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L'initiative 3N

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par Severain Koffi
Institut Africain de Technologie - BTS en Transport Logistique 2016
  

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III. DEFIS, ATOUTS, CONTRAINTES, OPPORTUNITES

L'initiative 3N s'inscrit dans une perspective d'exploitation au mieux des atouts et avantages comparatifs des secteurs agricole et agroalimentaire du Niger tout en s'insérant dans l'économie régionale voire globale et en préservant le capital productif pour les générations futures.

3.1. Défis majeurs à relever

Les défis à relever sont nombreux et divers. Les plus pressants pour assurer une croissance agricole soutenue et une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable, à partir des productions nationales, sont : la pression démographique et l'urbanisation, la croissance du cheptel nigérien, la garantie d'un revenu décent aux producteurs dans un contexte de pauvreté des ménages, l'intégration régionale et la globalisation, l'adaptation au changement climatique et autres facteurs de risques.

Premier défi : Nourrir une population de plus en plus nombreuse et s'adapter à la demande urbaine

Le Niger comptait en 2010, 15 203 822 dont 50,1% de femmes. Près de 8 nigériens sur 10 vivent en milieu rural. La population nigérienne serait d'environ 18,3 millions d'habitants en 2015 et 21,7 millions en 2020 avec une population urbaine qui représenterait respectivement de 29,1% et 32,2%. Les dynamiques démographiques constatées devraient se poursuivre au-delà de 2020.En 2040, il est attendu qu'il y ait presque autant d'urbains que de ruraux. Si, les systèmes de productions ruraux actuels se maintiennent, la première conséquence du croît démographique est sans doute une pression de plus en plus forte sur les ressources naturelles et un morcellement des terres avec le risque que la surface par actif agricole ne suffise plus à couvrir les besoins alimentaires et/ou monétaires des ménages ruraux. Déjà, entre 1980 et 2006, la surface cultivée par personne a été réduite de 20% et serait passée de 0,55 ha à 0,44 ha.

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La forte croissance démographique associée à une urbanisation accélérée devrait se traduire par une demande alimentaire non seulement élevée mais également diversifiée. Répondre efficacement à celle-ci est un défi majeur pour le secteur agricole et l'économie nationale. En effet, avec l'urbanisation, les dépenses des ménages pour des céréales autres que le mil et le sorgho, les fruits et légumes et les produits d'origine animale sont accrues. Les ménages urbains dépensent plus pour le riz, le maïs et le blé plutôt que le mil et le sorgho qui sont les céréales courantes. Ces dépenses représentent respectivement 32,1% et 26,4% des dépenses totales. Par contre, en milieu rural, ces dépenses sont respectivement de 13% et 50,1%.

Ainsi, on assisterait à l'émergence d'un système de consommation alimentaire extravertie. Et, si la tendance est maintenue, l'agriculture nigérienne manquerait d'un puissant levier pour se transformer, car la frange la plus solvable ne s'approvisionnerait pas sur le marché local mais bien sur les marchés ouest africains et internationaux. Par contre, si pour les céréales, les tendances ne sont pas favorables aux produits locaux, il n'en est probablement pas pour la viande, les fruits et légumes ; même si ici aussi on assiste à une concurrence de plus en plus forte de la part de pays voisins et même, de pays lointains.

Second défi : Assurer une alimentation régulière et de qualité à un cheptel en forte croissance

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Pour les ménages vivant des sous-produits de l'élevage, la vulnérabilité est encore plus grande, les années où le déficit céréalier est doublé d'un déficit fourrager. C'est ainsi que le cheptel et les populations des zones pastorales ont été particulièrement affectées par les grandes crises alimentaires des années 1969-73, 1984 et celles plus récentes de 2005 et 2010. Entre 2000 et 2010, le bilan fourrager établi par les services d'Elevage fait ressortir 5 années déficitaires. Cela démontre qu'au moins une année sur deux, le cheptel du Niger, malgré l'immensité de l'espace pastoral, est confronté à un problème alimentaire que les éleveurs essaient de résoudre en exploitant les aires protégées, empiétant sur les espaces encore en culture, traversant les frontières et/ou en procédant à un déstockage forcé. Paradoxalement, malgré la crise fourragère qui survient fréquemment, le bétail nigérien n'a cessé de croître. A partir de 2007, cette croissance a été particulièrement remarquable avec un rythme annuel de 4,6% à 6%, du moins jusqu'en 2009. L'effectif du cheptel nigérien n'a pratiquement pas changé entre 2009 et 2010. Mais sur la décennie, le taux d'accroissement moyen a été de 2,9%. Assurer l'alimentation à un cheptel qui croît pratiquement à un tel rythme, dans un contexte de forte variabilité climatique et de dégradation des ressources naturelles est assurément un défi majeur pour le Niger.

Troisième défi : Assurer un revenu aux producteurs tout en tenant compte de la solvabilité des consommateurs

L'accroissement de la population, notamment dans sa composante urbaine devrait être un facteur stimulant pour que les agriculteurs investissent davantage afin de satisfaire la demande. Toutefois, investir plus dans les activités agricoles suppose aussi que la demande soit solvable et que les prix aux producteurs soient intéressants. Cela ne semble pas tout à fait le cas. Il se révèle en effet que la majorité des nigériens ont déjà recours au marché pour couvrir leurs besoins alimentaires et nutritionnels et que de nombreux agriculteurs ou éleveurs mettent en marché une partie plus ou moins importante de leur production. Pour les ménages nigériens qui ont une très faible accessibilité aux aliments : environ 14% dépendent à 42% du marché pour leur approvisionnement alimentaire, à 39% de l'aide alimentaire, à 2% de leur autoconsommation et à 17% d'autres alternatives. Alors que les ménages ayant une accessibilité moyenne aux aliments recourent au marché à raison de 61% pour leur alimentation.

Trouver un juste équilibre entre les prix à la consommation et la nécessité d'assurer un revenu décent et stable aux producteurs est sans aucun doute un défi majeur pour l'agriculture nigérienne. La hausse des prix à la consommation au niveau national du fait de la flambée sur le marché international et surtout celle survenant les années de déficit agricole et/ou pendant les périodes normales de soudures entraîne de facto l'exclusion de la frange la plus pauvre de la population. En grande partie, les pauvres du Niger sont les familles qui vivent dans des petites exploitations agricoles ou pastorales, des artisans et d'une manière plus globale des ruraux. En 2008, environ 6 ruraux sur 10 ont été considérés comme pauvres. Malheureusement, en cas de choc de production, ce sont ces familles dont l'essentiel de l'avoir provient des activités agricoles qui sont les plus touchées parce qu'elles n'ont pas suffisamment de revenus monétaires pour aller au marché. Tout accroissement démesuré des prix à la consommation sera un facteur d'aggravation de la pauvreté et de d'exclusion sociale pour une portion non négligeable des nigériens.

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Toutefois, notons également, que es bas prix à la consommation sont automatiquement répercutés sur les prix au producteur avec pour conséquence évidente, une incapacité des exploitants à renouveler leurs outils de production et surtout à investir dans la modernisation de l'exploitation. Contrairement à la perception courante, une grande partie des producteurs commercialisent une proportion de leurs productions. Dans plusieurs régions du pays, il ressort en effet que 66% des ménages agricoles vendent une partie de leurs productions (céréales, notamment) après la récolte1(*).

Malheureusement, force est de constater que depuis près de 20 ans, les prix au producteur n'ont que peu évolué pour des produits de base comme le mil.

Quatrième défi : S'adapter aux changements climatiques et réduire ses répercussions

Le climat du Niger se caractérise par une grande variabilité intra et inter annuelle de la pluviométrie qui se traduit par des épisodes de sécheresse pendant la saison des pluies et des années sèches récurrentes devenues de plus en plus fréquentes. Cette situation est liée en grande partie aux changements climatiques dont les manifestations à travers les effets néfastes des phénomènes climatiques extrêmes constituent un grand handicap pour le développement du pays. En effet, la fragilité des écosystèmes du pays le rend très vulnérable aux phénomènes de changements climatiques et le contexte socio-économique difficile affaiblit ses capacités d'adaptation. Face à une telle situation, des mesures d'adaptation s'imposent afin d'assurer un développement durable.

Cinquième défi : Réaliser le changement de mentalités des populations

Dans le contexte actuel du Niger, la pauvreté et l'insécurité alimentaire ne sauraient être expliquées par les aléas climatiques et la rudesse de la nature seulement. Certains comportements et pratiques sociaux en milieux urbain et rural ont contribué à aggraver cette situation. C'est notamment la corruption, le manque de conscience professionnelle, l'attentisme, l'émergence d'une culture d'assistanat et certaines habitudes alimentaires. Pour une évolution des mentalités et un changement profond des comportements, la sensibilisation et la communication pour la promotion du travail productif et de l'utilisation adéquate des ressources alimentaires et nutritionnelles sont développées.

* 1Sidikou AH, Seydou M et Garba S (2010) - La pauvreté chronique en milieu rural nigérien.

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