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La police communautaire au Cameroun. Le cas de la sureté nationale.

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par Désiré BESSALA
Université de Yaoundé II (Institut des Relations Internationales du Cameroun) - Master II 2015
  

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PARAGRAPHE 3 : Des modes d'action passifs

Les missions policières s'étirent sur une chaine qui va des niveaux politico stratégique au tactique en passant par l'opératif. Toutefois, c'est par les actions de terrain que les bénéficiaires des services de sécurité apprécient la nature et la qualité des modes d'opération. Sur ces critères, les interventions de la police communautaire diffèrent de celles de la police d'ordre.

La première, ainsi que nous l'avons relevé plus haut, focalise son action sur la sensibilisation, la mobilisation et les moyens de pression qui tous agissent sur la criminalité en amont. La sensibilisation n'est autre chose que la conscientisation populaire sur la pertinence d'un problème ou des solutions dans le but de faire adopter de nouvelles habitudes aux membres d'une communauté. Jocelyne Lavoie et autres la définissent mieux que nous en affirmant que « La sensibilisation permet d'attirer l'attention des personnes et des collectivités sur un problème et favoriser une identification critique des enjeux et des solutions possibles par un travail d'éducation populaire. »1.

Autrement dit, la police communautaire, pour améliorer la sécurité d'une communauté, utilisera beaucoup plus les réunions ou rencontres de sensibilisation sur des questions données ; des sessions ou ateliers de formation ; des fora, des journées thématiques, des séances d'animation engagées... pour faire passer ses messages pour une meilleure sécurité.

Par exemple, la récurrence des vols de voitures dans une zone où la plupart des maisons ne disposent pas de clôtures peut susciter une réunion de sensibilisation sur la nécessité de créer un parking commun gardé par des personnes rémunérées par des contributions financières symboliques de chaque propriétaire de véhicule.

Quant à la mobilisation, elle suscite la solidarité des membres d'une communauté en vue de la résolution collective d'un problème qu'une action individuelle aurait difficilement menée ou pas du tout. R. Lachapelle est plus explicite lorsqu'il scande que « ... la mobilisation a pour but de susciter l'engagement et de regrouper des personnes touchées par un problème social ou partageant un même besoin pour la poursuite d'une action collective visant à résoudre ce problème ou répondre à ce besoin. »2.

1 Lavoie et Panet Raymond, 2011, p. 165.

2 Lachapelle, 2003, 164.

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En d'autres termes, la police communautaire, pour mobiliser les membres d'une zone à la résolution d'un problème de sécurité, fera davantage usage du porte-à-porte, de la représentation auprès des paliers des institutions publiques, du flash mob...

A titre d'illustration, pour traverser un ruisseau dans un quartier, une planche ou un tronc d'arbre peut servir de tremplin et engendrer des décès en période de crue. Par une action de mobilisation, la police peut faire construire un ponceau même artisanal capable d'assurer une meilleure préservation des vies.

Les moyens de pression, enfin, sont des modes d'action ayant pour but d'inciter ceux qui ont les clefs ou décisions de solution à un problème d'agir même s'ils n'en avaient pas la volonté, ou voulaient retarder le moment. R. Lachapelle ne nous dément pas lorsqu'il affirme que « Les moyens de pression font appel à des actions visant à agir directement ou indirectement, voire symboliquement, pour obtenir les transformations sociales souhaitées. »1.

Plus précisément, les moyens de pression font appel aux pétitions, tracts, dépliants affiches, photos, articles de presse pour voir des problèmes de sécurité se résoudre. Par exemple, un article de presse sur les conditions d'hygiène approximatives de la nourriture vendues aux élèves dans un établissement scolaire peut préserver les élèves de maladies.

En revanche, les modes d'action de la police d'ordre ne correspondent pas à celles participatives que nous venons de décrire ; elles relèvent plus des comportements bureaucratiques au service de la répression.

Prenons le cas de l'enquête policière, le fonctionnaire attend généralement à son service, une plainte, une dénonciation téléphonique ou personnelle ou un flagrant délit pour geler les lieux, procéder aux constatations, entendre les témoins, saisir si possible le corps du délit et au besoin, garder à vue les présumés auteurs avec pour objectif, de les déférer au parquet. Ces enquêtes se révèlent souvent inefficaces pour plusieurs raisons. Elles cherchent à résoudre la manifestation d'un problème sécuritaire et non sa cause, la preuve en est que les bardeaux qui assistent à la scène subissent du pickpocket; ensuite, les enquêtes ouvertes n'aboutissent pas souvent à l'arrestation des auteurs des actes délictueux pourtant ils existent parmi les populations ; pire, des innocents court-circuités par un concours de circonstances sont parfois

1 Id. p. 175.

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présentés comme des trophées des « fins limiers de la police ». Fort de tous ces arguments, Jean Brodeur1 conclut carrément à l'échec de l'enquête policière sans renseignement.

Si nous abordons quelques techniques du maintien de l'ordre et de la surveillance de la voie publique respectivement la patrouille et les interventions, l'efficacité est toujours peu reluisante. En effet, ces deux modes opèrent généralement sur le domaine artificiel de l'Etat, délaissant les quartiers résidentiels. De manière particulière, la patrouille, hasardeuse et souvent rapide du fait de sa motorisation, dissuade de moins en moins les malfaiteurs qui eux, développent de plus en plus les méthodes de contournement. Quant aux interventions qualifiées de rapides, leur rapidité est plus nominative qu'effective en raison de la congestion de la circulation ou de l'alerte tardive.

Bref, évoquant l'expérience nord-américaine des années 70, Jean Brodeur affirme que les espoirs d'efficacité placés en la patrouille motorisée, l'intervention rapide et l'enquête policière ont été des échecs et que « Ces recherches ont ébranlé les piliers même de la police nord-américaine. »2 qui, faut-il le souligner, n'était alors que la police d'ordre.

En définitive, les critères retenus pour vérifier l'internalisation de la police communautaire au Cameroun en général et en particulier à la Sûreté Nationale confirment son caractère mitigé, voire nul. Le contexte camerounais explique-t-il cette mitigation ?

1 Brodeur, 2003, p. 86.

2 Id. p. 87.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault