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Politiques agricoles et sécurité alimentaire au Togo (1977-2008).

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par Halourou MAMAN
Université de Lomé - Master en Histoire économique et sociale 0000
  

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2. La libéralisation du secteur de la production agricole

S'inscrivant dans la logique des réformes engagées depuis les années 1980 dans les PAS, le Togo s'est donc lancé à partir de 1996-1997 dans la politique de désengagement total dans les sous-secteurs de production agricole, en l'occurrence celui d'approvisionnement en intrants.

2.1. La libéralisation du marché des intrants et son effet sur l'agriculture

A partir de 1996-1997, le Togo abandonna le stade des subventions dégressives des intrants pour celui de cession du marché au privé afin de réduire ses dépenses et de faire face à ses dettes, pour pouvoir renouer avec la croissance économique.

Pour ce qui concerne les engrais, le monopole d'importation et de distribution ne disparut pas totalement pour cause de la persistance de la SOTOCO dans le portefeuille de l'Etat. En effet, avant la libéralisation, le Service des engrais et moyen de production (SEMP) et la SOTOCO importaient la quantité d'engrais nécessaire après évaluation des besoins, puis ils se

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chargeaient également de la distribution dans les différentes zones. Mais à partir de 1997, conformément au processus de désengagement progressif de l'Etat du marché, la Division de la maintenance et du patrimoine logistique (DMPL)180 et la SOTOCO ne procédaient plus à l'importation des engrais. Ce rôle était dévolu aux structures privées qui importaient et revendaient de l'engrais à la DMPL et à la SOTOCO, qui se chargeaient chacune à leur tour de la redistribution sur le plan national. C'est en cela qu'on peut dire que l'Etat n'a pas totalement perdu le monopole du marché. Mais cela n'empêcha pas l'importation d'engrais d'enregistrer une faible croissance, passant ainsi de 36 848 tonnes en 1997 à 45 106,1 tonnes en 1999, soit une augmentation de 22,4 % sur les trois ans ayant suivi la libéralisation, contre une progression de 44,8 % sur les trois années l'ayant précédé (26 275 tonnes e 1994 et 38 086 tonnes en 1996). En trois années consécutives, le taux d'importation d'engrais a diminué de 50 %181. Cette situation pourrait s'expliquer par la hausse du prix de vente des engrais, et l'incapacité de la DMPL de financer la commande des engrais vivriers, se contentant des dons d'engrais japonais.

Le marché des pesticides était détenu par les mêmes structures de gestion d'engrais que sont la SOTOCO pour le coton, la DMPL pour les productions vivrières, l'Association de conseil de développement rural (ACDR) 182 pour le café-cacao ainsi que les sociétés privées importatrices et parfois distributrices. Dans ce secteur l'effet de la libéralisation a plutôt été positif amenant les importations à se multiplier par trois sur trois ans. Entre 1997 et 1999, les importations sont allées de 777,903 tonnes à 1 566,164 tonnes183. Cela pouvait s'expliquer par le fait que le foisonnement des acteurs notamment privés a permis l'accès à des producteurs vivriers aux intrants.

Les produits vétérinaires, et les aliments pour bétail connaissant déjà l'intervention des privés depuis les années 1990. Cette situation s'est confortée par le retrait du PROPTA dans l'importation des produits vétérinaires à partir de 1997, mais il garda la Direction de l'élevage et de la pêche dans le processus d'importation. Toutefois, la libération a eu pour effet d'augmenter les prix des produits de traitement sanitaire. Ainsi, par exemple, le vaccin pestos1000 doses a vu son prix passer de 1 225 FCFA en 1996 à 1 575 FCFA en 1998, puis à 1 700 FCFA en 1999, soit une hausse de 38,77 % sur trois ans184.

180 Elle remplaça le SEMP en 1990 (Fondation SADAOC - Togo, 2000, p. 12).

181 Fondation SADAOC - Togo, p. 15.

182 Elle fut créée en remplacement de la SAFIC (Société d'appui à la filière café-cacao).

183 Fondation SADAOC - Togo, pp. 18-19.

184 Idem., pp. 24-25.

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Suite à la restructuration du ministère en charge de l'agriculture, le marché des semences améliorées est centré sur les organismes suivants : l'ITRA, l'ICAT, la ferme semencière de Sotouboua et les OPA. L'ITRA s'occupe de l'introduction, de l'amélioration et le la production de semences pré-base, l'ICAT appuie la production et est responsable de la distribution. La ferme semencière de Sotouboua qui est censée fournir les semences de base a du mal à fonctionner à cause des difficultés financières. Les paysans individuels choisis compte tenu de leur degré de réceptivité de nouvelles techniques agricoles sont censés produire des semences à moindre coût pour les agriculteurs. Mais il n'est pas rare de constater la présence de produits phytosanitaires de mauvaise qualité sur le marché, due certainement au manque de contrôle de qualité. Rôle qui incombe à l'ITRA. Mais la grande conséquence de la libéralisation reste la fluctuation des prix des semences, autrefois fixés par l'Etat. A titre d'exemple entre les campagnes agricoles 1996-1997 et 1999-2000, le prix des semences commerciales du maïs, du sorgho et du riz oscillaient entre 150 et 200 FCFA le kilogramme, alors que ceux du niébé et du soja oxillaient entre 300 et 350 FCFA le kilogramme185.

Le marché des matériels agricoles concerne surtout le petit matériel, la culture attelée et le matériel motorisé. Le processus de désengagement de l'Etat l'avait amené à liquider la principale structure de production de matériels agricoles qu'est l'Unité de production de matériels agricoles (UPROMA) en 1977186. Un coup dur pour le secteur rural quand on sait que cette structure était le seul organe producteur de matériels non motorisés et souvent maniables à la main pour les petits paysans togolais qui continuent d'user de l'énergie humaine pour le travail de la terre. La culture attelée était animée et organisée par le Projet pour la promotion de la traction animale (PROPTA), qui avait un accord avec l'UPROMA, achetait l'équipement complet pour la traction qu'elle cédait au paysans, mais avec la dissolution de l'UPROMA et du PROPTA, un grand vide est donc créé dans ce domaine de modernisation agricole. Les matériels de traction animale utilisés par les paysans manquent de pièces de rechange, faute de structure de production. La libéralisation a donc créé un vide difficilement comblable. La motorisation agricole après son échec dans les années 1980, ne se résume plus qu'à une utilisation sommaire dans la riziculture des bas-fonds et les vallées de l'Oti, et du Zio. En 1996-1997, la Direction des statistiques agricoles de l'informatique et de la documentation (DSID), avait dénombré seulement 40 moteurs sur toute l'étendue du territoire togolais, dont 16 dans la région maritime, 5 dans les plateaux, 4 dans la région

185 Fondation SADAOC - Togo, pp. 36-37.

186 Par Décret n ° 97-102 du 23 juillet 1997, l'UPROMA fut dissoute. (cf. annexe 2).

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centrale, 3 dans celle de la Kara, et 12 dans les savanes. Ce nombre aussi insignifiant soit-il dénote de la médiocrité de la modernisation agricole au Togo des années 1996-2008, qui pourtant prétend offrir une production agricole pouvant garantir une sécurité alimentaire à sa population qui ne cesse de croître d'année en année. Le fort taux de concentration des tracteurs dans les Régions des Savanes (30 %) et Maritime (40 %) s'explique par l'utilisation des Machines dans les zones rizicoles des vallées de l'Oti dans les savanes et du Zio dans le maritime. Le mode de financement agricole a aussi été décentralisé.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo