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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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1.2. Mode et principe d'intervention des institutions de la NSDR

Le ministère du développement rural disposait deux types d'intervention dans le secteur de développement agricole. La première était directe et se faisait par le biais des services administratifs formés autour des services techniques, et la seconde s'opérait d'une façon indirecte à travers les structures de type para-administratives qui étaient sous sa tutelle et composées de sociétés de production verticales, des sociétés de service et les projets de développement.

Les structures administratives assuraient l'ensemble de l'encadrement du monde rural et les DRDR qui en constituaient le point focal ont subi un profond recentrage de leurs objectifs. Instituées en 1981 en remplacement des ORPV et des DRARAC, ces structures polyvalentes ont rapidement montré leurs limites. En effet, les sources officielles reconnaissent elles-mêmes que les DRDR n'ont pas joué le rôle qui leur avait été assigné à leur création pour diverses raisons. Entres autres, l'anarchisme de leur structure, le manque de moyens financiers conséquents, le niveau très bas du personnel, notamment les encadreurs de base recrutés sans formation formelle après une session de 3 à 5 jours seulement, le manque de

125 JORT, Décret n ° 91-90 du 3 avril 1991, portant réorganisation du MDR.

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synergie d'une DRDR à une autre, et les duplications dans l'intervention au niveau paysannal occasionnées par la diversités des interventions126. C'est devant donc ce constat peu reluisant qu'il a été rendu nécessaire de réformer l'encadrement rural par l'institution du Système togolais d'encadrement rural (STER) dans le cadre de la Nouvelle stratégie de développement rural, avec laquelle le paysan occupe la position centrale dans le processus de développement. Cela implique que les objectifs de la production soient définis en fonction de ses propres besoins et centrés sur ses préoccupations et non plus sur les cultures comme ce fut le cas dans le passé. L'encadrement de la NSDR doit désormais tendre à responsabiliser davantage le paysan dans la prise en charge de son développement intégral, et doit viser à assurer une triple fonction : celle d'informer et de former le paysan en lui offrant d'apprécier les nouvelles techniques culturales, celle d'appuyer techniquement le paysan dans son métier de producteur agricole en veillant à valoriser son propre savoir-faire, et celle de l'orienter en cas de besoin, vers la spécialisation et les structures appropriées. Ainsi conçu, l'encadrement doit se départir de son caractère paternaliste qui tend souvent à considérer le paysan comme un ignorant à qui il faut tout apprendre. Toutes les actions du monde rural doivent partir du paysan pour aboutir au paysan127. Tel que défini, le STER se caractérise essentiellement par l'harmonisation des interventions au niveau du paysan à partir d'une approche éducative unifiée sur la base de programme de travail précis. C'est dire qu'il faudra éviter par tous les moyens, l'encadrement diffus avec son cortège d'interventions multiples et parfois contradictoire. Ceci entre dans la ligne droite de la politique d'austérité et de réduction de dépenses publiques imposée par les PAS.

Les structures para-administratives assurent un encadrement plus ponctuel et plus spécifique dans le milieu rural. Les sociétés de développement dites verticales, telles que la Société togolaise du coton (SOTOCO), la Société de rénovation de la caféière et de la cacaoyère (SRCC), la Société Nationale de la production de palmerais et des huileries (SONAPH), entre autres, de même que les sociétés de service telles que la Caisse nationale de crédit agricole (CNCA), et le TOGOGRAIN, étaient appelés à réaliser, à long terme, la même intégration que les DRDR, ou à se désengager des activités d'encadrement et de vulgarisation. Car il était clair que dans leur intervention, ces structures n'appuyaient que les paysans engagés dans la production des cultures qu'elles entreprennent. La plupart de ces sociétés furent créées dans les années 1970-1980, dans la politique de la révolution verte, avec d'importants

126 MDR, atelier-séminaire sur la NSDR, document 3, formation et encadrement, p. 3 ; MDR, le STER, p. 11.

127 MDR, le STER, pp. 13-15.

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investissements, mais aux résultats non probants. Ainsi la libéralisation économique imposa alors soit la restructuration de certaines d'entre elles, telles que la SOTOCO et TOGOGRAIN, restées dans le portefeuille de l'Etat, soit la liquidation d'autres telles que la SONAPH128 et la CNACA129, jugées non rentables. D'autres encore telles que l'Industrie des huileries du Togo (IOTO) sont privatisées. C'est la fusion de celle-ci avec une autre société, la Togolaise des huiles qui donna la Nouvelle société industrielle des huiles du Togo (NIOTO) en 1987130. Quant aux projets de développement, on pouvait les estimer à une vingtaine principalement en 1990 selon la Banque mondiale131, scindées en projets vivriers et en projets de culture de rente. Au nombre des projets vivriers, entre autres, l'on avait le projet vivrier Atchangbadè-sirka situé dans la région de la Kara, qui était dans sa deuxième phase d'exécution triennale entre 1986 et 1989, et qui visait à organiser les structures villageoises sur 35 000 ha dans la zone d'Atchangbadè et de 26 000 ha dans celle de Sirka (forage de 60 puits, ouverture ou entretien de 165 km de piste rurale...)132. On note aussi le projet d'aménagement hydro-agricole de Zio-Kpota, pour une production rizicole estimée à 30 000 tonnes par an. Certains projets concernaient la recherche sur les cultures vivrières et bénéficiaient pour la période 1985-1990 de 16 sous-projets représentant un coût global de plus de 13 milliards de FCFA133. Quant aux projets de rentes, ils concernaient les programmes de développement des principales cultures de rentes que sont le café-cacao par le renforcement des activités de leur principale structure de recherche (la SRCC), le coton par la mise en oeuvre des deuxième et troisième phase de son programme quinquennale de développement, et les palmiers à huile. Le programme d'intensification de la production des cultures de rente en plaine politique de sécurité alimentaire avait des raisons bien motivées et définies par les pouvoirs publics togolais. Elles occupent les premiers postes d'exportation des produits agricoles, et emploient largement plus de la moitié des agriculteurs134. Dans un contexte marqué par la réduction du soutien de l'Etat aux producteurs sous l'effet des PAS, la production allait sombrer et cela rendrait beaucoup plus vulnérable les paysans par la baisse sinon la perte de leur revenu sur la vente des produits d'exportation. Pour éviter ce désastre, l'Etat opta pour la politique d'incitation et d'encouragement des planteurs à produire davantage en rehaussant les prix

128 La SONAPH a été liquidée en 1996.

129 La CNCA, qui s'était démarquée de ses objectifs fut liquidée en 1990.

130 Banque mondiale, 1990, Situation de l'agriculture togolaise, p. 238.

131 Idem., pp. 230-240.

132 Idem., p. 232.

133 Ibid.

134 Selon la Banque mondiale, SOTOCO employait à lui seul en 1985, plus de la moitié des 264 000 agriculteurs du pays et compte pour 10 % des recettes annuelles à l'exportation.

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d'achat des produits de rente. Car en terme de sécurité alimentaire, la production d'autoconsommation n'est pas privilégiée, c'est la capacité du paysan à avoir accès aux produits alimentaires qui importe, quel que soit leur provenance. Ainsi l'Etat pensait qu'en encourageant les paysans à produire plus les cultures de rente, il leur permettait de disposer d'assez de moyens en terme de liquidité, après les récoltes pouvant leur permettre de faire face à leurs multiples besoins, notamment en matière d'accès aux produits alimentaires. Les structures institutionnelles ainsi définies étaient mises en oeuvre grâce aux moyens techniques.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault