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Les déterminants de la productivité de l'investissement privé en Haiti: un modèle à  équations simultanées (1981-2010)


par Carlos DODIEU
Université d'Etat d'Haiti (UEH) - Licence ès Sciences Economiques (Bac+4) 2014
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI (UEH)

FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES ÉCONOMIQUES (FDSE)

LES DÉTERMINANTS DE LA PRODUCTIVITÉ DE L'INVESTISSEMENT PRIVÉ EN HAÏTI : UN MODÈLE À ÉQUATIONS SIMULTANÉES (1981-2010).

Mémoire de sortie présenté par l'étudiant :
DODIEU Carlos
Pour l'obtention du grade de licencié ès Sciences Économiques
Sous la direction du professeur :
THÉBEAU Michel

Promotion 2007-2011

Mai 2014

Avant-propos

Ce travail de recherche s'inscrit dans le cadre du couronnement du programme de licence en économie offert par la Faculté de Droit et des Sciences Économiques (FDSE) de l'Université d'État d'Haïti(UEH). Cette exigence académique faite par la faculté permet de mettre en évidence la capacité de l'étudiant à poser un problème, sa dextérité à confronter les théories d'avec la réalité et de les articuler autour d'une tour indivisible d'analyses cohérentes.

En effet, les raisons qui expliquent le sujet retenu 'Les déterminants de la productivité de l'investissement privé en Haïti (1981-2010)" sont de deux ordres: d'une part, l'investissement est le principal moteur de la croissance économique, son investigation permet de mener des politiques économiques qui favorisent la croissance en Haïti; d'autre part, cette thématique n'a pas été déjà traitée explicitement dans le cas d'Haïti.

De plus, ce travail a pour but d'établir les facteurs qui influent le plus sur la productivité de l'investissement privé en Haïti. L'objectif étant de quantifier l'impact de chaque facteur pour établir des priorités en termes de politiques publiques. Les travaux de recherche préalablement effectués sur l'investissement dans le cas d'Haïti se limitent à mesurer l'impact de l'investissement sur la croissance économique.

La limite de ce présent travail se situe au niveau des données utilisées qui sont des agrégats. Or, l'investissement a une dimension microéconomique. Car, la décision d'investissement privé essentiellement est l'oeuvre des entrepreneurs. Donc, l'utilisation des données agrégées peut donner à nos résultats et à nos conclusions une tendance globale mais non détaillée. Ensuite, pour retenir l'effet des variables qualitatives, nous avons utilisé la méthode des variables indicatrices. Ce qui peut constituer une faible mesure de perception de ces dites variables.

La réalisation de ce travail d'économiste n'a pas été facile compte tenu des difficultés pour recueillir les données et d'opérationnaliser les variables. Mais, pour répéter le poète latin Virgile : « Un travail opiniâtre est toujours venu à bout de toutes les difficultés ».

II

REMERCIEMENTS

Je tiens d'abord à remercier Dieu de m'avoir guidé tout au long de cette formation. Ensuite ma famille pour son soutien et sa patience, à mon encadreur le professeur Michel THEBEAU pour son support, ses relectures, ses suggestions et pour toute la disponibilité dont il a fait preuve pour la réalisation de ce travail.

Mes remerciements s'adressent également au Décanat, à tout le corps professoral de la Faculté de Droit et des Sciences Economiques (FDSE) de l'Université d'État d'Haïti (UEH) qui ont, de myope ou de presbyte, corroboré à ma formation tout au long de mon parcours académique.

Au jeune économiste-planificateur John Herrick DESSOURCES pour ses relectures, suggestions et accompagnement ; à Valéry MOÏSE pour ses relectures syntaxiques.

À mes amis MATHIEU Vladimyr, ADRIEN Pascal, JEAN-BAPTISTE Edmond, Ing. Henry CIVIL et CHÉRENFANT Ansadou pour leur encouragement et soutien.

À tous les étudiants de la promotion Martial CÉLESTIN de la faculté, plus particulièrement à AUGUSTIN Jeanty Junior. Pour leur soutien et encouragement.

III

DÉDICACES

Je dédie ce travail :
À toute ma famille,
À tous mes amis,
Ainsi qu'à tous mes enseignants.

iv

RÉSUMÉ

Ce travail de recherche porte son étude sur les déterminants de la productivité de l'investissement privé en Haïti pour la période allant de 1981 à 2010.

Notre cadre méthodologique s'articule autour de deux méthodes : La méthode analytique et la méthode statistique. Une analyse descriptive a été faite autour des déterminants de l'investissement à l'aide des graphiques présentant leur évolution au cours de la période sous-étude.

Le Modèle à Équations Simultanées (MES) a été utilisé pour mettre à l'épreuve nos hypothèses de travail compte tenu du double statut de certaines variables explicatives de la décision d'investissement. Toutes les variables ont été opérationnalisées. Les données utilisées proviennent de diverses sources : BRH, IHSI, CFI, Yearbook FMI et Banque Mondiale.

Les résultats du modèle à équations simultanées indiquent la prééminence des dépenses d'investissements publics, la gouvernance politique et le cadre légal et institutionnel comme déterminants de la productivité de l'investissement privé en Haïti. À ce titre, les dépenses d'investissements publics accusent un coefficient de -0.249534, la gouvernance politique affiche un coefficient de l'ordre de -1.767706 et le cadre légal et institutionnel est assigné d'un coefficient égal à -0.987089.

Fort de cela, les recommandations de politiques économiques s'orientent dans le sens d'une mise en relief de l'assainissement du climat des affaires, de la stabilité politique et de l'amélioration du cadre légal et institutionnel et l'orientation des dépenses d'investissements dans des secteurs ayant des externalités positives sur la productivité de l'investissement privé. Et enfin, prioriser les investissements privés domestiques en mettant en exergue les filières porteuses et insérer dans sa politique un volet de facilitation des exportations dans le cadre de la promotion des investissements.

Mots clefs : Déterminants de l'investissement, Modèle à Équations Simultanées, Climat des affaires, Cadre légal et Institutionnel, Gouvernance politique, méthode analytique, méthode statistique, facilitation des exportations.

V

TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS i

REMERCIEMENTS ii

DÉDICACE iii

RÉSUMÉ iv

TABLE DES MATIÈRES v

LISTE DES TABLEAUX viii

LISTE DES GRAPHIQUES viii

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS ix

INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

PREMIÈRE PARTIE : LES FONDEMENTS THÉORIQUES ET EMPIRIQUES DE LA

DÉCISION D'INVESTISSEMENT 10

CHAPITRE I : LES DÉTERMINANTS ÉCONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT 11

SECTION I: Cadre théorique 12

1 La théorie keynésienne de la décision d'investissement 12

1.1 L'investissement et le taux d'intérêt 12

1.1.1 Critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN) 12

1.1.2 Le Taux de Rendement Interne (TRI) 13

1.1.3 L'investissement et la demande anticipée : Formulation de l'accélérateur simple 14

1.1.4 Le modèle Harrod-Domar : Productivité marginale du capital (ICOR) 15

1.2 La théorie néoclassique de la demande d'investissement 16

1.2.1 La décision d'investissement 16

1.2.2 Accélérateur flexible : Modèle de Koyck (1954) 19

1.2.3 Accélérateur flexible : Modèle de D.W. Jorgenson(1963) 20

SECTION II : Revue de littérature théorique et empirique 22

2.1 Lien entre investissement public et investissement privé 22

2.2 Lien entre investissement privé et instabilité macroéconomique 23

2.3 Lien entre investissement privé domestique et investissement direct étranger(IDE) 24

CHAPITRE II : LES DÉTERMINANTS EXTRA-ÉCONOMIQUES DE

L'INVESTISSEMENT 28

vi

SECTION I: Économie institutionnelle 29

1.1 Le problème de la décision d'investissement par l'entreprise 33

1.1.1 Facteurs qui influencent F et Ë 34

SECTION II : Cadre empirique des variables institutionnelles 36

2.1 Climat d'investissement et investissement privé domestique : Travaux d'Asante(2000) 36

2.2 Travaux de Mauro (1995) 36

2.3 Travaux de Hall et Jones (1999) 37

2.4 Le modèle de la Banque Mondiale 37

2.5 Travaux de Hiren Sarkar et Aynul Hasan (2001) 39

2.6 Travaux de Ndinga (2002) 39

DEUXIÈME PARTIE : LA RÉALITÉ DE L'INVESTISSEMENT EN HAÏTI DE 1981 À

2010 42

CHAPITRE III : L'INVESTISSEMENT EN HAITI : LES FAITS 43

SECTION I : L'environnement des investissements en Haïti : Aspect institutionnel 43

1.1 La Gouvernance politique en Haïti 44

1.1.1 Corruption en Haïti 45

1.1.2 Délai imparti à la création d'une entreprise 46

1.1.3 Le foncier en Haïti : Obstacle à l'investissement privé et public 47

1.1.4 Instabilité macroéconomique en Haïti 48

SECTION II : Profil des investissements en Haïti 49

2.1 Evolution de l'investissement en Haïti de 1980 à 2010 49

2.2 La productivité de l'investissement en Haïti 51

2.3 Les dépenses d'investissements publics en Haïti 54

2.4 L'Investissement Direct Etranger(IDE) 56

2.5 L'investissement privé domestique en Haïti 59

2.5.1 Contexte 59

2.5.2 Les coûts de transaction et l'investissement privé 60

2.5.3 Les grandes firmes privées et leurs filières d'investissements en Haïti 60

2.5.4 Épargne intérieure brute et investissement en Haïti 62

2.5.5 Crédit accordé au secteur privé et investissement en Haïti 64

vii

Chapitre IV : LES DÉTERMINANTS DE L'INVESTISSEMENT : Un Modèle à

Équations Simultanées(MES) 66

SECTION I : Présentation générale du Modèle à Équations Simultanées (MES) 66

1.1 Écriture du modèle à équations simultanées (MES) 67

1.1.1 D'un exemple introductif 67

1.1.2 À la formulation générale des modèles à équations simultanées 69

1.2 Le problème de l'identification 70

1.2.1 Conditions de rang et d'ordre d'identification 71

1.2.2 Conditions d'identification 73

1.3 Les méthodes d'estimation 74

1.3.1 Les moindres carrés indirects 75

1.3.2 Les doubles moindres carrés 76

Section II : Présentation de notre modèle 77

2.1 Méthodologie : choix des variables explicatives 77

2.2 Spécification du modèle 78

2.3 Étude d'identification du modèle à équations simultanées 78

2.4 Méthode d'estimation du modèle 79

2.5 Signes anticipés des coefficients des variables explicatives du modèle 80

2.6 Estimation du modèle 80

2.7 Interprétations des équations du modèle 81

2.7.1 Interprétation de l'équation d'investissement 81

2.7.2 Interprétation de l'estimation de l'équation de croissance 82

Conclusion et Remarques 83

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 85

ANNEXE I

VIII

LISTE DES TABLEAUX

Tableau I : Opérationnalisation des variables de l'hypothèse 7

Tableau II : Tableau de synthèse sur le cadre théorique et la revue de littérature 25

Tableau III : Synthèse des déterminants extra-économique de l'investissement 40

Tableau IV : Répartition des entreprises par secteur d'activités 61

Tableau V : Présentation des résultats de l'estimation 81

Tableau VI : Évolution des principaux indicateurs macroéconomiques de 1981 à 2010 II

Tableau VII : Évolution du Taux d'intérêt, du Crédit au secteur privé(%) et de l'épargne

intérieur brute en pourcentage du PIB III

Tableau VIII : Évolution de l'investissement total et ses composantes privée et publique (1981

à 2010) IV

Tableau IX : Évolution synthétique de l'investissement privé en pourcentage du PI3 et ses

variables traditionnelles (1981-1990/2001-2010) V

Tableau X : Évolution synthétique de l'investissement total et ses composantes privées et

publiques (1981-1985/1995-2010) V

Tableau XI : Évolution de l'indice d'instabilité Macroéconomique en Haïti et ses variables

proxy : Degré d'ouverture de l'économie (DOE), l'inflation et le taux de change VI

Tableau XII : Évolution comparée du Taux de l'investissement, du taux de croissance et de

l'ICOR (1981-2010) VII

Tableau XIII : Taux de croissance, Taux d'investissement d'Haïti et certains pays en voie de

Développement (Moyenne 1985 à 2005) VIII

Tableau XIV : Estimation du système d'équation sur Eviews VIII

Tableau XV : secteur d'investissements publics (En pourcentage) IX

Tableau XVI : Investissements Directs Étrangers en millions de dollars US(Haïti, République

Dominicaine, Cuba, Jamaïque) ;(1981-2010) IX

Tableau XVII : Évolution de L'IDE et de l'investissement privé en pourcentage du PI3 (1981-

2010) X

Tableau XVIII : Indice de liberté économique et certaines îles de la Caraïbe (1999, 2001, 2003

& 2005) XI

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique I : Évolution comparée du taux de croissance économique et de l'investissement

privé en pourcentage du PIB (1981-2010) 4

ix

Graphique II : Évolution comparée du Taux d'intérêt et de l'investissement privé en

pourcentage du PIB (1981 à 2010 5

Graphique III : Évolution comparée du Crédit et de l'investissement privé (1981-2010) 6

Graphique IV : Evolution de l'indice d'instabilité macroéconomique de 1980 à 2010 49

Graphique V : Évolution de la Formation Brute de Capital Fixe et ses composantes

privées/publiques en % du PIB (1981-2010) 50

Graphique VI : Évolution du Taux d'investissement et de l'ICOR (1980 à 2006) 52

Graphique VII : Évolution comparée de l'investissement privé et l'investissement public en

pourcentage du PIB (1981-2010 55

Graphique VIII : Évolution de L'IDE et de L'Investissement privé en pourcentage du PIB (1981

à 2010) 57

Graphique IX : Répartition des entreprises en fonction de leurs chiffres d'affaire 62

Graphique X : Évolution de l'épargne et de l'investissement en pourcentage du PIB 63

Graphique XI : Évolution du taux de crédit et du taux d'investissement de 1981 à 2010 65

LISTE DES SIGLES ET ABBRÉVIATIONS

AUF : Agence Universitaire de la Francophonie

BRH : Banque de la République d'Haïti

CFI : Centre de Facilitation des Investissements

CIDCM: Center for International Development& conflict Management

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

DMC : Doubles Moindres Carrés

EMC : Efficacité Marginale du Capital

FDSE : Faculté de Droit et des Sciences Économiques

FBCF : Formation Brute de Capital fixe

FTN : Firmes TransNationales

ICOR : Incrémental Capital Output Ratio

IDE : Investissement Direct Étranger

IDH : Indice de développement humain

IHSI : Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique

IPC : Indice de Perception de la Corruption

MCI : Moindres Carrés Indirects

X

MCO : Moindres Carrées Ordinaires

MES : Modèle à Équations Simultanées

NA : Non Appliqué

NIE : New Institutional Economics

OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique

ONACA : Office National du Cadastre

PAS : Programmes d'Ajustement structurel

PIB : Produit Intérieur Brut

PMA : Pays Moins Avancés

PME : Petites et Moyennes Entreprises

PNUD : Programme des Nations Unies de Développement

SUR : Seemingly Unrealated Régression

TRI: Taux de Rendement Interne

UEH : Université d'État d'Haïti

VAN: Valeur Actuelle Nette

Page | 1

INTRODUCTION GÉNÉRALE

I- INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE

L'investissement constitue le processus de renouvellement et d'accroissement du capital d'une économie. En macroéconomie, le poids de l'investissement est mesuré par le taux d'investissement. Ce dernier est le ratio de la formation brute de capital fixe (FBCF) au montant du PIB. Bon nombre d'économistes, à l'instar d'Harrod (1939), de Domar (1947)1, de Robinson (1956), de Paul Romer (1986)2, de Barro (1990), pour ne citer que ceux-là le considèrent comme le principal moteur de la croissance économique. Levine et Renelt (1992) ont montré que l'investissement est l'unique facteur qui reste corrélé au taux de croissance économique quels que soit la spécification, les périodes ou les pays étudiés. Dans le modèle de Kenneth Arrow (1962)3 exposant les « effets d'apprentissage par la pratique », le stock de connaissances d'une société dépend de son investissement brut cumulé. L'Asie de l'Est en est le témoignage parfait, sa croissance accusait un taux de 7 à 8% par an, concourue par des taux de formation brute de capital fixe d'environ 30% du PIB4. Suivant le modèle d'Harrod-Domar, l'investissement a deux composantes : du côté de la demande, il est créateur de revenu à court terme par son effet multiplicateur ; du côté de l'offre, à long terme il augmente la capacité productive de l'économie. En un mot, l'investissement est inhérent à la création de richesses au sein d'une économie. Cette opération indispensable qu'est l'investissement de laquelle dépend, selon les économistes, la maintenance de la productivité des facteurs de production, capital et travail, est liée dans une économie de marché aux choix des entrepreneurs. L'investissement repose sur leur confiance en l'avenir ainsi que sur l'anticipation qu'ils portent sur l'environnement économique.

Ce lien serré entre investissement et croissance suscite à analyser les déterminants de l'investissement productif en vue de mieux cerner quelle mesure de politique économique capable de soutenir une progression équilibrée de l'investissement.

1 ARROUS Jean. Croissance et Fluctuations. Editions Dalloz, Rue Soufflot, 1991.

2 Agence Universitaire de la Francophonie. Pourquoi la croissance, la croissance pour quoi ? (Revue Economique), 1997.

3 Ibid.

4 Op. cit.

Page | 2

Nous avons jeté notre dévolu sur la période allant de 1981 à 2010 du fait qu'elle marque la chute drastique du niveau de la production, des principaux indicateurs macroéconomiques et une détérioration invétérée du niveau de vie.

Ce présent travail, de portée académique, sous l'égide des analyses empiriques c'est-à-dire statistiques et économétriques, peut servir de référence parmi tant d'autres aux pouvoirs publics en vue d'orienter la politique économique dans le cadre de facilitation et d'incitation aux projets d'investissements productifs en Haïti.

Problématique

Au tournant des années 80, le taux de croissance moyen de l'investissement en Haïti est relativement élevé en volume. Ainsi, il accusait un taux de 11.01 % du PIB de 1981 à 1990, et 16.78 % de 1991 à 2000. Et enfin, Il s'estimait à un taux moyen de 27.40 % pour la période de 2001 à 20105.

Au niveau macroéconomique, les débats sur les motifs de la décision d'investissement suscitent des controverses entre les économistes de différents courants de pensée et débouchent sur quatres paradigmes considérés comme les variables traditionnelles de la décision d'investissements, telles que : Le coût du capital, la demande, la disponibilité du financement et les anticipations de profits.

Suivant l'approche keynésienne, l'investissement est fonction de son coût et de son rendement : le rendement est représenté par l'efficacité marginale du capital , le coût de l'investissement est mesuré par le taux d'intérêt peu importe le mode de financement, interne à savoir l'épargne nationale et externe donc l'épargne externe. Dans ces conditions, les entrepreneurs s'apprêtent à investir au cas où le rendement est supérieur au coût, en d'autres termes lorsque l'efficacité marginale du capital6 est supérieure au taux d'intérêt.

Le point essentiel chez Keynes tient au fait que l'investissement est indépendant du niveau de revenu ou de production (Y) de cette économie : Il est stable quelle que soit l'évolution de la production. Donc, l'investissement ainsi défini est autonome. En somme, la

5 Voir tableau VIII en annexes.

6 L'éffcacité marginale représente la productivité de l'investissement. Elle est mesurée le plus souvent par L'ICOR.

Page | 3

fonction d'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt. Keynes parle également de l'investissement induit qui dépend de la production sans prendre les délais d'ajustement. Cette considération fait référence à la notion d'accélérateur simple.

Le point de vue ci-dessus est contesté par les néoclassiques. Pour eux, suivant le principe de l'accélérateur, découvert par l'économiste français Albert Aftalion7 en 1909 et largement mis en oeuvre par Clark, la dépense d'investissement dans une économie est fonction de la demande, c'est-à-dire de l'importance de la variation de la production nationale avec les délais d'ajustement. Bien qu'on fasse l'hypothèse que l'investissement dépend seulement du niveau de la production. Pour que l'investissement net, différence entre le stock de capital désiré et le stock de capital effectif, augmente au cours du temps, il s'avèrerait donc indispensable que le produit national s'accroisse à un rythme de plus en plus accéléré.

D'autres économistes, à l'instar d'Asante (2000) et Gani (2004)8 considèrent la disponibilité du financement comme le déterminant clef de la décision d'investir. Donc une augmentation du crédit dans l'économie engendre un accroissement de l'investissement dans l'économie ceteris paribus.

Un courant de pensée récent évoque la notion de profitabilité comme variable explicative de la décision d'investissement. En ce sens, le coefficient Q de Tobin (1969) est la formulation la plus répandue qui correspond à l'efficacité marginale du capital de Keynes (1936). Donc les anticipations de profits élevés incitent les entrepreneurs à accroitre leur volume d'investissement.

Ces différentes approches sus-mentionnées s'apparentent, bien qu'elles s'opposent, en quelque sorte à l'économie haïtienne. Cependant, elles semblent présenter des limites à l'explication de la réalité de l'investissement au cours de la période sous-étude.

Quant aux taux d'intérêts moyens sur les prêts, ils sont pratiquement élevés en Haïti. En effet, pour la période allant de 1981 à 1990, ils affichaient un taux de 15.60 % pour un taux d'investissement privé moyen de 11.01 % . Au cours de la deuxième décennie allant de 1991 à 2000, le taux d'intêt moyen sur les prêts s'estimait à 20 %, soit une tendance haussière de 28.21% du taux d'intérêt par rapport à la décennie précédente, le niveau de l'investissement

7 Aftalion (1909, cf. Bernier,2001)

8 Voir NDIAYE, 2007.

Page | 4

affichait un taux de 16.78 point de pourcentage en moyenne pour cette décennie9, soit une hausse tendancielle de 52.41 % . Enfin, au cours de la dernière décennie allant de 2001 à 2010, le taux d'intérêt accusait un pourcentage de 26.36 % pour un taux d'investissement privé de l'ordre de 27.40 % . La théorie suivant laquelle l'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt suscite ici des intérrogations.

Graphique I : Évolution comparée du Taux d'intérêt et de l'investissement privé en pourcentage du

PIB (1981-2010)

45.00%

40.00%

50.00%

35.00%

30.00%

25.00%

20.00%

15.00%

10.00%

0.00%

5.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

Taux d'interet Investissement priv/PIB

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : Calculs de l'auteur à partir des données de l'IHSI, de la BRH et du Yearbook FMI.

Quant au crédit10, indicateur de la disponibilité du financement, il accusait un taux de 1.72 % pour un taux d'investissement privé de 11.01 % au cours de la première décennie (1981-1990). Pour la deuxième décennie allant de 1991 à 2000, malgré la chute du taux de crédit , affichant un taux de 0.1436 %, l'investissement a varié à la hausse, accusant un taux de 16.78 %. Pour la troisième et dernière décennie (2001-2010), le crédit a encore chuté, s'estimant à une variation de 0.1169 point de pourcentage, tandis que l'investissement privé s'estimait à 27.40 %. Malgré la faiblesse et la baisse tendancielle du crédit, l'investissement privé affiche une tendance à la hausse. Ce qui semble être à l'encontre des antécédants théoriques.

9Ibid., p.3 10 Ibid., p.4

Page | 5

Graphique II: Évolution comparée du Crédit et de l'investissement privé (1981-2010)

-10.00%

40.00%

50.00%

30.00%

20.00%

10.00%

0.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

cred/pib Inv-priv/pib

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : Calculs propres à partir des données de l'IHSI, de la BRH et du Yearbook FMI.

En effet, la croissance de la production11, indicateur de la demande, de 1981 à 1990 représentait -0.59 % et simultanément l'investissement privé moyen affichait un taux positif de 11.01 %. Pour la deuxième décennie allant de 1991 à 2000, Un faible taux de croissance du Produit Intérieur Brut de l'ordre de 0.17 %, correspondait un taux moyen d'investissement privé pratiquement élevé de l'ordre de 16.78 %. Lorsque la croissance de la production se situe à 0.19% environ pour la période allant de 2000 à 2010, l'investissement affiche un taux de 27.40%. Malgré une faiblesse accrue de la demande, l'investissement privé accusait des taux relativement élevés. Il s'ensuit une tendance contradictoire, contrairement à ce que préconise la théorie économique, entre l'investissement et la variation du PIB en Haïti.

En fait, il est à remarquer, à travers l'analyse ci-dessus, que des taux élevés d'investissements génèrent des taux de croissance économique extrêment faibles voire négatifs. Donc, en terme de volume l'investissement semble être présent en Haïti mais il s'est révélé inéfficace. Le faible effet induit de l'investissement sur la croissance économique soulève la problématique de la productivité de l'investissement.

11 Voir tableau VIII en annexe.

Page | 6

Graphique III : Évolution comparée du taux de Croissance économique et de l'investissement privé en pourcentage du PIB (1981-2010)

-10.00%

-20.00%

40.00%

50.00%

30.00%

20.00%

10.00%

0.00%

1981

1982

1983

Investissement prive/PIB Taux de croissance du PIB

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : Calculs propres à partir des données de l'IHSI et du cahier de Recherche de la BRH.

Cet état des lieux montre d'une part, le vide laissé par la fonction macroéconomique traditionnelle de la décision d'investissement à expliquer le phénomène haïtien et d'autre part la pertinence de la problématique de la productivité de l'investissement. D'où une question s'impose : Quelles sont les variables qui ont le plus influencé sur la productivité de l'investissement privé en Haiti pour la période de 1981 à 2010 ?

II -Hypothèses :

H1:. La faiblesse des investissements publics a un impact négatif sur la productivité de l'investissement privé.

H2 : le cadre légal et institutionnel a un impact négatif sur la productivité de l'investissement privé.

H3 : La gouvernance politique a un impact négatif sur la productivité de l'investissement privé.

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Tableau I : Opérationnalisation des variables des hypothèses

Variables

Dimension

Types

Définition

Indicateurs (mesure)

Soubassements théoriques

Productivité de l'investissement

-quantitative.
-qualitative.

Dépendante

Le taux

d'investissement

substantiel, potentiel qui induit une croissance du PIB plus soutenue.

Incremental Capital Output Ratio (AK/AY)

Harrod-Domar

Cadre légal et institutionnel (CLI)

Ou Infrastructure institutionnelle.

Qualitative

Indépendante

Institutions et politiques gouvernementales qui déterminent l'environnement économique dans lequel les agents accumulent les connaissances et prennent leurs décisions de production.

Variable indicatrice :

CLI=0, cadre légal et institutionnel favorable à l'investissement productif et 1 sinon.

Hall & Jones(1999)

Nouvelle Économie Institutionnelle.

Instabilité politique

Qualitative

Indépendante

Coups d'états, assassinats politiques, manifestations intempestives, contestations politiques et grèves, répressions politiques et dépenses militaires.

Variable

indicatrice : prenant 0 comme valeur dans le cadre d'une instabilité politique et 1 sinon.

Nouvelle Économie Institutionnelle

Investissements publics

Quantitative

Indépendante

Les dépenses en capital de l'État dans les infrastructures, santé, Éducation, tourisme.

Montant des dépenses en capital de l'administration publique.

Théoriciens de la croissance endogène.

Barro(1990)

Source : Auteur du Mémoire III-OBJECTIFS

Le but de ce travail est d'analyser les déterminants économiques et extra-économiques de l'investissement, s'articulant autour des objectifs suivants :

1- Il est tenu de présenter la réalité de l'investissement en Haïti de 1980 à 2010.

2-

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Il importe également de présenter l'environnement des affaires au cours de cette même période.

3- Et enfin il convient de faire ressortir l'importance, le poids des variables extra-économiques (climat des affaires, indice de corruption, instabilité politique, Cadre institutionnel etc.) dans les décisions d'investissement en Haïti au cours de la période sous-étude.

IV-CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Ce travail a été élaboré suivant deux méthodes en sciences sociales : La méthode analytique et la méthode statistique. La méthode analytique qui consiste à décomposer l'objet d'étude en allant du complexe au plus simple et ; la méthode statistique qui tente de concilier les démarches qualitatives et quantitatives.

Les sources de données sont diverses. Cependant, sont priorisées les statistiques provenant de la Banque de la République d'Haïti (BRH) et de l' Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI), et du Centre de Facilitation des Investissements (CFI). Par contre, nous avons également utilisé les données provenant de la Banque Mondiale, De Freedom House, etc.

En vue de confronter nos hypothèses d'avec la réalité, nous avons présenté un modèle à équations simultanées mettant l'emphase sur les deux types de variables qui ont pour but d'expliquer la productivité de l'investissement : variables économiques et des variables extra-économiques. Pour le choix des variables, nous priorisons les variables ciblées à travers nos hypothèses et nous nous inspirons du modèle de Hall et Jones (1999).

Ce présent travail comporte respectivement deux parties ayant chacune deux (2) chapitres :

-La première partie intitulée, `LES FONDEMENTS THÉORIQUES ET EMPIRIQUES DE LA DÉCISION D'INVESTISSEMENT', a pour objectif d'exposer les théories et les travaux empiriques relatifs aux variables qui influent sur la décision d'investissement et sa productivité. À travers cette dite partie, un premier chapitre intitulé `LES DÉTERMINANTS ÉCONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT' a pour but de répérer les variables de la décision d'investir relevant de la fonction macroéconomique traditionnelle et d'autres travaux empiriques d'une part ; et d'autre part, un second chapitre intitulé `LES DÉTERMINANTS EXTRA-

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ÉCONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT' exposant les variables institutionnelles, socio-politiques, culturelles et administratives de la décision d'investissement.

La deuxième partie dénommée, `LA RÉALITÉ DE L'INVESTISSEMENT EN HAÏTI DE 1981 À 2010' présente l'environnement dans lequel s'effectue l'investissement. Dans cette deuxième partie, le premier chapitre intitulé `LES DÉTERMINANTS DE L'INVESTISSEMENT : LES FAITS', a pour but de décrire et analyser le climat de l'investissement du point de vue institutionnelle et étudier le profil des investissements effectués au cours de la période sous-étude d'une part ; et d'autre part, le quatrième et dernier chapitre intitulé, `LES DÉTERMINANTS DE L'INVESTISSEMENT :UN MODÈLE ÉCONOMÉTRIQUE', présente un modèle à équations simultanées ayant pour objectif de mesurer et analyser l'impact de certaines variables de la revue de littérature sur la productivité de l'investissement.

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PREMIÈRE PARTIE

LES FONDEMENTS THÉORIQUES ET EMPIRIQUES DE LA DÉCISION
D'INVESTISSEMENT

La tâche qui incombe aux économistes à préciser les variables explicatives de la décision d'investissement privé productif, dans une économie donnée, s'avère difficile, du fait que l'investissement constitue un choix d'une relative complexité où s'incorporent des variables observables et mesurables que nous désignons par déterminants économiques de l'investissement, comme le taux d'intérêt, et des facteurs subjectifs dont l'évaluation n'est pas aisée à déterminer, comme le climat des affaires, que nous désignons par variables extra-économiques de l'investissement.

Toutefois, nous tenons à mettre en exergue ces deux catégories de variables sus-citées du comportement des investissements selon les écoles de pensée respectives : Les classiques se limitent autour de la fonction importante du taux d'intérêt, et Keynes, à cela ajoute la notion de la demande anticipée; le modèle Harrod-Domar, en établissant une relation stable entre production et Stock de capital, met en évidence la productivité marginale du capital appelée ICOR(Incremental Capital-Output Ratio). Par contre, les néoclassiques tiennent compte des délais d'ajustement de la demande anticipée, d'où l'accélérateur fléxible, les théoriciens de la croissance endogène ont prouvé le rôle de l'investissement public dans la décision des investissements privés. Cependant, les théoriciens de l'école institutionnaliste ainsi que des travaux empiriques tiennent compte des variables politique, sociale, culturelle et administrative de la décision d'investissement. C'est ainsi que Mauro (1995), et Meyer12(1999) ont montré l'influence négative d'un mauvais climat d'affaire sur l'investissement.

Cette présente partie se propose d'étudier d'une part, les variables économiques de l'investissement ( Chapitre I ). Et d'autre part, nous étudions ses limites en exposant les variables extra-économiques ( Chapitre II ).

12Meyer(1999 ;cf. Bonny JEAN BAPTISTE,2005)

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CHAPITRE I

LES DÉTERMINANTS ÉCONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT

Comme nous l'avons mentionné dans les lignes ci-dessus, les variables économiques de la décision d'investissement se refèrent aux variables objectives, quantitatives et mesurables. À ce titre, la base de la théorie de la décision d'investissement remonte aux travaux de Fischer. En ayant pour socle l'arbitrage entre le désir de consommation immédiate et le principe d'opportunité d'investir, Fischer a présenté une théorie du taux d'intérêt. Selon Fischer, la décision d'investissement n'était économiquement rationnelle que si la rentabilité économique espérée du capital était supérieure aux taux d'intérêt réel.

À partir de cette base théorique fishérienne de la décision d'investissement, d'autres paradigmes ont vu le jour débouchant sur la fonction macroéconomique traditionnelle de la décision d'investir. Cette dernière regroupe les différents facteurs suivants : L'évolution de la demande, le coût relatif des facteurs de production, les contraintes financières et le coût d'opportunité.

En effet, la demande se réfère à la perspective de débouchés suffisants ; le coût relatif des facteurs de production est lié aux coûts salariaux et aux coûts du capital rapportés à la productivité des facteurs ; les contraintes financières font référence aux notions d'autofinancement, d'emprunt et de rentabilité financière ; le coût d'opportunité s'adhère à la notion du coût d'usage du capital.

De nombreux travaux empiriques ont été également effectués. Les théoriciens de la croissance endogène à l'instar de Barro (1990) et de Long et Summers (1991) ont démontré le lien existant entre l'investissement public dans les infrastructures et l'investissement privé. Greene et Villanueva (1990) ont établi la relation entre l'instabilité macroéconomique et l'investissement privé.

C'est ainsi qu'il importe d'étudier ces différents déterminants de la décision d'investissement à travers deux (2) sections respectivement. La première section est un cadre théorique exposant l'approche keynésienne et l'approche néoclassique de la décision d'investissement et de sa productivité ; La deuxième section est une revue de littérature théorique et empirique présentant les différents travaux de la décision d'investissement.

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SECTION I : Cadre théorique

Le cadre théorique de cette présente étude s'articule autour de deux (2) grands courants de pensée de la décision d'investissement : Une approche keynésienne et une approche néoclassique.

1 La théorie keynésienne de la décision d'investissement

L'opération par laquelle un producteur décide de transformer des actifs monétaires en actifs physiques consiste en la décision d'investissement. Cette décision indispensable à la croissance, est fonction selon Keynes, du taux d'intérêt et du volume des ventes ou rendements espérés.

1.1 L'Investissement et le Taux d'intérêt

L'investissement est enclin à deux modes de financement: Le financement par des fonds propres ou le financement par des emprunts. Et dans les deux scénarios, les intérêts constituent le coût lié à cet investissement. Étant donné que les entrepreneurs sont préoccupés à la rentabilité financière, ils vont comparer ce coût avec le rendement du projet. En ce sens, la rentabilité du capital est le moteur de l'investissement. La prise en compte de cette considération microéconomique a poussé les Américains Robert Solow13(1956) et Trevor Swan14(1956) à développer, séparément en 1956, un modèle qui constitue le cadre de référence de l'analyse de la croissance. Cette dite rentabilité s'étudie par référence au critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN) et le concept du Taux de Rendement Interne (TRI).

1.1.1 Critère de la Valeur Actuelle Nette (VAN)

La Valeur Actuelle Nette(VAN), en matière de décision d'investissement, est primordiale car elle consiste à comparer le coût et les recettes d'un projet d'investissement. Deux groupes d'éléments s'apparentent aux études d'une opportunité d'investissement par un entrepreneur:

-Une dépense d'investissement (I0) à effectuer immédiatement pour acquérir des biens d'équipement dont la durée de vie est de (n) années.

13 Solow (1956 ;cf.Bénassy,2002)

14 Trevor Swan, op. cit.,p. 12.

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-Des recettes futures nettes (RN) espérées provenant de la vente des produits acquis au moyen de l'investissement pris sur toute sa durée de vie15.

Soit donc RN1, RN2,.....RNn, les recettes nettes espérées ou les rendements escomptés, par un entrepreneur envisageant d'acheter des biens d'équipements d'une valeur Io. Soit r16 le taux d'intérêt et n la durée de vie des équipements. Pour décider de la faisabilité d'un projet, il faut calculer sa VAN, c'est-à-dire de la différence entre la somme des recettes actualisées et le coût d'achat des équipements:

VAN= + + +.....+

Ce projet ne sera considéré comme rentable et ne sera réalisé que si sa VAN17 est positive. 1.1.2 le taux de rendement interne (TRI)

S'inspirant de la VAN, Keynes va faire valoir le concept alternatif appelé Efficacité Marginale du Capital (EMC), appelé aussi Taux de Rendement Interne de l'investissement (TRI). Le Taux de Rendement Interne (TRI) est le taux d'actualisation(J1) qui rend nulle la différence entre la valeur présente de l'investissement et ses recettes espérées ou attendues. Le TRI (J1) d'un projet est déduit de la relation :

+

J1

 

+

 

+.....+

 

J1

J1

J1

La décision d'investissement résultera dans ces conditions d'une comparaison entre u et le taux d'intérêt (r). Pour qu'un investissement soit réalisé, il faut que son TRI soit supérieur au taux d'intérêt.

Rendements espérés > coûts

15Ici, il s'agit de prévisions: prévision des coûts de production, celle de la durée d'utilisation, celle des résultats attendus de l'exploitation.

16L'analyse keynésienne de courte période fait l'hypothèse que les prix sont constants, c'est-à-dire le taux d'inflation anticipée est nul , donc le taux d'intérêt créditeur est égal au taux d'intérêt débiteur.

17Le calcul de la VAN signifie que le projet n'est rentable qu'au terme d'une période et que, est nulle, la valeur résiduelle.

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Ainsi, plus le taux d'intérêt est faible, plus le montant des investissements est élevé, et les projets seront de plus en plus rentables. L'investissement est donc une fonction décroissante du taux d'intérêt :

I= f(r) avec : : < 0.

1.1.3 L'investissement et la demande anticipée : Formulation de l'accélérateur simple.

Cette théorie stipule que plus l'output s'accroitra, plus le capital nécessaire pour le fabriquer est important, et donc plus il est susceptible d'investir. L'idée sous-jacente de cette théorie s'inscrit dans le principe d'accélération.

Albert Aftalion18 écrivait déjà en 1913 sur le phénomène : « Il suffit d'insensibles oscillations à la base de la pyramide économique pour déterminer de terribles ébranlements, des écroulements retentissants parmi les constructions qui sont au sommet ». Le principe d'accélération permet de saisir la détermination de l'investissement induit.

Trois conditions, au moins, doivent être vérifiées pour qu'une variation de la demande se traduise par un accroissement des capacités de production :

-Il faut qu'il n'y ait pas de capitaux oisifs, c'est-à-dire les capacités de production sont pleinement utilisées.

-On fait l'hypothèse que la production s'ajuste immédiatement à la demande de sorte que la production substitue la demande dans la fonction d'investissement.

-On suppose une fonction de production à coefficients fixes et des rendements d'échelle constants.

En admettant que la production s'adapte momentanément à la demande anticipée, l'accélérateur simple suppose que l'investissement d'une période est proportionnel à la variation de la production de la même période, d'où :

Kt= U Yt ? Inet = U(?Yt)=U(Yt-Yt-1)

18Aftalion(1913;cf.Bernier,2001)

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Où á est le coefficient d'accélération, égal au coefficient de capital ( / )19, Etant donné Yt-1 est

une constante, il s'ensuit que l'investissement net est une fonction croissante du niveau de production :

Inet = f(Y) avec > 0.

L'investissement nouveau nécessaire pour supporter l'accroissement de la demande correspondante est appelé investissement induit. L'investissement brut sera donc égal l'investissement induit plus l'investissement de remplacement.

L'accélérateur est fonctionnel au cas où la demande est croissante. Si la demande baisse, il y aura de capitaux oisifs, l'investissement sera nul. Si il y a une reprise de la demande, les capitaux oisifs doivent être utilisés pour relancer de nouveaux investissements.

En somme, les déterminants de l'investissement dans la théorie keynésienne dépendent aussi bien du taux d'intérêt que du volume des ventes anticipé :

Inet=f(r, y) avec >0

1.1.4 Le modèle Harrod-Domar20 : Productivité marginale du capital (ICOR)

Le modèle Harrod-Domar est d'inspiration keynésienne. Il établit une relation stable entre production (Y) et stock de capital (K) :

(1) Y=K/k où k est le rapport capital /production (K/Y). L'hypothèse retenue est celle d'une constance de k. En dynamique la relation devient :

(2) AY= AK/k. Le taux de croissance (g=AY/Y) s'écrit alors comme le produit du taux d'investissement (AK/Y = I/Y) et de la productivité marginale du capital (AY/AK).

(3) AY/Y = AK/Y * AY/AK. En considérant qu'en économie fermée, l'investissement est égal l'épargne, il vient :

(4) g = s/k avec s, le taux d'épargne (S/K) et k l'inverse de la productivité marginale du capital appelée ICOR (Incremental Capital-Output Ratio = AK/AY).

19Dans cette expression, le coefficient moyen de capital est égal au coefficient marginal de capital. 20Cf. MONTALIEU Thierry, Économie du Développement. Edition De Boeck, 2008. p. 72.

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Le taux de croissance d'une économie résultera de la capacité à mobiliser l'épargne se transformant ensuite en investissement et de l'efficacité avec laquelle on utilise les ressources en capital.

Sous l'hypothèse d'un ICOR constant, la relation entre taux d'épargne et taux de croissance devient directe. Mais La question qui est posée est celle de la stabilité et de l'exogénéité de l'ICOR. De nombreuses études empiriques indiquent qu'il n'est pas constant, ni dans le temps et ni dans l'espace. La productivité marginale du capital n'est pas un paramètre purement technique, elle dépend également du système économique dans lequel les projets d'investissement prennent place mais aussi de la conjoncture.

1.2 La théorie néoclassique de la demande d'investissement

Dans le modèle néoclassique de l'investissement, on tient compte des délais d'ajustement où l'investissement est défini comme étant la différence entre le stock de capital désiré (K*t) et le stock de capital existant ( - 1) moyennant un coefficient d'ajustement X. Ce paradigme constitue

le fondement des modèles d'accélérateurs flexibles comme celui de Koyck21(1954) et de Jorgenson(1963).

1.2.1 La Décision d'investissement

Chez les néoclassiques, la décision d'investissement résulte de la comparaison entre le gain net ou rendement de l'investissement et le coût d'opportunité des fonds investis22. En d'autres termes dans l'analyse microéconomique néoclassique, la fléxibilité des prix des marchés permet à la firme de choisir la meilleure combinaison des facteurs productifs en vue de maximiser son profit. Ce modèle de l'investissement repose principalement sur la comparaison par l'entrepreneur des coûts relatifs de ces facteurs. Il s'agit du coût d'usage du capital et le coût réel du travail. Le rendement de l'investissement est constitué de deux éléments :

Cet investissement d'une unité augmente la production Yt+1 de la Productivité marginale du capital PmK qui sera vendue au prix Pt+1 c'est-à-dire que le revenu additionnel sera : (Pt+1)

21Koyck(1954;cf.Alphandery,1976)

22 Stroh, K. J. 2000 << Investissement et croissance de la productivité : étude inspirée de la théorie néoclassique et de la nouvelle théorie de la croissance>>. Document hors série no 24 Programme des publications de recherche d'industrie Canada, juin.

(PmK). En tenant compte d'un taux d'amortissement ä, à la fin de la période, de cet investissement, il en restera (1-ä). Faisant l'hypothèse que le producteur vend tout son capital à la fin de chaque période, la valeur résiduelle est :(Pt+1) (1-ä).

Ainsi, une unité d'investissement coûte Pt en t et rapporte en (t+1) : (Pt+1) [PmK + (1-ä)]. D'ou le rendement en valeur de cet investissement qui correspond au :

Gain net= (Pt+1) [PmK + (1-ä)] - Pt.

Gain net= Recette marginale + valeur résiduelle + Prix d'achat

Par ailleurs, le montant Pt dépensé pour l'achat du capital a un coût d'opportunité, c'est-a-dire un revenu ou un gain qui aurait pu être réalisé si Pt était placé. En supposant que le taux d'intérêt débiteur est égal au d'intérêt créditeur (R), nous pouvons déduire que :

Le coût d'opportunité des fonds investis= R*Pt

Les entreprises augmenteraient leur stock de capital, c'est-à-dire investir, au cas où le rendement du capital est supérieur au coût d'opportunité du capital. L'égalisation entre ces deux derniers permet de déterminer le stock de capital optimum.

(Pt+1) [PmK + (1-ä)] - Pt= R*Pt

Sachant que: t = - 1 => Pt+1 = ( t +1)(Pt)
L'équation (1) devient:

= ( t +1) )(Pt)[PmK + (1-ä)] - Pt= R*Pt

Si nous simplifions par Pt, nous obtenons:

( ^ +1) )[PmKt + (1-ä)] - 1= R

«Rendement nominal de l'investissement = Taux d'intérêt nominal

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«( ^ +1) )[PmK + (1-ä)] = R+1

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?PmKt + (1-ä) = ^

Remarque: On démontre que si 0 < ^ < 1, alors ^ 1 + R - ^

réel(r) ).

Il s'ensuit que: Soit PmKt - ä = r (2) et PmKt = r + ä (3)

(avec R - ^ = taux d'intérêt

Avec r + ä = cu : Le coût d'utilisation du capital pendant une période de production. Ce coût est appelé coût d'usage du capital.

La relation (3) établit la condition d'obtention du capital optimum : l'égalité entre ce que rapporte une unité de capital et ce que coûte l'usage de cette unité de capital : Pmkt = cu.

En somme,le stock de capital optimum est une fonction décroissante du coût d'usage du capital23 :

Kt*= f(cu) avec < 0, et comme r24+ ä = cu = R- ^ + ä,

Alors : K*t = f(r+ ä) (avec < 0 et < 0. )

Étant donné que l'investissement brut(IBt ) est égal à l'investissement net augmenté de son amortissement, on a :

IBt = ( - ) +ä _ ( _ est supposée constante), alors :

IBt = f(r+ä) avec < 0 et < 0.

comme Kt*= f(r+ä) avec < 0 et < 0.

On peut en déduire la relation : IBt = f(R - ^ + ä) avec < 0 et < 0. Avec ^ > 0.

23 Car on suppose que la productivité marginale du capital est décroissante. 24Remarquons que r varie si l'une de ses composantes R ou ^ varient.

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En substance, l'investissement est en relation décroissante avec le taux d'intérêt nominal et le taux d'amortissement, et en relation croissante avec le taux d'inflation anticipé.

1.2.2 Accélérateur flexible : Modèle de Koyck25(1954)

Contrairement à l'accélérateur simple26 où le stock de capital est relié au niveau de

production d'une année, dans l'accélérateur flexible, le stock de capital désiré est
proportionnel à une moyenne pondérée des outputs des années antérieures, la part des outputs est supposée décroissante avec le nombre d'années reculées. Koyck a fait choix d'une série géométrique décroissante :

En période t : Kt= á (1-X) [Qt+X Qt-1 + X2 Qt-2 +...+Xn Qt-n] (1) En période t-1 : XKt-1= á (1-X)[ X Qt-1 + X2 Qt-2 +...+Xn Qt-n] (2) D'après (1) et (2) : Kt- X Qt-1= á (1-X)Qt

D'où : Kt= á (1-?) Qt +? Qt-1

L'investissement en cours de période correspond à la différence entre le niveau de capital à la période et le niveau de capital à la période passée. L'investissement net induit par les variations de l'output est :

It= Kt - Kt-1= á(1-X) Qt + X Kt-1 -Kt-1 Donc, It = á (1-?) Qt - (1- ?) Kt-1

Notons que l'investissement brut (I ) à chaque période comprend l'investissement induit (It) et l'investissement de remplacement (Dt) :

I = It +Dt

Supposons que (Dt) soit proportionnel au stock de capital de la période précédente :Dt =ô Kt-1 (ô : taux de dépréciation).

25Ce modèle a été développé par Edmond ALPHANDERY dans son livre intitulé Cours d'Analyse Macroéconomique, p 85.

26Les limites de l'accélérateur ont été prouvées par des estimations empiriques .On a remarqué, statisquement, que l'accélérateur défini comme le rapport entre l'accroissement de l'output et l'augmentation induite d'investissement est peu élévé et très inférieur au rapport capital-output.

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IBt = It + Dt => IBt = á (1-ë)Qt - (1- ë) Kt-1 + ä Kt-1

D'où :IBt = á (1-X) Qt -(1- X- S) Kt_ 1 avec -(1- X- S) > 0.

Le niveau de l'investissement est une fonction croissante avec le revenu (l'output) et décroissante du capital de la période précédente.

1.2.3 Accélérateur flexible : Modèle de Jorgenson (1963)

D.W. Jorgenson (1963) a construit un modèle d'ajustement du stock de capital à son niveau optimal. Il prend en considération des retards d'ajustement dus aux délais de réalisation. Il ne tient pas compte des délais de réactions. Le modèle est élaboré de la manière suivante :

- L'investissement net (INt), réalisé au cours d'une période donnée t, est égal à la variation effective du stock de capital au cours de la période considérée :

= K 1 - Kt (1)

Cette dite relation est une relation ex post de l'investissement réalisé. Elle est toujours vérifiée, par définition.

-L'investissement net, ex ante, par des décisions d'investissement des entrepreneurs (DIt), est aussi déterminé. Pour procéder à des calculs, on fait l'hypothèse que :

Toute décision d'investissement prise au début d'une période t, est réalisée dans la proportion (?0) au cours de cette période t, dans la proportion (?1) au cours de la période t+1, dans la proportion (?2) au cours de la période t + 2 .... Et dans la proportion (?n) durant la période t + n.

Cette répartition chronologique ne varie pas, elle est la même pour toutes les décisions d'investissement et que tous les projets finissent par être réalisés, on a alors :E n Et

L'investissement net, réalisé durant la période (t) résulte des décisions précédentes d'investissement (DI), considérées au cours des précédentes t, t-1, t-2,.... t-n. Il s'identifie sous la forme ci-dessous :

INt = ?0 DIt + ?1 DIt-1 + ?2 DIt-2 +.... + ån DIt-n (2)

En intégrant, dans l'expression (2), un opérateur retard (S), tel que :

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SnDIt = DIt-n (3) .On obtiendra : INt = E0SDIt (4)

Où E(S) est donné par la relation suivante :E(S) = E0 + E1 S + E2 S2 +.... + En Sn

La détermination de l'investissement au cours de la période (t), selon la relation (4), consiste à déterminer le critère de décisions des investissements des entreprises (DIt), au début de la période (t) sachant que la distribution å(S) est donnée.

-Le critère de détermination possible selon Jorgenson consiste à prendre la décision permettant, avec les fractions non encore réalisées des décisions passées, au stock de capital disponible (Kt) de s'ajuster a son niveau désiré (Kt*).

Algébriquement, pour toute valeur de t, ce critère s'exprime de cette manière : K*t- Kt = DIt + (1-E0)DIt-1 + (1- E0- E1) DIt-2 +..... + + (1- E0- E1-..... En) DIt-n (5) Au début de la période t-1, la relation (5) s'écrit :

= DIt-1 + (1- E0) + DIt-2 + (1- E0- E1) DIt-2 +..... (6)

La différence entre (6) et (5), donne :

(K*t- Kt)-( ) = DIt - E0- E1DIt-1 - DIt-2 En) DIt-n
= DIt - E0S DIt - E1S2 DIt - E2S3 DIt = (1- E0S - E1S2 - E2S3) DIt Il s'ensuit que : (K*t - K*t-1) - (Kt - K t-1) = [1- S å(S)] DIt

En introduisant l'opérateur de retard et la relation (1), on obtient : (K*t - K*t-1)= [1- S å(S)] DIt + S INt

En substituant INt, dans la relation (4), par sa valeur, on obtiendra : (K*t - K*t-1)= [1- S å(S)] DIt + S å(S) DIt = DIt

On a donc, DIt = K*t - K*t-1

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La décision (DIt ) permettant, avec les proportions non réalisées encore des décisions passées, au stock de capital disponible (Kt ) de s'ajuster a son niveau désiré ( ) est celle qui facilite au stock de capital de se maintenir en permanence, a un niveau optimal.

En substituant dans l'équation (4) (DIt ) par sa valeur, on obtient la fonction d'investissement suivante :

INt= å(S) (K*t - K*t-1) (7) D'où : K t = å(S) K*t (8)

Cette dernière équation décrit le processus d'ajustement du capital. Le modèle de Jorgenson

s'assoit sur le raisonnement suivant : La décision d'investissement repose sur l'ajustement
entre un niveau effectif de capital ( ) et un niveau optimal de stock de capital ( .

Section II : Revue de Littérature théorique et empirique

Les déterminants de l'investissement privé ont été traités dans le cadre de travaux théoriques et empiriques pertinents. Cette section présente les résultats d'étude faisant le lien entre l'investissment public et privé (théoriciens de la croissance endogène), le lien entre l'investissement privé et l'instabilité macroéconomique( Greene et Villanueva) et le lien entre l'investissment privé domestique et l'investissment direct étranger.

2.1 Lien entre investissement public et investissement privé

Les ténors de la croissance endogène à l'instar de Barro (1990) et de Romer (1986), De long et Summers (1991)27 stipulent que l'investissement public sous la forme de ports, de routes, et de télécommunications crée l'infrastructure de base nécessaire à la réalisation des projets d'investissement privé rentables et peut donc faciliter la croissance. Par contre, les investissements publics dans le commerce et dans l'industrie dans lesquels les entreprises publiques concurrencent le secteur privé sont susceptibles de décourager l'investissement privé.

Bon nombre de travaux empiriques ont été effectué sur le lien entre investissement privé et investissement public en vue de confirmer cette intuition. C'est ainsi que Aschauer (1989) et Erenburg (1993) ont également déterminé à un niveau global, l'incidence des infrastructures publiques sur l'investissement privé et ils ont abouti à une corrélation positive. Khan et Blejer

27 De long et Summers(1991 ;cf.AUF,2007)

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(1984) ont élaboré une étude portant sur le comportement de l'investissement dans 24 pays en développement. S'inspirant du modèle de l'accélérateur, ils ont conclu que l'investissement était positivement lié par la tendance du niveau de l'investissement public en infrastructure, il est positivement influencé à la variation du PIB réel et négativement lié par la capacité excessive de production. Easterly et Rebelo (1993) ont également utilisé un large échantillon de pays pour étudier les liens entre investissement public et investissement privé. Ils ont remarqué que l'investissement public qui inclut une large gamme de projets d'infrastructure, est corrélé positivement à la fois à l'investissement privé et à la croissance. En faisant une subdivision sectorielle, ces auteurs réalisent que c'est l'investissement dans les transports et les communications qui influe positivement le plus sur l'investissement privé et la croissance.

Cependant, Greene et Villanueva (1991) ont nuancé sur les études suscitées. Pour eux, à court terme l'investissement public ne fait qu'évincer l'investissement du secteur privé. La relation de complémentarité entre l'investissement privé et l'investissement public ne réside que dans le long terme.

2.2 Lien entre investissement privé et instabilité macroéconomique

Les résultats d'étude de Mlambo et Elhiraika28 (1997) ont étudié l'impact de l'incertitude macroéconomique sur l'investissement domestique. Ils ont retenu les variables explicatives suivantes de l'instabilité macroéconomique : Le taux d'inflation, le taux de change réel, les déficits fiscaux.

Les travaux de Greene et Villanueva (1990), d'Asante (2000), de la Banque Mondiale (1996) ont montré l'impact négatif du taux d'inflation sur l'investissement privé.

D'autres auteurs comme Pfefferman et Madorassy (1991), Seruvatu et Jayaraman (2001) estiment que le taux de change réel est un déterminant de l'investissement. Asante (2000) prouve que l'impact du taux de change réel sur l'investissement est positif dans le cas du Ghana.

Selon Madarassy et Pfeffermann29 (1991), le financement domestique des déficits fiscaux réduit directement les crédits disponibles aux firmes privées. Greene et Villanueva(1990) prouvent

28Mlambo et Elhiraika(1997;cf.NDIAYE,2007)

29Madarassy et Pfeffermann(1991;cf.NDIAYE,2007)

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qu'un taux d'investissement élevé induit des déficits fiscaux bas. Le papier de recherches d'Asante (2000) trouve que le ratio des taxes sur les revenus des sociétés aux revenus fiscaux totaux a un effet non significatif sur l'investissement au Ghana.

2.3 Lien entre investissement privé domestique et investissement Direct Etranger.

De nombreux travaux empiriques tentent à expliquer dans quelle mesure l'IDE exerce un effet d'éviction ou un effet d'entraînement sur les investissements privés domestiques. Cette question primordiale a été largement mise en évidence par Borensztein et al (1998). Markusen et Venables (1999), dans leurs études théoriques, considèrent qu'il existe entre les IDE et les entreprises domestiques des liens possibles de complémentarité30.

De Gregorio et Lee (1998) ont prouvé une relation positive entre les IDE et les investissements domestiques, même si cet effet n'est pas très significatif. Soya et Oneal (1999) ont montré également que les IDE incitent les investissements locaux au lieu de les empêcher. Les firmes locales peuvent tirer profit de la présence des firmes étrangères pour améliorer leur productivité totale des facteurs31.

Dans son rapport en 2002, la CNUCED affirme que l'effet positif des IDE sur l'investissement domestique se traduit par le biais de plusieurs canaux tels que : L'accroissement de la concurrence et de l'efficacité, la transmission des techniques de contrôle de qualité à leurs fournisseurs et l'introduction d'un nouveau savoir-faire. Les firmes multinationales peuvent également inciter les entreprises locales à améliorer leur gestion ou emprunter, s'inspirer des techniques de commercialisation utilisées par les multinationales sur le marché local ou mondial. Alaya (2004) dans son étude sur le lien entre investissement direct étranger et croissance économique, a montré également que l'IDE influe positivement et d'une manière significative sur l'investissement domestique en Tunisie. Selon les résultats de son étude, une augmentation d'un (1) point du ratio des IDE par rapport au PIB ferait varier à la hausse l'investissement local de 1.15 points.

30 Cf. NDIAYE, 2007.

31 Ibid.

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Collins et Bosworth32 (1999) estiment également l'impact des IDE et des flux de capitaux sur l'investissement pour un panel de 58 pays en développement entre 1978 et 1995. L'échantillon considéré couvre en grande partie l'Asie de L'Est et du Sud, de l'Amérique latine, du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de l'Afrique Subsaharienne. Trois types de flux ont été pris en considération : IDE, investissements de portefeuille, prêts bancaires, qui, semblent, ne sont pas corrélés entre eux. Les auteurs trouvent qu'à chaque dollar d'entrée de capitaux induit une augmentation de 50 cents des investissements intérieurs pour l'ensemble de l'échantillon. Cependant, il existe des différences marquées selon le type de flux. En effet, l'IDE a l'impact le plus significatif : Un dollar d'IDE accroît l'investissement intérieur de 80 cents. Dans cette même lignée, Mayer et Agosin33 (2000) ont étudié l'incidence des IDE sur l'investissement intérieur par région en utilisant un échantillon de 32 pays avec une plus longue période allant de 1970 à 1996. Les résultats de leurs travaux ont montré que l'IDE a incité l'investissement intérieur en Asie. C'est ainsi que, à chaque un dollar supplémentaire d'IDE correspond une augmentation de plus d'un dollar d'investissement total. Par contre, en Amérique latine l'IDE évince l'investissement domestique et que son incidence est pratiquement neutre en Afrique.

En substance, ces variables de la décision d'investissement, bien qu'elles proviennent de plusieurs paradigmes concurrents, se trouvent sur le label d'un environnement macroéconomique sain. C'est-à-dire on fait abstention des chocs éxogènes, des aléas conjoncturels et des variables qualitatives, culturelles et politiques. D'autres paradigmes vont faire valoir ces variables qualitatives faisant l'objet du chapitre qui suit.

Tableau II : Tableau de synthèse sur le cadre théorique et la revue de littérature

Auteur

Facteur évoqué

Mécanisme

Formulation possible

Résultats

I-Cadre théorique

32Ibid, p 24. 33Ibid.

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1-Keynes(1936) 2-Koyck(1954) 3-Jorgenson(1963)

 

Perspectives de demande

Principe de l'accélérateur : Relation
initialement macroéconomique, reliant la
variation anticipée de la demande à la
variation du capital (investissement).
L'effet est dit accélérateur du fait que, s'il
n'y a pas de capacités de production
inexploitées, l'augmentation de la
production nécessite une dépense en
capital plus que proportionnelle
(dépendant du coefficient de capital).

1) Kt= á Yt Inet=á (?Yt)=á (Yt-Yt-1)

Si on adopte une hypothèse d'anticipations adaptatives :

2) IBt = á (1-ë) -(1- ë- ä) avec -(1- ë- ä) >0. (Koyck).

3) INt= å(S) (K*t - K*t-1) (Jorgenson)

1-l'investissement est une fonction croissante de la demande.

2-Le niveau de l'investissement est une fonction croissante avec le revenu (l'output) et décroissante du capital de la période précédente.

3-La décision d'investissement Dit repose sur l'ajustement entre un niveau effectif de capital (Kt) et un niveau optimal de

stock de capital (Kt ).

Tobin(1969)

Perspectives de profits liés aux nouveaux investissements

Rôle de la profitabilité (Q de Tobin)

Le Q marginal pour un nouvel équipement I se définit comme :

Taux de rendement Interne de 7

R

TUC

Qm > 1 :

L'investissement est réalisable.

Qm < 1 :

L'i nvestissement ne doit pas être réalisé

= a0 + a1Q + a2 +

Kt -i

Où TUC est le taux d'utilisation des capacités ; Le Q moyen de Tobin défini comme :

Valeur boursière

Q m

Coût du financement de 7

Valeur de remplacement

Keynes(1936)

Théorie néoclassique

Comparaison entre le coût du capital et de son rendement

le rendement de
l'investissement
et le coût
d'opportunité
des fonds
investis

La rentabilité s'étudie par référence au critère de la Valeur Actuelle Nette(VAN) et le concept du Taux de Rendement Interne(TRI). Lorsque l'efficacité marginale du capital est supérieure au coût du capital : L'investissement est réalisable.

Le mécanisme de la flexibilité des prix des
marchés permet à la firme de choisir la
meilleure combinaison des facteurs
productifs en vue de maximiser son profit.
Ce modèle de l'investissement repose
principalement sur la comparaison par
l'entrepreneur des coûts relatifs de ces
facteurs. Il s'agit du coût d'usage du capital
et le coût réel du travail.

VAN= RN 1+ RN2 + RN3

L'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt et une fonction croissante de l'efficacité marginale ou rendement du capital.

Les entreprises augmenteraient leur stock de capital, c'est-à-dire investir, au cas où le rendement du capital est supérieur au coût d'opportunité du capital.

1+r (1+r)Z (1+r)3

I

+.....+(R+

)Z?0, est
réalisable.

TRI > r: l'investissement est réalisable.

(Pt+1) [PmK + (1-ä)] - Pt= R*Pt

Rendement> Coûts

Asante(2000)

La disponibilité du

L'intermédiation bancaire

 

Le crédit a un impact positif sur

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Gani(2004)

 

financement : Le crédit.

 
 

l'investissement privé.

Le modèle
d'Harrod-Domar

Rapport entre le taux de croissance et le taux d'investissemen t(ICOR)

Relation stable entre production et stock de capital.

AY/Y = AK/Y * AY/AK.

g = s/k avec s, le taux d'épargne (S/K) et k l'inverse de la productivité marginale du capital appelée ICOR (Incremental Capital-Output Ratio = AK/AY

La productivité
marginale du capital
n'est pas un paramètre
purement technique,
elle dépend également
du système
économique dans
lequel les projets
d'investissement
prennent place mais
aussi de la conjoncture.

II- Revue de littérature Théorique et empirique

Barro(1990)

De long et Summers(1991)

Romer(1986)

Investissement public en infrastructures sous forme de routes, ponts et de télécommunications

Création d'externalités positives.

 
 

L'investissement public a un impact positif sur l'investissement privé

 
 

Greene et Villanueva

(1990)

Instabilité

macroéconomique

Investissement Direct Étranger(IDE)

Taux d'inflation, Taux de change réel, déficits fiscaux.

L'accroissement de la concurrence et de l'efficacité, la transmission des techniques de contrôle de qualité à leurs fournisseurs et l'introduction d'un nouveau savoir-faire.

 
 

Impact négatif de l'instabilité macroéconomique sur l'investissement privé.

 
 

Borensztein et al (1998)

Markusen et Venables(1999)

CNUCED(2002) Alaya(2004)

 
 

Relation positive entre les IDE et

l'investissement privé.

une augmentation d'un (1) point du ratio des IDE par rapport au PIB ferait varier à la hausse l'investissement local de 1.15 points. (Alaya)

 
 

Source : Auteur du mémoire

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CHAPITRE II

LES DÉTERMINANTS EXTRA-ÉCONOMIQUES DE L'INVESTISSEMENT

Kobrin (1976) fut l'un des pionniers à avoir incorporé, dans un modèle à la détermination de l'investissement privé étranger, les variables politiques, sociales, culturelles et administratives. Il a montré dans son étude que le risque sous ces différentes facettes constitue un obstacle majeur à la réalisation d'investissements privés rentables et décourage tout investisseur potentiel. D'autres études plus récentes abondent dans cette même ligne d'idée et ont prouvé les liens intrinsèques entre ces dites variables et l'investissement ; on peut citer les travaux de Mauro (1995), Meldrun34 (2000), etc.

Les travaux empiriques de Tanzi et Davoodi (1994) ont étudié comment la qualité des institutions physiques et humaines influencent l'investissement domestique à travers la corruption, l'instabilité politique et sociale.

Cependant, les travaux de Kaufmann (2000) et ceux de Zoido-Lobatón (2000) ont prouvé que les variables politiques, sociales, administratives sont toutes charriées par le concept de Gouvernance. Pour ces auteurs, la gouvernance se réfère aux traditions et aux institutions à travers desquelles s'exerce l'autorité dans un pays. En ce sens, se trouvent inscrits dans le concept de gouvernance : le respect des institutions par l'État et les citoyens, l'allocation et la gestion des ressources rares de façon à résoudre les problèmes collectifs, La capacité des gouvernants de formuler et d'appliquer de saines politiques et d'adéquates réglementations, les procédures de choix, et de remplacement des gouvernants. Selon le Programme des Nations pour le Développement (PNUD,1997), la transparence, la satisfaction des besoins et des attentes, la primauté du droit, la responsabilité, l'efficacité et l'équité sont les principaux critères d'évaluation de la qualité de la gouvernance. Les résultats d'études d'Asiedu (2003) ont prouvé que la stabilité macroéconomique des institutions efficientes, de la stabilité politique et d'un cadre légal et réglementaire ont un impact positif sur la décision d'investissement. Par contre, la dérogation à ces caractéristiques constitue la mauvaise gouvernance qui s'identifie par les troubles, violences, la hausse de la corruption, les émeutes, le gaspillage des ressources

34Meldrun(2000,cf.Bonny,2005)

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nationales, l'exclusion, etc. Il existe de nombreux travaux sur le lien entre ces dites variables et l'investissement. Déjà, selon la CNUCED, la stabilité politique, sociale et économique, les régimes commercial et fiscal, le cadre légal et réglementaire influent sur la décision des investissements privés. Bon nombre d'experts ont prouvé que la performance économique d'un pays dépend principalement de son cadre politique, institutionnel, et juridique [OCDE, 2001]. En ce sens, ce chapitre est divisé en deux grandes sections : la première expose les théories de l'école institutionnaliste ; la seconde présente quelques résultats de travaux empiriques comme ceux d'asante (2000), de Mauro (1995), le modèle de la Banque et Mondiale, les travaux de Hall & Jones, les travaux de Hiren Sarkar & Aymul Hasan (2001), et les travaux de Ndinga (2002).

SECTION I : Économie institutionnelle35

L'école institutionnaliste a connu ses premières influences avec Max Weber (histoire économique) en Allemagne ou John Hodson (l'impérialisme) en Angleterre, et les fondateurs de cette école sont les américains Thorstein Veblen, Clarens Ayres, Wesley Mitchell, J.M. Clark et J.R. Commons. D'après ces auteurs, le problème économique ne s'articule pas autour de l'allocation de ressources rares, de la production, de la répartition et de la consommation de biens, mais il s'inscrit dans le cadre de l'organisation du système économique, de la structure du pouvoir qui le contrôle, et du système de croyances et de valeurs qui le caractérise. Le progrès économique est fonction non seulement de la technologie, mais aussi des institutions, qui ne sont pas des données immuables, mais qui sont créées... et changées par les hommes. On peut les définir comme « des règles, des normes de comportement, des aspects de l'application des lois » (North, 1990). Ainsi le marché, qui pour les néoclassiques se confond avec l'économie et a pour tâche de répartir les ressources n'est pour les institutionnalistes qu'une institution en intéraction avec toutes les autres : « La position fondamentale des institutionnalistes est que ce n'est pas le marché, mais la structure organisationnelle de l'économie au sens large qui, en fait, répartit les ressources. » (W.J. Samuel, Institutional Economics, New Palgrave). Le néo-institutionnalisme se distingue de la première école institutionnaliste dans la mesure où il ne rejette pas les acquis de la Science Economique traditionnelle, mais cherche plutôt à les élargir : « Le problème de nombreux des premiers institutionnalistes est qu'ils voulaient une Science Economique avec les

35 Cf. THEBEAU Michel (2010). Cycles, crises et théories de la croissance économique, Notes de cours, FDSE, 3ème année, UEH.

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institutions sans les théories ; le problème de nombreux néo-classiques est qu'ils veulent une théorie économique sans institution ; ce que les néo-institutionnalistes essaient de faire, c'est de fournir une Science Economique qui ait à la fois de la théorie et des institutions » (Richard Langlois). Parmi les néo-institutionnalistes, citons Ronald Coase, Douglas North et Oliver Williamson.

La NIE (New Institutional Economics) a trouvé dans le TIERS-MONDE un vaste champ d'investigation. Depuis Gannagé, Institutions et développement, 1966), de nombreux auteurs comme Myrdal, Schultz, Briton ont insisté sur la nécessaire compréhension de l'environnement et des institutions pour la mise en place de politique de développement. Le concept même de développement économique considéré jusque-là comme la croissance accompagnée de changements structurels, a pu être ainsi défini par Nabli et Nugent comme « la croissance économique accompagnée d'un changement efficace des institutions ».

Le concept d'institutions se rapporte à la notion marxiste de superstructure idéologique de la société, sauf qu'ici la relation est inversée. Alors que, pour Marx, le mode de production auquel sont assujettis les hommes déterminent leur conscience et façonne la superstructure idéologique de la société, la Nouvelle Economie Institutionnelle (NEI) prône que les institutions ont des effets économiques. Il en découle logiquement un programme de recherche sur les institutions les plus efficientes en matière de développement économique.

Comprendre le rôle des institutions dans le développement économique nécessite de rapprocher cette notion de celle de « coût de transaction ». En effet, depuis Coase (1937), à côté des coûts de production, il faut prendre en considération les coûts de transaction sur le marché. Bien que ces coûts n'aient pas été retenus par la Science Economique traditionnelle, ils sont très importants dans les économies modernes. En effet, l'analyse néoclassique raisonne avec des coûts de transaction nuls et ignore les institutions qui peuvent être à l'origine de ces coûts. Ils ne constituent donc pas un obstacle à la croissance qui dépend seulement de la population (le travail), du capital et du progrès technique.

Or, selon les néo-institutionnalistes, les coûts de transaction existent bien et constituent la « clé de la performance économique » (North, 1990). Lorsque les coûts de transaction s'accroissent plus vite que ne baissent les coûts de production, le développement est entravé. En

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revanche, les bonnes institutions permettent de réduire les coûts de transaction qui freinent la dynamique des échanges, l'extension des marchés et en dernier ressort la croissance et le développement.

Les coûts de production et les coûts de transaction évoluent en sens inverse à mesure que la société se développe et devient plus complexe. Considérons, pour simplifier, un axe linéaire avec deux extrêmes : une société primitive et une société développée. Dans la première, les relations économiques sont essentiellement des relations personnelles fondées sur la réputation. Les coûts de transaction y sont par conséquent très faibles. Mais, en revanche, la faible spécialisation des personnes et le faible niveau de capital technique génèrent des coûts de production élevés. Dans une société développée, les relations économiques deviennent impersonnelles à mesure que les personnes se spécialisent. Dès lors, les coûts de transaction deviennent croissants (coûts de recherche antérieurs à la transaction, coûts de négociation sur les termes du contrat, coûts d'application des termes du contrat). Dans ce type de société, la division du travail permet la baisse des coûts de production, mais ces gains de productivité sont contrebalancés par des coûts de transaction plus élevés. Le développement économique s'accompagne donc, parallèlement à la baisse des coûts de production, d'un accroissement des coûts de transaction. Toute la problématique du développement réside donc dans la capacité des institutions à faire en sorte que les coûts de transaction, croissants en fonction du développement, ne gomment pas la baisse des coûts de production.

Douglas North (1994, 1997) nous apporte quelques idées préliminaires sur la question de structure institutionnelle. Il souligne que la structure incitative de la société- qui est fondamentale pour le processus de changement- dépend de la structure institutionnelle de cette même société. Les institutions36 représentent « les règles du jeu dans la société, ou (...) les contraintes humainement disposées pour former les intéractions humaines » Il ne s'agit pas seulement de règles formelles (constitutions, lois et règlement) mais aussi de contraintes informelles (normes de comportement, conventions, codes de conduite auto-imposés). C'est de l'ensemble de ces règles, normes et conditions de mise en pratique, que dépend la performance économique.

À cette phase du débat, nous pouvons dire que le potentiel effectif de croissance rapide de la productivité des pays ne se détermine pas uniquement par les différences de niveau de

36 Institution : lois fondamentales régissant la vie politique et socio-économique d'un pays.

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technologie, d'intensité capitalistique et d'efficacité de l'allocation des ressources qui les séparent des pays développés. Ces pays sont aussi limités par leurs caractéristiques institutionnelles qui restreignent leurs possibilités de financer, d'organiser et de faire fonctionner le genre d'entreprise dont ils auraient besoin pour exploiter les technologies situées aux confins de la science et de l'ingineering. Ce sont tous ces éléments qui, ensemble, déterminent le potentiel effectif de croissance de la productivité d'un pays (Abramovitz et David, 1996).

Après le capital physique, le capital humain et le capital éducationnel, certains économistes ajoutent aux déterminants de la croissance un « capital social ». La rentabilité économique du capital social devient tangible lorsque c'est l'intéraction sociale qui produit des effets externes et permet une action collective en faveur d'un bénéfice mutuel en dehors du marché. On peut considérer la confiance, la réciprocité, les réseaux interpersonnels, la coopération et la coordination comme un « capital social civil » qui conditionne les interactions entre les agents économiques et produisent des effets externes.

Par infrastructure sociale, on entend la manière dont se font les affaires, plutôt que le capital humain. Un système dans lequel les individus se comportent de façon malhonnêtes, ou dans lequel la bureaucratie fait de l'obstruction, ou dans lequel les droits de propriété ne sont pas clairement définis et respectés, peut conduire à une allocation très inefficaces des ressources en raison de coût qu'impliquent l'assurance contre la malhonnêteté, le fait de circonscrire la bureaucratie ou le renforcement des droits de propriété. Ces coûts, ainsi que les distorsions au niveau des incitations, peuvent constituer de sérieux obstacles à la croissance (Stern, 1991).

Collier (1998) définit le capital social comme la cohérence sociale et culturelle interne de la société, les normes et les valeurs qui gouvernent les interactions au sein de la population, et les institutions dans le cadre desquelles ces normes et valeurs entrent en jeu.

On peut, de même, définir le « capital social gouvernemental » comme recouvrant les avantages de la loi, de l'ordre, des droits de propriété, de l'éducation, de la santé et d'un bon gouvernement. Dans la mesure où le capital social réduit les coûts de transaction et les coûts de l'information rendant ainsi le capital physique et le capital humain plus productifs, on doit pouvoir le considérer comme un déterminant de la productivité totale des facteurs.

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Cette importance accordée au capital social- autrement dit à la culture, aux institutions et aux structures comportementales- devrait donner à l'explication du processus du changement un aspect pluridisciplinaire. Selon North (1990, 1997), les croyances culturelles constituent un déterminant fondamental de la structure institutionnelle.

? ?

Ne pas

1.1 Le problème de la décision d'investissement par l'entreprise

Quels sont les facteurs à prendre en compte quand une grande entreprise multinationale envisage d'implanter une filiale dans un pays quelconque ? L'analyse coût-bénéfice, qui consiste à calculer les coûts totaux d'un projet et à les comparer aux bénéfices totaux, permet de répondre à cette question. Désignons, en effet, par F le coût fixe37 qu'implique l'ouverture de la filiale et par II la valeur de la somme actualisée des profits38. Une approche formelle du problème de l'investissement conduit à un schéma de décision très simple. Si la valeur nette de la filiale, II, est supérieure à son coût de mise en place, F, il faut opter pour l'ouverture. On a donc :

?

F

Investir

??

F

 

?

 

investir

Nous avons choisi d'illustrer ce problème par la décision d'ouvrir une filiale étrangère. Cependant, ce schéma peut s'appliquer à bien d'autres cas de figure : investissement domestique, transfert de technologie ou choix d'une formation. L'application au transfert technologique est implicitement présente dans notre exemple, car l'ouverture d'une filiale implique très probablement un transfert notable de technologie. Il est d'ailleurs bien connu que l'ouverture de filiales par les entreprises multinationales est une des formes du transfert technologique. Le schéma est aussi valable pour l'accumulation des connaissances. Dans ce cas, la décision porte sur le temps de formation. Prenons l'exemple d'une personne qui doit décider si elle consacre ou non une année de plus à se former. Si F représente le coût d'une année de formation, à la fois en termes de dépenses directes et de coût d'opportunité (salaires auxquels on renonce implicitement

37 Ce coût correspond, par exemple, à l'obtention des licences, domestiques et étrangères, ainsi qu'à la prise de contact avec les fournisseurs et les distributeurs du pays d'accueil.

38 L'activité rapporte un profit chaque année si la filiale est ouverte c'est-à-dire F est dépensé. Dans ce cadre simplifié, Ï représente la valeur de la filiale. Si la maison mère décidait de se séparer de sa filiale, combien un acquéreur potentiel accepterait -il de payer pour en devenir propriétaire ? La réponse est donnée par la valeur de la somme actualisée des profits, ou du moins par la valeur anticipée de cette somme. Voilà pourquoi la valeur de la filiale est égale à Ï.

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en choisissant ne pas travailler pendant un an), le bénéfice Ï correspond à l'augmentation de salaire qui résulte de la formation complémentaire.

1.1.1 Facteurs qui influencent F et Ë

Quels sont les facteurs qui influencent les valeurs de F et Ï dans les pays du monde ? Notre réponse est que le coût de création d'une entreprise et les opportunités de bénéfices varient fortement d'un pays à l'autre. Ces écarts s'expliquent en grande partie par la diversité des politiques économiques et des institutions et, plus généralement, par les infrastructures propres à chaque pays. Un bon gouvernement doit fournir les institutions et les infrastructures qui minimisent F et maximisent Ð (ou, plus exactement qui maximisent Ð-F), afin d'encourager l'investissement.

Commençons par recenser les facteurs qui ont un effet sur F, le coût fixe d'un investissement. L'ouverture d'une entreprise est un processus qui se déroule en plusieurs étapes. Chacune de ces étapes implique l'interaction avec d'autres agents économiques qui ont parfois les moyens de « rançonner » l'entreprise. Toutes ces étapes offrent de multiples opportunités aux fonctionnaires qui cherchent à se faire graisser la patte ou tout simplement à faire rentrer des recettes pour l'Etat39. Naturellement, un responsable avisé doit se faire une idée de l'ensemble des frais dès le départ, avant qu'aucun terrain ni aucun équipement n'aient été achetés, et avant qu'un pot-de-vin ni aucune taxe n'aient été payés. Il est alors possible ex ante de renoncer au projet. Dans les pays développés, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, ce problème peut paraître relativement mineur. C'est précisément ce qui fait leur attrait pour un investissement qui recherche avant tout un environnement économique favorable, ayant déjà attiré investissements et talents justement parce que ces problèmes sont mineurs.

La mesure dans laquelle les institutions favorisent l'utilisation productive des ressources ou, au contraire, leur détournement à des fins improductives, est un élément, parmi d'autres, qui influence de façon déterminante les profits escomptés d'un investissement. L'utilisation productive des ressources est favorisée par des infrastructures qui stimulent la création de biens

39 Ces difficultés ne doivent pas être sous-estimées. Par exemple, une fois que l'emplacement a été acquis ou loué, s'il faut solliciter plusieurs autorisations, rien n'empêche que les fonctionnaires habilités à délivrer ces autorisations de réclamer un pot -de -vin égal (ou légèrement inférieur) à fl. Dans ces conditions, le décideur rationnel n'a d'autre choix que de renoncer ou payer la rançon. Toutes ces sommes (pot-de-vin ou taxes) sont des « coûts irrécupérables » dont il ne pas tenir compte dans la décision éventuelle de payer un nouveau pot-de-vin ou une nouvelle taxe.

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et services et les transactions afférentes. Le détournement des ressources désigne tout ce qui relève du vol ou de la confiscation. Il peut s'agir d'activités illégales (vol, corruption, racket) ou légales (fiscalité, bureaucratie ou lobbying de la part de groupe d'intérêt). Le détournement de ressources agit avant tout comme une taxe sur l'activité économique. Une certaine fraction des recettes ou des profits sont prélevés sur l'entreprise, diminuant ainsi la rentabilité de l'investissement. D'autre part, la perspective d'un prélèvement sur leur production oblige les entreprises à rechercher les moyens de s'y soustraire40.

La stabilité de l'environnement économique peut aussi influencer fortement le rendement d'un investissement. Un pays dans lequel les lois et les institutions changent fréquemment peut paraître risqué aux investisseurs. En effet, même si la politique pratiquée aujourd'hui est favorable, l'investisseur est en droit de se demander s'il en sera de même demain.

L'infrastructure institutionnelle d'une économie a potentiellement une grande influence sur l'investissement. Dans les économies où l'infrastructure encourage le détournement des ressources productives plutôt que la production, il y a moins d'investissements, donc moins de transferts technologiques. Par ailleurs, les agents économiques sont moins enclins à investir dans la formation ou à développer des idées nouvelles permettant d'améliorer les possibilités de production.

De plus, l'infrastructure d'une économie a une incidence sur la nature des investissements. Ainsi, dans un pays où le vol représente un problème significatif, une partie des investissements sont détournés de l'acquisition de machines et d'usines pour être consacrés à l'achat de systèmes de sécurité. Là où les institutions favorisent une administration collectrice de taxes ou corrompue, les individus sont incités à investir dans des formations permettant de décrocher un emploi administratif plutôt que d'investir dans des formations ouvrant des débouchés sur le secteur productif.

En somme, contrairement aux analyses néoclassiques qui font hypothèse que les activités de production s'effectuent dans un environnement macroéconomique sain ; Les tenants de l'école institutionnelle stipulent que autres que les coûts de production, il faut prendre en compte

40 Il se peut, par exemple, que l'entreprise soit obligée de recruter plus de comptables et d'avocats, ou qu'elle soit contrainte de payer des « protecteurs » (pour éviter des rackets). Tous ces investissements détournent des ressources de la production.

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les coûts de transaction, les variables politiques, culturelles et administratives. En ce sens, bon nombre de travaux empiriques ont été réalisés en vue de modéliser ces variables sus-citées. Ce qui fera l'objet de la section suivante.

SECTION II : Cadre empirique des variables institutionnelles

Les économistes ont étudié les variables institutionnelles dans une perspective de recherche des déterminants de l'investissement dans une économie donnée. Les économistes à l'instar d'Asante, de Mauro, d'Hall et Jones, et le modèle de la Banque Mondiale ont montré le rôle prépondérant de se variables dans le cadre des déterminants de l'investissement d'une économie. Les travaux de ces auteurs sus-cités feront l'objet du développement de cette section.

2.1 Climat d'investissement et investissement privé domestique : Travaux d'Asante(2000)

Asante, dans son papier de recherches, préconise une promotion du climat d'investissement. Car, selon lui, le climat d'investissement est la variable clef qui détermine le niveau d'investissement et son éfficience. Cette variable est un dénominateur commun de toutes les variables institutionnelles à savoir la corruption, instabilité politique, les coûts de transaction, le cadre légal et réglémentaire, ect ; c'est-á-dire que le climat des investissements est une résultante de toutes ces variables sus-citées. Cependant, l'auteur a utilisé l'investissement retardé d'une période comme indicateur clef de l'investissement actuel. Donc, conformément à la littérature, l'investissement retardé, variable proxy du climat d'investissement, influence positivement l'investissement courant.

2.2 Travaux de Mauro (1995)

Les premiers travaux s'articulant sur la corruption en économie étaient l'oeuvre des auteurs tels que Rose-Ackerman (1999), Klitgaard (1989), Lui (1975). Elle était vue par certains économistes comme profitable à l'activité économique car pour eux qu'elle permettrait d'améliorer l'efficience, on peut citer les auteurs suivants : Leff(1964), Beck et Meyer (1986), Huntington (1968).

Cependant, la première évaluation empirique sur la question de corruption a été effectuée par Mauro en 1995. Ce dernier a prouvé l'impact négatif d'un mauvais climat d'affaires qui tend non seulement à diminuer le taux d'investissement mais aussi à faire varier à la baisse le

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rendement, la productivité des investissements réalisés. Il a recueilli des données sur la corruption, à partir desquelles il a remarqué un impact négatif de l'indicateur de la corruption sur le niveau d'investissement. Suivants les résultats de son modèle, une baisse d'un écart-type de l'indicateur de corruption correspondrait à une hausse du taux d'investissement d'environ 3% du PIB. La corruption induit des résultats économiques inefficients. À long terme, la corruption nuit à la réalisation d'investissements intérieur et étranger rentables. Mauro, dans ses travaux, a prouvé également les pouvoirs publics corrompus accordent moins de crédits aux secteurs porteurs de croissance comme l'éducation, la santé, les infrastructures ; cet état de fait influence négativement les projets d'investissements du secteur privé.

2.3 Travaux de Hall & Jones (1999)

Selon les économistes Robert E. Hall & Charles I. Jones (1999), Un faible niveau d'infrastructures sociales diminue les profits des investisseurs et accroit leurs coûts, décourageant ainsi les investissements en capital humain, en capital physique et en technologie. Hall et Jones ont construit un indice d'infrastructures sociales basé sur l'indice des politiques gouvernementales anti-diversions et le degré d'ouverture d'une économie. Cette dernière variable, selon les auteurs, est un indicateur des opportunités de corruption d'une économie. Ils ont trouvé qu'une baisse de 1 % de l'indice d'infrastructures sociales réduit l'investissement en capital physique de 1%, celui en capital humain de 1.3 % et celui en productivité de 2.7 %, au total de 5% sur le total de la production. Ces économistes entendent par infrastructure sociale, les institutions et les politiques gouvernementales qui déterminent l'environnement économique dans lequel les agents accumulent les connaissances et prennent leurs décisions de production.

2.4 Le modèle de la Banque Mondiale41

La Banque Mondiale a établi un classement annuel relatant les progrès réalisés par les pays (178) en terme de réformes pour améliorer le cadre des affaires.Ce classement est désigné par <<Doing Business>>. Ce dernier permet de auner les réalisations des nations en matière d'incitation à l'investissement privé domestique et d'attraction des Investissements Directs Etrangers (IDE). Il permet également de mesurer le cadre général d'accueil des affaires et son application dans chacun des 178 pays à partir de 10 indicateurs. Ainsi, la voie à emprunter en vue d'accoucher un

41 Cf.voir les rapports annuels de Doing Business de 2004 à 2010.

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processus de développement dynamique en incitant l'initiative privée, l'entrepreneuriat, en développant l'esprit d'entreprise repose sur l'assainissement des cadres sociopolitique, juridique et macroéconomique.

À cet effet, un ensemble de critères ont été répertoriés suivant le modèle de Doing Business et, renvoient aux normes de la bonne Gouvernance. Un climat sociopolitique stable caractérisé par la primauté du droit, l'Etat de droit, le respect de la propriété privée, la transparence dans toutes les transactions d'affaires concourent au maintien et au renforcement de confiance des investisseurs avisés. Au niveau macroéconomique, la stabilité macroéconomique définie par l'évolution de variables précises fluctuant dans un intervalle donné, bien défini, relativement contrôlable et souhaitable. Il s'agit de la fiscalité souvent trop pesante, des conditions propices d'importation et d'exportation, l'assouplissement aux crédits, de taux de change et d'inflation relativement stables évoluant dans une fourchette préalablement déterminée. Au niveau du cadre juridique, le cadre légal et réglémentaire caractérisé par un délai raisonnable pour immatriculer un nouveau projet d'investissement, la protection de la propriété privée, les conditions d'emploi de la main-d'oeuvre, de clôture des entreprises, etc. devraient être susceptibles de stimuler les investisseurs privés tant domestiques qu'étrangers à emboiter le pas dans le tissus économique.

Partant de ces considérations, bon nombre d'études récentes ont éxaminé les liens qui existent entre les indicateurs Doing Business et les performances économiques.C'est ainsi que, Djankov, Ramalho et Shleifer (2007) ont testé les réformes en rapport avec la variable Doing Business <<obtention de prêts>> et ont conclu que les prêts augmentaient lorsque des améliorations étaient apportées aux droits et l'imformation des créanciers.

Toutefois, des résultats mitigés ont été enregistrés par d'autres études. Commander et Svejnar (2007) n'ont pas trouvé assez d'éléments permettant d'établir une relation avérée entre les indicateurs du modèle Doing Business, les contraintes de l'environnement et les performances des entreprises mesurées par le ratio de rentabilité. Commander et Tinn(2007) ont abouti dans leurs travaux à l'absence de relations statistiquement significatives entre les indicateurs Doing Business 2004 et les taux de croissance. Par contre, Ils ont observé quelques relations significatives avec des résultats intermédiaires. Ainsi, une meilleure protection des droits légaux des créanciers et des emprunteurs a été associée aux prêts privés, aux flux de capitaux et à l'investissement Direct Etranger(IDE). Par ailleurs, d'autres études aboutissent à une corrélation

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faible entre l'investissement et les indicateurs du Doing Business,<<octroi de licences>> et <<Exécutions des contrats>>.

Les conclusions de ces travaux doivent être faits l'objet de certaines réserves, du fait du caractère relativement récent par le modèle Doing Business, ainsi que d'autres limites liées aux contraintes pesant sur les entreprises informelles et les microentreprises qui sont différentes des entreprises formelles captées par les indicateurs du Doing Business.

2.5 Travaux de Hiren Sarkar et Aynul Hasan (2001)

Hiren Sarkar et Aymul Hasan, dans un modèle de régression simple, ont estimé l'impact de la corruption, selon l'indice de Perception de la Corruption de Transparency International, sur la productivité de l'investissement calculée par le ratio du taux de croissance moyen annuel du PIB sur le taux de croissance moyen annuel de l'investissement réel. Les résultats du modèle ont abouti sur une corrélation positive entre la corruption et l'investissement, ce qui permet d'établir l'effet perturbateur de la corruption sur l'investissement et par extension sur la croissance économique.

2.6-Travaux de Ndinga (2002)

Les résultats d'études de Ndinga ont montré que la mauvaise gouvernance, par contre, décourage les investissements. Elle tend à réduire la confiance des investisseurs dans l'économie à cause des distorsions et des incertitudes qu'elle crée, favoriser la fuite des capitaux en augmentant le coût des investissements, accroître le coût des frais généraux des affaires courantes, détruire les perspectives d'investissement et de croissance de l'entreprise à cause de l'absence de transparence, de l'inefficacité du cadre légal et réglementaire des affaires et du système judiciaire en général.

En somme, L'un des facteurs majeurs qui influent tant sur le volume que sur la productivité des investissements est la qualité des institutions et de la gouvernance. Des institutions plus solides et une gouvernance meilleure peuvent contribuer à réduire les risques et à abaisser les coûts, ce qui devrait à la fois favoriser le développement des investissements et de leur productivité. Dans les pays où les droits de propriété sont sûrs et où le respect des contrats est assuré par le pouvoir judiciaire, les investisseurs ont beaucoup plus de chances de réaliser des implantations plus

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importantes et à long terme. Si les investisseurs considèrent que le système judiciaire ou les organismes publics de régulation sont imprévisibles, ils risquent d'aller ailleurs ou de ne pas investir du tout. Cette ligne d'idée trouvera sa justification dans la deuxième partie de ce travail.

Tableau III : Synthèse des déterminants extra-économique de l'investissement

Auteurs

Variables

Définition

Résultats

Douglas North (1990) Ronald Coase (1937)

Infrastructure institutionnelle : Coûts de transaction

L'ensemble des règles, normes
et conditions. Coûts provenant
de l'infrastructure
institutionnelle.

Des coûts de transaction élevés
ont un impact négatif sur la
productivité de
l'investissement, la croissance
économique et le
développement.

Collier (1998)

Capital social gouvernemental

capital social gouvernemental
recouvre les avantages de la
loi, de l'ordre, des droits de
propriété, de l'éducation, de la
santé et d'un bon
gouvernement.

le capital social réduit les coûts
de transaction et les coûts de
l'information rendant ainsi le
capital physique et le capital
humain plus productifs, on doit
pouvoir le considérer comme
un déterminant de la
productivité totale des facteurs.

Mauro (1995)

Corruption

Dérogation aux normes de bonne gouvernance.

une baisse d'un écart-type de l'indicateur de corruption correspondrait à une hausse du taux d'investissement d'environ 3% du PIB. La corruption induit des résultats économiques inefficients.

Hall & Jones(1999)

Infrastructure sociale

l'indice des politiques gouvernementales anti- diversions et le degré d'ouverture d'une économie.

une baisse de 1 % de l'indice d'infrastructures sociales réduit

l'investissement en capital

physique de 1%, celui en

capital humain de 1.3 % et celui en productivité de 2.7 %, au total de 5% sur le total de la

production.

Modèle de la Banque Mondiale

Bonne Gouvernance

Un climat sociopolitique stable
caractérisé par la primauté du
droit, l'Etat de droit, le respect
de la propriété privée, la
transparence dans toutes les
transactions d'affaires
concourent au maintien et au
renforcement de confiance des
investisseurs avisés.

Corrélation positive entre la Bonne gouvernance et la productivité.

Hiren Sarkar et Aymul Hasan (2001)

Corruption

Dérogation aux normes de bonne gouvernance

Les résultats du modèle ont abouti sur une corrélation positive entre la corruption et l'investissement.

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Travaux de Ndinga (2002)

 

Mauvaise gouvernance

Dérogation aux normes de bonne gouvernance.

La mauvaise gouvernance tend à réduire la confiance des investisseurs dans l'économie, créant des distorsions et des

 
 
 

incertitud , détruire les perspectives d'investissement.

Source : Auteur

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DEUXIÈME PARTIE

LA RÉALITÉ DE L'INVESTISSEMENT EN HAÏTI DE 1981 À 2010

La réalité de l'investissement en Haïti de 1980 à 2010 s'est révélée précaire tant au niveau du cadre général de son accueil caractérisé par la gouvernance politique, administrative, le cadre légal et réglementaire et l'instabilité macroéconomique ; tant au niveau de la contribution des secteurs investisseurs ; à savoir les investissements réalisés par les administrations publiques, les entreprises privées domestiques et les investissements réalisés par les étrangers (IDE) dans l'évolution du PIB.

En effet, l'investissement réclame un climat de paix, un bon cadre juridique et institutionnel, la stabilité politique fidélisant les entrepreneurs. Et les investissements réalisés doivent être productifs c'est-à-dire ces investissements doivent pouvoir générer une croissance économique soutenue et durable. Pour cela, il importe d'identifier les secteurs d'investissement qui induisent un fort effet de richesses en identifiant les filières. Et également, il est convenu d'étudier l'évolution comparée de l'investissement privé et des variables financières comme l'épargne et le crédit, et également son évolution comparée avec certains déterminants comme l'investissement public et l'investissement direct étranger (IDE).

Cette deuxième partie tentant de présenter et d'étudier la réalité de l'investissement au cours de la période sous-étude est structurée comme suit :

Le premier chapitre fait une analyse descriptive (statistique) de l'investissement tout en présentant les variables qualitatives dans le cas d'Haïti ;

Le second chapitre fera l'objet d'un modèle économétrique qui étudie l'impact de certaines variables théoriques sur la productivité de l'investissement privé.

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CHAPITRE III

L'INVESTISSEMENT EN HAÏTI : LES FAITS

L'investissement évolue dans un environnement où il est influencé d'une part, par des variables économiques comme le crédit, le taux d'intérêt, la demande et l'épargne et d'autre part, des variables qualitatives comme le nombre de jours nécessaires à l'immatriculation et l'incorporation d'une nouvelle entreprise, les frais d'immatriculation, la gouvernance politique, économique et administrative. Cet environnement doit inspirer confiance chez les entrepreneurs dans leur décision d'investissement par rapport à leur anticipation.

C'est ainsi que, dans ce présent chapitre, nous allons exposer, dans une première section, le climat des affaires en Haïti en priorisant l'aspect institutionnel, et dans la suivante, nous analysons le profil des investissements réalisés au cours de la période sous-étude.

SECTION I : LE CLIMAT DES INVESTISSEMENTS EN HAITI : Aspect institutionnel

Le climat d'investissement se définit selon la Banque Mondiale42(2004), comme « L'ensemble des facteurs propres à la localisation de l'entreprise, qui influent sur les opportunités de marché ou le désir des entreprises d'investir à des fins productives, de créer des emplois et de développer leurs activités. Les politiques et le comportement des pouvoirs publics ont une influence très importante en raison de l'incidence qu'ils ont sur les coûts, les risques et les obstacles à la concurrence. L'entreprise est le point de départ du cadre d'analyse. Selon ce rapport, le générique <<Entreprise>> désigne tout l'éventail des agents économiques privés depuis les agriculteurs et les micro-entrepreneurs jusqu'aux entreprises manufacturières locales et aux multinationales, et ce quels que soient leur taille, leur activité ou le statut juridique formel ».

En effet, au tournant des années 80, une situation de dégradation continuelle du niveau de vie a prévalu en Haïti. Cette situation se caractérise par une intermittente instabilité politique43 et macroéconomique, de violences et conflits civils et politiques, de coups d'Etats, la mauvaise

42 Cette définition est extraite textuellement du Rapport sur le Développement dans le Monde 2005 publié par la Banque Mondiale en 2004 intitulé :»Un meilleur climat de l'Investissement pour tous `'.

43 Respectivement les années (1980,1982,1983,1984,1985) ,contestation au régime des Duvalier ; 1986(chute du régime duvaliériste), 1991(coup d'Etat millitaire) ; 1991 à 1994 (Embargo commercia et financier), 2000 à 2004(contestation contre le régime d'Aristide).

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gestion des ressources nationales, de hauts coûts de transaction induits par l'inefficience et l'inefficacité du cadre légal et réglementaire des affaires. Tous ceux-ci inhibent tout projet d'investissement productif et toute perspective de développement et engendrant la fuite des capitaux humains, monétaires, vu les risques encourus et les coûts liés à l'instabilité dans le pays.

1.1 La Gouvernance politique en Haïti

Des conflits internes intermittents sont survenus en Haïti depuis la chute du régime duvaliériste dans la deuxième moitié des années 80. Coups d'Etats, des troubles civils et politiques de tout acabit, un embargo durant trois années (1991-1994), une période de troubles qui s'intensifie après le départ du président Jean Bertrand Aristide en 2004, la hausse de la corruption par la multiplication des pots-de-vin, l'inefficience de la structure de gestion des affaires publiques et du système juridique ; tels ont été les faits saillants de la période en terme de gouvernance.

C'est ainsi que, tous les indicateurs reconnus et acceptés sur le plan international en vue d'une évaluation de la qualité de gouvernance classent la République d'Haïti à la marge en terme de performance.

L'indice global de libertés civiles élaboré par Freedom House44 réflétant les aspects suivants : Le niveau de la liberté d'expression, celui du droit d'assemblée, d'association, d'éducation et de religion. L'établissement d'un État de droit équitable, ainsi qu'une activité économique libre favorisant l'accès à l'égalité des chances des citoyens. Sur une échelle de 1 à 7, les scores les plus bas (1 et 2) sont les pays qui répondent aux critères ci-dessus, les scores les plus élevés sont alloués aux États qui offrent peu de libertés à leurs citoyens qui gémissent dans la crainte de la répression. Pour Haiti, l'indice global moyen a été de 6,00 environ pour la période de 1980 à 2010 ; durant la période de coup d'Etat et d'embargo commercial (19911994), Haïti affiche une note de 7,00. Il en est de même pour la période de troubles politiques (2000-2005), l'indice a été de 6,00. Selon le Rapport annuel de freedom House en 2005, sur une échelle graduée de 1 à 7 avec 1 représentant la catégorie la plus libre et 7 celle la moins libre,

44Freedom House est une organisation indépendante, non gouvernementale, fondée aux Etats-Unis au cours des années 1940. Elle comprend de personnalités du monde des affaires et des syndicats, ainsi que d'intellectuels et des gens de tous les milieux.

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pour Haïti les deux indicateurs de libertés publiques et de droits politiques étaient respectivement de 6 et 7.Tout ceci révèle l'état de répression dans lequel Haiti évolue.

L'indice de liberté économique fournit par Heritage Fondation45 et du Wall street Journal regroupant 50 indicateurs, à la fois quantitatifs et qualitatifs, en vue de mesurer la faiblesse des interventions et des contraintes gouvernementales sur les activités économiques ont aussi affirmé le mauvais environnement des affaires qui gangrène Haïti. Ce pays se positionne dans les abysses de l'échelle, hormis Cuba, dans l'espace caribéen. Ceci est prouvé clairement par les scores enregistrés par ce pays entre 1999 et 2005 (voir tableau XVIII en annexe) Haïti se trouve toujours parmi les économies contrôlées, sauf en 2003.

Enfin, les données du CIDCM46 de l'université de Maryland nous renseignent sur l'état du climat politique en Haïti. Les indicateurs de démocratie et d'autocratie, respectifs allant à l'espace politique allant de 1986 à 2003, ont prouvé que les régimes en place en 1988-1989 et ceux des périodes 1991-1993 et 2000-2003 étaient autocratiques alors qu'ils se sont révélés, en 1990, démocratiques ainsi qu'à la période 1994-1998. Les années 1986-1987 et 1997 représentaient des périodes transitoires.

La mauvaise gouvernance en Haïti est du ressort d'autres indicateurs comme la corruption et le délai imparti pour enregistrer et incorporer une nouvelle entreprise dans l'économie.

1.1.1 La corruption en Haïti

La corruption en Haïti a atteint son paroxysme depuis le règne des Duvalier à nos jours. La Banque Mondiale47(1997) confirme que les ressources financières devant contribuer au développement d'Haïti se sont évaporées par l'appropriation illégale des deniers de l'État d'environ 1,6 milliard de dollars américain, par la dynastie Duvaliériste. Donc, ce régime accaparait plus de 7 millions de dollars américain par an à des fins égoïstes. Des sommes importantes ont été allouées à des projets fantômes avec la coopération d'investisseurs étrangers et une caisse particulière était destinée à recevoir le produit des impôts et des redevances non enregistrés et comptabilisés au budget de l'État.

45The Heritage Fondation est un institut de recherche et d'éducation fondée en 1973 dont la mission consiste à formuler et à promouvoir des politiques conservatrices basées sur les principes de la libre entreprise.

46Center for International Development & conflict Management, http://www.cidcm.umd.edu/.

47Banque Mondiale(1997:168;cf,Doura,Tome 3, 2003)

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Á la chute des Duvalier en 1986, on s'attendait à ce que la tendance eût changé, car presque tous les discours politiques s'articulent autour de l'assainissement des finances publiques. Mais, rien de tout cela n'a été fait, le problème de la corruption s'est révélé structurel. C'est ainsi que, selon le Média dénommé»Miami Herald48», Monsieur Aristide a expédié vers des comptes à l'étranger une somme se situant entre 200 à 800 millions de dollards américains entre 1994 à 2004.

On perçoit Haïti comme l'un des pays les plus corrompus parmi ceux retenus dans l'Indice de Perception de la Corruption (IPC)49. Haïti est placé à la dernière position 145ème sur 145 pays dans le classement de l'Indice de Perception de la corruption (IPC). Les scores d'Haïti diminuent de plus en plus depuis 2002. Elle a enregistré des valeurs de L'IPC très faibles sur une échelle de 0 à 10 soit : un indice deux (2) comme indicateur très élevé de corruption, deux (2) comme indicateur de l'efficience du système juridique, deux (2) pour l'indicateur de l'efficience de la structure de gestion des affaires publiques (Bardhan, OCDE, 28-31). Tout ceci témoigne l'augmentation du niveau de corruption qui ronge ce pays.

1.1.2 Délai imparti à la création d'une entreprise

Les investisseurs s'intéressent également aux coûts de base des affaires et, notamment, à ceux qu'entraînent le démarrage d'une affaire, le recrutement et le licenciement de salariés, l'octroi de licences industrielles ou commerciales, l'obtention de crédits, l'enregistrement d'un bien et l'application des contrats. Dans ce domaine, l'économiste péruvien Hernando de Soto a réalisé un travail de pionnier dans l'ouvrage qu'il a publié en 1989, l'autre sentier.

En effet, selon une étude de la Banque Mondiale50 en 2004, en ce qui a trait au nombre de jours nécessaires pour enregistrer et incorporer une nouvelle entreprise dans l'économie, Haïti se trouve à la dernière place. Ce pays détient le délai le plus long pour l'immatriculation d'une nouvelle entreprise, soit 203 jours51, contre 78 jours en République Dominicaine. Au cours de la même année, le coût requis pour enregistrer et obtenir les droits de propriété était évalué à 8,10% de la valeur de la propriété contre 6,30% en République Dominicaine.

48 Miami Herald(2004;cf.LFFH,2004)

49 C.f. Fred DOURA(2003). Economie d'Haiti,tome 3, chapitre 5, p.221.

50 Banque Mondiale, Doing Business in 2005, p. 3.

51 Cf.voir le code des investissements révisé en 2002.

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1.1.3 Le foncier en Haïti : Obstacle à l'investissement privé et public

Selon Erik Vittrup52 s'il n'y a pas de registres fonciers, et un cadre juridique en garantissant les droits, les investisseurs ne dépenseront pas un (1) dollar en Haïti. À ce titre, selon l'Organisation des Nations Unies, Moins de 5% des terres en Haïti sont officiellement comptabilisées dans les registres des terres publiques, ce qui aggrave la difficulté de déterminer à qui appartient un terrain. Même avant le séisme la propriété foncière était un problème épineux en Haïti, contribuant à la violence et à la pauvreté dans un pays où les terres sont concentrées dans les mains de quelques grands propriétaires terriens.

Bon nombre de projets ont été bloqués à cause de ce problème de vieille date, mis à nu par le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Selon un rapport de l'ONU-HABITAT, le gouvernement haïtien et les organismes d'aide internationale est en concurrence en vue de construire de nouveaux logements pour les 1.5 millions de personnes vivant dans les camps. Le problème est qu'il importe de déterminer à qui appartient les terres avant de construire.

D'après De SOTO, en Haïti, les avoirs immobiliers urbains et ruraux sans titre valent ensemble quelque 5,2 milliards de dollars américains. En guise de comparaison, ce montant représente quatre fois l'actif total de l'ensemble des entreprises en activité légale à Haïti, neuf fois la valeur des biens publics et 158 fois la valeur de l'ensemble des IDE répertoriés dans l'histoire du pays jusqu'en 1995.

Pour résoudre ce problème, le financement d' un projet intitulé << Foncier Haïti>> a été annoncé par l'Organisation des États Américains (OEA) et le gouvernement haïtien, accusant un montant de 1.5 millions de dollars Américains. Le Projet « Foncier Haïti » est élaboré par l'ONACA et l'OEA. Il vise à moderniser le cadastre et les infrastructures du registre immobilier en Haïti. Selon José Miguel Insulza, ce projet aura un impact positif sur les efforts de relance des entreprises et du développement économique.

Jusqu'à date le problème reste entier. L'ONACA, d'après sa loi organique de 1984, doit comprendre 13 districts cadastraux53 couvrant les différents départements géographiques du pays. Cependant, par manque de moyen financier et en raison du nombre peu élevé de techniciens en

52 officier supérieur de l'Organisation des Nations Unies pour les habitations (ONU-HABITAT).

53 Depuis la constitution de 1987, on a parlé de préférence de département cadastral.

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cadastres disponibles en Haïti, seulement trois districts sont fonctionnels sous forme de travaux pilotes (district de Port-au-Prince : 900 ha dans la commune de Delmas ; district des Gonaïves : 2700 ha dans la basse plaine des Gonaïves et le district de St Marc : 5400 ha dans la vallée de l'Artibonite) ;

Croix des bouquets, Pétion-Ville, Tabarre, Saint-Marc et Gonaïves sont les seules communes d'Haïti où est présent l'Office National du Cadastre (ONACA) qui végète avec seulement son petit budget de fonctionnement depuis sa création par décret du 23 novembre 1984 ;

Seulement 5% du pays est cadastré c'est-à-dire 5% de la superficie totale du pays est sous le contrôle de l'État.

En somme, le problème foncier est l'un des obtacles les moins négligeables à la réalisation d'investissements privés productifs et publics en Haïti.

1.1.4 Instabilité macroéconomique en Haïti

Les investisseurs donnent manifestement une grande priorité à la stabilité macroéconomique et politique. Des taux d'inflation élevés, des taux de change fluctuants ou des crises financières répétées augmentent les coûts de production et créent des risques substanciels pour les investisseurs, qui les dissuadent dès lors d'investir même dans des projets potentiellement rentables. Les investissements tendent également à être beaucoup plus faibles dans des pays où règne une plus grande instabilité politique du fait de coups militaires, d'une guerre civile ou de manifestations ou de grèves fréquentes.54

Haïti connait une situation d'instabilité macroéconomique de 1980 à 2010 qui aggrave l'état de délabrement du pays et affecte négativement l'investissement productif. Cette situation est caractérisée par une interruption d'un mouvement de hausse ou de baisse des variables économiques, notamment celle du niveau général des prix libellé à un niveau déterminé, du taux d'intérêt et du degré d'ouverture de l'économie. L'indice d'instabilité macroéconomique55 calculé à partir de la méthodologie de l'IDH (indice de développement humain) en intégrant les variables macroéconomiques suivantes : La variation du taux de change, le degré d'ouverture de l'économie et le taux d'inflation annualisé, nous renseigne sur le niveau d'instabilité

54 Perkins et al (2008). Économie du développement, éditions de boeck, p.474. 55Cf.»cahier de recherche de la Banque de la République d'Haïti, Mai 2010».

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macroéconomique qui prévaut en Haïti. Plus l'indice est élevé, plus le degré d'instabilité est élevé. (Voir tableau XI en Annexe).

C'est ainsi qu'on a assisté à une évolution de l'indice d'instabilité macroéconomique dont la tendance est croissante : De 1980 à 1990, l'indice moyen s'évaluait à 0.305, il s'est élevé dans la décennie suivante soit de 1990 à 2000, affichant une valeur de 0.504, et enfin de 2000 à 2008, il a encore subi un accroissement dont la valeur est de 0.685.

Graphique IV :Evolution de l'indice d'instabilité macroéconomique de 1980 à 2010

0.80

0.60

0.40

0.20

0.00

1.20

1.00

Indice d'instablite Macroeconomique Linear (Indice d'instablite Macroeconomique)

Indice d'instablite Macroéconomique

Source : Cahier de recherche de la BRH & Calcul de l'auteur (Données) et Auteur(Graphique)

SECTION II : Profil des investissements en Haïti

2.1 Évolution de l'investissement en Haïti de 1980 à 2010

L'investissement d'Haïti a connu des fluctuations dont la tendance générale est haussière en volume accusant un taux de 20.16 % en moyenne au cours de la période allant de 1981 à 2010. L'observation du graphique ci-dessous met en exergue trois tendances qui correspondent à trois phases différentes. La première tendance est remarquée sur la période de 1981 à 1985, l'investissement global s'estimait à un taux moyen de 13.63 % en pourcentage du PIB ; De 1986 à 1994, au cours des années de vives crises politiques, de coup d'Etat militaire, d'embargo, il est passé à 10.15 % accusant une baisse vigénaire de -0.25532 % en moyenne annuelle. Cette période est aussi marquée par l'application des programmes d'ajustement structurel(PAS). De

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1995 à 2010, il représentait en moyenne 27.82 %. La courbe de l'investissement en pourcentage du PIB a considérablement décliné au cours des trois (3) années de crises particulières : 1992 (6.65 % ), 1993 (6.42 % ), 1994 (5.81 % ) représentant 6.29 % du PIB en moyenne.

GRAPHIQUE V : Évolution de la Formation Brute de Capital Fixe et ses composantes

privées/publiques en pourcentage du PIB (1981-2010)

Source : Calculés personnels à partir des donnés de la BRH et Yearbook FMI 2010 et graphique (auteur)

Cependant, la part de la FBCF publique est restée assez faible passant de 2.66% de 1981 à 1985, à 1.15% pour la période 1986 à 1996, soit une baisse de -0.57%. Cet état de fait est du à la considérable réduction des dépenses publiques d'investissement tributaire de la mise en oeuvre des Programmes d'Ajustement structurel(PAS) durant cette période.

Tandis que la FBCF du secteur privé représentait 11.43 % de 1981 à 1985 et 9.11 % du PIB pour la période allant de 1986 à 1994. Cette deuxième sous-période est marquée par de graves crises politiques, d'une épouvantable instabilité politique, cinq gouvernements se sont succédé au pouvoir. Les taux d'investissements les plus faibles en pourcentage du PIB se sont affichés durant cette période : 1992 (6.17% ), 1993 ( 5.91 % ) et 1994 ( 5.58 % ).

En 1995, avec le rétablissement timide de l'ordre constitutionnel, l'investissement global a connu une reprise considérable s'estimant à un taux de 11.95 % en pourcentage du PIB. Et le taux d'investissement privé accusait un taux de 11.27 % en pourcentage du PIB. Ce qui implique que l'investissement nécessite un climat de paix, de bonne gouvernance, la certitude politique

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créant un regain de confiance des investisseurs. À noter que l'année 1995 est marquée par une croissance avérée de dépenses effectuées, passant de 75.20 millions de gourdes en 1994 à 278,10 millions en 1995 en terme courant, soit une augmentation de 72.96% en glissement annuel, dans le cadre des grands travaux de réhabilitation des infrastructures routières et autres, l'accélération considérable des travaux du secteur construction, avait stimulé un accroissement sensible de la formation brute de capital fixe (FBCF).

La situation s'est renversée en 1996. L'arrêt des négociations avec les bailleurs de fonds au début de l'année a entrainé la suspension de l'aide internationale, ce qui a engendré des effets contractionnistes. La variation à la baisse des investissements publics, de 278 millions de gourdes en 1995 contre 140.10 millions de gourdes en 1996, tend à un investissement privé qui perdure à se manifester de manière potentielle, est en volume de 1,5 % de la FBCF sous l'effet de la contraction.56

De manière globale, on a assisté à une reprise des activités d'investissement au cours de la période 1995 à 2010. Soutenu le plus par les dépenses publiques, l'investissement global a cru de 31.23% en moyenne annuelle. Ceci a prouvé un certain dynamisme de la demande intérieure.Toutefois, il importe de mentionner qu'on n'a pas encore abouti à la véritable relance tant espérée de l'economie réelle ; car, jusqu'à présent le niveau du P11B, en volume et en terme d'efficience reste inélastique aux stimulis de l'investissement, donc ces investissements n'augmentent pas la capacité productive de l'économie. Au cours de la période 2000 à 2006, le taux d'investissement global moyen s'estimait à 34.13% environ grâce aux supports d'une forte contribution des dépenses en capital du secteur public générant une faible croissance économique de l'ordre de 0.075% environ. L'influence de l'investissement sur la croissance dépend surtout des types d'investissement favorisés. D'où la nécessité d'analyser l'efficience du capital investi ou en d'autres termes la productivité du volume d'investissement réalisé en Hati.

2.2 La productivité de l'investissement en Haïti

La productivité de l'investissement d'après la littérature se définit comme le taux d'investissement substantiel, potentiel qui induit une croissance du P11B plus soutenue (Levine et Renelt, 1992). En Haïti, la faiblesse de la productivité de l'investissement généré explique

56 Banque de la République d'Haïti (BRH). Rapport annuel, 1996.

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l'inélasticité de la croissance économique. En fait, L'évolution du PIB dans le processus d'accumulation du capital est corrélée de manière plus significative à la productivité de l'investissement que de son volume. Par contre, certaines catégories d'investissements sont à faible valeur ajoutée tels que les investissements de remplacement, leur contribution au développement, l'effet de richesse qu'ils induisent sont relativement faibles. Á une hausse de l'investissement d'un point de pourcentage ne correspond pas de toute évidence à une accélération du rythme de croissance du PIB .Comme on l'a pu constater en Haïti, à travers l'évolution de l'ICOR (Incrémental Capital Output Ratio), un coefficient utilisé pour mesurer le taux de retournement de l'investissement, la quantité de capital supplémentaire susceptible d'induire une unité supplémentaire d'Output. À la décroissance du coefficient marginal de capital correspond un niveau d'investissement de plus en plus efficient. C'est ainsi que de 1980 à 1994, dans un cadre général des affaires caractérisé par l'instabilité politique, de crise économique sévère comme l'embargo, l'ICOR s'est élevé à 0.47%, contrairement à la décennie précédente, soit de 1970 à 1979, où il s'était évalué à 0.37%. Durant la période allant de 1995 à 2006, l'ICOR variait encore à la hausse, affichant un taux moyen de 1.87%. Tout ceci signifie au cours de la période 1980-1994, une accélération du rythme de croissance du PIB de 1% nécessitait un accroissement de 0.47% du stock de capital. Dans les années succédant, soit de 1995 à 2006, l'obtention du même résultat requiert une hausse de 1.87% du stock de capital de l'économie. Ses résultats empiriques laissent entrevoir l'inefficience du processus d'accumulation du capital en Haïti, par ricochet la faible valeur ajoutée créée et le faible effet de richesse induit.

Graphique VI : Évolution du Taux d'investissement et de l'ICOR (1980 à 2006)

-20.00%

-40.00%

40.00%

20.00%

0.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

ICOR Taux d'investissement

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Source: Cahier de Recherche de la BRH en 2008(Données) et Graphique(Auteur).

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La croissance du PIB est inélastique aux incitatifs de l'investissement. Ceci résulterait des types d'investissements réalisés ; à titre d'exemple les investissements de court terme comme les investissements de remplacement génèrent moins de valeur ajoutée que ceux visant le long terme appelés investissements de capacité comme les dépenses d'investissements en infrastructures, machineries, constructions etc. En Haïti, le faible niveau d'investissements publics, en capital physique et humain (infrastructures, santé, Education, Recherche), soit 13.73% en moyenne des dépenses globales du Gouvernement, explique en grande partie la faiblesse de la productivité des investissements en Haïti.

En faisant une comparaison des taux d'investissement et des taux de croissance moyens d'Haïti et de certains pays en voie de développement57 pour la période allant de 1985 à 2005. On constante que le taux d'investissement des pays en voie de développement génèrent des taux de croissance beaucoup plus élevés que ceux d'Haïti. À ce titre, Pour un pays comme Maroc, à un taux d'investissement moyen de 3% correspond un taux de croissance économique de 21% ; Pour la Tunisie, à un taux d'investissement moyen de 4% correspond un taux de croissance économique de 27% ; Pour la Botswana, à un taux d'investissement de 7% correspond un taux de croissance de 26% ; L'Égypte affiche un taux de croissance de 19% tributaire d'un taux d'investissement de 4% ; La Corée et La Malaisie accusent respectivement des taux de croissance de 34% et 30% pour un taux d'investissement de 7%. Par contre, pour Haïti, à un taux d'investissement de 23.58% en moyenne correspond un taux moyen de croissance économique de l'ordre de -0.09%. L'investissement en Haïti est moins productif que ceux des pays en voie de développement.

Il existe un nette asymétrie entre l'évolution des taux de croissance du PIB et de l'investissement. En calculant, le taux d'efficience de l'investissement, en moyenne, une hausse de 1% de l'investissement global induit un accroissement du PIB de 0.76%, par contre une baisse de même valeur de l'investissement entraine une chute de 1,70% du taux de croissance de l'économie haïtienne.

57 Voir tableau XIII en Annexes.

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En substance, Les investissements réalisés en Haïti n'arrivent pas à stimuler la croissance économique compte tenu du climat déstabilisateur dans lequel ils évoluent et de la qualité des investissements privilégiés et des filières priorisées.

2.2 Les dépenses d'investissements publics en Haïti

Pour de nombreux investisseurs, les infrastructures constituent un point crucial. Si l'approvisionnement en électricité et en eau est trop coûteux ou trop incertain, les investissements en pâtiront. Les routes de mauvaise qualité (provoquant des pannes de camion fréquentes) ou surchargées (causant de longs délais) génèrent une augmentation superflue des coûts. Des installations portuaires trop petites, mal situées ou saturées dissuadent les investisseurs. Les pays dotés de mauvaise infrastructure sont souvent dans l'incapacité d'attirer les investissements, sauf si leurs coûts sont plus faibles dans d'autres domaines, tels les coûts salariaux. En fait, des infrastrucutres incertaines ou très coûteuses réduisent la productivité et limitent les salaires que les investisseurs seraient prêts à verser.58

Les dépenses en capital de l'État renferment ceux des administrations publiques(écoles, infrastructures routières, santé, etc). Il s'agit d'investissements d'ordre collectif qui devraient avoir des externalités positives sur l'ensemble de l'économie et avoir pour objectif la rationalisation et s'intégrant dans un dynamisme de développement, d'industrialisation, et de croissance du revenu. Dans cette perspective, l'Etat devrait faire un inventaire de ses ressources et de ses contraintes en vue de planifier son programme d'investissement public en identifiant également leur priorité générale pour l'ensemble de l'économie nationale.

En Haiti, les dépenses en capital de l'État représentaient en moyenne 12.37 % des dépenses totales pour la période allant de 1981 à 1985, soit 2.20 % du Produit Intérieur Brut (PIB). De 1986 à 1990, les dépenses d'investissement ont chuté, accusant un taux de 10.61% des dépenses totales, soit 1.44% du PIB. De 1991 à 1994, dans un climat de coup d'état militaire, d'une situation politique désastreuse, de crise économique intense marquée par l'embargo ; les dépenses d'investissement ont varié à la baisse, affichant un taux moyen de 6.21 % des dépenses totales, soit 0.53 % du PIB59. Au cours de la période sous-étude, les dépenses en capital de l'État

58 Perkins et al(2008), économie du Développement, p. 474

59 Ces calculs ont été effectués à partir des données du tableau VIII en annexe.

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évoluent en dessous de 5 % du PIB (voir graphique VII). Force est de constater, que les dépenses devant permettre aux pouvoirs publics d'établir les infrastructures nécessaires pour promouvoir un climat favorable aux investissements privés domestiques et étrangers et d'assurer des services sociaux qui répondent aux besoins fondamentaux de la population, ne sont pas significatives en pourcentage du PIB. Ces dépenses peuvent être destinées à une redistribution équitable des revenus, surtout aux catégories sociales démunies au moyen des transferts publics.

Le poids croissant de l'Etat soit comme producteur soit comme redistributeur est considérablement faible en Haiti. Mesuré par le ratio dépenses publiques sur PIB, celui-ci représente en moyenne 1.85 % en Haiti de 1981 à 2010.

Graphique VII : Évolution comparée de l'investissement privé et l'investissement public en
pourcentage du PIB (1981-2010)

40.00%

50.00%

30.00%

20.00%

10.00%

0.00%

1981

1982

1983

Investissement prive/PIB Investissement public/PIB

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : BRH, IHSI et Yearbook FMI (Données) et Graphique (Auteur).

En analysant les dépenses d'investissement public par secteur, les dépenses d'investissements en éducation sont passées de 14.7% en 1996 à 3.19 % en 2008 du montal total; celles en agriculture sont passées de 11% en 1996 à 4.97% en 2008; les dépenses d'investissements en environnement sont passées 0.00% à 0.72% de 1996 à 2008; les dépenses d'investissements en santé sont passées de 4.2% à 2.52 % de 1996 à 2008; celles effectuées en infrastrutures sont passées de 36.3% à 50.83 % en 2008.60

60 Voir tableau XV.

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En dépit de la variation à la hausse des dépenses en infrastrucutres, les effets externes sur l'investissement privé se sont révélés faibles. Cet état de fait s'explique par le faible niveau de la productivité de l'investissement.

2.4 L'investissement Direct Étranger en Hati

L'investissement Direct Etranger (IDE) constitue le capital injecté dans la propriété d'actifs réels pour établir une entreprise en Hati ou pour détenir le contrôle d'une entreprise nationale déjà existée afin d'avoir droit effectif dans sa gestion. Ce type d'investissement est réalisé dans des installations de production impliquant un apport financier et apporte une innovation technologique et un mode de gestion pouvant accroitre le niveau d'efficience du capital. Il est sujet également aux risques et a pour but le profit. Ce type d'investissement peut être fait également par l'Etat. Il importe d'établir une différence entre l'investissement Direct etranger et l'investissement de portefeuille car la distinction entre ces deux types d'investissement est dans une certaine mesure difficile à effectuer du fait que un faible degré de participation au capital d'une entreprise étrangère peut engendrer un pouvoir de contrôle. En effet, l'investissement de portefeuille est caractérisé par l'achat de titres(actions ou obligations) privés ou d'Etat ou des intérêts minoritaires dans les entreprises en vue de tirer un certain profit sans un pouvoir de contôle durable. Il permet aux investisseurs de diversifier ses risques et de placer rentablement ses capitaux, sans la tâche de gérer et de contrôler ne leur a pas été endossée. Les titres provenant de ce type d'investissement change de mains en mains sans que l'épargne étrangère mobilisée ne génère de nouveaux investissements productifs.

En revanche, l'investissement Direct Etranger (IDE) est reconnu par la littérature économique comme un moteur de croissance important pour les petites économies ouvertes comme Hati. Car le faible niveau d'investissement endogène dans les pays moins avancés (PMA) par l'insuffisance des revenus et de l'épargne intérieure. Donc, il un impératif pour les pays pauvres de créer les conditions soci-économiques et politiques pour attirer un financement extérieur de plus en plus accru pour assurer leur développement. En ce sens, l'investissement direct étranger (IDE) constitue un des apports de financement extérieur privé le plus stable et le plus important.

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C'est ainsi que, au cours de la période sous-étude, en Haïti, les entrées nettes d'IDE sont relativement faibles comparativement aux îles de la même région respectivement République Dominicaine, Jamaïque, Trinitad et Tobago, Cuba. Durant cette période, on registre un moyenne annuelle de 20,75 millions de dollars américains en terme courants soit 1,39 % des entrées nettes totales pour la région ciblée ; cependant en Républicaine Dominicaine, le flux moyen d'IDE s'est estimé à 626.11 millions de dollars américains soit 42% du montant total des entrées nettes totale d'IDE. Quant à la Jamaïque, il enregistre un montant moyen de 311,26 millions de dollars accusant un taux de 21% du montant total d'IDE pour la région ciblée.Trinitad et Tobago a reçu une somme moyenne de 526,15 millions de dollars américains soit un taux de 35% du montant total d'IDE atteint dans la région. Sauf, Cuba qui se trouve au-bas de l'échelle par rapport à Haïti, il a réussi à attirer un faible montant moyen d'IDE s'estimant à 10,2236 millions de dollars américains soit -0.022% du montant total d'IDE alloué à la région ciblée pour la période allant de 1980 à 2010.

Ce faible pourcentage d'IDE dans Les PMA surtout en Haïti aurait été engendré par des contraintes tant endogènes qu'éxogènes :Une instabilité politique et économique, la taille réduite des marchés, une insuffisance d'avantage comparatif et une faible compétitivité des entreprises nationales capables des se partenariser avec les Firmes TransNationales (FTN). Ces diverses contraintes d'ordre conjoncturel et structurel fixent le loyer de l'argent à un pallier relativement élevé, induisant des coûts de transaction auxquels doit affronter tout investisseur penché vers l'espace économique haïtien.

Graphique VIII : Évolution de L'IDE et de L'Investissement privé en pourcentage du PIB (1981 à 2010)

45.00%

35.00%

25.00%

15.00%

-5.00%

5.00%

1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

IDE/PIB INVP/PIB

Source: Calculs de l'auteur, IHSI & Banque Mondiale (Données); Graphique(Auteur)

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En observant le graphique ci-dessus, On contate qu'il existe une nette asymétrie entre l'Investissement Direct Étranger et l'investissement privé. L'Investissement Direct Étranger évolue au dessous de 5% du PIB. Son poids dans l'économie nationale est extrêmement faible. Il importe également de signaler que les années 1991,1992,1993 et 1994 sont marquées par des flux de désinvestissements en Haïti en termes d'IDE, soit respectivement (-1.8 ;-2.2 ;-2.8 ;-2.8) millions de dollards E.U. Ces années correspondent à l'embargo commercial et financier imposé à Haïti et aux vives crises politiques qui ont miné le pays. En 1995, ces flux sont brusquement affectés de signe positif soit 7.4 millions de dollards E.U. Durant la période allant de 1995 à 2000, on a assisté à un certain rebond de l'activité économique en Haïti avec un taux de croissance de 3.75% en moyenne. Au cours de cette même période, Haïti a reçu des flux d'IDE s'élevant au total à 69.51 millions de dollards E.U soit environ 107% des volumes totaux d'IDE(65.156 miliions de dollars E.U) pour la période 1980 à 1994.

De tout cela, il revient à préciser que, cette revitalisation, en terme d'IDE, est marquée par l'arrivée de la compagnie ELF en Haïti en 1997 et les investissements réalisés dans les industries d'assemblage ; en 1998, les flux d'IDE ont grimpé par rapport aux années précédentes, à 11 milions de dollards E.U s'expliquant par l'acquisition de la minoterie d'Haïti par le Consortium Continental Grain Co Seabord ayant injecté plus de 6 millions de dollards E.U. En 1999, ces flux d'IDE sont passés de 11 millions à 30 millions, soit une hausse de 179% environ, il convient de noter qu'en 1999, on a observé à l'implantation sur le marché haïtien de récentes compagnies (Comcel, Haitel, Rectel) de téléphone contribuant ainsi à la variation à la hausse des flux d'IDE en 1999, comme il a été signalé dans les lignes qui précèdent.On a encore assisté à un repli des IDE de 2000 à 2004, soit un total de 43.05 millions de dollards E.U. Cette période est marquée par la contestation des élections en 2000 faisant de Jean Bertrand Aristide le Président de la République d'Haïti ; cette dite contestation a été transformée en ardentes crises politiques. En 2005, après le départ de Jean Bertrand Aristide, les IDE ont connu un certain rétablissement, accusant une valeur de 26 millions de dollards E.U. C'est en 2006, qu'on a enregistré en Haïti le plus haut volume d'IDE (160.6 millions de dollards E.U), cette période est marquée par l'arrivée de la compagnie de Téléphone appelé DIGICEL, ayant grandement contribué à ce fort volume d'IDE jamais connu en Haïti au cours de la période sous-étude. Au total, pour la période allant de 2005 à 2010, le volume d'IDE est de 12523,85 millions d'IDE, soit une valeur moyenne 1043,65 millions de dollards E.U.

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En résumé, comme l'indique l'économiste haïtien Fred DOURA, en dépit de l'importance de l'IDE, il ne doit pas constituer le substratum de l'économie, ni être le poumon de l'économie, sans quoi le développement soutenu, dans l'intérêt national, est sujet à l'échec. À mon sens, l'IDE doit corroborer à l'investissement privé domestique.

2.5 L'investissement privé domestique en Hati 2.5.1 Contexte

L'investissement constitue un puissant moteur dans une dynamique de croissance et de développement économique endogène. Si vrai que, lorsque le taux d'investissement privé est supérieur aux taux d'investissement public, celui de l'investisement global varie à la hausse. Par contre, lorsque le taux d'investissement privé est inférieur au taux d'investissement public, on observe une baisse du taux d'investissement global. En analysant cette assertion à travers le graphique V, on observe que l'investissement global évolue suivant la tendance de l'investissement privé. À chaque période de hausse de l'investissement privé correspond une période de hausse de l'investissement global, et, inversement à chaque période de baisse de l'investissement privé, l'investissement global varie à la baisse. Ainsi, au cours de la période allant de 1981 à 2010, l'investissement privé formel représente en moyenne 92.76% de l' investissement global, soit 22.75% du P11B en moyenne. L'investissement privé est passé de 15.02% du P11B au cours de la sous-période 1981-1986, à 16.58% au cours de la période 19861996, et s'est accru au cours de la période 1997 à 2010, accusant un taux de 30.35% du P11B.

Ce type d'investissement se trouve confronté aux problèmes de financement liès à la limitation de l'intermédiation bancaire. Les taux pratiqués par les banques commerciales, unique recours pour le secteur privé, sont pratiquement élevés accusant un taux de 27.25% en moyenne annuelle. Tout ceci a pour conséquence le repli du crédit bancaire, qui est passé de 23.89 millions de gourdes à -2556.19 millions de gourdes en 2010. Selon le rapport de Recherche de la BRH en 2010, la part de l'investissement dans l'investissement global a en effet varié à la baisse considérablement à partir de 1997, tout accusant une tendance à la baisse tributaire d'une tendance haussière des taux d'intérêts sur les prêts.

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2.5.2 Les coûts de transaction et l'investissement privé en Hati

Cependant, la hausse du loyer de l'argent et le repli du volume de crédits accordés au secteur privé des affaires, semble-il, ne constituent par la cause principale du repli des investissements privés en terme de valeur et en terme d'efficience. car, les banques commerciales, pour se prémunir des risques liés, compte tenu du mauvais climat des affaires, aux accords de crédits, ont fixé le loyer de l'argent à une hauteur très élevée soit 27.25% en moyenne ; compte tenu des marges de manoeuvre qu'ont les banques commerciales sur le marché des changes. Les investisseurs eux, aussi, compte tenu des coûts de transaction liés à l'immatriculation et l'incorporation d'une nouvelle entreprise, comme le nombre de jours requis, le capital minimum qui doit être versé à l'occasion, s'en trouvent découragés.

C'est ainsi que, en dépit des aménagements apportés avec la présence du CFI, en 2010, suivant le rapport de « Doing business » , pour le démarrage d'une entreprise, Haïti est classée 180ème avec 12 procédures qui prennent 105 jours. Pour l'octroi d'un permis de construire, il est classé 139ème avec 9 procédures qui durent 1129 jours. Entre 2008 et 2009, il a fallu 195 jours pour créer une entreprise en Haïti contre seulement 64 jours dans les autres pays de la région. Les coûts encourus pour le démarrage d'entreprises sont de 159% le revenu par habitant contre 39% dans la région. Au cours de cette même période, il requiert 1179 jours pour avoir des raccordements (eau,téléphone,et électricité), contre 229 jours pour les acquérir, dans les autres pays de la Caraïbe.

Cette analyse descriptive, nous permet de conclure, toutes choses étant égales par ailleurs, que la principale variable qui influe le plus sur l'investissement privé domestique formel et sa productivité constitue le climat des affaires pris au sens général (Cadre juridique et politique, situation économique, gouvernance,etc.)

2.5.3 Les grandes firmes privées et leurs filières d'investissements en Haïti

En plus de coûts de transactions, les filières d'investissements en Haïti constituent un élément prépondérant de la productivité des investissements. En effet, la Direction Générale des Impôts (DGI) a initié un classement des grandes entreprises en Haïti à partir de l'exercice fiscal 2005/2006. Ce classement, ayant pour référence principale l'impôt, est assuré par l'unité de gestion et de contrôle fiscal. En 2005, À noter que les six plus gros contribuables Comcell,

Comme il Faut, Les Moulins d'Haïti SEM, Texaco Haïti INC, Haïti Télécommunication Int SA (Haitel), Unigestion Holding SA (Digicel) ont respectivement contribué aux recettes fiscales de l'exercice 2005-2006 pour des montants de 926,399,651.81 Gdes (un peu plus de 23 millions de $ US au taux de 40 G pour 1$ US) ; 620,178,554.11 gourdes ; 620,145,442.97 gourdes ; 258,788,191.84 gourdes ; 252,146,451.58 gourdes et 138,618,621.43 gourdes.61

Pour l'exercice fiscal 2008-2009, les cent plus grands contribuables auront acquitté en termes de taxes internes sept milliards sept cent quatre-vingt-huit millions trois cent vingt mille Gourdes (7, 788, 320,000.00), ayant respectivement à leurs têtes encore les six plus gros contribuables suscités à savoir Comme il faut, Les Moulins d'Haïti SEM, Texaco Haïti INC, Haïti Télécommunication Int SA, Unigestion Holding SA. Le classement n'est pas différent pour les exercices allant de 2009 à 2013. Le classement nous permet d'identifier les filières d'investissements qui prédominent en Haïti. On retrouve les télécoms, le tabac, la farine, la brasserie, les banques, les compagnies pétrolières, le ciment. Cette situation nous prouve que l'investissement privé en Haïti est concentré dans le secteur tertiaire.

En plus, selon le dernier rapport du Ministère du Commerce et de l'Industrie, plus de la moitié des entreprises recensées évoluent dans le secteur Achat et Vente, soit 75% au total. Elles sont 2 % à travailler dans la transformation de matière première, et 1,4% dans le tourisme. Les autres secteurs identifiés représentent chacun moins de 2% (Artisanat Utilitaire : 1,4%, fabrication de produits par exploitation de ressources : 0,8%). Près de 69% des entreprises declarent avoir un chiffre d'affaire inférieur ou égal à 50,000,00 gourdes.

Tableau IV : Répartition des entreprises par secteur d'activité

Secteurs d'activité

Centre

Nord

Nord-Est

Ouest

Sud

Total

Achat et vente de produits

87.9%

76.7%

62.0%

68.2%

77.1%

74.9%

Artisanat utilitaire

2.8%

1.3%

2.5%

1.1%

1.2%

1.4%

Assemblage et sous-traitance

0.4%

0.3%

0.0%

0.1%

0.5%

0.3%

Constructions et matériaux de construction

0.4%

1.2%

1.2%

1.2%

0.8%

1.1%

Fabrication de produits par exploitation de ressources

1.1%

0.7%

1.2%

1.1%

0.7%

0.8%

Tourisme et activités connexes, hôtellerie, restaurants

1.6%

1.5%

1.4%

1.7%

1.1%

1.4%

Transformation de matières premières

1.0%

1.5%

1.5%

3.8%

2.6%

2.0%

Autres

0.9%

7.6%

13.9%

11.8%

7.0%

8.3%

Aucune réponse

3.8%

9.2%

16.3%

10.9%

9.1%

9.6%

Grand Total

100%

100%

100%

100%

100%

100%

Source : Ministère du Commerce et de l'Industrie (MCI), 2012.

61 Cf. DGI, Unité de Gestion et de Contrôle Fiscal.

Page | 61

En tenant compte d'une partie des recommandations de Monsieur RAUSCH (seulement le chiffre d'affaire est considéré, le volet nombre d'emplois n'est pas pris en compte), 90,18% des entreprises recensées seraient hors catégories; elles ont toutes déclaré un chiffre d'affaire inférieur à 96,000.00 gourdes. Les Micro-entreprises incluant les «activités autonomes» seraient de 6,14% et les petites entreprises de 3,22%. Les moyennes et les grandes entreprises représenteraient chacunes 0,36% et 0,11% respectivement. Ainsi, sur l'ensemble des entreprises recensées, seulement 9,36% pourraient être considérées comme des PME.

Graphique IX : Répartition des entreprises en fonction de leurs chiffres d'affaire

100.00% 54.63%

0.00%

14.18% 11.37% 5.04% 3.16% 1.72% 9.91%

=25000 ]25001;50000] ]50001;100000] ]100001;150000] ]150001;200000]

Page | 62

Source : Ministère du Commerce et de l'Industrie, 2012

Tout ceci témoigne que la faiblesse de la productivité de l'investissement privé en Haïti est tributaire des filières d'investissements. Ces dernières sont à faible valeur, l'effet de richesse qu'elles induisent s'est révélé faible.

2.5.4 Epargne intérieure brute et investissement privé en Haiti

L'épargne intérieure brute est un indicateur qui nous renseigne sur la capacite d'un pays à débloquer ses propres capitaux pour financer les investissements, autrement dit, la non dépendance vis-à-vis les capitaux étrangers. Globalement, l'épargne domestique brute représente la différence entre le P11B et les dépenses de consommation finale ; précisément, il constitue de la partie du revenu national disponible qui n'est pas affectée à la dépense de consommation finale, celle des ménages ou celle des gouvernements. Elle correspond aussi à la somme des différents secteurs institutionnels.

Les taux d'épargne, rapport entre l'épargne intérieure brute au P11B, sont relativement faibles voire négatifs(voir tableau VII en annexe): Au cours de la période sous-étude, l'épargne intérieure brute représente en moyenne -10,73% en pourcentage du P11B. L'évolution de l'épargne peut être décomposée en trois sous-périodes : de 1981 à 1990, le taux d'épargne

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intérieure brute représente en moyenne 7,20% du PIB; de 1991 à 2000, Haïti a connu une situation de désépargne affichant un taux de -21,33% en moyenne; De 2001 à 2010, il accusait un taux moyen de -18,05%. Ces faibles taux d'épargne par rapport aux besoins de financement des investissements engendrent une dépendance accrue du pays au financement extérieur.

Graphique X :Evolution de l'épargne et de l'investissement en pourcentage du PIB

-20.00%

-40.00%

40.00%

60.00%

20.00%

0.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

Inv_priv/pib Epargne/pib

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : BRH (Données) et Auteur(Graphique)

Cependant, l'épargne en vue d'accumuler du capital a pour coût d'opportunité la consommation courante, c'est-à-dire elle nécessite le sacrifice de la consommation courante, de manière à dégager des ressources servant à la production des biens de consommation.Vu sous cet angle, l'on comprend pourquoi qu'Haïti n'arrive pas à dégager une épargne brute considérable compte tenu de la faiblesse du revenu réel par habitant. Le taux de croissance du PIB per capita représente en moyenne -0,81%, ce qui sous-entend que la majeure partie de la population se trouve déjà réduite à un minimum vital de subsistance, donc il n'est pas évident que cette population arrive à différer sa consommation actuelle sous forme d'épargne brute. Donc, la quasi-totalité du revenu de la population haïtienne est consacrée à sa subsistance ; d'où la très grande propension à consommer de cette population. Au cours de la période sous-étude, la consommation globale représente en moyenne 111% du PIB. Cet état des lieux met en opposition la consommation courante urgente avec l'épargne, d'où une nette incapacité à mobiliser un capital interne positif. Il existe aussi une minorité qui épargne à l'intérieur du pays, souvent l'épargne de cette minorité est transportée à l'étranger à cause des plus-values que procurent ces montants sur le marché financier international surtout des pays industrialisés ou également à des fins de précaution en cas de crise politique.

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Les faibles taux d'épargne en Haïti s'expliquent également par les faibles taux de rémunération des comptes bancaires représentant 3,76 % de 1994 à 200162. Compte tenu des taux moyens d'inflation élevés en Haïti d'environ 23 %, lorsque un compte de dépôt est rémunéré à un taux relativement faible, il est clair que chacune des gourdes s'est aussi dépréciée et le pouvoir d'achat a autant baissé ; ce qui ne se cadre pas à une politique incitative de l'épargne nationale. Donc, en faisant un placement dans une banque haitienne, le déposant tend à s'appauvrir. Ce dernier sans s'en rendre compte parfois, est en train de verser un intérêt à la banque. C'est pourquoi les déposants avisés épargnent à l'étranger. Car autant que les taux d'inflation sont importants par rapport aux taux d'intérêt, plus sera considérable la fuite des capitaux qui pourraient constituer l'épargne intérieure brute pour accumulation de capital en Haïti.

En somme, nous pensons qu'il importe une action de l'État pour défaire le dilemme épargne/investissement privé. Cette action pourrait se faire sur deux axes : d'une part, créer de nouveaux emplois en vue d'augmenter les revenus réels par tête, ce qui serait susceptible de faire augmenter le ratio épargne/PIB ; d'autre part, stimuler l'épargne privée en agissant sur les taux d'intérêt, par des incitatifs fiscaux et des politiques monétaires adéquates et en palliant les déficiences du marché des capitaux en Haïti. Car, l'épargne, accumulation nationale, est l'une des conditions importantes du développement économique durable et auto-entretenu. Ainsi, un taux élevé d'épargne faciliterait un accroissement de l'investissement et allégerait la dépendance du pays à l'égard du financement externe.

2.5.5 Crédit accordé au secteur privé par les banques commerciales en Haïti

Les banques commerciales ont pour fonction principale de faire des prêts c'est-à-dire d'accorder des crédits car l'offre de monnaie par les banques est réputée comme déterminante pour l'investissement, par extension pour la croissance économique. À noter que, les banques commerciales, en octroyant des crédits, créent de la monnaie mais elles ne créent pas pour autant de la richesse. Car, l'augmentation de l'offre de monnaie ne peut pas faire varier à priori la quantité de biens et services produits dans l'économie, mais de toute façon elle peut faire varier à la hausse le niveau des prix sur le marché.

62 Voir Doura, 2003.

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Selon l'économiste haïtien Fred DOURA(2002), dans le système financier haïtien, moins de 1% de détenteurs de comptes courants et d'épargne arrivent à détenir un octroi de prêt de ce dit système. Il poursuit pour dire que, plus précisément des prêts sont octroyés à 0,4% de l'élite de la population.

Graphique XI: Évolution du taux de crédit et du taux d'investissement de 1981 à 2010

-10.00%

40.00%

50.00%

30.00%

20.00%

10.00%

0.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

cred/pib Inv-priv/pib

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : Calculs propres éffectués à partir des données de la BRH

En observant le graphique, nous constatatons que le crédit accordé au secteur privé évolue au dessous de 10% du PIB au cours de la période sous-étude. Il représente en moyenne 0.66% en pourcentage du PIB de 1981 à 2010. Cependant, pour cette même période, l'investissement privé affichait un taux de 18.40% en pourcentage du PIB.

Ce manque de crédit officiel engendre des conséquences néfastes tant au niveau microéconomique que macroéconomique : au niveau microéconomique, il peut être considéré comme l'une des raisons fondamentales à l'explication de l'exclusion sociale et de la pauvreté que connait Haïti. Au niveau macroéconomique, il peut être considéré comme un obstacle majeur à la croissance et au développement du pays.

En somme, l'un des facteurs majeurs qui influent tant sur le volume que sur la productivité des investissements est la qualité des institutions et de la gouvernance. Des institutions plus solides et une gouvernance meilleure peuvent contribuer à réduire les risques et à abaisser les coûts, ce qui devrait à la fois favoriser le développement des investissements et de leur productivité. Nous allons modéliser cette assertion à travers le chapitre qui suit.

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CHAPITRE IV

LES DÉTERMINANTS DE L'INVESTISSEMENT : Un Modèle à Équations Simultanées

(MES)

Suite aux exposés théoriques sur les variables explicatives de la décision d'investissement inscrits dans le cadre de notre étude et aux analyses descriptives y afférentes au sein de l'économie haïtienne, il importe d'effectuer une analyse économétrique permettant de mesurer les impacts des variables explicatives et de vérifier les hypothèses. L'étude de plusieurs phénomènes économiques tels que les comportements de consommation, de production, d'investissement, d'importation et d'exportation nécessitent la prise en compte du problème d'endogénéité tant que les variables testées interagissent simultanément. Pour cela, nous avons opté par anticipation pour le MES, qui, à notre sens, répond aux exigences théoriques de notre modèle, compte tenu du double statut de certaines variables explicatives. Ce qui nous renvoie aux problèmes d'endogénéité et de simultanéité.

Ce chapitre comprend deux sections : la première présente les généralités importantes sur le modèle à équations simultanées, et la seconde présente les analyses sur le modèle retenu pour mettre à l'épreuve les hypothèses de travail.

SECTION I : Présentation générale du Modèle à Équations Simultanées (MES)

L'une des approches le plus souvent retenue dans le cadre de l'étude des déterminants de l'investissement est le Modèle à Équations Simultanées. Ce modèle a été choisi par le fait que certaines variables explicatives de l'investissement ont un double statut par exemple le PIB et le taux d'intérêt. Ce problème d'endogénéité de ces variables exige à définir d'autres équations visant à les expliquer. Ces équations étant dépendantes mutuellement, l'interaction existant entre les variables a des conséquences prépondérantes au niveau de l'estimation de chacune des équations et sur le modèle globalement.

Nous débuterons avec l'écriture générale du MES avant de nous verser sur les conditions requises pour estimer les paramètres du modèle, ce qu'on entend par l'identification. Ensuite, nous tenons à présenter les méthodes d'estimations relatives aux modèles à équations simultanées.

1.1 Écriture du modèle à équations simultanées (MES) 1.1.1. D'un exemple introductif...

Soit un système comportant trois (3) équations composé de variables centrées :

= +

= + +

(1)

(2)

(3)

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Où l'équation (1) est celle de la demande, représentant la quantité demandée d'un bien

quelconque, son prix et le revenu. L'équation (2) est l'équation d'offre, désignant la

quantité offerte du bien considéré. et désignent les termes d'erreur, encore dénommés

perturbations. Les équations d'offre et de demande sont des équations de comportement. L'équation (3) représentant l'égalité entre l'offre et la demande, est appelée équation d'équilibre. Il importe de signaler que les équations d'équilibre ne recueillent aucun terme d'erreur.

Les équations de ce dit système, provenant de la théorie économique, sont appelées équations structurelles. Dans ce système, les variables de quantité et de prix sont interdépendantes,

mutuellement endogènes. Le revenu est une variable exogène, au cas où elle n'est pas

générée par le système.

Ce système est qualifié de système complet car il renferme autant d'équations que de variables endogènes.

Écrivons chacune des variables endogènes en fonction de la variable exogène et des termes

d'erreur et . D'après l'équation (2), on peut écrire :

pt = qt - (4)

Reportons cette expression dans (1), ce qui donne :

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Qt = á1( qt - ; ) + á2ãt + (5)D'où : qt =

yt +

(â1 - á1 ) (6)

En posant :

?1=

(7)

Et t = (â1 - á1 ) (8)

On peut réécrire l'équation (6) de la manière suivante :

qt = ?1yt + t

Reportons l'expression (6) dans (4), on a :

(9)

=

pt [

+

 

- á1

 

(10)

 

yt

[â1

 
 

+

 

- )

 

(11)

: pt

yt

(

 
 
 
 
 
 

?2 =

 
 
 
 

(12)

 
 

- )

 
 
 

(13)

 

u2t (

On peut réécrire l'équation (11) de la manière suivante :

Pt = ?2Ót + u2t (14)

En réunissant les équations (9) et (14), le système d'équations s'écrit finalement :

qt = ?1yt + t (15)

Pt = ?2Ót + u2t (16)

Nous avons écrit chacune des variables endogènes en fonction de la variable exogène et d'un terme d'erreur aléatoire. C'est ce qu'on dénomme la forme réduite du modèle. Les équations (9) et (14) sont appelées équations réduites.

Les variables endogènes sont corrélées avec les termes d'erreur, ce qui entraine que les estimateurs des MCO ne sont plus convergents. Il est également possible d'utiliser un estimateur des variables instrumentales ou un estimateur des moindres carrés en deux étapes.

1.1.2 .... À la formulation générale des modèles à équations simultanées

La forme structurelle du modèle à équations simultanées, dans le cas général, s'écrit comme suit :

+ +...+ + + +... + =

+ +...+ + + +... + =

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...

+ +...+ + + +... + =

Ce modèle renferme M équations et M variables endogènes ( , , ..., ). Il comporte k

variables exogènes ( , ,..., ) pouvant également contenir des valeurs prédéterminées

des variables endogènes. Il importe de signaler que l'une des variables peut être munie de 1 en

vue de tenir compte du terme constant dans chacune des équations. Les termes d'erreur ( ,

, ..., ) sont dénommés perturbations structurelles.

B =

; Y=

; X=

?3t

...

...

...

; I' =

...

...

...

Ce modèle peut encore s'écrire sous forme matricielle de la manière suivante : BY + I'X = E

;E =

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Chacune des équations contient une des variables endogènes ayant un coefficient égal à 1 : c'est précisément la variable dépendante. Ce qui signifie que dans la matrice B, chacune des colonnes renferme au moins une valeur égale à 1. Il s'agit de la normalisation. Par contre, les équations dans lesquelles tous les coefficients sont égaux à 1 et dépourvues de perturbations sont les équations d'équilibre.

Au cas où la matrice B est non singulière63, elle est inversible et la forme réduite du modèle peut être dérivée rendant possible d'exprimer la matrice Y en fonction de la matrice X :

Y = -B-1 X + B-1å

Il convient de rappeler que la forme réduite permet d'exprimer chaque variable endogène en fonction des variables exogènes ou prédéterminées et des perturbations. Il importe aussi de noter que les équations de la forme réduite peuvent être estimées par les MCO, car les variables endogènes sont supposées non corrélées avec les termes d'erreur. Après avoir estimé les paramètres des équations de forme réduite, il est susceptible de déterminer les paramètres des équations structurelles en utilisant la méthode des moindres carrés indirects.

Le passage de la forme structurelle n'est pas aisé dans la pratique comme il en est en théorie. En effet, le fait de connaitre les éléments de la matrice ( B-1 ) dans la forme réduite ne permet pas de déterminer c'est-à-dire d'identifier les matrices B et séparément. On détient un système de (M × k) équations à (M × M) + (M × k) inconnues qui ne peut être résolu sans certaines restrictions : C'est ce qu'on appelle le problème de l'identification.

1.1 Le problème de l'identification

Le problème de l'identification se situe sur les conditions requises pour déduire les estimateurs des paramètres de la forme structurelle à partir des estimateurs des paramètres de la forme réduite. Le problème provient de la compatibilité qui peut être existée entre plusieurs estimations de coefficients structurels avec les mêmes séries de données. Autrement dit, à une équation de forme réduite peuvent correspondre plusieurs équations structurelles.

63 La matrice B est dite non singulière selon la condition intitulée `'condition de complétude».

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Les conditions d'identification se déterminent équation par équation. Trois scénarios sont susceptibles d'apparaître :

- Au cas où il est impossible de déduire les estimateurs des paramètres de la forme structurelle à partir des estimateurs de la forme réduite, le modèle est dit non identifié ou sous-identifié. Ainsi, un modèle est sous-identifié si une équation du modèle est sous-identifiable. Cela sous-entend que le nombre d'équations est inférieur au nombre de paramètres à identifier dans la forme structurelle et il n'est plus possible de résoudre le système.

- Si les estimateurs des paramètres de la forme structurelle peuvent être déterminés de la forme réduite, le modèle est dit identifié. Ici, on peut repérer deux cas de figure :

- Le modèle est exactement (ou pleinement ou strictement ou juste) identifié si toutes ses équations sont strictement identifiables, c'est-à-dire si des valeurs uniques des paramètres structurels peuvent être déduites.

- Le modèle est sur-identifié si les équations sont sur-identifiables, c'est-à-dire si plusieurs valeurs peuvent correspondre aux paramètres structurels.

1.2.1 Conditions de rang et d'ordre d'identification

Rappelons que la forme structurelle est donnée par l'expression :

BY + IX = E

Et la forme réduite par :Y = -B-' IX + B-'E Soit : Y= IIX + t avec II = -B-' I et t = B-'E Ainsi, trois paramètres sont à déterminer :

- La matrice B qui est une matrice non singulière de taille (M X M).

- La matrice de variance-covariance des perturbations structurelles, notée ?E.

La forme réduite renferme les paramètres connus suivants :

- La matrice des coefficients de la forme réduite II de taille (M × k).

- La matrice de variance-covariance des perturbations de la forme réduite notée ?t.

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Le nombre de paramètres structurels est égal à M2 + Mk + et le nombre de paramètres

de la forme réduite est donnée par : Mk + . L'écart entre le nombre de paramètres

structurels et celui de la forme réduite est donc égal à M2, ce qui correspond au nombre d'éléments inconnus dans la matrice B. Par conséquent, si l'on ne détient aucune information supplémentaire l'identification est impossible. L'information supplémentaire peut être de plusieurs types, en fonction de la nature des contraintes ou des restrictions que l'on impose sur les coefficients de la forme structurelle : Normalisation, identités, relations d'exclusions, restrictions linéaires ou encore restrictions sur la matrice de variance-covariance des perturbations. Etalons successivement ces cinq points.

- Normalisation : Comme nous l'avons déjà mentionné, dans chaque équation, une des variables endogènes a son coefficient égal à 1 : il s'agit de la variable dépendante. L'imposition de la valeur 1 à un coefficient est appelé normalisation. Ce processus rend possible la réduction du nombre d'inconnus dans la matrice B, puisque l'on a alors M (M-1) et non plus M2 éléments à déterminer.

- Identités : les relations d'équilibre et identités comptables n'ont pas à être identifiées : les coefficients associés aux variables qui figurent dans ces modèles sont fréquemment égaux à 1.

- Relations d'exclusion : le fait d'omettre une des variables dans l'une des équations du modèle est pris comme une relation d'exclusion. En ce sens, on affecte à la variable en question un coefficient nul. En d'autres termes, cela revient à mettre des zéros dans les éléments des matrices B et/ou . Une pareille démarche permet de toute évidence de diminuer le nombre de paramètres inconnus et rend plus accessible l'identification.

- Restrictions linéaires : En relation avec la théorie économique, bon nombre de modèles comprennent des variables affectées d'un coefficient identique. L'imposition de pareilles restrictions sur les paramètres rend plausible la méthode d'estimation en réduisant le nombre de paramètres inconnus.

- Restrictions sur la matrice de variance-covariance des perturbations : Ces dites restrictions sont semblables à celles imposées sur les paramètres du modèle. Il revient à placer des zéros dans certains éléments de la matrice de variance-covariance lorsqu'on impose la non-corrélation entre les perturbations structurelles de plusieurs équations.

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1.2.2 Conditions d'identification

Soit une équation j respective du modèle à M équations simultanées. Les coefficients associés à cette équation figurent dans les j-ièmes colonnes des matrices B et/ou . En plus on admet que :

- Un des éléments de la matrice B est égal à 1 dans cette équation (normalisation),

- Certaines variables qui figurent dans d'autres équations sont omises dans cette équation (relations d'exclusion).

On consigne :

- M le nombre de variables endogènes du modèle, c'est-à-dire le nombre d'équations du modèle,

- k le nombre de variables exogènes que contient le modèle.

- Mj le nombre de variables endogènes qui figurent dans l'équation j considérée, M*j représente le nombre de variables endogènes exclues de l'équation j,

- Kj le nombre de variables exogènes qui figurent dans l'équation j considérée, k*j représentant le nombre de variables exogènes omises de l'équation j.

Le nombre d'équations du modèle M est donné par : M = Mj + M*j + 1

Et le nombre de variables exogènes j est égal à : k = Kj + k* j

Le nombre d'équations devant être au moins égal au nombre d'inconnues, désignant ainsi la condition d'ordre pour l'identification de l'équation j :

k* j = Mj

Cette condition stipule que le nombre de variables exclues de l'équation j doit être au moins égal au nombre de variables endogènes incluses dans cette même équation j. Il importe de noter que la condition d'ordre est une condition nécessaire à l'identification, mais non suffisante. Autrement dit, elle admet que la j-ième équation de la forme réduite admet une solution. Mais, la condition d'ordre ne laisse pas entrevoir l'unicité de la solution. Pour

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garantir cette dernière, la condition de rang est nécessaire. Cette condition fait l'imposition d'une restriction sur la sous-matrice de la matrice des coefficients de la forme réduite et garantit une solution unique pour les paramètres structurels étant donné les paramètres de la forme réduite. Il est plausible d'exprimer cette condition de rang de la façon suivante : l'équation j est identifiée si on peut avoir au moins un déterminant non nul d'ordre (M- 1, M1) à partir des coefficients des variables exclues de l'équation j, mais incluses dans les autres équations du système.

En considérant, par ailleurs, les restrictions linéaires sur les paramètres, la condition d'ordre devient :

rj + k*j ? Mj

Où rj représente le nombre de restrictions autres que celles d'exclusions. En tenant compte simultanément des relations d'exclusion et des restrictions linéaires, la reformulation de la condition d'ordre est possible. En notant Sj le nombre total des restrictions, c'est-à-dire :

Sj = rj + k*j + M*j

On peut écrire la condition d'ordre de la manière suivante :

Sj ? M-1

Comme nous l'avons évoqué au début de cette sous-section, trois cas sont alors possibles :

- Si rj + k*j < Mj , ou si la condition de rang n'est pas vérifiée, le modèle est sous-identifié. - Si rj + k*j = Mj et que la condition de rang est vérifiée, le modèle est exactement identifié. - Si rj + k*j > Mj , et que la condition de rang est vérifiée, le modèle est sur-identifié.

1.3 Les méthodes d'estimation

L'identification est en soi un pré-requis à l'estimation d'un modèle à équations simultanées, en ce sens qu'elle précise les conditions requises à l'estimation d'un modèle. Si vrai qu'il est impossible d'estimer un modèle sous-identifié, uniquement les modèles justes identifiés ou sur-identifiés sont estimables.

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Les méthodes d'estimation des modèles à équations simultanées sont en majeur partie des méthodes de variables instrumentales et sont classées en deux catégories :

- Les méthodes d'estimation à information limitée : On procède à l'estimation du système équation par équation.

- Les méthodes d'estimation à information complète : L'estimation du système se fait globalement, en d'autres termes on estime simultanément les M équations du modèle.

Les méthodes d'estimation à information limitée, comme leur nom l'indique, consiste à négliger l'information contenue dans les autres équations. On retrouve dans cette catégorie les méthodes des moindres carrés indirects, des doubles moindres carrés, des moments généralisés ou la méthode du maximum de vraisemblance à information limitée et les estimateurs de classe K.

Par contre, dans les méthodes à information complète, on utilise de manière globale toute l'information détenue par les M équations. Dans cette nouvelle catégorie, on répertorie les méthodes des triples moindres carrés, du maximum de vraisemblance à information complète ou encore l'estimation par la méthode des moments généralisés de systèmes d'équations. Ces méthodes sont moins utilisées dans la réalité que les méthodes à information limitée en raison de trois contraintes essentielles : existence de solutions non linéaires sur les paramètres, lourdeur des calculs et sensibilité aux erreurs de spécification.

En ce sens, nous nous limitons à présenter deux méthodes d'estimation à information limitée : les moindres carrés indirects et les doubles moindres carrés.

1.3.1 Les moindres carrés indirects (MCI)

Les moindres carrés indirects est une méthode d'estimation qui s'applique aux équations qui sont juste identifiées. Généralement, cette méthode consiste à estimer les paramètres de la forme réduite par la méthode des MCO et à en déterminer les coefficients de la forme structurelle par une transformation particulière des coefficients de la forme réduite. La description de cette méthode peut se faire en trois étapes :

- Dans la première étape, on transforme la forme structurelle du modèle en forme réduite.

- La deuxième étape consiste à estimer les paramètres de chacune des équations de la forme réduite par les MCO.

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- La troisième étape vise à déduire les paramètres de la forme structurelle à partir des paramètres estimés de la forme réduite. Cette détermination est rendue possible grâce aux relations algébriques qui lient les coefficients structurels et ceux de la forme réduite. L'unicité de la solution est assurée du fait que le modèle est justement identifiable.

Il importe de noter qu'il existe une relative incompatibilité entre l'estimateur des MCI de la forme réduite et celui de la forme structurelle. Car, l'estimateur des MCI de la forme réduite est un estimateur BLUE et l'estimateur des coefficients structurels est un estimateur biaisé dans le cas de petits échantillons. En plus, la forme réduite d'un système n'est pas facile à déterminer dans la pratique. A cet effet, la méthode des MCI s'emploie rarement en pratique. La méthode des doubles moindres carrés est fréquemment employée.

1.3.2 Les doubles moindres carrés ( DMC )

La méthode ds doubles moindres carrés est la méthode la plus employée dans le cadre de l'estimation des modèles à équations simultanées. Elle s'applique aux modèles justement identifiables ou sur-identifiables.

Cette technique d'estimation comprend deux étapes qui revient à mettre en application deux fois la méthode des MCO :

La première vise à régresser chacune des variables endogènes sur l'ensemble des variables prédéterminées ; ce qui permet d'abroger la corrélation existant entre variables endogènes et les termes d'erreurs. On aboutira à un système correspondant à un système en forme réduite au cas où toutes les variables endogènes s'écrivent uniquement en fonction des variables exogènes. De l'estimation de ces équations, on déduit les valeurs estimées des variables endogènes.

La deuxième étape consiste à substituer les variables endogènes situant à droite des équations structurelles par leurs valeurs estimées dans la première étape.

L'estimateur des doubles moindres carrés peut être considéré comme un estimateur des variables instrumentales où les instruments employés sont les valeurs estimées des variables endogènes.

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Section II : Présentation de notre modèle

Dans cette présente section, nous présentons le modèle économétrique visant à tester, interpréter les hypothèses de travail. Ces hypothèses répertorient certaines variables du modèle d'examen des investissements en Haïti pour la période 1981-2010. Entre autres, nous présentons la spécification du modèle, la méthode d'estimation retenue et les signes attendus des coefficients des variables explicatives et l'estimation et l'interprétation du modèle. Nous tenons tout d'abord à présenter la méthodologie retenue dans le cadre du choix des variables explicatives.

2.1 Méthodologie : Choix des variables explicatives

L'étude empirique du comportement des investissements et de la productivité de l'investissement privé pour un pays donné est complexe, du fait que la théorie nous offre une panoplie de variables explicatives qu'on ne peut pas, à priori, intégrer dans un modèle. Le modèle retenu, bien qu'il soit modifié, est inspiré de celui de Hall & Jones (1999) incrit dans notre revue de littérature. Dans le modèle de Hall et Jones (1999), l'inverse de la productivité

marginale du capital ( log / ) est fonction de l'infrastructure sociale64. Ainsi, nous avons

modifié le modèle de Hall et Jones du fait que nous avons adopté la méthode des variables indicatrices au lieu de fabriquer un indice pour retenir l'effet de l'infrastructure sociale. Nous retenons comme modèle empirique de l'étude de la productivité de l'investissement privé dans le cas d'Haïti, la régression dont les variables exogènes sont : Le cadre légal et institutionnel (CLI), l'instabilité politique (InstP), la croissance du PIB réel par habitant (PIB) et l'investissement public (INVG).

La spécification du modèle des déterminants de l'investissement privé est représentée par l'équation suivante :

ICOR = á1LINVG + á2INST + á3CLI + á4LPIB + Ut (1)

Où « L » situé devant chaque variable représente son logarithme exprimant leur taux de croissance, ICOR(Incremental Capital Outpout Ratio) est le rapport de la variation de l'investissement privé et le taux de croissance du PIB, CLI représente le Cadre légal et institutionnel, InstP l'instabilité politique, PIB désigne le PIB réel per capita. Il importe de

64 Voir Hall & Jones, p.109, tableau IV.

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relater que le cadre légal et institutionnel est une variable indicatrice prenant 0 comme valeur s'il existe un cadre légal favorable à l'investissement et 1 sinon; et également l'instabilité politique une variable indicatrice ayant 0 pour valeur dans le cadre d'une stabilité politique et 1 sinon.

Étant donné que la croissance du PI3 réel est une variable endogène, on a défini une équation de croissance. Cette dernière est inspirée du modèle de croissance de Mankiw, Weil et Romer (1992). Nous avons modifié ce dernier en substituant le capital humain par l'investissement public. Le PI3 réel dépend de la population (N), et de l'investissement privé á la période t et de l'investissement public.

La spécification de l'équation de croissance est exprimée par l'équation suivante : LPI3= á5LN + á6LINVG + á7 LINVPt + Ut2 (2)

2.2 Spécification du modèle

À partir des équations (1) et (2), on a abouti à un modèle à équations simultanées (MES) dans lequel l'investissement privé et le PIB réel sont des variables endogènes :

ICOR= á1LINVG + á2INST + á3CLI + á4LPIB + Ut (1) LPIB=á5LN + á6LINVG + á7 LINVPt + Ut2 (2)

2.3 Étude d'identification du modèle à équations simultanées (MES)

Soient g, g', k et k' le nombre de variables endogènes du modèle, le nombre de variables endogènes d'une équation, le nombre de variable explicatives du modèle, le nombre de variables explicatives d'une équation respectivement. De ce fait, on a alors pour le système : g = 2 et k = 5 et pour les 1ères, 2èmes équations, on a respectivement : (g'=2 et k'=3) ; (g'=1 et k'=3).

Identification de la première équation .(g-1=1) < (g-g'+k-k' = 2) 4 l'équation est sur identifiée

Identification de la deuxième équation .(g-1=1) < (g-g '+k-k' = 3) 4 l'équation est sur-identifiée

Les deux équations du modèle étant sur- identifiées, le modèle est donc sur- identifié.

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2.4 Méthode d'estimation du modèle

L'estimation du système (3) ne peut pas se faire par les Moindres Carrés Ordinaires (MCO) car ici il pose un problème d'endogénéité. Car, en effet, l'estimation par les MCO requiert l'exogénéité de toutes les variables explicatives c'est-à-dire leur non-autocorrélation avec le terme d'erreur. La violation de cette hypothèse rend les estimateurs des MCO biaisés et non-convergents. Pour pallier à ce problème, il est recommandé d'utiliser la méthode des variables instrumentales. Cette méthode consiste à recueillir des variables qui sont fortement corrélées avec la variable source d'endogénéité et qui ne sont pas corrélées avec le terme d'erreur. Dans le cadre d'un système d'équation sur-identifié, seulement trois méthodes donnent la possibilité d'utiliser des instruments :

1-La méthode des triples moindres carrés qui constitue la version double des moindres carrées des modèles SUR (Seemingly Unrealated Régression), Les modèles SUR sont des régressions multivariées qui tiennent en compte l'hétéroscédasticité et l'autocorrélation des erreurs entre les équations.

2-La méthode des moments généralisés qui ne requiert pas d'information sur la distribution exacte des erreurs.

3- La méthode des doubles moindres carrés qui est applicable lorsque certaines variables explicatives sont corrélées avec le terme d'erreur et lorsqu'il n'existe pas de problème d'hétéroscédasticité ou de corrélations entre les erreurs. Cette méthode a été retenue pour l'estimation de notre modèle. Le fondement de la méthode des DMC est basé sur l'application en deux étapes des MCO. La première étape consiste à régresser chacune des variables endogènes sur toutes les variables exogènes. Ensuite, dans une deuxième étape, il importe de substituer les variables endogènes situant à droite des équations structurelles par leurs valeurs ajustées à l'aide des modèles estimés. Cette procédure des DMC s'est révélée un peu lourde dans son application, par contre les logiciels donnent la possibilité de mettre en oeuvre cette méthode en une seule instruction. Par exemple, l'instruction d'Eviews, en vue d'estimer notre modèle, est la suivante:

object New object System.

Le système s'écrit de la manière suivante: inst cli inst ln linvg linvp(-1)

Icor = c(1)*linvg + c(2)*cli + c(3)*instP +c(4)*lpib

Lpib = c(5)*ln + c(6)*linvg + c(7)*linvp.

Les variables précédées de "inst" sont les instruments qui sont les variables explicatives du modèle.

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2.5 Signes anticipés des coefficients des variables explicatives du modèle

Equation d'investissement privé :

- La relation entre la productivité de l'investissement privé et l'investissement public est positive selon Barro (1990).

-La relation entre la productivité de l'investissement et la gouvernance politique est mitigée : négative au cas où il existe une mauvaise gouvervance et positive si il en existe une bonne gouvernance selon les théoriciens de l'école institutionnelle.

-La relation entre la productivité de l'investissement et le cadre légal et institutionnel est mitigée (positive ou négative) selon le modèle de la Banque Mondiale (Doing Business ) et les Institutionnalistes.

-La relation entre le PIB par tête et l'investissement privé est positif selon le modèle d'accélérateur.

Equation de croissance :

-La relation entre la croissance du PIB et l'investissement public est posif selon les théoriciens de la croissance endogène.

-La relation entre la croissance du PIB et la croissance de la population est négative suivant le modèle de Solow.

- La relation entre l'investissement privé et la croissance economique est positive selon le modèle de Solow.

2.6 Estimation du modèle65

Equation d'investissement: ICOR= (-0.249534)*LINVG (-0.987089)*CLI (-1.767706) *INST (-1.091702) *LPIB

Equation de croissance du PIB: LPIB= (-0.704062)*LN (-0.051170)*LINVG + ( 0.712994) *LINVP

Instruments: CLI INST LN LINVG LINVP(-1) C

65 Voir tableau XIV en annexes.

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Tableau V : Présentation des résultats de l'estimation

Variables

Investissement Publics

Instabilité politique

Cadre légal et

institutionnel

Taux de croissance du PIB per capita

Population

Investissement privé

ICOR (ÄY/ÄK)

0.249534

(-0.201262)

-1.767706

(-0.426400)

-0.987089

(-0.208330)

-1.091702

(-0.568062)

NA

NA

Taux de croissance du PIB per capita

-0.051170

(-0.577027)

NA

NA

NA

-0.704062

(-35.47524)

0.712994

(8.344860)

(...) : T-student

2.7 Interprétations des équations du modèle

2.7.1 Interprétation de l'équation d'investissement

Effets des dépenses d'investissements publics

Les dépenses d'investissements publics représentent, dans nos régressions, un déterminant pertinent du niveau de productivité de l'investissement privé (ICOR). Les dépenses d'investissements publics ont un impact négatif considérable sur la productivité de l'investissement privé, soit un coefficient de -0.249534 ; Cela signifie que une hausse d'un point de pourcentage des dépenses d'investissements publics est susceptible d'entrainer, toutes choses étant égales par ailleurs, une baisse de 0.249534% du niveau de productivité de l'investissement privé. Ce résultat indique les dépenses d'investissements publics ne créent pas des externalités positives sur les investissements productifs en Haïti.

Effet du cadre légal et institutionnel

Le résultat de nos régressions indique que le cadre légal et institutionnel a un fort impact négatif considérable et statistiquement non significatif sur le niveau de productivité de l'investissement privé, soit un coefficient de -0.987089 et une probabilité associée au T-student de 0.8358 ; Donc, une hausse d'un point de pourcentage du cadre légal et institutionnel est susceptible d'entrainer une baisse de 0.987089 point de pourcentage du niveau de productivité de l'investissement privé, toutes choses étant égales par ailleurs. Ce résultat indique que le cadre légal et institutionnel d'Haïti décourage la promotion des investissements productifs en Haïti. Donc, il faut améliorer le cadre légal et institutionnel en Haïti.

Effet de la gouvernance politique

La gouvernance politique a un faible impact négatif et statistiquement non significatif sur le niveau de productivité de l'investissement privé en Haïti, accusant un coefficient de -1.767706 et

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une probabilité associée au T-student de 0.6716. Une hausse de 1% du niveau d'instabilité politique peut susciter, ceteris paribus, une baisse de -1.767706 % de la productivité de l'investissement privé en Haïti.

Effet de la croissance du PIB réel par habitant

La croissance du PIB réel par habitant, indicateur de la demande, à un impact négatif sur l'investissement privé. Elle accuse un coéfficient de -1.091702 et une probabilité associée au T-student de 0.5725. Suivant les résultats des régressions, une augmentation de 1% de la croissance du PIB réel par habitant entraine une baisse de -1.091702 % de l'investissement privé en Haïti. Cette négative élasticité entre la croissance du PIB réel per capita et l'investissement révèle que la demande ne crée pas les incitatifs favorables à l'investissement privé en Haïti.

2.7.2 Interprétation de l'estimation de l'équation de croissance Effet de l'investissement privé

Le résultat de nos régressions révèle que l'investissement privé a un impact positif considérable et statistiquement significatif sur la croissance du PIB par tête. Il accuse un coefficient de 0.712994 et une probabilité associée au T-student de 0.0000. Ce résultat indique qu'une hausse de 1% de l'investissement privé est susceptible d'engendrer une hausse de 0.712994% ceteris paribus. Donc, la promotion de la croissance est tributaire de celle de l'investissement privé.

Effets des dépenses d'investissements publics

Les dépenses d'investissements publics ont un impact négatif et statistiquement non significatif sur le PIB réel par tête. Selon les régressions, à une hausse de 1% des dépenses d'investissements publics correspond une baisse de 0.051170% environ du PIB réel per capita ceteris paribus. Cet impact négatif des dépenses d'investissements publics sur la croissance s'explique en grande partie par l'insuffisance d'investissements en capital physique et humain (infrastructures, recherche, santé, éducation), soit 13,73% en moyenne des dépenses globales du gouvernement suivant le cahier de Recherches de la BRH en 2008.

Effets de la population

Les résultats des régressions révèlent que la population a un impact négatif sur la croissance en Haïti. En effet, une hausse de 1% de la population induit une baisse de 0.704062% environ de la croissance, toute chose étant égale par ailleurs. Ce résultat implique un manque incessant de la contribution de chaque individu à l'évolution du PIB réel en Haïti.

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Conclusion et Remarques

Ce travail de recherche se donnait pour tâche d'étudier les différentes variables de la productivité de l'investissement privé en Haïti pour la période allant de 1981 à 2010. Se renseigner sur les variables qui influent le plus sur la productivité de l'investissement privé en Haïti se révèle important dans une économie où la croissance est de plus en plus faible.

À cet effet, la première partie de ce travail présente les différentes variables théoriques et empiriques de la décision d'investir. Le premier chapitre expose les variables traditionnelles et économiques réparties en deux grands courants de pensée à savoir : Keynésiens et Néoclassiques. Ces derniers faisant l'objet de deux grandes sections respectivement ; et le second chapitre expose les variables qualitatives, institutionnelles, culturelles et administratives. Ces dernières ont pour repère principal l'école institutionnelle et des travaux empiriques pertinents comme ceux de Mauro, de Hall & Jones et de Doing Business. Tout ceci constitue le fondement théorique et empirique de la décision d'investir.

La seconde partie de ce travail, comportant également deux chapitres, présente la réalité de l'investissement en Haïti. Dans le troisième chapitre nous présentons les faits saillants de l'évolution de l'investissement en Haïti. La première section présente l'environnement des affaires à travers certains aspects institutionnels comme la gouvernance politique, la corruption et le cadre légal et institutionnel. La deuxième section de ce chapitre présente brièvement le profil de l'investissement de manière désagrégée à savoir l'investissement global, privé, public et Étranger, leur évolution au cours de la période sous étude et l'évolution comparée de l'investissement privé et certaines variables financières comme le crédit et l'épargne.

Le quatrième et dernier chapitre de ce travail s'est révélé crucial car il permet de mettre à l'épreuve, toutes choses étant égales par ailleurs, les hypothèses de ce travail. La première section de ce dit chapitre s'adonnait à la présentation du Modèle à Équations Simultanées (MES) et la seconde est un exposé du modèle de recherche et d'analyse de ce travail. Nous avons pris les données en logarithme nous permettant de réduire les biais et intégrer deux variables indicatrices représentant respectivement les deux variables clefs de nos hypothèse de travail, à savoir la gouvernance politique et le cadre légal et institutionnel ainsi que le P11B et l'investissement public dans l'équation de base. Ces dernières forment l'équation d'investissement inspiré du modèle de Hall & Jones (1999). Étant donné que le P11B a été retenu comme l'une des variables explicatives de l'investissement, une deuxième équation a été spécifiée pour expliquer le P11B compte tenu de son double statut. Cette équation de croissance s'est inspirée du modèle de Mankiw, Weil et Romer (1992). Elle comprend les variables explicatives suivantes : L'investissement privé, l'investissement public et la population. Ces deux équations représentent le système à estimer. Le système est sur-identifié. Par la méthode des Doubles Moindres Carrées, le système a été estimé.

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Le résultat de nos régressions établit une relation négative entre le cadre légal et institutionnel et la productivité de l'investissement privé en Haïti soit une élasticité de (-0.987089) ; Il en existe également une forte corrélation négative entre la gouvernance politique et la productivité de l'investissement privé en Haïti soit un coefficient de (-1.767706). Il en résulte aussi une relation négative entre les dépenses d'investissements publics et la productivité de l'investissement privé en Haïti. Ces résultats ont confirmés nos hypothèses :

H1:. La faiblesse des investissements publics a un impact négatif sur la productivité de l'investissement privé.

H2 : le cadre légal et institutionnel a un impact négatif sur la productivité de l'investissement. H3: La gouvernance politique a un impact négatif sur la productivité de l'investissement privé.

Les remarques en matière de politiques économiques au terme de cette étude sont diverses :

1) Les dépenses d'investissements publics dans les infrastructures, les ponts et les routes constituent une condition sine qua non pour inciter et encourager les investissements privés productifs et l'atteinte d'une croissance soutenue, équilibrée et durable. L'impact négatif des dépenses d'investissements publics sur la productivité de l'investissement privé révèle que des mesures appropriées doivent être prises par les décideurs de politique économique en vue de prioriser des secteurs d'investissements publics favorables à la promotion d'investissements privés productifs et compétitifs.

2) L'impact négatif de la gouvernance politique sur l'investissement privé nécessite des mesures de politiques économiques visant à assurer la stabilité politique, un climat de paix et de sécurité

3) L'impact négatif du cadre légal et institutionnel sur l'investissement privé indique que les décideurs doivent réviser l'ensemble des institutions dans une logique d'ingénierie d'État et des lois en vue de faciliter les investissements en diminuant les coûts de transaction. Une infrastructure institutionnelle meilleure peut contribuer à réduire les risques et à abaisser les coûts, ce qui devrait à la fois favoriser le développement des investissements et de leur productivité. Dans les pays où les droits de propriété sont sûrs et où le respect des contrats est assuré par le pouvoir judiciaire, le foncier est garanti, les investisseurs ont beaucoup plus de propensions de réaliser des implantations plus importantes et à long terme.

4) Le Centre de Facilitation des Investissements (CFI) en Haïti doit prioriser les investissements privés domestiques et insérer dans sa politique un volet de facilitation des exportations dans le cadre de la promotion des investissements. Les investisseurs doivent s'assurer que leurs produits sont susceptibles d'être vendus sur le marché international compte tenu des coûts et des frais associés pour la commercialisation.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Ouvrages

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Mémoires

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ANNEXES

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Tableau VI: Évolution des principaux indicateurs macroéconomiques

De 1981 à 2010

Années

Balance commerciale

en millions
de dollars US

Taux

d'inflation(%)

Taux de change G/USD

PIB en 106
de
gourdes
courantes

Pression Fiscale

(%)

Taux de

croissance du PIB(%)

Population

1981

341.2

11

5

8653

10.27

-2.84%

5821974

1982

209.4

7

5

9006

11.64

-3.57%

5 958 870

1983

215.8

10

5

9923

11.74

0.90%

6 100 718

1984

207.56

6

5

11096

11.85

0.30%

6 244 898

1985

219.48

11

5

12281

12.73

0.60%

6 389 424

1986

157.30

3

5.75

13675

11.56

-0.49%

6 533 556

1987

164.3

-11

5.52

13198

12.58

-0.79%

6 677 487

1988

172.57

4

5.97

13070

12.53

1.52%

6 821 300

1989

165.57

7

6.38

13681

11.17

-2.91%

6 965 413

1990

87

21

7.41

15481

9.29

1.04%

7 110 116

1991

62.45

15

7.61

18077

10.04

1.88%

7 255 042

1992

150.24

19

9.21

20696

7.57

-5.31%

7 399 862

1993

204.67

30

12.39

23162

5.79

-5.43%

7 544 982

1994

395.26

39

14.79

31956

2.63

-11.94%

7 691 001

1995

550

28

14.5

40729

6.95

9.90%

7 838 241

1996

-497.91

21

15.25

46647

8.04

4.14%

7 986 858

1997

-511.93

21

17.1

54005

9.27

2.71%

8 136 372

1998

-627.91

11

16.7

62997

9.11

2.18%

8 285 690

1999

-678

9

16.9

69254

9.15

2.71%

8 433 339

2000

-755.8

14

21.01

77580

7.76

0.87%

8 578 234

2001

-750.2

14

23.8

85700

7.39

-1.04%

8 720 247

2002

-709.4

10

29.25

94028

8.21

-0.25%

8 859 635

2003

-946.48

39

40.64

119758

8.77

0.36%

8 996 229

2004

-1036.71

23

39.46

140387

8.89

-3.51%

9 129 933

2005

-1249.69

16

39.23

168035

9.67

1.79%

9 260 879

2006

-1440.62

13

41.35

197183

10.36

2.31%

9 388 642

2007

-1592.55

9

37.29

220110

10.75

3.44%

9 513 714

2008

 

15

38.41

250590

10.76

1.27%

9 638 255

2009

 

-5

40.76

266559

11.74

2.90%

9 765 153

2010

 

5

40.23

264039

11.91

-5.40%

9 896 400

Source : Banque de la République d'Haïti(BRH), Banque Mondiale et Institut Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI)

Page | III

Tableau VII: Evolution du Taux d'intérêt, du Crédit au secteur privé(%) et de l'épargne intérieur brute en pourcentage du PIB

De 1981 à 2010

Années

Taux d'intérêt
débiteur moyen

Crédit au secteur
privé (%)

Epargne
intérieure brute
en % du PIB

1981

15.50%

8.328411

3.785403

1982

15.50%

8.43705

6.391919

1983

15.50%

1.813854

5.924154

1984

16.50%

-5.43315

6.826689

1985

16.50%

9.783991

3.175077

1986

16.50%

4.359881

6.365668

1987

16%

-5.54362

4.841247

1988

16%

5.639295

4.700551

1989

13%

21.51275

5.395513

1990

15%

11.85983

-1.061945

1991

15%

9.007713

-3.620242

1992

15%

3.596763

-5.44449

1993

15%

18.88977

-8.134035

1994

15%

29.75689

-4.52328

1995

18.50%

27.02781

-12.44428

1996

27.36%

26.64733

-8.42815

1997

21.50%

6.293722

-4.438171

1998

22.50%

19.35124

-6.945811

1999

22.50%

-3.03749

-4.234138

2000

25%

6.102084

-4.189821

2001

25.25%

11.11663

2.08

2002

25%

3.037087

1.19

2003

33%

25.96984

-1.35

2004

33%

10.58803

-1.31

2005

23%

9.69512

-1.48

2006

28.50%

7.246924

-1.19

2007

30.05%

4.084773

4.78

2008

23.50%

14.95016

-2.62

2009

21%

10.94503

-2.29

2010

21%

19.34527

-20.2

Source : Calculés effectués à partir des données de la BRH et de la Banque Mondiale

Page | IV

Tableau VIII: Évolution de l'investissement total et ses composantes privée et publique

De 1981 à 2010

Anné es

Investissem ent total en 106 gourdes courantes

Investissem ent privé en 106 gourdes courantes

Investissem
ent public
en 106
gourdes
courantes

Investissem
ent total en
% du PIB

Investissem
ent privé en
% du PIB

Investissem
ent public
en % du PIB

1981

1998

1031.6

220.4

14.4689703

11.9218768

2.98

1982

1963

998

232

13.6575616

11.0815012

3.15

1983

2124

1108.8

222.2

13.4132823

11.1740401

2.74

1984

2300

1226.7

214.3

12.9866619

11.0553353

2.36

1985

2670

1463.6

209.4

13.6226692

11.9175963

2.08

1986

2586

1437.7

182.3

11.8464351

10.5133455

1.57

1987

2466

1324.2

220.8

11.7063191

10.0333384

2.16

1988

2308

1344.8

155.2

11.4766641

10.2892119

1.57

1989

2576

1557.4

233.6

13.0911483

11.3836708

2.06

1990

3084

1664.7

201.3

12.0534849

10.7531813

1.54

1991

4405

2055.8

165.2

12.2863307

11.3724622

1.16

1992

4578

1277.5

98.5

6.64862775

6.17269037

0.66

1993

3205

1369.1

117.9

6.41999827

5.91097487

0.59

1994

3260

1781.8

75.2

5.81056979

5.57526831

0.24

1995

10626

4588.9

278.1

11.9497164

11.2669106

0.79

1996

13122

12981.9

140.1

28.1304264

27.8300855

0.33

1997

13247

12538.1

708.9

24.5292103

23.216554

1.09

1998

16382

15142.9

1239.1

27.7402421

25.6420286

2.1

1999

19182

17694.2

1487.8

27.9824945

25.812108

2.17

2000

21208

19378

1830

27.3369425

24.9780871

2.3

2001

22158

20580

1578

25.8553092

24.0140023

1.84

2002

23570

21662

1908

25.0670013

23.0378185

2.03

2003

36758

32830.3

3927.7

30.6935654

27.413868

3.28

2004

38386

34729

3657

27.3429876

24.7380455

2.6

2005

46072

44078

2027

27.4377362

26.2314399

1.19

2006

57861

56025

1837

48.3157701

46.7818434

0.93

2007

67092

61049

6043

30.4811231

27.7356776

2.75

2008

72281

68954

6046

29.9293667

27.5166607

1.33

2009

73161

67211.9

5949.1

27.4109792

25.1820505

2.23

2010

67154

57046

9708

24.9986893

21.3631427

3.68

Source : Calculs propres effectués à partir des données de la BRH et du Yearbook FMI(2007)

Page | V

Tableau IX : Évolution synthétique de l'investissement privé en pourcentage du PIB et ses variables
traditionnelles (1981-1990/2001-2010)

Périodes

Variables

1981-1990

1991-2000

2001-2010

Investissement privé/PIB

11.01 %

16.78 %

27.40 %

Taux d'intérêt

débiteur sur les prêts en gourdes.

15.60 %

20 %

26.36 %

% Crédit

1.72 %

0.1436 %

0.1169 %

% PIB

- 0.59 %

0.17 %

0.19 %

Investissement Public/PIB

2.22 %

1.14 %

2.19 %

Source : Calculs propres à partir des données du Yearbook FMI, de l'IHSI et de la BRH.

Tableau X : Évolution synthétique de l'investissement total et ses composantes privées et
publiques (1981-1985/1995-2010)

Années

Variables

1981-1985

1986-1994

1995-2010

Investissement total/PIB

13.63 %

10.15 %

27.82 %

Investissement privé/PIB

11.43 %

9.11 %

25.80 %

Investissement public/PIB

2.66 %

1.28 %

1.92 %

Source : Calculs personnels à partir des données de l'IHSI, du Yearbook FMI et de la BRH.

Page | VI

Tableau XI: Évolution de l'indice d'instabilité Macroéconomique en Haïti et ses variables
proxy : Degré d'ouverture de l'économie (DOE), l'inflation et le taux de change

Variables Années

Indice

d'Instabilité
Macroéconomique

Degré

d'ouverture de
l'Économie

Taux de
Change

Inflation

(%)

1981

0.32

0.49

5

11

1982

0.31

0.55

5

7

1983

0.34

0.58

5

10

1984

0.31

0.58

5

6

1985

0.33

0.52

5

11

1986

0.27

0.55

5.75

3

1987

0.16

0.59

5.52

-11

1988

0.25

0.43

5.97

4

1989

0.27

0.43

6.38

7

1990

0.4

0.44

7.41

21

1991

0.43

0.38

7.61

15

1992

0.64

0.34

9.21

19

1993

0.64

0.51

12.39

30

1994

0.63

0.45

14.79

39

1995

0.52

0.66

14.5

28

1996

0.52

0.84

15.25

21

1997

0.55

0.88

17.1

21

1998

0.46

0.95

16.7

11

1999

0.49

1.12

16.9

9

2000

0.71

1.38

21.01

14

2001

0.66

1.37

23.8

14

2002

0.65

1.36

29.25

10

2003

1.02

1.4

40.64

39

2004

0.65

1.46

39.46

23

2005

0.65

1.48

39.23

16

2006

0.65

1.51

41.35

13

2007

0.53

1.47

37.29

9

2008

0.65

1.51

38.41

15

2009

0.65

1.51

40.76

-5

2010

0.65

1.51

40.23

5

Source : Cahier de Recherche de la BRH, Mai 2010.

Page | VII

Tableau XII : Évolution comparée du Taux de l'investissement, du taux de croissance et de l'ICOR

(1981-2010)

Variables

Années

Taux d'investissement

Taux de
croissance du
PIB

ICOR

1981

17.09%

-2.48%

0.97%

1982

16.52%

-3.57%

0.35%

1983

17.25%

0.90%

-0.16%

1984

18.00%

0.30%

-1.26%

1985

19.95%

0.60%

1.10%

1986

18.35%

-0.49%

3.34%

1987

18.68%

-0.79%

0.21%

1988

16.55%

1.52%

-0.46%

1989

17.29%

-2.91%

-21.00%

1990

17.23%

1.04%

0.00%

1991

17.70%

1.88%

0.92%

1992

18.59%

-5.31%

1.22%

1993

14.55%

-5.43%

0.28%

1994

10.76%

-11.94%

0.12%

1995

21.88%

9.90%

0.70%

1996

23.48%

4.14%

2.87%

1997

24.61%

2.71%

-0.84%

1998

23.30%

2.18%

0.73%

1999

28.12%

2.71%

0.70%

2000

33.00%

0.87%

-0.11%

2001

32.93%

-1.04%

1.30%

2002

33.85%

-0.25%

2.63%

2003

34.78%

0.36%

12.54%

2004

34.88%

-3.51%

0.96%

2005

34.76%

1.79%

0.25%

2006

34.72%

2.31%

0.71%

2007

34.50%

3.44%

 

2008

34.59%

1.27%

 

2009

3.30%

2.90%

 

2010

-6.40%

-5.40%

 

Source : Cahier de Recherche de la BRH, Mai 2010.

Page | VIII

Tableau XIII: Taux de croissance, Taux d'investissement d'Haïti et certains pays en voie de

Développement

(Moyenne 1985 à 2005)

Pays

Taux

d'investissement

Taux de croissance

Taux d'épargne

Botswana

7

26

41

Corée

7

34

36

Egypte

4

19

21

Malaisie

7

30

33

Maroc

3

21

22

Tunisie

4

27

23

Haïti

23.58

-0.09

-1.8979

Source: Banque Mondiale et Cahier de Recherche de la BRH (mai 2010)

Tableau XIV: Estimation du système d'équation sur Eviews

System: COF

Estimation Method: Two-Stage Least Squares

Date: 03/25/14 Time: 20:14

Sample: 1982 2010

Included observations: 29

Total system (balanced) observations 58

 

Coefficient

Std. Error

t-Statistic

Prob.

C(1)

-0.249534

1.239849

-0.201262

0.8413

C(2)

-1.767706

4.145654

-0.426400

0.6716

C(3)

-0.987089

4.738101

-0.208330

0.8358

C(4)

-1.091702

1.921799

-0.568062

0.5725

C(5)

-0.704062

0.019847

-35.47524

0.0000

C(6)

-0.051170

0.088679

-0.577027

0.5665

C(7)

0.712994

0.085441

8.344860

0.0000

 

Determinant residual covariance

0.311988

 
 

Equation: ICOR= C(1)*LINVG + C(2)*INST + C(3)*CLI + C(4)*LPIB Instruments: CLI INST LN LINVG LINVP(-1) C

Observations: 29

R-squared 0.033382 Mean dependent var 0.015784

Adjusted R-squared -0.082612 S.D. dependent var 5.633776

S.E. of regression 5.861868 Sum squared resid 859.0373

Durbin-Watson stat 1.766883

Equation: LPIB= C(5)*LN + C(6)*LINVG + C(7)*LINVP

Instruments: CLI INST LN LINVG LINVP(-1) C

Observations: 29

R-squared 0.937298 Mean dependent var -2.252275

Adjusted R-squared 0.932475 S.D. dependent var 0.422110

S.E. of regression 0.109688 Sum squared resid 0.312816

Durbin-Watson stat 0.926655

Page | IX

Tableau XV : SECTEUR D'INVESTISSEMENTS PUBLICS
(En pourcentage)

Periode/Institution

Transport/Infrastructure

Education

Agriculture

Santé

Environnement

1996-97

36.3 %

14.7 %

11.0 %

4.2 %

0.0 %

1997-98

64.4 %

5.9 %

5.7 %

0.9 %

0.3 %

1998-99

47.7 %

9.9 %

5.3 %

2.0 %

0.0 %

1999-2000

38.5 %

10.5 %

9.2 %

0.1 %

0.2 %

2000-01

29.8 %

11.8 %

9.6 %

1.5 %

-

2001-02

36.5 %

9.0 %

4.3 %

4.2 %

0.0 %

2002-03

27.8 %

5.6 %

2.7 %

3.5 %

0.1 %

2003-04

46.1 %

11.2 %

6.5 %

6.0 %

0.0 %

2004-05

1.7 %

7.3 %

2.2 %

2.2 %

0.4 %

2005-06

19.2 %

2.3 %

1.2 %

1.2 %

1.1 %

2006-07

13.74 %

7.75 %

3.95 %

1.56%

1.47 %

2007-08

50.83 %

3.19 %

4.97 %

2.52%

0.72%

Source : DEE/MEF

Tableau XVI : INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS EN MILLIONS DE DOLLARS US (Haïti, République
Dominicaine, Cuba, Jamaïque)

(1981-2010)

Années

HAÏTI

REP. DOMINICAINE

Cuba

Jamaique

1981

8340000

79 700 000

 

-11 500 000

1982

7080000

-1 400 000

10 000

-15 800 000

1983

8420000

48 200 000

100 000

-18 700 000

1984

4460000

68 500 000

190 000

12 200 000

1985

4920000

36 200 000

160 000

-9 000 000

1986

4820000

50 000 000

170 000

-4 600 000

1987

4680000

89 000 000

130 000

53 400 000

1988

10100000

106 100 000

110 000

-12 000 000

1989

9360000

110 000 000

230 000

57 100 000

1990

8000000

132 800 000

1 170 000

137 900 000

1991

-1800000

145 000 000

9 570 000

133 200 000

1992

-2200000

179 700 000

7 220 000

142 400 000

1993

-2800000

189 300 000

2 690 000

77 900 000

1994

-2800000

206 800 000

12 950 000

129 700 000

1995

7400000

414 300 000

5 400 000

147 400 000

1996

4100000

96 500 000

19 270 000

183 700 000

1997

4000000

420 600 000

1 020 000

203 300 000

1998

10760000

699 800 000

15 180 000

369 100 000

1999

30000000

1 337 800 000

8 950 000

523 700 000

Page | X

2000

 

13250000

952 900 000

-10 250 000

468 300 000

2001

4400000

1 079 100 000

4 350 000

613 900 000

2002

5700000

916 800 000

2 650 000

481 100 000

2003

13800000

612 990 000

-7 260 000

720 700 000

2004

5900000

909 040 000

3 510 000

601 602 643

2005

26000000

1 118 400 000

15 600 000

637 901 996

2006

160600000

1 528 700 000

25 900 000

842 342 788

2007

74500000

2 252 900 000

63 710 477

811 902 426

2008

29800000

2 728 400 000

24 218 526

1 376 602 630

2009

37950000

1 695 300 000

24 425 874

485 164 640

2010

150000000

2 094 300 000

85 537 091

185 775 631

Source : Banque Mondiale

Tableau XVII : Évolution de L'IDE et de l'investissement privé en pourcentage du PIB (1981-2010)

Années

TC

IDE en gourdes

PIB

IDE/PIB

INVP/PIB

1981

5

41700000

8653

0.00481914

11.92%

1982

5

35400000

9006

0.00393071

11.08%

1983

5

42100000

9923

0.00424267

11.17%

1984

5

22300000

11096

0.00200973

11.06%

1985

5

24600000

12281

0.00200309

11.92%

1986

5

24100000

13675

0.00176234

10.51%

1987

5

23400000

13198

0.001773

10.03%

1988

5

50500000

13070

0.00386381

10.29%

1989

5

46800000

13681

0.0034208

11.38%

1990

5

40000000

15481

0.00258381

10.75%

1991

6.03

-10854000

18077

-0.00060043

11.37%

1992

9.8

-21560000

20696

-0.00104175

6.17%

1993

12.82

-35896000

23162

-0.00154978

5.91%

1994

15.04

-42112000

31956

-0.00131781

5.58%

1995

15.11

111814000

40729

0.00274532

11.27%

1996

15.7

64370000

46647

0.00137994

27.83%

1997

16.65

66600000

54005

0.00123322

23.22%

1998

16.77

180445200

62997

0.00286435

25.64%

1999

16.94

508200000

69254

0.0073382

25.81%

2000

21.17

280502500

77580

0.00361565

24.98%

2001

24.43

107492000

85700

0.00125428

24.01%

2002

29.25

166725000

94028

0.00177314

23.04%

2003

42.37

584706000

119758

0.0048824

27.41%

2004

38.35

226265000

140387

0.00161172

24.74%

2005

40.45

1051700000

168035

0.00625882

26.23%

2006

40.41

6489846000

197183

0.03291281

46.78%

2007

36.86

2746070000

220110

0.0124759

27.74%

2008

39.11

1165478000

250590

0.00465094

27.52%

2009

41.2

1563540000

266559

0.00586564

25.18%

Page | XI

2010

 

39.8

5970000000

264039

0.0226103

21.36%

Source : Calculs de l'auteur à partir des données de la BRH, de l'IHSI et du FMI

Tableau XVIII : Indice de liberté économique et certaines îles de la Caraïbe

(1999, 2001, 2003 & 2005)

ANNÉES

INDICE DE LIBERTÉ ÉCONOMIQUE

 

1999

PAYS

SCORE(0-5)*

CLASSEMENT

 

Bahamas

2.16

22

 

Trinidad & Tobago

2.49

40

 

Barbade

2.86

40

 

Jamaïque

2.91

60

 

Rép. Dominicaine

3.54

121

 

Haïti

4.04

145

 

Cuba

4.29

152 sur 161

 

Bahamas

2.23

23

 

Trinidad & Tobago

2.64

39

 

Barbade

2.64

35

2001

 

Jamaïque

3.01

56

 
 

Rép. Dominicaine

3.04

59

 

Haïti

4.13

137

 

Cuba

4.88

152 sur 161

 

Bahamas

2.15

22

 

Trinidad & Tobago

2.54

43

 

Barbade

2.29

24

 

Jamaïque

2.73

56

 

Rép. Dominicaine

3.29

85

 

Haïti

3.86

128

2003

 

Cuba

4.43

155 sur 161

 

Bahamas

2.25

25

 

Trinidad & Tobago

2.49

40

Page | XII

 

Barbade

2.35

32

2005

Jamaïque

2.81

60

 

Rép. Dominicaine

3.54

121

 

Haïti

4.04

145

 

Cuba

4.29

149 sur 161






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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo