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La pensée morale de Kant comme alternative aux défis du monde contemporain.

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par Joseph BALIMA
Université de Ouagadougou - Maà®trise de Philosophie 2103
  

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II. 3 Pensée critique et protection de l'environnement

Les problèmes environnementaux sont des enjeux complexes, regroupant des questions,sphères et intérêtsdifférents. Cette complexité fait en sorte qu'on ne peut pas aujourd'huiprétendre aborder ces problématiques sans une analyse rigoureuse des forces en présence et des intérêts sous-jacents. En retour, cette analyse critique permet de remettre en question des dogmes socio-économiques qui sont très souvent à l'origine d'une gestion irresponsable de l'environnement. Cela fait que l'exploitation de plus en plus frénétique des ressources naturelles a permis certes d'améliorer le sort de populations en croissance rapide, mais ce

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développement s'est fait aux prix d'une dégradation accélérée de la plupart des écosystèmes vitaux. Ainsi produire sans arrêt davantage, c'est consommer la nature de manière également croissante. Face à une telle réalité. Le développement de la pensée critique doit alors jouer sa contribution dans le diagnostic et les de remédiations aux problèmes environnementaux.

La pensée critique peut êtredéfinie selon Robert STERNBERG comme, « l'ensemble des stratégies et processus mentaux qu'une personne utilise pour résoudre ses problèmes, pour prendre des décisions et pour acquérir de nouveaux concepts ».57Elle implique l'étonnement, l'interrogation, et se caractérise d'abord par l'habileté à poser des questions qui s'accompagne de l'analyse du problème.

En d'autres termes, l'homme devrait créer en lui de saines habitudes de pensée. Il doit faire l'effort de dépasser les apparences, se détacher du sensationnel ou du spectaculaire (phénomène observable lors des joutes électorales ou des crises citoyennes), se départir des préjugés subtils et tenaces du milieu social afin de mieux observer pour davantage comprendre les phénomènes observés.

Aujourd'hui plus que jamais, les enjeux de la protection de l'environnement demeurent d'actualité au regard des graves conséquences engendrées par les actions destructrices de l'homme sur celui-ci. Pour satisfaire aux besoins technologiques de l'humanité, les industries rejettent des déchets toxiques issus de leur production, nocifs à l'environnement. De même, la production et la consommation d'énergie par les industries technologiques ne sont pas sans conséquences sur la couche d'ozone. Il est admis par exemple que les causes des catastrophes dites naturelles ou climatiques comme les inondations du 1er Septembre 2009 au Burkina Faso, le tremblement de terre du 12 Janvier 2010 en Haïti sont entre autre des désordresécologiquesrésultant de l'augmentation des gaz à effet de serre.

Plus que jamais, le pouvoir technologique rend la nature manipulable et de plus en plus altérable à volonté. Alors, celle-ci est devenue un être fragile et

57Robert (STERNBERG), cité par Lipman(M), A l'école de la pensée, Bruxelles ; De Boeck, 1995 p .144

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menacer. Comment donc concilier notre aspiration légitime au bien-être avec les limitesde la nature ?

Hans Jonas, dans l'éthique de la responsabilité indique qu'il s'agit d'empêcher que le pouvoir de l'homme ne devienne une malédiction pour lui. En effet, la promesse de la technique s'est inversée en menace. Autrefois l'homme pouvait penser à tort ou à raison que ses interventions techniques sur la nature étaient superficielles et sans danger, que la nature rétablirait elle-même ses équilibres fondamentaux, et qu'au fond pour chaque génération nouvelle la nature était exactement telle que la génération précédente l'avait trouvée. Aujourd'hui nous savons que notre technologie peut avoir des effets irréversibles sur la nature. Ainsi par exemple le recours au nucléaire produit des déchets qui resteront dangereux pour des siècles. La puissance technologique moderne crée donc un type de problèmes éthiques inconnus jusqu'à ce jour que la pensée Jonassienne appelle, « transformation de l'essence de l'agir humain ». L'éthique nous dit-elle à affaire à l'agir. 0r comme l'essence de l'agir s'est transformée une nouvelle éthique s'impose.

La capacité destructive de l'homme sur la nature, voire cette «transformation de l'essence de l'agir humain », est à la base de l'idée de Jonas de nouvelles obligations à imposer à l'homme dans son rapport avec la nature prenant en compte l'avenir de celle-ci. Elle nécessite une transformation radicale de l'éthique traditionnelle purement anthropocentrique vers une éthique moins anthropocentrique qui permettrait à l'homme de retrouver ses racines biologiques et naturelles. Cette nouvelle éthique, l'éthique de Responsabilité prend en considération la condition globale de la vie humaine et son avenir lointain ainsi que l'existence de l'espèce elle-même rompant ainsi d'avec celle traditionnelle.

Si l'impératifcatégorique de Kant affirmait, « agis de telle sorte que tu puisses également vouloir que ta maxime devienne une loi universelle », l'impératif adapté au nouveau type que nous sommes sera formulé comme suit : «Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la Permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre ».58La

58HANS (Jonas), Principe Responsabilité ; Les Editions du Cerf.1990, p40.

responsabilité est une relation non réciproque unilatérale. Je suis obligé par l'humanité à venir qui, n'existant pas présentement, ne saurait être dite obligée à quoi que ce soit à mon endroit. Il s'agit de maintenir réelle la possibilité d'une existence après nous.

0n voit sans peine que ce type d'impératif n'inclut aucune contradiction d'ordre rationnel. Je peux vouloir le bien actuel en sacrifiant le bien futur. De même, que je peux vouloir ma propre disparition, je peux aussi vouloir la disparition de l'humanité.

Les théorieséthiques traditionnelles avaient une vision réductionniste de la nature. L'homme était considéré comme un élément en dehors de la nature, ce qui fait que celle-ci ne méritait aucun respect de sa part. La conception scientifique même dominante de la nature refusait à l'homme tout droit théorique de penser à la nature comme à quelque chose qui mérite le respect puisqu'elle réduisait celle-ci à l'indifférence de la nécessité et du hasard et qu'elle l'avait dépouillé de toute dignité des fins.

Dans la perspective de la protection de l'environnement, un nouveau type d'agir s'impose comme nous dit Hans Jonas. Puisque, « l'essence de l'agir humain s'est transformée et comme l'éthique a affaire à l'agir, l'affirmation ultérieure doit être que la transformation de la nature de l'agir humain rend égalementnécessaire la transformation de l'éthique ». 59L'agir humain doit donc chercher non seulement le bien humain, mais

également le bien des choses extra-humaines, c'est-à-dire étendre la reconnaissance des «fins en soi » au de-là de la sphère de l'homme et intégrer cette sollicitude dans le concept du bien humain car, « la soumission de la nature destinée au bonheur humain a entrainé par la démesure de son succès, qui s'étend maintenant également à la nature de l'homme lui-même, le plus grand défi pour l'être humain que son faireait jamais entrainé ». 60

Le recours à la philosophie en tant qu'exercice critique et autocritique de la raison est nécessaire pour faire face à certains défis de l'environnement. Plus que

59 HANS (Jonas), Principe Responsabilité, Les Editions du Cerf ; 1990, p21. 60HANS (Jonas), Principe Responsabilité, Les Editions du Cerf ; 1990, p15.

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jamais, la philosophie apparait de nos jours comme le nouveau messie de notre monde en déclin, comme une prescription « infaillible » pour le redressement d'un monde chavirant, l'antidote de tous les maux sociaux. Le document préparatoire de la 171ème session du conseil exécutif de l'UNESC0 stipule sans équivoque en son introduction que : « L'analyse et la réflexion critique philosophique sont indéniablement liées à l'établissement et au maintien de la paix. Dans la mesure où elle construit les outils intellectuels à l'analyse et à la compréhension des concepts essentiels de justice, de dignité et de liberté, où elle permet d'acquérir une pensée et un jugementindépendant, où elle stimule l'esprit critique nécessaire à la compréhension du monde et de ses enjeux, dans la mesure enfin où elle favorise la réflexion sur les valeurs et les principes, la philosophie est une école de liberté ( ...) à mettre au service de

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l'éducation internationale des nations ».

L'humanité toute entière est de nos jours désillusionnée par la science et la technique, scandalisée par des scènes troublantes étalées par la religion pourvoyeuse jusque-là de sens de l'existence et de quiétude. Et la réflexion philosophique peut apporter des réponses à des problèmes scientifiques là où le rationalisme scientifique n'y est pas parvenu mais aussi attirer l'attention de nos dirigeants sur les dérives possibles d'un système, toute chose qui les permettra de s'en prémunir et de préserver la paix. Notons dans le même ordre que la crise de l'écologie fut pendant longtemps une préoccupation de la réflexion philosophique avant d'être de nos jours celle de nos gouvernants au niveau mondial. Cela a permis de nos jours une prise en compte des impacts environnementaux par les politiques publiques dans la réalisation des entreprises d'envergure nationale. Des questions qui, jamais auparavant ne faisaient l'objet de la législation entrent dans le cadre des lois que des pays se donnent pour qu'existe un monde pour les générations futures. Mieux, certains pays africains à l'image du Sénégal ont pris à coeur cette préoccupation en accordant une place à l'écologie au sein de leur exécutif en nommant un ministre de l'écologie.

61Document préparatoire de la 171e session du conseil exécutif de l'UNESCO, pu ; printemps 2005.

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