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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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4. Sept années de révolution verte face au défi de l'autosuffisance alimentaire

Considérée comme la « priorité des priorités » dans le troisième plan quinquennal, car devant constituer le levier du décollage économique, l'agriculture s'est vue traversée par une ferme volonté politique de sa modernisation, avec notamment le lancement de la politique de la révolution verte. Un bilan de la mise en oeuvre de cette politique devient donc une évidence.

4.1. L'Office national des produits vivriers (TOGOGRAIN), une panacée pour l'autosuffisance alimentaire ?

La révolution verte lancée en 1977 avait pour objectif principale d'assurer l'autosuffisance alimentaire au pays par une agriculture modernisée dégageant des surplus de production. Et pour assurer l'autosuffisance alimentaire aux populations à tout moment de l'année, TOGOGRAIN devait jouer un rôle éminent. Créé le 3 septembre 1971112, il devint à partir de 1977, et aux côtés de la CNCA l'une des sociétés de service pour le pilotage de la révolution verte. Il avait donc pour objectif le développement, l'organisation et la promotion du commerce des produits vivriers en général, et, particulièrement les céréales, ainsi que l'exploitation des agro-industries connexes (rizeries, minoteries...). A cet effet, TOGOGRAIN devait se charger de la promotion intensive du développement des céréales et autres grains vivriers ; de l'achat, du stockage, de la conservation et de la redistribution des produits céréaliers. Ceci devait passer inévitablement par la création et l'amélioration des infrastructures indispensables à la réalisation de son projet (silos, magasins, stations d'usinage et de traitement...). Il devait s'occuper de la stabilisation des prix aux producteurs, garantissant un niveau social raisonnable des prix à la consommation ; de l'octroi des prêts aux producteurs agricoles ; et de la recherche de débouchés extérieurs afin de commercialiser le surplus dégagé. Mais à aucun moment TOGOGRAIN ne réussira pas à jouer ce noble rôle qui lui fut dévolu pour diverses raisons. D'abord la mauvaise acquisition et de gestion de ses installations. Celles-ci étaient estimées à 47en 1984, dont 9 silos et38 magasins d'une capacité totale de 9 910 tonnes repartis dans les villes de Lomé (6), de Vogan (4), de Notsè (3), d'Atakpamé (6), de Kpalimé (3), de Sokodé (5), de Sotouboua (4), de Kara (11), et de Dapaong (5). La plus part d'entre-elles sont la propriété de TOGOGRAIN, le reste étant acquis sous forme

112 Décret n° 71-164 du 3-9-1971 portant approbation des statuts de l'Office national des produits vivriers (TOGOGRAIN).

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de location ou de prêt sans aucun statut juridique clair113.Une étude diagnostique réalisée par la Société togolaise d'étude et de développement (SOTED) en juin 1984 montra qu'un seul silo d'une capacité de 1 400 tonnes moyennant quelques travaux était opérationnel sur les 9 existants ; la plupart des magasins de 100 tonnes construits en 1979 sont, soit inutilisables, soit de qualité médiocre, ou soit vétustes. Seuls les magasins de Vogan, de Tabligbo et de Mango étaient en bon état. De plus ces magasins en nombre très importants sont mal repartis. Ainsi, Atakpamé à 2500 tonnes de capacité en 6 magasins, alors que Sokodé n'a que 580 tonnes en 5 magasins 114 .Devant une situation pareille, les performances de TOGOGRAIN ne peuvent pas être roses. Ainsi, elle n'avait pu stocker que 500 tonnes seulement en 1978-1979, et 1 088 tonnes en 1980. Une contre-performance qui fut imputée au manque de fonds. C'est pourquoi le séminaire du RPT sur la commercialisation des produits vivriers de 1981 va lui renflouer les caisses par la création d'un fonds de solidarité national, et lui imposer une restructuration de ses organismes de fonctionnement. Sa capacité de stockage fut alors portée à 15 000 tonnes. Avec ces fonds de solidarité évalués au 11 novembre 1981 à 222 000 000 FCFA et un soutien financier de 620 000 000 FCFA de l'Etat, l'Office devait être en mesure d'acheter et de stocker 6 000 tonnes de produits en 1981-1982 et 10 000 tonnes en 1982-1983, afin d'atteindre sa capacité totale de stockage en 3 ans par la suite115. Mais tel ne fut pas le cas, puisqu'à la campagne 1982-1983, l'Office n'a pu acheter et commercialiser que 4 041,30 tonnes de céréales, soit 67,36 % environ contre une prévision de 6 000 tonnes116, malgré les mesures d'accompagnement telles que l'interdiction de la vente sur pied des récoltes ou la limitation de la commercialisation des produits vivriers aux marchés existants et aux centres autorisés. L'échec de la mission de cette société est remarqué aussi par les documents officiels. Ainsi s'exprimait Anani Gassou, Ministre du développement rural d'alors, dans son rapport au conseil national du RPT du 6 Août 1981 à ce propos :

« L'étude de la dimension des zones de production, la limite des moyens de l'office, la concurrence des commerçants (les spéculations) n'ont pas permis à TOGOGRAIN depuis sa création en 1971 jusqu'à ce jour, de jouer pleinement son rôle qui lui a été assigné... ».Il poursuit en disant qu'«... étant donné que les silos ne sont pas opérationnels, nous ne sommes pas en mesure de vous donner les renseignements sur les coûts d'emmagasinage. Par

113 Ministère du plan et de l'industrie, TOGOGRAIN, diagnostic technique, comptable et financier, 1984, p. 2.

114 Idem, p. 70.

115Annuaire économique officiel de la République togolaise, 1987, p. 59.

116 Ministère du développement rural, 1982, TOGOGRAIN : un rôle majeur, document de 5 pages non paginées.

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ailleurs, il est très important de souligner ici que les magasins de TOGOGRAIN ne sont pas des magasins adaptés et équipés pour le stockage des céréales »117.

C'est au niveau de la conservation des denrées que cette société avaient beaucoup faillit, et l'enquête sur le terrain le confirme :

« Le stockage n'a pas réussi, les silos importés à grands frais ont déçu, car ils n'étaient pas adaptés aux conditions climatiques du milieu. En effet, sur les parois extérieures des silos, se dépose l'humidité de l'air. A l'intérieur de ces parois se dégage la chaleur (car il n'y avait pas de ventilation, comme c'est le cas avec les greniers traditionnels que les paysans exposent à l'air libre). La rencontre entre cette chaleur et l'humidité se fait au niveau des parois et produit une condensation. C'est cette condensation qui pourri les grains de céréales de l'extrémité vers l'intérieur » B. Akondo118.

Ce phénomène de condensation qui pourri graines stockées a été catastrophique dans le sud du pays, car comme nous l'avons vu au chapitre premier, l'humidité de l'air y est plus forte que dans le nord, à cause de la mousson caractéristique d'une pluviométrie abondante et d'un vent humide.

A la lumière de tout ceci, il est clair que le rôle de régulateur par excellence du marché céréalier, et de grenier du pays qui était assigné à TOGOGRAIN, n'a pas été une réussite, mettant donc à mal l'autosuffisance alimentaire du Togo durant la période de la révolution verte. Aussi parait-il important de savoir comment les productions ont évolué durant cette période face à l'évolution de la population.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius