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Les déterminants de la productivité de l'investissement privé en Haiti: un modèle à  équations simultanées (1981-2010)


par Carlos DODIEU
Université d'Etat d'Haiti (UEH) - Licence ès Sciences Economiques (Bac+4) 2014
  

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2.5.4 Epargne intérieure brute et investissement privé en Haiti

L'épargne intérieure brute est un indicateur qui nous renseigne sur la capacite d'un pays à débloquer ses propres capitaux pour financer les investissements, autrement dit, la non dépendance vis-à-vis les capitaux étrangers. Globalement, l'épargne domestique brute représente la différence entre le P11B et les dépenses de consommation finale ; précisément, il constitue de la partie du revenu national disponible qui n'est pas affectée à la dépense de consommation finale, celle des ménages ou celle des gouvernements. Elle correspond aussi à la somme des différents secteurs institutionnels.

Les taux d'épargne, rapport entre l'épargne intérieure brute au P11B, sont relativement faibles voire négatifs(voir tableau VII en annexe): Au cours de la période sous-étude, l'épargne intérieure brute représente en moyenne -10,73% en pourcentage du P11B. L'évolution de l'épargne peut être décomposée en trois sous-périodes : de 1981 à 1990, le taux d'épargne

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intérieure brute représente en moyenne 7,20% du PIB; de 1991 à 2000, Haïti a connu une situation de désépargne affichant un taux de -21,33% en moyenne; De 2001 à 2010, il accusait un taux moyen de -18,05%. Ces faibles taux d'épargne par rapport aux besoins de financement des investissements engendrent une dépendance accrue du pays au financement extérieur.

Graphique X :Evolution de l'épargne et de l'investissement en pourcentage du PIB

-20.00%

-40.00%

40.00%

60.00%

20.00%

0.00%

1981

1982

1983

1984

1985

1986

1987

1988

Inv_priv/pib Epargne/pib

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

Source : BRH (Données) et Auteur(Graphique)

Cependant, l'épargne en vue d'accumuler du capital a pour coût d'opportunité la consommation courante, c'est-à-dire elle nécessite le sacrifice de la consommation courante, de manière à dégager des ressources servant à la production des biens de consommation.Vu sous cet angle, l'on comprend pourquoi qu'Haïti n'arrive pas à dégager une épargne brute considérable compte tenu de la faiblesse du revenu réel par habitant. Le taux de croissance du PIB per capita représente en moyenne -0,81%, ce qui sous-entend que la majeure partie de la population se trouve déjà réduite à un minimum vital de subsistance, donc il n'est pas évident que cette population arrive à différer sa consommation actuelle sous forme d'épargne brute. Donc, la quasi-totalité du revenu de la population haïtienne est consacrée à sa subsistance ; d'où la très grande propension à consommer de cette population. Au cours de la période sous-étude, la consommation globale représente en moyenne 111% du PIB. Cet état des lieux met en opposition la consommation courante urgente avec l'épargne, d'où une nette incapacité à mobiliser un capital interne positif. Il existe aussi une minorité qui épargne à l'intérieur du pays, souvent l'épargne de cette minorité est transportée à l'étranger à cause des plus-values que procurent ces montants sur le marché financier international surtout des pays industrialisés ou également à des fins de précaution en cas de crise politique.

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Les faibles taux d'épargne en Haïti s'expliquent également par les faibles taux de rémunération des comptes bancaires représentant 3,76 % de 1994 à 200162. Compte tenu des taux moyens d'inflation élevés en Haïti d'environ 23 %, lorsque un compte de dépôt est rémunéré à un taux relativement faible, il est clair que chacune des gourdes s'est aussi dépréciée et le pouvoir d'achat a autant baissé ; ce qui ne se cadre pas à une politique incitative de l'épargne nationale. Donc, en faisant un placement dans une banque haitienne, le déposant tend à s'appauvrir. Ce dernier sans s'en rendre compte parfois, est en train de verser un intérêt à la banque. C'est pourquoi les déposants avisés épargnent à l'étranger. Car autant que les taux d'inflation sont importants par rapport aux taux d'intérêt, plus sera considérable la fuite des capitaux qui pourraient constituer l'épargne intérieure brute pour accumulation de capital en Haïti.

En somme, nous pensons qu'il importe une action de l'État pour défaire le dilemme épargne/investissement privé. Cette action pourrait se faire sur deux axes : d'une part, créer de nouveaux emplois en vue d'augmenter les revenus réels par tête, ce qui serait susceptible de faire augmenter le ratio épargne/PIB ; d'autre part, stimuler l'épargne privée en agissant sur les taux d'intérêt, par des incitatifs fiscaux et des politiques monétaires adéquates et en palliant les déficiences du marché des capitaux en Haïti. Car, l'épargne, accumulation nationale, est l'une des conditions importantes du développement économique durable et auto-entretenu. Ainsi, un taux élevé d'épargne faciliterait un accroissement de l'investissement et allégerait la dépendance du pays à l'égard du financement externe.

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