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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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4.2. Analyse de la situation alimentaire du Togo à l'horizon des années 1990

Si l'offre ou la disponibilité des produits alimentaires est une chose, la demande des consommateurs en est une autre. Et en situation de sécurité alimentaire sur une période donnée, rappelons-le, les besoins alimentaires en quantité et en qualité sont censés être couverts par la disponibilité alimentaire, celle-ci étant constituée de la production locale, des importations et/ou de l'aide internationale. En plus de cela il fallait que ces aliments disponibles soient accessibles à toutes les couches de la population durant toute la période. Cela implique donc de la part de celles-ci de disposer d'un pouvoir d'achat raisonnable durant cette période pour pouvoir en avoir accès. Quelle était donc la situation au Togo une décennie après la NSDR ?

L'analyse de la situation alimentaire au Togo dans les années 1990 révèle des constats suivants : globalement, la capacité de croissance agricole du pays en une décennie de réforme agraire de la NSDR est très faible pour toutes les productions aussi bien vivrières que de rente, à l'exception du coton. Ce qui affecta le Produit intérieur brut agricole réel (PIBA) par habitant et par an qui de 76 954 FCFA dans les années 1970 avait chuté à 66 244 FCFA dans les années 1980, puis à 48 644 FCFA en 1993168, soit une baisse de 36,78 % sur une période de trois décennies. Il en résulte donc de l'indice de l'extrême pauvreté, sur la sécurité alimentaire, qu'un Togolais sur trois souffrait de sous-alimentation chronique en 1993169.De plus, les paysans producteurs des produits agricoles d'exportation n'ont pas tiré grand avantage de leurs exportations. En effet, par rapport à leurs revenus, sur la période 1986/1992, le repli des cours mondiaux a engendré une baisse cumulée des prix aux producteurs de 37 % pour le cacao, de 65 % pour le café et de 14,5 % pour le coton170. Ceci se traduit donc par la baisse de leur pouvoir d'achat, et la réduction de leur capacité d'accéder aux produits alimentaires pour faire face à leurs besoins. Sur le plan de l'apport quantitatif alimentaire, de l'enquête budget-consommation de 1988, il ressort que seules les Régions des Plateaux et centrale ont toujours présenté des productions excédentaires sur l'ensemble du territoire.

En effet, en 1993-1994 par exemple, les déficits céréaliers était évalués respectivement à 45 900 tonnes et de 22 100 tonnes dans les Régions maritime et de la Kara dont : 4 300 tonnes de sorgho-mil et de 21 300 tonnes de riz dans la Région maritime ; et 140 500 tonnes de maïs,

168 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie nationale de la sécurité alimentaire, document de travail, p. iii.

169 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie nationale de la sécurité alimentaire, document de travail, p. iii.

170 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie nationale de la sécurité alimentaire, document de travail, pp. 6-7.

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8 700 tonnes de sorgho-mil, et de 1 900 tonnes de riz dans la région de la Kara. Dans la Région des Savanes, la situation était beaucoup plus alarmante au même moment171.Le besoin en viande et abats étant estimé à 10 kg/habitant/an, les disponibilités n'ont jamais atteint ce taux malgré d'énormes importations de ces produits. En effet, ces disponibilités avaient évolué de 5 kg en 1989 à 5,7 kg en 1993, soit une couverture moyenne de 61 % sur cette période172.

Sur le plan de l'apport alimentaire qualitatif, globalement, la ration quotidienne moyenne était de 2 148 kcals en 1995, contre la norme de 2 400 kcals fixée pour les pays en développement par le sommet mondial pour l'alimentation de 1974173.

Il est alors évident que la non couverture des normes énergétiques et protéiques constatée est bien la conséquence d'une insécurité alimentaire qui affecte une partie de la population résidant dans les zones confrontées aux problèmes de famines saisonnières ou d'accès difficile aux aliments. L'apport en micronutriments pour une alimentation équilibrée est aussi déficitaire sur l'ensemble du territoire pour le fer, le maïs circonscrit, pour la vitamine A et l'iode. D'une manière générale, la croissance agricole et la situation alimentaire du Togo se situent en dessous des moyennes régionales et connaissent une fluctuation interne qui ne laisse pas envisager une stabilité pour les domaines où la dynamique agricole et alimentaire est positive.

171 DESA, 1993, Recueil des données socio-économiques sur le secteur rural (1990-1991), p. 19.

172 Ministère du développement rural, 1996, Stratégie nationale de la sécurité alimentaire, document de travail, pp. 10-11.

173 Idem.

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Pendant le boom pétrolier des années 1970 qui a créé l'illusion d'un décollage économique des pays de l'Afrique subsaharienne, le Togo de son côté avait son « boom phosphatier » qui a créé les mêmes illusions. Mais, très vite, les Gouvernements ont dû se rendre à l'évidence de la faiblesse de l'économie de leurs Etats vers la fin de cette même décennie. Ainsi au début de la décennie 1980, la plupart de ces pays ont pris des mesures d'austérité budgétaire dans le cadre de ce que l'on a appelé Programme d'ajustement structurel (PAS) en vue de relancer leur économie. Comme le dit si bien Simon, « le programme de relance économique du Togo est principalement orienté vers la libéralisation des filières de production » (CRASH, 2003 : 84). Deux importantes filières, la filière café-cacao et la filière coton, ont été concernées par cette libéralisation. Il s'agissait pour l'Etat de se désengager de ses fonctions traditionnelles dans l'organisation, la gestion et le fonctionnement de ces filières. Cette situation s'est aussi traduite par le recadrage institutionnel de l'encadrement du monde rural, mais la grande conséquence qu'elle engendra fut la perte du soutien traditionnel de l'Etat auprès des paysans matérialisée par la baisse des investissements, l'arrêt des subventions des intrants agricoles, et la liquidation de la plupart des structures de soutien du monde rural. Il en résulte alors une faible progression des produits aussi bien vivriers que de rente à même de permettre aux populations sans cesse grandissantes de faire face à leurs besoins quotidiens. Il apparaissait alors évident pour les pouvoirs publics de définir une nouvelle politique de la sécurité alimentaire pour le XXèm siècle finissant.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci