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Le processus de démocratisation au Maroc et en Tunisie du printemps arabe à  aujourd'hui (2015).

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par Omar Khyari
Université Libre de Bruxelles - Mémoire 1 - Science politique 2015
  

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B- Le cas de la Tunisie :

Le régime politique Tunisien avant le Printemps arabe se saurait être considéré comme totalitaire. En effet le totalitarisme se manifeste par une idéologie forte et une volonté de contrôler la sphère intime de la pensée. De la même manière, on remarque que le régime ne s'est pas maintenu par une violence quotidienne et n'avait pas un caractère illégitime ou exceptionnel. De ce fait il ne peut être considéré comme une dictature. C'est dans le cadre de la définition des régimes autoritaires de Juan Linz que le régime de Zine El Abidine Ben Ali

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s'inscrit. En effet, 73le RCD fut un véritable parti-Etat revendiquant 2,8 millions de membres soit un Tunisien sur 4 en 2008 et le pluralisme en était limité (le pays n'a pas connu d'alternance au pouvoir). Nous allons tenter de comprendre les raisons qui ont conduit a une révolution dans ce pays.

D'abord, le Parti islamiste Ennahda interdit avant le Printemps Arabe fut la victime d'une féroce répression policière contre ses membres ainsi que les éléments islamistes

indépendants qui afficher une opposition au régime. La violence des forces de l'ordre sous les ordres de Ben Ali furent diriger contre toute contestation a sa politique, 74ce qui caractérise d'ailleurs les régimes autoritaires selon Larry Diamond. Dans le cadre de sa définition, le régime de Ben Ali serait qualifié d'autoritarisme non compétitif dans le sens ou les élections étaient une façade démocratique car le Président remporta les élections présidentiels successives avec des scores que l'on qualifie de soviétique. De plus, 75le régime fut souvent accusés de violer les droits de l'homme et de réprimer la liberté d'expression. 76Ainsi, au début de la révolution, les opposants politique étaient déterminer a protester et a demander le départ de Ben Ali et n'eurent curent des promesses faite a savoir l'élargissement de la liberté de la presse par exemple. Le mécontentement et le sentiment de revanche face a celui qui les avaient réprimer durant des années était trop profond pour que les mouvements de protestation aient lieu dans le calme et 77les mesures promises n'ont pas suffit a galvaniser la colère engendré par des années de répression et de haine.

73

Dot-Pouillard, Nicolas (2013), « Tunisie : la révolution et ses passés », pp. 27-99.

74Larry Diamond, « Defining and Developing Democracy », in Dahl, R.A, Shapiro.L, Cheibub, eds 2003, the Democracy Sourcebook, The MIT Press, 2002

75

Bechir Ayari, Michael (2013), « La révolution Tunisienne : une émeute politique qui a réussi ? », dans « Au coeur des révoltes arabes », Armand Colin, pp.241-260

76

Ben Romdhane, Mahmoud (2011), « Tunisie : Etat, économie et société - Ressources politiques,

légitimations et régulations sociales », pp.

77Allani, Alaya (2012), Transition démocratique en Tunisie et rôle de la collaboration International », dans « Ou va le Monde Arabe ? », pp.55-62

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D'une dans le cadre de la théorie de la transitologie, le comportement des élites est central a analyser dans la compréhension du processus de démocratisation. Les élites économiques et traditionnels qui se sont construites sous le règne de Ben Ali ont participer a la révolution. 78Cela est du au fait que la forte croissance économique de la Tunisie a été mis a mal par un clientélisme notoire combiné a une corruption institutionnalisé, un appareil d'état au service de logiques clientélisme symbolisé par la mainmise de la famille Ben Ali-Trabelsi sur des pans entiers de l'économie tunisienne.

De ce fait, les élites économiques se sentaient menacer et oppresser dans le cadre de leurs volonté de prospérer au niveau économique et elles se sont ainsi rangées du coté des révolutionnaires.

Aujourd'hui elles adhèrent au discours nostalgique de l'Etat Bourguibiste porté par Caid Beji Essebsi et elles portent le consensus autours des anciens du régime car elles sont affolées par l'instabilité sécuritaire et économique depuis la révolution.79 Ce dernier ainsi que son Premier Ministre Habib Essid sont d'anciens membres du RCD de Ben Ali et ont occupé des

fonctions lorsqu'il été au pouvoir. 80La volonté des élites économiques a primé comme le suggèrent O'Donnel et Schmmiter et a imposer un retour aux anciens caciques après la parenthèse Ennahda.

Si la théorie de l'Ecole de la Modernisation se confirme dans l'étude de cas du Maroc il en est autrement concernant la Tunisie.La thèse selon laquelle ce pays n'a pu accéder a la démocratie tel que défini par Robert Kaplan en raison d'un développement (ou d'une modernisation) insuffisant n'est pas confirmer. Il est vrai qu'a l'échelle mondial comme l'a montrer Martin Seymour Lipset, les données empiriques qu'il a étudié montre un lien évident

78 Ibid

79Ben Romdhane, Mahmoud (2011), « Tunisie : Etat, économie et société - Ressources politiques, légitimations et régulations sociales », pp.

80Guillermo O'Donnel et Philippe Schmitter, Transitions from Authoritarian Rule,Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1986.

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entre développement socio-économique et démocratie. En dehors des pays producteurs de pétrole qui tirent ressource de leurs sous sols sans les transformations sociétales qui accompagnent le développement, tout les pays riches sont des démocraties. La thèse de Lipset est très intéressante dans le cas Tunisien. 81Le taux d'analphabétisme se situe a 11% en 2010 (deux fois moins qu'au Maroc) et le taux d'urbanisation a 74%. Dans un livre de Mahmoud Ben Rhomdane, « Tunisie : Etat, économie et société », une étude montre que par rapport au groupe des pays autoritaires (et donc peu développé pour Lipset), le revenue par tête en Tunisie est plus de trois fois supérieur et l'espérance de vie est de 18 ans plus élevé.

Aussi, les années 90 furent marquer par une forte croissance économique : entre 1990 et 2010, la Tunisie a connu une croissance de 4% en moyenne, en grande partie grâce a l'essor du tourisme et de l'industrie textile. Mais Lipset avait mis en garde contre un développement « qui n'inclut pas toutes les sphères de la société », chose qui peut se révéler contre productive. Et cela fut le cas : 82il existe de grandes inégalités régionales entre Tunis et le littoral touristique d'un coté et le sud et l'Ouest du pays de l'autre. Cela se traduit par un manque d'infrastructures et cela réveil une ancienne tension entre Nordistes et Sudiste sur laquelle nous reviendrons.83De plus cela a induit un recul de l'économie conjugué a une population active grandissante avec un fort taux de chômage chez les jeunes de moins de 35 ans (30%) et chez les jeunes diplômés (55%) du fait de la dépréciation des diplômes et de l'incapacité du marché du travail a absorber cette population. L'une des principales raisons qui expliquent le déchainement de violence après l'immolation de Mohamed Bouazizi se trouve ici. 84En effet, les principaux mécontents de la politique de Ben Ali étaient des chômeurs et des individus exclus de l'essor économique tunisien qui profiter selon eux uniquement au clan Ben Ali-Trabelsi. La promesse du Président de créer 300 000 emplois

81Ben Romdhane, Mahmoud (2011), « Tunisie : Etat, économie et société - Ressources politiques, légitimations et régulations sociales », pp.

82Allani, Alaya (2012), Transition démocratique en Tunisie et rôle de la collaboration International », dans « Ou va le Monde Arabe ? », pp.55-62

83Ben Romdhane, Mahmoud (2011), « Tunisie : Etat, économie et société - Ressources politiques, légitimations et régulations sociales », pp.

84Bechir Ayari, Michael (2013), « La révolution Tunisienne : une émeute politique qui a réussi ? », dans « Au coeur des révoltes arabes », Armand Colin, pp.241-260

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pour tenter de calmer ces individus a été un échec, d'ailleurs le mouvement de révolte a durcit après cela.

Aussi Lipset 85affirme que la légitimité d'un système politique se base sur la réponse a la question suivante : comment résoudre les questions qui clivent la société et dans le cas présent la notion identitaire. Il y a une division des acteurs et de la population sur la question de l'identité tunisienne, entre les revendications séculaires et laïques des partis de gauche et du centre et celles islamistes du Parti Ennahda. 86ll y a une Tunisie se réclamant d'une modernité calqué sur les valeurs occidentales et principalement française et une Tunisie accroché a la tradition arabo-musulmane qui demande un retour a certaines structures social et collectives a caractère religieux qui aurait du être a la base de l'identité fondatrice du pays. 87Cela renvoie a une tension originelle qui remonte a l'indépendance entre les partisans de Bourguiba et de Salah Ben Youssef, dont les partisans se trouvaient dans le Sud et qui ont moins bénéficier de l'essor économique du pays. Cette tension a donner plus d'élan au mouvement de contestation, les éléments islamistes qui revendiqué un retour de la religion dans le pays ont percu le mouvement de protestation comme une fenêtre d'opportunité qui leurs permettait d'exprimer leurs idées et dans le cas ou le régime s'écroulerait, de directement les mettre en place. Cela a encourager la volonté de se révolter contre le President Ben Ali.

On observe ici le paradoxe du cas Tunisien mais c'est véritablement la théorie de Lipset qui permet de cerner les raisons qui conduit a la Révolution. En effet comme on a pu le constater, le niveau de vie de la population, l'espérance de vie, la taux d'alphabétisation, d'éducation et d'urbanisation laisse penser qu'il s'agit d'un pays relativement bien développé comparé a la moyenne mondial. Or, le système politique du régime ne convenait plus a cette population bien éduquée en majorité et qui observe un essor économique important mais qui ne profite

85Seymour Lipset, « Some Social Requisites of Democracy : Economic Development and Political Legitimacy », American Political Science Review, 53, 1959,

86Ben Romdhane, Mahmoud (2011), « Tunisie : Etat, économie et société - Ressources politiques, légitimations et régulations sociales », pp.

87Dot-Pouillard, Nicolas (2013), « Tunisie : la révolution et ses passés »

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pas a tous. Le développement social et économique aurait du s'accompagner d'une libéralisation politique du régime. 88Mais le très autoritaire Ben Ali est resté arc bouté a la « Tunisianité du régime » alors que comme la théorisé Joan Nelson, la participation politique doit être réduite pour promouvoir le développement économique mais ce de manière temporaire alors que le Président c'est maintenu au pouvoir pendant 23 ans.

Une différence majeure entre le cas du Maroc et de la Tunisie porte sur le fait que les nouvelles constitutions adopté dans chacun des pays ne répondent pas aux mêmes objectifs : si le changement opéré au Maroc semble répondre a une logique de défense stratégique du pouvoir Alaouite face a une crise social d'envergure, 89 ce qui est en adéquation avec la théorie de Dankwart Rustow, la Constitution tunisienne est elle issu d'une véritable volonté de mettre en place un régime démocratique avec l'appui tacite des élites économiques et traditionnels, peut erre parce que ce pays est arrivé a un niveau de développement suffisant. Les balbutiements après la révolution avec l'arrivée au pouvoir d'Ennahda et les turbulences qui ont accompagner la présidence de Moncef Marzouki justifie la thèse de Przeworski 90selon laquelle la démocratisation est porteuse d'un grand degré d'incertitude. Mais le modèle tunisien tend a montrer que le dépassement de ce moment d'incertitude est possible et que la démocratie semble pouvoir être atteinte.

Synthése :

A la question de savoir quelles sont les réalités politiques et sociales qui expliquent que deux pays ayant des similitudes socio-culturelles appréhendent différemment un même bouleversement politique, le printemps arabe, il est question de comprendre à travers l'organisation de la vie politique et de la société civile,

88Ben Romdhane, Mahmoud (2011), « Tunisie : Etat, économie et société - Ressources politiques, légitimations et régulations sociales », pp.

89Rustow Dankwart, « Transitions to Democracy : Toward a Dynamic Model », Comparative Politics 2(3), 1970

90Adam Przeworski et Fernanco Limongi, « Modernization. Theories and Facts », World Politics,49, janvier 1997, p. 155-183.

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propre à chacun des deux pays, si ce sont des éléments explicatifs de l'évolution des régimes après le printemps arabe ?

Pour ce faire, il a été pertinent d'utiliser la méthode hypothético-déductive afin de comparer la situation du Maroc et celle de la Tunisie en se focalisant sur les seuls facteurs internes des deux pays et les auteurs étudiés. Après avoir défini le cadre théorique de la recherche, nous avons consacré la deuxième partie à la description de la situation des deux Etats afin de pouvoir l'analyser dans une troisième partie.

L'apport théorique le plus efficace est celui de l'Ecole de la Modernisation et celui de la thèse de Martin Seymour Lipset. Cet auteur affirme au moyen d'une étude empirique que les conditions économiques et sociales dans un Etat contraignent les opportunités de l'établissement et du maintient des institutions démocratique (ces conditions ne sont pas pour autant suffisantes). En effet plus un Etat est développé au niveau socio-économique, et plus il multiplie les conditions pour construire un système démocratique. Ainsi, notre étude montre que l'échec du Mouvement du 20 février au Maroc, est dût à un manque d'adhésion de la population pour plusieurs raisons. Il y a un fort attachement à la Monarchie en raison de son ancrage religieux. Les élites n'ont pas eu la volonté de provoquer un changement de régime par le conflit par peur de perdre leurs avantages dans la société, mais aussi à cause de la peur que suscite l'arrivée d'un régime démocratique dans un pays peu développé, possédant une population faiblement éduqué et rural. Il y a le sentiment que le Maroc n'est pas encore prêt pour la démocratie car il n'a pas atteint le niveau de développement nécessaire. De plus, l'existence d'une opposition politique autour du PJD qui n'a pas subi une violence acharnée de l'Etat a permis aux mécontents de se tourner vers ce parti pour contester le régime politique dans le cadre des règles normatives d'une démocratie, évitant ainsi une révolution; en permettant de contester des décisions politiques à travaux des canaux conventionnels, que sont les partis politique.

Quant à la révolution du Jasmin, elle s'explique lorsqu'on observe les données économiques et sociales de la Tunisie. Ces données montrent que ce pays se

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rapproche d'avantage des pays démocratiques que des pays au fonctionnement autoritaire. L'Etat Policier de Ben Ali a muselé toutes contestations, les élites économiques ont été brimées par le clan autour du Président. Cela conjugué à une population bien éduquée et pro-laique, qui a connue une croissance économique qui n'a pas profiter à l'ensemble des sphères de la société, et qui a eu pour conséquence une volonté manifeste de la population de vivre sous un régime plus démocratique que l'autoritarisme de Ben Ali. Cela semble expliqué sa chute brutale et inattendu. La Tunisie a alors atteint un niveau de développement sociaux-économiques qui légitiment l'installation et la consolidation de la démocratie.

Ainsi, les différences au niveau de l'organisation politique d'abord et de la société civile ensuite qui expliquent les trajectoires opposées qui ont suivi le printemps arabe. Les régimes politiques du Maroc et de la Tunisie se distinguent, mais la société civile inspire toujours à des changements majeurs attendus. Le Maroc tend encore à entériner les principes votés par sa constitution, dans un contexte rendu de plus en plus pressant par la société civile de plus en plus alerte de ses droits. Quant à la Tunisie, les enjeux sécuritaireset le besoin de justice ressenti par la société, consistent en des défis majeurs pour la stabilité de cet Etat nouvellement démocratique.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway