WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les déterminants de la productivité de l'investissement privé en Haiti: un modèle à  équations simultanées (1981-2010)


par Carlos DODIEU
Université d'Etat d'Haiti (UEH) - Licence ès Sciences Economiques (Bac+4) 2014
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION GÉNÉRALE

I- INTRODUCTION ET PROBLÉMATIQUE

L'investissement constitue le processus de renouvellement et d'accroissement du capital d'une économie. En macroéconomie, le poids de l'investissement est mesuré par le taux d'investissement. Ce dernier est le ratio de la formation brute de capital fixe (FBCF) au montant du PIB. Bon nombre d'économistes, à l'instar d'Harrod (1939), de Domar (1947)1, de Robinson (1956), de Paul Romer (1986)2, de Barro (1990), pour ne citer que ceux-là le considèrent comme le principal moteur de la croissance économique. Levine et Renelt (1992) ont montré que l'investissement est l'unique facteur qui reste corrélé au taux de croissance économique quels que soit la spécification, les périodes ou les pays étudiés. Dans le modèle de Kenneth Arrow (1962)3 exposant les « effets d'apprentissage par la pratique », le stock de connaissances d'une société dépend de son investissement brut cumulé. L'Asie de l'Est en est le témoignage parfait, sa croissance accusait un taux de 7 à 8% par an, concourue par des taux de formation brute de capital fixe d'environ 30% du PIB4. Suivant le modèle d'Harrod-Domar, l'investissement a deux composantes : du côté de la demande, il est créateur de revenu à court terme par son effet multiplicateur ; du côté de l'offre, à long terme il augmente la capacité productive de l'économie. En un mot, l'investissement est inhérent à la création de richesses au sein d'une économie. Cette opération indispensable qu'est l'investissement de laquelle dépend, selon les économistes, la maintenance de la productivité des facteurs de production, capital et travail, est liée dans une économie de marché aux choix des entrepreneurs. L'investissement repose sur leur confiance en l'avenir ainsi que sur l'anticipation qu'ils portent sur l'environnement économique.

Ce lien serré entre investissement et croissance suscite à analyser les déterminants de l'investissement productif en vue de mieux cerner quelle mesure de politique économique capable de soutenir une progression équilibrée de l'investissement.

1 ARROUS Jean. Croissance et Fluctuations. Editions Dalloz, Rue Soufflot, 1991.

2 Agence Universitaire de la Francophonie. Pourquoi la croissance, la croissance pour quoi ? (Revue Economique), 1997.

3 Ibid.

4 Op. cit.

Page | 2

Nous avons jeté notre dévolu sur la période allant de 1981 à 2010 du fait qu'elle marque la chute drastique du niveau de la production, des principaux indicateurs macroéconomiques et une détérioration invétérée du niveau de vie.

Ce présent travail, de portée académique, sous l'égide des analyses empiriques c'est-à-dire statistiques et économétriques, peut servir de référence parmi tant d'autres aux pouvoirs publics en vue d'orienter la politique économique dans le cadre de facilitation et d'incitation aux projets d'investissements productifs en Haïti.

Problématique

Au tournant des années 80, le taux de croissance moyen de l'investissement en Haïti est relativement élevé en volume. Ainsi, il accusait un taux de 11.01 % du PIB de 1981 à 1990, et 16.78 % de 1991 à 2000. Et enfin, Il s'estimait à un taux moyen de 27.40 % pour la période de 2001 à 20105.

Au niveau macroéconomique, les débats sur les motifs de la décision d'investissement suscitent des controverses entre les économistes de différents courants de pensée et débouchent sur quatres paradigmes considérés comme les variables traditionnelles de la décision d'investissements, telles que : Le coût du capital, la demande, la disponibilité du financement et les anticipations de profits.

Suivant l'approche keynésienne, l'investissement est fonction de son coût et de son rendement : le rendement est représenté par l'efficacité marginale du capital , le coût de l'investissement est mesuré par le taux d'intérêt peu importe le mode de financement, interne à savoir l'épargne nationale et externe donc l'épargne externe. Dans ces conditions, les entrepreneurs s'apprêtent à investir au cas où le rendement est supérieur au coût, en d'autres termes lorsque l'efficacité marginale du capital6 est supérieure au taux d'intérêt.

Le point essentiel chez Keynes tient au fait que l'investissement est indépendant du niveau de revenu ou de production (Y) de cette économie : Il est stable quelle que soit l'évolution de la production. Donc, l'investissement ainsi défini est autonome. En somme, la

5 Voir tableau VIII en annexes.

6 L'éffcacité marginale représente la productivité de l'investissement. Elle est mesurée le plus souvent par L'ICOR.

Page | 3

fonction d'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt. Keynes parle également de l'investissement induit qui dépend de la production sans prendre les délais d'ajustement. Cette considération fait référence à la notion d'accélérateur simple.

Le point de vue ci-dessus est contesté par les néoclassiques. Pour eux, suivant le principe de l'accélérateur, découvert par l'économiste français Albert Aftalion7 en 1909 et largement mis en oeuvre par Clark, la dépense d'investissement dans une économie est fonction de la demande, c'est-à-dire de l'importance de la variation de la production nationale avec les délais d'ajustement. Bien qu'on fasse l'hypothèse que l'investissement dépend seulement du niveau de la production. Pour que l'investissement net, différence entre le stock de capital désiré et le stock de capital effectif, augmente au cours du temps, il s'avèrerait donc indispensable que le produit national s'accroisse à un rythme de plus en plus accéléré.

D'autres économistes, à l'instar d'Asante (2000) et Gani (2004)8 considèrent la disponibilité du financement comme le déterminant clef de la décision d'investir. Donc une augmentation du crédit dans l'économie engendre un accroissement de l'investissement dans l'économie ceteris paribus.

Un courant de pensée récent évoque la notion de profitabilité comme variable explicative de la décision d'investissement. En ce sens, le coefficient Q de Tobin (1969) est la formulation la plus répandue qui correspond à l'efficacité marginale du capital de Keynes (1936). Donc les anticipations de profits élevés incitent les entrepreneurs à accroitre leur volume d'investissement.

Ces différentes approches sus-mentionnées s'apparentent, bien qu'elles s'opposent, en quelque sorte à l'économie haïtienne. Cependant, elles semblent présenter des limites à l'explication de la réalité de l'investissement au cours de la période sous-étude.

Quant aux taux d'intérêts moyens sur les prêts, ils sont pratiquement élevés en Haïti. En effet, pour la période allant de 1981 à 1990, ils affichaient un taux de 15.60 % pour un taux d'investissement privé moyen de 11.01 % . Au cours de la deuxième décennie allant de 1991 à 2000, le taux d'intêt moyen sur les prêts s'estimait à 20 %, soit une tendance haussière de 28.21% du taux d'intérêt par rapport à la décennie précédente, le niveau de l'investissement

7 Aftalion (1909, cf. Bernier,2001)

8 Voir NDIAYE, 2007.

Page | 4

affichait un taux de 16.78 point de pourcentage en moyenne pour cette décennie9, soit une hausse tendancielle de 52.41 % . Enfin, au cours de la dernière décennie allant de 2001 à 2010, le taux d'intérêt accusait un pourcentage de 26.36 % pour un taux d'investissement privé de l'ordre de 27.40 % . La théorie suivant laquelle l'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt suscite ici des intérrogations.

Graphique I : Évolution comparée du Taux d'intérêt et de l'investissement privé en pourcentage du

PIB (1981-2010)

45.00%

40.00%

50.00%

35.00%

30.00%

25.00%

20.00%

15.00%

10.00%

0.00%

5.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

Taux d'interet Investissement priv/PIB

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : Calculs de l'auteur à partir des données de l'IHSI, de la BRH et du Yearbook FMI.

Quant au crédit10, indicateur de la disponibilité du financement, il accusait un taux de 1.72 % pour un taux d'investissement privé de 11.01 % au cours de la première décennie (1981-1990). Pour la deuxième décennie allant de 1991 à 2000, malgré la chute du taux de crédit , affichant un taux de 0.1436 %, l'investissement a varié à la hausse, accusant un taux de 16.78 %. Pour la troisième et dernière décennie (2001-2010), le crédit a encore chuté, s'estimant à une variation de 0.1169 point de pourcentage, tandis que l'investissement privé s'estimait à 27.40 %. Malgré la faiblesse et la baisse tendancielle du crédit, l'investissement privé affiche une tendance à la hausse. Ce qui semble être à l'encontre des antécédants théoriques.

9Ibid., p.3 10 Ibid., p.4

Page | 5

Graphique II: Évolution comparée du Crédit et de l'investissement privé (1981-2010)

-10.00%

40.00%

50.00%

30.00%

20.00%

10.00%

0.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

1989

cred/pib Inv-priv/pib

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : Calculs propres à partir des données de l'IHSI, de la BRH et du Yearbook FMI.

En effet, la croissance de la production11, indicateur de la demande, de 1981 à 1990 représentait -0.59 % et simultanément l'investissement privé moyen affichait un taux positif de 11.01 %. Pour la deuxième décennie allant de 1991 à 2000, Un faible taux de croissance du Produit Intérieur Brut de l'ordre de 0.17 %, correspondait un taux moyen d'investissement privé pratiquement élevé de l'ordre de 16.78 %. Lorsque la croissance de la production se situe à 0.19% environ pour la période allant de 2000 à 2010, l'investissement affiche un taux de 27.40%. Malgré une faiblesse accrue de la demande, l'investissement privé accusait des taux relativement élevés. Il s'ensuit une tendance contradictoire, contrairement à ce que préconise la théorie économique, entre l'investissement et la variation du PIB en Haïti.

En fait, il est à remarquer, à travers l'analyse ci-dessus, que des taux élevés d'investissements génèrent des taux de croissance économique extrêment faibles voire négatifs. Donc, en terme de volume l'investissement semble être présent en Haïti mais il s'est révélé inéfficace. Le faible effet induit de l'investissement sur la croissance économique soulève la problématique de la productivité de l'investissement.

11 Voir tableau VIII en annexe.

Page | 6

Graphique III : Évolution comparée du taux de Croissance économique et de l'investissement privé en pourcentage du PIB (1981-2010)

-10.00%

-20.00%

40.00%

50.00%

30.00%

20.00%

10.00%

0.00%

1981

1982

1983

Investissement prive/PIB Taux de croissance du PIB

1984

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : Calculs propres à partir des données de l'IHSI et du cahier de Recherche de la BRH.

Cet état des lieux montre d'une part, le vide laissé par la fonction macroéconomique traditionnelle de la décision d'investissement à expliquer le phénomène haïtien et d'autre part la pertinence de la problématique de la productivité de l'investissement. D'où une question s'impose : Quelles sont les variables qui ont le plus influencé sur la productivité de l'investissement privé en Haiti pour la période de 1981 à 2010 ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld