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Les obstacles à  l'autopromotion communautaire des populations à  la base du canton d'Anfoin au Togo.

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par Kossi Mawulé ATCHOTIN
Université de Lomé - Master recherche en sociologie du développement 2014
  

Disponible en mode multipage

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    UNIVERSITE DE LOME

    FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

    DEPARTEMENT DE SOCIOLOGIE

    LES OBSTACLES A L'AUTOPROMOTION COMMUNAUTAIRE DES POPULATIONS A LA BASE DU CANTON D'ANFOIN AU TOGO

    Mémoire :............/SHS en vue de l'obtention du

    Grade de master recherche

    Domaine : Sciences de l'Homme et de la Société

    Mention : Sociologie

    Spécialité : Sociologie du développement

    Présenté par :

    ATCHOTIN Kossi Mawulé

    Sous la direction de :

    M. AMOUZOU Essè, Professeur Titulaire

    Avec la codirection de M AMEGEE Kodjopatapa, Maître - Assistant

    Décembre 2014

    Sommaire

    Dédicace............................................................................................

    3

    Remerciements......................................................................................

    4

    Liste des tableaux..................................................................................

    5

    Liste des figures..................................................................................

    6

    Sigles et acronymes..............................................................................

    7

    Introduction.......................................................................................

    8

    PREMIERE PARTIE : Cadres théorique, conceptuel, physique et méthodologique de l'étude..................................................................

    11

    Chapitre I : Cadres théorique et conceptuel de l'étude ....................................

    12

    Chapitre II : Définition des concepts et revue de littérature ..............................

    27

    Chapitre III : Cadres physique et méthodologique ..........................................

    56

    DEUXIEME PARTIE : Présentation, analyse et interprétation des résultats ...

    69

    Chapitre IV : Présentation des résultats ......................................................

    70

    Chapitre V : Interprétation des résultats .....................................................

    86

    Conclusion .......................................................................................

    99

    Bibliographie ....................................................................................

    101

    Annexes ...........................................................................................

    107

    Table des matières ...............................................................................

    120

    Dédicace

    A

    mes parents Assogba Jean-Baptiste et Améyo Béthel

    Remerciements

    C'est un honneur pour nous de présenter nos sincères remerciements aux personnes dont les contributions ont été capitales dans la réalisation de ce mémoire.

    A nos Directeurs de mémoire, Monsieur AMOUZOU Essè et Monsieur AMEGEE Kodjopatapa, respectivement Professeur Titulaire et Maître Assistant au département de Sociologie de l'université de Lomé qui ont accepté de diriger avec une grande patience notre travail, par leurs conseils et leurs directives. Malgré leurs diverses occupations, ils ont suivi notre démarche et ont tenu à ce qu'elle soit méthodologiquement bien soutenue. Nous leur exprimons toute notre gratitude.

    Aux membres du jury pour leur disponibilité et leur précieuse collaboration à l'amélioration de ce travail, nous voudrions les remercier. Nos remerciements vont également à l'endroit du corps enseignant du département de Sociologie de l'Université de Lomé, pour leurs enseignements qu'ils nous ont donnés et leurs conseils.

    A Monsieur DI VITO TOMASSO Sandro pour son soutien moral, financier et matériel sans lequel nous ne saurions réaliser ce travail.

    Aux sieurs, GBETANOU K. Dzidzinyo BOSSOU, K. Ferdinand et TCHABANA Zoulkouflon qui nous ont aidés à la réalisation de l'enquête de terrain. Qu'ils reçoivent tous nos sentiments de profonde gratitude.

    Que toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ce mémoire et que nous n'avons pas nommées, trouvent ici l'expression de nos sincères gratitudes.

    Liste des tableaux

    Tableau 1 : Répartition des enquêtés selon l'âge et le sexe ......................................60

    Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon le sexe et la profession ...........................62

    Tableau 3 : Problème de chefferie dans le canton .................................................63

    Tableau 4 : Satisfaction de la population sur le choix et le mode de désignation d'un chef du village ...............................................................................................64

    Tableau 5 : Existence des groupes d'entraide dans le canton ...................................66

    Tableau 6 : Inexistence des groupes d'entraide dans le canton ................................67

    Tableau 7 : Assistance portée par les membres des familles en cas de difficulté ...........68

    Tableau 8 : Raisons entravant au fonctionnement des CDB ..............................................70

    Tableau 9 : Déplacement des enquêtés en ville ....................................................74Liste des figures

    Graphique 1 : Niveau d'instruction des enquêtés ................................................60

    Graphique 2 : Reconnaissance de l'autorité du chef .............................................65

    Graphique 3 : Respect de la tradition ...............................................................69

    Graphique 4 : Fréquence des réunions des CDB du canton d'Anfoin .........................71

    Graphique 5 : Participation aux réunions populaires des CDB .................................72

    Graphique 6 : Participation aux travaux communautaires ......................................73

    Graphique 7 : Durée des séjours des enquêtés en ville ..........................................74Sigles et acronymes

    AGR Activités Génératrices de Revenu

    AVD Association Villageoise de Développement

    BM Banque Mondiale

    CDB Comité de Développement à la Base

    CVD Comité Villageois de Développement

    DGSCN Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale

    EAMAU Ecole Africaine des Métiers de l'Architecture et de l'Urbanisme

    EPP Ecole Primaire Publique

    FLESH Faculté des Lettres et Sciences Humaines

    ISC Infrastructures Socio-Collectives

    IESC Infrastructures et Equipements Socio-Collectives

    ONG Organisation Non Gouvernementale

    ONU Organisation des Nations Unies

    PAV Plan d'Action Villageois

    PDC Plan de Développement Cantonal

    PMI Project Management Institut

    PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

    PPMR Plan Pluriannuel de Microréalisation

    SPSS Statistical Package for Social Science.

    URD Unité de Recherche Démographique

    RGPH Recensement Général de la Population et l'Habitat

    Introduction

    La fin des années 1970 et le début des années 1980 sont marqués en Afrique par la domination du libéralisme économique, l'exigence du désengagement de l'Etat (politiques d'ajustement structurel) et un contexte de crise marqué par l'échec des politiques de développement, le surendettement des Etats et le mauvais bilan des grands projets nationaux de développement. La nécessité de repenser les modèles de développement s'avère donc très imminente suite à ces échecs. Cette situation a interpellé les économistes et les grandes instances internationales à réfléchir sur les modèles de développement en cours, en vue de redéfinir et de donner une nouvelle orientation aux programmes de développement.

    Les nouveaux plans de développement économique et social qui furent décrétés devaient permettre aux pays africains de combler leur retard et conférer le pouvoir de décision aux populations pour qu'elles participent directement à la création de leur propre richesse et à s'intéresser à leur autopromotion.

    La question du développement humain est devenu si préoccupante qu'elle mobilise les acteurs à tous les niveaux : institutionnel, administratif, associatif, etc. On voit émerger ici et là dans les zones rurales en difficulté ou marginalisées, des initiatives de regroupement des acteurs locaux et des collectivités locales, pour monter des initiatives et de petits projets visant au redémarrage des activités économiques (agriculture, artisanat, tourisme etc.). C'est ainsi qu'est né le développement local, en tant qu'approche opérationnelle du développement rural avant de devenir une approche théorique car, après les développeurs qui sont les premiers à théoriser sur le développement local, au début des années 1980, l'on perçoit en Europe que le concept va rapidement intéresser la recherche. D'abord, les géographes qui vont « théoriser » sur ce processus spontanée et ensuite, viendront les sociologues et les économistes.

    Cette approche est construite par des acteurs locaux qui ont la volonté de prendre en charge leur propre développement. Ainsi, le développement local pourrait se définir comme un processus dynamique dans lequel les acteurs organisés et mobilisés initient et mettent en oeuvre des actions sur un espace donné en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie (Lisch, 1995). Il doit par ailleurs s'appuyer sur certains éléments de base tels que : la gouvernance locale, une vision commune du développement de la collectivité, une réappropriation de l'espace collectif, une auto analyse des besoins, la participation des populations, la prise en compte des besoins individuels et collectifs.

    Pour Bernier (1984), le développement local est la capacité généralisée d'une société de se prendre en charge, ou encore un processus par lequel une société se donne les moyens de mobiliser ses forces productives dans la transformation de son milieu en vue d'améliorer les conditions de vie et le bien-être de ses membres.

    Cependant, dans la plupart des pays africains, la capacité des populations rurales à se prendre en charge se heurte à des difficultés dont les causes sont internes qu'externes lesquelles sont les querelles liées à la chefferie traditionnelle, la perte des valeurs de solidarité, l'environnement sociopolitique et les influences des interactions des populations etc.

    Cette recherche dont le thème s'intitule : « Les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo » s'inscrit dans cette optique et est une contribution à la question du développement local et de l'autopromotion des populations rurales. L'étude vise à identifier les freins qui limitent le développement par l'autopromotion des communautés à la base et plus précisément celles du canton d'Anfoin au Togo.

    Le document est subdivisé en deux parties. La première partie est consacrée au cadre théorique, conceptuel, physique et méthodologique.

    La deuxième partie est dédiée à la présentation et à l'interprétation des résultats de la recherche.

    PREMIERE PARTIE :

    CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE

    Chapitre 1 : Cadres théorique et conceptuel de l'étude

    Le but de ce chapitre est d'exposer dans une première partie, les raisons scientifiques et personnelles qui ont motivé le choix de ce sujet pour en faire un objet d'étude. Dans une seconde partie, il sera abordé la problématique de l'étude, les hypothèses et objectifs de la recherche et enfin, il sera décliné les variables et indicateurs qui découlent des hypothèses émises.

    1.1. Intérêt du sujet

    L'intérêt de cette étude est porté sur les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo, compte tenu d'une part, des préoccupations majeures que le développement des villes et villages constituent de nos jours pour le continent africain et en particulier pour le Togo et d'autre part, en référence aux expériences personnelles que nous avions eues sur le terrain auprès de ces communautés dans la mise en oeuvre de divers programmes de développement.

    Au Togo, comme dans la plupart des pays africains, les milieux ruraux semblent être les plus déshérités. Ils abritent les populations les plus démunies. Pour permettre à ces populations pauvres d'aspirer à un mieux être, les projets de développement communautaire leurs sont destinés. Ils pourraient être un moyen efficace dans la lutte contre la pauvreté et la faim, offrant ainsi à ces populations, la possibilité de valoriser les ressources de leur espace. Ils sont en outre un moyen de renforcer les organisations locales, lesquelles constituent le potentiel qui doit constituer la base même du développement à plus grande échelle, le développement national.

    Suite aux échecs de nombreux projets de développement destinés aux communautés rurales, les partenaires en développement ont réalisé qu'il est nécessaire de tenir compte de la dimension humaine, tout en associant les bénéficiaires dans la mise en oeuvre des projets de développement les concernant. Ainsi, verront le jour de différentes approches de développement. Ces différentes approches insistent sur la nécessité d'une participation plus grande et plus réelle des populations à leur propre développement.

    Dans la perspective de l'auto développement des communautés rurales au Togo, beaucoup de programmes de développement sont ainsi mis en oeuvre et destinés à ces dernières. Ces programmes leurs sont destinés dans le souci de les accompagner à s'auto- développer et à s'autopromouvoir. Mais les acteurs de développement qui interviennent sur le terrain auprès des communautés se rendent à l'évidence : de l'absence de cohésion entre les membres d'une même communauté, de l'existence de mésentente, de divergences des bénéficiaires sur les questions de développement de leur milieu les empêchant ainsi d'assurer leur autopromotion.

    C'est fort de ces constats qu'une investigation scientifique a été menée dans le cadre de cette étude pour en savoir davantage. Ainsi, à travers cette recherche, du point de vue théorique ont été apportés, des éléments de compréhension des obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin. Du point de vue de l'intérêt pratique, les résultats de cette recherche seraient d'une grande utilité aux pouvoirs publics, aux institutions internationales, aux agences de développement, aux ONG, dans leurs interventions en matière de développement communautaire. Ils permettront à ces derniers de définir des méthodes pour une bonne implication des populations rurales dans la mise en oeuvre des projets de développement et de surcroît, les amener à prendre en main leur développement local.

    Dans la section suivante, seront exposées les données du problème qui fait l'objet de la présente étude en vue de sa formulation.

    1.2. Problématique de l'étude

    Les pays africains, au lendemain de leur accession à la souveraineté nationale dans les années 1960, espéraient se rattraper de leur retard en matière de développement vis-à-vis des pays occidentaux. Mais, force est de constater que les politiques de développement auxquelles ont opté la majorité de ces pays nouvellement indépendants, sont révélées au fil du temps inefficaces. La question de la pauvreté demeure toujours critique et touche la majorité des populations de ces pays.

    Constatant le retard des pays africains par rapport aux pays occidentaux et sous l'égide des Nations Unies, les décennies de développement économique et social furent décrétées et devaient donner un espoir de développement pour le continent africain. Il est évident que la question du développement de ces pays reste un défi, un but à atteindre. C'est dans ce contexte que l'aide au développement des pays africains a vu le jour, à travers des financements accordés à ces derniers, pour la mise en oeuvre des projets de développement.

    Les premières décennies de développement sont soldées par des échecs à cause du ``parachutage'' de ressources financières dans les projets de développement et du transfert mécanique ou mécaniste de la technologie. Très vite, les institutions de développement se sont rendues à l'évidence de la prise en compte de la dimension humaine dans les projets de développement car, le développement est avant tout, un problème de l'homme « l'homme dans sa condition humaine1(*) » comme disait Malreaux. C'est dans ce sens que Meister A. (1977 : 128) souligne que :

    « Le développement d'un pays ne résulte pas seulement de mesures purement économiques. L'échec est probable si la population ne se sentant pas concernée reste passive. Son élan est l'une des clés du succès. D'où l'importance capitale de faire entrer les plus larges couches de la société dans un processus de participation au développement, qui peut revêtir des formes diverses : alphabétisation, éducation des adultes, vulgarisation agricole, travail social, développement communautaire, animation rurale etc.» 

    Une telle responsabilité n'est possible que lorsque les hommes, les communautés à la base ont la possibilité de s'exprimer, de dire ce qu'ils espèrent et attendent comme changement. Autrement dit, quand ils peuvent participer à la planification des projets de développement, à leur mise en oeuvre, pouvoir y participer et au jeu des décisions qui les engage.

    La nécessité de la prise en compte de la dimension humaine dans les projets de développement a provoqué, l'apparition d'une littérature abondante qui est consacrée à ce sujet. Elle insiste sur la nécessité d'une participation plus grande et plus réelle des populations à leur propre développement. C'est ainsi que le terme de participation s'est répandu.

    Les opérateurs voient dans l'approche participative, un mode d'intervention nouveau, répondant aux préoccupations réelles des populations à la base qui sont capables de promouvoir leur développement. Les projets de développement doivent être conçus et exécutés par les collectivités à la base, notamment par les villages. Le but visé est l'implication d'un nombre significatif de personnes dans des actions visant leur bien-être.

    La participation populaire suppose que des conditions morales et sociologiques soient réunies à l'échelle individuelle et collective. Une fois que les besoins sont exprimés par les populations à travers les Diagnostic Participatif (DP), elles doivent adhérer à l'initiative collective, être physiquement présentes et moralement engagées tout au long de la réalisation du projet. L'adhésion doit se traduire par un certain degré d'organisation de la communauté locale. Allant dans le même sens, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD, septembre 1994 :7), dans un rapport a mis l'accent sur la nécessité de laisser toute la latitude aux populations pour s'impliquer activement dans le processus de développement, de la formulation des politiques et stratégies jusqu'à la mise en place des programmes, leur financement et leur exécution. Dans cette optique, l'Etat devient ainsi le collaborateur des populations et prêt à prendre en considération leurs préoccupations, leurs aspirations et leurs visions du bien - être. 

    Au Togo, apparaissent, avec les années 1980, les projets dits participatifs où il est question d'impliquer davantage les populations rurales à la réalisation des actions. C'est dans ce cadre que les institutions de développement, les ONG qui interviennent auprès des communautés vont prendre une part active en valorisant la dimension humaine. L'idée d'une responsabilisation plus grande des populations rurales s'installe. Cependant, la nouvelle approche s'est trouvée piégée car la participation étant limitée aux aspects matériels des réalisations et à l'investissement humain. Les projets sont restés extérieurs aux bénéficiaires, la participation se situant au niveau de l'exécution.

    Il est de plus en plus évident que le développement d'un pays n'est pas l'affaire d'une minorité de personnes mais de toute la population sans exception. D'où la nécessité d'élaborer une autre politique, ainsi que d'autres priorités qui répondent aux aspirations légitimes et naturelles des millions d'hommes et de femmes en lutte perpétuelle pour leur survie. La mise en oeuvre de cette politique ne peut se faire que dans le contexte de décentralisation qui constitue l'option privilégiée pour la promotion du développement local.

    La décentralisation est devenue la forme d'organisation administrative de la plupart des Etats africains car, elle véhicule une nouvelle stratégie d'organisation administrative qui incarne l'espoir d'un véritable développement partagé. Elle est une expression de démocratie permettant à une communauté d'impulser son propre mode de développement se révélant ainsi alors, comme un outil incontournable de développement local. Bien que l'ensemble des projets de développement local au Togo aspire à l'appropriation locale ainsi qu'à la mise en place d'un modèle d'auto développement, on constate une absence de volonté de développer l'autonomie financière des collectivités. Cette dépendance des populations vis-à-vis de l'extérieur constitue une limite importante à l'atteinte des objectifs attribués à la participation.

    La mise en place de nouvelles politiques de développement implique de nouvelles approches ou stratégies de développement. C'est ainsi qu'ont vu le jour de nouvelles approches. Il s'agit du self-reliance ou compter sur ses propres forces, être responsable de son devenir; le développement autocentré ou développement orienté vers les besoins et les objectifs internes des collectivités : le développement endogène ou développement qui met en valeur les liens entre les populations locales et leur milieu de vie. Toutes ces approches, à part quelques variantes ont un dénominateur commun : la place de l'homme dans le développement afin que les populations locales soient maîtres d'oeuvre de leur propre développement : Il s'agit de l'autopromotion communautaire.

    L'autopromotion communautaire est une démarche d'appui-accompagnement dans laquelle les populations, principales actrices, prennent en charge leur propre développement en tenant compte des potentialités et contraintes endogènes et exogènes. Dans le développement par l'autopromotion, comme l'a noté Kwan Kaï Hong : « ce sont les acteurs de base qui définissent leurs objectifs et finalités, et déploient des stratégies propres intégrant les relations avec les autres acteurs ».

    Dans le processus d'autopromotion, les principaux acteurs sont les bénéficiaires eux-mêmes; les agents extérieurs ne sont que des facilitateurs. Les agents de développement accompagnent les populations dans leur autopromotion à travers la mise en place des projets de développement, les formations en renforcement des capacités, la formation des structures associatives, la mise en oeuvre des Activités Génératrices de Revenu (AGR), les notions de solidarité et de vie associative, la communication et l'animation de groupe etc.

    En dépit de tous les projets ou programmes mises en place par les institutions de développement, les populations opposent un refus de participation aux projets et ne parviennent pas à garantir leur autopromotion. Que ce soit dans l'identification des activités à réaliser ou lors des rencontres communautaires, il y a toujours des divergences d'opinions et des absences répétées.

    Cependant, tout comme les premières décennies de développement, les premières expériences de développement par l'autopromotion sont aussi soldées pour la plupart par des échecs. Dès lors, l'étude cherchera de répondre à la question centrale : Qu'est ce qui explique les échecs au développement par l'autopromotion des communautés rurales ? De cette interrogation, découlent des questions subsidiaires pour comprendre le phénomène dans le canton dont il est question. Ainsi, l'on se demande : Pourquoi les populations à la base du canton d'Anfoin au Togo ne parviennent-elles pas à s'autopromouvoir ? Quels sont les obstacles à leur autopromotion communautaire ? Une telle situation nécessite une analyse sociologique, d'où la présente étude qui se propose d'identifier les obstacles qui limitent le développement par l'autopromotion des communautés à la base du canton d'Anfoin.

    1.3. Objectifs de la recherche

    Les objectifs sont des « déclarations affirmatives qui expliquent ce que le chercheur vise, cherche à atteindre » N'DA P. (2006 : 50).

    Ainsi notre recherche poursuit plusieurs objectifs.

    1.3.1. Objectif général

    Cette étude se fixe comme objectif général, d'identifier les facteurs explicatifs qui limitent le développement par l'autopromotion des communautés à la base du canton d'Anfoin.

    1.3.2- Objectifs spécifiques

    Il s'agit de façon spécifique de :

    - Cerner les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base

    - Voir dans quelle mesure les querelles liées à la chefferie villageoise dans le canton constituent des échecs aux initiatives de développement par l'autopromotion.

    - Comprendre comment les interactions régulières des populations du canton d'Anfoin avec les citadins et l'emprunt du mode de vie sont des obstacles à leur autopromotion.

    1.4. Hypothèses de la recherche

    « C'est une supposition ou une prédiction fondée sur la logique de la problématique et des objectifs de recherche définis. C'est la réponse anticipée à la question de recherche posée » (op.cit 51). L'hypothèse est donc une proposition de réponse admise provisoirement, par rapport à une question posée, avant d'être soumise à l'épreuve de l'observation et de la validation.

    Cette recherche repose sur plusieurs hypothèses.

    1.4.1. Hypothèse générale

    Les obstacles tant internes qu'externes limitent le développement par l'autopromotion des communautés à la base du canton d'Anfoin.

    Les communautés à la base du canton d'Anfoin, par des divers programmes ou projets de développement, mis en oeuvre par les différents partenaires en développement en leur faveur, devraient pouvoir assurer leur développement par l'autopromotion. Mais les obstacles internes propres à ces communautés et externes (relevant d'une part de l'environnement sociopolitique, en matière de transfert de pouvoirs de décisions aux collectivités locales, de la création des différents cantons par l'autorité politique sans tenir compte des réalités locales et d'autre part, de la proximité du canton par rapport au milieu urbain et des interactions de sa population avec les citadins empêchent leur autopromotion communautaire.)

    1.4.2. Hypothèses secondaires

    - La perte des valeurs de solidarité qu'on reconnait aux communautés rurales est un obstacle à l'autopromotion communautaire des populations du canton d'Anfoin.

    - Les querelles liées à la chefferie villageoise dans le canton empêchent l'autopromotion communautaire.

    - Les interactions régulières des populations du canton d'Anfoin avec les citadins d'Aného et de Lomé et l'emprunt du mode vie urbain sont des obstacles à leur autopromotion communautaire.

    1.5. Variables et indicateurs

    Une variable est une notion plus ou moins abstraite. Elle découle de la question de départ formulée et des hypothèses de recherche émises. Les variables étant abstraites, donc difficiles à appréhender ou cerner, certains indicateurs y sont retenus pour rendre compte des variables. « L'indicateur est ce qui indique, permet de reconnaître une variable, une notion plus abstraite et vaste » (op.cit 55).

    Autrement dit, les indicateurs sont des données observables par lesquelles on peut appréhender les différentes dimensions analysées, en constatant dans la réalité la présence de tel ou tel attribut ou l'état de telle variable. Ils visent à représenter empiriquement le concept et se définissent par rapport à ce dernier.

    Dans le cadre de la présente étude, nous avons deux types de variables : la variable dépendante et les variables indépendantes.

    1.5.1. Variable dépendante et ses indicateurs

    Pour cette étude, il s'agit des obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo.

    · Indicateurs de la variable dépendante

    - Mésentente et divergences d'opinions sur les questions de développement local

    L'entente entre les populations, renforce la solidarité et le lien social. On ne peut pas parler d'autopromotion communautaire, tant qu'il n'y a pas d'entente entre les populations et tant qu'il existe des divergences d'opinions sur les questions relatives au développement local. Dans le canton d'Anfoin, les bénéficiaires des projets de développement boycottent souvent les réunions communautaires, à cause de la mésentente et des divergences d'opinion.

    - Querelles liée à la chefferie villageoise

    Dans le canton d'Anfoin, certains villages n'ont pas de chefferie. Des familles se disputent le trône de la chefferie. Or dans la tradition au Togo, la désignation d'un chef se fait soit, par voie de succession héréditaire, soit par voie de consultation populaire. La chefferie traditionnelle d'un village est comparable à un Etat dont le chef du village est comme le président de la République. Un pays sans chef d'Etat, un est un pays où règne le désordre, l'anarchie et l'instabilité.

    - Absence d'élus locaux

    L'enjeu fondamental de la mise en oeuvre de la décentralisation au Togo a jusqu'à présent été sa concrétisation. L'organisation de l'administration territoriale est depuis longtemps marquée par un certain immobilisme. Cette situation n'a pas aidé à la mise en route effective des collectivités décentralisées. Les communes existantes, et les préfectures n'ont jamais pu jouir d'une véritable autonomie administrative effective malgré les dispositions législatives qui ont été prises. Depuis 1987, il n'y a plus eu d'élections locales. C'est ce qui explique l'absence d'élus locaux aux niveaux des communes, des préfectures et des régions. Les communes et encore moins les préfectures n'ont jamais pu s'administrer librement, c'est à dire, jouir d'une autonomie effective. Cette absence d'élus locaux constitue un des obstacles à l'autopromotion communautaire.

    - Manque d'autonomie financière propre à la communauté

    La décentralisation, si elle est effective, le pouvoir de décision en matière de développement local devrait être conféré aux élus locaux. Chaque préfecture devrait être dotée d'une autonomie financière tout en disposant de ressources propres, et organisée suivant les principes de la libre administration. La décentralisation à travers la responsabilisation des acteurs locaux est une des conditions à la mobilisation des ressources pour la dynamisation des économies locales. Une autonomie financière permettra à chaque préfecture d'impulser le développement de son territoire.

    - Absence de plan cantonal de développement local

    La planification du développement local étant essentiellement orientée vers l'identification et la mise en oeuvre d'initiatives destinées à réduire la pauvreté et améliorer le niveau de vie des populations. Elle permet d'identifier les problèmes locaux cruciaux, de favoriser une réflexion sur les grands axes stratégiques de développement (exemple : diversification de l'économie locale, amélioration des services de santé de base, etc.). Il ne peut y avoir de développement local, si un canton ne dispose pas d'un plan de développement qui leur est propre.

    1.5.2. Variables indépendantes et ses indicateurs

    Ce sont des variables que le chercheur manipule et essaie de mesurer et de comprendre l'influence sur la variable dépendante. Elles reposent sur des éléments pour rendre compte de la variable dépendante qu'est les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à base du canton d'Anfoin au Togo.

    Ø Perte des valeurs de solidarité

    Jadis, les familles traditionnelles en Afrique étaient unies et très solidaires. Ils partagent les mêmes buts et les mêmes objectifs de la survie du groupe et la transmission du patrimoine familiale de nos jours, l'indifférence qui est courante dans les grandes villes africaines, gagne de plus en plus les villages africains. Tel est le cas de certains villages du canton d'Anfoin. Le sens de générosité et de la solidarité qui caractérisait jadis les villages dudit canton s'effacer au profit de l'individualisme. Tout ceci constitue un obstacle à l'autopromotion communautaire des populations.

    · Indicateurs

    - Individualisme chez la population

    Pour Durkheim (2007), là où la cohésion des sociétés traditionnelles repose sur des liens communautaires, la société contemporaine, basée sur la division du travail, requiert une « solidarité organique » qui rend caduc ces liens communautaires. Dans le canton d'Anfoin, la spécialisation des tâches devient de plus en plus perceptible et il n'est plus nécessaire d'entretenir des liens d'ordres affectif ou moral pour amener les individus à coopérer entre eux.

    - Recherche de l'intérêt personnel

    La recherche de l'intérêt personnel est le propre des sociétés dominées par l'individualisme. Aujourd'hui, dans les projets de développement à caractère communautaire, beaucoup de leaders locaux, cherchent leurs intérêts personnels à la place de l'intérêt général de la communauté. Les projets de développement sont pour eux, des occasions pour se remplir des poches. Ceci constitue des pratiques entravant au développement local.

    Ø Manque de cohésion sociale

    Le manque de cohésion sociale conduit au désordre et à la division. La division est source de conflit empêchant les communautés de prendre en main, le développement de leur milieu. Une société solidaire, réussit mieux son autopromotion.

    · Indicateurs

    - effritement des liens sociaux

    La modernité qui gagne les milieux ruraux se traduit par une solidarité organique fondée sur la complémentarité et l'interdépendance des individus et des fonctions sociales qu'ils remplissent. Cette complémentarité, qui résulte de la division du travail social est rendue possible, par un affaiblissement de la conscience collective. L'affaiblissement de la conscience collective ne garantit pas la cohésion sociale et donc conduit à l'effritement des liens sociaux.

    Ø Environnement sociopolitique peu ouvert aux initiatives d'acteurs locaux

    Quand les interventions qui sont censées favoriser les dynamiques locales, mais qui, dans leur mise en oeuvre restent peu conformes aux attentes des acteurs locaux, il y a refus de participation de la population aux activités communautaires.

    · Indicateurs

    - Refus de participation de la population aux activités communautaires

    Il y a participation des populations aux initiatives communautaires, dans la mesure où les actions répondent aux priorités de ces dernières, mais aussi quand elles sont associées aux prises de décision et à toutes les phases de mise en oeuvre des projets.

    Ce chapitre basé sur les cadres théoriques et conceptuel de l'étude a permis d'exposer les motivations qui ont suscité le choix du thème de recherche et la question du développement local dans les pays en africains en général et au Togo en particulier. Le chapitre nous a également apporté un éclairage et les raisons qui expliquent la nécessité d'une responsabilisation des communautés rurales pour leur développement local. Il a par ailleurs précisé les objectifs de recherche poursuivis et tenté de donner des réponses provisoires aux questions formulées dans la problématique et les variables et indicateurs qui en découlent de la thématique de recherche. La question du développement local et de l'autopromotion des communautés à la base a fait et continue de faire l'objet de littérature abondante. C'est ce à quoi s'attèlera le prochain chapitre.

    Chapitre 2 : Définition des concepts et revue de littérature

    Ce chapitre donne la signification des concepts clés utilisés dans la recherche et fait la recension des écrits pertinents et théoriques des différends auteurs qui ont abordés la problématique du développement local et de la décentralisation dans une perspective d'autopromotion des communautés à la base. Diverses théories sont exposées pour pouvoir comprendre le phénomène étudié.

    2.1. Définition des concepts

    Dans cette rubrique, nous procédons à la clarification des notions de base de la thématique de la présente étude à travers l'opérationnalisation des différents concepts. Un tel exercice a une double visée. Il s'agit, d'abord, de faciliter la compréhension de certains termes techniques et enfin de circonscrire les concepts clés des hypothèses.

    - Autopromotion communautaire

    L'autopromotion communautaire est une démarche d'appui-accompagnement dans laquelle les populations, principales actrices, prennent en charge leur propre développement en tenant compte des potentialités et contraintes endogènes et exogènes. Dans ce processus, les principaux acteurs sont les bénéficiaires eux-mêmes ; les agents extérieurs ne sont que des facilitateurs. L'autopromotion communautaire apparaît comme une démarche dans laquelle, une communauté, à partir des problèmes et besoins de son milieu, cherche à aller de l'avant dans un esprit collectif, en tenant compte des contraintes et des potentialités du milieu, afin de garantir de meilleurs conditions de vie de ses membres et de participer au développement de son pays. Des auteurs ont proposé des définitions au concept d'autopromotion.

    Pour Van kaunkelsven J. (1986 :3), le développement par l'autopromotion, c'est d'abord que les populations cibles soient responsables du développement qui est poursuivi. Une telle responsabilité n'est possible que lorsque les communautés à la base ont la possibilité de s'exprimer, de dire ce qu'elles pensent, ce qu'elles espèrent et attendent comme changements.

    Ensuite, l'autopromotion ne se réalisera pas en fonction de modèles de développement extérieurs, mais à partir des besoins et aspirations locales et la satisfaction des besoins élémentaires aura la priorité.

    Enfin, l'autopromotion fait avant tout appel aux acteurs du développement non seulement aux personnes individuellement, mais aussi aux communautés à la base celles-ci étant concernées en premier lieu.

    Identifiant le développement à la base à l'autopromotion communautaire, Dovi E. et al (1989 :15) affirment que ce dernier doit partir des intéressés, de leurs problèmes et/ ou de leurs potentialités. En même temps que le développement par l'autopromotion s'enracine dans les réalités concrètes de chaque aire socioculturelle (enculturation), il doit aider à accorder les capacités et performances humaines, intellectuelles et techniques. D'où, le rôle inestimable de la dialectique du triptyque, formation - action - recherche.

    De son côté, Bicombe L. (1996), tout en assimilant l'autopromotion d'une communauté au développement communautaire, pense que pour pouvoir parler de cette dernière, il faut:

    « que les habitants de cette communauté s'organisent pour prendre des initiatives dans l'intérêt de tous; qu'ils s'entendent sur un but commun à atteindre; qu'ils soient d'accord pour chercher ensemble les moyens nécessaires; qu'ils soient prêts à mettre ensemble leurs efforts pour vaincre les difficultés ».

    N'diaye S. (1996) retient deux dimensions fondamentales que renferme ce concept:

    « L'endogénéité et l'autonomie. Si la première a trait à la nécessaire impulsion du processus par les acteurs locaux qui restent alors maîtres du jeu, l'autonomie, elle, se réfère à une maîtrise relative de l'organisation locale sur ses activités incluant l'exécution de sa mission, l'acquisition de ressources minimales propres et la capacité et la liberté de gérer ses ressources conformément à ses intérêts institutionnels... »

    - Obstacles internes

    Un obstacle, selon le Dictionnaire Larousse c'est « Ce qui empêche d'avancer, ce qui s'oppose à la marche ; ce qui empêche ou retarde une action, une progression ».

    Un obstacle est une entrave ou un gêne, une difficulté empêchant la réalisation de quelque chose. Dans le cadre de la formulation de notre thème de recherche, les obstacles à l'autopromotion communautaire désignent les difficultés liées au développement communautaire par l'autopromotion. C'est tout ce qui empêche l'autopromotion ou le développement local.

    Nous entendons par obstacle interne tout ce qui, relevant d'une communauté à la base et qui l'empêche de s'autopromouvoir.

    - Obstacles externes

    Les obstacles externe dans la présente étude, sous entendent tout ce qui constitue un frein au développement par l'autopromotion des populations à la base et relevant de l'environnement extérieur desdites populations.

    - Lien social

    Le lien social représente l'ensemble des relations et des dispositifs qui permettent de rattacher les individus et les groupes les uns aux autres.

    Le lien social dans une société donnée, désigne ce qui fait que ses membres acceptent de faire partie de la société. C'est l'ensemble des relations sociales et de contacts entre les membres d'une société.

    En sociologie. Il représente l'ensemble des appartenances, des affiliations, des relations qui unissent les gens ou les groupes sociaux entre eux. C'est la force qui lie, par exemple, les membres d'une famille entre eux, ou les membres d'une communauté.

    Pour Tonnies F. (1971), nous pouvons nous rendre compte que la nature du lien social est intimement liée à la structuration sociale qui accompagne le devenir des sociétés. Ainsi, le communautaire désigne une forme de vie où les relations entre ses membres sont proches et intenses et fondées sur la confiance réciproque et la coopération. Par contre avec l'avènement de la modernité qui a fait passer à une forme d'organisation sociale, la société se complexifie et les relations entre les individus passent progressivement vers la forme sociétaire dans laquelle les rapports sociaux deviennent de plus en plus mécanisés, froids et rationnels.

    - Solidarité

    La solidarité est le sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d'un groupe de personnes qui sont moralement obligées les unes par rapport aux autres. Ainsi les problèmes rencontrés par l'un ou plusieurs de ses membres concernent l'ensemble du groupe. La solidarité conduit l'homme à se comporter comme s'il était directement confronté au problème des autres, sans quoi, c'est l'avenir du groupe (donc le sien) qui pourrait être compromis.

    La solidarité humaine est un lien fraternel et une valeur sociale importante qui unissent le destin de tous les hommes les uns aux autres. C'est une démarche humaniste qui fait prendre conscience que tous les hommes appartiennent à la même communauté d'intérêt.

    Pour Durkheim E. (1978), la sociologie doit se préoccuper d'expliquer la vie des hommes en société de façon à ce que ceux-ci puissent espérer vivre en plus grande harmonie. Leur quête primordiale est donc la découverte des mécanismes qui puissent leur permettre de former tous ensemble une société.

    Durkheim considère d'abord, qu'il y a différentes formes de solidarité sociale selon les différents types de société. Ainsi, chaque société se caractérise par une forme différente de solidarité sociale. Pour Tonnies F., il y a eu un passage d'une organisation sociale de type communautaire à une autre de type sociétaire d'où découle une différente configuration du lien social. Pour Durkheim, il y a aussi une transition d'un type de solidarité mécanique à un type de solidarité organique qui correspond à deux modèles d'organisation sociales, respectivement la communauté et la société.

    - Décentralisation

    La décentralisation consiste en un transfert de pouvoirs de l' État vers des personnes morales de droit public distinctes de lui. Elle dispose d'une autonomie plus ou moins grande, selon le degré de décentralisation, d'un budget propre, et reste sous la surveillance de l'État, autorité de tutelle. La décentralisation est un système d'administration dans lequel le pouvoir de décision est exercé à la fois par l'État et par des personnes morales autonomes soumises au contrôle, en principe de légalité, des autorités étatiques. Autrement dit, la décentralisation consiste dans le transfert d'attributions de l'État à des collectivités ou institutions différentes de lui et bénéficiant, sous sa surveillance, d'une certaine autonomie de gestion.2(*)

    La décentralisation est le fait pour les habitants d'un espace géographique donné, dotés de la personnalité morale, de gérer de façon autonome, leurs propres affaires par l'intermédiaire des représentants locaux élus. La décentralisation permet donc aux citoyens d'une localité, de participer aux décisions relatives à leurs intérêts collectifs.

    Pour Deberre J.- C. (2007) « La décentralisation implique un partage du pouvoir, des ressources et des responsabilités et doit permettre de rapprocher géographiquement les prises de décision des populations. »

    - Développement

    Dans son rapport cité par Rist G. (2001), la Commission Sud (1990 :329) a formulé la définition suivante :

    « Le développement est un processus qui permet aux êtres humains de développer leur personnalité, de prendre conscience en eux-mêmes et de mener une existence digne et épanouie. C'est un processus qui libère les populations de la peur du besoin et de l'exploitation politique, économique et sociale. C'est par le développement que l'indépendance politique acquiert son sens véritable. Il se présente comme un processus de croissance, un mouvement qui trouve sa source première dans la société qui est elle-même en train d'évoluer. »

    Dans l'approche de Rostow (les étapes de la croissance) et du diffusionnisme, le développement est définit comme un type de changement social qui peut être obtenu grâce à l'introduction d'innovations dans un système donné, en vue de produire un accroissement du revenu et une meilleure organisation sociale (Mattelart 1990).

    La définition sociologique du développement est celle qui semble présenter le plus de clarté. Cette définition lie le développement au simple fait de la croissance des individus qui composent la société et la possibilité dont ils disposent pour satisfaire leurs besoins vitaux. Ainsi, pour certains « c'est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global » (Perroux F., 1991 :15).

    Pour d'autres, comme Myrdal G. (1978), il s'agit tout simplement  d'un mouvement vers le haut de tout le corps social, en matière de besoins fondamentaux (accès à l'eau, à la santé à la l'éducation, aux loisirs... 

    Enfin, Sen A. (1999), propose une définition plus simple du développement comme étant « un processus d'expansion des libertés réelles de tous les individus.» De toutes ces définitions, il ressort une évidence, celle que le développement est un processus de croissance ou d'amélioration des facteurs sociaux qui garantissent le mieux-être de la population. Ainsi, ces approches définitionnelles semblent mieux refléter la réalité dans la mesure où elles placent l'homme au centre du développement. Comme tel, le développement au niveau sociologique apparaît comme une sorte de facteurs dont disposent les individus et qui favorisent leurs émancipations.

    - Développement local

    Le développement local est une nouvelle approche du développement fondée sur le partenariat, la mobilisation et la participation des forces vives locales (Pecqueur, 2000). Il vise la valorisation des ressources par des acteurs locaux organisés en partenariat pour créer de la richesse, du travail (Boucher et al., 2001).

    Pour Mengin J. (1989) cité par Bonnal J. (1995), le développement local c'est pour les sociétés locales la faculté de relocaliser leur développement, en s'appuyant sur les caractéristiques de leur espace: richesses naturelles, humaines, spécificité de l'espace, organisation sociale propre, tradition culturelle. Pour cela, il faut que la société "récupère" un certain nombre de fonctions sur cet espace, mais aussi opère une sorte de rupture avec le passé. « Le développement local vise ainsi à recréer un espace structuré par des pôles, relativement autonome, capable de négocier avec l'extérieur... »

    Le développement local est ainsi une voie de sortie pour les communautés par rapport à la mondialisation (Leloup et al. 2007).

    - Développement communautaire

    Le développement communautaire répond spécifiquement à un besoin socio-économique des catégories défavorisées de la population. C'est une spécificité du développement local qui offre des possibilités aux couches désavantagées sur un territoire d'entreprendre et de participer à des activités en vue d'améliorer leurs conditions socio-économiques. Douglas, cité par André J. (2007), parle de développement économique communautaire; pour lui, il est « ... un ensemble d'actions collectives visant la satisfaction d'intérêts locaux à caractères socio-économiques ». Selon lui, le développement communautaire conduit à ce qu'il appelle « économie sociale ou alternative » qui se veut un processus de développement appuyé sur « la gestion collective, la recherche de la rentabilité sans objectif d'enrichissement » mais dont la production répond aux vrais besoins de la communauté.

    - Projet de développement communautaire

    Un projet de développement communautaire peut être défini comme une action réalisée dans un objectif socio-économique orienté vers la satisfaction d'un besoin collectif de base (alimentation, santé, éducation, travail, infrastructures de base, information, connaissances, etc.) d'une communauté d'hommes et de femmes leur permettant de s'épanouir dignement. « Il tente d'en valoriser les qualités (ressources, atouts, valeurs), d'en minimiser les handicaps, d'en contourner les contrainte ». (Daniel, N. 2003 :1). Il implique des groupes d'intérêts divers notamment des membres de la communauté, les autorités locales et des agents externes d'appui technique et financier.

    2.2. Revue de littérature

    A ce niveau de la présente étude, nous faisons la revue thématique de la littérature pour voir l'état de résolution du problème que nous avons énoncé plus haut afin de mieux le situer. Cette revue de la littérature est articulée autour d'un certain nombre d'axes principaux.

    2.2.1. Recension des écris pertinents

    La recension des écrits est le fond théorique sur lequel s'établit tout travail de recherche. Elle est considérée comme un inventaire des idées, des théories, des méthodes, permettant d'analyser les approches et les méthodologies en rapport avec le sujet, en vue de mieux définir sa démarche propre. La problématique de l'autopromotion communautaire, le développement local dans un contexte de décentralisation a fait depuis plusieurs décennies, l'objet d'abondantes littératures à travers des différends ouvrages, rapports et publications consacrés à la question. Cette revue de littérature est articulée autour d'un certain nombre d'axes principaux.

    2.2.1.1. Problématique de la participation populaire aux projets de développement

    La participation active des populations est reconnue aujourd'hui comme une condition essentielle au processus de développement. Toute intervention visant une amélioration réelle et durable des conditions de vie des populations est vouée à l'échec, si les gens concernés ne la prennent pas en charge. A moins que les populations ne soient impliquées à tous les niveaux d'intervention, de l'identification des problèmes à la recherche et à la mise en oeuvre de solutions, sinon il n'y aura pas de changement durable. La participation des populations consiste à restituer à celles-ci un pouvoir d'initiative et de décision dans la définition et la mise en oeuvre des actions et programmes qui concernent son propre avenir.

    Ela J-M. (1990) montre que les paysans ne peuvent être simplement des ``assimilés'' ou des ``exécutants'' des programmes qu'on leur impose. Il faut qu'ils participent au choix des décisions les concernant, en vue d'améliorer leurs propres conditions d'existence. On doit permettre aux sociétés rurales d'accéder à une autonomie d'adultes qui prennent en main l'élaboration de leur propre avenir.

    Kouassigan S. (1990) de son côté pense que pour satisfaire les besoins essentiels de la société en général et en particulier, les couches sociales les plus défavorisées de la population et pour parvenir à l'autosuffisance ; les masses doivent être associées à la prise de décision, à la planification et à la définition de leurs propres besoins en matière de développement tout en évaluant leurs capacités économico-financières.

    La plupart des travaux que nous avons analysés ont mis l'accent sur la participation ou l'implication des populations bénéficiaire au projet de développement, comme gage de la réussite des actions de développement. Toutefois, ils n'ont pas parlé des conditions qui peuvent garantir la participation populaire aux initiatives pour un développement local. C'est pourquoi, nous nous intéressons à la partie suivante, aux conflits culturels comme obstacles à l'autopromotion des communautés à la base.

    2.2.1.2. Conflits culturels comme obstacles à l'autopromotion des communautés à la base

    Amouzou E. (2009) atteste que le phénomène de repli culturel ou identitaire se passe aussi et souvent à l'intérieur des frontières nationales entre différentes communautés vivant sur le même espace géographique où des populations, parce que originaires d'ethnies différentes et nourrissant de préjugés les unes envers les autres ou encore s'attachant à des conflits séculaires de classes sociales ou de castes, sont parfois incapables de se regrouper autour d'activités de développement communautaire ; ceci constitue dans une certaine mesure, en n'en point douter, l'un des facteurs majeurs d'échec des processus de développement en Afrique.

    Katagna E. (2006) a aussi démontré ce phénomène dans son mémoire de maîtrise de sociologie portant sur les contraintes et possibilités de la participation des populations à la mise en oeuvre de projets sociaux.

    En effet, étudiant le cas du projet d'Infrastructures Socio-Collectives (ISC) du 4ème PPMR (Plan Pluriannuel de Micro-Réalisation) dans le canton de Kouméa au Nord du Togo, projet dont la mise en oeuvre met un accent particulier sur la participation communautaire, Katagna soutient que l'entente participe dans une large mesure à l'implication communautaire. Ainsi, seuls les villages où la solidarité communautaire et l'entente sont fortes choisissent véritablement les microréalisations qui leur conviennent et enregistrent une forte participation populaire, ce qui n'est pas le cas dans les villages où règnent la mésentente et où il a été constaté par conséquent une faible participation des communautés aux travaux de construction des Infrastructures Socio-Collectives.

    L'auteur de cette étude fort intéressante témoigne à ce propos : « ...Cependant, dans d'autres cas, la participation des villageois qui ne se sentent pas concernés est très difficile à obtenir comme par exemple la réfection des bâtiments scolaires à l'EPP Centrale Sondè. C'est une école pour tout le canton de Kouméa, mais seuls les habitants du village de Sondè où elle est construite se sentant concernés ont participé. (...)

    Dans le canton, il existe des conflits latents entre les différents villages comme par exemples Sondè-Karè ou Sondè- Sèdina qui sont de vieux conflits, mais que les générations actuelles ravivent. Ceux-ci sont source de mésentente entre les populations et ne favorisent pas une bonne participation des bénéficiaires. » (Katagna, E., 2006 : 84)

    Nous pouvons aussi retenir l'existence de deux courants qui dans une démarche dialectique, tentent d'expliquer les obstacles au développement par l'autopromotion du monde rural. Parmi les obstacles, Joachim Koné de Sya relève ceux liés à la nature et aux capacités du projet. A la différence de certains villages où il existe une entente entre villageois, on se rend compte aujourd'hui que quelques villages choisissent de se heurter à des problèmes de mésentente entre quartiers, entre familles ou entre individus. « Ce manque de cohésion, cette division de la société en castes empêchent les ruraux de prendre des initiatives susceptibles d'améliorer leur sort et les rend réfractaires à toute innovation » (Tilakaratna, S., 1983 : 4) Selon l'auteur, la société villageoise, loin d'être une entité homogène est déchirée par des tensions internes. D'une part, on trouve une minorité privilégiée qui a intérêt à ce que la situation n'évolue pas, ou que le changement n'intervienne pas et d'autre part, la masse des petits exploitants, travailleurs sans terres, petits fermiers, etc. qui vit dans la pauvreté.

    Les groupes entre eux manque de cohésion, ne s'entendent pas et se disputent le peu de débouchés économiques que leur offre le village. C'est dans ce sens que Tilakaratna disait qu'il est difficile qu'un processus d'autopromotion s'amorce spontanément en milieu rural et c'est pourquoi une intervention extérieure est souvent nécessaire pour encourager les pauvres à entreprendre des actions dont ils assumeront la responsabilité.

    Ce manque de cohésion dans les sociétés villageoises et partant dans les associations paysannes est l'élément central du premier courant critique qui, entre autre, a abordé les obstacles à l'autopromotion rurale. Cette démarche s'inscrit dans une logique de disqualification du postulat de base sur lequel est construite la thèse anthropologique. D'après cette dernière, la société paysanne, les groupements ruraux étaient caractérisés par une forte cohésion sociale. Cette dernière était telle que face à tout processus d'autopromotion il y a la résistance des paysans. Allant dans le même sens, Blundo G. affirment :

    « Ce qui fait défaut aux associations paysannes, c'est apparemment, cet esprit de corps tant exalté par les anthropologues. Les groupements étudiés montrent leur faiblesse moins parce qu'ils sont le théâtre de conflits, que parce qu'ils ont une faible capacité de les résoudre sans recourir à des médiateurs extérieurs (ONG) » (Blundo G., 1994: 103).

    Ndiaye S. de son coté pensent que :

    « La concentration du pouvoir entre les mains de quelques leaders formant une oligarchie explique d'une part les contraintes et d'autre part, il y a la forte prégnance des leaders sur le fonctionnement et le processus de prise de décision au sein de l'union en se substituant aux organes légaux » (Ndiaye S., 1996 :17).

    L'entente et la cohésion renforcent la société traditionnelle et de surcroit, renforcent le lien social qui se construit à partir de groupes dans lesquels, les individus évoluent et effectuent leur apprentissage (socialisation). La cohésion sociale est menacée si la communauté est divisée, désunie, ou s'il y a une remise en cause de la légitimité de certaines institutions traditionnelles entrainant une baisse de la conscience collective. La mésentente et l'absence de la cohésion empêchent les communautés à la base de garantir leur développement local.

    De ce qui précède, il convient de dire que les conflits séculaires de tous les ordres qui font partie de l'héritage culturel des communautés humaines et transmis à ce titre de génération en génération, peuvent dans une certaine mesure constituer des obstacles à l'autopromotion communautaire.

    2.2.1.3. Chefferie traditionnelle dans la direction d'une institution étatique

    L'un des obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base est la non reconnaissance et l'absence de l'autorité d'un chef traditionnel. En effet, à part son rôle de « gardien des us et coutumes » et de dépositaire de la cosmologie locale, les attributions du chef traditionnel prévues par la législation en vigueur au Togo montrent une très grande diversité qu'on peut répartir en deux catégories : celle que le législateur lui délègue ou dont il attend de lui qu'il les remplisse, et celles qui reviennent au juge traditionnel (Rouveroy V., Van Nieuwaal V., 2000 : 207).

    Cette première attribution du chef traditionnel selon Adriaan et al correspond aux tâches en matière de police générale et rurale, en matière économique et financière, de perception des impôts, ainsi que dans les domaines de l'hygiène et de la voirie, de l'état civil au niveau du chef canton, du suivi des mouvements des étrangers de passage qui séjournent ou se fixent sur leur territoire. Il comprend aussi les attributions du chef traditionnel en matière de règlement des litiges. Son devoir aussi concerne le maintien de l'ordre public dans la localité dont il est le chef.

    Aujourd'hui il faut reconnaître que la tâche d'un chef traditionnel n'est plus une tâche facile car elle est difficile et complexe dans une société en perpétuelle mutation qui abandonne les normes et les attitudes anciennes et où la génération actuelle de jeunes n'accepte plus l'autorité des ainés et des chefs traditionnels.

    Au Togo la chefferie a ceci de particulier qu'elle doit d'abord tenir le rôle d'un outil au service du pouvoir central. Extérieure à l'appareil d'Etat, mais pourtant, d'une certaine manière, assimilable à l'un de ses prolongements, elle est son alliée obligée et sa concurrente directe. Bien qu'elle s'y sache soumise, elle n'ignore pas que, sans son appui, celui-ci n'aurait pas le moindre impact sur la population. Quasi organique, cette dépendance mutuelle est comparée à « un jeu à somme nulle », « sans gagnant ni perdant » (Id : 81-114).

    La désignation d'un chef traditionnel obéissant aux us et coutume doit respecter la tradition d'une localité et devrait se faire par voie de succession héréditaire ou par voie de consultation populaire. C'est ce qui confirme la loi N° 2007-002 du 08 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et aux statuts des chefs traditionnels au Togo, en ses articles 10, 11 et 12 dont nous citons :

    « Art.10 - La désignation et l'intronisation du chef traditionnel obéissent aux us et coutumes de la localité.

    La désignation se fait :

    - par voie de succession héréditaire ou ;

    - par voie de consultation populaire.

    Art. 11 - la désignation du chef traditionnel par voie de succession héréditaire est dévolue au conseil coutumier. En cas de désaccord entre les membres du conseil sur le choix du postulant, le conseil coutumier recourt entre les candidats réunissant les conditions exigées par la coutume et la présente loi à une séance de tirage au sort en présence d'un représentant de l'administration territoriale.

    Art. 12 - la désignation par voie de consultation populaire se fait par alignement des populations ayant atteint la majorité derrière le candidat de leur choix.

    Le candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix est choisi. En cas d'égalité de voix, le candidat le plus âgé est choisi. » (Journal officiel, 2007 : 4).

    Bien que la loi relative à la chefferie traditionnelle et aux statuts des chefs traditionnels au Togo, du 08 janvier 2007 le stipule dans ses articles 10, 11 et 12, aujourd'hui, ce que l'on appelle chefferie traditionnelle est une survivance des formes multiples d'organisations sociopolitiques qu'a connues l'Afrique avant la colonisation. Ce legs de la colonisation a été bien entretenu par le Togo. Au lieu que les populations désignent elles - même leurs chefs, c'est plutôt l'Etat qui leurs impose un chef qui ne retient pas l'assentiment populaire. La voie est donc ouverte pour que le chef traditionnel soit manipulé par le pouvoir en place qui peut prononcer sa destitution ou son maintien, selon son bon vouloir. Devant cet état de chose, les relations entre la chefferie et la population souffrent d'une méfiance réciproque. C'est ce qui explique la désaffection dont les dirigeants locaux font l'objet. Cette situation est source de conflit repérable au nord comme au sud du Togo. L'autorité coutumière subit un très grave préjudice en termes de respectabilité, ce qui conduit au désordre.

    L'autre aspect du problème lié à la chefferie au sud Togo, concerne les conflits de succession au trône. Les communautés sont divisées et se disputent le trône. Une telle situation crée des divisions et des tensions dans les communautés et donc constitue un obstacle à l'autopromotion des villages.

    2.2.1.4. Décentralisation, une option privilégiée pour l'autopromotion communautaire

    La décentralisation est une expression de démocratie permettant à une communauté d'impulser son propre mode de développement. Elle se révèle comme un outil incontournable du développement local. Plusieurs auteurs ont établi une étroite relation entre décentralisation et développement local.

    Pour Doly C. (2010), la décentralisation pour être fonctionnelle, exige qu'un certain nombre de conditions soient remplies. Selon l'auteur, dans la politique de décentralisation, on note l'existence d'autorités locales élues, traduisant une participation politique des populations à travers des élections. Mais pour sa mise en oeuvre, le transfert effectif des compétences aux collectivités locales et l'appui technique et financier de la tutelle sont indispensables. La mobilisation des ressources locales pour permettre aux collectivités d'assurer des services publics de qualité aux populations est gage de réussite du processus de la décentralisation.

    Dabiré B. et Bicombe L. (1996), abordent dans le même sens en disant que la décentralisation appelle une démocratie de proximité; c'est un moyen d'impulser le développement local qui est « une interpellation ». Elle interpelle tous les acteurs de développement, au moins pour deux raisons. D'une part, elle a pour ambition de démystifier les approches classiques de développement, de donner le pouvoir à la base, de promouvoir l'autopromotion des populations, de libérer les énergies populaires, de contribuer à l'enracinement de la démocratie et à la satisfaction des populations locales; d'autre part, elle vise une transformation profonde des sociétés locales. C'est toutes ces raisons qui justifient l'affirmation de Coulmin P. (1984), selon laquelle, le développement local ne peut se concevoir qu'avec les collectivités que la décentralisation a rendues majeures.

    Entre décentralisation et développement local, il y va plus que d'un accommodement entre deux modes de gestion. L'un, redistributif de compétences centrales vers les périphéries de l'Etat, l'autre participatif à la base des forces qui composent une communauté (Deberre J.-C, 2007, cité par Doly C., 2010: 24). Si le développement local est fondé sur la participation et le consensus, la décentralisation en revanche contient l'expression d'un droit de substitution légitime; c'est la différence fondamentale entre la décentralisation comme projet politique et le développement local comme pratique sociale (id: 46).

    Enfin, certains de ces auteurs, considèrent la décentralisation comme un levier du développement local. Elle est un cadre propice à la participation et à la planification. Pour d'autres, elle induit la participation des différents acteurs ; ce qui est un facteur de mobilisation de ressources. Le développement local est lié à la décentralisation et à la démocratisation, car il implique l'expression d'opinion et la prise de décision par les communautés.

    Partant de ces constats, nous pouvons établir une corrélation entre les concepts de Décentralisation et de Développement local à travers le schéma ci-dessous.

    - Transfert de compétences

    - Autonomie dans la gestion des affaires locales

    - Existence d'autorités locales élues

    -Participation politiques et fonctionnement des organes locaux - Partage équilibré des pouvoirs et des ressources

    - Démocratie locale

    - Développement à la base

    - Mobilisation des acteurs à la base

    - Existence d'un projet collectif

    - Mobilisation des ressources locales

    - Fourniture des services sociaux de base

    - Responsabilisation de la population

    - Participation de la population

    Développement local Décentralisation

    2.2.2. Recension des écrits théoriques

    La recension des écrits théorique est le fond théorique sur lequel s'établit tout travail de recherche. Elle est considérée comme un inventaire des idées, des théories, des méthodes, permettant d'analyser les approches et les méthodologies précédentes en rapport avec le sujet, en vue de mieux définir sa démarche propre.

    2.2.2.1. Théorie de développement local participatif

    Le concept de développement local a vu le jour dans un contexte où la vision centralisée de l'Etat était critiquée par certains acteurs locaux. Ces derniers considéraient que le développement d'un territoire devait prendre en compte les besoins et les aspirations des habitants. Une nouvelle logique d'autonomie est alors revendiquée vis-à-vis des centres décisionnels, politiques ou économiques. Le développement local se rapporte ainsi à des actions partenariales entre des acteurs intéressés à l'amélioration des conditions de vie dans leur environnement immédiat.

    C'est vers la fin des années 1950 que prend forme la théorie du développement endogène, par les chercheurs John Friedman et Walter Stöhr. C'est une approche volontariste, qui conçoit le développement comme étant une démarche qui part du bas vers le haut en privilégiant les ressources provenant du milieu local (milieu endogène). Elle fait s'intéresse aux traditions industrielles locales et insiste particulièrement sur la prise en compte des valeurs culturelles et sur le recours à des modalités coopératives.

    L'approche participative du développement local insiste sur l'importance de la participation et de la responsabilisation des populations, dans toutes les actions de développement. Le concept participation est à l'origine des préoccupations actuelles de la prise en compte du '' local ''.

    Bajeddi M. (2002), soutient que l'approche participative, est une approche de concertation, d'ajustement continu et de compromis contractuels qui accompagne une action de développement rural depuis la gestation de l'idée de base, et qui entre dans les moeurs des populations bien au-delà d'une première tentative. C'est une succession de pratiques dictées par des impératifs temporels spécifiques et définies à travers un vécu réels sur le terrain.

    Tremblay J.-F. estime que l'approche participative du développement local repose sur une démarche volontaire d'acteurs se réunissant sur un territoire à taille humaine pour envisager l'avenir de leur territoire. Cela en perspective avec d'autres niveaux d'administration et d'autres échelons politiques de la Nation. C'est une vision du local dans le global, qui voit le territoire comme un système de relation avec d'autres systèmes et d'autres acteurs. Pour cet auteur, les acteurs oeuvrent à l'amélioration des conditions de vie de leurs populations, ce qui passe, notamment par le développement des activités de production, de la santé, de l'éducation et l'approfondissement de la démocratie et la gouvernance locale.

    Du point de vue juridique, l'Organisation des Nations Unies (ONU), dans son article 1 de la déclaration sur le droit au développement, l'Assemblée Générale du 4 Décembre 1986, stipule que :

    « Le droit au développement est un droit inaliénable de l'homme en vertu duquel toute personne humaine et tous les peuples ont le droit de participer et de contribuer à un développement économique, social, culturel et politique dans lequel tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales puissent être pleinement réalisés et bénéficier de ce développement ». (ONU, 1986 : 5).

    Selon la Banque Mondiale (1992), le développement participatif est à la fois une fin et un moyen de développement. En avançant l'idée que le développement participatif est une fin, elle entend se référer à une sorte d'objectif idéal selon lequel le développement durable résulterait de l'action responsable de citoyens politiquement mûrs et qui agiraient à travers d'institutions électives, d'associations ou d'organismes, dans le cadre d'une société démocratique et libre. Toutefois, un tel objectif devrait être compris comme un processus continu et de longue haleine, qui tendrait à améliorer sans cesse la capacité des communautés à s'autogérer.

    Cette idée est beaucoup plus familière car, c'est sous cette forme qu'elle est apparue, il y a deux décennies, dans les politiques de développement.

    Malgré ses avancées considérables, la démarche participative soulève plusieurs critiques. La première interrogation, posée par Seck M. et d'Aquino S. (2001), est dans le caractère participatif, sur le terrain, des démarches développées. La méthode " participative " telle qu'employée sur le terrain se traduit trop souvent à des simples dialogues "participatifs", échanges ritualisés où les acteurs locaux ne font que valider, au mieux alimenter, les analyses et les choix faits par les agents extérieurs.

    Cependant, une grande partie de ces problèmes est due à l'ambiguïté constitutive du concept de la " participation ". Par définition, celui-ci spécifie la présence obligatoire et centrale d'une intervention exogène, à laquelle participent les acteurs locaux, cette situation est peu adaptée à l'émergence d'une dynamique endogène de décision et de planification. L'autonomie des acteurs locaux est en fait loin d'être totale, que ce soit dans la formulation des problèmes, dans le choix des priorités ou dans la prise de décisions. La participation est par essence différente de l'autonomie : c'est toujours la formule d'un agent extérieur qui fait participer aux diagnostics et aux politiques les acteurs locaux.

    Par ailleurs comme solution à ce problème, un nouveau principe participatif est soutenu par Seck et d'Aquino, le principe d'endogénéité. Ce principe consiste à transformer l'acteur local en décideur local dont la règle est que l'accompagnement technique ne fixe aucun objectif préalable à sa démarche d'appui, si ce n'est d'être disponible pour une dynamique endogène de prise de décision concertée sur le territoire. Ici, ce sont les acteurs locaux qui fixent ce qu'ils considèrent comme une priorité dans cette nouvelle prise ou reprise de pouvoir sur leur espace et leurs ressources que la démarche leur propose. La seconde règle est que la planification territoriale est avant tout, une oeuvre politique et non technique, ce qui implique que devant l'incertitude de l'avenir, la responsabilité de choix, avant tout, politiques et éthiques doit être laissée aux décideurs politiques légitimes, selon le principe d'une démocratie représentative, et aux populations, selon une démocratie participative.

    La grande réussite de ces évolutions est dans la reconnaissance de la participation des populations aux actions les concernant, c'est-à-dire la volonté de remplacer la relation d'assistance entre l'encadrement et les populations par une relation de partenariat, basé sur une reconnaissance des savoirs, perceptions et de la légitimité des acteurs locaux. Seule une dynamique réellement endogène pourra se pérenniser et se démultiplier à une échelle raisonnable sans appui extérieur lourd et permanent. Ceci vise à l'installation d'un processus local et collectif de prise de décision. Elle permet aux populations d'installer en amont un cadre stratégique de développement local plus axé sur leurs propres aspirations.

    2.2.2.2. Théorie de la décentralisation

    La théorie de la décentralisation part du principe que pour amorcer un développement local et participatif, il faut accorder un certain pouvoir à des collectivités locales reconnues par la constitution ou par la loi. La décentralisation et le désengagement doivent, par des effets de synergie qui restent à définir, permettre aux populations rurales d'assurer leur développement, plus et de meilleure façon. La décentralisation apparaît comme un effet direct d'une critique de l'Etat au nom de la société civile et d'un renforcement des rapports entre le monde urbain et le monde rural. Jacob cité par Hong et al, (Camara M., 2007).

    Pour Souare et al, (2010), l'objectif de la décentralisation est la prise en charge par les populations elles mêmes de la gestion de leurs propres affaires. Cette prise en charge implique, par conséquent, d'organiser un transfert de compétence de pouvoir et moyens de l'Etat central vers les entités territoriales auxquelles il est reconnu une certaine autonomie, ceci dans le respect et les limites qui découlent du caractère indivisible de l'Etat qui demeure le gardien de l'unité politique et sociale pour l'ensemble du territoire du pays.

    Pour la Banque Mondiale (2011), la décentralisation joue des rôles importants dans l'augmentation de la participation des citoyens dans les activités politiques, économiques et sociales dans les pays en développement, la décentralisation contribue à atténuer les goulots d'étranglement dans les prises de décisions, là où elle fonctionne efficacement. Elle permet aussi de réduire des procédures bureaucratiques complexes et à accroître l'attention des officiels sur les conditions et les besoins locaux. Elle favorise une plus grande représentation politique des divers groupes politiques, ethniques, religieux et culturels dans le processus des prises de décision.

    La décentralisation implique donc, une impérieuse nécessité de créer ou renforcer au niveau des collectivités décentralisées les capacités des ressources humaines qui interviennent aux différents niveaux. Il s'agit donc d'une oeuvre de longue haleine et dont la finalité est un meilleur bien-être de la population.

    2.2.2.3. Théorie du changement social

    Le changement social est l'un des objets les plus controversés chez les sociologues. C'est pourtant l'un des objets privilégiés de la sociologie avec le fonctionnement de la société. Selon la définition de Rocher G., le changement social est : 

    « Toute transformation observable dans le temps, qui affecte, d'une manière qui ne soit que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l'organisation sociale d'une collectivité donnée et qui modifie le cours de son histoire » (Rocher G., 1968 :22).

    En effet, pour Rocher G., il y a d'abord lieu de faire une distinction entre l'évolution sociale et le changement social. On s'accorde généralement à dire que l'évolution sociale est l'ensemble des transformations que connaît une société pendant une longue période, c'est-à-dire pendant une période qui dépasse la vie d'une seule génération ou même de plusieurs générations. L'évolution sociale se rapporte donc à ce qu'on pourrait appeler des tendances séculaires qu'on ne peut observer à une échelle réduite, mais qui apparaissent lorsqu'on adopte une perspective à très longue terme.

    Le changement social quant à lui, selon Rocher, consiste plutôt en des transformations observables et vérifiables sur de plus courtes périodes de temps. Ce changement affecte les représentations, les moeurs, et touche donc à la culture générale.

    Les sociologues, rechignant aujourd'hui aux théories générales, traitent donc du changement social qui s'inscrit dans le court ou moyen terme. Certains vont jusqu'à rejeter toute possibilité de théorie du changement social, considérant que la sociologie doit se limiter à « l'analyse de processus de changement datés et signés » (Boudon R. et Bourricaud F., 1982 :64). Mais « les sociologues marxistes ont continué d'appliquer à des champs spécifiques (l'Etat, la question urbaine, le développement, etc.) le principe du changement social par les conflits de classe » (Durand J.-M et Weil R., 2006 : 397).

    Au-delà de tout cela, il faut souligner que les auteurs qui se sont préoccupés de définir le changement social, le caractérisent par les trois dimensions suivantes :

    - Le changement social est repérable dans le temps ; c'est-à-dire que l'on peut désigner ce qui a été modifié entre deux moments. Il tend donc à être identifié par rapport à une situation de référence. Dans le cas de cette recherche il s'illustre par le fait que jadis, les pratiques traditionnelles jouent un rôle important dans la vie des populations. Ces pratiques empreintes de différentes normes, sont consacrées par la tradition et demeurent les garants de l'équilibre social et de la prospérité des populations. Au rang de ces richesses, on note l'importance accordée au travail, la préservation de la nature, la cohésion, l'honnêteté, le respect des cadets envers les aînés et la solidarité familiale (entraide, unité de production et de résidence). Ces valeurs ont pour vocation de maintenir l'ordre social. Cependant, de nos jours, certaines de ces vertus ont totalement disparu. D'autres, par contre, essaient difficilement de survivre tandis qu'une grande part est devenue méconnaissable en raison des mutations qu'elles ont connues. C'est dans cet état de déperdition culturelle que se trouvent actuellement la plupart des zones rurales du Togo.

    - le changement social est durable ; c'est-à-dire que les transformations structurelles observées ont une certaine stabilité.

    - le changement social est évidemment un phénomène collectif ; il concerne une communauté, une organisation, une collectivité ou des individus pris collectivement. Le changement social fait appel à des facteurs tels que le progrès technique (les innovations), les valeurs culturelles, la démographie etc.).

    2.2.3. Cadre théorique de référence

    Pour comprendre les obstacles à l'autopromotion communautaire de la population du canton d'Anfoin, il est nécessaire de se référer aux théories d'Emile Durkheim, de Georg Simmel, à la thèse diffusionniste développée par Boas, Sapir et Balandier G. et enfin à la théorie du changement social développée par Rocher G.

    2.2.3.1. Théorie de la division du travail social

    Durkheim E. (2007), témoin de la naissance de la société industrielle et, pour qui l'étude des formes de la solidarité sociale relève de la sociologie, s'est posé la question de savoir, comment s'unissent les hommes dans une société qui s'individualise sans cesse. Il définit ainsi deux formes de solidarité sociale. La première, dite solidarité mécanique, correspondant à une société dans laquelle les individus sont semblables et partagent d'une même manière et d'une même intensité les éléments constituant la conscience collective. Cette forme de solidarité est le reflet des sociétés traditionnelles où la spécialisation et la division des tâches sont très faibles (Durkheim E., 2007 : 35-78).

    La seconde forme de la solidarité est dite organique et est caractéristique des sociétés modernes dont les signes distinctifs sont la spécialisation, l'interdépendance et la complémentarité des tâches des individus. Dans le processus de transformation d'une société traditionnelle à une société moderne, les individus, entendus comme sources autonomes de pensée et d'action, se particularisent. Cette dynamique de singularisation des individus conduit à la modification radicale de la vie sociale avec comme toile de fond, l'affaiblissement progressif et inéluctable de la conscience collective. Ce qui fait que les individus ne partagent plus tous les mêmes croyances et que celles-ci ne s'imposent plus à eux avec la même intensité (Id : 79-102).

    2.2.3.2. Théorie des relations sociales

    Simmel G. (2009), s'inscrivant dans la même logique que Durkheim E., il distingue deux sortes de relations sociales : les relations affectives et les relations rationnelles. Selon lui, ces dernières ont pris une importance considérable dans les sociétés modernes du fait de la multiplication des relations marchandes et la ville constitue à ses yeux la forme d'organisation sociale la plus propice aux relations fondées sur la rationalité. Avec la rationalité, l'action devient téléologique et se caractérisent par la coordination rationnelle des moyens à une fin et, partant, par la combinaison intelligente de la causalité et de la téléologie. Ainsi, la dialectique de la réification des rapports sociaux et de la libération formelle de l'individu indiquant que la monétarisation, la dépersonnalisation et la fonctionnalisation des relations sociales entraînent la libération des relations de dépendance personnelle. De même, la dialectique de la rationalisation et de la perte de sens montre que la monétarisation et l'intellectualisation de la vie ouvrent la voie à la prédominance des moyens sur les fins et aux sentiments modernes de déracinement et d'absurdité (Id : 81).

    L'institutionnalisation de l'économie monétaire qui est le fondement de toute activité économique stimule encore davantage le processus d'individualisation basé sur l'unicité qualitative et le caractère irremplaçable qui est caractéristique des milieux urbains (Ibid : 11, 36, 41). L'auteur arrive à la conclusion selon laquelle, la monnaie, une fois devenue une fin en soi, exerce une grande influence sur les contenues de la société et, en particulier, sur la façon de penser et de percevoir le monde. Les passions et les sentiments s'effacent devant les calculs rationnels et la recherche des intérêts. Auparavant interpersonnelle, la monnaie comme la ville ont bouleversé les relations sociales pour leur donner un contenu impersonnel.

    2.2.3.3. Théorie du diffusionnisme

    En se référent à la théorie du diffusionnisme, la thèse centrale (Boas3(*), (1928), Sapir4(*), (1967), est que certains traits culturels ont pu passer d'une société à l'autre à l'occasion de migration ou d'échange. La culture d'un groupe social serait donc plus le fait d'emprunts et d'imitations que d'invention, bien que ces emprunts puissent faire l'objet de réinterprétations dans le cadre de la société d'accueil. Celle-ci interprète et prend ce qui est bon pour elle et lui donne son sens.

    Selon Rogel T. (2003 :119), la thèse diffusionniste est d'autant plus plausible que l'on retrouve des traits semblables sur des aires géographiques différentes et que ces traits ont tendance à se transformer ou à disparaître à mesure que l'on s'éloigne de ces aires. L'approche diffusionniste a alors le gros avantage de rappeler que les sociétés sont rarement des entités closes sur elles-mêmes mais elle repose cependant sur trop d'hypothèses pour pouvoir être conservée telle quelle.

    Georges Balandier cité par Rogers T. (Id : 119), de son côté rappelle que les sociétés africaines ont toujours changé à cause du commerce et du contact avec l'Islam. Les changements sont donc de deux types : la « dynamique du dedans » due à l'évolution de structures aux temporalités différentes et la « dynamique du dehors » due au contact entre les sociétés et, qui selon Balandier, occupe une place de plus en plus importante au XXe siècle.

    Le chapitre 2 a permis de faire une clarification conceptuelle des mots clés employés dans cette recherche et de faire un tour d'horizon sur la littérature consacrée à la problématique du développement local, de l'autopromotion des communautés rurale, de la décentralisation. Il a exposé les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations rurales à travers différentes thématiques.

    Chapitre 3 : Cadres physique et méthodologique

    Ce chapitre présente le canton d'Anfoin et traite successivement de la méthodologie de recherche retenue, des techniques de collecte des données, de l'échantillonnage, du traitement des données et des difficultés rencontrées sur le terrain.

    La méthodologie de la recherche est basée sur la documentation couplée avec les recherches quantitative et qualitative au moyen d'un questionnaire et d'un guide d'entretien adressé au l'échantillon retenu de même qu'aux personnes ressources du canton.

    3.1. Cadre physique de la recherche

    « Toute étude qui ne se déroule pas dans un laboratoire épouse nécessairement un cadre physique ou milieu afin de bien circonscrire le phénomène ou l'événement à étudier et prend en sciences humaines le nom d'étude en milieu naturel ou sur le terrain ». (N'DA, P., op. cit 100). C'est donc pour répondre à cette exigence scientifique que nous avons choisis le cadre physique du canton d'Anfoin.

    3.1.1. Présentation de la zone d'étude

    Le Canton d'Anfoin est le cadre physique retenu pour cette recherche. Ce site a été choisi en raison des contraintes sociales du milieu en matière de développement local en rapport avec la problématique de cette étude.

    3.1.1.1. Situation géographique

    Le canton d'Anfoin est situé dans la préfecture des Lacs dans la Région Maritime au Sud-est du Togo. La préfecture des Lacs couvre une superficie totale de 712,5 km2 et est limitée au Nord par la préfecture de Yoto, au Sud par l'Océan Atlantique, à l'Est par la République du Bénin et à l'Ouest par les préfectures de Vo, Zio et Golfe. Sur le plan administratif, elle héberge la sous-préfecture d'Afagnan.

    Le canton d'Anfoin est limité au Sud par le canton de Glidji, au Nord par le canton d'Attitogon, à l'Est par le canton d'Aklakou et à l'ouest par la préfecture de Vo. Il regroupe les villages suivants : Anfoin-Apédomé, Koutigbé, Assagba-Kopé et Hangoumé et les fermes environnantes de ces villages.

    3.1.1.2. Géologie et climat

    Sur le plan géologique les terres sont pour la plupart hydromorphes dans la partie Est du canton et plus sableuses à l'Ouest. La plus grande partie des sols de la préfecture appartient à la classe des sols ferralitiques désignés communément sous le vocable de « terres de barre ». Ce sont généralement des sols peu profonds, meubles, perméables et bien drainés. Ils sont profondément altérés, fragiles et leurs teneurs en éléments nutritifs sont relativement faibles. Leur texture est du sable limoneux ou limon sableux en surface devenant progressivement de l'argile sableuse en profondeur. Leurs teneurs en matière organique et en éléments fertilisants sont faibles. Les sols de la partie Sud-est sont moins productifs que ceux de la partie Nord et Nord-Ouest de la région. Dans le secteur des Lacs, la végétation naturelle est quasi inexistante. Elle a fait place aux champs de maïs, de manioc, de niébé, de patate douce et de palmier à huile.

    Sur le plan climatique, la préfecture des Lacs compte deux saisons pluvieuses. La grande saison débute en mars et se termine en juillet, avec un maximum de précipitation en juin et la petite plus irrégulière va de fin septembre au début novembre.

    3.1.1.3. Population5(*), tradition et religion

    D'après les résultats du quatrième Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH 4), la population du canton d'Anfoin en 2010 est de 13.703 habitants dont 6.619 hommes et 7.084 femmes. C'est une population dont la majorité est animiste avec quelques minorités de chrétiens. Les Mina et les Watchi sont les ethnies dominantes dans le canton. D'autres ethnies venues du Benin et du Nigeria y sont présentes. Il s'agit respectivement des Fon et des Yourouba.

    Le canton connaît un fort mouvement migratoire vers Aného et Lomé et vers les autres villes du Togo.

    Sur le plan traditionnel ou culturel, la préfecture des Lacs, plus précisément le canton d'Anfoin offre une richesse culturelle authentique très diversifiée dans ses moeurs et coutumes, dans ses chants et danses, dans ses contes et rythmes musicaux. Cette diversité culturelle s'apprécie lors de grandes manifestations, de spectaculaires démonstrations de chants et danses que la pratique d'une tradition séculaire a su garder à l'abri de toute dégradation. Dans la préfecture des Lacs, le passé est intimement lié au présent. Les coutumes et les traditions sont partout vivaces à côté des religions importées. Des fêtes et des cérémonies ethniques innombrables rythment la vie et donnent lieu à des manifestations vivantes et colorées qui traduisent les valeurs culturelles du canton. Aného, capitale du peuple Guin possède un de ces folklores qu'on ne trouve nulle part ailleurs : Adjogbo, Gbékon, deux danses à l'accoutrement et aux figures originales.

    La religion dominante dans le canton d'Anfoin est l'Animisme. On y retrouve aussi le Christianisme et d'autres religions importées un peu partout.

    3.1.1.4. Economie

    Dans le canton d'Anfoin tout comme dans la plupart des zones rurales du Togo, l'agriculture est la principale activité économique des populations. Le système de culture repose sur l'association des cultures impliquant le plus souvent 2 à 3 cultures (maïs, manioc, arachide ou niébé). La culture est continue sans période de jachère. On y cultive également des produits de rente tels que le palmier à huile qui sert à la fabrication du vin de palme. Les outils utilisés sont rudimentaires. Il s'agit principalement de la houe et du coupe-coupe. L'une des particularités de cette agriculture est qu'elle est pratiquée par de petites exploitations familiales qui cultivent à la fois les produits de rente et les produits vivriers.

    On retrouve à côté des activités agricoles, l'élevage de petits ruminants, des porcs et des volailles.

    Le secteur informel caractérisé par le développement de petites activités commerciales (des Activité Génératrice de Revenu (AGR)) est très développé et participe à l'économie locale.

    3.2. Cadres méthodologique de la recherche

    Descartes, R. (1992 : 23), fait remarquer dans son Discours de la méthode que l'absence de règle dans la recherche de la connaissance et de la vérité, entraîne indubitablement la raison, cette « puissance de juger », dans des contradictions sans fin.

    Cette partie se propose de décrire l'ensemble des règles, étapes et procédures auxquelles cette recherche a eu recours pour cerner le thème de l'étude.

    3.2.1. Techniques de collecte de données

    Pour recueillir les informations sur le terrain afin de confirmer, d'infirmer ou de nuancer l'hypothèse de recherche, nous avons eu recours à des méthodes complémentaires de recherche prescrites en sciences sociales.

    3.2.1.1. Recherche documentaire

    Le domaine de recherche faisant l'objet de nombreux écrits, de recherches universitaires, de colloques internationaux et nationaux soldés par des résultats scientifiques, unanimement acceptés et utilisés par l'ensemble des acteurs de développement. En parcourant ces recherches, nous avons pu nous faire une idée plus claire de la problématique de la participation des communautés rurales aux projets de développement, mais aussi, une idée sur les obstacles à leur autopromotion communautaire.

    La recherche documentaire a été réalisée sur la base d'une démarche articulée et argumentée, qui a permis l'élaboration de la partie théorique, conceptuelle et méthodologique de cette étude. A cet effet, nous avons consulté les articles scientifiques, les ouvrages généraux et méthodologiques, les rapports de projets, les mémoires et thèses d'étudiants. De plus, grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, certaines données ont été recueillies sur Internet. Nous avons ainsi consulté des documents à : l'Unité de Recherche Démographique (URD), la Direction Générale de la Statistique et de Comptabilité Nationale (DGSCN), l'Ecole Africaine des Métiers d'Architecture et d'Urbanisme (EAMAU), la bibliothèque de la FLESH de l'université, la bibliothèque universitaire de Lomé.

    Mais à elle seule, la recherche documentaire est insuffisante et ne permet pas de rendre compte de la réalité du terrain. D'où la nécessité de faire des enquêtes sur le terrain.

    3.2.1.2. Pré-enquête

    Elle s'est déroulée tout au long de la période où nous avons eu à mettre en oeuvre des projets de développement dans le canton (Décembre 2009 à juillet 2012). Elle nous a permis de nouer les tous premiers contacts avec la communauté, de connaître son organisation sociale, son historique et surtout de connaître les réalités du terrain avant l'enquête proprement dite.

    3.2.1.3. Recherche quantitative

    Elle a permis de quantifier les données et de dégager les tendances sur la base des chiffres parlant. La recherche quantitative (le questionnaire) donnerait surtout l'occasion d'apprécier l'adéquation de la pertinence des réalités de terrain auxquelles nous sommes confrontés.

    - Groupe cible

    La population cible est la société ou l'ensemble des éléments concernés par l'étude. N'DA, P. (op. cit 101), la définit comme « une collection d'individus (humains ou non), c'est-à-dire un ensemble d'unités élémentaires (une personne, un groupe, une ville, un pays) qui partagent des caractéristiques communes précises par un ensemble de critères ».

    Le groupe cible concernée par cette étude est la population d'Anfoin âgée de 20 à 69 ans des deux sexes.

    - Echantillonnage

    Interroger une population entière n'a jamais été chose facile surtout en Sciences sociales. Par définition, l'échantillonnage est la technique par laquelle une portion de la population d'étude est interrogée sur une série de questions dont les résultats sont généralisés sur l'ensemble de la population.

    L'échantillonnage doit être, par conséquent, représentatif. La méthodologie utilisée pour le choix des échantillons est celle des sondages stratifiés. Cette méthode consiste à découper la population en sous-population homogène appelée `'strate''. C'est l'ensemble de ces sous-populations qui constituera notre échantillon. Cette méthode permettra d'analyser les différents obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo.

    Ainsi, la zone d'étude est divisée en 4 strates. Ces 4 strates sont composées des 4 villages qui constituent le canton d'Anfoin (Anfoin-Apédomé, Assagba-kopé, Koutigbé, Hangoumé)

    Selon les résultats du quatrième recensement général de la population et de l'habitat (RGPH 4), le dernier recensement effectué au Togo, la population du canton d'Anfoin en 2010 est de 13.703 habitants.

    Pour cette recherche, certains groupes d'âges ont été exclus de l'échantillonnage retenu. Ces personnes sont exclues parce que, certains sont trop jeunes pour répondre à des questions concernant le développement de leur milieu, tandis que l'âge avancé des autres ne leurs permet pas de répondre à des interrogations. Il s'agit des moins d'un (1) an, les tranches d'âge comprises entre 1-19 ans, 70 ans ou plus et les non déclarés lors du dernier recensement général de la population Togolaise en 2010. Les moins d'un (1) représentent au total 397 ; la tranche d'âge comprise entre 1-19 ans représente au total 6.738 personnes. Par contre la tranche d'âge comprise entre 70 ans ou plus et les non déclarés représentent 759 personnes. Au total, 7.894 personnes sont exclues.

    Ainsi, l'effectif de la population soumis à l'étude est de 5.809 habitants.

    Connaissant l'effectif de la population, la formule suivante a été utilisée pour prélever l'échantillon représentatif de la population à interroger :

    5.809 x 3/100 = 174,27 soit 175 enquêtés. Ce taux d'échantillonnage a été retenu à cause la taille trop élevée de la population mais aussi des moyens financiers limités pour la réalisation de l'étude.

    - Elaboration du questionnaire

    L'outil de collecte de données quantitatives en Sciences Sociales est le questionnaire structuré ou semi structuré. Selon Quivy R. et al. (1995 : 190) « Elle consiste à poser à un ensemble de répondants, le plus souvent représentatif d'une population, une série de questions relatives à leur situation sociale, professionnelle ou familiale, à leurs opinions [...] ou encore sur tout autre point qui intéresse les chercheurs. »

    Par souci d'avoir des données quantifiables sur les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo, il a été procédé à l'administration indirecte de questions au public cible aux fins de vérification des hypothèses théoriques émises ci-haut. Cette technique se justifie par le fait que, la plupart des enquêtés ne savent ni lire ni écrire. Il est subdivisé en quatre (04) sections et comprend au total trente six (36) questions, certaines fermées et d'autres ouvertes.

    - Pré-test des outils

    Il est motivé par le souci de tester l'efficacité des outils (le questionnaire et le guide d'entretien individuel et collectif) de collecte des données sur le terrain. Ceci a permis de vérifier la clarté, la pertinence et la compréhension des questions. En effet, le pré-test a été réalisé sur un échantillon de 20 personnes (des deux sexes, dont l'âge est compris entre 20 et 69 ans) dudit canton. Il nous a permis de corriger surtout le questionnaire et de mieux le structurer pour l'enquête proprement dite.

    - Administration du questionnaire

    Après l'élaboration et la validation des outils, une collecte de données a été effectuée auprès de la population concernée par cette étude.

    Deux modes d'administration ont été privilégiés : l'auto-administration et l'hétéro-administration.

    Dans l'auto-administration, le questionnaire a été rempli par les enquêtés eux-mêmes à partir des consignes données par écrit.

    Dans l'hétéro-administration, les enquêteurs ont rempli eux-mêmes le questionnaire à partir des réponses des enquêtés. Il s'agit là d'une administration orale aux enquêtés qui maîtrisent très peu le français.

    A ce niveau, deux situations sont observées. Dans le premier cas de figure, les enquêteurs lisent le questionnaire en français et les réponses données en français sont remplies. Dans le second cas, le questionnaire est traduit en langue locale et les personnes concernées répondent en langue locale et les enquêteurs remplissent le questionnaire.

    Il convient de relever que la traduction du questionnaire en langue locale biaise la collecte des données. Toutefois, les entraînements faits aux enquêteurs ont permis d'avoir une bonne maîtrise de la passation et de limiter ainsi les erreurs.

    - Traitement des données quantitatives

    Les données du questionnaire ont été dépouillées puis traitées statistiquement.

    Le traitement statistique a été fait grâce au logiciel SPSS et Excel. Ce logiciel permet un traitement rapide et d'avoir des résultats fiables. Ces résultats ont été présentés sous forme de tableaux simples ou croisés et de graphiques.

    Le recours au traitement statistique se justifie par le souci de fiabilité et de minimisation des erreurs.

    3.2.1.4. Recherche qualitative

    La recherche qualitative a été mise en oeuvre à travers les techniques d'entretien individuel. Une telle recherche nous a permis d'avoir des données qualitatives sur le problème étudié.

    En effet, la recherche qualitative se sert de techniques spécialisées afin d'obtenir des réponses approfondies sur ce que les individus pensent et ressentent. Elle permet de mieux comprendre les attitudes, les croyances, les motifs et les comportements de la population concernée par l'étude.

    Elle a permis d'approfondir la connaissance sur les obstacles à l'autopromotion des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo. Pour cela, des séances entretiens ont été organisées avec des personnes ressources du milieu.

    3.2.1.4.1. Entretien individuel

    Par souci de pallier les limites du questionnaire et le caractère suggéré de certaines réponses, la méthode laissant une marge de manoeuvre à certains enquêtés dans leurs réponses a été retenue. Cette technique n'est pas utilisée à tout l'échantillon retenu mais seulement à des personnes ressources du milieu (le Chef Canton et les Chefs des villages).

    3.2.1.4.2. Entretien de groupe

    Elle s'est faite à l'aide d'un guide d'entretien parmi un échantillon de dix personnes composé des membres des Comités Villageois de Développement (CVD) de chaque village. Au total 4 entretiens de groupe ont été organisés. Elle a permis de recueillir des informations pertinentes concernant les obstacles internes à leur autopromotion.

    3.2.1.4.3. Observation

    Elle est la constatation des faits tels qu'ils se manifestent sans l'intention de l'observateur de les modifier. Cette technique a permis de noter les absences et les boycottes pendant les travaux communautaires et lors des réunions des CVD des différents villages du Canton où il en existe ; mais aussi de noter les divergences d'opinions pendant la tenue des réunions relatives aux questions de développement des villages en particulier et du canton en général.

    3.2.1.4.4. Traitement des données qualitatives

    Les données de l'entretien individuel et de groupe ont été soumises à l'analyse qualitative. Cette analyse a consisté en une analyse de contenu. A cet effet, la technique utilisée est l'analyse de contenu logico-sémantique. Il s'agit de saisir le sens immédiatement accessible du contenu des discours des enquêtés, sans rechercher les connotations. L'analyse a été alors thématique : les idées maîtresses du discours ont été regroupées autour d'un certain nombre de thèmes. Il s'agit d'une observation directe à l'aide d'une grille. En effet, la grille d'observation est une série de catégories ordonnées de données préalablement établies pour servir de base d'enregistrement d'informations sur le terrain lors des opérations d'enquête.

    3.2.1.5. Difficultés rencontrées

    La réalisation d'une étude scientifique est une oeuvre parsemée de difficultés et le chercheur est amené à envisager des pistes de solutions pour les surmonter et ainsi limiter leur impact sur la fiabilité des résultats obtenus.

    Les principales difficultés rencontrées dans la réalisation de cette étude sont de deux ordres: celles liées à l'élaboration du cadre théorique et méthodologique et celles du terrain.

    - Difficultés liées à l'élaboration du cadre théorique et méthodologique

    Divers documents ont été consultés. A ce niveau, le vieillissement de certaines sources qui ne reflètent plus la réalité actuelle est l'une des difficultés parmi tant d'autres.

    En outre, la plupart des travaux réalisés sur le développement local et la participation des communautés rurales aux projets de développement sont d'ordre général et ne traite pas spécifiquement des obstacles à l'autopromotion communautaire.

    Pour pallier ces difficultés, le recours à la recherche sur internet a été opté malgré ses insuffisances. Une telle approche a donné l'accès à la littérature scientifique sur la problématique de l'étude.

    - Difficultés liées au terrain de recherche

    La réalisation des opérations de collecte des données, n'est pas choses facile. Elle se heurte toujours à de multiples obstacles qu'il convient de signaler.

    Malgré les efforts déployés pour mettre en confiance les enquêtés, les enquêteurs ont eu à faire face à la méfiance de certains d'entre eux. D'aucun ont carrément refusé de participer à la recherche prétextant le manque de temps. D'autres, par contre ont confondus l'équipe d'enquêteurs aux acteurs politiques, qui cherchent à recueillir des informations auprès d'eux en disant qu'ils sont fatigués de la vie sociopolitique du Togo. Malgré les explications qui leur ont été données sur le but de l'étude, ils sont restés en grande partie réticents. Ils assimilent l'équipe le plus souvent comme des enquêteurs de l'Etat Togolais qui, voulant cacher leur propre identité, se font passer pour des étudiants en fin de cycle.

    En Effet, beaucoup des enquêtés ont hésité avant de collaborer à la recherche. Ils estimaient que ce n'est pas cette étude qui changerait le cours des choses dans leur localité.

    Devant ces propos et ces réticences il a été estimé que ces attitudes des enquêtés s'expliqueraient par le vécu de leurs conditions de vie difficiles et leur sentiment de marginalisation de leur milieu. Les réticences observées ne sont pas extraordinaires car elles font partie des aléas des recherches sur le terrain.

    Malgré ces difficultés, la collecte des données nécessaires de la présente étude a été faite. Pour y arriver, il a fallu développer des stratégies de mise en confiance. Ainsi, les enquêtés ont été rassurés sur le caractère confidentiel des données (sauf à des fins de cette recherche), en leur faisant comprendre que le traitement statistique rendra les opinions personnelles anonymes. Aussi, il leur a été fait comprendre que les études de terrain sont un moyen de sensibilisation des pouvoirs publics sur les obstacles rencontrées par les communautés à la base en matière de développement local.

    En définitive, les difficultés rencontrées et les approches de solutions pour les surmonter, ont contribué à réaliser ce travail de recherche.

    Les résultats collectés sur le terrain feront l'objet d'analyse et d'interprétation afin de pouvoir procéder à la vérification des hypothèses émises. C'est ce à quoi s'attèlera la deuxième partie de la recherche.

    DEUXIEME PARTIE :

    PRESENTATION, ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS

    Chapitre 4 : Présentation des résultats et analyse des résultats

    Dans ce chapitre, il est question de la présentation des données recueillies sur le terrain suivi de leurs analyses. Les données recueillies sur le terrain à l'aide des diverses techniques de collecte décrites ci-dessus, après dépouillement, sont présentées en tableaux et en graphiques suivis d'analyses succinctes. L'articulation de ce chapitre respecte celle du questionnaire d'enquête mais certains tableaux et graphiques sont le produit de croissement entre différentes sections.

    4.1. Identité des enquêtés

    Tableau 1 : Répartition des enquêtés selon l'âge et le sexe

    Sexe

    Ages

    Masculin

    Féminin

    Total

    effectifs

    %

    effectifs

    %

    Effectifs

    %

    [20-24]

    24

    25,3

    10

    13

    34

    19,4

    [25-29]

    22

    23,1

    8

    10

    30

    17,1

    [30-34]

    19

    20

    3

    3,7

    22

    12,6

    [35-39]

    1

    1,1

    8

    10

    9

    5,2

    [40-44]

    26

    27,4

    39

    48,7

    65

    37,1

    45 ou plus

    3

    3,1

    12

    15

    15

    8,6

    Total

    95

    100

    80

    100

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Nous avons mené notre investigation auprès de 175 personnes (homme et femmes) dans le canton d'Anfoin. 19,4% ont l'âge compris entre 20 et 24 ans. Dans cette tranche d'âge, les hommes sont majoritaires avec un taux de représentativité de 25,3%. Ils représentent au total 17,1 % les enquêtés dont l'âge varie entre 25 à 29 ans. Les hommes sont majoritairement représentés avec un taux de 23,1 %. En ce qui concerne la tranche d'âge allant de 30 à 34 ans, les femmes sont minoritaires, tandis que les hommes sont plus représentés (20 %). Pour la tranche d'âge comprise entre 35 à 39 ans, c'est les femmes qui sont les plus représentées. Leur taux de représentativité s'élève à 10 %. Il en est de même pour l'âge allant de 40 à 44, dont le taux des femmes s'élève 48,7 %, pour un total de 37,1 % de femmes et d'hommes interrogés. Et enfin, ils sont au total 8,6 % dont 15 % sont les femmes, majoritairement représentées dans la tranche d'âge allant de 45 ou plus.

    Le tableau nous montre donc que la proportion d'hommes interrogée dépasse sensiblement celle des femmes.

    Graphique 1 : Niveau d'instruction des enquêtés

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    De la lecture de ce graphique il convient de dire que la grande majorité des populations du canton sont sans instruction (64%). Très peu, à peine 1% ont un niveau universitaire et seuls 2,3 % ont atteint le lycée.

    Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon le sexe et la profession

    Sexe

    Profession

    Masculin

    Féminin

    Total

    Eff.

    %

    Eff.

    %

    Eff.

    %

    Agriculteur

    14

    14,7

    3

    3,7

    17

    9,7

    Artisan

    5

    5,3

    48

    60

    53

    30,3

    Commerçant

    52

    54,7

    26

    33

    78

    44,6

    Enseignant

    2

    2,1

    -

    -

    2

    1,1

    Autres

    22

    23,2

    3

    3,7

    25

    14,3

    Total

    95

    100

    80

    100

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    La lecture du tableau 2 montre que la majorité des personnes interrogées dans le canton soit 44,6% sont des commerçants. A peine 10 % des enquêtés sont des agriculteurs et 14,3 % mènent d'autres activités du secteur informel (la vente illicite du carburant frelaté, les produits de l'alimentation générale, la vente du pain). Par contre, les enseignants originaires du canton et qui enseignent dans les écoles dudit canton sont très peu représentés avec 1,1 %. Ceci traduit le lien qui existe entre le niveau d'instruction de la population et leurs professions car la majorité des personnes enquêtées n'ont pas accès aux études supérieurs.

    4.2. Chefferie traditionnelle et relations socioculturelles dans le canton

    Tableau 3 : Avis des enquêtés par rapport au problème de chefferie

    Sexe

    Problème

    Masculin

    Féminin

    Total

    Eff.

    %

    Eff.

    %

    Eff.

    %

    Querelles sur l'élection d'un chef

    75

    42,86

    31

    17,71

    106

    60,57

    Mésentente sur l'intronisation d'un chef

    51

    29,15

    17

    9,71

    68

    38,86

    Sans réponse

    -

    -

    1

    0,57

    1

    0,57

    Total

    126

    72,01

    49

    27,99

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Le tableau ci-dessus nous renseigne sur l'avis des enquêtés par rapport au problème de chefferie dans le canton. La majorité des hommes (42,86 %) laissent entendre que les querelles sur l'élection de la chefferie sont récurrentes dans les villages du canton d'Anfoin. Le problème de chefferie se pose sur le mode de désignation du chef du village. Il s'agit souvent des mésententes opposant des différends quartiers d'un même village sur le choix à porter sur un chef du village. C'est ce que nous confirme 38,86 % des enquêtés.

    Tableaux 4 : Satisfaction de la population sur le choix et le mode de désignation d'un Chef du village

    Satisfaction sur le choix porté sur les Chef des

    villages

    Mode de désignation

    et d'intronisation du Chef

    Oui

    Non

    Total

    Eff.

    %

    Eff.

    %

    Eff.

    %

    Par voie de succession héréditaire

    20

    80

    112

    74,67

    132

    75,43

    Par voie de consultation populaire

    5

    20

    2

    1,33

    7

    4

    Par nomination

    -

    -

    36

    24

    36

    20,57

    Total

    25

    100

    150

    100

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Le tableau N°4 parle de la satisfaction de la population du canton d'Anfoin sur le choix et le mode de désignation d'un Chef du village. Il ressort de son analyse que seulement 25 enquêtés (14, 28 %) sont satisfaits sur le choix portés sur les chefs de villages et que 150 soit 85,71 % sont contre. Parmi ceux qui sont d'accord, 80 % le sont par voie de succession héréditaire et 20 % par voie de consultation populaire. Pour ceux qui ne sont pas d'accord, 74,67% sont contre la voie de succession héréditaire et 1,33 % ne sont pas satisfait pour la voie de consultation populaire.

    Graphique 2 : Reconnaissance de l'autorité du Chef

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Les résultats de notre investigation de terrain, montre de la lecture du graphique N°2 ci-dessus que pour la plupart des enquêtés soit 120 personnes affirment que l'autorité des chefs des villages est contestée compte tenu de leur mode de désignation. Mais 55 personnes parmi les 175 reconnaissent leur autorité.

    Tableau 5 : Existence des groupes d'entraide dans le canton

    Réponse

    Effectifs

    Pourcentage

    Oui

    14

    8

    Non

    161

    92

    Total

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    A la question de savoir existe-t-il des groupes ou des associations d'entraide dans les villages du canton d'Anfoin, 92 % des enquêtés ont répondu négativement, soit la majorité, contre 8 % qui laissent entendre qu'il en existe. Les raisons qui justifient cette absence des associations ou des groupes d'entraide, sont compilées dans les tableaux suivants.

    Tableau 6 : Inexistence des groupes d'entraide dans le canton

    Tableau 6a : Répartition des enquêtés suivant les raisons liées à la poussée de l'individualisme

    Raison

    Effectifs

    Pourcentage

    Individualisme

    156

    89,1

    Sans réponse

    19

    10,9

    Total

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Tableau 6b : Répartition des enquêtés suivant les raisons liées au manque de solidarité

    Raison

    Effectifs

    Pourcentage

    Manque de solidarité

    154

    88

    Sans réponse

    21

    12

    Total

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Il ressort de l'analyse de ces deux tableaux ci-dessus présentés que sur 175 personnes interrogées, 156 soit 89,1 % soutiennent que c'est la montée de l'individualisme qui est récurrent désormais à Anfoin qui justifie l'absence des groupes d'entraide.

    En ce qui concerne la raison du manque de solidarité, 154 enquêtés, soit 88 % affirment que la solidarité est en voie de disparition dans le milieu et c'est cette raison qui explique le quasi absence des groupes d'entraide dans le canton d'Anfoin.

    En sommes, il ressort de l'analyse de ces deux tableaux que l'individualisme et le manque de solidarité justifient l'absence des groupes d'entraide dans le canton d'Anfoin.

    Pour aller plus loin dans notre investigation de terrain concernant la question de la solidarité, nous avons interrogé autrement pour savoir si un individu en cas de difficulté économique reçoit quand même l'assistance des sa famille. Les résultats sont compilés dans le tableau ci-dessous.

    Tableau 7 : Assistance portée par les membres des familles en cas de difficulté

    Fréquence de l'assistance

    Effectifs

    Pourcentage

    Souvent

    4

    2,3

    Rarement

    121

    69,1

    Pas du tout

    50

    28,6

    Total

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    121 personnes, soit (69,1 %) ont laissé entendre qu'elles reçoivent rarement l'assistance de leur famille en cas de difficulté économique ou dans d'autres circonstances Par contre, 28, 6% affirment qu'ils ne reçoivent pas du tout l'assistance.

    La question de la solidarité rime avec la tradition si on se réfère au Sociologue Emile Durkheim qui a parlé des formes de la solidarité en milieu rural et en milieu urbain. Dans cet état de perte de valeurs traditionnelles, nous avons cherché à savoir si, dans le canton d'Anfoin, la tradition est toujours respectée ? Le graphique suivant nous en donne une idée.

    Graphique 3 : Respect de la tradition

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    D'après le graphique la majorité (98%) des personnes interrogées disent que la tradition n'est plus respectée dans le canton d'Anfoin.

    4.3. Dynamique de l'autopromotion communautaire et développement local

    Le développement local est une question d'organisation qui repose sur des actions mobilisant les initiatives locales au niveau des petites collectivités et des habitants eux-mêmes, éventuellement avec une aide technique ou financière extérieure. Quand est-il du développement local dans le canton d'Anfoin ? A travers des hypothèses émises plus haut, nous avons collecté auprès des populations dudit canton des données qui sont consignées dans les tableaux suivants :

    Tableau 8 : Raisons entravant au fonctionnement des CDB

    CDB fonctionnel

    Entrave au

    fonctionnement du CDB

    Oui

    Non

    Total

    Eff.

    %

    Eff.

    %

    Eff.

    %

    Mésentente entre les membres CDB

    50

    34

    7

    26,9

    57

    32,9

    Absence de soutien populaire du CDB

    48

    32,7

    12

    46,2

    60

    34,7

    Manque de réunion

    49

    33,3

    7

    26,9

    56

    32,4

    Total

    147

    100

    26

    100

    173

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Le Comité de Développement à la Base est un organe élue lors d'une Assemblée générale villageoise. Ils ont pour mission d'animer et d'organiser le village pour la mobilisation sociale de la communauté en vue de sa participation active au développement local. Aussi leur mission consiste à animer des réflexions sur les problèmes touchant au développement du milieu, d'entreprendre et d'encourager les activités visant la promotion du milieu en mobilisant les ressources locales disponibles et les ressources extérieures. Mais beaucoup de problème entravent au fonctionnement des CDB. Le tableau 8 nous renseigne sur ces entraves au fonctionnement des CDB du canton d'Anfoin. La lecture du tableau montre que la majorité (soit 147) des personnes reconnaissent l'existence de problème dans leur fonctionnement contre 26 qui déclarent qu'il n'existe aucun problème. Parmi ceux qui disent qu'il y a problème, 34 % disent que le problème est lié à la mésentente entre les membres des CDB. 32,7 % disent c'est plutôt l'absence de soutien populaire qui en est la cause. Enfin, 33,3 % des personnes laissent entendre que c'est le manque de réunion qui est à la base.

    Graphique 4: Fréquence des réunions des CDB du canton d'Anfoin

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Le graphique 4 montre que les membres des CDB du canton d'Anfoin ne se réunissent pas du tout pour discuter des questions de développement local touchant leurs villages. C'est ce que confirment 65 % des personnes interrogées.

    Quand est-il des réunions populaires de sensibilisation et des travaux communautaires ?

    Graphique 5 : Participation aux réunions populaires des CDB

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    La lecture de ce graphique montre que la majorité des enquêtés, 89 % ne participent pas aux réunions populaires organisées par les CDB des différents villages du canton contre 11% qui déclarent qu'ils prennent part aux réunions.

    Graphique  6 : Participation aux travaux communautaires

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    De la même façon les réunions populaires sont boycottées, les travaux communautaires le sont aussi. 67 % des personnes interrogées reconnaissent qu'elles ne participent pas du tout à ces travaux. Mais 25 % disent qu'elles y prennent part rarement.

    4.4. Proximité spatiale et diffusion du mode de vie

    Tableau 9 : Déplacements des enquêtés en ville

    Déplacement en ville

    Effectifs

    Pourcentage

    Oui

    160

    91,4

    Non

    15

    8,6

    Total

    175

    100

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    D'après les résultats du tableau ci-dessus, il convient de dire que 91,4 % des enquêtés déclarent qu'ils se déplacent très souvent en ville (Lomé ou Aného) pour des raisons diverses. Mais par contre 8,6 % des enquêtés laissent entendre qu'ils ne font pas le déplacement. Ces déplacements en ville pour la plupart des personnes interrogées témoignent de l'existence de rapports entre la ville (Lomé et Aného) et le canton d'Anfoin.

    Graphique 7 : Durée des séjours des enquêtés en ville

    Source : enquête de terrain du 02 au 04 décembre 2013

    Selon le graphique ci-dessus, la durée du séjour est variable et va de moins d'une semaine à plus d'un mois. La majorité des enquêtés laisse entendre qu'elle passe plus d'une semaine en ville contre 12 % qui en passe moins d'une semaine. A peine 2% des personnes passent plus d'un mois en ville.

    Chapitre V: Interprétation des principaux résultats

    Cette partie consiste à dévoiler le contenu des données recueillies sur le terrain. Il s'agit d'une démarche explicative dans le contexte de l'étude en tenant compte des hypothèses de départ et à la lumière des travaux antérieurs. C'est également une analyse de contenu des informations recueillies à partir des méthodes quantitatives et qualitatives. Ceci nous permet de voir si l'hypothèse posée au départ s'avère vraie ou fausse.

    Ainsi, selon le contexte de l'étude notre interprétation s'articulera autour de trois (3) points suivants : Crise de la solidarité mécanique et échec de l'autopromotion communautaire ; querelles liées à la chefferie traditionnelle, comme obstacles à l'autopromotion communautaire et enfin, proximité spatiale et diffusion du mode de vie

    5.1. Crise de la solidarité mécanique et échec de l'autopromotion communautaire

    Durkheim Emile, étudiant les formes de solidarité sociale, a réussi à identifier deux formes de solidarité. Il s'agit de la solidarité mécanique qui est l'apanage des sociétés traditionnelles et la solidarité organique, qui est caractéristique des milieux urbains.

    Selon Durkheim, la solidarité mécanique, correspondant à une société dans laquelle les individus sont semblables et partagent d'une même manière et d'une même intensité les éléments constituant la conscience collective. Dans cette forme de solidarité, la spécialisation et la division des tâches sont très faibles. L'entraide, la cohésion sociale, l'entente, le communautarisme etc. sont des valeurs que partagent les populations rurales.

    Abordant la seconde forme de solidarité, qui est la solidarité organique, l'auteur affirme qu'elle est caractéristique des sociétés modernes et dont les signes distinctifs sont la spécialisation, l'interdépendance et la complémentarité des tâches des individus. Les individus, entendus comme sources autonomes de pensée et d'action, se particularisent. Cette dynamique de singularisation des individus conduit à la modification radicale de la vie sociale avec comme toile de fond, l'affaiblissement progressif et inéluctable de la conscience collective, la perte des valeurs traditionnelles telles que la cohésion sociale, l'entraide, l'entente. Ce qui fait que les individus ne partagent plus toutes les mêmes croyances et que celles-ci ne s'imposent plus à eux avec la même intensité.

    Dans le canton d'Anfoin, les valeurs traditionnelles précitées ne sont plus respectées et sont en voie de disparition au profit des valeurs modernes. A la lumière des informations recueillies sur le terrain, la majorité des enquêtés, c'est-à-dire 92 % (confère tableau 5) ont laissé entendre qu'il n'existe plus dans le canton des groupes d'entraide. L'entraide est une aide mutuelle motivée par un sentiment de solidarité. C'est aussi une assistance ou un soutien porté à ceux qui en ont besoin. Les groupes d'entraide, sont donc des groupes solidaires, unis et qui sont animés par un esprit communautaire et d'assistance qu'ils portent à leurs membres. L'entraide est très présente dans la cellule familiale. Or, dans le canton d'Anfoin, le tableau 7 nous renseigne que 28,6 % des personnes interrogées ont affirmé qu'elles ne reçoivent pas du tout de l'assistance de leur famille en cas de difficulté économique ou dans d'autres circonstances. Très peu, en reçoivent rarement. Ainsi, la question de l'entraide rime avec les valeurs de solidarité sociale dont parle Durkheim Emile.

    C'est aussi le point de vue de Simmel Georg (2009), qui, s'inscrivant dans la même logique qu'Emile Durkheim, distingue deux sortes de relations sociales : les relations affectives et les relations rationnelles. Selon lui, ces dernières ont pris une importance considérable dans les sociétés modernes du fait de la multiplication des relations marchandes et la ville constitue à ses yeux la forme d'organisation sociale la plus propice aux relations fondées sur la rationalité. Avec la recherche de l'intérêt personnel, l'auteur conclue que la monnaie, une fois devenue une fin en soi, exerce une grande influence sur les contenues de la société et, en particulier, sur la façon de penser et de percevoir le monde. Les passions et les sentiments s'effacent devant les calculs rationnels et la recherche des intérêts. Auparavant interpersonnelle, la monnaie comme la ville ont bouleversé les relations sociales pour leur donner un contenu impersonnel.

    Poussant loin notre investigation, les enquêtés se sont prononcés sur les raisons qui justifient cette absence de solidarité et des groupes d'entraide. A cet effet, sur 175 personnes interrogées, 156 soit 89,1 % (Tableau 6 a) soutiennent que c'est la montée de l'individualisme qui en est à la base. Pour d'autres (Tableau 6 b), la solidarité est en voie de disparition dans le milieu et c'est cette raison qui explique la quasi absence des groupes d'entraide dans le canton d'Anfoin.

    D'après les travaux de Durkheim Emile (2007), il convient de dire que l'individualisme, la solidarité organique ont phagocyté les valeurs traditionnelles de solidarité qu'on reconnait aux sociétés traditionnelles. Dans cette optique la tradition n'est plus respectée (confère graphique 3) où 98 % des enquêtés le reconnaissent.

    Comment se manifeste la perte des valeurs de solidarité dans la dynamique du développement local et de l'autopromotion communautaire ?

    Pour Mangin (1989) cité par Bonnal (1995), le développement local c'est pour les sociétés locales, la faculté de relocaliser leur développement, en s'appuyant sur les caractéristiques de leur espace: richesses naturelles, humaines, spécificité de l'espace, organisation sociale propre, tradition culturelle. L'autopromotion communautaire par contre est une démarche d'appui-accompagnement dans laquelle les populations, principales actrices, prennent en charge leur propre développement en tenant compte des potentialités et contraintes endogènes et exogènes.

    S'inscrivant dans cette dynamique de développement local et de l'autopromotion, les villages du canton d'Anfoin ont mis en place leur Comité de développement à la base, qui est un organe élu lors d'une Assemblée générale villageoise. Ils ont pour mission d'animer et d'organiser le village pour la mobilisation sociale de la communauté en vue de sa participation active au développement local. C'est pour aborder cette question que nous avons eu un entretien avec le Chef canton d'Anfoin et les Chefs des 3 autres villages qui composent le canton. Les entretiens avec les Chefs du village et le Chef canton nous ont permis de savoir comment s'organise les populations autour de la question du développement de leur milieu et les difficultés qui en sont liées.

    En effet, selon les propos du Chef Canton d'Anfoin qui résument celui des autres Chefs de villages :

    « Notre canton dispose d'une Association Villageoise de Développement (AVD), conformément au Décret N°2012-005/PR relatif aux comités de développement à la base du 26 février 2012. L'AVD a pour bureau exécutif, le Comité de Développement à la Base (CDB). C'est par souci de canaliser et de soutenir les initiatives de développement et d'amener nos populations à prendre une part active dans le processus de décentralisation et de développement local. »

    Abordant les difficultés auxquelles est confronté le CDB, il reconnait qu'avant la naissance du CDB, il existait un Comité Villageois de Développement (CVD), qui s'occupait du développement du canton. Mais le comité se réduisait à la Présidente, et à son Secrétaire à cause de la mésentente entre les membres. Le CVD n'a pas été élu lors d'une Assemblée villageoise et donc ne bénéficiait pas du soutien populaire. Il ajoute : « Avec notre nouveau CDB, nous avons besoin d'être accompagné pour doter notre canton d'un Plan Cantonal de Développement (PCD)».

    Toujours, parlant des difficultés il renchérit :

    « Nos populations sont entrain de perdre les valeurs traditionnelles qui nous sont léguées par nos ancêtres. La recherche de l'intérêt personnel, l'individualisme et la mésentente nous détruisent. La population ne participe pas aux travaux communautaires et refuse de cotiser pour contribuer aux projets de développement financés dans notre canton. C'est l'exemple du projet de réhabilitation de la piste rurale Anfoin -Tannou (6 km). Lors de la mise en oeuvre de ce projet, il nous a été demandé de contribuer en espèce ou en nature à hauteur de 5% du montant total du projet, mais la population a refusé de contribuer ».

    Ces propos du Chef canton viennent renforcer, les données collectées auprès de la population. Le tableau 8 et le graphique 4 nous renseigne sur ces entraves au fonctionnement des CDB du canton d'Anfoin. Selon les résultats compilés dans ledit tableau, 50 personnes sur les 147, soit 34 % reconnaissent que leur CDB est fonctionnel, mais que c'est la mésentente entre les membres qui entrave à leur fonctionnement. Pour d'autres (32,7 %), les CDB sont fonctionnels mais n'ont pas le soutien populaire. D'autres encore (33,3%), arguent que c'est le manque de réunion qui en est à la base.

    Aussi les graphiques 5 et 6 nous montrent les taux de participation de la population aux réunions populaires et aux travaux communautaires.

    Des entretiens réalisés avec les membres des bureaux des CDB rejoignent la position des Chefs de village. Selon les propos du Président du CDB Anfoin-Apédomé : « La question du développement de nos villages, interpelle tout le monde mais je ne comprends pas le désintérêt de la population devant les initiatives de développement »

    Cependant, l'autre aspect des obstacles internes à l'autopromotion communautaire de la population du canton d'Anfoin a trait au conflit de chefferie traditionnelle.

    5.2. Querelles liées à la chefferie traditionnelle, comme obstacles à l'autopromotion communautaire des populations du canton d'Anfoin

    A la différence du village d'Anfoin-Apédomé (Chef lieu de canton) où se trouve le Chef Canton, il faut reconnaître que dans la plupart des autres villages du canton, ainsi que les fermes dépendantes de ces agglomérations, il existe des querelles sur la désignation et la reconnaissance de l'autorité d'un Chef du village. Tout porte à croire que le mode de succession au trône, qui est pour la plupart des cas héréditaire, est en train d'être contester par les familles d'une même communauté. Aujourd'hui, toutes les familles veulent succéder au trône. Aussi, l'autorité politique en est à la base des divergences et des querelles itinérantes.

    Sous le prétexte de conférer le pouvoir de décision aux populations locales pour leur propre développement, dans une dynamique de décentralisation des collectivités locales et à des fins électoralistes pour le maintien au pouvoir, on assiste à la création ici et là des cantons qui ``poussent comme un champion'' dans la Préfecture des Lacs. Des villages autrefois regroupés dans un même canton, se retrouvent séparer et ériger en canton avec des Chefs qui sont nommés.

    Le canton d'Anfoin n'en fait pas exception. Auparavant, il regroupait les villages comme : Anfoin-Apédomé, koliafo, Anamé, Logopé, Tokpo, Melly-Domé, Avélé, Koutigbé Hangoumé, Melly-Digbé, Apétokondji, Assagba- Kopé et les fermes dépendantes de cette agglomération. Aujourd'hui, avec les prémisses de la décentralisation en cours au Togo, l'Arrêté interministériel N°001/2013/ MDBBAJEJ/MATDCL portant application du décret N° 2012-005/PR du 29/02/2012, réduit les villages du canton à 4 (Anfoin-Apédomé, Koutigbé, Assagba-Kopé et Hangoumé). Le tableau 3, 4 et le graphique 2, nous donne une lecture de l'existence de querelle et de division sur la chefferie traditionnelle. En effet, l'examen du tableau 3 montre que 60,5 % des personnes interrogées reconnaissent l'existence de querelles sur l'élection de la chefferie dans les villages du canton d'Anfoin. Le problème de chefferie se pose sur le mode de désignation du chef du village. Il s'agit souvent des mésententes opposant des différends quartiers d'un même village sur le choix à porter sur un chef du village. C'est ce qui nous confirme, 38,9 % des enquêtés.

    Cependant, il existe au Togo, deux modes de désignation d'un Chef traditionnel obéissant aux us et coutume. La désignation d'un chef traditionnel doit respecter la tradition d'une localité et devrait se faire par voie de succession héréditaire ou par voie de consultation populaire. C'est ce que confirme la loi N° 2007-002 du 08 janvier 2007 relative à la chefferie traditionnelle et aux statuts des chefs traditionnels au Togo, en ses articles 10, 11 et 12 qui ont été cité dans la revue de littérature de cette étude. Mais aujourd'hui, l'ordre est renversé dans certaine localité en l'occurrence dans la Préfecture des Lacs, où l'autorité politique crée et nomme les Chefs canton et les Chefs de village, sans tenir compte de l'histoire et des réalités socioculturelles des populations, occasionnant des querelles et des divisons. C'est cet aspect de la question, que traduit le tableau 4 où, bon nombre de personnes interrogées sont contre le mode de nomination du Chef par l'autorité politique.

    Devant la situation ainsi décrite, l'autorité des Chefs n'est pas respectée. C'est ce que montre le graphique 2 où sur les 175 personnes interrogées, 120 personnes affirment que l'autorité des chefs des villages est contestée.

    5.3. Proximité spatiale et diffusion du mode de vie

    La proximité spatiale entre le canton d'Anfoin et les villes d'Aného et de Lomé favorise le déplacement des populations du canton vers ces villes et vice-versa pour des raisons diverses. Ce contact permanent entre ces populations développe des échanges socioculturels et n'est pas sans effet sur le mode de vie des ruraux. En référence au tableau 9 et au graphique 7 présentés ci-haut, 91,4 % des enquêtés déclarent qu'ils se déplacent très souvent en ville (Lomé ou Aného) pour des raisons diverses. La plupart des personnes interrogées laissent entendre que leur durée de séjour en ville va au-delà d'une semaine.

    En se référent à la théorie du diffusionnisme, la thèse centrale (Boas, (1928), Sapir, (1967), est que certains traits culturels ont pu passer d'une société à l'autre à l'occasion de migration ou d'échange. La culture d'un groupe social serait donc plus le fait d'emprunts et d'imitations que d'invention, bien que ces emprunts puissent faire l'objet de réinterprétations dans le cadre de la société d'accueil. Celle-ci interprète et prend ce qui est bon pour elle et lui donne son sens.

    Selon Rogel Thierry (2003 :119), la thèse diffusionniste est d'autant plus plausible que l'on retrouve des traits semblables sur des aires géographiques différentes et que ces traits ont tendance à se transformer ou à disparaître à mesure que l'on s'éloigne de ces aires. L'approche diffusionniste a alors le gros avantage de rappeler que les sociétés sont rarement des entités closes sur elles-mêmes ; mais elle repose cependant, sur trop d'hypothèses pour pouvoir être conservée telle qu'elle.

    Dans le cadre de cette étude, le canton d'Anfoin tout comme toute aire géographique n'est pas une entité close, mais ouvert à d'autres communautés qui vont et viennent laissant ainsi différends traits culturels et des modes de vie différentes de ceux du milieu. C'est ce qui explique la perte des valeurs de solidarité mécanique au profit de la solidarité organique pour employer les termes d'Emile Durkheim.

    Georges Balandier cité par Rogers Thierry (Id : 119), de son côté rappelle que les sociétés africaines ont toujours changé à cause du commerce et du contact avec l'Islam. Les changements sont donc de deux types : la « dynamique du dedans » due à l'évolution de structures aux temporalités différentes et la « dynamique du dehors » due au contact entre les sociétés et, qui selon Balandier, occupe une place de plus en plus importante au XXe siècle.

    Les obstacles internes et externes à l'autopromotion communautaire du canton d'Anfoin peuvent être assimilés à la « dynamique du dedans » et à la « dynamique du dehors » de Balandier Georges. En effet, il convient de dire que les obstacles internes à l'autopromotion de ladite communauté sont dus à une évolution sociale et du changement social qu'a connue le canton sur une échelle de temps ; pendant que les obstacles externes résultent de l'influence extérieure que connaît la population du canton et qui l'empêche de s'autopromouvoir.

    5.4. Vérification des variables et des hypothèses

    - Rappel des hypothèses et des variables

    Pour aborder la problématique de cette étude, l'hypothèse générale émise est la suivante : Les obstacles tant internes qu'externes limitent le développement par l'autopromotion des communautés à la base du canton d'Anfoin.

    Les hypothèses secondaires sont les suivantes :

    - La perte des valeurs de solidarité qu'on reconnait aux communautés rurales est un obstacle à l'autopromotion communautaire des populations du canton d'Anfoin.

    - Les querelles liées à la chefferie villageoise dans le canton empêchent l'autopromotion communautaire.

    - Les interactions régulières des populations du canton d'Anfoin avec les citadins d'Aného et de Lomé et l'emprunt du mode vie urbain sont des obstacles à leur autopromotion communautaire.

    Les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à base du canton d'Anfoin au Togo, constituent la variable dépendante retenue pour cette étude.

    Ainsi rappelées et sur la base des données collectées sur le terrain, les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à base du canton d'Anfoin au Togo se manifestent à deux niveaux : il s'agit des obstacles internes (qui sont propres à cette communauté et qui concernent la perte des valeurs de solidarité, les querelles liées à la Chefferie traditionnelle, le refus de participation aux réunions et travaux communautaires) et des obstacles externes (relevant d'une part de l'environnement sociopolitique, en matière de transfert de pouvoirs de décisions aux collectivités locales, de la création des différents cantons par l'autorité politique sans tenir compte des réalités locales et d'autre part, de la proximité du canton par rapport au milieu urbain et des interactions de sa population avec les citadins empêchent leur autopromotion communautaire.) qui limitent leur développement par l'autopromotion.

    - Confirmation des Hypothèses

    Cette étude qui porte sur les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo, nous a permis d'apporter la lumière sur un certain nombre de faits sociaux. Pour y arriver, nous nous sommes partis de l'hypothèse selon laquelle, les obstacles tant internes qu'externes limitent le développement par l'autopromotion des communautés à la base du canton d'Anfoin.

    Après investigation sur le terrain, l'analyse et l'interprétation des résultats recueillis, nous avons constatés que le fait social étudié trouve une explication à partir des réalités suivantes :

    - la perte des valeurs de solidarité

    - les querelles liées à la Chefferie villageoise

    - les interactions des populations du canton avec les citadins d'Aného et de Lomé et l'emprunt du mode vie urbain

    - la confusion de l'environnement sociopolitique, en matière de transfert de pouvoirs de décisions aux collectivités locales et de la création des différents cantons par l'autorité politique sans tenir compte des réalités locales.

    Au vue de ces analyses et interprétation des résultats, l'hypothèse secondaire 1 est vérifiée puisque d'après les résultats de nos investigations sur le terrain, les valeurs de solidarité traditionnelle s'effondrent et laissent place à l'individualisme, et à l'intérêt personnel. L'hypothèse secondaire 2 se trouve également vérifier puisque, les querelles récurrentes liées à la chefferie traditionnelle, divisent les fils du canton et ceci constitue un obstacle à leur autopromotion. Cependant, compte tenu de la proximité de la ville d'Aného et de Lomé, le mode de vie de ces deux villes gagne le canton et ceci bouleverse les valeurs traditionnelles de la population. Au vue des résultats de la recherche, il convient de dire que l'hypothèse secondaire 3 se trouve aussi vérifiée.

    Quant à l'hypothèse générale, elle se trouve confirmée par l'ensemble des aspects des résultats de l'enquête et des réalités du terrain : les obstacles tant internes qu'externes limitent le développement par l'autopromotion des communautés à la base du canton d'Anfoin.

    Par ailleurs, les variables retenues pour les besoins de cette recherche sont adéquation avec les hypothèses. Toutefois, cette étude loin d'être parfait, présente certes des limites qu'il convient de préciser.

    5.5. Importance des résultats : question de leur généralisation et de leurs limites

    Dans cette étude les outils de recherche suivants ont pu être utilisés. Il s'agit de l'observation, des questionnaires et des entrevues. Après la comparaison entre les faits provenant des données recueillies sur le terrain et les faits envisagés dans les hypothèses, comparaison correspondant à la vérification de la validité des hypothèses, il s`est posé la question de la généralisation des enseignements produits par cette vérification.

    En effet, l'on ne peut pas prétendre, par souci de valoriser, ou de légitimer cette démarche, que ce qu`elle a constaté dans les circonstances particulières de la recherche est ou serait constatable dans toutes autres circonstances, dans d`autres lieux et d`autres temps. Elle le serait à condition que les contextes et les caractéristiques des variables qui aient conditionné nos observations s`y retrouvent sans changement. Or, comme le soutenait le sociologue français Passeron Jean-Claude (1991), ces contextes et caractéristiques dans le monde social ne sont ni constants ni entièrement connaissables, ce qui limite inévitablement les possibilités d'une généralisation des assertions sociologiques qui, par ailleurs, n'ont de sens et de pertinence qu'en restant orientées sur des particularités et des singularités spatio-temporelles, condition qui place la sociologie dans une position intermédiaire et médiatrice entre l'histoire événementielle et le raisonnement expérimental statistique.

    Toutefois, les résultats de cette recherche pouvaient être généralisés à d'autres cantons ou préfectures du Togo, plus précisément, la préfecture des Lacs qui est déchirée par les conflits de chefferie.et qui connait des crises de solidarités.

    La technique d`échantillonnage s`est limitée à un nombre réduit d`individus soit 175 personnes. C`est un échantillon à choix raisonné car l'on ne peut pas prétendre interroger toute la population du canton, compte tenu des contrainte de temps et des moyens humains disponible.

    Cependant, il convient de rappeler que l'étude n'a pas abordé toutes les questions qui peuvent traiter des obstacles à l'autopromotion communautaire en milieu rural. Il serait aussi intéressant de s'interroger sur la nature des interventions et sur les approches des partenaires en développement tels que les ONG, les agences de développement en matière d'appui-accompagnement des communautés à la base pour leur autopromotion. D'autres recherches ultérieures en sciences sociales pourraient apporter un plus à cette étude.

    Conclusion

    La présente étude sur l'autopromotion communautaire, a pour but d'identifier les obstacles qui limitent le développement par l'autopromotion des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo. Dans le processus par autopromotion communautaire, les principaux acteurs sont les bénéficiaires eux-mêmes qui, à partir des problèmes et des besoins de leur milieu, cherchent à aller de l'avant dans un esprit collectif, en tenant compte des contraintes et des potentialités de leur milieu, afin de garantir de meilleurs conditions de vie de leurs membres et ainsi, participer au développement de leurs pays. Les agents de développement, les ONG n'interviennent que comme des accompagnateurs pour l'aboutissement du processus.

    En effet, dans le canton d'Anfoin, ce processus semble confronté à d'énormes difficultés malgré les nombreuses interventions des partenaires en développement qui connaissent à leur tour, beaucoup de difficultés dans l'exercice de leur mission sur le terrain. Cette étude, se veut donc, un cadre de diagnostic des facteurs limitant, le développement local dudit canton.

    Pour avoir une idée sur ces facteurs limitant, quatre hypothèses ont été préalablement posées : Pour la principale, les obstacles tant internes qu'externes limitent le développement par l'autopromotion des communautés à la base du canton d'Anfoin. Pour les secondaires :

    - La perte des valeurs de solidarité qu'on reconnait aux communautés rurales est un obstacle à l'autopromotion communautaire des populations du canton d'Anfoin ;

    - les querelles liées à la chefferie villageoise dans le canton empêchent l'autopromotion communautaire ;

    - les interactions régulières des populations du canton d'Anfoin avec les citadins d'Aného et de Lomé et l'emprunt du mode de vie urbain sont des obstacles à leur autopromotion communautaire.

    Pour y arriver, la méthodologie utilisée combine la recherche documentaire à la collecte d'informations quantitatives et qualitatives. La recherche quantitative s'est faite grâce au choix d'un échantillonnage, à la sélection des variables et indicateurs à base desquelles un questionnaire d'enquête a été élaboré pour la collecte des données de terrain. La recherche qualitative a consisté à recueillir des informations par des entretiens individuels avec le Chef canton, les Chefs de village. Mais également, un entretien de groupe a été réalisé avec les membres des CDB des différents villages.

    Les résultats issus de la collecte des données, analysées et interprétées ont permis de voir que les hypothèses sont donc vérifiées. Ainsi, l'hypothèse générale se trouve donc être confirmée par l'ensemble des aspects des résultats de l'enquête et des réalités du terrain et les objectifs fixés sont donc atteints.

    Ayant été confronté à d'énormes difficultés dans notre mission d'appui-accompagnement des populations du canton d'Anfoin pour leur autopromotion communautaire, que ce soit dans l'exécution des projets de développement communautaire, que ce soit dans l'animation rurale, nous avons pensé mener cette étude, pour identifier les facteurs qui limitent leur développement par l'autopromotion. Nous pensons n'avoir pas abordé la totalité de la question, mais serait-il utile que, d'autres recherches et d'autres réflexions abordent cette même problématique d'autopromotion communautaire des populations à la base au Togo, pour un développement local et durable de nos populations.

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    Rocher, G., (1968), Introduction à la sociologie générale, Tome 2, L'organisation sociale, Paris, HMH, Ltée.

    Rocher, G., (1968), Introduction à la sociologie générale, Tome 3, Le changement social, Paris, HMH, Ltée.

    Rocher, G., (1970), Introduction à la Sociologie générale, Collection : point essais.

    Rostow, W., (1970), Les étapes de la croissance économique, Seuil, Paris.

    Seck et al, (2001), Et si les approches participatives étaient inadaptées à la gestion décentralisée de territoire ? Géo carrefour

    Simmel, G., (2007), Les grandes villes et la vie de l'esprit, Paris, L'Herne.

    Souare, M. A. et Diallo, M. C., (2010), Evaluation de l'impact de la politique de décentralisation sur le développement des communautés de la moyenne Guinée, cas de CRD de Yembering, préfecture de Mali, UJNK.

    Steiner, P., (2005), La sociologie de Durkheim, Paris, La découverte. [s.l.], Flammarion.

    Vandenberghe F. (2001), La sociologie de Georg Simmel, Paris, La découverte.

    Van Krunkelsven, J. (1986) « Auto - promotion du monde rural. » Collection "appui au monde rural" Série animation n°1, 43 p

    Van Rouveroy Van Nieuwaal, E.A.B., (2000), L'État en Afrique face à la chefferie. Le cas du Togo, Paris, ASC/Karthala.

    Verhagen, K. (1991), L'auto - développement ? Un défi lancé aux ONG, Paris, L'Harmattan.

    Sanon, A. T. et Madjri J. D. R., (1990), Autopromotion et solidarité. Une lecture africaine de la question selon Jean Paul Il. Bobodioulasso, CSEAO.

    Tilakaratna S. (1983/5): « les ruraux pauvres et l'auto développement: l'exemple du Pida ». pp4-10 in action pour le développement N°153.

    Tonnies, F. (1977), Communauté et sociétés, Paris : Retz (La bibliothèque du CELP).

    Annexes

    Annexe 1 : Questionnaires

    Questionnaire -Population

    Ce questionnaire a été constitué dans le cadre d'une recherche en Master- Sociologie de développement. Le thème de la recherche porte sur les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo. Dans l'intention de parvenir à nos fins, nous avons besoin de votre soutien indéfectible. Nous vous garantissons que ce questionnaire est confidentiel et sera couvert par le secret scientifique. Nous vous remercions d'avance d'avoir accepté sacrifier une partie de votre précieux temps pour répondre à nos questions. Nous vous témoignons notre sincère reconnaissance.

    Localité---------------------------------------- Date de l'enquête --------------------------------------

    Nom de l'enquêteur-----------------------------------------------------------------

    SECTION 1 : IDENTIFICATION DES ENQUETES

    Questions et filtres

    Modalités et codes

    Passer à

    Q101

    Sexe (noter le sexe sans poser la question)

    Masculin................................ 1

    Féminin................................. 2

     

    Q102

    Quel est votre âge ?

    20 - 24 ans.............................. 1

    25 - 29 ans.............................. 2

    30 - 34 ans.............................. 3

    35- 39 ans.............................. 4

    40- 44 ans.............................. 5

    45 ans ou plus...........................6

     

    Q103

    Quelle est votre situation matrimoniale ?

    Célibataire .............................. 1

    Marié (e) ................................ 2

     

    Q104

    Quel est votre ethnie ?

    Watchi................................. 1

    Mina .................................... 2

    Fon ....................................... 3

    Autres (à préciser) .....................4

     

    Q105

    Quelle est votre religion ?

    Animisme............................... 1

    Christianisme........................... 2

    Islam.................................... 3

    Autres (à préciser)..................... 4

     

    Q106

    Quel est votre niveau d'instruction ?

    Aucun .................................1

    Primaire ................................2

    Collège ..................................3

    Lycée ....................................4

    Université ..............................5

     

    Q107

    Quel est votre profession ?

    Agriculteur (trice)..................... 1

    Artisan...................................2

    Commerçant............................3

    Enseignant..............................4

    Autres (à préciser).....................5

     

    SECTION 2 : CHEFFERIE TRADITIONELLE ET RELATIONS SOCIOCULTURELLES DANS LE CANTON

    Questions et filtres

    Modalités et codes

    Passer à

    Q201

    Qui dirige le village ?

    Le chef du village ..................... 1

    Le Régent................................. 2

    Le Notable................................ 3

    Autres (à préciser)....................... 4

    Q203

    Q202

    Pourquoi n'avez-vous pas de chef ?

    Querelles sur l'élection d'un chef ..... 1

    Mésentente sur l'intronisation d'un chef ...............................................2

    Autres (à préciser)....................... 3

     

    Q203

    Comment se fait la désignation et l'intronisation du chef traditionnel dans votre village ?

    Par voie de succession héréditaire..... 1

    Par voie de consultation populaire.... 2

    Par nomination .............................3

     

    Q204

    Etes-vous d'accord sur le choix

    porté sur le chef du village actuel ?

    Oui ........................................ 1

    Non ....................................... 2

     

    Q205

    L'autorité du chef du village est-elle reconnue par la population ?

    Oui ........................................ 1

    Non ....................................... 2

     

    Q206

    Selon-vous, pour qui le chef du village est-il au service ?

    L'Etat..................................... 1

    La population........................... 2

    Autre (à préciser) .........................3

     

    Q207

    Existe-t-il des groupes d'entraide dans votre village ?

    Oui ........................................ 1

    Non ....................................... 2

    Q209

    Q208

    Pourquoi les groupes d'entraide n'existent plus ?

    A cause de l'individualisme ..........1

    Manque de solidarité .....................2

    Autre (à préciser) .........................3

     

    Q209

    Recevez-vous de l'assistance de votre famille en cas de difficultés économique ?

    Souvent ....................................1

    Rarement ..................................2

    Pas du tout .................................3

     

    Q210

    Selon vous la coutume et la tradition sont -elles encore respectées aujourd'hui par la population ?

    Oui ........................................ 1

    Non ....................................... 2

     

    SECTION 3 : DYNAMIQUE DE L'AUTOPROMOTION COMMUNAUTAIRE ET DEVELOPPEMENT LOCAL

    Questions et filtres

    Modalités et codes

    Passer à

    Q301

    Existe-t'il un CDB dans votre village ?

    Oui ..........................................1

    Non .........................................2

    Q 305

    Q302

    Le CDB est-il fonctionnel ?

    Oui ..........................................1

    Non ..........................................2

     

    Q303

    Qu'est-ce qui entrave le fonctionnement du CDB?

    Mésentente entre les membres ..........1

    Le CDB n'a pas le soutien populaire...2

    Manque de réunion .......................3

     

    Q304

    Le CDB convoque-t-il des réunions de sensibilisation populaire ?

    Souvent ....................................1

    Rarement ..................................2

    Pas du tout .................................3

     

    Q305

    Participez-vous aux réunions populaires ?

    Oui ........................................ 1

    Non ....................................... 2

    Q307

    Q306

    Pourquoi ? Justifiez votre réponse.

     
     

    Q307

    Participez-vous aux travaux communautaires ?

    Souvent ....................................1

    Rarement ..................................2

    Pas du tout .................................3

    Autre (à préciser) .........................4

    Q309

    Q308

    Pourquoi ne participez-vous pas aux travaux communautaires?

    ................................................

    ................................................

    ................................................

    .................................................

     

    Q309

    Les ONG financent-t-elles les projets de développement dans votre canton ?

    Oui ..........................................1

    Non .........................................2

    Q 401

    Q310

    Les projets financés dans le village, répondent-ils à vos attentes ?

    Oui ..........................................1

    Non .........................................2

     

    SECTION 4 : PROXIMITE SPATIALE ET DIFFUSION DU MODE DE VIE

    Questions et filtres

    Modalités et codes

    Passer à

    Q401

    Rendez-vous t-il souvent en ville (Aného ou Lomé) ?

    Oui ..........................................1

    Non .........................................2

    Q403

    Q402

    Combien de temps passez-vous en ville quand vous y rendez ?

    Moins d'une semaine .....................1

    Plus d'une semaine .......................2

    Un mois ....................................3

    Plus d'un mois ............................4

     

    Q403

    Avez-vous des frères et soeurs à Lomé ?

    Oui ..........................................1

    Non .........................................2

     

    Q404

    Connaissez-vous des gens qui ont longtemps vécus à Aného ou à Lomé et qui se sont installés dans votre village ?

    Oui ..........................................1

    Non .........................................2

    Q407

    405

    Ces personnes font-elles partie du Comité de Développement  à la Base?

    Oui ..........................................1

    Non .........................................2

     

    Q406

    Quel intérêt défendent-ils?

    Intérêt général de la population .........1

    Intérêt personnel ..........................2

    Autre (à préciser) .........................3

     

    Q407

    Y a-t-il une grande différence entre votre mode de vie actuel et celui de vos ancêtres ?

    Oui ..........................................1

    Non .........................................2

    Q407

    Q408

    Pourquoi existe-t-il cette différence ?

    ................................................

    ................................................

    ................................................

    .................................................

    ................................................

     

    Q409

    Selon vous, la solidarité sociale existe-t-elle encore dans votre village ou tend à disparaître ?

    La solidarité existe encore...............1

    La solidarité tend à disparaitre .........2

     

    Annexe 2 : Guides d'entretien

    Guide d'entretien avec les membres des Comités de développement à la base

    Madame/Monsieur, dans le cadre de nos recherches universitaires pour l'obtention du diplôme de Master en Sociologie du Développement, nous avons choisis comme thème « Les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo ». A cet effet, nous aimerions vous posez un certain nombre de questions liées au développement local de votre village, afin de nous permettre de bien mener nos recherches.

    Question

    Réponse

    01

    Parlez-nous un peu de votre CDB, sa mis en place et de sa composition.

     

    02

    Avez-vous réalisé des projets de développement dans votre village depuis la création du CDB ?

     

    03

    Le CDB sensibilise-t-il souvent la population du village sur les initiatives de développement ?

     

    04

    Le CDB fait-il des comptes rendu à la population avant, pendant et après l'exécution d'un projet de développement communautaire ?

     

    05

    La population s'intéresse -t-elle à la question de développement du village ? Sinon, pourquoi ?

     

    06

    Les ONG qui interviennent dans votre milieu vous associent-t-elles dans l'identification des besoins ou vous imposent des projets ?

     

    Vous accompagnent-t-elles dans votre développement local ?

     

    07

    Avez-vous un Plan d'Action Villageois (PAV) ? Comment est-il élaboré?

     

    Guide d'entretien avec le Chef canton d'Anfoin

    Monsieur, dans le cadre de nos recherches universitaires pour l'obtention du diplôme de Master en Sociologie du Développement, nous avons choisis comme thème « Les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo ». A cet effet, nous aimerions vous posez un certain nombre de questions liées au développement local de votre village, afin de nous permettre de bien mener nos recherches.

    Question

    Réponse

    01

    Comment êtes-vous devenu le Chef canton d'Anfoin ?

     

    02

    Parlez-nous un peu du développement de votre canton et les difficultés qui en sont liées

     

    03

    Parlez-nous de la relation qui existe entre vous et les Chefs des villages de votre canton

     

    04

    Votre canton dispose-t-elle d'un plan de développement ? si oui, comment est-t-il mis en place ?

     

    05

    Avez-vous entendu parler de la décentralisation au Togo ? Si oui, dites-nous ce que vous en savez.

     

    Guide d'entretien avec les Chefs des villages

    Monsieur, dans le cadre de nos recherches universitaires pour l'obtention du diplôme de Master en Sociologie du Développement, nous avons choisis comme thème « Les obstacles à l'autopromotion communautaire des populations à la base du canton d'Anfoin au Togo ». A cet effet, nous aimerions vous posez un certain nombre de questions liées au développement local de votre village, afin de nous permettre de bien mener nos recherches.

    Question

    Réponse

    01

    Comment êtes-vous devenu le Chef du village ?

     

    02

    Parlez-nous un peu du développement de votre village et les difficultés qui en sont liées

     

    03

    Parlez-nous de la relation qui existe entre vous et les autres Chefs des villages de votre canton

     

    04

    Votre village dispose-t-elle d'un plan de développement ? si oui, comment est-t-il mis en place ?

     

    05

    Avez-vous entendu parler de la décentralisation au Togo ? Si oui, dites-nous ce que vous en savez.

     

    Annexe 3 : Cartographie du canton d'Anfoin

    Carte : Situation du canton d'Anfoin

    Source : DGSCN, 2013

    Carte : Canton d'Anfoin

    Source : DGSCN, 2013

    Table des matières

    Sommaire .......................................................................................

    2

    Dédicace .......................................................................................

    3

    Remerciements .................................................................................

    4

    Liste des tableaux ..............................................................................

    5

    Liste des graphiques ...........................................................................

    6

    Sigles et acronymes ...........................................................................

    7

    Introduction ....................................................................................

    8

    PREMIERE PARTIE: CADRES THEORIQUE, CONCEPTUEL PHYSIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L'ETUDE ...................................................

    11

    Chapitre 1 : Cadres théorique et conceptuel de l'étude ...................................

    12

    1.1. Intérêt du sujet ...........................................................................

    12

    1.2. Problématique de l'étude ...............................................................

    14

    1.3. Objectifs de la recherche ...............................................................

    18

    1.3.1. Objectif général ..........................................................................

    19

    1.3.2. Objectifs spécifiques ....................................................................

    19

    1.4. Hypothèses de la recherche ............................................................

    19

    1.4.1. Hypothèse général ........................................................................

    20

    4.2. Hypothèses secondaires ...................................................................

    20

    1.5. Variables et indicateurs .................................................................

    21

    1.5.1. Variable dépendante et ses indicateurs ....................................................

    21

    1.5.2. Variables indépendantes et ses indicateurs .........................................

    23

    Chapitre 2 : Définition des concepts et Revue de littérature ..............................

    27

    2.1. Définition des concepts .................................................................

    27

    Autopromotion communautaire .............................................................

    27

    Obstacles internes .............................................................................

    29

    Obstacles externes .............................................................................

    30

    Lien social ......................................................................................

    30

    Solidarité ........................................................................................

    31

    Décentralisation.................................................................................

    32

    Développement .................................................................................

    32

    Développement local ...........................................................................

    34

    Développement communautaire .............................................................

    34

    Projet de développement communautaire...................................................

    35

    2.2. Revue de littérature ........................................................................

    36

    2.2.1. Recension des écris pertinents .........................................................

    36

    2.2.1.1. Problématique de la participation populaire aux projets de développement...

    36

    2.2.1.2. Conflits culturels comme obstacles à l'autopromotion des communautés à la base................................................................................................

    37

    2.2.1.3. Chefferie traditionnelle dans la direction d'une institution étatique...........

    41

    2.2.1.4. Décentralisation, une option privilégiée pour l'autopromotion communautaire.................................................................................

    43

    2.2.2. Recension des écrits théoriques ......................................................

    45

    2.2.2.1. Théorie de développement local participatif ....................................

    46

    2.2.2.2. Théorie de la décentralisation ......................................................

    49

    2.2.7.2.3. Théorie du changement social ...................................................

    50

    2.2.3. Cadre théorique de référence ...........................................................

    52

    2.2.3.1. Théorie de la division du travail social ...........................................

    53

    2.2.3.2. Théorie des relations sociales ........................................................

    53

    2.2.3.3. Théorie du diffusionnisme .........................................................

    54

    Chapitre 3 : Cadres physique et méthodologique ..........................................

    56

    3.1. Cadre physique de la recherche .........................................................

    56

    8.1. Présentation de la zone d'étude .........................................................

    55

    3.1.1.1. Situation géographique ...............................................................

    57

    3.1.1.2. Géologie et climat .....................................................................

    57

    3.1.1.3. Population, tradition et religion .....................................................

    58

    3.1.1.4. Economie ...............................................................................

    59

    3.2. Cadres méthodologique de la recherche.................................................

    59

    3.2.1. Techniques de collecte de données ....................................................

    60

    3.2.1.1. Recherche documentaire ..............................................................

    60

    3.2.1.2. Pré-enquête .............................................................................

    61

    3.2.1.3. Recherche quantitative ............................................................

    61

    3. 2.1.3.1. Groupe cible ......................................................................

    61

    3. 2.1.3.2. Echantillonnage ....................................................................

    61

    3.2.1.3.3. Elaboration du questionnaire .......................................................

    63

    3. 2.1.3.4. Pré-test des outils ...................................................................

    63

    3. 2.1.3.5. Administration du questionnaire .................................................

    64

    3. 2.1.3.6. Traitement des données quantitatives ............................................

    64

    3. 2 .1.4. Recherche qualitative ..............................................................

    65

    3. 2.1.4.1. Entretien individuel ................................................................

    65

    3. 2..1.4.2. Entretien de groupe ................................................................

    66

    3. 2.1.4.3. Observation ..........................................................................

    66

    3 .2.1.4.4. Traitement des données qualitatives .............................................

    66

    3 .2.1.5. Difficultés rencontrées ...............................................................

    67

    DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS ....................................................................................

    69

    Chapitre 4 : Présentation des résultats .......................................................

    70

    4 .1. Identité des enquêtés ....................................................................

    70

    4. 2. Chefferie traditionnelle et relations socioculturelles dans le canton ..............

    73

    4..3. Dynamique de l'autopromotion communautaire et développement local .......

    79

    4. 4. Proximité spatiale et diffusion du mode de vie ......................................

    84

    Chapitre V: Interprétation des principaux résultats .......................................

    86

    5. 1. Crise de la solidarité mécanique et échec de l'autopromotion communautaire.................................................................................

    86

    5.2. Querelles liées à la chefferie traditionnelle, comme obstacles à l'autopromotion communautaire des populations du canton d'Anfoin ..................

    91

    5.3. Proximité spatiale et diffusion du mode de vie ......................................

    92

    5.4. Vérification des variables et des hypothèses ...........................................

    94

    5.5. Importance des résultats : question de leur généralisation et de leurs limites......

    96

    Conclusion .......................................................................................

    99

    Bibliographie ....................................................................................

    101

    Annexes ..........................................................................................

    107

    Table des matières ..............................................................................

    120

    * 1 Levy Makany, 1980: Le rôle de l'université africaine dans le développement rural, congrès mondial Dakar, 21-23 juin, 20 p

    * 2 http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9centralisation

    * 3 Anthropologie et Vie moderne (1928)

    * 4 Anthropologie, (1967)

    * 5 Direction Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale






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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry