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Ecriture dramatique camerounaise contemporaine : visages, palmares, caracteristiques et outils de valorisation


par Marcelle Sandrine BENGONO
Université Yaoundé I - Master II 2019
  

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I-4) -La thématique

La thématique, qui transparait dans ces lignes, témoigne de cette envie de partir qui anime la majorité des jeunes d'ici et d'ailleurs. Cette certitude qui motive les Hommes et qui leur indique que le bonheur est ailleurs. Un ailleurs qu'on s'invente, qu'on s'imagine. Ce là-bas plein de promesses et de rêves pour lequel on se bat :

Julie Rose : Tout essayé, elle est devenue chronique. Si j'arrive là-bas, peut être que je serai bien suivie. On dit que les hôpitaux sont pointus, je me referai une santé, une vie. The best life, the best way of life...

Oméga Dream : Depuis combien de temps te bats-tu pour partir ?

Julie Rose : Je sais plus.

Depuis que j'ai compris qu'il fallait partir, je me bats pour partir.

Une envie de partir malgré la difficulté du périple, sans assurance d'y arriver.

Oméga Dream : trop de charlatans sur la route.

Vendeurs de faux chemins, réseaux truqués.

Julie Rose : Chemins clairs toujours super clairs au départ, mais qui ne mènent jamais loin.

Dans Debout un pied Sufo parle aussi de la difficulté de rester. Il faut finalement partir car rester est risqué, mais mieux vaudrait encore essayer d'aller voir autre part car le pays ne nous laisse non plus la force de rester.

Oméga Dream : C'est le pays. Il ne t'offre aucun moyen de rester, il ne t'offre aucun moyen de partir non plus. Et pour couronner le tout, il signe les accords pour traquer ceux qui s'engagent enfin à partir.P.38

Julie Rose : Partir, c'est le plus important, que je parte loin de ce pays.

Seghar : Je cherche toujours le moyen de partir. P.65

Contrairement au traitement des thématiques antérieures qui usaient d'un thème principal puis de thèmes secondaires, ici il n'y en a qu'un seul qui se décline sous toutes ses formes : Partir. Pourquoi ? Comment ? La peur de partir, mais plus encore celle de rester...

I-5-) -L'espace et le temps

Pour situer l'espace, il suffit de lire pour découvrir un quai dans un port. Nos protagonistes y passent le temps à attendre un bateau pour embarquer clandestinement. Ils sont surement dans un pays du Sud à cause de certaines expressions.

Oméga Dream : Ils sont là.

Ici sur le port, il faut avoir quatre yeux. P.15

-Le champ lexical du port y est très présent : bateaux, quai, docker, capitaine, mer, terminal, matelot.

Des expressions :

-Deux bleus75(*) : pour parler de deux nouveaux.

-Ceux qui ont quatre yeux : pour parler des mystiques et sorciers.

-Avoir le réseau P.65 : pour parler d'un plan de voyage sûr.

Pour traverser P.54: expression `'camerounisée'' pour dire « aller en Europe ».

Ils ont vendu leur honte au chien P. 57: Ils ne savent plus ce que c'est qu'avoir honte.

-Bâton de manioc P.17; les attentats du Nord76(*), l'année des émeutes de la faim77(*), sans caleçon, braiseuse de poissons...Toutes ces expressions nous rappelle le Cameroun, pays d'où est originaire l'auteur. En plus nous noterons :

Oméga Dream : En paix !

Pire que la guerre, mon pays est en paix ! P.41

Le mot « paix » est le premier mot de la devise du Cameroun. Les politiques l'utilisent souvent comme mot de passe à chaque fois qu'il y a une revendication, faisant comprendre que quoi qu'il arrive, il y a au moins ça : la paix. A tel point que pour l'auteur, elle devient pire que la guerre. Car cette paix est une image de guerre non prononcée. Elle est porteuse de tant de maux. Comme l'atteste Julie Rose :

Julie Rose : Contre moi.

Rien ne serait pire qu'une guerre non prononcée, silencieuse, contre le citoyen. J'ai fait la guerre de l'instruction, la guerre de l'emploi, la guerre de la faim. Mais ne me demande pas où-quand-comment ? J'ai lutté pour ne pas me balader sans caleçon, culotte errant au plus offrant. Lutter pour ne pas perdre mon cerveau. Toutes ces guerres que le pays a tissées contre moi.

Bien qu'il ne nous situe pas avec exactitude sur le lieu de l'action, le Camerounais peut affirmer que ce quai se trouve dans son pays. Mais plus encore, n'importe qui pourrait se retrouver n'importe où dans le monde. Ce monde qui se ressemble à cause des mêmes problèmes que l'on rencontre ici et là : attentats, insuffisance alimentaire, chômage, immigration clandestine, guerre, paix.

* 75 Expression qui prend sa source dans les lycées publics au Cameroun où les élèves des classes de 6ème sont appelés des bleus à cause de la couleur de leur tenue de sport.

* 76 Attentats perpétrés par la secte Boko Haram dans le Nord Cameroun. Ils utilisent des kamikazes pour exploser dans des lieux publics et ainsi ôter la vie de plusieurs personnes.

* 77 Emeutes survenues au Cameroun en 2008, elles avaient commencées par une grève des taximen avant de dégénérer en crise qui dura quelques jours principalement dans les villes de Yaoundé et Douala.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera