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Le transit à  travers le territoire du cameroun des hydrocarbures en provenance du Tchad et du Niger

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par HAMIDOU AMADOU
Université de Yaounde 2 - Master 2 2014
  

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Paragraphe 2 : Les enjeux de l'accès aux marchés internationaux des multinationales et du groupe de la banque mondiale

Ces enjeux sont différents en fonction des acteurs impliqués et leurs objectifs. L'on abordera successivement les enjeux du groupe de la banque mondiale (A) et les enjeux des multinationales (B).

A- Les enjeux du groupe de la banque mondiale dans le projet

Les visions du groupe de la banque mondiale dans le projet pétrolier et d'accès aux marchés internationaux du Tchad et du Niger sont de deux ordres. Regroupant les institutions de lutte contre la pauvreté, le groupe vise d'une part à garantir un bon usage des ressources pétrolières (1) et d'autre part, il contribue à la lutte contre la pauvreté (2).

1- La garantie d'une meilleure gestion des ressources pétrolières

Depuis le début du projet pétrolier et d'accès aux marchés internationaux à travers le territoire du Cameroun, la banque mondiale a joué un rôle déterminant pour la garantie de la redistribution des richesses provenant des ressources pétrolières.

Au Tchad, cette garantie est perçue comme une contrepartie du financement accordé par le groupe au projet de pipeline pour le compte de l'Etat. Le besoin de garantir l'usage des ressources pétrolières a contraint le gouvernement le gouvernement tchadien à élaborer et adopter une loi de 1999 sur la gestion des revenus pétroliers. Après quelques années de contrôle, surgit des tensions entre le groupe de la banque mondiale et l'Etat tchadien après que l'assemblée nationale ait voté la révision de la loi sur la gestion des revenus pétroliers le 29 décembre 2005. Le Tchad justifie cette révision par les tensions de trésorerie et la souveraineté de l'Etat sur ses ressources. Le 6 janvier 2006, le président de la banque mondiale répliquait à la violation par Ndjamena de ses engagements en annonçant l'arrêt de tous les programmes de financement au Tchad, gelant ainsi 124 millions de dollars de prêts. Le FMI, par le biais de son directeur général apporte son soutien à la banque mondiale. Après ces vives tensions sur la gestion des revenus pétroliers, le Tchad et la banque mondiale ont annoncé en juillet 2006, la conclusion d'un nouvel accord selon lequel 70% des revenus du Tchad, pétroliers ou non, seront alloués aux secteurs prioritaires. C'est le cas des domaines de la santé, de l'éducation et des infrastructures.

La banque mondiale et le FMI sont très présents au Niger. Cette présence se justifie par l'extrême pauvreté et l'exigence du contrôle de la redistribution des revenus des ressources du pétrole. La pression qu'exercent ces institutions sur l'Etat a abouti en 2010 à la consécration par l'article 153 de la constitution, d'une disposition sur la gestion des ressources pétrolières. Dans un rapport du FMI, il en ressort qu'en 2011, le gouvernement a adopté un plan de développement à moyen terme ambitieux, qui prévoit notamment des augmentations substantielles des investissements dans l'infrastructure, l'agriculture, la santé et l'éducation en vue de porter le taux de croissance annuel à un niveau au moins de 7%191(*).

Par ailleurs, en contrôlant la gestion des ressources pétrolières du Tchad et du Niger, le groupe de la banque mondiale entend poursuivre son objectif principal à savoir la lutte contre la pauvreté dans ces deux Etats.

2- Le groupe de la banque mondiale et la lutte contre la pauvreté du fait du projet

La lutte contre la pauvreté est une mission qui constitue le pilier même de la banque mondiale et des organisations connexes tels le FMI et la banque africaine de développement (B.A.D). Dans le projet d'accès aux marchés internationaux du Tchad et du Niger à travers la côte camerounaise, la participation de ces acteurs à la redistribution des revenus pétroliers n'a pour seul but que de favoriser le développement social et l'éradication de la pauvreté au niveau de la base.

Depuis le début du projet pétrolier vers les années 1999, la banque mondiale a toujours joué le rôle d'acteur majeur de la lutte contre la pauvreté en orientant les revenus du pétrole vers les secteurs clés de la société tchadienne. Suite à son retrait en septembre 2008, la population tchadienne déplore la perte d'un partenaire important pour la nouvelle vision sociale du pays. A son arrivée, la BM en contrepartie de son financement au projet de pipeline et d'accès aux marchés internationaux a exigé au gouvernement tchadien de consacrer la majeure partie des revenus pétroliers aux projets de société tels que les hôpitaux et les écoles. A cet effet, la banque mondiale disposait d'un mécanisme de contrôle sur le terrain pour s'assurer qu'effectivement, les ressources ont été affectées aux besoins exprimés. Avec la conclusion d'un nouvel accord en juillet 2006 juste avant son retrait, la banque mondiale, en plus de sa mission traditionnelle de la lutte contre la pauvreté, a fait de la bonne gouvernance son cheval de bataille. Ainsi, en remplacement du fonds pour les générations futures, elle a imposé qu'une partie des revenus pétroliers soit affectée à la lutte pour la bonne gouvernance et la démocratie.

Au Niger, le FMI et la banque mondiale participent, aux côtés du gouvernement, à la lutte contre la pauvreté. Ensemble, ces institutions élaborent sur une période de 4 ans, un plan de développement économique et social (PDES) qui évalue les besoins par secteur, en fonction des ressources et se projette vers l'avenir. Les revenus pétroliers contribuent pour une grande part à cette lutte contre la pauvreté. Avec l'opérationnalisation de l'accès aux marchés internationaux à travers le territoire du Cameroun et l'exportation de près de 60 000 barils nigérien par jour, le pétrole constituerait la principale ressource de développement économique et social du pays. A ce titre, il figure parmi les secteurs clés de développement du Niger tel que le plan de développement économique et social 2016-2020.

Si pour le groupe de la banque mondiale les enjeux de l'accès aux marchés internationaux du Tchad et du Niger restent le contrôle de la redistribution des ressources pétrolières et la lutte contre la pauvreté, pour les entreprises multinationales par contre, les enjeux ont une vocation à être personnels.

B- Des multinationales à la conquête des marchés pétroliers

L'accès aux marchés internationaux du Tchad et du Niger dégage comme enjeux pour les multinationales, la défense de leurs intérêts propres dans ces contrats (1) et la recherche de domination dans l'industrie pétrolière internationale (2).

1- Des entreprises oeuvrant pour leurs intérêts

Dans le cadre de l'accès aux marchés internationaux du Tchad et du Niger, la tâche de transport des hydrocarbures par pipeline est effectuée par les entreprises multinationales et leurs filiales exerçant les charges de transport de ces hydrocarbures dans chacune de territoires respectifs des Etats parties. Ayant financé le projet du pipeline à hauteur de 59,2%, le consortium est un groupe d'entreprises qui défend tout d'abord ses intérêts dans le projet. Il en est de même de la compagnie chinoise qui exerce au Niger.

Parlant du projet pétrolier tchadien et de son accès aux marchés internationaux, les investisseurs dont les premiers sont les multinationales sont les premiers qui tirent le meilleur profit du gigantesque projet. Les réserves du bassin de Doba sont estimées à 917 millions de barils et celles de Sédigui sont de l'ordre de 15 millions de tonnes. Ces réserves placeraient le pays au même rang de production que le Congo Brazzaville et au-dessus du Cameroun. Au nom du contrat d'exploitation et d'exportation des hydrocarbures, les biens et services que font entrer ces entreprises au Tchad sont exonérées de tout paiement et ce fait constitue des pertes pour l'Etat tchadien au profit des multinationales. L'expérience dans bien de pays producteurs de pétrole montre que ceux qui tirent réellement profit du pétrole sont les multinationales. Le Tchad n'échappe pas à cette règle et pour cause, les 883 millions de barils qui seront exportés sur 30 ans, rapporteraient environ 13,7 milliards de dollars or, le prix du baril étant fluctuant, on ne peut pas toujours rester au prix de 15,5 dollars/baril comme calculé dans la convention. Si à cette recette on enlève la dette et le fonctionnement (5,7 milliards), il restera 8 milliards à repartir entre le Tchad, le Cameroun et le consortium. Selon le pourcentage, le consortium rafle 71%, le Cameroun 7% et le Tchad 22%. Ce constat montre l'exorbitance des intérêts du consortium dans le projet.

Au même titre que le consortium, la CNOGEDC a pour principal objectif de défendre ses intérêts propres au Niger. En gagnant un CPP, puis une AEE sur les blocs d'Agadem, l'entreprise entend poursuivre ses intérêts propres. Le raccordement du pipeline à celui existant lui est confié et c'est à elle et à sa filiale que reviendra d'acheminer les hydrocarbures du Niger sur les marchés internationaux via la côte atlantique camerounaise.

Au-delà de la défense de leurs intérêts, les multinationales ont pour autre objectif de dominer l'industrie pétrolière internationale.

2- La guerre de positionnement des multinationales dans l'industrie pétrolière internationale

En plus de la recherche de gain, les compagnies pétrolières engagées dans l'exploitation et l'exportation des hydrocarbures du Tchad et du Niger sur les marchés internationaux luttent pour un positionnement dans la sphère des grandes compagnies pétrolières mondiale.

En effet, le classement des compagnies pétrolières mondiale tient compte non seulement de leur chiffre d'affaire, mais aussi de leur performance et leur présence dans les marchés pétroliers. Ainsi, le magazine Forbes tient compte de la capacité de production pour établir un classement annuel, contrairement au magazine Fortune qui lui, tient compte du chiffre d'affaire. Quoiqu'il en soit, l'on rentre toujours dans la même logique parce que c'est en fonction de la production que le chiffre d'affaire augmente. A l'issue du classement Forbes du Top 10 des entreprises en 2014, l'on note la domination de l'industrie pétrolière internationale par la Saudi Aramco (12 millions de bep/jour), suivi du Gazprom (8,3 millions de bep/jour), Exxon mobil vient en 4ème position (4,7 millions bep/jour) et la petro china en 6ème position (4 millions de bep/jour)192(*). A ce titre, tout en cherchant à défendre leurs intérêts propres dans le projet d'exportation des hydrocarbures, le consortium composé d'Exxon mobil, de Petronas et de leurs filiales que sont COTCCO et TOTCO d'une part et la CNOGEDC et de sa filiale la CNPC-Niger petroleum S.A oeuvrent en faveur d'une meilleure performance sur le plan mondial. L'augmentation de leur production ou de leur chiffre d'affaire dans ce projet d'exportation par pipeline contribuerait à leur rayonnement mondial.

En définitive, les enjeux de l'accès aux marchés internationaux du Tchad et du Niger à travers la côte camerounaise sont différents en fonction des objectifs d'acteurs impliqués. Si le Tchad et le Niger cherchent, tout en respectant les exigences du développement durable, à améliorer les conditions socio-économiques, la banque mondiale assure le rôle d'arbitre en garantissant un bon usage des ressources pétrolières et en luttant contre la pauvreté. En défendant leurs intérêts propres dans ce projet, les multinationales cherchent surtout un positionnement au rang des plus grandes compagnies pétrolières mondiales. Les enjeux issus de ce projet de pipeline sont autrement perçus au Cameroun, Etat de transit des hydrocarbures.

* 191 Rapport du FMI N° 11/357 F, mai 2012, disponible en ligne sur www.imf.org, consulté le 23 mars 2017.

* 192 Ce classement est disponible su www.planet-energies.com/fr/medias/chiffres/les-grandes-compagnies-petroliere

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo