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Approche par compétences et changement de paradigmes représentations d'un échantillon d'enseignants à  propos de leur métier, de l'apprentissage et de l'enseignement

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par Badya LAGE
Université de Rouen - Master recherche 2 2007
  

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Conclusion : Éléments de Représentations recueillis :

Les différents éléments recueillis à partir de notre enquête peuvent être résumés dans le tableau ci-dessous. Ainsi, la majorité des enseignants de notre échantillon, sans noter une grande différence entre ceux du lycée qualifiant et ceux du lycée collégien, pensent que :

 

Éléments de représentations

 

* ils comprennent « le cours » après explication de

 

l'enseignant ;

 

* ils arrivent à répondre aux questions posées par

Les élèves apprennent quand :

l'enseignant que ce soit dans le cours ou au contrôle continu ;

 

* ils arrivent à faire les tâches scolaires demandées.

 

* l'enseignant simplifie et explique bien son cours ;

 

* les élèves mémorisent et révisent leur cours chez eux

 

*ils terminent le programme ;

 

*ils expliquent de différentes façons leurs cours ;

 

* ils simplifient et réduisent la complexité du contenu

Les enseignants enseignent

étudié

correctement quand :

*ils font souvent des contrôles pour « pousser » l'élève à réviser son cours ;

 

*ils aident l'élève à construire sa connaissance par le biais de plusieurs questions ;

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*ils leur laissent le temps pour réfléchir sur les activités, pour utiliser le brouillon ou pour écrire le résumé du cours ;

*ils donnent des astuces et des conseils à l'élève.

Le rôle de l'enseignant est :

* de faire le programme ;

* d'être à l'écoute des élèves et d'être proche d'eux ;

* de corriger les erreurs des élèves

* de les contrôler

* de les éduquer

Le rôle de l'élève est :

* d'être assidu ;

* de faire les tâches demandées, en cours ou hors

cours ;

*de réviser, de comprendre et d'apprendre ses cours ;

* de faire de la recherche chez lui ;

* d'arriver à synthétiser ses cours ;

*de s'enrichir par le travail individuel.

L'exercice du métier
d'enseignant consiste en :

* une application des instructions officielles * une exécution des tâches programmées * une dépendance et une absence d'autonomie * une passivité dans l'exécution du métier

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III/ Vers la recherche de modèles de références

Les représentations sont à rechercher dans ce qui existe derrière ce qui est dit, dans les interstices du déclaré. Car ce que déclare un enseignant ne correspond pas à un fait mais à sa conviction en références à certaines situations (Rouiller, 2005).

Dans cette partie, nous cherchons à supposer l'organisation des éléments de représentations déduits des différentes discussions avec les enseignants de notre échantillon, plus précisément, à partir des discussions résultant de l'analyse des séances enregistrées. Cela, dans le but de déterminer le ou les modèles auxquels se réfèrent les enseignants et ainsi déterminer le noyau central de leurs représentations. Même si nous sommes consciente que les outils utilisés dans cette recherche restent incomplets pour repérer et faire émerger les éléments de représentations, pour étudier les relations entre eux et déterminer ainsi la signification centrale (le noyau).

L'entretien collectif, l'entretien individuel et l'analyse des séances, nous ont permis de déduire les propositions ci-dessous :

- L'apprentissage est la conséquence d'une compréhension d'un savoir simplifié et bien expliqué et présenté.

- Apprendre c'est connaître. Il est le résultat d'une compréhension et d'un enregistrement d'une connaissance non connu auparavant.

- L'apprentissage nécessite la réalisation de plusieurs exercices, ainsi que la maîtrise de certaines astuces,

- Le savoir exposé par l'enseignant n'est pas attendu par la majorité des élèves. Ces derniers ne veulent pas travailler. Ils ne sont ni motivés, ni bien éduqués.

- Les erreurs commises par les élèves sont des fautes causées par un manque de travail, d'attention, de révision, de pré-requis. L'élève est responsable en grande partie de ses erreurs. Une reprise du cours et une ré-explication de ce qui n'a pas été compris permettent de les corriger.

- L'élève est responsable de son apprentissage, dans le sens de l'accumulation des connaissances et non dans le sens d'une construction de la connaissance. Les représentations, les intérêts ainsi que les besoins des élèves ne sont pas pris en considération dans la préparation et la réalisation du cours.

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- L'enseignant ne s'occupe pas à faire apprendre à l'élève comment apprendre, ni comment construire ses connaissances, ni comment les mobiliser dans différentes situations.

- Il ne travaille pas à partir des pré-acquis des élèves. Il ne prépare pas son cours dans l'intention de créer les conditions pour permettre à l'élève de construire ses connaissances.

- L'autorité, la maîtrise des élèves et leur contrôle sont des critères indicatifs d'un bon enseignant, surtout en secondaire collégial. Sans cela, l'enseignant ne pourrait transmettre le savoir programmé et le faire apprendre à l'élève.

Des différents éléments soulevés ci-dessus, nous pouvons avancer que l'apprentissage, selon ces enseignants, est subordonné à l'enseignement. Sans l'enseignement d'un savoir, il ne peut y avoir l'apprentissage. Une telle conception de l'apprentissage est reflétée par les modèles du paradigme d'enseignement (Tardif, 2001), le modèle transmissif et le modèle béhavioriste.

L'importance donnée à l'explication et à la simplification du savoir enseigné par une majorité des enseignants de notre échantillon laisse penser que l'acquisition du savoir se fait par une transmission de la connaissance de celui qui connaît vers celui qui ne connaît pas. Toutefois, dans le discours de ces enseignants, c'est le savoir programmé dans le manuel qui constitue la principale référence. L'enseignant dans ce cas, est le seul apte à comprendre son contenu, à le simplifier et à l'expliquer à l'élève pour pouvoir l'acquérir. Ces propos s'accordent plus avec l'idée de l'apprentissage présente dans le modèle transmissif (Giordan in Asensio, Astolfi, Develay, 2002) ainsi, qu'avec l'idée d'un métier et d'une exécution des tâches par l'enseignant (Astolfi, 2003).

En outre, les erreurs sont considérées comme des fautes et comme des déficiences que ce soit chez l'élève ou dans la démarche de certains enseignants. Elles ne sont pas considérées comme des symptômes des modes de pensées des élèves ou comme des éléments permettant de caractériser des états des lieux cognitifs. Le modèle constructiviste qui prend en compte les erreurs des élèves en les utilisant comme révélateurs des obstacles semble éloigné du modèle utilisé par ces enseignants. Il ne nous est pas apparu de possibilité de construction d'apprentissage par résolution de problèmes soulevés par les élèves. Les enseignants proposent des activités qui sont prédéterminées et qui n'offrent pas des

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possibilités aux élèves pour s'impliquer dans l'action ou pour s'inscrire dans un projet. Il leur reste seulement de les exécuter dans un temps précis, sans qu'ils puissent s'approprier les enjeux de l'apprentissage.

Dans tous les cas, le rôle de l'enseignant reste celui du maître enseignant transmetteur du savoir (Paquay, 1994, 2006), qui enseigne tout en se basant sur des activités qui correspondent à des tâches à accomplir par l'élève en tant qu'un exécutant. Ceci nous pousse à supposer que l'activité de l'enseignant est loin de permettre un apprentissage par l'action et une réflexion sur l'action.

Cette subordination de l'apprentissage à l'enseignement est enregistrée aussi, dans le discours des enseignants sur leur propre apprentissage. Certains enseignants attendent que des formateurs les forment et leur apprennent des modèles théoriques afin qu'ils arrivent à changer leurs pratiques selon les prescrits de la réforme. L'initiative, la création, l'innovation, sont des termes absents dans le discours de ces enseignants. Aussi la réflexion sur les stratégies adoptées ou sur les jugements avancés, semble ne pas être le point fort du discours de la majorité des enseignants de notre échantillon. Cette réflexion sur l'action qui permet généralement, une distanciation, une mise en conscience des processus cognitifs sous jacents et une construction justifiée des connaissances sur les pratiques, semble être influencée par le modèle didactique transmissif d'un côté et par celui du maître « instruit », « artisan » d'un autre côté.

Certains enseignants, même s'ils sont conscients de l'importance du développement de la personne dans l'apprentissage et l'importance de donner du sens à l'apprentissage, ils n'arrivent pas à innover et à travailler dans ce sens. Les représentations qu'ils ont sur comment apprendre et sur le rôle de l'enseignant constitueraient des obstacles aux changements de leurs pratiques. Aussi, l'absence d'une formation permettant une réflexion sur l'action et une conceptualisation résultant de la confrontation à des grilles de lectures théoriques (Paquay, in Pastré, 2006) ne leur permet pas de faire évoluer et de développer des compétences professionnelles.

Les enseignants de notre échantillon, ne peuvent être considérés comme des professionnels, si on ne se base que sur leur discours. Un professionnel, d'après Perrenoud (2001) « est censé réunir les compétences du concepteur et celles de l'exécutant : il identifie

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le problème, le pose, imagine et met en oeuvre une solution, assure le suivi ». Nos enseignants identifient le problème et mettent en oeuvre des solutions selon leur cadre de référence et selon leurs répertoires cognitifs mais dans le cadre d'un paradigme d'enseignement et non celui de l'apprentissage. Les représentations qu'ils ont sur leur rôle en tant qu'exécutant semblent être des obstacles à un investissement personnel et réfléchie dans des situations complexes.

Nos hypothèses de recherche semblent être confirmées pour les enseignants de notre échantillon. Ces derniers se réfèrent dans leurs pratiques aux modèles appartenant au paradigme d'enseignement. Aussi se considèrent-ils comme des exécutants des tâches de leur métier. De tels modèles pourraient avoir des conséquences sur leur compréhension des prescrits de la réforme. Aussi pourraient-ils être des obstacles à leur engagement dans le changement et même dans leur propre apprentissage.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille