspective que nous abordons dans ce paragraphe l'analyse historique de la croissance économique (1-1) ainsi que celle des agrégats macroéconomique (1-2).

1-1: L'analyse historique de la croissance économique

Comprendre l'évolution de l'économie tchadienne est un exercice essentiel car, déceler les raisons des faibles performances économiques du pays permettrait de poser les jalons d'un avenir plus prospère. L'histoire de l'économie tchadienne peut se décomposer en cinq périodes, marquées par d'importants événements politiques et économiques. Ces événements constituent donc des référentiels permettant une meilleure compréhension des fluctuations du produit intérieur brut.

De 1960 à 1975, les performances économiques du Tchad ont été médiocres. En effet, cette période est marquée par le début de l'instabilité politique à partir de 1965, la croissance économique a été faible. En moyenne sur cette période, le taux de croissance du PIB/hab a été négatif et se situe autour de -1,06%. Exprimé en niveau, le PIB/hab passe de près de 550 dollars pour s'établir à 463 dollars en 1975 correspondant à une baisse absolue de 87 dollars.

A partir de 1975 jusqu'à 1982, à cause des insurrections armées qui se généralisent à l'ensemble du pays, on a enregistré les plus mauvaises performances économiques. La propagation de la guerre civile à l'ensemble du pays se solde par l'effondrement de l'Etat tchadien et de l'appareil productif en 1979. Ainsi, de mars 1979 à juin 1982, la zone

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méridionale était coupée du reste du pays et cela dans une situation de quasi autonomie. La production de coton grain qui constituait alors la principale source de devises du Tchad était acheminée directement vers l'extérieur. Durant cette période, les infrastructures de base ont subi d'importants dommages, ce qui a eu pour conséquence une désorganisation complète de la vie économique. En particulier, de nombreuses entreprises industrielles et commerciales ont dû cesser leurs activités, privant l'Etat de recettes fiscales. Ces lourds handicaps expliquent le fait que le pays soit dépendant de l'aide internationale. Conséquence de cette situation, le PIB/hab chute brutalement passant de 467,2 dollars/hab à 330,5 dollars en 1982 soit une baisse de près de 42%. Durant cette période, la croissance réelle tourne autour de -4,37% en moyenne annuelle.

De 1983 à 1990, l'économie est marquée par une relative stabilité politique comparativement à la précédente ayant pour conséquence la concrétisation des performances économiques qui contrastent avec les périodes précédentes. La communauté internationale et les bailleurs de fonds en particulier reconnaissent les efforts réalisés par le gouvernement tchadien dans la lutte contre la corruption et l'incurie qui ont caractérisé les périodes antérieures. Malgré ces succès, l'économie éprouve des difficultés en relation avec l'effondrement de la filière coton. En effet, avec les années de conflits, la société Coton-Tchad fut confrontée à des difficultés de gestion interne caractérisées par un laxisme généralisé. En outre, étant la seule structure organisée dans le sud du pays, l'Etat tchadien et le comité permanent en particulier ont opéré des ponctions importantes dans les finances de la société. A ces difficultés, il faut ajouter également la chute des cours mondiaux du coton et la baisse du cours du dollar, devise avec laquelle la plupart des transactions sur les matières premières étaient conclues. Durant cette période, la Coton-Tchad représentait un mastodonte dans la mesure où elle faisait vivre directement ou indirectement près de deux millions de personnes soit près de deux tiers de la population totale du pays. Enfin, la filière cotonnière rapportait 35% des ressources budgétaires et constituait 80% des exportations en valeurs.

De 1990 à 1999, cette période coïncide avec la reconstruction de l'Etat tchadien (l'organisation de la conférence nationale souveraine en 1993) et les Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) dont l'un des objectifs ultimes est la dévaluation de la monnaie communautaire utilisée par le Tchad. La dévaluation a permis au Tchad de renouer avec une croissance positive après la chute de l'activité économique en 1993. En plus de cela, le réajustement monétaire a entraîné une forte croissance de la production de coton, des exportations de bétail et de gomme arabique, tandis que l'effet revenu de la dévaluation

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déprimait les importations et stimulait la demande de produits nationaux. Le PIB a ainsi marqué une croissance significative de 7,2 % en 1994. Les PAS enclenchés au Tchad en 1995 ont débouché sur la privatisation de toutes les banques et presque toutes les entreprises publiques ainsi qu'à la liquidation de certaines d'entre elles. Cette politique a permis la réduction du déficit des finances publiques qui est passé de 14,2 % du PIB réel en 1994 pour s'établir à 9 % en 1998. En outre, la politique budgétaire mise en oeuvre durant cette période a conduit à un assainissement des finances de l'Etat permettant le rétablissement des équilibres macroéconomiques et une certaine crédibilité du pays. Le PIB/hab passe de 409,2 dollars en 1990 à 384,5 dollars en 1999, soit une baisse de l'ordre de 6%. En moyenne annuelle, la croissance par habitant tournait autour de - 0,4%. Cette situation résulte d'une forte chute du PIB en 1993 de -15,9 occasionnée par la baisse de la production agricole mais aussi de l'effet de la fermeture des frontières camerounaises et nigérianes.

Et enfin, la période de 1999 à 2010, est celle où l'économie tchadienne vit à l'ère pétrolière, avec la construction du pipeline Tchad - Cameroun et l'ouverture de la première vanne en octobre 2003. Cependant, nous allons aborder cette partie dans le prochain paragraphe.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway