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Ecriture dramatique camerounaise contemporaine : visages, palmares, caracteristiques et outils de valorisation


par Marcelle Sandrine BENGONO
Université Yaoundé I - Master II 2019
  

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I-) -Marcel Zang38(*)

I-1-1) -Présentation39(*)

Né le 02 mars 1954 à Meyila un village de la région du Centre au Cameroun, Marcel Zang est un auteur camerounais d'origine. Il ira en France à l'âge de neuf ans avec ses parents. Il obtiendra finalement la nationalité française sans renier ses origines camerounaise. Lorsqu'il se présentait en 2002, il disait : « Je suis un Fong (avec un o) de la grande Ethnie des Fang (avec un a) ... »40(*). Il décède en 2016 à Nantes de suite de maladie. Il est dramaturge, poète et nouvelliste. La question que pourrait poser plusieurs est celle de savoir pourquoi parler d'un auteur français, bien qu'il soit camerounais à l'origine. La réponse est simple, d'abord à cause de ses origines et ensuite à cause du contenu de son écriture.

A l'origine romancier, il avait alors 17 ans. Une pièce qu'il enverra chez Gallimard, mais qui ne sera pas publiée cette année-là, est le départ de tout. Marcel Zang écrit sa première pièce de théâtre sans jamais avoir vu une seule représentation théâtrale. C'est un besoin qui lui vient, comme ça. Il écrit dit-il, pour ne pas crever, pour rester en vie. Sa soif d'écrire part d'un vide existentiel qu'il va combler par l'écriture. Il ne pensait pas faire de l'écriture son activité principale. Mais le déclic viendra de la mort par suicide de son père quand il était en terminal. Le vide que ce choc crée le confine dans l'écriture. Pour lui, le vide est propice pour écrire. Selon lui : « Ecrire c'est une lutte pour la vie. C'est pour se maintenir en vie. »

I-1-2) - Son esthétique

Pour l'écrivain qu'il est, le sujet n'est pas important, mais c'est ce que l'on en fait. On est habité par un imaginaire qu'on n'a pas choisi. L'art ne restitue pas le visible, il rend visible ; révèle ce qui est invisible. Tout ce qui habite l'auteur, c'est de rentre visible ce qui ne l'est pas. Un jeu entre un visible et un invisible. Ayant grandi en France, Marcel se considère aussi comme un français. C'est d'autant plus la seule langue qu'il sait manier. Mais son écriture, va lui permettre de voir une chose qu'il ne savait pas : « Je me suis aperçu que je suis noir en écrivant ».41(*)

Le dramaturge se rend compte que tous ses textes posent problème dans la société française dans laquelle il vit pourtant depuis son enfance. Il finit par s'apercevoir que c'est ce que renvoient ses pièces, au travers de son imaginaire, qui dérange. Il y avait une histoire qu'on ne pouvait pas entendre en France, dit-il. Sans le savoir son écriture parlait de ses origines, de qui il était vraiment : un noir et non le français que jusqu'alors il croyait être. Son théâtre rendait visible un invisible dont lui-même n'était pas conscient. C'est ainsi que ses textes subissent la censure et ont du mal à être créés en France. « Quand on écrit du théâtre c'est pour voir la transformation du mot sur la scène...et ne pas avoir droit à ça c'est une réelle frustration. Voir comment l'autre appréhende ce que mon imaginaire a conçu. »42(*)

Encore une affirmation qui prouve que le texte d'un dramaturge n'est pas fait pour être lu, mais pour être joué. Pour Marcel Zang, l'écriture théâtrale est une vie. La vie étant le mouvement du dedans et du dehors. Il n'y a pas d'émotion sans vide. La question de l'inconnu qui interroge : c'est la source du langage à cause de l'irruption de l'autre. C'est le sujet de sa pièce La danse du pharaon. C'est un drame en cinq actes qui représente deux amis qui sont en prisons. L'un qui veut sortir et l'autre qui préfère y rester car il trouve en ce lieu la liberté qu'il n'a pas dehors. Un paradoxe troublant dans lequel l'auteur démontre que tout est enfermement dans cette vie. Georges restera en prison et Max en sortira. Ils vivront chacun leur vie dans des environnements différents mais avec un but similaire : Ils ont tous deux besoin de liberté, de salut.

Marcel Zang assimile écrire à exister, exister à s'exiler car dit-il, ces mots ont une même racine. S'exiler c'est exister, en d'autres termes sortir. Pour vivre il faut sortir de soi, aller vers l'autre. Franchir une limite. C'est la frontière qui forme le jeu. Il faut aller de l'un à l'autre. C'est ce qui fait la beauté du jeu : Traverser la limite. L'écriture doit être dirigée et guidée par l'altérité. Marcel Zang use d'une écriture riche, d'une langue politique, mais très poétique. De lui Kazem Shahryary dira qu'il a su passer un héritage interdit. Lors d'une interview :

« L'écriture c'est dangereux, et ça devrait l'être aussi pour le lecteur, le mettre en situation limite, le déranger, le déstabiliser, ébranler ses certitudes, attaquer son confort, le violenter, le surprendre, faut qu'il sache qu'il entre ailleurs, dans une zone rouge et pas chez lui, qu'il est en danger, qu'il risque quelque chose, et que c'est pas seulement de la branlette, de l'identification, de l'attendu, et qu'il peut se prendre un pain ou une décharge à tout moment. »43(*)

* 38 Voir photo2 en annexe 1.

* 39Etant décédé au moment de cette recherche, nous nous sommes appuyer sur une interview donné sur la pagne http://www.potomitan.info/lafwans/zang.php

* 40 Interview recueillie par Cécile Dolisane-Ebossé à propos de son ouvrage l'Exilé suivi de Bouge de là, pour Ed. Actes Sud-Papiers, sept 2002, 111p. Nous pouvons la retrouver sur la page de Potomitan, un site de promotion des cultures et des langues créoles.

* 41ibid

* 42ibid

* 43 Ibid

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle