WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Déterminants de la performance de la capitalisation animale comme filet social informel privé au Burkina Faso.

( Télécharger le fichier original )
par Arnaud Wendpouiré SAVADOGO
Université Catholique dà¢â‚¬â„¢Afrique de là¢â‚¬â„¢Ouest/Unité Universitaire à Bobo-Dioulasso - Master recherche en Macroéconomie et Gestion du Développement 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.4. Interprétation économique des résultats

La spécificité des modèles à choix binaires en occurrence le Probit, est que les coefficients ne sont pas directement interprétables en termes de propensions marginales. C'est ainsi qu'on s'intéresse seulement aux signes de ces coefficients. Un signe positif (négatif respectivement) indique qu'une augmentation de la variable explicative considérée augmente (baisse respectivement) la chance de faire croître ou de stabiliser le troupeau.

Au début de notre analyse, nous avions huit (08) variables explicatives dont nous voulions apprécier les effets respectifs sur la probabilité pour un individu, de faire croître ou de stabiliser

47

le bétail qui lui a été transféré par un projet HIT. Cependant, au fur et à mesure de l'analyse, cinq (05) variables se sont avérées non pertinentes36 pour expliquer cette probabilité. Il s'agit notamment de l'âge des bénéficiaires (AGE), de leur secteur d'activités (SECT_ACT01), de l'âge des projets HIT (AGEPRO), du type de ciblage utilisé par les projets HIT pour choisir les bénéficiaires (CIBLSPE) et de la superficie des zones pastorales fonctionnelles situées dans les régions des bénéficiaires (SUPZP). Considérons ces cinq (05) variables au cas par cas.

V' AGE : la non pertinence de cette variable pourrait s'expliquer par le fait que dans le milieu social des zones d'enquête, quel que soit l'âge des bénéficiaires, ceux-ci ont à peu près les mêmes chances de faire croître ou de stabiliser leur bétail. Une autre explication est que dans les méthodes de ciblage des projets, l'âge n'est probablement pas suffisamment pris en compte.

V' SECT_ACT01 : cette variable est non pertinente probablement parce que dans le milieu socio-professionnel des zones d'enquête, le secteur d'activités des bénéficiaires ne les formate pas en termes de comportements avantageux ou contraignants en matière d'élevage.

V' AGEPRO : ici, la non pertinence est probablement liée au fait que dans le milieu institutionnel des zones d'enquête, aussi bien les jeunes projets (22 ans d'existence) que les vieux projets peuvent avoir les mêmes capacités en termes d'interventions HIT.

V' CIBLSPE : cette variable est non pertinente éventuellement parce que d'une part, la base de données secondaires ne prend pas en compte certains éléments comme le revenu des bénéficiaires. D'autre part il y aurait le fait que sur les 11 projets HIT au Burkina Faso, les données utilisées n'en concernent que cinq (05).

V' SUPZP37 : à ce niveau, la non pertinence peut être expliquée par la non prise en compte de certaines variables dans la base de données secondaires utilisée. En effet, les données recueillies ne prennent pas en compte un indicateur qui aurait pu davantage nous renseigner sur les superficies des zones de pâturage directement utilisées par chacun des bénéficiaires.

36 Lesdites variables avaient des coefficients non significatifs au seuil de 10%.

37 Variable rendant compte du capital naturel des zones d'enquête.

48

En définitive, lorsqu'un regroupement de certaines variables explicatives non significatives en sous-groupes des différentes formes de capitaux est réalisé, les constats suivants sont faits :

y' le capital institutionnel tel que nous l'avons décrit, n'est pas pertinent, puisque les deux

(02) variables (AGEPRO et CIBLSPE) y faisant allusion ne le sont pas. Cela s'explique par le fait que la base de données utilisée ne prenne pas en compte d'autres aspects comme la présence d'appuis vétérinaires ou pas, l'organisation ou pas de formations à l'intention des bénéficiaires, etc.

y' le capital naturel tel qu'il a été décrit n'est pas déterminant, en ce sens que la variable rattachée SUPZP n'est pas pertinente.

A la suite de notre raisonnement, il est ressorti que les variables explicatives déterminantes sont le niveau d'éducation des bénéficiaires (EDUC), l'ethnie des bénéficiaires (ETHNIES) et le sexe des bénéficiaires (SEXE). Les variables EDUC et ETHNIES ont des influences positives, tandis que le coefficient de la variable SEXE est de signe négatif.

En premier lieu, la significativité de la variable EDUC signifie que plus un individu est éduqué, plus il a de chances de faire croître ou de stabiliser le bétail reçu des projets HIT. En effet, la réception du bétail par les ménages pauvres et vulnérables crée au début un « stress » de gestion. Dès lors, des questions « existentielles » se posent : comment gérer ce bétail ? Comment le nourrir ? Qui va s'en occuper dans le ménage ? C'est à ce niveau que les disparités entre bénéficiaires liées notamment au degré d'éducation vont apparaître. Les bénéficiaires ayant un niveau d'éducation plus élevé trouveront des réponses plus rapidement aux questions sus citées, comparativement à ceux d'un niveau d'éducation plus bas. Nos résultats sont corroborés par les travaux d'AFIFI-AFFAT (1998) sur les conditions nécessaires à la durabilité des modèles HIT du point de vue des bénéficiaires et des projets. En effet, selon AFIFI-AFFAT (1998) : « Il y a certaines raisons de croire qu'au moins dans leur première année, les modèles HIT connaissent des faibles taux de mise bas et de forts taux de mortalité des animaux. Cela s'explique en majeure partie par l'inexpérience des participants en matière de gestion animale [...] ». De plus, ce résultat correspond à une réalité sur le plan plus large de l'élevage au Burkina Faso. Une des conclusions de l'étude38 faite par le Ministère des Ressources Animales (MRA) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), est que l'instruction est un facteur de performance de l'élevage.

38 Burkina Faso, MRA et PNUD, novembre 2011, Contribution de l'élevage à l'économie et à la lutte contre la pauvreté, les déterminants de son développement, p. 53.

49

Ensuite, la significativité de la variable ETHNIES veut dire que plus le lien entre un groupe ethnique et l'élevage est fort, plus les bénéficiaires issus de cette ethnie ont de chance de réaliser une croissance positive ou stable du troupeau reçu. En effet, les groupes ethniques comme les peulhs ont une organisation socio-politique gravitant autour de l'élevage ; ce qui leur confère des avantages en matière de gestion du troupeau. FAYE (2003) dressait une typologie de ce cycle de relations dans l'élevage entre peulhs. C'est ainsi qu'il parlait de confiage, qui consiste pour un éleveur à prêter une vache à un autre du même groupe ethnique, le temps que celle-ci mette bas un nombre donné de fois avant d'être rendue à son propriétaire originel. Cela dénote donc de la grande solidarité qui prévaut au sein de ces groupes ethniques. Ces résultats vont dans le même sens que BAYER et KAPUNDA (2006) qui ont identifié le bon fonctionnement des groupes d'éleveurs comme clé de succès des interventions HIT dans le sud de la Tanzanie. Enfin, la significativité de la variable SEXE exprime que lorsque le bénéficiaire est une femme, la probabilité de réaliser une croissance positive ou stable du bétail reçu diminue (coefficient négatif). Cela est dû aux disparités existant entre hommes et femmes en termes d'accès aux ressources, dans les pays en développement en général et au Burkina Faso en particulier. Il y a également cette situation selon laquelle les hommes s'arrogent le droit de vendre le bétail reçu de la part des projets HIT par leurs épouses. Pour étayer cet état de fait, OKALI (2011) montre qu'en Tanzanie, les projets HIT qui ciblent uniquement les femmes se heurtent au pseudo ordre social selon lequel la femme n'a pas droit aux ressources. Cette situation engendre une perte considérable en termes de pérennisation du système HIT, car les femmes sont soucieuses de l'avenir du ménage et évitent les comportements à risques. FISZBEIN et al. (2009)39 abondent dans le même sens en disant que les femmes sont plus aptes que les hommes à utiliser les transferts pour le bien-être de toute la famille.

D'une manière générale, nos résultats montrent que d'une part, le capital institutionnel (ciblage spécifique et âge des projets HIT) et le capital naturel (superficie des zones pastorales fonctionnelles) ne sont pas déterminants dans l'explication de la performance de la capitalisation animale. D'autre part, le capital humain des bénéficiaires, en l'occurrence le niveau d'éducation et le fait d'être une femme détermine la probabilité de réussite de la capitalisation animale ; respectivement positivement et négativement. Le capital social (ethnie) détenu par les différentes communautés auxquelles appartiennent les bénéficiaires des interventions HIT détermine positivement la performance de la capitalisation animale.

39 Cité par LANKOANDE et Sumberg (2013).

50

En d'autres termes :

V' une augmentation du niveau d'éducation d'un bénéficiaire augmente sa chance de faire croître ou de maintenir son troupeau en l'état ;

V' une bénéficiaire a moins de chance qu'un bénéficiaire de voir son bétail augmenter ou se stabiliser ;

V' un bénéficiaire peulh, gourmantché ou mossi a plus de chance qu'un bénéficiaire bissa, dioula, gourounsi ou yana de réussir à faire grandir ou maintenir son nombre de têtes détenues.

D'abord, l'éducation est significative car un niveau d'éducation élevé permet de trouver plus rapidement des réponses aux questions se posant avec acuité lors de la réception des animaux transférés. Ensuite, le genre est significatif parce que les femmes éprouvent malheureusement des difficultés en termes d'accès aux ressources entrant dans le processus d'élevage. Enfin, la variable ETHNIES est significative car les modes de vie de certaines ethnies accordent une place de choix à l'élevage et induisent de bonnes pratiques en matière de gestion d'animaux. Ainsi, une stratégie doit être mise en place afin d'améliorer les chances de réussite de la capitalisation animale pour tisser de bons filets sociaux. Cette stratégie aura pour points cardinaux l'éducation, le genre et les bonnes pratiques d'élevage de certaines ethnies.

51

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire