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Les terrasses du Pech de Foix: recherches « ethno-historiques » pour la mise en oeuvre d'un sentier d'interprétation et perspectives de dynamisation du site

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par Elise LABYE
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 professionnel Aménagement et développement transfrontalier de la montagne 2011
  

Disponible en mode multipage

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Master Mention "Géographie et aménagement"

Mémoire de Master 2 professionnel

Aménagement et développement transfrontaliers de la montagne

1

LES TERRASSES DU PECH DE FOIX :

RECHERCHES « ETHNO-HISTORIQUES » POUR LA MISE EN OEUVRE D'UN SENTIER D'INTERPRETATION ET PERSPECTIVES DE DYNAMISATION DU SITE

Par Elise LABYE

Encadrement universitaire : Corinne EYCHENNE, Jean-Paul METAILIE
et Jacinthe BESSIERE

Maître de stage : François REGNAULT

Septembre 2011

2

REMERCIEMENTS

En premier lieu je souhaite remercier François Regnault et toute l'équipe de la Fédération Pastorale pour leur accueil chaleureux et leur accompagnement tout au long de ces quatre mois de stage. Merci aussi à Camille Provendier et Richard Béziat de l'Humain Volontaire ainsi qu'à toutes les personnes que j'ai pu interviewer dans le cadre du stage.

Je remercie aussi mes parents, Christelle, Marc, Maël, Ludo, Mitra, Claudine, Nicolas et tous ceux que j'oublie pour leur aide et leurs encouragements.

Un grand merci à toute l'équipe pédagogique du Master 2 ADTM et à Claudine Loncelle, secrétaire du département géographie et aménagement de Foix, qui nous ont accompagnées au cours de cette année de formation.

Je remercie chaleureusement toutes les filles de la promotion Noémie, Sylvie, Clémentine, Dominique, Sandrine, Anaïs et Clémence pour tous les souvenirs que je garderai de cette année passée ensembles depuis nos nombreux fous rires jusqu'aux moments de doutes que nous avons pu traverser parfois.

Et enfin, un très grand merci à Corinne Eychenne, Jacinthe Bessière et Jean-Paul Métailié pour avoir encadré mon travail de stage et m'avoir conseillé pour la réalisation de ce mémoire.

3

SOMMAIRE

REMERCIEMENTS 2

INTRODUCTION 6

1ère PARTIE : CONTEXTE DE L'ETUDE REALISEE DANS LE CADRE DU PROJET

DE MISE EN PLACE DU SENTIER D'INTERPRETATION 9

I. La Fédération Pastorale de l'Ariège 9

A. Type de structure 9

B. Objectifs, territoires d'actions et missions 10

II. Le programme « 1001 terrasses d'Ariège » 12

A .Le système terrasse 12

B. Objectifs et actions 17

C. Un projet intégré au programme leader 19

III. Le site de terrasses du Pech de Foix 20

A. Présentation géographique du site 20

B. Une ressource territoriale « multi-patrimoniale » 23

C. Suivi du projet et mode de financement 26

D. Travail confié et méthodologie mise en place 31

Conclusion de la première partie 33

2eme PARTIE : RECHERCHES ETHNO-HISTORIQUES : RESULTATS ET FONCTIONS

34

I. Résultats de l'enquête ethno-historique 34

A. Rappel des objectifs et précisions sur la méthode 34

B. Toponymie des noms de lieux 36

C. Habitat, usages et représentations 37

D. Portraits d'habitants du Pech 58

II. Synthèse et préconisations 61

A.

4

Bilan de l'enquête 61

B. Préconisations pour un approfondissement des recherches 61

III. Apports pour la conception du sentier d'interprétation 63

A. La notion d'interprétation 63

B. Une perspective ethno-historique 64

C. Portraits et paroles 65

D. Participation à la démarche partagée 65

Conclusion de la deuxième partie 66

3ème PARTIE: PISTES DE VALORISATION DU SITE ET MODALITES DE SUIVI PAR

LE GROUPE PROJET UNE FOIS LE SENTIER EN PLACE 67

I. Enjeux, objectifs, méthodologie et limites de cette partie 67

A. Les enjeux d'une dynamisation du site 67

B. Objectifs et méthodologie 68

C. Les limites 69

II. Autres sites de terrasses : Actions mises en oeuvre, modalités de gestion 69

A. Les terrasses de la carolle à Auzat 70

B. Le Mas d'Azil : site de Souribet 70

C. Camon : les cabanes en pierres sèches 71

III. Quels projets pour le site de Foix ? 73

A. Synthèse des potentiels du site de Foix 73

B. Domaines d'actions possibles et exemples de projets 74

C. Possibilités de financements 81

IV. Modalités de pilotage et de développement d'activités sur les terrasses du Pech de Foix

81

A. Les réunions du groupe-projet, les besoins identifiés 81

B. Les actions à mettre en oeuvre par le groupe-projet pour avancer dans le

développement d'activités sur le site 83

C. Mise en réseau avec le collectif 1001 terrasses d'Ariège 85

5

D. Synthèse pour la valorisation du site de terrasses du Pech de Foix 85

Conclusion de la troisième partie 87

CONCLUSION GENERALE 88

BIBLIOGRAPHIE 90

LISTE DES SIGLES UTILISES 93

ANNEXE 1 : PHOTOS ANCIENNES 94

ANNEXE 2 : PLAN NAPOLEONIEN 95

ANNEXE 3 : PLAN DE FOIX, ATLAS DES VILLES DE FRANCE, G.DE LLOBET 96

LEGENDE DU PLAN 97
ANNEXE 4 : ARTICLES DE JOURNAUX ANCIENS CONCERNANT LA

DISPARITION DE JEAN SOULA 98

ANNEXE 5 : TABLEAU RECAPITULATIF DES PERSONNES DU GROUPE-

PROJET INTERVIEWEES 102

ANNEXE 6 : ARTICLES DE PRESSE SUR LES CHANTIERS DE JEUNES 106

ANNEXE 7 : PORTRAITS ET PAROLES 108

TABLE DES MATIERES 112

6

INTRODUCTION

La valorisation des patrimoines naturel et culturel peut constituer, sous réserve du respect des principes du développement durable1, un élément majeur pour la dynamisation et le développement des territoires ruraux. Souvent pris sous l'angle de l'expression d'un reflexe identitaire de nos sociétés face aux phénomènes de mondialisation culturelle et économique, il constitue néanmoins une ressource territoriale qui peut être utilement mobilisée par les acteurs locaux oeuvrant dans le domaine du développement local. En effet, la mobilisation du patrimoine d'un territoire peut avoir des répercussions dans des domaines bien différents : esthétique paysagère, construction identitaire d'un territoire et de ses habitants (NEMERY et THURIOT, 20082), plus-value économique, etc.

La valorisation du patrimoine rural occupe une place de choix dans les politiques de développement rural, aux côtés notamment du domaine agricole et de celui des services aux populations. Cette place se justifie généralement en raison de la plus-value générée pour le développement d'activités touristiques. Le tourisme semble à notre époque la panacée de la revitalisation des territoires ruraux « en perte de vitesse économique » bien que cette stratégie ne soit pas toujours la plus adaptée au développement durable d'un territoire3. La valorisation du patrimoine rural peut avoir un effet important sur l'attractivité d'un territoire tant dans une perspective touristique que pour l'accueil de nouveaux habitants. D'autant que la conjoncture actuelle montre que les effectifs de la population rurale sont globalement en augmentation, depuis la fin des années 1980, après avoir été en déclin au cours d'une longue période d'exode rural qui a débutée au début du 20ème siècle.

Le cas qui nous intéresse ici concerne un site d'anciennes terrasses de cultures situé dans le département de l'Ariège. Il avait été quasiment oublié de la population locale, quand, à l'initiative d'acteurs locaux et grâce au programme d'action 1001 terrasses d'Ariège, un projet de réhabilitation a progressivement vu le jour. Sa mobilisation en tant que ressource territoriale, pourrait avoir des conséquences positives dans différents domaines à l'échelle locale. Ces retombées pour le territoire sont toutefois soumises à un certain nombre de

1 Définition selon le rapport Brundtland sur le développement et l'environnement réalisé à la demande des Nations Unies (1987): « "Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs". Le développement durable a pour objectif la recherche, dans toute action de développement, d'un équilibre prenant en compte entre les sphères sociale, économique et environnementale.

2 « La construction des identités passe notamment par la mobilisation des ressources et des richesses-identifiées alors comme patrimoine-présentes sur un territoire »p.7

3 Idée développée notamment par Pierre Torrente, cours de M2 Aménagement et développement transfrontaliers de la montagne.

7

paramètres pour pouvoir se déployer largement. L'un de ces paramètres est une réelle appropriation du projet par les acteurs locaux privés et institutionnels, les seuls à même de faire vivre le site dans le temps.

Le mode de valorisation choisi est la mise en place d'un sentier d'interprétation avec un accès libre du public. Il sera intégré au Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée4. Un bureau d'étude, « l'Humain Volontaire », a été choisi pour élaborer le contenu des dispositifs qui seront mis en place le long du sentier et pour mener une démarche participative en animant un « groupe-projet » réunissant des acteurs locaux, aux côtés de la Fédération Pastorale de l'Ariège. Ce groupe se réunit régulièrement autour de divers sujets ayant trait à l'avancée du projet.

Des acteurs locaux souhaitent aujourd'hui protéger et réhabiliter cet espace, qui constitue un témoin de l'histoire agraire locale, afin d'en éviter la disparition, mais aussi pour montrer qu'il recèle des potentialités actuelles et modernes pouvant être mobilisées pour l'avenir du territoire. Mais la capacité de valoriser cet espace pour un bénéfice durable des populations locales dépend de la façon dont il sera géré sur le long terme. Sinon, ce site risque de devenir un espace musée figé et de retomber dans une certaine indifférence faute de susciter et d'y mener des actions pour développer d'autres fonctionnalités ancrées dans le présent.

Quels peuvent être, de nos jours, les enjeux de la valorisation du patrimoine rural pour un territoire tel que l'Ariège ? En quoi la collecte d'informations sur les usages passées et actuels du site peut être mobilisée dans la mise en oeuvre d'une démarche de projet participative ? Quelles sont les pistes de valorisation possibles de ce site lorsqu'il sera doté d'un sentier d'interprétation ?

Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre dans ce mémoire qui a été rédigé à l'issue d'un stage professionnel qui s'est déroulé sur une durée de quatre mois à la Fédération Pastorale de l'Ariège. Il doit rendre compte de la complémentarité de cette mise en situation professionnelle avec la formation universitaire grâce, notamment, à une mise en perspective théorique du sujet de la mission confiée au cours du stage.

4 Le PDIPR recense, dans chaque département, des itinéraires ouverts à la randonnée pédestre, et éventuellement équestre. Il revient à chaque Conseil Général d'établir un PDIPR en application de l'article L361-1 du Code de l'Environnement. Cette compétence est issue d'une loi de décentralisation de 1983.

8

La première partie de ce document présentera le contexte de l'étude et le projet des terrasses du Pech de Foix. Les résultats de l'enquête ethnohistorique, leurs limites et les modalités de leur intégration dans l'étude pour la mise en place du sentier d'interprétation réalisée seront développés dans la deuxième partie. Enfin, la dernière partie sera consacrée à la synthèse des potentialités, à l'identification de pistes de valorisation et à leurs possibilités de suivi par les acteurs locaux une fois que le sentier sera mis en place.

1ERE PARTIE : CONTEXTE DE L'ETUDE

REALISEE DANS LE CADRE DU PROJET DE

MISE EN PLACE DU SENTIER

D'INTERPRETATION

9

Cette première partie a pour but de positionner l'étude menée au cours du stage professionnel dans son contexte à la fois géographique et institutionnel. Dans un premier temps, nous présenterons la Fédération Pastorale de l'Ariège et son programme « 1001 terrasses d'Ariège » dont nous préciserons les objectifs et missions. C'est dans le cadre de ce programme que s'insère le projet de valorisation du site des terrasses du Pech de Foix, objet central de notre propos, et dont une première présentation sera faite dans cette partie. Ensuite sa situation géographique, les caractéristiques de sa dimension patrimoniale et le mode de suivi du projet seront précisés. Enfin, nous aborderons plus concrètement le contenu de la mission à remplir dans le cadre du stage.

I. LA FEDERATION PASTORALE DE L'ARIEGE

A. TYPE DE STRUCTURE

La Fédération Pastorale de l'Ariège (FPA) a été crée en 1988 à l'initiative des éleveurs, des élus de la montagne et du Conseil Général de l'Ariège. Il s'agit d'une association loi 1901 qui a pour vocation « la mise en oeuvre de la politique pastorale du département de l'Ariège »5 qui est un territoire à la fois très rural et montagnard. Les membres du conseil d'administration de la FPA sont issus des principaux groupes d'acteurs du milieu agro-pastoral à la fois privés et publics (Conseil Général, Association des maires, Chambre d' Agriculture, Office National des Forêts, Direction Départemental des Territoires et les représentants des éleveurs, des propriétaires fonciers et des pâtres de haute-montagne). Cette

5 Extrait de la plaquette de présentation de la Fédération Pastorale de l'Ariège.

10

structuration rapproche la FPA à la fois du statut de structure professionnelle agricole et celui de fédération d'économie montagnarde.

B. OBJECTIFS, TERRITOIRES D'ACTIONS ET MISSIONS

Elle met en place une animation pastorale menée par une équipe d'ingénieurs et de techniciens spécialisés dans différents domaines (foncier, estives et transhumance, patrimoine, environnement, système d'information géographique, etc.) Profondément ancrée dans le système montagnard, elle intervient auprès des acteurs locaux sur trois types de territoires qui diffèrent selon l'étagement montagnard. L'organisation et la gestion à mettre en oeuvre pour structurer les territoires d'estive, de zones intermédiaires et de fonds de vallées.

Figure 1: schéma de l'étagement montagnard relatif aux usages pastoraux (Source: fédération pastorale de l'Ariège)

Elle fut pionnière en France dans la structuration de l'activité pastorale et la gestion des grands espaces pastoraux grâce à l'utilisation des outils que sont les associations foncières

11

pastorales(AFP)6 et les groupements pastoraux(GP)7. Ils sont issus des lois pastorales de 1972 qui ont permis de poser les bases d'une politique en faveur de l'Agriculture de montagne. Le but était alors de rénover l'économie pastorale traditionnelle en donnant un cadre légal aux pratiques collectives d'utilisation des pâturages (EYCHENNE, 2003).

L'action de la FPA s'inscrit dans une logique de développement territorial. La lutte contre la déprise agricole et la dynamisation des villages sont des objectifs transversaux à toutes les actions de la FPA. Et bien que la FPA agisse principalement dans le domaine du pastoralisme, le caractère transversal de cette activité et ses interrelations avec différents domaines la place au coeur des enjeux actuels relatifs aux territoires de montagne.

« Le pastoralisme occupe une place particulière dans le Massif des Pyrénées. Système d'exploitation agricole constitutif de l'identité culturelle du massif, il doit être considéré au travers de sa fonction globale et de l'ensemble de ses composantes qui touchent aux domaines de l'économie, du social, du patrimoine, de l'environnement, de l'aménagement des territoires, des paysages, du tourisme,... » (Extrait du schéma pastoral départemental 2008-2013, Fédération Pastorale de l'Ariège)

Dans l'esprit d'une démarche de développement territorial global, certaines actions de la fédération pastorale se sont tournées vers la valorisation du patrimoine pastoral et rural. C'est dans les années 1990 que des opérations de restauration ont débutés grâce au Fond de Gestion de l'Espace Rural (lavoirs, chemins, murets, paysages bocagers, etc.) mis en place par le Conseil Général de l'Ariège. En 2000 débute le programme 1001 terrasses d'Ariège dans le cadre duquel s'inscrit le projet de valorisation des terrasses de Foix, son contenu sera développé plus loin. L'un des enjeux de la valorisation du petit patrimoine est de répondre aux attentes des propriétaires fonciers qui se sont engagées dans des démarches collectives telles que les AFP (Association Foncière Pastorale).

6 Cet outil permet de mettre en place une gestion d'espaces situés généralement en fond de vallées et en zone intermédiaire. Ces zones sont le plus souvent constituées de multiples parcelles appartenant à de nombreux propriétaires. « Une Association Foncière Pastorale est une association syndicale libre ou autorisée, constituée entre des propriétaires de terres pastorales et de terrains boisés en zone de montagne ou défavorisée. Sa création a pour objectif de regrouper les terrains privés ou publics en vue d'améliorer les conditions d'exploitation, d'aménagement et d'entretien des fonds regroupés dans le cadre d'une gestion collective de ces biens ». (Document de présentation édité par le conseil général de l'Ariège intitulé : « l'Aménagement Foncier en Ariège : une compétence transférée »)

7 Un groupement pastoral rassemble des éleveurs transhumants afin de mettre en place la gestion collective d'une zone d'estive (pâturages de haute-montagne où les troupeaux de plusieurs éleveurs sont rassemblés en été) On peut par exemple : embaucher un berger, programmer des travaux d'amélioration des infrastructures de l'estive (cabane, parcs de contention, héliportage de matériel, etc.)

12

En fonction des projets, la FPA est soutenue financièrement par le Conseil Général de l'Ariège, le Conseil Régional de Midi Pyrénées, l'Etat et la Communauté Européenne à travers différents programmes de développement.

LES MISSIONS DE LA FPA

? Organisation des acteurs du pastoralisme ariègeois : encourager

l'organisation de la propriété foncière par la création d'AFP. Inciter à l'organisation des éleveurs en GP (groupements pastoraux) pour maintenir une approche collective de la gestion des espaces. Assurer l'animation de ces structures par leur accompagnement technique et leur suivi administratif.

? Aménagement des territoires : accompagner le développement des
territoires pastoraux par la mise en oeuvre de travaux d'amélioration pastorale (cabanes, parcs de contention, points d'eau, débroussaillement, etc.). Les AFP et les GP peuvent bénéficier d'aides publiques pour la réalisation de ces travaux. La FPA propose chaque année une programmation de ces travaux aux partenaires financiers (Conseil Général, Conseil Régional, Etat, Europe).

? Gestion raisonnée de l'espace : réalisation d'expertises techniques.
Aide à la gestion raisonnée de l'espace et des ressources fourragères (diagnostics pastoraux, plans de gestion, suivis de végétation, mise en place de contrat de gestion de l'espace.

? Valorisation du patrimoine naturel et bâti : prise en compte de la
valeur environnementale des surfaces pastorales et des milieux pour une gestion plus respectueuse du patrimoine naturel. Valorisation du patrimoine bâti montagnard en relation avec l'activité pastorale (programme 1001 terrasses d'Ariège, inventaire de cabanes et de granges, etc.)

II. LE PROGRAMME « 1001 TERRASSES D'ARIEGE »

Pour pouvoir mieux comprendre ses enjeux nous allons dans un premier point préciser en quoi consiste un espace organisé en terrasses à la fois dans sa dimension mondiale et locale avant de rentrer plus précisément dans le contenu et les modalités de mise en oeuvre de ce programme d'actions.

A .LE SYSTEME TERRASSE

1. Definition et principes

En maints endroits du monde depuis l'Amérique latine jusqu'aux confins de l'Asie en passant par le Moyen-Orient et l'Europe on trouve des terroirs aménagés en terrasses résultant

13

de la mise en oeuvre des mêmes principes. Ce sont « des nécessités communes » qui ont amené dans bien des régions de la planète, « des réponses proches ». Il s'agit de construire des ouvrages de soutènement, le plus souvent en pierre, afin de réduire, d'annuler, voire d'inverser la pente naturelle des terrains, avec pour objectifs essentiels de les cultiver. Cela permet aussi de valoriser les matériaux issus de l'épierrement (FRAPA, 1996).

« Une terrasse est une bande de terre horizontale ou de très faible pente soutenue par des murs ou des talus qui ont été créés pour stabiliser le sol et permettre ou faciliter l'exploitation agricole. » (PIOL, 2001 p.17, à partir des définitions des Chambres d'Agricultures de la Région Languedoc-Roussillon).

2. Un savoir-faire paysan complexe

De ces aménagements d'espaces naturels résultent des paysages en escaliers qui sont qualifiés de culturels voire même d'artificiels car ils résultent du travail de l'homme sur le milieu et sont bien souvent construits de toutes pièces. L'aménagement de la pente est extrême. Sur un espace comme le Pech de Foix, massif calcaire subissant des influences méditerranéennes, la technique est la suivante : la terre est enlevée, souvent jusqu'à la roche mère, puis un mur est bâti. On tapisse le fond de la terrasse avec de grosses pierres pour un meilleur drainage et enfin on remplit à nouveau avec la terre enlevée à laquelle s'ajoute un apport extérieur de terre. Combler ainsi la profondeur créée génère un sol plus propice à l'accueil de cultures8. Ces techniques diffèrent selon le climat, la nature du sol et le type de cultures que l'on souhaite mettre en place (cultures sèches, irriguées ou inondées). Mais il s'agit toujours d'un savoir-faire paysan plus complexe qu'il n'y parait au premier abord.

« Ces paysages, que l'on retrouve un peu partout à travers le monde, impressionnent et irritent l'esprit, probablement parce que plus que d'autres, ils suggèrent spontanément le travail démesuré de l'homme, un passé laborieux au cours duquel la terre vivait et faisait vivre, mais aussi et surtout ils témoignent d'une technologie, d'un savoir-faire et d'une capacité à gérer le milieu dont on ne sait finalement que peu de choses » (BLANCHEMANCHE, 1990)

8 Explications recueillies lors d'un entretien avec Jean-Paul Métailié, Géographe au laboratoire GEODE de l'université de Toulouse le-Mirail.

14

Une fois ce constat établi, on comprend mieux la fragilité et la « sensibilité à l'abandon » de ces espaces. Pour rester en bon état ils nécessitent un entretien régulier : maintenir les murs, remonter la terre qui descend lors des fortes pluies, etc.

« Plus un espace naturel a subi de transformation pour l'adapter aux besoins humains, plus il est instable et fragile en cas d'abandon. [...] La densité de leur population est à la fois à leur origine, leur problème et leur condition indispensable de pérennité » (FRAPA, 1996).

L'abandon de ces espaces peut avoir des répercussions écologiques à divers niveaux. Notamment, leur préservation permet d'éviter certains risques naturels différents selon les territoires : limitation de l'érosion et des coulées de boue en cas de précipitation, lutte contre les incendies grâce au maintien d'espaces ouverts, etc.

« Les versants n'ont pas été aménagés pour lutter contre l'érosion mais pour créer un espace de production et le préserver : lorsque la production n'est plus nécessaire ou possible, pour des raisons économiques et ou sociales, l'entretien des aménagements cesse et par conséquent la lutte anti-érosive » (FRAPA, 1996).

3. Les terrasses de cultures en Ariège

Figure 2: La France des terrasses de culture à mur de soutènement en pierres sèches.

Source : (c) Christian Lassure9

9 http://www.pierreseche.com/regions_a_terrasses.htm, consulté le 12 Août 2011.

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L'Ariège constitue selon la carte ci-dessus la limite ouest de la zone méditerranéenne et pyrénéenne française où l'on trouve des terrasses. Les zones où elles sont le plus présentes sont la haute-Ariège et le Donezan, où elles peuvent couvrir des pans entiers de montagne. Ce sont les influences climatiques de la méditerranée et la pierrosité abondante qui ont contribués à leur apparition et permettent des cultures sèches spécifiques (la vigne par exemple). Dans les Pyrénées Orientales les versants en terrasses sont couverts de cultures de vigne, notamment dans la région de Banyuls. En Ariège, la grande majorité des terrasses ne sont de nos jours plus cultivées et pour en savoir plus sur leurs usages anciens, on peut notamment se référer à des ouvrages de géographie humaine classique.

L'ouvrage de Michel Chevalier « La vie humaine dans les Pyrénées ariègeoises » paru en 1956 est issue d'une thèse de géographie humaine réalisée à partir d'une enquête très minutieuse menée sur la partie montagneuse du département. Il comporte des éléments intéressants concernant les terrasses de cultures en Ariège, les usages anciens qui y sont liés et leurs évolutions.

« Les préférences des premiers agriculteurs, créateurs des actuels paysages agricoles, n'étaient nullement comparables à celles des cultivateurs modernes. L'on recherchait des terres légères et faciles à travailler plus que les terres fertiles. Essentiellement vivrière, l'agriculture ancienne s'accrochait aux terroirs ensoleillés, propices aux céréales, si incommode que fut leur assiette. Or, c'était surtout la montagne qui était riche, non seulement en estives, mais en grands versants ensoleillés et en sols légers. [...] La soulane est par excellence le terroir de montagne », une importance « liée aux phénomènes d'ensoleillement. [...] la construction d'innombrables murettes, à flanc de pente, n'empêche pas le glissement des terres ; leur remontée, le plus souvent à dos d'homme, constituait l'une des tâches les plus rudes de l'ancienne agriculture [...] le caractère très meuble des sols de montagne a longtemps suffi à compenser, aux yeux de paysans mal outillés, leurs multiples désavantages. Mais ces terres à seigle, à sarrasin et à pommes de terre, assez bien adaptées à l'économie ancienne, ne le sont plus du tout aux exigences de l'agriculture moderne ; ce sont parfois les terroirs qui avaient été le plus précocement mis en valeur qui sont de nos jours [c'est-à-dire dans les années cinquante] les plus proches de l'abandon. » (CHEVALIER, 1956)

Ces premières considérations permettent de confirmer l'idée selon laquelle l'occupation et l'aménagement de versants en terrasses de culture sont probablement très anciens dans le département. Et, contrairement à ce que l'on croit communément, leur

16

occupation n'est pas seulement liée à phénomènes de surpopulation obligeant les montagnards à coloniser ces espaces difficiles bien que cela ait contribué à leur colonisation à certaines époques. Ces terroirs étaient très prisés avant la mécanisation de l'agriculture malgré de fortes contraintes comme l'entretien des murs et la remontée régulière des terres ravinées, à l'aide des gourbilles10.

En Cerdagne, aux alentours de 1800 mètres, la période de fonctionnement d'une terrasse agricole a été située autour de l'âge du Bronze. Des datations qui sont possibles grâce aux techniques de l'archéologie de l'environnement comme la pédoanthracologie11. Des données qui sont cohérentes avec « les évidences palynologiques d'une conquête pastorale générale de la montagne pyrénéenne à la fin de l'Age du Bronze. » (Marie-Claude BAL 2006).

Lorsque les montagnes pyrénéennes étaient très peuplées12 et que le système « traditionnel » était en plein essor, elles servaient aux cultures de céréales telles que le blé noir, l'orge, le seigle mais aussi pour la pomme de terre qui était un pilier de l'alimentation des populations des régions de montagnes. La culture de la vigne occupait aussi une place de choix sur les espaces terrassés d'Ariège. C'était le cas sur une bonne partie des terrasses du Pech de Foix. Toujours dans l'ouvrage de Michel Chevalier, au chapitre concernant la culture de la vigne, nous pouvons en trouver quelques indications :

« ...Les trois grandes zones viticoles des Pyrénées Ariègeoises : le bassin de Saint-Girons, le Mas d'Azil, et enfin le vignoble de Foix étalé sur les terrasses de l'Ariège et sur les flancs du Pech de Foix ». Il indique également à propos du paysage des vignobles en pentes : « Celles-ci sont coupées de petites murettes, qui non seulement retiennent les terres, mais procurent aux vignes des étroites terrasses les avantages de la réverbération. Presque au dessus de Montgailhard, le Pech de Foix étage encore les gradins innombrables de son ancien vignoble. »

De nos jours, ces terrasses servent le plus souvent de pâturages. Mais, après un abandon plus ou moins long, actuellement, des acteurs locaux utilisent certains espaces de terrasses et y développent des activités plus ou moins éloignées de ce à quoi elles étaient destinées à l'origine. Si certains les réhabilitent à des fins de cultures, d'autres sont l'objet d'une valorisation pour des usages de loisirs. Nous allons voir maintenant quels sont les

10 Sorte de panier en osier qui se porte sur le dos et sert à remonter la terre descendue des terrasses.

11 Il s'agit d'une discipline de l'archéobotanique qui repose sur l'étude des charbons de bois.

12 Le pic de population se situe au milieu du XIXème siècle.

17

objectifs et les moyens du programme 1001 terrasses d'Ariège qui les accompagne dans leur démarche.

B. OBJECTIFS ET ACTIONS

Suite au constat qu'une grande partie des territoires pastoraux, sur lesquelles la Fédération Pastorale de l'Ariège concentre son action, étaient constitués d'anciennes terrasses de cultures, le programme 1001 terrasses d'Ariège a été initié au cours de l'année 2000. Son programme d'actions doit permettre de préserver de manière durable ce patrimoine à travers quatre axes.

Les quatre axes du programme d'action de l'opération 1001 terrasses d'Ariège y' Mesurer : pour mieux connaître ces espaces et établir des choix de gestion.

y' Souligner : pour rendre les terrasses plus visibles dans le paysage ariègeois, auprès des habitants et auprès du public touristique.

y' Préserver : autant que possible pour le bénéfice des générations futures.

y' Développer : pour servir de support au développement économique en préservant et en relançant les activités valorisant les terrasses, aussi en mettant en réseau les acteurs et les sites.

L'intérêt est porté sur un élément, les terrasses de cultures, dont la portée est universelle car il en existe un peu partout à l'échelle planétaire. Les objectifs sont de mieux appréhender l'étendue, en Ariège, de cet élément marquant de la culture ariègeoise, de s'interroger sur leurs fonctionnalités aujourd'hui (intérêt paysager, prévention des inondations et crues torrentielles, espaces riches en biodiversité, qualités agronomiques des parcelles, etc.) et de valoriser leurs potentialités mésestimées à travers un programme d'action.

L'une de ses premières étapes fut la réalisation d'un inventaire pour mieux cerner les espaces sur lesquels le programme souhaitait agir. (PIOL, 2001). Cet inventaire a conclu à la présence de 23 000 hectares de terrasses sur le département ariègeois pour beaucoup en friche ou emboisées. La vocation pastorale étant devenue, au fil du temps, principale sur nombre de ces espaces, l'une des premières actions fut une expérimentation en vue de la réduction de la dégradation des terrasses par les troupeaux domestiques.

18

En fonctions des différents porteurs de projets, d'autres modes de valorisation agricoles existent, tels que la production de petits fruits, le maraîchage ou encore la trufficulture. Des modes d'utilisation des terrasses qui sont plus en lien avec leur fonction initiale. Une autre vocation encore : des sites où le public est accueilli pour des activités de loisirs et touristiques avec différentes modalités de mise en scène du patrimoine, notamment à travers des dispositifs scénographiques. Ces porteurs de projets ont pu être soutenus grâce à un travail d'animation, d'accompagnement et à travers différents moyens : travaux d'aménagements et de restauration des constructions en pierre sèche, formation à la technique de la pierre sèche, valorisation scénographique, moyens de communication (supports d'information) etc.

Par ailleurs, un réseau des porteurs de projet se développe à l'échelle du département : une action qui permet de fédérer ceux qui mènent des activités sur terrasses et de définir un programme d'action collectif. Il doit pouvoir être un lieu d'échanges et permettre la capitalisation d'expériences. Dans le cadre d'une formation13, l'identification de valeurs partagées pour développer une identité collective a pu être définie afin de constituer un cadre de référence et d'action. Dans ce but, plusieurs collèges thématiques ont été créés (foncier, pratiques culturales, pierre sèche, communication, médiation et accueil) et un plan de communication commun va être prochainement mis en oeuvre (dont un site internet). L'organisation d'une journée événementielle, « la fête des terrasses » dans le cadre des journées européennes du patrimoine participe de cet objectif collectif de communication.

Une autre action est actuellement à l'oeuvre en partenariat avec la Chambre de Métiers de l'Ariège. Il s'agit de progresser dans la structuration de la filière des artisans de la pierre sèche en Ariège en créant un collectif d'artisans à même de répondre collectivement à des appels d'offres, en organisant des formations techniques, en favorisant la mise en relation avec des maitres d'ouvrage, etc. Le programme participe ainsi à la sauvegarde d'un patrimoine technique, artisanal à travers la valorisation du métier de murailler. La technique du bâti en pierre sèche, loin de n'être que du folklore, conserve aujourd'hui toute sa raison d'être notamment en termes de durabilité écologique, de solidité des réalisations et d'esthétique du résultat, le tout au bénéfice du territoire.

13 Assurée par deux intervenantes : Malika Boudellal (ethno-muséographe) et Camille Provendier (Consultante en Education à l'Environnement)

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C. UN PROJET INTEGRE AU PROGRAMME LEADER

Le programme 1001 terrasses d'Ariège fonctionne en grande partie grâce au programme européen LEADER (Liaison Entre les Actions de Développement de l'Economie Rurale). Depuis 1992 ce programme européen est destiné au développement des zones rurales et se caractérise notamment par une volonté de soutenir une stratégie locale définie dans une approche ascendante. Ce programme d'appui au développement local fait partie depuis 2007 du second pilier de la PAC (Politique Agricole Commune), c'est-à-dire de la politique européenne de développement rural. Il en est le quatrième axe et se distingue des autres axes notamment par le fait que des territoires de projets doivent se constituer autour d'une priorité ciblé et candidater afin d'obtenir une reconnaissance en tant que territoire LEADER. C'est ensuite un Groupe d'Action Local (GAL) qui gère la programmation sur un partenariat privé/public. En Ariège le territoire Leader constitué englobe la quasi-totalité du département et son action s'articule autour de la priorité suivante : « l'accompagnement des Pays d'Ariège vers un Développement Durable porteur d'emplois ». Les thématiques privilégiées sont le tourisme, les services et l'espace.

Le programme 1001 terrasses d'Ariège est financée par ces fonds européens à hauteur de 44%. Quant au reste du financement, il se partage entre la Région, le Département et un autofinancement par la Fédération Pastorale de l'Ariège. Après avoir mis en place 5 sites vitrines14 grâce à LEADER + (programmation 2000-2006) ; pour sa programmation 20072013, les financements du programme 1001 terrasses d'Ariège correspondent à deux lignes de financement faisant parties de l'Axe stratégique A du plan de développement du Leader Pays d'Ariège-Pyrénées : « Encourager la mise en production des ressources naturelles et patrimoniales ». Elles concernent le « Tourisme d'interprétation et patrimoine » et la « Formation des acteurs » au titre des dispositifs PDRH15 313 et 331D1, fonctionnant sur des fonds FEADER (Fonds Européen Agricole de Développement Rural).

14 Cinq sites de terrasses valorisés par des projets exemplaires à caractère agricole ou touristique.

15 Programme de Développement Rural Hexagonal. Il s'agit d'une déclinaison nationale de la politique européenne de développement rural dont il existe également une déclinaison régionale : le DRDR (document régional de développement rural)

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III. LE SITE DE TERRASSES DU PECH DE FOIX

Dans le cadre de cette nouvelle tranche de programmation Leader, il est prévu que deux nouveaux sites de terrasses soit l'objet d'aménagements scénographiques, dont le site de terrasses du Pech de Foix. Le projet prendra la forme d'un sentier dont le départ se fera depuis la ville de Foix.

A. PRESENTATION GEOGRAPHIQUE DU SITE

Le site de terrasses est situé sur le flanc sud ouest du Pech de Foix aux alentours de 500 mètres d'altitude. Inclus dans le périmètre d'une zone Natura2000, il fait partie d'un chaînon calcaire orienté est-ouest, appartenant au massif prépyrénéen du Plantaurel, et allant de Foix à Roquefixade. Sur ce massif, on trouve de nombreuses falaises calcaires « coiffées des petits plateaux composés d'une mosaïque de pelouses, landes et forêts ». De par sa nature géologique, on y trouve de nombreuses cavités. « Les soulanes sont ponctuées de villages et de hameaux entourés de prairies bocagères, tandis que les ombrées sont occupées par la hêtraie. Les activités humaines notamment l'élevage, structurent ces paysages. » (Extraits document d'objectifs Natura200016). Cette zone a été classée en tant que site d'intérêt communautaire de par la présence de divers éléments floristiques et faunistiques d'une grande diversité et d'une grande richesse.

Les terrasses sont logiquement situées sur le versant exposé au soleil, beaucoup plus chaud et sec que le versant nord, elles subissent donc une influence méditerranéenne dominante. A cette influence s'ajoute un sol calcaire favorisant ainsi un type de végétation. On y trouve notamment des chênes pubescents et des chênes verts dans les parties boisées. Sur les espaces ouverts on constate la présence d'espèces typiques des influences méditerranéennes comme la lavande par exemple qui s'adapte bien au manque d'eau. On y trouve également du chèvrefeuille, des noyers, de la vigne, de l'origan, etc.

16« Document d'objectifs de la zone spéciale de conservation Pechs de Foix, Soula et Roquefixade, grotte de l'Herm ». Ce document détermine les mesures à mettre en oeuvre pour garantir la préservation des habitats et des espèces présents. « La constitution du réseau Natura 2000 repose sur la mise en oeuvre de deux directives européennes - les directives « oiseaux » et « habitats ». Son objectif est la conservation, voire la restauration d'habitats naturels et d'habitats d'espèces de la flore et de la faune sauvage, et d'une façon générale, la préservation de la diversité biologique. »

Source : http://www.midi-pyrenees.ecologie.gouv.fr/spip.php?rubrique194 (consulté le 23 aout 2011)

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Actuellement, il n'y a pas d'activité agricole dans le périmètre où le sentier sera mis en place, seul un troupeau de chèvres, apparemment ensauvagées, parcourt le site. La dernière activité agricole sur le site date d'il y a quelques années quand un troupeau de chevaux pâturait à l'année.

La partie qui nous intéresse se situe au lieu-dit « les Bentenaus » et à proximité du hameau de Jean Germa actuellement en ruines. Il est à proximité directe de la ville de Foix et l'on y accède soit par le chemin des asperges qui débute près du vieux pont de Foix soit par le chemin des Bonshommes(GR107) au départ du quartier de Flassa situé à proximité de la gare de Foix.

Figure 3: localisation du site des terrasses du Pech de Foix

(Source des cartes: Géoportail)

On trouve sur ce site un ensemble de terrasses avec de très nombreux murs de soutènement en pierres sèches. En plus d'anciennes habitations, en ruines, on constate la présence d'abris en pierres sèches dont un de forme ronde, construit en encorbellement,

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particulièrement remarquable. Situé sur la commune de Foix, préfecture du département de l'Ariège, ces terrains sont essentiellement privés à l'exception d'une petite partie appartenant aux domaines de l'Etat. Ces espaces de terrasses ne se cantonnent pas au site choisi pour le sentier d'interprétation, ils recouvrent une très grande partie de ce versant du Pech de Foix et descendent jusqu'à l'arrière des premières habitations de la ville dont ils constituaient les jardins. Ces espaces sont donc en quelque sorte dans la continuité architecturale de la ville. Si une partie de ces terrasses est emboisée, d'autres sont restés des espaces plus ouverts.

Sachant que la zone entre Foix et Tarascon a été peuplée en continu depuis la préhistoire (présence de grottes préhistorique) on peut supposer que l'origine des aménagements en terrasses sur le Pech de Foix est très ancienne. Il a pu y avoir des abandons puis des réhabilitations à différentes époques. Ce type de soulane, qui est du même type que la soulane de la corniche du massif de Tabe est propice à une agriculture diversifiée. Il y fait chaud, les sols sont calcaires. La légèreté du sol permettait un travail à l'araire. Cette terre de terrasses permettait donc des cultures différentes de l'ensemble agraire local, celles qui nécessitent du soleil, comme la vigne. En Ariège, il y avait autrefois de la vigne sur tous les coteaux calcaires, notamment jusqu'à Lordat en haute-Ariège.

Figure 4: vue d'ensemble du site (cliché : Elise Labye)

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Situé dans un cadre de moyenne montagne, cet élément du patrimoine est lié à une culture locale spécifique. Pris dans son ensemble il constitue un paysage particulier, issu de pratiques agraires, résultant du travail de l'homme sur le milieu naturel. Sa physionomie est due à sa structuration en terrasses même si aujourd'hui, il n'y a plus de pratiques agraires sur ces endroits. Cette espace a entretenu autrefois des relations fonctionnelles avec la ville Foix (productions agricoles, lieu d'habitation). D'autres relations avec la ville seront amenées à se développer dans l'avenir avec la mise en place du sentier d'interprétation (loisirs, apprentissages pédagogiques, etc.). Un choix de valorisation qui inscrit ce site dans un processus de patrimonialisation.

B. UNE RESSOURCE TERRITORIALE « MULTI-PATRIMONIALE » 17

La notion de patrimoine est relative, selon sa définition la plus ancienne, à l'« ensemble des biens hérités du père ». Il constitue un héritage légué par la génération précédente, à transmettre aux générations suivantes et dont la valeur entraine un sentiment de responsabilité à son égard. Peu à peu, ce concept à été élargi jusqu'à concerner « tout ce qui peut être conservé ».

« Composantes matérielles et immatérielles de l'identité de toute société humaine, élaborées, puis transmises et réactualisées sur un territoire : ces biens et savoirs fondent l'identité et les différences entre les groupes humains » (C.Origet de Cluzeau)

Comme nous le rappelle cette définition, le patrimoine est un témoin de l'histoire et la preuve d'une permanence à travers les épreuves, ce qui peut lui conférer le statut de « valeur refuge ». En effet, le patrimoine est une notion très présente dans nos sociétés occidentalisées où il y a une forte uniformisation culturelle due au contexte de mondialisation. Ce que semble confirmer l'absence fréquente de cette notion dans beaucoup de pays dits « en voie de développement ».

Mais, le patrimoine ce n'est pas seulement le passé, il est aussi porteur d'avenir lorsqu'il est pris dans sa dimension de ressource territoriale. « La notion de ressource [prise] en tant que potentialité d'action » (HIRCZAK, PECQUER et MOLLARD, 2004) C'est-à-dire comme un potentiel spécifique à un territoire donné, qui peut être valorisé à travers une

17 Sous partie réalisée notamment à l'aide du cours de master2 ADTM de Jacinthe Bessière

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stratégie de développement local et avoir des répercussions dans différents domaines notamment pour l'image globale d'un territoire.

« Le sentiment qu'existe une identité patrimoniale collective (avec ses références) naît de certaines conjonctures génératrices de menace et de risques, qui interpellent la collectivité sur la continuité de son histoire. [...] le patrimoine architectural ou environnemental se construit à l'interface de l'économique et du social ; du culturel et du politique, de l'esthétique et de l'historique : il régénère à la fois l'économie locale et le lien social, toujours dans le cadre d'un territoire déterminé. [...] Le patrimoine territorialisé apparaît comme une nouvelle donne de l'économie régionale : tourisme, développement local, promotion de produits artisanaux, industriels, agricoles, ou viticoles.[...] Un des aspect sous lequel il apparait est celui de la réactivation du lien social mis en question par l'individualisme triomphant des « trente glorieuses ». Par là même, il oblige à une confrontation des discours, des politiques et des pratiques. » (Yvon LAMY, 2005)

Face au développement du « tout patrimoine », de nombreux adjectifs ont pu être accolés au terme patrimoine lui permettant de se décliner en une multitude de nuances qui se chevauchent bien souvent. Le patrimoine que constitue le site des Bentenaus dans son ensemble, mais aussi les divers éléments qui le constituent, peuvent se décliner à travers divers adjectifs, à la croisée de différentes formes de patrimoine. Cela lui confère une dimension « multi-patrimoniale ».

Le site de terrasses du Pech de Foix étant situé en zone rurale et lié à la culture paysanne et ses pratiques agraires, il est incontestablement ce que l'on nomme du « patrimoine rural ». Que l'on peut encore préciser en disant du « petit patrimoine » car il est lié à la vie quotidienne des populations locales. Aussi appelé « patrimoine vernaculaire », il peut être défini comme l'ensemble des constructions ayant eu, dans le passé, un usage dans la vie de tous les jours. C'était un lieu d'habitation et de travail composé d'espaces privés et domestiques périurbains, à l'exception du chemin public. Nous sommes face à un patrimoine que l'on peut aussi caractériser comme « populaire » par opposition au « patrimoine monumental » plus grandiose (églises, abbayes, châteaux, etc.). Ensuite, cet espace relève à la fois du patrimoine matériel (ici le patrimoine bâti) et immatériel (ici principalement les savoir-faire qui ont permis la construction des terrasses et des bâtiments) et du patrimoine naturel et culturel.

-matériel : murets, maisons, abris, chemins.

-immatériel : savoir-faire agricoles, techniques de la pierre sèche.

-naturel : faune, flore, éléments minéraux (fossiles), etc.

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-culturel : paysage en terrasse résultant de pratiques humaines, chemins de liaisons à courtes distances, etc.

Le classement en zone spéciale de conservation du réseau Natura 2000 témoigne largement de la dimension « patrimoine naturel » attribuée aux habitats dits « d'intérêts communautaires » et à la richesse en biodiversité faunistique et floristique de ces espaces.

C'est alors même que les terrasses de cultures tendent à disparaître et à être oubliées que leur valeur s'accroit et qu'elles deviennent du patrimoine. Car la notion de patrimoine est une construction sociale liée à un contexte historique. Ce que nous nommons patrimoine aujourd'hui bien souvent ne l'était pas il y a quelques décennies. Et de même, ce qui sera patrimoine demain n'apparait pas forcément comme tel aujourd'hui. La prise de conscience par les acteurs locaux d'être détenteurs et responsables d'un patrimoine commun et la mise en oeuvre de sa valorisation peut permettre un rayonnement qui ira au-delà de ce seul patrimoine et pourra se répercuter en termes d'image sur l'ensemble du territoire. Le caractère patrimonial des anciennes terrasses de culture s'affirme actuellement à travers un processus de patrimonialisation.

« C'est par un processus de patrimonialisation qu'un ou des éléments sont élevés au rang de patrimoine par les habitants d'un lieu, par les décideurs politiques et par les spécialistes. La patrimonialisation peut être définie comme un processus de réinvestissement, de revalorisation d'espaces désaffectés » (Norois, 2000).

Les sites de terrasses sont actuellement en Ariège, l'objet d'un tel processus. Celui-ci se matérialise dans une appropriation collective qui se manifeste dans les choix faits par les acteurs locaux (privés ou institutionnels) de les revaloriser sous différentes formes (agricole et touristique, pédagogique). La raison d'être et de création de ces terrasses n'est plus adaptée à la conjoncture sociale, économique et agricole actuelle et leur dimension patrimoniale prend aujourd'hui le dessus. Elles symbolisent une agriculture paysanne ancienne, un mode de fonctionnement et des techniques pluriséculaires faisant partie de l'identité du territoire. On donne ainsi du sens et de la valeur à ces espaces qui sont alors transformés en « bien collectif » ou « bien commun ».18

18 Cette transformation en bien commun se traduit dans le cas du site de Foix par l'investissement d'argent public sur des terrains privés et par sa contrepartie c'est-à-dire une ouverture du site au public. Ce processus est « officialisé » par un conventionnement entre collectivités publiques et propriétaires privés.

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Aujourd'hui, et dans un contexte où l'on cherche à atteindre des objectifs de développement durable, les techniques utilisées pour la construction et pour l'entretien des terrasses conservent malgré tout leur raison d'être. Sans être appliquées telles qu'elles l'étaient autrefois, elles peuvent être adaptées à des besoins actuels et remises au gout du jour. Ce n'est pas un simple calcul économique qui pousse ou justifie la valorisation de ce patrimoine comme l'ont démontré les résultats d'une enquête de la Fédération Pastorale sur la rentabilité économique des productions sur terrasses. D'autres raisons, plus affectives et esthétiques, basées sur des convictions personnelles poussent des personnes à produire sur terrasses. Lorsqu'il s'agit d'une initiative plus collective que privée comme c'est le cas pour le site de Foix, la dimension économique n'est pas non plus la raison principale qui pousse à une revalorisation, ce qui montre bien le caractère patrimonial de l'opération et le processus de patrimonialisation dont il est l'objet.

Pour le site de Foix, le processus de patrimonialisation passe par une volonté de valoriser ce lieu grâce à un sentier d'interprétation du patrimoine dont l'objectif est de faire comprendre le site aux visiteurs, leur révéler ce qu'il peut raconter à travers une approche sensible.

C. SUIVI DU PROJET ET MODE DE FINANCEMENT

1. Le Comité de pilotage

Suite à une reconnaissance collective de son intérêt public par l'ensemble des acteurs, et parmi les différentes modalités de mise en scène des patrimoines, celle qui a été privilégiée ici est la mise en place d'une scénographie sur un site d'anciennes terrasses de cultures devenu l'objet d'un processus de patrimonialisation. Une action qui s'inscrit dans le cadre des missions de la Fédération Pastorale de l'Ariège à travers son programme de valorisation « 1001 terrasses d'Ariège ».

Un comité de pilotage a été mis en place pour les prises de décisions et la validation des grandes orientations du projet, les structures suivantes y sont représentées : la Fédération Pastorale de l'Ariège (directeur de la structure et animateur du projet), la Mairie de Foix (élus en charge du dossier) et l'Office du tourisme du Pays Foix-Varilhes (Président).

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2. Le groupe-projet

Afin que le projet de valorisation des terrasses du Pech de Foix soit largement partagé, des réunions de travail sont régulièrement organisées par la Fédération Pastorale et ont permis de constituer un « groupe-projet » composé de diverses personnes et structures, notamment associatives, impliquées dans le projet : des habitants, les propriétaires des terrains, des élus de la mairie de Foix, des représentants de l'Office du Tourisme du Pays de Foix-Varilhes et du Syndicat Départemental des Trufficulteurs, une guide culturelle, des représentants du foyer Léo Lagrange de Foix, la FAJIP ( Foix Adolescence Jeunesse Information Prévention), le bureau d'étude l'Humain Volontaire, la Fédération Pastorale de l'Ariège. Au cours de ces réunions sont discutées les différentes phases du projet afin de recueillir la parole et les remarques des membres du groupe et de les intégrer au mieux dans l'élaboration du sentier d'interprétation et le choix des orientations possibles. La constitution de ce « groupe-projet » doit permettre une appropriation du projet et favoriser l'émergence de propositions de la part des acteurs locaux.

Voici une présentation rapide des principaux participants aux réunions du groupe projet. L'animation des réunions se partage entre François Regnault, technicien de la Fédération Pastorale en charge du programme 1001 terrasses d'Ariège, Camille Provendier et Richard Béziat du bureau d'étude l'Humain Volontaire. J'ai également participé en présentant régulièrement les avancées de mon travail de stage.

?La Mairie de Foix

Des élus, sensibilisés à la protection du patrimoine naturel et culturel, sont à l'initiative de ce projet. Ils y ont vu la possibilité de valoriser ces « belles terrasses », de les remettre en lumière pour créer un plus touristique et donner un nouvel élan à la ville de Foix. Constatant l'adéquation du contenu du projet et du sens souhaité avec le programme 1001 terrasses d'Ariège, ce à quoi s'est ajoutée la possibilité de bénéficier d'une aide financière via ce programme, la mairie s'est lancée dans cette action de valorisation patrimoniale. Les élus, adjoints au maire, qui interviennent dans le suivi de ce dossier sont Danielle Delavergne, Norbert Meller, et Maryse Loubet. La FAJIP (pôle jeunesse de la mairie de Foix) est également largement impliquée dans le projet.

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?La FAJIP

Cette structure éducative organise depuis déjà plusieurs années des chantiers de jeunes, notamment, sur des espaces d'anciennes terrasses pour des opérations de débroussaillement et de remontage de murs en pierre sèche. Sur le site de Foix, le premier chantier de défrichage a eu lieu durant les vacances de la toussaint en 2010, puis en Mai et juillet 2011. Lisa Victories coordonne la mise en place de ces chantiers. Il y a eu des chantiers internationaux avec l'intervention de jeunes marocains19 ou locaux avec l'intervention de jeunes de la ville de Foix. Ces chantiers locaux s'intègrent dans l'opération « Ville Vie Vacances » dont le principe est qu'un groupe de jeunes accompagné par les animateurs et les techniciens des services techniques de la ville s'engage dans un projet d'intérêt collectif en échange de quoi ils reçoivent une contrepartie en nature comme des bons d'achats.

?L'Office du Tourisme du pays de Foix-Varilhes

Cette structure, en tant qu'organisme chargé de l'accueil, de l'information et de la promotion du tourisme auprès des visiteurs et du public pour le territoire du pays de Foix-Varilhes, participe activement au projet de mise en place du sentier. Lorsqu'il sera terminé, elle pourra mettre en oeuvre sa promotion auprès des visiteurs sur le territoire. Notamment proposant des niveaux de lecture du site complémentaires aux dispositifs d'interprétation : support papier, visites guidées, etc. Richard Danis, président de l'OT de Foix Varilhes mais aussi du comité départemental de la randonnée pédestre20 (CDRP) suit prêt le dossier, il participe également au comité de pilotage. Une des animatrices de l'OT, Anne Lacoste, participe aussi aux réunions.

?Mélanie Savès : « Passerelle culture »

Elle est guide culturelle et propose des visites, notamment de la ville de Foix mais aussi dans d'autres lieux de la haute Ariège. Mélanie Savès travaille en partenariat avec les Offices du tourisme, dont celui du Pays de Foix-Varilhes. Elle est actuellement la seule à proposer des visites de la ville de Foix. Plusieurs visites thématiques sont en place sur la ville,

19 Ce chantier était la suite d'un échange, des jeunes de la ville de Foix étaient partis au Maroc l'année précédente pour participer à un chantier de plantation de tamaris pour éviter l'ensablement des points d'eau.

20 « Le CDRP 09 fédère les associations de randonnée pédestre de l'Ariège. Menant ses actions avec des partenaires locaux, régionaux et nationaux, il est le relais départemental de la Fédération Française de la Randonnée Pédestre. Il favorise la promotion de cette activité sportive et de loisirs, ainsi que le développement des sentiers de grande randonnée et de promenade » extrait du site internet du CDRP09. http://www.cdrp09.com/index.php?option=com_content&task=view&id=28&Itemid=84 (consulté le 25/08/11)

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elles varient selon le public visé: visite aux flambeaux, visite-rallye, visite avec dégustation de produits locaux, etc. Il est prévu qu'elle assure des visites du site des Terrasses du Pech lorsque le sentier sera réhabilité et aménagé.

?Le bureau d'étude « l'Humain volontaire »

Il a été choisi en comité de pilotage suite au lancement d'un appel d'offre et a en charge la conception d'un itinéraire d'interprétation du patrimoine de terrasses sur le site des Bentenaus du Pech de Foix. Son équipe se compose d'experts en animation scientifique, éducation et médiation environnementale, ethno-muséographie, d'une paysagiste et d'un botaniste. Après une phase de diagnostic, il proposera un scénario d'interprétation dont le contenu sera ensuite détaillé pour chacun des dispositifs prévu tout au long du sentier. L'animation de réunions avec le « groupe-projet » est également prévue pour favoriser une démarche partagée. Camille Provendier et Richard Béziat sont présents à chacune des réunions.

?Le Syndicat des trufficulteurs de l'Ariège

Ce syndicat souhaite participer à la sauvegarde du patrimoine trufficole du département de l'Ariège. Cette association a déjà participé en Ariège à des projets de valorisation d'espaces en terrasses où elle a accompagnée des propriétaires dans la mise en place de plantation de chênes truffiers pour à terme permettre la récolte de truffes (site de Camon, site du Mas d'Azil). Ils peuvent fournir des conseils et un appui technique aux propriétaires de terrains souhaitant se lancer dans la production de truffes ou simplement favoriser son retour naturel grâce à des opérations de débroussaillement. Lors des réunions il est représenté par André Clare, son président, et Robert Rouch.

?Foyer Léo Lagrange

Ce centre d'hébergement et de restauration accueille des groupes, des familles et des individuels au centre-ville de Foix. Il est également un lieu d'accueil pour de nombreuses associations culturelles de la ville de Foix. Dans le cadre du projet du site de Foix, il se propose de fournir de l'information auprès des nombreux randonneurs qui y font escale et d'y organiser des sorties pour ses adhérents. Michel Jouanolou et Christian Sounac représentent le foyer lors des réunions.

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?Habitants de Foix

Divers habitants de Foix participent aux réunions du « groupe-projet », notamment ceux qui fréquentent le site régulièrement et/ou ceux qui ont été sollicités dans le cadre des recherches effectuées pour une meilleure connaissance du site et de son histoire. Une très grande part des personnes qui participent à ces réunions, à titre personnel ou comme représentant d'une structure sont des habitants de la ville ou des ses alentours.

?Propriétaires des terrains

Le sentier d'interprétation passera sur des parcelles privées. Lors du lancement du projet, un accord a été recherché avec les propriétaires. Une convention sera donc signée avec les différentes collectivités amenées à y intervenir notamment pour des travaux de restaurations et d'entretien. Cette convention doit être validée par la Préfecture pour garantir sa conformité afin que des fonds publics puissent être investis sur des terrains privés avec en contrepartie une ouverture au public de ces espaces. Leur participation aux réunions est assez ponctuelle.

3. Financement des différentes tranches du projet :

La Fédération Pastorale de l'Ariège a prévu pour ce projet un montant de 10 000 € pour la réalisation d'une étude pour la conception de l'itinéraire d'interprétation et de 15 000€ pour la création et la mise en place des aménagements scénographiques.

La Mairie de Foix : doit s'occuper des travaux sur les éléments architecturaux en pierre sèche, le remontage des murs en mauvais état pour un montant qui a été estimé à 40 000 €. Ces travaux seront réalisés par une entreprise artisanale et /ou par des travailleurs en insertion sous maitrise d'ouvrage de la Mairie.

Le Conseil Général de l'Ariège gèrera tout ce qui concerne le cheminement du sentier d'interprétation. Il sera décaissé et stabilisé dans le cadre de l'aménagement du sentier. Puis, étant intégré au Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée, il sera entretenu aux frais du Conseil Général qui fera réaliser cet entretien par la Communauté de Commune du Pays de Foix. Le montant des travaux de réfection n'est pas formellement déterminé à ce jour il est estimé aux alentours de 20 000 €.

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Une fois le sentier réalisé, il sera en quelque sorte « livré » par la FPA à la mairie de Foix qui prendra le relais, avec l'Office du Tourisme, pour gérer sa mise en tourisme et développer des animations.

Fédération Pastorale de l'Ariège

(programme 1001 terrasses d'Ariège)

? étude scénographique : 10 000 €

? aménagements scénographiques :

15 000 €

44% Europe (Leader), 18% département, 18% Région, 20% autofinancement

Mairie de Foix

 

? travaux de pierre sèche : 40 000 €

(dossier Leader prévu) 44% Europe, 36% département, 20% autofinancement

Conseil Général de l'Ariège

 

? mise en place du cheminement :

20 000 € (estimation)

Total

 

85 000 € (estimation)

D. TRAVAIL CONFIE ET METHODOLOGIE MISE EN PLACE

Le travail confié dans le cadre du stage s'appliquait au projet des terrasses du Pech de Foix et consistait en une analyse des rapports d'usages liés au site et à l'instauration d'une dynamique autour d'un site patrimonial doté d'un sentier d'interprétation. Il y avait donc deux parties à traiter avec deux objectifs différents. Pour chacune des parties, une méthodologie adaptée a été mise en place ainsi que des modalités de restitution au groupe projet et à la Fédération Pastorale.

La première partie avait donc comme objectif le recueil de données historiques concernant l'activité humaine sur le Pech de Foix, les rapports d'usages et leur évolution, afin de nourrir le contenu des dispositifs d'interprétation, principalement, mais aussi pour améliorer la connaissance du site. Ce travail devait intégrer les données qui avaient été

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préalablement rassemblées par des étudiants de licence professionnelle Gestion et Aménagement des Espaces Montagnards et Pastoraux (GAEMP), basée à Foix, dans le cadre d'un projet tuteuré.

La méthodologie appliquée intégrait des recherches aux archives départementales de l'Ariège pour le recueil de données sur les usages passés et leur évolution, mais aussi pour faire des investigations concernant un ensemble particulier de terrasses situé sur le site, dites « terrasses monumentales », afin de déterminer le contexte de construction et le type de cultures auxquelles il était destiné. Un deuxième type de méthodologie a été mis en oeuvre, il s'agit d'un enquête par entretiens auprès d'anciens habitants du Pech, d'habitants de Foix et d'autres personnes susceptibles de détenir des informations (érudits locaux, etc.) ; afin d'approfondir la notion de rapport d'usage, c'est à dire les liens que les habitants de Foix et les habitants de ce lieu entretenaient avec cet espace. Et pour répondre à ces questions : quelles étaient les fonctions du site et comment cela a-t-il évolué au cours du temps ? Cette enquête par entretien devait aussi permettre de réaliser des portraits d'habitants à partir du recueil de la parole. Cette partie du travail a pris la forme d'une enquête de type ethno-historique.

La deuxième partie du travail avait pour objectif l'instauration d'une dynamique autour du site en faisant des propositions pour faire perdurer le « groupe-projet » une fois le sentier mis en place, notamment en identifiant des projets possibles pour faire vivre le site. Il s'agissait ainsi de favoriser un ancrage territorial du projet en continuant à gérer le site à travers une démarche partagée. Le travail sur cette question a été proposé au début du stage par le bureau d'étude l'Humain Volontaire qui s'intéresse aux questions liés à l'ancrage territorial des projets et à leur réalisation dans le cadre d'une démarche participative.

Dans ce but, une méthodologie a également été mise en place. Tout d'abord, chacun des membres du groupe-projet ont été rencontré individuellement afin d'identifier des potentiels ou des freins éventuels pour l'avenir du sentier. Ces éléments devant ensuite être classés selon différentes thématiques (nouvelles fonctions pour le site, modalité de fonctionnement du groupe-projet, etc.). Afin d'avoir une vision plus large du projet et d'identifier de bonnes pratiques, d'autres gestionnaires ou acteurs clés d'autres sites du programme 1001 terrasses d'Ariège ayant une vocation d'accueil du public ont été rencontrés.

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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

Nous avons pu voir dans cette première partie que ce projet s'insère dans un programme de valorisation des terrasses de culture dont l'un des objectifs principaux est de montrer qu'elles peuvent avoir des fonctionnalités aujourd'hui, notamment pour la prévention des risques, pour la préservation des espaces et espèces, pour la valorisation agricole ou touristique, pour favoriser la préservation et la revalorisation des savoir-faire de la pierre sèche.

Les mécanismes par lesquels ces espaces ont pu acquérir une valeur patrimoniale et la nature de ce patrimoine ont été évoqués, ainsi que les plus-values diverses que leur valorisation peut générer. La présentation géographique du site et des modalités de déroulement du projet a permis de contextualiser plus précisément l'opération et les objectifs du travail réalisé pendant le stage professionnel.

Dans la partie suivante, les résultats de recherches et enquêtes menées à propos des usages du site et de son histoire seront présentés. Puis les modalités selon lesquelles il a été choisi de donner le site à voir au public seront expliquées. En dernier lieu sera exposée la façon dont ces résultats peuvent être utilisés pour la mise en place du sentier et favoriser une participation des habitants.

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2EME PARTIE : RECHERCHES ETHNO-

HISTORIQUES : RESULTATS ET FONCTIONS

I. RESULTATS DE L'ENQUETE ETHNO-HISTORIQUE

A. RAPPEL DES OBJECTIFS ET PRECISIONS SUR LA METHODE

En intégrant le travail réalisé préalablement par des étudiants de la licence Gestion et Aménagement des Espaces Montagnards et Pastoraux, il s'agit d'un recueil des données concernant l'activité humaine, les rapports d'usages anciens et leurs évolutions sur le Pech de Foix et plus précisément le lieu-dit « les Bentenaus ». Les rapports d'usage concernent les relations que les hommes entretiennent avec ce lieu. Ils seront abordés en termes de fonctions remplies par le site et de représentations sociales que les personnes en ont. Au-delà de la connaissance du site, ce travail pourra alimenter le contenu des dispositifs d'interprétation qui jalonneront le sentier et dont l'élaboration a été confiée au bureau d'étude « l'Humain Volontaire ». Certains résultats de ce travail, ayant trait aux terrasses de cultures en général et aux terrasses dans le contexte Ariègeois ont été intégrés dans la première partie du mémoire pour servir à préciser le contexte. Les données restituées ici sont de ce fait plus spécifiques au site de Bentenaus.

1. Les recherches aux archives départementales de l'Ariège

Figure 5: couverture d'un registre cadastral de la commune de Foix (Cliché: E.L)

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Les recherches dans les divers fonds d'archives disponibles permettent d'accéder à des informations anciennes. Ces recherches doivent aider à mieux appréhender les rapports d'usage passés et leurs évolutions. Le cadastre a pu être systématiquement dépouillé sur la période allant d'environ 1807 (premier cadastre napoléonien) à 1930. Le cadastre comprend des plans cadastraux et des registres où sont consignés les noms des propriétaires de chacune des parcelles numérotées et référencées sur le plan.

2. L'enquête par entretiens

Elle permet le recueil d'informations pour la période la plus récente c'est-à-dire le 20ème siècle. Si cette méthode nécessite une certaine prudence concernant l'exactitude des renseignements, notamment pour les éléments de chronologie et de localisation, elle est une méthode essentielle pour recueillir les représentations sociales. Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès d'anciens habitants du Pech, d'habitants actuels de Foix et d'autres personnes-ressources (érudits locaux, etc.). Certains ont été enregistrés, d'autres ont été pris en note. Les entretiens qui avaient été réalisés par les étudiants de licences ont également servi dans la présentation des résultats qui vont suivre. On peut signaler tout de suite que même les personnes âgées n'ont pas connu l'époque où il y avait une réelle exploitation de ces terrasses. Grâce à cette méthode, nous avons pu :

? Accéder à des anecdotes à propos du site

?Approfondir la notion de rapport d'usage par une analyse de discours

?Réaliser des portraits d'habitants

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3. Les observations de terrain

Elles apportent des éléments sur différents points : les vestiges d'habitations (qui permettent de faire des recoupements pour les localisations), la présence de plantes « domestiques » (Vignes ensauvagées près de certaines maisons et sur les terrasses monumentales, des lilas quasiment auprès de chaque reste de bâtiments), des éléments techniques (colmatage de murs de bâtiment en bouse de vache, agencement des pierres en arêtes de poisson).

Figure 8: vignes ensauvagées Figure 7: vestiges d'ustensiles près des Figure 6: mur de bâtiment avec

habitations colmatage entre les pierres

(Clichés : E.L)

B. TOPONYMIE DES NOMS DE LIEUX

Comme ont pu le faire remarquer Claudine Pailhès21 et Stéphane Bourdoncle22, la toponymie est un exercice très hasardeux et beaucoup de choses fausses ont pu être écrites en se référant à cette discipline. Cela nécessite une documentation très solide et permettant de remonter la généalogie d'un nom de lieu. Pour mener ce type de recherche, il faut de sérieuses connaissances, notamment en linguistique. C'est pourquoi nous ne présenterons ici que des hypothèses d'explication des toponymes présents sur le site.

Le seul nom de lieu pour lequel nous pouvons donner une explication certaine est « le Pech ». Il est l'un des nombreux noms de lieux qui soient issus du latin podium c'est-à-dire « lieu élevé » et dont la forme « pech » se rencontre dans plusieurs départements autour de Toulouse dont l'Ariège. Il fait partie du thème toponymique relatif au relief et plus spécifiquement aux hauteurs et aux montagnes (GENDRON, 2008).

21 Directrice des archives départementales de l'Ariège avec qui nous avons pu avoir un entretien.

22 Historien, spécialiste d'histoire socio-linguistique, grâce à qui nous avons pu avoir plusieurs d'hypothèses d'explication pour les toponymes « les Bentenaus » et « Pech de Mounjets »

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Les recherches aux archives ont permis de constater l'apparition du nom de lieu-dit « les Bentenaus » sur la carte du cadastre datant de 1847. On en trouve différentes orthographes dans la matrice cadastrale où sont consignés les noms et les changements de propriétaires (Bintenaus, Bentenous, Bintenous, Bentenaous, etc.). Le hameau de Jean Germa, autre lieu-dit à proximité, apparait également sur cette carte.

Pour le toponyme « Bentenaus », plusieurs hypothèses existent :

- « vint e naus » signifiant 29

-« vent de nauts » : vent des hauts (hauteurs)

- ou encore : les vents neufs

Pour pouvoir donner une explication plus sûre, il faudrait une version occitane plus ancienne, datant de la période médiévale ou moderne, où une graphie occitane apparaîtrait car il s'agit là d'une francisation du toponyme23.

Sur la carte cadastrale datant de 1807 les noms de lieu-dit sont différents. Il y a notamment Pech de Moungets à la place de Jean Germa. L'hypothèse qui peut être avancée en lien avec le toponyme pech de mounjets est le pech des petits (ou jeunes) moines, plutôt que « des haricots » comme on aurait pu le croire, toujours selon Stéphane Bourdoncle. Pour les habitations situées plus vers la crête c'est Pech d'Acoquat qui est le nom d'un propriétaire de nombreuses parcelles sur cette zone à cette époque. Mais pas de nom de lieu-dit sur cette carte pour la zone des Bentenaus. Au fur et à mesure de l'abandon des habitats et des terrasses, ces différents toponymes ont été généralement oubliés et désormais on dit simplement « le Pech ».

Les registres du cadastre de 1807 fut difficilement exploitable, car les noms de lieux et le parcellaire sont différents (pas de correspondance dans le découpage ni dans les numéros de parcelles). De plus, la carte est en mauvais état. Donc, c'est le cadastre de 1847 qui fut principalement exploité pour les recherches aux archives.

C. HABITAT, USAGES ET REPRESENTATIONS

Les fonctions et usages dont la zone des Bentenaus fut l'objet au fil du temps sont très divers : habitation, activités agricoles, activités pastorales, de loisirs et même symboliques (croyances, légendes). Quand on se promène sur le site, on constate rapidement la présence de nombreux vestiges d'habitations, de bâtiments agricoles divers et surtout un très grand

23 Explication fournie par Stephane Bourdoncle

Figure 9: (réalisation E.L)

Figure 10: (réalisation E.L)

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La photographie de 1890 (ci-dessus), provenant du Muséum d'histoire naturelle de Toulouse24, permet aussi de se rendre compte qu'il y avait encore à cette époque un habitat permanent et une utilisation agricole soutenue au niveau des terrasses de cultures, vraisemblablement, il s'agissait surtout de céréales. De façon sûre, et grâce au cadastre Napoléonien, nous savons qu'il y avait de la vigne. La photo actuelle permet de constater l'abandon agricole de ces parcelles et le retour d'une végétation abondante. La partie située entre l'abri et les terrasses monumentales reste tout de même assez dégagée. L'une des zones nettoyée par la Fajip et identifiée sur les photos permet d'avoir un point de repère pour se situer.

1. A propos des habitants et propriétaires

Le dépouillement des matrices cadastrales a permis de retracer les noms et professions des propriétaires successifs pour la maison à la citerne en montant le chemin des asperges, pour la maison située en contrebas de l'abri rond en pierre sèche et pour la zone des terrasses dites « monumentales ». Les derniers habitants du Pech y ont vécu jusque dans les années soixante, mais l'exploitation des terrasses pour la culture a vraisemblablement pris fin dans les années 1920 / 1930. A cette période les maisons du hameau Jean Germa commencent à être mentionnées comme : « en ruines » ou « démolie » dans les registres des matrices cadastrales. Les qualificatifs des parcelles évoluent aussi. Par exemple, pour la parcelle N°204, mentionnée « vigne », devient « pâture » dans les années 20.

-La maison de monsieur Barona :

L'une des maisons, située aux abords de l'abri rond et qui fut habitée jusque dans les années 1960 par un certain M. Barona25 d'origine espagnole, n'apparait pas sur le cadastre pour la période qui a été consultée. Il est un des derniers habitants de la zone des terrasses et probablement un des derniers à avoir utilisé les terrasses pour y faire quelques cultures.

24 Voir photo ci-dessous

25 Information issue du recoupement de plusieurs témoignages recueillis lors d'entretiens

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« Quand il y avait Barona, il entretenait la maison qui est démolie, il entretenait sous l'orry, une baraque basse, il avait des lapins, il était puisatier... il cherchait des points d'eau pour faire des puits, il en aurait trouvé un, plus bas là ou il y a la baraque au drapeau... je l'avais vu rempli à ras. f...] Les types avant, ils vivaient de peu. Barona il n'était pas

méchant ». (M.Alozy)

Figure 11: maison habitée jusqu'aux années 1960 (cliché E.L)

-La maison à la citerne :

Pour cette maison située au bord du chemin, en montant le chemin des asperges, et les parcelles autour voici ce que nous avons pu recueillir comme informations concernant ses différents propriétaires successifs:

Figure 12: "maison à la citerne" (cliché E. L)

1847 : M. Jean Bicheyre, « employé, demeurant à Foix », également propriétaire d'une autre maison à Foix donc peut-être qu'il ne vivait pas dans cette maison.

1853 : M. Jacques Rousse « capitaine de Dragon en retraite ».

1856 : « Jean Eychenne époux de Denjean

Anne, Fermiers de Bellissen au château du cap de la ville ». On observe les mentions : « Maison reconstruite » et « augmentation de construction ».

1882 : la maison appartient à Pierre Dupla « instituteur au Bosc ».

1915 : « Authié Bellerose Baptiste époux de Dupla Jeanne habitant aux Arcades du capitole à Toulouse »

Grâce aux entretiens, nous pouvons estimer que cette maison fut habitée jusque dans les années 1960. A cette époque, les propriétaires de cette maison seraient des espagnols. Vers cette même période, plusieurs personnes se souviennent d'un monsieur espagnol avec une jambe de bois et un chien blanc, il fut apparemment le dernier habitant de cette maison. Cet

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homme qui n'était pas commode, faisait peur à ceux qui s'approchaient de sa maison. M. Alozy qui avait alors environ 14 ans ne passait pas trop près avec ses copains, car ils en avaient peur. Cette maison est actuellement en ruines, on peut toujours y voir une citerne de récupération des eaux de pluie.

Selon M. Danis, les Portet qui vivaient à Flassa utilisaient cette maison. En été, ils amenaient leurs vaches sur le Pech. Il se souvient qu'il venait y chercher du lait quand il avait environ 10/12 ans c'est-à-dire dans les années 1960.

Ceux qui ont connu cette maison habitée se rappellent d'une terrasse magnifique avec une glycine. Une vigne ancienne pousse toujours devant. D'une certaine façon cette maison est toujours un habitat utilisé car il y a un campement de fortune fait de tentes de camping à côté, occupé par des sans domicile fixe.

A proximité de cette maison, des personnes ont vécu dans des sortes de cabanons. Tout d'abord un certain M. Louxaiou, qui « vivait de ce qu'il récoltait », vers la fin des années 1930, avant la guerre, il faisait peur aux gens et possédait un âne pour se déplacer.

Ensuite, une femme a vécu un an et demi avec son mari et ses enfants en bas-âge dans une sorte de cabane très rudimentaire toujours au début des années soixante.

-La maison au dessus du chemin en arrivant sur le site de terrasses :

Au moment de l'établissement du cadastre en 1847, le propriétaire est « Caralp Jérôme dit jean de Livou (ou liou ?) Cultivateur ».

1882 : Marfaing Françoise, « veuve de Caralp Jérôme » et ses enfants deviennent propriétaires

1922 : Charles Rouch « automobiliste place Saint volusien »

1923 : Soula Pierre « cultivateur au Pech », il est le père du jeune Jean Soula qui disparut en janvier 1914 (voir plus loin au paragraphe « faits divers »). Il est également l'arrière grand-père de l'un des propriétaires actuels de parcelles sur les Bentenaus et le dernier cultivateur qui fut en activité sur cette zone du Pech. Il y vécu jusqu'aux années 1950 dans la maison qu'il a ensuite vendu à M.Barona. Son arrière petit-fils se souvient notamment qu'il travaillait les parcelles à l'aide de ses boeufs, qu'il avait des ânes pour se déplacer et qu'il faisait surtout pousser des pommes de terres et du maïs pour ses bêtes. Il avait trois filles et un garçon : Jean, Catherine, Augusta et Louise.

1924 : la mention « démolition » est portée sur le cadastre.

On remarque deux parcelles de vigne à proximité de cette maison, dont une est toujours mentionnée « vigne » en 1927.

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-Hameau de Jean Germa :

Plusieurs maisons composent ce hameau situé au-dessus de la zone des terrasses. Le dépouillement du cadastre permet d'avoir une idée de la période où il a été abandonné. C'est dans les années 1920/1930 que les maisons changent de statut sur le cadastre :

1926 : « Fourment Joseph cordonnier à Foix » maison mentionnée « démolie ».

1933 : « Couzy Jean cultivateur au Pech » maison mentionnée « en ruines » à cette

date.

-Professions ou qualités diverses des propriétaires apparaissant dans la matrice cadastrale :

Marchand de vin à Foix, chaudronnier, cultivateur à Flassa, cultivateur au Pech, célibataire au Pech, cultivateur à Jean Germa, boulanger, charron, marchand de papiers peints, tailleur de pierre, fermier des places, épicier, employé du télégraphe, etc.

2. Evolution des rapports: d'un espace essentiellement agricole à un espace de loisirs

Les qualités des parcelles sur le cadastre témoignent des usages de ces espaces au 19ème siècle. On y retrouve les mentions : « pâturage », « bois », « labourable » (donc des cultures), « vigne », « hautins »26 et d'autres témoignant de l'absence d'exploitation : « broussailles », « rochers ». Mais il n'y a pas plus d'information concernant le type de culture pour les parcelles dîtes « labourables ». Les parcelles qui jouxtent les habitations en bord de route au bas du Pech sont le plus souvent mentionnées « jardins », « vigne » ou « hautins ».

La présence de vigne n'est pas étonnante car, en Ariège, la vigne poussait autrefois sur tous les coteaux calcaires jusqu'à des altitudes assez élevées comme à Lordat en haute-Ariège. Aujourd'hui, on trouve encore sur les terrasses de Bentenaus des vignes aujourd'hui ensauvagées. M. Blazy, dernier vigneron de la ville de Foix, a pu donner quelques indications grâce à l'examen de sarments prélevés sur les terrasses. Selon lui, ce sont des anciens cépages français. Les greffons étant morts car pas entretenus, il ne reste que les porte-greffes qui ne sont pas sensibles aux maladies. Ces restes de vignes ne sont pas issus de marcottages ou de bouturages, ils sont « issus du pépin ». C'est-à-dire qu'ils ont été semés. Ce type de pied de vigne est plus adapté à un sol comme celui du Pech, où l'eau n'est pas abondante, car les

26 Vignes aux branches très hautes et supportées par des arbres ou des échalas

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racines de vigne « issus du pépins » descendent plus en profondeur et peuvent ainsi aller chercher l'eau nécessaire.

Certaines personnes se souviennent du magnifique jardin d'un gendarme qui s'appelait M. Rouzaud au début du chemin des asperges, dans les années 1960.

Ces qualificatifs évoluent à partir des années 1910. On constate des modifications qui traduisent le début de l'abandon de ces terroirs. De même pour l'abandon des habitations qui commencent à être mentionnées « en ruines » ou « démolies ». Par exemple : la parcelle 204 : en « vigne » devient « pâture » dans les années 1920. D'autres parcelles mentionnées « Vigne » et « hautin » deviennent pâture vers 1914. L'utilisation pour la pâture des animaux semble de plus en plus se généraliser et, actuellement, les parcelles des Bentenaous sont généralement mentionnées « lande » traduisant ainsi l'abandon progressif de ces espaces. Divers évènements ont contribué à ces changements : crise du phylloxéra, guerre mondiale de 1914-1918, modernisation de l'agriculture, etc.

Ces remarques concernent plus spécifiquement le site des Bentenaus, car le haut du Pech où se trouvent des espaces plus plats et de grandes fermes était en culture jusqu'à une période plus récente. Des personnes interviewées se souviennent de cultures de céréales, notamment du blé, et de la vie sociale liée à ces pratiques agricoles : la moisson du blé, le moment du « dépiquage », les vendanges, la fête du cochon. C'était des moments où les voisins, les amis se retrouvaient : « Les gens allaient de fermes en fermes, pour travailler ensemble, mais il n'y avait pas de question d'argent ». Les paysans du Pech accrochaient un tissu blanc dans la végétation pour que ceux du Saint Sauveur soit avertis quand c'était le moment de dépiquer le blé. On se souvient aussi qu'ils descendaient à Foix les jours de marché. Les personnes ont le souvenir de plusieurs familles de paysans en activité dans les fermes du haut du Pech au cours des années 1950, 1960, 1970. Actuellement l'une de ces fermes est encore utilisée pour de l'élevage ovin.

Pour les Bentenaus, ceux dont on se souvient encore aujourd'hui, vivant là, n'avait pas vraiment d'activité agricole. M.Roux se souvient d'un homme qui vivait sous la première terrasse et qui cultivait les terrasses en potager dans les années 1935/40.

Si autrefois le Pech était majoritairement une zone d'habitat permanent, de production (principalement vivrière) et secondairement de loisirs (pour la chasse notamment), peu à peu la tendance s'est inversée. Il s'agit désormais principalement d'un espace de loisir (randonnée, balade, cueillettes, chasse, spéléologie, etc.). C'est cet usage et cette représentation des lieux qui prédomine. La dimension « espace naturel », voire de « nature sauvage » a pris le dessus bien que le paysage et les terrasses qui le structurent soient

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le résultat d'une anthropisation ancienne du milieu. L'activité agricole et l'habitat sont désormais très limités sur le Pech.

3. La question de l'eau sur le Pech

C'est un point qui semble énigmatique car il y a très peu d'eau sur le Pech et l'on se demande comment les cultures étaient arrosées et les animaux abreuvés. Mais certaines informations viennent relativiser cette question. Si l'eau était effectivement un problème sur le Pech, les hommes qui y vivaient avaient développé des techniques permettant de le pallier.

Tout d'abord, selon M. et Mme Vacquier, retraités agricoles, des sources non entretenues ont pu se perdre. Et autrefois on arrosait moins, d'ailleurs les céréales cultivées nécessitaient moins d'eau.

Figure 13: la fontaine de Labat au hameau de Jean Germa (cliché E. L)

Dans cette zone du Pech, le seul point d'eau connu est la fontaine située au hameau de Jean Germa, mais M. Barona, qui était puisatier, aurait trouvé un autre point d'eau qu'il aurait aménagé en puits, vers la falaise au drapeau (à droite, plus en

contrebas par rapport aux terrasses
« monumentales »). Les maisons sont équipées de systèmes permettant de récupérer les eaux de pluie qui sont stockées dans des citernes. Devant la

maison de M. Barona il y a deux citernes au niveau du sol qui devaient recueillir les eaux de

ruissellement du toit. Une des grandes fermes de la crête aurait même un dispositif permettant

de drainer les eaux de pluie de toute la crête.

M. Roux a de la famille qui a vécu sur le Pech, il raconte qu'il y avait un manque d'eau et que les gens utilisaient la Fount de Labat sur la route du Pech d'en haut, c'est-à-dire la source de Jean Germa. Il raconte aussi que « Les filles Soula allaient tous les matins vendre le lait à des particuliers à Foix, [et qu'] ensuite elles remontaient les bidons remplis d'eau. »

Au niveau du cadastre, on peut signaler qu'en 1914 la parcelle dénommée « Lafount » situé sur le chemin du Pech d'en haut apparait comme appartenant aux habitants du hameau de Jean Germa. Bien que mentionnée « pâture » sur le cadastre cette parcelle correspond bien à la fontaine de Labat à Jean Germa. Peut-être que suite à des problèmes de répartition de la ressource il a été décidé que cette fontaine serait à tous les habitants du hameau.

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En contrebas de la zone de terrasses des Bentenaus, il y a plusieurs parcelles qui portent le nom de « Fount del Binténaous » (elles sont mentionnées « vigne », « pâture », « bois » , etc.). Peut-être qu'il y a eu à un moment une fontaine ou une source à cet endroit. Cela correspond d'ailleurs à peu près avec la zone où M.Barona aurait construit un puits.

Selon certains de nos interlocuteurs, il y aurait un lac sous le Pech, ou du moins une grande quantité d'eau. Une idée qui pourrait être confirmée par les problèmes qu'il y a au niveau du tunnel de Foix, notamment lorsqu'il y a des gros orages. Lors des travaux pour le percement du tunnel des sortes de rivières souterraines auraient été « sectionnées » puis rebouchées. Ce qui aurait eu pour effet de tarir certaines sources du côté de la route de l'Herm et au contraire d'en ouvrir d'autres. Suite à de violents orages, l'eau qui ne pouvait plus s'écouler par son chemin habituel serait passée sous la route provoquant un plissement de la chaussée.

4. Les cueillettes sur le Pech

-les fleurs :

Nombreux sont ceux, parmi nos interlocuteurs, qui associent le Pech de Foix à la cueillette de fleurs, principalement au printemps. Pervenches, iris, « belles fleurs blanches », gentianes de koch, lilas, etc.

Sur le chemin il y a une prairie où l'on retrouve des espèces botaniques remarquables : orchidées, ancolies, gentianes de koch, etc. La présence de gentianes bleues à cette altitude n'est d'ailleurs pas commune.

Les recherches dans les ouvrages de la bibliothèque des archives départementales de l'Ariège ont permis de trouver une mention de cette particularité dans une monographie communale de Foix datant de 1884, écrite par Paul Baby, où l'on peut lire à la rubrique « flore » :

« Un fait botanique très curieux à signaler : notre compatriote M Lazerges, président de la société des sciences physiques et naturelles de Toulouse a trouvé en très grande abondance sur le versant nord ouest du Pech et à la faible altitude de 425 mètres, le gentiana acaulis latifolia, qu'on ne rencontre que dans les régions alpines de 1300 à 1800 mètres. »

Figure 15: lilas en fleurs au printemps Figure 14: fleur non identifiée

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Figure 16 : Ancolie Figure 17: gentianes de koch

(Clichés : E.L)

Monsieur Richard Danis, dans les années 1960, quand il avait une dizaine d'années, venait au Pech cueillir des gentianes de koch, il les disposait ensuite dans une assiette à soupe pour faire un « coussin » et l'offrir à sa mère.

Mme Favergeon, qui vivait près du vieux pont se promenait sur le chemin des asperges, âgée d'une dizaine d'années elle aimait beaucoup aller cueillir des pervenches au printemps. C'était toujours sous l'oeil de sa mère, qui la surveillait depuis le magasin de l'autre côté du vieux pont, « il fallait qu'on nous voie » dit-elle. Lorsqu'elle se promenait avec sa mère, elles rejoignaient Flassa et faisaient la boucle.

Annie Cazenave, historienne, et habitante de Foix fréquentait le Pech pour diverses raisons : pour « explorer » seule ou avec des amis, en promenade avec sa mère, etc. Elle y allait aussi au printemps pour cueillir des pervenches sur le chemin des asperges. Par le chemin situé en face de la croix de Bouychère (sur le cadastre napoléonien il est appelé « chemin de Trinques-Couches »), aujourd'hui envahi par la végétation, elle allait cueillir des iris avec sa mère. Elles allaient aussi cueillir des lilas aux abords des anciennes habitations. Les fossiles, c'était surtout les garçons qui y allaient. Elle ne faisait que suivre.

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Mme Depas ramassait des oeillets sauvages.

M. Gaston Géraud, qui est du quartier du Vignoble (vers Montgailhard) se souvient que son oncle Josépou, sur le chemin de l'école qui était à Foix, passait par le Pech et faisait une petite botte d'iris violet clair, avec, « il se faisait un peu d'argent pour s'acheter une petite bagatelle. »

M.Alozy pour sa part ne cueillait pas de fleurs, mais il les prenait en photos, il a de très nombreuses diapositives de fleurs photographiées sur le Pech.

-Les asperges :

Certains habitants de Foix vont, au printemps, cueillir de jeunes pousses d'asperges sauvages sur les flancs du Pech. D'où le nom du chemin qui part du vieux pont. M.Alozy va au Pech et plus précisément sur les terrasses pour chercher des asperges sauvages. Par contre les « respunchus », que d'autres ramassent, il ne les aime pas :

 

« Cet endroit là j'y vais que pour les asperges, sur les terrasses, il y en a plein...c'est fin...il faut prendre que le bout... on les fait en omelette »

Figure 18: asperges sauvages (cliché: E.L)

 

-Les truffes :

Plusieurs personnes ont parlé des truffes du Pech, mais nous avons relevé peu de détail sur cette cueillette. Seulement une anecdote à propos de deux jeunes hommes qui se sont fait prendre à braconner et qui ont dû restituer le précieux butin à la propriétaire du terrain.

Quant à Henri Aillères, dans les années 1960/1970 il y allait avec ses voisins : « On allait chercher des truffes c'était quelque chose d'exceptionnel, j'étais content de les sentir ».

-Des cueillettes de subsistance :

Mme Depas et son mari n'avaient aucunes ressources lorsqu'ils sont venus habiter sur le Pech au début des années soixante. Les cueillettes permettaient de compléter leur alimentation :

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J'allais aux asperges, j'allais aux champignons, je ramassais des oeillets sauvages...après y'avait des amandes, à l'époque y'avait de tout...On ramassait aussi des poireaux sauvages pour faire la soupe...on avait rien, on n'avait pas un sou ! Après mon mari a travaillé, on a pu commencer à s'acheter ce qu'il fallait pour manger...

5. Faits divers et croyances :

Il existe à propos du Pech de Foix de nombreux faits divers et croyances : des disparitions de personnes, des histoires d'assassinats, de suicidés, de maison hantée, etc.

On nous a relaté la disparition d'un enfant qui ne fut jamais retrouvé et que l'on a supposé tombé au fond d'un gouffre (il y a en effet de nombreuses cavités naturelles sur le Pech de Foix). Ce fait divers se serait passé à la fin du 19ème siècle, la famille de Mme Favergeon, vivant à proximité du vieux pont, a participé aux recherches.

Une autre histoire concerne une jeune femme qui aurait disparu huit jours avant son mariage. Elle était allée porter à manger à ses parents qui travaillaient une parcelle de terre sur le Pech.

Il y a également en 1914, la disparition de Jean Soula. Il était parti chasser sur le Pech, lui non plus ne fut jamais retrouvé. Dans un article consacré à cette histoire on dit de lui qu'il est « de la métairie du Pech faisant face aux allées de Villotes ». Ce fait est lié à un second : le meurtre d'une jeune femme. Dans ce cas, les faits sont avérés tant par des témoignages de descendants de la famille du jeune homme que par les articles relatant l'histoire. Ces extraits de journaux ont été retrouvés par les étudiants de la licence GAEMP27.

Les articles relatant ces faits divers permettent de relever quelques informations sur les habitudes et la vie quotidienne de personnes vivant sur le Pech. Dans l'utilisation de l'expression « habitants du quartier du Pech », le terme « quartier » souligne le caractère urbain ou périurbain attribué au Pech. Le jeune homme travaillait à la mine de Pradières, où les ouvriers furent mobilisés pour la recherche du jeune homme. Toujours à propos de ce jeune homme, on apprend que « parfois le dimanche, il venait passer la journée à Foix ».

A propos de la jeune fille assassinée, on sait qu'elle était allée aider à la ferme voisine pour préparer le salé, ce qui nous donne une idée des relations entre les familles et notamment l'entraide qui existait entre voisins pour certains événements marquants, selon les saisons ; ici la préparation du cochon.

27 Voir articles documents reproduits en annexe.

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En réalité ces deux faits divers sont liés car tous les deux sont vraisemblablement les victimes d'un même assassin, le fils d'une famille du Pech, celle-là même où la jeune fille était allée aider. Il fut retrouvé quelques temps plus tard, il s'était pendu.

Ensuite, deux personnes ont parlé de maisons considérées comme hantées et/ou ayant été le lieu d'un crime. La première histoire concerne une maison qui serait hantée en raison d'un meurtre qui y fut commis, un homme aurait assassiné sa femme :

« Je ne sais pas si c'était un village mais il restait pratiquement rien...il restait des dalles par terre...y'avait quelques briques, quelques trucs...on disait que c'était hanté à l'époque...parce que ça faisait bizarre quand on arrivait...tout autour c'était des bois, les oiseaux ils chantaient et quand vous arriviez à cet endroit là : plus un bruit ! C'était même prenant le silence qu'il y avait...c'est pour ça qu'on disait c'est hanté...M Barona disait `faut pas trop y aller par là c'est hanté !'... ...ça devait être par là ; au dessus de la falaise...mais je vous dit dans l'état que c'était déjà, on allait chercher le bois là...je l'attachais à la taille et je le descendais comme ça...[...] à propos de la maison hantée, ce que je me rappelle et ce que je me souviens, c'était un homme qui avait tué sa femme et après lui il se serait tué et puis plus personne n'est allé dans cette maison et c'est là qu'elle est tombé en ruine et puis qu'on disait que c'était hanté... ...on disait que les deux âmes revenaient...vous savez à l'époque c'était...des croyances comme ça aussi... ça a du se passer dans les années 40 par

là » .

Dans le second cas, il s'agit de ce qu'Annie Cazenave, qui s'est beaucoup promenée sur le Pech, appelle « la maison du crime ». Elle allait avec sa mère cueillir des lilas aux abords de cette maison située derrière un épaulement rocheux. Dans les années 1920, un couple de paysans aurait été assassiné par un homme s'étant présenté comme un camarade de leur fils, tué à la guerre de 14-18. Il les aurait tués pour de l'argent, il fut ensuite guillotiné. La preuve étant que trois verres avaient été retrouvés sur la table.

Ces diverses histoires confèrent au Pech un caractère de dangerosité et d'étrangeté qui a pu pousser les parents à une certaine prudence notamment en ne laissant pas trop les enfants y aller seuls.

6. L'abri en pierre sèche construit en encorbellement

Figure 19: (cliché FPA)

Parmi les éléments architecturaux remarquables du site se trouve un abri construit en encorbellement. Nous ne disposons que de très peu d'informations à son sujet et concernant son utilisation. Selon divers témoignages d'habitants, il aurait servi à stocker, durant l'hiver, les pommes de terre qui étaient cultivées sur les terrasses. Il a

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également pu servir d'abri à outils. Un autre usage, plus contextuel, a été mentionné par M. Roux qui se souvient que, lorsqu'il était enfant, l'« orry »28 leur servait de fortin pour jouer à la guerre.

7. Les terrasses monumentales

Elles ont une physionomie "hors-norme" et forment un ensemble qui se distingue des

autres terrasses du site: les murs sont massifs, très rectilignes et des murets dépassent du niveau de la terrasse. Elles sont peu larges (l'espace cultivable est réduit) et ne suivent pas les courbes de niveau, il y a une inclinaison très nette. Elles constituent un ensemble particulier de terrasses dites « terrasses monumentales » dont le contexte de construction reste inconnu à ce jour ainsi que le type de cultures auquel ces terrasses étaient destinées.

Figure 20: (cliché E.L)

Au moment de

l'établissement du cadastre, vers 1847, la parcelle où elles se trouvent appartient à « Joseph Canel, horloger demeurant à Foix », également propriétaire d'autres parcelles et d'une grande maison rue Labistour (18 portes et fenêtres) et une autre plus petite rue de Lazema (4 portes et

28 Le terme « orry » est fréquemment utilisé par tout un chacun pour parler de cet abri, néanmoins, il n'est pas correct, car un « orry » désigne une construction destinée à un usage pastoral en zone d'estive, ce qui n'est pas le cas ici.

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fenêtres). Il est propriétaire des parcelles aux Bentenaous jusqu'en 1862, de la grande maison jusqu'en 1863, de la petite jusqu'en 1871. Entre 1861 et 1868 il acquiert d'autres bien dont des parcelles en vigne dans la « côte de Montgauzi » et à « Lespinet ».

Ensuite, successivement les propriétaires des parcelles « terrasses monumentales » sont : « Astre Antoine, employé du télégraphe à Foix en 1882 », « Jean Cazals cultivateur à Jean Germa » de 1882 à 1906, « Couzy Jean-Baptiste cultivateur à Flassa en 1906, Eugène Gélis marchand de vin en 1919, « Soula Catherine, Augusta, célibataire au Pech » en 1928 (les filles de Pierre Soula cité précédemment).

Une des hypothèses que l'on peut faire est une construction pour planter de la vigne. Tout d'abord, selon JP Métailié29, les terrasses hautes ne sont pas pour les céréales mais plutôt pour des fruitiers ou de la vigne qui sont alors disposés sur deux rangs. Actuellement, on constate qu'il y a quelques vignes ensauvagées sur ces terrasses. Le but pouvait être de favoriser un murissement plus rapide du raisin et un taux d'alcool plus élevé grâce à la chaleur dégagée par la pierre le jour et la restitution de chaleur la nuit. Une technique de culture de la vigne dont une variante existe à Saint-Paul de Jarrat: il s'agit de gros rochers, résidus d'un ancien glacier, ou d'amoncellements de pierres sur lesquels on fait pousser de la vigne pour une optimisation des effets de l'ensoleillement.

Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer leur inclinaison par rapport aux courbes de niveaux lors de la visite partagée30 organisée par le bureau d'étude l'Humain Volontaire et la Fédération Pastorale de l'Ariège :

-l'adaptation à la forme de la roche mère (hypothèse formulée par Vincent Baudon, artisan-murailler)

-une orientation au sud, pour une meilleure exposition au soleil

-Une optimisation de l'irrigation et de l'écoulement des eaux

L'hypothèse d'une construction en vue de cultiver de la vigne semble plausible mais le cadastre napoléonien est en contradiction avec cette théorie puisque ces parcelles sont mentionnées comme « pâture » et pour certaines parties comme « labourable ». Mais la construction de cet ensemble pourrait être postérieure à cette date et la dénomination de la parcelle n'aurait pas été modifiée. L'hypothèse serait alors une construction sur plan à l'initiative de Joseph Canel entre 1847 et 1862 (date à laquelle le groupe de parcelles est

29 Géographe du laboratoire GEODE de l'université de Toulouse le-Mirail.

30 Cette visite partagée a eu lieu le 14 mars 2011. Il s'agissait d'une sortie sur le terrain avec les personnes du « groupe-projet ».

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vendu). Avec pour but une optimisation technique de la culture en terrasses selon un modèle de rationalisation scientifique, à une époque où les sciences agronomiques sont en plein essor.

Justement, à cette époque, en Ariège existait la « ferme-école »31 de Royat où l'apprentissage de techniques modernes pour la viticulture avait une grande place (CASTERAN, 1992). Le propriétaire du domaine de Royat est Emile Lefèvre32. L'un de ses objectifs principaux est de montrer que la culture de la vigne peut, en Ariège, connaître des améliorations de qualité (à l'époque de Philippe Le Bel, les vins ariègeois, de qualité, étaient servis à la cour du Roi, mais au fil des siècles, le savoir-faire s'est perdu). Il est persuadé qu'avec la production de vins d'une qualité tout à fait convenable, la rentabilité à l'hectare, sera supérieure à toute autre culture et permettra d'enrayer l'exode des jeunes ruraux vers les bons salaires des vignes languedociennes ou sur les chantiers de chemin de fer.

Emile Lefèvre est convaincu que l'on pourrait ainsi modifier les conditions économiques de la région. Les bons résultats du vignoble de la ferme école en sont selon lui la preuve indiscutable (en 1878 un bénéfice de 20 000 F est réalisé). Or pour une réelle amélioration, il faut un investissement conséquent ce qui attire de nombreuses critiques à la ferme-école. Elle est parfois accusée de se livrer à des cultures de luxe, qui conduisent à des échecs couteux ceux qui les essayent. (CASTERAN, 1992). L'hypothèse peut être faite que les terrasses monumentales du Pech de Foix ont été réalisées dans ce contexte, en appliquant des conseils techniques issus des préconisations de la ferme-école. Seules des recherches plus poussées en archives permettrait de confirmer ou infirmer une telle hypothèse.

8. Le Pech: un espace de tranquillité, d'exploration voire d'apprentissage

Du fait de son relief abrupt, et bien que contigüe à la ville de Foix, le Pech n'a pas subi l'extension urbaine, ce qui accentue aux yeux des fuxéens ses qualités d'espace préservé, calme et tranquille. D'ailleurs, lors de la visite partagée certaines personnes présentes ont évoqué la tranquillité dont les habitants du Pech devaient bénéficier et le cadre privilégié dont ils jouissaient.

31 La monarchie de juillet, consciente des progrès à réaliser dans le domaine de l'agriculture, décide de créer des fermes-écoles en 1848. C'est un système national avec une ferme par département.

32 Proche de la société d'Agriculture et des Arts de l'Ariège créée en 1817 par des notables épris d'agriculture, propriétaires pour la plupart dans la plaine : un secteur en avance technique.

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Ce qui plait à M.Alozy sur le Pech c'est le calme, la proximité de Foix, la vue que l'on a de là-haut et le terrain d'exploration que cela représente. Il se dit lui-même « amoureux du Pech » :

« J'y allais pour me promener, pour aller découvrir si je trouvais de nouveaux trucs...je faisais des photos, surtout de fleurs. Quand j'étais jeune je faisais les grottes. Le moindre trou même si c'était un trou où y'avait les blaireaux qui y rentraient, moi j'y allais pour voir si on pouvait pas agrandir, si ça pouvait pas aller plus loin, si ce n'était pas une grande grotte finalement[...]On était plus attiré par le Pech d'en haut, sur ce grand plateau on voyait vers Arabaux, vers l'Herm, vers le massif de Tabe, le Montcalm, on voit loin, si c'est bien dégagé au printemps, on voit la neige, c'est joli ! [...] C'est à deux pas de Foix, y'a pas à prendre la voiture et le paysage est diversifié selon le coin où on va... »

Originaire de la région lilloise, Mme Depas a vécu au début des années soixante dans un cabanon situé non loin de la maison à la citerne pendant un an et demi avec son mari son petit garçon de deux ans et sa petite fille qui est née durant cette période. Leurs conditions de vie étaient très rudimentaires mais malgré cela cette femme garde de très bons souvenirs de cette période qu'elle considère comme les meilleurs moments qu'elle ait passé en Ariège. :

« Je m'y plaisais beaucoup, je l'appelais `mon petit paradis' [...] j'ai vu construire le pont et tout ça...la vue plongeait comme ça au vieux pont [...] ce qui me plaisait c'était le calme, c'était la ville en dessous, on pouvait tout regarder...la tranquillité surtout...moi j'aime être tranquille »

Pour Annie Cazenave le Pech est un lieu de balade, de cueillette, mais aussi d'exploration : ses grands oncles lui avaient parlé d'un dolmen sur le Pech, le jeudi, elle partait avec une amie à la recherche de ce dolmen qui devait se trouver dans l'alignement de Villotes.

Mme Anne-Marie Joffres-Lefèvre, âgée d'une soixantaine d'années, se souvient de ce qu'elle appelle un « rituel familial ». Le 15 aout, la famille se réunissait et faisait un grand repas. Le matin il y avait une visite au cimetière des « tombes des ancêtres » et cours de latin -grec pour les enfants. L'après-midi c'était excursion au Prat-d'Albis, au Saint -Sauveur ou au Pech. Son grand-père avait un ami à la ferme tout en haut du Pech. Il fallait faire attention aux trous de calcaire qui étaient source de peur et d'inquiétude, les enfants n'avaient pas le

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droit de sortir des chemins. « Tout le monde partait pour un pique-nique, il y avait la bonne, les nappes blanches et tout le tralala ». Ensuite, le grand oncle qui était botaniste et professeur de sciences physiques les faisait « herboriser » pour apprendre les plantes de montagne. Mais ils n'avaient pas le droit d'aller seuls au Pech, il y avait « un caractère de dangerosité ». Ici, la promenade au Pech sert aussi de terrain, de support d'apprentissage.

9. Le Pech comme espace de « relégation »?

La zone des terrasses du Pech semble aussi être et avoir été considérée comme un espace de misère et de mise à l'écart. Si ce type de terroirs était plutôt privilégié à certaines époques, avant la mécanisation (voir plus haut ce qu'en dit Michel Chevalier), plus tard, il semble avoir été exploité par des personnes qui étaient plutôt au bas de l'échelle sociale. A l'époque de la mécanisation de l'agriculture, travailler ces terrasses sans outils modernes devait sembler un travail particulièrement difficile et ingrat. Selon les témoignages recueillis, les paysans de la crête du Pech étaient considérés comme mieux lotis et certainement plus riches que ceux vivant et cultivant les terrasses.

« Ils devaient vivre de misère là-haut [en parlant de la zone des terrasses]...en haut sur le plateau, c'est plat on peut le cultiver autrement, ça devait être riche » (M.Alozy)

Vers les années 1940 /1960 des personnes habitaient vers le chemin des asperges dans des sortes de cabanes dans des conditions rudimentaires sans eau et sans électricité. Des conditions qui paraissent d'autant plus précaires si on les considère depuis notre époque où le confort des habitations a largement évolué. Certains d'entre eux n'étaient pas commodes, ce qui ne devait pas inciter les Fuxéens à la balade.

Aujourd'hui, il y a encore quelques habitants sur cette zone du Pech : ce sont des personnes sans domicile fixe. Cette occupation par des personnes en marge et sans abri est favorisée pour au moins deux raisons : c'est un lieu à la fois proche de la ville et à l'abri du regard des Fuxéens.

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Au moyen-âge, à l'extérieur des remparts de la ville et à proximité de l'une des entrées de la ville médiévale (le vieux pont), il y avait vraisemblablement une léproserie située vers le début du chemin des asperges. Elle apparait sur plan de la ville de Foix réalisé par G de LLOBET, historien. A cette époque, les léproseries ou maladreries étaient des lieux d'isolement et de prise en charge des malades de la lèpre.

Figure 21: Atlas historique des villes de France G. De Llobet (1982) (Voir aussi en annexe la carte intégrale et sa légende)

10. Un espace agricole périurbain

Autrefois, lorsqu'il était habité, le Pech de Foix était comme « un quartier » de la ville33. Notamment en raison de la généralisation de la voiture comme moyen de transport, cette zone du Pech a été progressivement désertée de ses habitants et aujourd'hui il est plutôt perçu comme un espace naturel. C'est une zone qui présente les caractéristiques d'un espace de campagne, rural, tout en étant en proximité directe de la ville.

Cette situation devait permettre aux paysans de vendre facilement leur production aux nombreux Fuxéens sans avoir besoin de faire beaucoup de chemin. Cet écoulement de marchandises pouvait se faire sur les marchés, sur les foires et directement auprès des particuliers.

M. Piquemal, qui a vécu sur le haut du Pech de sa naissance jusqu'à ses dix ans (entre 1928 et 1938), se souvient de la vie de la ferme. Il y avait une dizaine de vaches, une trentaine de moutons et quelques cochons. Les agneaux et les veaux après avoir été engraissés étaient

33 Voir plus haut : l'expression « quartier du Pech » est utilisé dans un article de journal de 1914

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vendus sur le marché à Foix. Sa mère transformait le surplus de lait en beurre et le petit lait était donné aux cochons. La volaille et les lapins étaient aussi vendus sur le marché. Ils cultivaient un jardin potager et des céréales : blé, avoine, seigle. Une fois récolté et dépité, son père descendait le blé à dos d'âne jusqu'au pont de l'Arget chez le meunier pour le faire moudre. Avec la farine sa mère fabriquait le pain.

Henri Aillères se souvient que les jours de marché les deux soeurs Galy qui vivaient tout en haut du Pech descendaient des veaux. Elles vendaient aussi des produits de la ferme, de la volaille, des oeufs, des légumes. Par contre selon ses souvenirs, les maisons plus basses sur le Pech, dans la zone des terrasses, ne faisaient pas de production pour la vente à cette époque.

Autre exemple : la vente de lait cru aux particuliers de la ville de Foix. Nous avons eu plusieurs témoignages à ce propos. Le lait cru nécessite d'être vendu quotidiennement pour assurer sa fraicheur et la proximité de la ville constitue un avantage pour une livraison qui peut se faire à pied. Cette vente de lait frais aux particuliers a perduré jusqu'a il y a peu.

Mme Vacquié l'a fait jusqu'à ce qu'elle et son mari prennent leur retraite à la fin des années quatre-vingt-dix. Leur ferme est située sur la route de l'Herm du côté Pradières. Tous les jours, à pied, elle « portait le lait en ville ». Dans des bidons au départ, puis dans des bouteilles et à la fin dans des berlingots. Cela permettait de vendre plus cher que le prix du ramasseur et puis lors de l'instauration des quotas dans les années 1980, « il fallait bien faire quelque chose des surplus ». L'inconvénient c'est que cela prenait du temps. Cette pratique, certainement très ancienne, se faisait au début du 20ème siècle selon le témoignage de M.Roux qui raconte que les filles de Pierre Soula allaient tous les matins vendre du lait à des particuliers à Foix.

Grâce au dépouillement du cadastre ancien, on peut remarquer que certains propriétaires dont la profession est « cultivateur » sont domiciliés au centre ville de Foix et possèdent des parcelles en périphérie, notamment sur le Pech. Ce qui dénote encore une fois cette proximité, cette interpénétration des deux espaces : l'urbain et le rural.

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11. Le quartier du vieux pont34

Le quartier situé au départ du sentier des asperges est un point de passage très fréquenté. La route d'où le sentier démarre est une des artères principales de la ville (Route Nationale jusqu'à ce que la déviation par le tunnel soit mise en place) et jusqu'en 1962, le vieux pont est le seul qui permette d'accéder à la ville. Autrefois, les boîtes aux lettres des habitants du Pech étaient situées au niveau du passage sous le porche qui débouche vers les premiers lacets du chemin des asperges. Ce passage est comme une interface entre l'espace urbain et l'espace « naturel » du Pech.

Henri Aillères qui vivait au départ du chemin du Pech, où sa mère tenait un café jusqu'au début des années quatre-vingt-dix, se souvient bien de la vie et de l'animation qui régnait dans ce quartier lorsqu'il était jeune. Il y avait beaucoup de monde, des commerces, des services publics et bien moins de voitures qu'aujourd'hui. « Tout le monde passait par là ». C'était, jusqu'au début des années 1990, un quartier très vivant avec de nombreux commerces et services. Il y avait Fauré le photographe, plusieurs pompistes, Lautier pneus, la Sécurité Sociale, la Caisse d'allocations familiales, la Trésorerie Générale, etc. Et aussi un grand hôtel restaurant ayant une grande notoriété pour sa gastronomie.

Les jours de marché le café du départ du chemin des asperges était fréquenté par les agriculteurs qui venaient à la foire, le marché de la place du Mercadal n'était pas loin. Les personnes qui vivaient à Flassa venaient également au café. Sa fréquentation était aussi liée au trafic des cars qui desservaient Toulouse et la Haute-Ariège. L'arrêt était devant le café. la gare n'est pas loin non plus.

Il y avait également du transport de marchandises pour lequel le café faisait dépôt et réception des colis. La charcuterie Rouch, par exemple, faisait partir des colis vers la Haute-Ariège pour approvisionner des épiceries. A l'époque il n'y avait pas de chaîne du froid. Cet endroit de la ville a été pendant des siècles un lieu de rencontre, de passage, de circulation de personnes et de marchandises. Actuellement, c'est toujours un lieu de passage, mais la circulation est surtout routière.

Au chemin des asperges des gens travaillaient leurs jardins. Plusieurs personnes nous ont parlé d'un gendarme, M. Rouzaud, et de son magnifique jardin. Il habitait dans Foix et venait là cultiver son jardin, une petite cabane lui servait à ranger ses outils. Il faisait un

34 Afin de mieux situer ce quartier, se référer au plan situé dans la première partie du mémoire dans le chapitre présentant le site.

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potager et un peu de vigne dont il consommait le raisin. Pour les enfants du quartier, le chemin des asperges et le Pech c'était la balade principale.

« C'était la nature, la construction de cabanes, la cueillette des asperges...des jeux ayant trait à la nature...on y était tout le temps. Beaucoup de gens du Rivals, la partie basse de la ville, fréquentaient. » (Henri Aillères)

D. PORTRAITS D'HABITANTS DU PECH35

1. Suzanne DEPAS

Âgée de 69 ans, Mme Depas est la mère de 5 enfants, la grand-mère de 20 petits enfants et 20 arrière petits enfants. Elle vit à Saint Jean du Falga avec son mari. Dans les années soixante, âgée d'une vingtaine d'années, elle fut l'une des dernières habitantes du Pech pendant environ un an et demi ; avec son mari, son fils de deux ans et sa fille, née durant cette période sur le Pech. Malgré les conditions de logement rudimentaires et les difficultés, l'amour qui l'unissait à son mari36 et la tranquillité des lieux lui ont fait garder de très bons souvenirs de cette période et de ce lieu qu'elle appelle « son petit paradis ».

C'est une cabane au sol de terre battue, sans eau ni électricité, située en contrebas de la maison à la citerne sur le chemin des asperges. Son mari remontait chaque soir de l'eau de la source située à la préfecture. Pour laver le linge et faire la vaisselle, l'eau de la citerne de la maison du dessus suffisait. Le bois, ramassé aux alentours et transporté sur le dos, en fagot, alimentait la petite cheminée de l'habitation. Pour améliorer l'isolation du toit, ils avaient acheté des chevrons, mis de la paille et du lino par-dessus. La table c'était quatre pieds d'acacia et une planche, les chaises des bidons de mazout recouverts de coussins. Un sommier de quatre planches avec de gros rochers pour les pieds faisait office de lit. « Pour faire joli », Suzanne avait mis des petits rideaux sur le tour du sommier. Les services sociaux ont voulu les loger en HLM, mais ils préféraient être là, tranquilles. Finalement, pour les enfants, ils ont fini par déménager, mais dans une maison.

Au départ, son mari rentrait tout juste de la guerre d'Algérie, ils n'avaient donc aucun revenu. Pour compléter leur alimentation, Suzanne cueillaient des poireaux sauvages, des

35 Cette partie comprend des redites par rapport aux développements précédents, cela est du au choix de faire une restitution sous forme de portraits.

36 Décédé par la suite, en 1976

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amandes, des asperges, des champignons, etc. Ils avaient aussi des lapins et quelques poules que le renard venait régulièrement chaparder.

Originaire du Nord de la France, Suzanne est arrivée en Ariège pour rejoindre sa tante, qui vivait en Ariège. C'est ici qu'elle a rencontré son mari également originaire du Nord. Au départ, ils étaient peu appréciés, on les appelait les étrangers. Ils ont ensuite sympathisé avec Monsieur et Madame Baronna, originaires d'Espagne, qui habitaient plus haut, ils passaient parfois la journée du samedi ou du dimanche avec eux. Les deux hommes bricolaient ensemble. Suzanne les recevait aussi chez elle, ils s'arrêtaient boire le café quand ils allaient à Foix car c'était sur leur chemin.

Sa belle-mère vivait au bas du Saint Sauveur dans une cabane du même type, lorsque l'une d'elles avait un problème, elle mettait un drap blanc dans un buisson pour prévenir. Ses jeunes belles-soeurs venaient régulièrement lui rendre visite et l'accompagnaient dans ses cueillettes sur le Pech.

Suzanne dit avoir passé là ses meilleures années en Ariège. Ce qui lui plaisait c'était la vue sur la ville en dessous, le calme et la tranquillité surtout qui convenait bien à la liberté d'esprit qu'elle revendique.

2. Monsieur BARONA :

D'origine espagnole, il est probablement le dernier à avoir utilisé les terrasses des Bentenaous pour des cultures, jusque dans les années soixante.

Ce monsieur, qui était puisatier, aurait trouvé un puits dans la zone des Bentenaous, vers « la maison au drapeau ». Il vivait avec sa femme dans la maison, aujourd'hui en ruines, située en contrebas au bout du chemin plat dans la forêt. Juste devant on peut encore voir deux sortes de citernes ou puits au niveau du sol, peut-être les a-t-il construits lui-même ?

Il avait des lapins, des poules, un âne, deux mulets et « il faisait un peu de tout » pour sa consommation personnelle :

« Quand il y avait Baronna, il entretenait la maison qui est démolie, il entretenait sous l'orry, une baraque basse, il avait des lapins, il était puisatier... il cherchait des points d'eau pour faire des puits, il en aurait trouvé un plus bas, là ou il y a la baraque au drapeau... je l'avais vu rempli à ras bord. f...] Les types avant, ils vivaient de peu. Baronna il n'était pas méchant. » (M.Alozy)

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« Mme Baronna c'était une dame petite assez costaud et son mari c'était un grand maigre. Il descendait à Foix sur l'âne et il remontait sur l'âne...et elle, la bonne femme, elle tirait l'âne parce qu'il voulait pas qu'elle monte dessus...alors elle s'arrêtait à la maison pour boire un petit coup d'eau ou de café, elle disait il faut que je monte sur cet âne je vais pas monter là-haut moi j'en peu plus...alors elle prenait un rocher un peu haut elle montait dessus et puis elle voulait monter sur l'âne et quand elle allait mettre la jambe, l'âne il avançait ! Ça c'était trop... » (Mme Depas)

Plusieurs personnes se souviennent encore aujourd'hui de ce monsieur qui descendait du Pech sur son âne pour faire ses courses à Foix. Vraisemblablement, il n'empruntait pas le chemin plat aujourd'hui dégagé. Ce chemin devait déjà être enfriché, il en utilisait un autre en bifurquant à droite, en dessous de la maison à la citerne, en montant le chemin des asperges : le « chemin de chèvre ».

3. Monsieur PIQUEMAL

Il est né sur le Pech en 1928, à la ferme du Pech de Naut (Pech d'en haut) que ses parents avaient acheté en 1920 et qu'ils ont habité jusqu'en 1938. Il a donc vécu là jusqu'à l'âge de 10 ans et se souvient de la vie de la ferme.

Il y avait une dizaine de vaches, une trentaine de moutons et quelques cochons. Les agneaux et les veaux, après avoir été engraissés, étaient vendus sur le marché à Foix. Sa mère transformait le surplus de lait en beurre et le petit lait était donné aux cochons. La volaille et les lapins étaient aussi vendus sur le marché.

Ils cultivaient un jardin potager et des céréales : blé, avoine, seigle. Une fois récolté et dépité, son père descendait le blé à dos d'âne jusqu'au pont de l'Arget, chez le meunier, pour le faire moudre. Avec la farine, sa mère fabriquait du pain.

Le cochon, c'était pour la consommation familiale, lorsqu'on le tuait, il y avait une grande fête avec les amis qui étaient venus donner un coup de main. La semaine, pour être plus près de l'école, il dormait chez sa tante à Flassa. À partir de 1938, la famille Piquemal est descendue du Pech pour s'installer dans une ferme plus bas mais tout en continuant à utiliser les terres du haut. Puis, en 1955, la ferme sera vendue.

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II. SYNTHESE ET PRECONISATIONS

A. BILAN DE L'ENQUETE

Les recherches concernant l'activité humaine sur le Pech de Foix, les rapports d'usages et leur évolution ont été menées grâce aux méthodes de la recherche historique et de l'enquête ethnographique. Les résultats ont notamment permis de dégager des thèmes qui pourront être mobilisés pour l'élaboration du scénario d'interprétation.

Des précisons ont été apportées sur les rapports d'usages liés à cet espace d'anciennes terrasses de cultures, au chemin qui y mène et à leurs abords (hauts du Pech, quartier du vieux pont). La remarque principale que l'on peut faire est le constat des multiples variations de ces rapports selon l'époque à laquelle on se situe. Le passage d'un espace à vocation d'habitat et agricole à un espace surtout de loisirs de nature a profondément modifié les usages des habitants et les représentations de cet espace. Ces variations dans les rapports d'usage se retrouvent aussi, pour une même époque, entre les types d'usages, d'usagers et leur classe sociale d'appartenance.

Espaces prisés avant la mécanisation de l'agriculture, puis abandonnés aux paysans les moins bien lotis, ils sont actuellement en train de redevenir des espaces estimés et valorisés grâce à la patrimonialisation dont ils sont l'objet, notamment à travers la mise en place d'un support destiné à sensibiliser les visiteurs au patrimoine qu'ils sont devenus.

Les représentations liées au Pech de Foix, même si elles sont parfois teintées d'effroi face aux multiples histoires de disparitions, suicides et crimes, restent globalement très positives et liées à des sentiments de liberté, de rupture et de ressourcement. Des sentiments qui prévalent même chez ceux qui se sont retrouvés là par misère. La vue dominante qu'il y a sur la ville, permettant de la percevoir dans son ensemble et même au-delà, participe certainement à ce sentiment général.

B. PRECONISATIONS POUR UN APPROFONDISSEMENT DES RECHERCHES

L'un des objectifs principaux de ces recherches était de trouver des réponses concernant l'origine des terrasses monumentales. Des hypothèses ont été formulées et des pistes suggérées mais le mystère n'a pas été percé. Des recherches plus poussées, principalement en archives, pourraient apporter des réponses aux questions que l'on se pose

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sur le contexte de construction et les raisons de leur forme atypique probablement liée à une fonctionnalité particulière. Leur caractère exceptionnel et mystérieux semble justifier un approfondissement des investigations. Voici des pistes de recherche en archives encore à explorer :

?Les archives de la société d'agriculture de l'Ariège, les archives de la ferme-école de Royat qui pourrait avoir eu des liens avec un des propriétaires des terrasses monumentales.

?Recherche des listes des bénéficiaires de « primes aux initiatives progressistes » versées en 1841 et dont certaines vont à des vignerons.

?Les archives de la mine de Bauxite de Pradières située à proximité. Avant que les mines soient mises en exploitation, des études sont réalisés avec notamment des cartographies et des descriptions des activités aux alentours. Ces archives font partie de la série S.

?Recherches dans les délibérations municipales de la commune de Foix, mais c'est un travail très long car il faut tout passer en revue

?Les livres terriers qui répertorient les propriétés pour les 17ème et 18ème siècles. La lecture de documents antérieurs au 19ème siècle n'est pas évidente, il faut être capable de les déchiffrer.

Les recherches en archives prennent du temps et nécessitent des habitudes méthodologiques. Cela pourrait être par exemple un sujet de mémoire de master pour un étudiant en histoire, qui pourrait, dans le cadre d'un stage, poursuivre des recherches en archives. Une autre possibilité serait de faire appel à un réseau associatif de bénévoles passionnés d'histoire locale et habitués aux recherches en archives.

D'autres disciplines pourraient permettre de mieux connaître ce site et son histoire ; notamment en datant la période d'apparition des terrasses de culture, en décelant d'éventuelles modifications au cours des siècles, en répertoriant les types de cultures selon les époques, etc. Pour la réalisation des datations, les méthodes de l'archéologie de l'environnement semblent les plus indiquées.

Sur la question de l'eau, des recherches pourraient aussi être faites pour mieux comprendre comment fonctionnaient les citernes et puits présents aux abords des maisons, notamment celle de M.Barona. D'autres sources d'eau, éventuellement perdues, pourraient être recherchées pour une application directe dans des projets nécessitant d'avoir un point d'eau sur le site.

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III. APPORTS POUR LA CONCEPTION DU SENTIER D'INTERPRETATION

A. LA NOTION D'INTERPRETATION

La modalité d'appropriation de ce patrimoine par le public (local ou de passage) et de restitution au public qui a été choisie est un sentier d'interprétation. C'est-à-dire, pour ce site patrimonial, un parcours in situ jalonné de dispositifs faisant appel aux principes de l'interprétation. Il s'agit au départ d'une technique de médiation dont l'invention est attribuée à Freeman Tilden, journaliste qui, dans les années cinquante, réalisa une expertise pour Parcs Canada. Il en tirera un ouvrage « Interpreting our heritage » publié en 1957 dans lequel il fait des préconisations de médiations à destination des animateurs et conférenciers des Parcs Naturels. Selon les principes qu'il a énoncés, repris par Serge Chaumier dans un ouvrage collectif,37 « il rappelle que l'interprétation doit investir la subjectivité du visiteur, s'appuyer sur son expérience, sans quoi elle est stérile. Que l'interprétation ne se résume pas à une compilation d'informations, mais qu'elle les révèle, s'appuie sur elles pour les faire vivre. Qu'elle s'ancre dans une nécessaire interdisciplinarité, notamment en faisant dialoguer les apports des sciences. Que l'interprétation est en quelque sorte une provocation qui vise à attirer les curiosités, à les faire naître. Qu'elle s'adresse à l'homme tout entier, dans sa globalité, et qu'une approche trop partielle est source d'appauvrissement. Enfin, qu'elle doit s'adapter à ses publics, et notamment que l'interprétation à destination des enfants ne consiste pas en une technique au rabais des médiations pour adultes ».

Son ouvrage s'applique au patrimoine naturel, s'intéresse surtout à la réception de l'information et assez peu à la conception de l'offre. Mais ces principes, alliés aux influences des courants de l'écomuséologie et de la nouvelle muséologie, seront repris jusqu'à nos jours pour la conception de ce que l'on appelle communément des supports d'interprétation qui peuvent être implantés en milieu naturel ou dans des espaces comme les centres d'interprétation. Il s'agit sous diverses formes et de diverses façons de donner des clés au visiteur pour comprendre et non pas seulement pour montrer. Le discours ne doit pas simplement être didactique, il doit privilégier une approche sensible faisant appel aux émotions, aux sensations, aux expérimentations et à l'interactivité. On crée ainsi « des lieux de compréhension, et donc de sensibilisation du public à une donnée patrimoniale à découvrir

37 « Politiques et pratiques de la culture » sous la direction de Philippe Poirrier, 2010, la documentation française

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et à respecter. Car telle est bien la fonction première [...] : interpeller le public pour lui donner à voir un espace dans ses multiples dimensions. Pour cela, toutes les disciplines, scientifiques, mais aussi artistiques sont mobilisées ». (CHAUMIER, 2010) Bien que la création de ce type de dispositifs soit le plus souvent portée par des acteurs du tourisme, ils s'adressent aussi bien à la population locale.

La mise en oeuvre de ces principes visant à montrer un espace dans ses multiples dimensions permet de respecter, dans le processus de valorisation d'un espace patrimonial, ce qu'Annette Viel appelle « l'esprit des lieux ». Muséologue et consultante internationale québécoise elle met l'accent, dans son travail, sur l'importance de « l'esprit des lieux » dont la prise en compte lui apparait comme essentielle dans toute démarche de valorisation d'un espace auquel l'épaisseur de l'histoire a donné des sens différents, selon les époques et les personnes. Pour elle, « le lieu représentait un objet diversifié, complexe et signifiant qui ne pouvait être appréhendé qu'en portant attention à l'ensemble des signes qui le constituaient. » Selon elle, « l'incorporation du respect de l' « esprit des lieux », dès l'énonciation des orientations conceptuelles des projets, favorise une synergie pluridisciplinaire orchestrant une vision partagée. Ce principe fédérateur incite décideurs et spécialistes à demeurer vigilants afin d'éviter le risque de diluer voire perdre le sens dont sont dépositaires ces lieux représentatifs d'une parcelle d'identité singulière ou plurielle. [...] Ces lieux, trop souvent confrontés à une logique influencée par l'industrie touristique, sont menacés de perdre une partie de l' « esprit » qui les caractérise. »

B. UNE PERSPECTIVE ETHNO-HISTORIQUE

Les résultats de l'enquête concernant l'activité humaine sur le Pech et l'évolution des rapports d'usages ont été intégrés par le bureau d'étude dans la partie diagnostic de l'étude scénographique en tant que perspective ethno-historique aux côtés des approches naturaliste, paysagère, et thématique préalables à l'élaboration du scénario d'interprétation. La démarche participative mise en oeuvre à travers l'animation du groupe-projet est également un élément important notamment dans la définition des potentiels du site qui précède l'élaboration du scénario par les consultants du bureau d'étude.

Les résultats de l'enquête constituent également un apport de données « brutes »pouvant alimenter les contenus du scénario d'interprétation. Des données à retravailler qui, une fois adaptées, pourront éventuellement s'intégrer aux dispositifs d'interprétation. L'approche ethno-historique est aussi l'une des approches choisie pour la

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démarche interprétative du scénario élaboré par l'agence l'Humain volontaire. Les autres approches sont « les approches ludique, sensorielle, ou encore artistique [qui] seront utilisées successivement ou simultanément dans la transcription du message à l'attention d'un public varié » (extrait du document rédigé par l'Humain volontaire présentant le scénario d'interprétation).

C. PORTRAITS ET PAROLES

Grâce à la méthode de l'enquête par entretien, des portraits d'habitants et des extraits de recueil de la parole pourront être intégrés au sentier. La thématique qui a été choisie pour le site est « du plus proche au plus lointain, du plus près au plus ancien » et l'une des « sous thématiques » concerne « la mémoire de l'usage : des fragments de vie entre mystère et familiarité, un patrimoine humain ». En divers points du site, ces portraits et paroles seront autant de fragments de vie « qui laisseront au visiteur tout le loisir de s'imprégner des lieux et de s'approprier ces anecdotes » (extraits du scénario d'interprétation).

Lors d'une réunion du groupe-projet, une lecture de ces portraits et paroles a été faite afin de recueillir les impressions du groupe et s'assurer de leur adhérence au concept. Leur utilisation dans les dispositifs nécessite forcément une autorisation des personnes concernées et dans un souci éthique l'accord verbal des personnes avait été recueilli avant la lecture publique.

D. PARTICIPATION A LA DEMARCHE PARTAGEE

Tout d'abord, l'enquête par entretien participe à la mise en oeuvre d'une démarche partagée car il s'agit de rencontrer des habitants qui ont un lien avec le site. Ils le fréquentent, le connaissent et même pour certains ils l'ont habité. Ils sont ainsi conviés à participer à l'élaboration du projet en apportant leur connaissance et leur perception du lieu, utiles à la conception du scénario du sentier. Aussi, l'utilisation du site, passée et actuelle, par la population locale peut être prise en compte pour la conception du scénario.

Le bureau d'étude l'humain volontaire est très attaché à la mise en oeuvre d'une démarche partagée à travers la recherche d'une vision partagée et l'animation du groupe-projet. C'est notamment pour cette raison cette agence a été choisi par le comité de pilotage pour la conception du scénario d'interprétation. L'enquête de type ethnohistorique s'est

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fondue dans cette démarche globale qui a permis d'appréhender les multiples facettes du lieu. La mise en valeur du lieu se fait alors selon les principes de la démarche interprétative qui cherche à donner à voir un espace dans ses multiples dimensions.

L'objectif est aussi de permettre une appropriation du site par les habitants afin que sa réhabilitation puisse être créatrice de lien social et favoriser l'émergence de projets complémentaires initiés localement.

CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Dans cette seconde partie, nous avons pu voir comment l'enquête ethnohistorique a participé à la production de données classées par thèmes et qui seront utiles à la conception du scénario d'interprétation privilégiant une approche sensible dépassant la simple présentation de faits, tout en contribuant à la mise en oeuvre d'une démarche de projet partagée. Cette collecte d'informations sur les usages du site passées et actuels, qui pourront être données à voir pour participer à la compréhension du site par les futurs visiteurs, a pu être réalisée avec l'aide d'habitants locaux qui ont montré leur intérêt pour le projet en acceptant d'être interviewés et en participant aux réunions du « groupe-projet ».

Dans la troisième partie nous allons nous intéresser aux perspectives de dynamisation possibles pour le site et pour ce groupe d'acteurs dans l'avenir, quand la mise en place du sentier sera terminée. Comment la dynamique qui s'est installée dans le cadre de sa conception pourra-t-elle perdurer ? C'est à cette question que l'autre partie du travail réalisé dans le cadre du stage professionnel doit apporter des éléments de réponse.

3EME PARTIE: PISTES DE VALORISATION

DU SITE ET MODALITES DE SUIVI PAR LE

GROUPE PROJET UNE FOIS LE SENTIER EN

PLACE

I. ENJEUX, OBJECTIFS, METHODOLOGIE ET LIMITES DE CETTE PARTIE

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A. LES ENJEUX D'UNE DYNAMISATION DU SITE

Cette troisième et dernière partie s'intéresse à l'avenir du site une fois que le sentier aura été conçu et aux modalités possibles de fonctionnement du groupe-projet composé d'acteurs institutionnels, associatifs et d'habitants locaux. Une fois que les murs auront été restaurés, que le cheminement pour accéder au site et pour s'y déplacer sera aménagé et agrémenté de dispositifs d'interprétation, qu'en sera-t-il de la dynamique que ce processus de mise en scène du patrimoine aura générée ? Si la mise en valeur, grâce à un sentier d'interprétation, du paysage de terrasses et de ses dimensions patrimoniales naturelle et culturelle est déjà très importante en elle-même, n'est il pas possible d'aller plus loin et de faire perdurer cette dynamique pour une plus-value étendue pour le territoire sur lequel elle s'applique ?

La patrimonialisation d'un bien permet à la fois de régénérer l'économie locale et le lien social, toujours dans le cadre d'un territoire déterminé 38 (LAMY, 2005). Les acteurs mobilisés, notamment ceux qui sont maîtres d'ouvrage ont tout intérêt à en faire un levier du développement local en saisissant cette opportunité pour maximiser les possibilités de retombées positives de cet investissement dans la mise en oeuvre d'un sentier d'interprétation.

La FPA intervient financièrement et techniquement aux côtés de la mairie de Foix pour la création du sentier d'interprétation, mais une fois le sentier réalisé c'est la mairie de Foix et l'Office du Tourisme local avec l'aide d'autres acteurs locaux notamment associatifs

38 Voir aussi page 21 à propos du processus de patrimonialisation, page 18.

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qui prendront le relais pour la gestion et l'animation du site, pour sa mise en tourisme. Sachant que le sentier pourrait fonctionner seul, car il est ouvert au public et nécessite un minimum d'entretien, c'est l'engagement plus ou moins fort des acteurs, notamment politiques et associatifs, qui décidera de l'ampleur de la portée du projet sur d'autres domaines de la vie sociale locale, comme par exemple les activités à destination des jeunes permettant d'entretenir le site au-delà du cheminement qui le parcourt.

L'une des modalités qui permettrait d'aller dans ce sens est de favoriser d'autres projets, de développer d'autres modalités d'appropriation et de restitution du patrimoine qui auront le site de terrasses des Bentenaus comme support. Des projets mis en oeuvre par des acteurs locaux, pour un public local ou pour un public de passage.

Le maintien et l'amplification d'une dynamique de groupe telle qu'elle existe au sein du groupe-projet est aussi importante pour une bonne appropriation du site. Actuellement, une action, vouée à se maintenir, est déjà à l'oeuvre. Il s'agit des chantiers de jeunes organisés par la FAJIP, pôle jeunesse de la commune de Foix. Ils font vivre le site et concourent à une appropriation du lieu par les jeunes de la ville en les faisant agir physiquement dessus (débroussaillement, remontage de murs en pierre sèche, etc.) ; une appropriation du lieu également pour les encadrants et les organisateurs de ces chantiers.

B. OBJECTIFS ET METHODOLOGIE

L'idée de s'intéresser à cette question a été proposée par le bureau d'étude l'Humain Volontaire, très attaché à la notion d'ancrage territorial, au début du stage afin d'élargir le travail d'enquête présenté en deuxième partie du mémoire en s'intéressant aux perspectives de dynamisation du site. Le but était de proposer des pistes pour que le projet reste ancré dans le territoire, que la dynamique d'action collective, à l'oeuvre actuellement, perdure, le tout afin que le site vive dans le temps. Des entretiens ont donc été menés auprès de divers acteurs clés. Tout d'abord, la quasi-totalité des membres du groupe-projet a été rencontré (ces différentes personnes ou structures ont été présentées dans la première partie du mémoire)39. Ensuite les gestionnaires, ou acteurs clés, d'autres sites 1001 terrasses d'Ariège ayant une visée principalement touristique ou de loisirs ont été rencontrés. Ainsi l'angle de vue a pu être plus large et bénéficier de leur recul sur leur propre expérience. L'idée était d'identifier ce qui était

39 Voir aussi en annexe le tableau récapitulatif des personnes rencontré pour cette partie du travail.

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transposable ou pas, de voir les points communs et les différences avec le projet du site de Foix.

C. LES LIMITES

L'étude menée a permis de voir comment cela fonctionne sur d'autres sites de terrasses ouverts au public, de répertorier des idées de projets à mettre en oeuvre, de s'interroger sur les possibilités de pilotage, notamment pour la mise en oeuvre de nouveaux projets, et de faire quelques propositions pour des pistes d'approfondissement.

Toutefois, ce travail a de nombreuses limites. Il aurait pu être beaucoup plus développé en ayant plus de temps à y consacrer et peut-être aussi en ayant été menée plus en aval dans l'avancée du projet. Le faible nombre d'acteurs présents, notamment en raison de la période estivale, lors de la réunion dont le programme était « Quels projets pour faire vivre le site de terrasses du Pech de Foix ? Quel fonctionnement pour le groupe projet ? » n'a pas non plus aidé à enrichir les réflexions de ce travail. Cette réunion devait permettre d'avancer plus sur ce sujet mais certains acteurs clés pour les activités à développer sur le site comme la FAJIP ou Mélanie Savès (Guide culturelle) n'était pas présents. De plus, aucun des propriétaires n'étaient là. Le plan de dynamisation demandé n'a pas vraiment été réalisé mais l'accent a été mis sur toutes les possibilités que ce site offre et sur ce qui apparait comme prioritaire à mettre en oeuvre.

II. AUTRES SITES DE TERRASSES : ACTIONS MISES EN OEUVRE, MODALITES DE GESTION

Identifier ce qui était transposable ou pas, préciser les points communs et les différences n'a pas vraiment pu être fait pour chacun des sites car les informations recueillies n'étaient pas suffisamment conséquentes. Une vraie comparaison aurait nécessité un travail beaucoup plus poussé. Il aurait fallu pour cela y consacrer plus de temps et rencontrer plusieurs acteurs clés pour chacun des sites. Toutefois, nous pouvons restituer ici un aperçu du fonctionnement de chacun des sites. De plus, chacun a ses propres particularités et s'inscrit dans un contexte avec ses caractéristiques géographiques, ses composantes humaines, matérielles etc. C'est pourquoi on ne peut pas transposer tel quel un mode d'approche ou de fonctionnement. Toutefois, cela permet d'avoir des éléments de comparaison avec d'autres

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sites qui ont été l'objet d'une valorisation patrimoniale. Un certain nombre de remarques ou conclusions intéressantes peuvent être tirées de cette prospection.

A. LES TERRASSES DE LA CAROLLE A AUZAT

La revalorisation du site d'Auzat a été initiée par la communauté de Communes d' Auzat et du Vicdessos et mis en place techniquement par la Fédération Pastorale de l'Ariège. Les travaux de remise en état des terrasses ont été réalisés par l'AAPRE (Association Ariègeoise de Personnes en Recherche d'Emploi). L'étude scénographique pour un sentier audio guidé a été réalisée par Jacques Degeilh. Il est le premier des sites de terrasses d'Ariège à avoir été équipés de dispositifs scénographiques. La communauté de communes a ensuite décidé de poursuivre l'équipement du sentier en mettant en place des panneaux didactiques. Les gestionnaires constatent que les dispositifs audio nécessitent une maintenance et un entretien, pour l'instant elles ne fonctionnent d'ailleurs plus. Au niveau foncier, il s'agit de terrains municipaux qui font partie de l'association foncière pastorale d'Auzat-Saleix.

Le site est ouvert au public et gratuit. Ensuite, la Maison des Patrimoine qui dépend de la Communauté de Communes fait en sorte qu'il y ait de l'animation et qu'on parle du site en organisant ponctuellement des animations. Chaque année un stagiaire est chargé de créer une animation autour de l'un des quatre sentiers thématiques gérés par la maison des patrimoines , dont celui des terrasses. Diverses thématiques d'animation ont pu avoir lieu sur les terrasses : atelier de land art, jeu de piste, etc. Dans le cadre d'une journée organisée par le Parc Naturel des Pyrénées Ariégeoises sur le thème des produits locaux, une visite du site faisait partie des animations. Si la mise en valeur paysagère est satisfaisante, le sentier n'est toutefois pas très fréquenté et il ne génère pas d'économie directe. Quant aux écoles, selon les gestionnaires du site, le sujet ne les motive pas.

Concernant la gestion de l'entretien du site, les services techniques de la commune débroussaillent environ deux fois par an.

B. LE MAS D'AZIL : SITE DE SOURIBET

Ce site se trouve au dessus de la grotte préhistorique du Mas d'Azil. La valorisation de ces terrasses a la particularité d'avoir été initiée par les propriétaires des terrains eux-mêmes. Au nombre de quatre, ils ont décidé de réaliser une plantation expérimentale de chênes truffiers en partenariat avec le syndicat des trufficulteurs de l'Ariège. Les restaurations des

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terrasses et des cabanes ont ensuite été réalisées, à l'initiative de la Fédération Pastorale, par l'AAPRE. Puis, un dispositif audio guidé a été mis en place par Jacques Degeilh, et enfin, le site a été ouvert au public.

Ici, comme à Auzat, c'est la communauté de communes de l'Arize qui a ensuite pris en main la gestion du site et l'Office du Tourisme a pris le relais pour l'animation du sentier. Des panneaux supplémentaires ont également été mis en place et des visites thématiques (notamment avec animation musicale et pique-nique) sont ponctuellement organisées dont certaines sont animées bénévolement par l'un des propriétaires. En plus du chemin de pierre qui est un sentier jalonné d'oeuvres de land art, un autre projet de sentier géologique est en cours. Il est financé par le Pays des Portes d'Ariège. Beaucoup de gens viennent visiter la grotte donc le site de terrasses bénéficie de cette affluence.

L'entretien du sentier est réalisé par une association d'insertion (ALICE09) qui a mis en place un conventionnement avec la communauté de communes qui finance ces chantiers pour l'entretien de tous les sentiers de randonnées de la communauté de communes

Des dégradations et des actes de vandalisme (la batterie solaire qui alimentait le dispositif audio a été dérobée, celui-ci ne fonctionne donc plus) sont à déplorer sur le site. Ce serait lié à la grande fréquentation occasionnée par la proximité de la grotte du Mas d'Azil. Quant aux plantations de truffes, elles ne sont apparemment pas toujours respectées par les visiteurs ce qui génère de la réticence chez certains propriétaires et une clôture aurait même apparu au milieu d'un des chemins d'accès.

C. CAMON : LES CABANES EN PIERRES SECHES

C'est la municipalité qui a lancé les premières phases de mise en oeuvre pour valoriser ces espaces. L'enjeu était au départ de permettre une valorisation agricole. Puis dans le même temps, il y a eu la volonté de mettre en avant les atouts touristiques de ce petit village fortifié où se trouve également une abbaye. Une centaine de cabanes ont pu être inventoriées par l'association Montagne et Patrimoine. Ensuite, des chantiers de restauration réalisés par l'AAPRE ont commencé. Le choix a été fait de ne pas laisser le site en libre accès pour éviter des problèmes de déchets, d'oubli de fermeture des clôtures, de non respect des prés de fauche, etc. C'est donc dans le cadre d'une visite guidée que l'on peut accéder au site. Pour continuer à restaurer, des chantiers internationaux ont eu lieu. Des jeunes du village et des propriétaires ont aussi participé aux restaurations de cabanes.

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Dès 1999, deux emplois aidés se consacrent à la valorisation patrimoniale et touristique dans le village dont un uniquement sur les cabanes. Au fil des années, cette balade a pris beaucoup d'essor et fonctionne très bien. Leur lien avec le programme 1001 terrasses d'Ariège se traduit surtout par un intérêt pour le réseau départemental d'acteurs et pour les possibilités de formation aux techniques de la pierre sèche pour les gens du village et des alentours, pour former des bénévoles et pour les propriétaires de terrain. L'office du tourisme de Camon est géré par une animatrice qui assure les visites du village et du site de cabanes. Les gestionnaires du site se demandent jusqu'où il faut aller dans le « devoir de mémoire » sachant que ces terrasses ne sont plus adaptées à l'activité agricole d'aujourd'hui. Les vaches font tomber des murs qu'il faudrait remonter chaque année. Un projet de plantation de vigne est en cours actuellement dans le village et une partie devrait être sur terrasses, une culture qui sera plus adaptée à la conservation des murs en pierres sèches. Au fil des années, il y a eu différents type de visites et d'animation sur le site. Des visites de groupe, des visites en individuel, des balades avec des ânes bâtés, un pique nique avec des produits du terroir etc. Des journées et des demi-journées sont aussi organisées pour les centres de loisirs de la communauté de communes.

L'entretien du site est réalisé par les propriétaires ou par les fermiers, l'un des propriétaires a planté des chênes truffiers qu'il entretient. Mais il y a aussi des chantiers avec des bénévoles du village pour du débroussaillage, de l'entretien. Il y a entre 12 et 25 personnes qui participent un samedi par mois de septembre à avril et la mairie fourni le piquenique. Cette entreprise originale permet une réappropriation du site par les habitants du village, de créer du lien social. Des associations s'intègrent également dans le projet. Cette réappropriation passe par l'existence d'une cabane plus grande que les autres et que différents types d'acteur du village utilisent pour des usages divers (jeunes, chasseurs, familles, etc.).

Le succès de ce projet tient en grande partie à une grande implication du maire dans le projet. La présence d'une activité agricole et de propriétaires motivés est aussi certainement un facteur important. Le travail de l'animatrice joue aussi un rôle capital, car sinon il n'y aurait plus de visites. Elle s'occupe aussi de gérer le réseau de bénévoles, d'organiser les stages, de « travailler à faire le lien ».

Sur le site de Camon, sont développés à la fois des activités agricoles, de tourisme, pédagogiques, et des événementiels. Grâce à une conjoncture particulière qui n'est pas transposable partout directement, ce site pourrait être cité en exemple car il remplit différentes fonctions positives pour le territoire. Il y a un effet activateur de lien social du à l'implication des acteurs locaux dans la vie du site, une plus-value touristique et une volonté d'aller plus

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loin encore dans la valorisation des potentiels du site pour favoriser son succès sur le long terme.

III. QUELS PROJETS POUR LE SITE DE FOIX ?

A. SYNTHESE DES POTENTIELS DU SITE DE FOIX

Le site présente un certain nombre de particularités qui doivent impérativement être prises en compte pour l'avenir du sentier. Sa spécificité principale, notamment par rapport aux autres sites de 1001 terrasses est qu'il se situe en zone périurbaine. Foix est la préfecture du département de l'Ariège et compte environ 10 000 habitants qui sont autant de publics potentiels et d'acteurs à mobiliser. La proximité de la ville et de ses habitants est un atout très fort. C'est pourquoi il est important que le projet soit en lien étroit avec la ville qui est à ses pieds et d'où il part. C'est un point fort essentiel à optimiser pour de meilleures chances de valorisation du projet pour le développement local. Et, comme un effet miroir, les projets du site de Foix peuvent être valorisants et constituer une vitrine du dynamisme de la ville, de l'Ariège et de ses habitants. La valorisation de ce site permet aussi à la ville de Foix de renouer avec son contexte rural.

Au niveau esthétique et visuel, il constitue un environnement « naturel » de qualité et une vue à valoriser, à la fois sur le site comme paysage de terrasses (espace naturel sculpté en escalier par les hommes agrémenté d'innombrables murets de pierres sèches), et depuis le site sur un large paysage d'architecture urbaine, de vallées et de crêtes montagneuses. Le site est visible quasiment depuis n'importe quel endroit de la ville ce qui est également un atout. Le site peut intéresser de nombreux publics potentiels, autant les touristes que les randonneurs, les Fuxéens, les jeunes publics (notamment scolaires), etc. Les activités mises en place peuvent avoir une visée économique, pédagogique, culturelle, sociale, scientifique, etc. En raison de la variété des thématiques, la palette des possibles est très large. L'accès gratuit au sentier d'interprétation le rend très accessible notamment pour les classes populaires qui ont habituellement peu d'accès à l'offre culturelle. Toutefois, des animations payantes peuvent tout à fait être mises en place pour générer une activité économique de plus sur le territoire.

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Le classement du site en zone Natura2000 est aussi un atout avec une possible intégration dans les actions mises en oeuvre dans le cadre des animations, notamment pédagogique, prévues sur ce périmètre.

Mais des contraintes existent pour le site de Foix. Tout d'abord il n'y a pas d'eau courante et l'accès pour des engins mécanisés n'est pas possible. De ce fait, une réhabilitation qui soit seulement à but agricole est peu envisageable ; ou alors pour de l'élevage, mais la question de l'emplacement des bâtiments, de la préservation des murs et des dispositifs d'interprétation se poserait. Le positionnement du site peut donc aussi dans certains cas être vu comme une contrainte car il faut une petite vingtaine de minutes de marche pour y arriver et le chemin est assez raide par moment, ce qui limite l'accès à un public en conditions physiques suffisantes.

Le site est assez peu connu, même si c'est en train de changer avec la mise en oeuvre du projet. Les Fuxéens connaissent bien le Pech, mais la zone des terrasses beaucoup moins, il faut dire qu'avant que l'ancien chemin d'accès soit dégagé dans le cadre d'un chantier de la Fajip et avec l'aide des services techniques de la mairie, l'accès était difficile et l'existence de ces terrasses avait été oubliée pour beaucoup.

Les thèmes de valorisation touristique et pédagogique sont très diversifiés et font partie des potentiels du site. Ils sont mobilisés pour l'élaboration des contenus des dispositifs du sentier mais pourraient également l'être pour des animations touristiques ou pédagogiques spécifiques. Ces thèmes peuvent être : la géologie, la découverte de la faune et de la flore, les savoir-faire paysans traditionnels, l'histoire locale, la technique de la pierre sèche, la géomorphologie, l'architecture urbaine, etc.

B. DOMAINES D'ACTIONS POSSIBLES ET EXEMPLES DE PROJETS

De nombreuses idées ont été évoquées par différents acteurs du projet. Leur classement dans des domaines d'actions permet d'y voir un peu plus clair dans les possibilités existantes. Certaines ont un intérêt économique direct, d'autres ont des intérêts qui se mesurent autrement, notamment en potentiel d'appropriation de cet espace et de dynamique d'action locale. Pour plus de détails sur toutes ces propositions, on peut aussi se référer au tableau de synthèse des entretiens menés auprès du groupe-projet qui se trouve en annexe.

Lors des entretiens, des orientations générales ont émergé et des propositions faites pour faire perdurer une dynamique autour du projet. Tout d'abord, d'un avis assez général,

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pour atteindre ce but, il faut faire fonctionner le groupe-projet et trouver des moyens de faire vivre le site en favorisant une dynamique de projet. Il s'agit de le rendre visible aux yeux du public40, de donner aux gens envie d'y aller et de leur montrer que l'on peut y faire des choses. L'idée de transmettre l'histoire populaire locale en donnant à voir et à comprendre ce patrimoine de terrasses aux différents publics (Fuxéens, jeunes locaux, touristes, etc.) apparait aussi comme primordiale pour la majorité des personnes.

Autres points essentiels qui ressortent des rencontres individuelles des différents acteurs: la question de l'entretien du site pour qu'il reste accessible, entretenu et la nécessité d'y développer une activité économique et/ou touristique. Le listing de ces différents projets classés par catégorie correspond à une restitution des idées émises soit en réunion soit lors d'entretiens individuels.

1. Tourisme et randonnée

Le premier et le plus évident des domaines de valorisation du sentier est touristique. L'office de Tourisme qui est largement engagé dans l'élaboration du sentier (participation au comité de pilotage) a déjà réfléchi à cette question et proposé des orientations. Le site bénéficiera notamment des moyens de communication de l'OT auprès du public. L'intégration du site dans les documents de communication du programme 1001 terrasses d'Ariège et la création d'une plaquette spécifique pour le site de Foix sont déjà prévues. Trois niveaux de visite du site seront possibles : visite libre du sentier d'interprétation, visite accompagnée d'un support papier, visite avec un guide culturel ou un accompagnateur en montagne. Le foyer Léo Lagrange prévoit également d'organiser de petites randonnées sur le site pour ses adhérents. Il organise déjà des sorties dans ce secteur.

Les propositions suivantes ont été faites :

-Apport d'informations supplémentaires grâce à différents supports : support papier, possibilité de télécharger des données sur un Smartphone.

-Organisation de visites guidées sur le site notamment par Mélanie Savès, guide culturelle qui propose déjà des visites à thèmes de la ville de Foix. Un produit touristique spécifique sera créé ou bien ce sera intégré dans la visite de la ville.

-Création de produits touristiques complets (comprenant éventuellement déplacements /hébergement / restauration et qui permettrait le développement d'une économie associée).

40 L'idée a été donnée de rendre le site visible y compris physiquement en mettant en place quelque chose qui permettrait qu'on l'identifie depuis la ville

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-Projet de création d'un produit touristique « de terrasses en terrasses » qui prendrait la forme d'un circuit passant par différents sites du programme 1001 terrasses d'Ariège.

Ensuite, pour une mise en tourisme et une éventuelle commercialisation d'un produit touristique, plusieurs points doivent être pris en compte pour favoriser sa réussite :

-Prendre connaissance et tenir compte des études et enquêtes sur la demande locale liée à ce type de produits de loisirs.

-S'intéresser aux attentes diverses et changeantes des publics locaux ou urbains Ces attentes varient selon les groupes sociaux, les individus et elles sont évolutives.

-S'assurer d'avoir un bon positionnement de son produit et être en phase avec son territoire pour augmenter les chances d'attirer les clientèles.

-Favoriser les partenariats et créer des passerelles pour se renvoyer les clients d'un site à l'autre (exemple : le château de Foix, les Forges de Pyrène, etc.) et tenir compte de la complémentarité des acteurs touristiques du territoire.

-Créer des visites à thème : atelier lecture du paysage (façonnement du paysage par l'homme, formation des montagnes, etc.), thématiques historiques, thématique des savoir-faire paysans, etc.

-Evaluer régulièrement son produit pour pouvoir cibler la communication et la mise en marché : suivi de la satisfaction des usagers, dépôts de dépliants dans des lieux stratégiques, inclusion dans des guides touristiques populaires, etc.

Pour un réel bénéfice, la Mairie et l'Office du Tourisme devront définir un projet économique basé sur l'étude précise d'une demande potentielle autour de vrais produits touristiques. En partenariat avec Le programme 1001 terrasses qui a pour projet la mise en place d'un produit touristique « de terrasses en terrasses ». Un circuit qui s'appuiera sur une mise en réseau et qui permettra de visiter plusieurs sites sur le département. Permettant d'assurer une bonne médiatisation, une communication plus forte et plus cohérente.

2. Les projets agricoles

La plupart des personnes interviewées considèrent que la mise en place d'une activité agricole serait bénéfique pour le site car cela permettrait d'y conforter une activité pérenne et diverses propositions ont été faites allant de la plantation de cerisiers à celle de chênes truffiers en passant par la production de petits fruits ou la plantation de vigne. Les projets d'élevage n'ont par contre quasiment pas été envisagés par nos interlocuteurs. Mais ces propositions se heurtent à plusieurs difficultés dont chacun a bien conscience. L'accès au site

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est difficile, il n'y a qu'un chemin, pas de route. Les terrains ne sont pas mécanisables et il n'y a pas d'eau à proximité à part une source située au dessus du site de terrasses. Le contexte de la propriété privée et la faiblesse des surfaces sont également des limites au potentiel de production du site. Un projet purement agricole apparait comme difficilement viable économiquement et techniquement. Ces limites ont été relevées par la plupart des membres du groupe-projet et par François Regnault qui, en tant qu'animateur du programme 1001 terrasses et techniciens de longue date de la Fédération Pastorale, connait bien la problématique des activités agricoles sur terrasses.

Toutefois, à condition que des techniques de récupération d'eau soient étudiées et mises en place (retenue collinaire, recherche de sources, etc.) des projets de type agricole pourraient voir le jour ; s'ils permettaient la production d'un produit territorialisé et à forte valeur ajoutée ou/et s'ils incluaient une large composante pédagogique ou à visée d'insertion.

Voici quelques propositions en ce sens:

-Evaluer le potentiel pour la trufficulture, si des propriétaires sont intéressés, et/ou favoriser un retour naturel de la truffe grâce au débroussaillement de parcelles.

-Faire des recherches sur les différentes possibilités techniques pour mettre en place un système de récupération d'eau, indispensable pour tout projet de plantation ou d'élevage.

-proposer, éventuellement dans le cadre d'un projet à but pédagogique, à un apiculteur de mettre, saisonnièrement, ses ruches sur le Pech. Des espèces mellifères pourraient aussi être plantées sur les terrasses.

-Replanter de la vigne (par exemple sur les terrasses monumentales) ou bien entretenir les pieds qui sont présents sur le site. Avec éventuellement un système de parrainage pour favoriser une implication des habitants comme il en existe le projet sur la commune de Pamiers41. M. Blazy, dernier vigneron de Foix, est prêt à transmettre sa connaissance des techniques naturelles d'entretien de la vigne et à fournir un appui technique (documentation, etc.) à des personnes qui souhaiteraient faire pousser de la vigne sur les terrasses. Ce projet pourrait avoir une vocation expérimentale et pédagogique.

Tout comme le conclut une « étude de faisabilité pour la mise en place et le maintien d'activités durables sur les terrasses d'Ariège » (CASTEL, 2003) « plusieurs activités sont réalisables, mêlant des activités avantageusement complémentaires telles l'agriculture, le

41 L'association Bi del Mas Bielh avec le soutien de la mairie de Pamiers, travaille en collaboration avec un vigneron, Philippe Babin sur un projet de replantation de vigne sur le site Cailloup. L'idée a été lancée, pour que les habitants s'impliquent, qu'ils deviennent parrain de pieds de vigne et que la plantation, et surtout les vendanges, deviennent un rendez-vous culturel et festif.

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tourisme, l'éducation à l'environnement. » Pour Foix, la dimension agricole devrait, pour les diverses raisons évoquées plus haut, passer au second plan sans être nécessairement évacuée des projets.

3. Valorisations pédagogiques

Deux grands types d'activités pédagogiques sont possibles. Elles peuvent simplement utiliser le sentier comme support pour des visites (ou des ateliers thématiques) ou bien prendre la forme d'une exploitation ou rénovation des terrasses à visée pédagogique, expérimentale ou éventuellement d'insertion. Dans ce but, un rapprochement avec les différents réseaux éducatifs et pédagogiques serait nécessaire (écoles, centres de loisirs, centres de vacances, etc....). Aussi les acteurs du « groupe projet » pourront initier des actions pour :

-Continuer à mettre en place des chantiers de proximité avec des jeunes ou chantiers d'insertion professionnelle pour des activités de débroussaillement, remontage de murs en pierre sèche, etc. comme cela se fait déjà avec les chantiers de la Fajip.

-Continuer à rénover des murs dans le cadre de stages et formation

-Favoriser l'émergence de projets comme par exemple : la reconstitution d'une terrasse agricole à but expérimental et pédagogique : après avoir remonté un mur comme cela se fait déjà, aller plus loin en plantant sur une terrasse des variétés anciennes de céréales cultivées autrefois sur ces terrasses: seigle, maïs ou pomme de terre, vigne, etc. comme une démonstration ou l'on pourrait « vivre l'histoire paysanne» en participant à cette reconstitution, aux activités de plantations, de récoltes, aux labours à traction animale etc. Cette même expérience pourrait être menée avec une plantation de vigne

Dans une dimension plus modeste, la valorisation pédagogique pourrait se faire en favorisant une appropriation du sentier d'interprétation par les équipes pédagogiques de la ville de Foix en priorité. Les thèmes de valorisation énoncés plus haut pourraient aussi être adaptés aux programmes scolaires (géographie, histoire, sciences de la nature, éducation à l'environnement, etc.)42

42 Des projets de ce type existent, notamment à Lérida en Catalogne, où des écoles à partir d'un jardin potager abordent toutes les matières, depuis les mathématiques jusqu'à l'histoire, en passant par les sciences naturelles ou la géographie notamment.

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Dans ce but, il faudrait organiser des réunions avec les responsables pédagogiques des écoles pour informer des possibilités et évaluer les motivations. Dans un second temps, un manuel pédagogique à destination des enseignants pourrait être créé ou bien, des enseignants intéressés ou déjà sensibilisés à de type de projets pourraient s'investir dans l'élaboration de ce manuel. Plus simplement, les équipes pourraient organiser des sorties à la journée ou à la demi-journée sur le site pour parcourir le sentier ou organiser des ateliers thématiques.

Exemple de propositions recensées :

-Création d'une mallette pédagogique contenant des outils à destination des équipes pédagogiques.

-Un projet éducatif dont la restitution pourrait se faire in situ favoriserait un site vivant en valorisant la restitution de l'action pédagogique.

-Dans le cadre d'un projet, des jeunes participent à l'entretien ou à la rénovation du site puis ils élaborent et proposent eux-mêmes des visites touristiques guidées.

- Créer des animations thématiques « initiation lecture de paysage », animation « ateliers pédagogiques sciences de la nature », etc.

-Le sentier pourrait servir de support pour des actions du programme d'animations pédagogiques Natura 2000.

L'avantage pour les écoles de la ville réside aussi dans le fait que le site est accessible à pied pour les écoles de Foix, ce qui permet des sorties à moindre frais car il n'y a pas besoin de faire appel à un bus. Un point commun de tous ces projets pédagogiques est de favoriser une appropriation du site par les jeunes et les équipes pédagogiques ou d'animateurs permettant ainsi d'ancrer le site comme support d'une dynamique locale et aussi d'encourager une appropriation de l'histoire populaire locale.

4. Projets artistiques

Sur un des postes du sentier d'interprétation est prévu la possibilité de faire intervenir « un artiste ou un artisan d'aujourd'hui sur des murets bâtis autrefois ».

Cette possibilité a soulevé quelques réticences de la part de certains membres du groupe qui en redoutent le résultat. Pour éviter que cela dénature le lieu et garantir un certain type de résultats, il a été précisé que si un tel appel d'offre était lancé, il faudrait rédiger un cahier des charges très précis à l'attention des artistes, imposant des contraintes notamment en termes de matériaux utilisés. L'idée d'un évènement annuel a été évoquée ou encore celle d'une variante pédagogique proposant un atelier land art.

5. 80

Projets scientifiques

L'idée de mettre en place un observatoire du milieu naturel (faunes et flore) a été proposée par l'un des propriétaires du site. L'observation de rapaces, qui sont assez nombreux en raison de la proximité d'une zone de falaises, est l'une des possibilités d'observation. Un contact a été établi par mail avec des associations de naturalistes (Association des Naturalistes Ariègeois et Nature Midi Pyrénées) qui ont confirmé l'intérêt qu'il pouvait y avoir pour l'observation des rapaces. Ils se positionnent en prestataires de services.

Le développement de domaines de recherches associés au site est aussi envisageable. Notamment pour approfondir les recherches sur le site et les terrasses monumentales (sollicitation de chercheurs dans différents domaines pour datation des terrasses, recherches en archives, etc.). Des possibilités d'approfondissement des recherches sur le site ont été évoquées dans la deuxième partie du mémoire au chapitre « préconisations pour un approfondissement des recherches ».

Le site recèle aussi tout un potentiel d'expérimentation notamment sur les enjeux liés à la ressource en eau, aux techniques agricoles anciennes qui sont remises au gout du jour dans un contexte de recherche de développement durable.

6. Projets événementiels

Divers types de projets événementiels pourraient avoir lieu sur les terrasses du Pech de Foix. Fêtes, festivals, « nuits », « journées portes ouvertes », etc...dont les contenus et la thématique seraient à définir par les acteurs locaux.

L'utilisation du sentier pour des événements sportifs (type cross montagne) peut être envisagée, mais il faut penser aux risques possibles de dégradations du terrain notamment si le temps est pluvieux.

L'idée n'est pas que tous ces projets voient le jour, des priorités seront données en fonction des choix des gestionnaires. Mais, le recensement de toutes ces orientations possibles permet de se rendre compte que ce ne sont pas les idées qui manquent. Les projets qui apparaissent comme les plus plausibles sont ceux qui impliquent une valorisation pédagogique et ceux concernant la mise en place d'un événementiel. La question qui se pose maintenant est qui pourrait mettre en oeuvre ces projets ? Qui pourrait les financer ? Qui pourrait les gérer et qui déciderait du choix des projets à mettre en oeuvre.

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C. POSSIBILITES DE FINANCEMENTS

En fonction des projets et de leurs finalités, il peut exister des programmes de financements spécifiques : formation, chantier de jeunes, évènementiel, etc. Pour connaitre ces différents programmes, il faut faire appel aux personnes compétentes en montage de projet, notamment pour le montage financier. Ces programmes peuvent soutenir des projets pédagogiques innovants, des projets de valorisation artistique, des projets agricoles, des projets d'éducation à l'environnement etc. Pour cela, il est nécessaire de connaître les programmes en cours auxquels des actions pourraient être rattachées.

Le programme LEADER offre une large attention à la dimension d'innovation des projets retenus ce qui peut être le cas pour certains des projets proposés, mais la structure qui porte le projet doit être suffisamment solide financièrement pour pouvoir s'investir dans le projet en attendant que les fonds soient perçus ce qui limite cette voie de financement pour les petites structures.

Une autre piste peut être envisagée, notamment pour des projets liés à la valorisation de la dimension naturelle des terrasses, il s'agit d'un rapprochement avec les programmes d'animation du réseau Natura 2000 dans lequel le site est inclus.

D'une manière générale, la sollicitation du principe des financements croisés, c'est-à-dire une ventilation entre des crédits européens, de l'Etat, de la Région, du Département et des autres collectivités territoriales, s'impose. Il faut identifier et prendre contact avec les services et les personnes qui gèrent les différentes lignes de financement auxquelles il est possible de faire appel.

IV. MODALITES DE PILOTAGE ET DE DEVELOPPEMENT D'ACTIVITES SUR LES TERRASSES DU PECH DE FOIX

A. LES REUNIONS DU GROUPE-PROJET, LES BESOINS IDENTIFIES

Les principaux participants aux réunions du groupe projet ont été présentés dans la première partie du mémoire. Elles ont lieu à l'initiative de la Fédération Pastorale et leur animation se partage entre François Regnault, technicien de la Fédération Pastorale en charge du programme 1001 terrasses d'Ariège, Camille Provendier et Richard Béziat du bureau d'étude l'Humain Volontaire depuis qu'ils ont été chargés de la conception du sentier. J'ai

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également participé en présentant régulièrement les avancées de mon travail au cours du stage. Les participants de ces réunions sont d'une part les décideurs principaux du projet tels que les représentants de la mairie de Foix, de l'Office du Tourisme du pays de Foix-Varilhes et la Fédération Pastorale. Mais également des représentants du tissu associatif local comme le Foyer Léo Lagrange, le syndicat des trufficulteurs, le comité départemental de randonnée pédestre ou encore des professionnels du tourisme et de l'animation jeunesse comme « passerelle culture » et la FAJIP ; ainsi que les propriétaires de terrains et quelques habitants de Foix.

La réunion du 18 aout dont le thème était centré sur la vie du site quand le sentier sera en place avait pour but de lancer des perspectives et de préciser l'avenir du groupe-projet. Avec pour support la présentation des différents types de projets énoncés plus haut, un certain nombre de besoins ont été identifiés, malgré l'absence d'un certain nombre d'acteurs clés par rapport à ces questions. Le premier besoin identifié correspond à ce qui devra être fait à minima pour que le site de Foix fonctionne quasiment seul avec un accès libre et non accompagné du public. Il s'agit de l'entretien du site et du dispositif scénographique par la collectivité et les chantiers de jeunes de la Fajip. Il ne nécessite que peu de moyens d'autant plus que le chemin sera intégré au plan départemental de randonnée et sera donc entretenu par le biais de la communauté de communes qui recevra une subvention du Conseil Général. Dans ce cas, le groupe-projet n'aura plus vraiment besoin de se maintenir et la promotion du sentier d'interprétation se fera par le biais de l'OT.

Le deuxième correspond à la volonté d'entretenir une dynamique de projet sur le site. Pour cela, il faudra une animation du groupe projet grâce à un éventuel temps de travail consacré à ce dossier. Mais aussi la mise en place d'une démarche participative et la mobilisation de financements croisés pour faire émerger et susciter des projets.

Une autre nécessité identifiée, et correspondant à la volonté d'entretenir une dynamique, est l'importance de la définition de règles d'utilisation à respecter par les usagers porteurs de projets. Il peut s'agir de la définition d'un référentiel, d'une sorte de cahier des charges pour la gestion et l'animation du site.

La mise en place d'un réseau des partenaires intervenant sur le site dans le cadre de sa valorisation touristique et pédagogique pour une meilleure coordination des projets à l'oeuvre apparait nécessaire.

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Pour une meilleure appropriation du site par les usagers, il a été identifié que des espaces de restitution43 pourraient être mis à disposition pour une valorisation des initiatives collectives qu'elles soient pédagogiques ou artistique par exemple. Cela peut être une restitution sur le site lui-même ou bien dans la ville par exemple.

Un certain nombre de modalité de gestion existant pour d'autres sites ont pu être mis en évidence. Et notamment la place de la collectivité dans la mise à disposition de personnel, la pertinence des partenariats pour la promotion et la mise en place d'événementiel et enfin, la force de proposition que représentent les associations locales pour favoriser une dynamique de projet.

B. LES ACTIONS A METTRE EN OEUVRE PAR LE GROUPE-PROJET POUR AVANCER DANS

LE DEVELOPPEMENT D'ACTIVITES SUR LE SITE

Tout d'abord, le groupe doit identifier des priorités dans les domaines d'activité à développer sur le site pour définir un projet et une vraie stratégie de développement qui sera fondée sur des orientations thématiques, des valeurs et non pas seulement un empilement d'actions ponctuelles sans liens les unes avec les autres. Pour cela, il faut structurer le réseau des acteurs, qu'ils se réunissent régulièrement afin de définir collectivement des enjeux et des objectifs pour tendre vers la réalisation d'objectifs communs résultants d'actions coordonnés. Des actions qui peuvent avoir plusieurs dimensions (pédagogiques, touristiques, à visée d'insertion, etc.) mais qui suivent le même fil conducteur défini grâce à un référentiel commun.

Ensuite, il sera nécessaire de préciser un modèle de pilotage pour la gestion et la dynamisation du site. Deux possibilités apparaissent, il s'agit de mettre en oeuvre un processus de consultation ou bien de favoriser une véritable concertation avec les différents acteurs. Si l'on applique le modèle de la consultation, le groupe projet sera force de proposition et un comité de pilotage validera éventuellement ses propositions. On sera sur un modèle proche de celui qui est déjà à l'oeuvre actuellement44. Si l'on cherche à appliquer le deuxième modèle, le groupe projet sera alors une force de proposition et pourra prendre part à la décision aux côtés du comité de pilotage. Ce modèle est celui de la démarche participative va jusqu'à la prise de décision.

43 Il s'agit d'un endroit du site ou d'un lieu extérieur (Mairie par exemple) qui pourrait accueillir des productions résultant d'une initiative collective, par exemple une exposition d'objets réalisés par des enfants dans le cadre d'une animation pédagogique.

44 Voir dans la première partie à propos du suivi du projet.

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Afin d'avancer dans le développement d'une dynamique, des actions devront permettre de définir le cadre de l'action collective, notamment en mettant en place un conventionnement avec les propriétaires et en choisissant une forme juridique pour cette instance de pilotage. Cela pourrait être par exemple une forme associative mais elle a été jugée trop contraignante à mettre en place pour l'instant lors de la réunion. L'instance de pilotage devra également valoriser les initiatives, faire des propositions, sélectionner d'éventuels projets et décider de comment ces prises de décisions seront faites, selon quel modèle de gestion : concertation ou simple consultation ?

Quelques réserves peuvent être déjà émises sur les modalités de pilotage. Tout d'abord, un modèle de concertation se heurtera certainement à la difficulté de laisser une part de décisionnel par les actuels membres du comité de pilotage. D'autre part on peut aussi émettre des réserves sur le dynamisme du groupe projet dans le temps, d'autant plus que la participation régulière aux réunions, qui prennent parfois beaucoup de temps, n'est pas toujours évidente pour les personnes. La tenue de réunions en période estivale a pu donner l'impression d'un essoufflement, notamment du côté des propriétaires et des structures associatives, qui n'est pas forcément voué à durer. Mais il apparait comme évident que le fonctionnement d'un réseau basé sur la mise en oeuvre d'une dynamique collective nécessite des compétences en animation et montage de projet. Mais pour pouvoir envisager de faire appel à ces compétences, il faut savoir qui utilisera le site, s'il y aura suffisamment de porteur de projets pour nécessiter d'y investir largement. Pour pouvoir évaluer un temps de travail nécessaire, il faut fixer des enjeux et les besoins qu'ils génèrent puis voir en fonction des objectifs opérationnels quels moyens peuvent être mis en face. Il est encore un peu tôt en amont du projet pour pouvoir l'évaluer ce sera plus concret lorsque des projets définis commenceront à émerger.

Toutefois, nous pouvons signaler ici, comme le rappelle Emmanuelle Bonerandi dans son article « Le recours au patrimoine, modèle culturel pour le territoire ? » paru en 2005 que dans un contexte où l'on parle régulièrement de démocratie participative « la dimension patrimoniale constitue un vecteur fertile de participation parce qu'il fait sens au nom de la collectivité [ et que] le patrimoine est un objet intermédiaire par le simple fait que son évocation réussit à faire réagir, à rassembler et éventuellement à fédérer. » Il y a donc tout intérêt à vouloir faire appel à une démarche participative dans un contexte de valorisation patrimoniale car le consensus se fait plus facilement et l'effet générateur de lien social apparait comme essentiel.

C. 85

MISE EN RESEAU AVEC LE COLLECTIF 1001 TERRASSES D'ARIEGE

La mise en réseau du site de Foix avec les autres membres du collectif 1001terrasses apparait comme une action essentielle à mettre en oeuvre par les acteurs impliqués dans le projet. Cette composante pourrait s'avérer très fructueuse pour les acteurs du site de Foix pour avoir une vision plus globale, pouvoir prendre du recul par rapport à son propre projet et en même temps s'insérer dans un réseau collectif. Ce rapprochement avec le collectif permettrait de participer à l'élaboration du référentiel qui sera ensuite mobilisé notamment pour les actions communes de communication. Il est d'ailleurs prévu qu'un site internet soit créé. Des groupes de travail thématiques, pour que chacun y trouve l'angle qui l'intéresse ou pour lequel il a besoin de l'appui du groupe ont également vu le jour et permettront à chacun d'avancer dans son projet et collectivement avec les autres membres du réseau. Ces thématiques sont : la communication, les questions foncières, les pratiques culturales, la technique pierre sèche, la médiation et l'accueil de public, elles correspondent à différentes attentes et besoins. Le point de convergence est la mise en oeuvre d'actions en faveur de la valorisation des terrasses. Le réseau permet d'avoir un cadre de références et d'actions communes à l'échelle départementale.

D. SYNTHESE POUR LA VALORISATION DU SITE DE TERRASSES DU PECH DE FOIX

Voici un certain nombre d'actions ciblées qui semblent prioritaires pour la valorisation du site de Foix. Pour chacune, des objectifs sont précisés et des partenariats indiqués.

?Elaboration d'un projet économique avec de vrais produits touristiques bien étudiés : partenariat entre la Mairie de Foix, l'OT du Pays de Foix-Varilhes pour un produit local pour le site de Foix. Partenariat avec en plus la Fédération Pastorale et le Réseau 1001 terrasses d'Ariège pour l'élaboration d'un produit touristique global prenant la forme d'un circuit départemental de visites « de terrasses en terrasses ».

?Programmation d'un événementiel annuel comme celui qui aura lieu le 17 septembre dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine. Cet évènement a été organisé par la Fédération Pastorale en partenariat notamment avec la mairie de Foix et les acteurs du réseau 1001 terrasses d'Ariège. Il aura lieu au centre ville de Foix. Au programme de la journée sont prévus une démonstration des techniques de la pierre sèche avec la réalisation d'un banc dans un jardin public, un marché des produits des terrasses, des expositions, des visites guidées du site des terrasses du Pech de Foix. Le site de Foix et cet

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événement peuvent servir de vitrine au Réseau 1001 terrasses pour se faire connaître et communiquer.

4Formaliser le fonctionnement du groupe-projet pour l'élaboration et le suivi d'actions à mettre en oeuvre et de projets à susciter. Possibilité s'il n'y a pas d'animateur attitré de faire une animation tournante des réunions, chaque structure pourrait à tour de rôle animer la réunion pour le suivi des affaires en cours et pour traiter plus précisément un sujet de son choix.

4 Rechercher des partenariats plus larges avec les réseaux pédagogiques locaux. Tout d'abord en programmant une réunion d'information sur les possibilités offertes par le sentier avec éventuellement une présentation des actions déjà réalisées par la FAJIP pour montrer ce qui se fait déjà. Norbert Meller qui suit les affaires scolaires de la ville de Foix pourrait éventuellement apporter son soutien dans cette voie possible de développement d'activités pédagogiques pour les écoles. La recherche de partenariats financiers et techniques sera nécessaire si la décision est prise de réaliser des outils pédagogiques spécifiques. Un partenariat pourrait être développé avec les services départementaux de l'Education Nationale et l'outil pourrait être utilisé pour d'autres sites de terrasses.

4L'affectation d'une part de temps de travail sur ce projet. Il peut s'agir de dégager un temps de travail sur celui d'un salarié de la mairie de Foix qui aurait les compétences adaptées ou bien d'une embauche à temps partiel et ce serait suffisant pour susciter et accompagner des projets, coordonner et animer ce dossier. A la fois pour un suivi du groupe-projet, le développement de partenariats, la recherche de financements, etc. Ou bien, dans un premier temps, un stagiaire pourrait être recruté pour faire avancer le projet de valorisation, notamment pédagogique du sentier, mais à l'issue du stage, il faudrait que le relais puisse être pris sinon, cet investissement de temps et d'énergie risque d'être perdu.

Si l'élaboration de produits touristiques se fera très probablement, notamment grâce à l'action de l'Office de Tourisme, et si les chantiers de la FAJIP sont voués à perdurer, par contre, le développement d'activités pédagogiques notamment en partenariat avec les écoles primaires et les centres de loisirs de la ville de Foix nécessiteraient un investissement plus important pour être mis en oeuvre. C'est sur ce point me semble-t-il qu'il faudrait concentrer l'action du groupe projet et de la mairie de Foix pour une plus-value pour les acteurs locaux et une appropriation du site par les enfants qui pourra se transmettre aux parents.

En 2002 déjà, les participants du forum des acteurs du patrimoine rural avaient insisté sur l'importance dans les projets de valorisation patrimoniale de « l'implication nécessaire de

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l'éducation nationale, par des contrats éducatifs locaux par exemple, car la jeunesse doit être consciente des spécificités du patrimoine local pour en assurer la préservation ». (MAZUEL, 2005)

CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE

En encourageant des activités sur le site, on évite de rester simplement dans la préservation et la présentation d'un patrimoine, on s'inscrit dans une démarche de création, d'invention. De nombreux atouts et potentiels ont pu être mis en évidence pour le site de terrasses de Foix. Mais pour une valorisation allant au-delà de la simple maintenance d'un site nous avons vu que des moyens humains doivent être mobilisés, des partenariats sont à structurer, une animation pour le maintien d'une dynamique sont indispensables pour une valorisation sur le long terme. Il est important aussi de mobiliser le tissu associatif local autour du projet et encourager tous ceux qui pourraient joindre leurs activités à une dynamique du site. Comme dans tout projet de développement local, il faut prendre en compte l'importance du travail en réseau, grâce au développement de partenariats, et de la prise en compte des aspects humains et contextuels.

Tous les projets énoncés ne verront pas le jour, mais quelques actions ciblées peuvent permettre de favoriser du lien social et apporter une plus-value au territoire dans un sens économique, social et culturel au-delà du temps de la conception du site. Cela permettrait de créer une dynamique pour que le relais passe entre différents acteurs ou structures et participerai au dynamisme local. Le site pourrait être une vitrine de la dynamique du développement de la ville de Foix et du département de l'Ariège dont elle est la préfecture.

La mise en oeuvre d'une démarche de projet participative n'est pas évidente à mettre en oeuvre, mais c'est sur ce type de démarches patrimoniales que le consensus et l'adhésion peuvent se faire le plus facilement.

Ce travail sur l'identification de pistes de dynamisation du site aurait pu être approfondi avec plus de profits en ayant plus de temps à y consacrer. Il aura déjà permis de mettre l'accent sur les potentialités intrinsèques du site et toutes celles supplémentaires apportées par le sentier en tant que support d'autres actions complémentaires coordonnées.

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CONCLUSION GENERALE

Pour un territoire comme l'Ariège, peu riche économiquement, la valorisation du patrimoine rural est un enjeu essentiel car il constitue une ressource territoriale spécifique et unique qui peut améliorer l'image extérieure du territoire permettant de générer une activité économique, touristique dont il faut toutefois veiller à ce qu'elle reste raisonnée et respectueuse des équilibres naturels et culturels. Il permet également, et ce n'est pas là son moindre apport, d'améliorer l'image pour soi grâce à la répercussion de l'image positive d'un territoire qui sait préserver, valoriser et avoir conscience de son héritage historique sur ceux qui l'habitent. Mais il est important aussi de trouver le moyen d'aller au delà de la mise en valeur d'un paysage culturel. Pour déployer un usage du patrimoine lui permettant grâce à des actions coordonnées d'être un catalyseur de développement local, un activateur de dynamiques sociales et économiques globales.

La valorisation des terrasses du Pech de Foix prend la forme d'un sentier d'interprétation qui a pour vocation de sensibiliser le public aux différentes facettes du lieu, sans trahir « l'esprit des lieux » qui l'habite. La réalisation d'une enquête ethnohistorique préalable participe à la démarche d'élaboration partagée du sentier, notamment car elle fait appel à des témoignages directs d'usagers du lieu et permet de rendre compte de différentes approches possibles du site en termes de représentations sociales. Ainsi, cela permet une (ré)appropriation du lieu et une appropriation du sentier par la population.

La Fédération Pastorale de l'Ariège livre un outil, un support d'interprétation que les acteurs locaux doivent ensuite se réapproprier pour le faire vivre. En l'absence de projet agricole aux perspectives rentables, et étant donnée que la valorisation touristique du sentier semble déjà en voie d'être assurée, il semble que la perspective de valorisation pédagogique est celle qui mériterai le plus d'être développée aux côtés de la pérennisation des chantiers de jeunes. Elle permettrait un réel bénéfice et développerait une nouvelle vocation pour ce site, au-delà de la période d'animation estivale, pour les enfants, les jeunes, les habitants locaux. Là encore, ce serai un facteur de plus pour l'appropriation du site par la population locale, et cette reconnaissance du site est essentielle pour y générer des activités collectives ou individuelles porteuse de développement local.

La sensibilisation des jeunes au patrimoine qui les entoure et à l'histoire de leur territoire, dans une vision à long terme, peut les amener à réaliser qu'il y a du potentiel, des ressources sur leur territoire, qu'il y a des moyens à valoriser. Cet objectif semble important dans les territoires ruraux et de montagne comme l'Ariège qui voient beaucoup de jeunes

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générations migrer vers les villes. Mais, sans animation ou activité, on risque de créer un espace-musée figé et de rester uniquement dans le devoir de mémoire qui passe par la sauvegarde des témoins du passé. Si ce devoir de mémoire se combine avec des fonctionnalités nouvelles, il devient alors porteur de dynamisme local. Rappelant ainsi que la ressource patrimoniale n'existe que parce que la ressource humaine la crée et la valorise, l'animation territoriale favorise le dynamisme local en accompagnant des porteurs de projet, notamment en coordonnant des convergences partenariales entre sphère publique et sphère privée.

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Schéma pastoral départemental 2008-2013, Fédération Pastorale de l'Ariège.

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LISTE DES SIGLES UTILISES

FPA : Fédération Pastorale de l'Ariège

OT : Office du Tourisme

PDIPR : Plan départemental des itinéraires de promenade et de randonnée CDRP : Comité départemental de randonnée pédestre

ADTM : Aménagement et développement transfrontaliers de la montagne GAEMP : Gestion et Aménagement des espaces montagnards et pastoraux AAPRE : Association Ariègeoise de Personnes en Recherche d'Emploi FFRP : Fédération française de randonnée pédestre

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ANNEXE 1 : PHOTOS ANCIENNES

(Source : Edition Fournier. Photo-Mécanic, MURET.)

(Source : Vue panoramique du Pech de Foix vers 1890 (hiver). Cl. E. Trutat, coll. Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse.)

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ANNEXE 2 : PLAN NAPOLEONIEN

ANNEXE 3 : PLAN DE FOIX, ATLAS DES VILLES DE FRANCE, G.DE LLOBET

LEGENDE DU PLAN

97

ANNEXE 4 : ARTICLES DE JOURNAUX ANCIENS CONCERNANT LA DISPARITION DE JEAN SOULA

99

100

102

ANNEXE 5 : TABLEAU RECAPITULATIF DES PERSONNES DU GROUPE-

PROJET INTERVIEWEES

103

Personne interviewée et lien au projet

Potentialités

Projet général

Projets agricoles/ exploitation ou rénovation pédagogiques

Projets d'animations pédagogiques

Projets touristiques et randonnée

Partenariat et réseaux

Norbert Meller (élu)

-Des terrasses

-Le groupe doit

-travail de quelques

-ateliers ludiques

 

-Prise de contact

-Elus de la mairie de

restaurées et visibles

continuer

parcelles : plantation de

 
 

avec la Chambre

Foix sensibilisés au tourisme, à la

pour les visiteurs et les fuxéens

-trouver un moyen pour que le lieu vive, que ce

cerisiers, truffes, vigne, etc.

 
 

d'agriculture (projet d'installation

protection de

-vue sur le patrimoine

soit fréquenté et

-intervention de

 
 

agricole)

l'environnement, du patrimoine naturel et

de terrasses et sur le patrimoine de la ville

entretenu

-Mettre en place

quelques personnes, une association ou des

 
 

-prise de contact avec la chambre de

culturel

-à l'initiative du projet

(architecture)

quelque chose qui se voit depuis les allées de

professionnel (ex : la Vernière, un lycée

 
 

métiers (savoir-faire, artisans pour

-suivi financier : pas de certitudes à long terme

 

Vilottes

professionnel, des horticulteurs, de jeunes retraités, etc.)

 
 

rénovations)

 
 
 

-Projet d'élevage compliqué car il faut une personne qui vive là-haut

 
 
 

Richard Danis

-un patrimoine des

-scénographie+projet

-culture de fruits

-Projet du type « un

-Visites guidées de

-intégration du

(président OT et du

anciens à protéger

agricole

rouges mais accès

chemin/une école »

Mélanie Savès

projet dans les

CDRP)

(murs, sentiers, etc.

 

difficile

avec CDRP et club de

(produit touristique à

documents de

-Représente l'office du

-panorama :

-faire comprendre ce

 

randonnée local.

sa façon)

communication sur

tourisme et le FFRP

observation du

patrimoine

-mise en place d'un

Objectif : création

 

les sites de 1001

-à l'initiative du projet

paysage et des

 

système de

d'un petit topoguide

-Intégration de

terrasses d'Ariège

 

formations

-générer un plus

récupération d'eau

par les élèves.

visites dans des

 
 

géologiques

économique /

 
 

produits touristiques

-Création d'une

 

-Trois niveau de

développer une activité

-arbres fruitiers, vigne

 

complets (type séjour

plaquette pour le site

 

lecture (approche libre et panneaux, guide papier, guide accompagnateur)

touristique

-Penser à l'entretien et à la pérennisation

 
 

organisés avec secrétariat assuré par l'OT)

de Foix

 
 

-Voyages d'études

 
 

-une balade de plus et une variante du

 
 
 
 
 
 

« chemin des bonshommes »

 

104

Personne interviewée et lien au projet

 

Potentialités

Projet général

Projets agricoles/ exploitation ou rénovation pédagogiques

Projets d'animations pédagogiques

Projets touristiques et randonnée

Réseau et

communication

« Passerelle

-une plus-value

-effet attractif de la

 
 

-Visites guidées sur le

 

culture »(Mélanie

pour des visites en

valorisation

 
 

site: parler de la ville et

 

Savès, guide

lien avec visites de

patrimoniale: « venez

 
 

du Pech, de la vie du

 

culturelle)

la ville

chez nous, on

 
 

19ème siècle (nécessité

 

-Invitation aux

-point de vue sur la

s'occupe de notre

 
 

que le sentier soit

 

réunions par l'OT/

ville

patrimoine et c'est

 
 

restauré et nettoyé pour

 

Guide culturelle -partenariat avec la ville pour des visites

-point de vue sur les terrasses depuis la ville.

notre richesse »

 
 

un accès facilité)

 
 

-départ du vieux pont : intéressant historiquement

 
 
 
 
 
 

(entrée de la ville)

 
 
 
 
 

Lisa Victories

-transmission aux

-chantiers de

-des projets pour

-utilité sociale

 

-un besoin de la

(FAJIP45)

jeunes locaux sur

proximité : des jeunes

chaque parcelle, pour

-transmettre l'histoire

 

compétence des

-A l'initiative du projet

leur territoire

locaux et des

des cultures

locale, du Pech aux

 

muraillers

-Service jeunesse de la

- une vitrine pour le

ressources locales

-chantiers d'insertion

fuxéens et aux gens

 
 

Mairie de Foix

réseau 1001

(différent des

professionnelle pour

du coin

 

-Rapprochement des

- Mise en place de

terrasses d'Ariège

chantiers

adultes

-jeunes nettoient le

 

réseaux éducatifs et

chantier de jeunes avec l'aide des services

- adhésion autour de ce projet :

internationaux organisés par

 

site et font ensuite eux-mêmes des visites

 

pédagogiques (Ecoles, CLAE)

techniques de la mairie

activation d'un

associations

 

touristiques guidées

 

-Associations

(débroussaillement et

réseau

extérieures)

 

-Appropriation de leur

 

d'insertion

rénovation murs en

-remet Foix dans

-donner aux gens

 

histoire par des jeunes

 

professionnelles

pierre sèche)

contexte rural/belle image pour le tourisme

envie d'y aller et montrer qu'on peut y faire des choses.

 

en crise identitaire (adolescence)

 
 
 

-proximité de la ville de Foix

 
 
 
 
 
 

-Natura 2000

 
 
 
 
 

105

Personne

interviewée et lien au projet

Potentialités

Projet général ou

autres

Projets agricoles/ exploitation ou rénovation pédagogiques

Projets d'animations pédagogiques

Projets touristiques et

randonnée

Réseau et communication

Jacques Grelot, Propriétaire depuis une dizaine d'année

-situation géographique

-côté patrimonial -classement N2000

-un observatoire du milieu naturel

-évaluer le potentiel trufficole

 
 
 

Michel Jouanolou (Foyer Léo Lagrange) -Information auprès des randonneurs -foyer au départ et à l'arrivée du « Chemin des bonhommes »

-Point de vue sur Foix

-les terrasses, les murs

-possibilité d'arriver en train

-donner à voir et expliquer ce patrimoine

-prévoir une personne pour l'animation du groupe

-Mettre des moyens pour l'entretien du site

 
 

-intégrer le site dans le dépliant du sentier des bonhommes

 

Bernard Saurat (propriétaire)

-le point de vue

-nécessité d'entretenir une fois le sentier fait

 
 
 
 

Jean-Pierre RAU (Propriétaire)

 

-pas de projet mais ne

veut pas de
fréquentation par des engins motorisés sur ses terrains

 
 
 
 

« Syndicat des trufficulteurs » André Clare et Robert Rouch

-Conseil aux propriétaires intéressés

-un patrimoine truffier à sauvegarder (car il disparait en raison du manque d'entretien du milieu naturel) -Vision sur Foix

 

-Favoriser un retour naturel de la truffe (débroussaillement) -Plantation de chênes truffiers mais il y faut consacrer du temps -mise en place système de récupération d'eau

 
 
 

106

ANNEXE 6 : ARTICLES DE PRESSE SUR LES CHANTIERS DE JEUNES

Publié le 11/05/2011 par La Dépêche du Midi

FOIX. CHANTIER FRANCO-MAROCAIN SUR LES TERRASSES DU PECH

Foix. Chantier Franco-marocain sur les terrasses du Pech

Le pôle jeunesse de la ville Foix (Fajip) a accueilli six jeunes marocains. Les jeunes ont travaillé durant une semaine sur le projet de restauration des terrasses et des murets du Pech. Sous la houlette de leurs animateurs Mohamed Ben Hamed et Mohamed Salmi (Maroc), Claire Chayet (Foix), et Vincent Baudon murailler, ils ont conduit les opérations de débroussaillage nécessaires, puis, ont découvert un savoir-faire ancestral de nos Pyrénées, la technique de la pierre sèche. Ce travail de fourmi que réalisent les animateurs avec les jeunes est fondamental, même s'il est discret. En 2010, un groupe de jeunes fuxéens s'était rendu à Ain Chouater, province de Figuig au Maroc, à l'invitation de l'association bassin Guir. Objectif : participer à un chantier de plantation de tamaris pour éviter l'ensablement des points d'eau.

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2011/05/11/1078799-Foix-Chantier-Franco-marocain-sur-les-terrasses-du-Pech.html (consulté le 25 août 2011)

107

Publié le 24/07/2011 par La Dépêche du Midi

CE QUI S'APPELLE DEBROUSSAILLER LE TERRAIN.VACANCES ACTIVES

Les jeunes sur un chantier d'intérêt public./ Photo DDM, Norbert Meler

Six jeunes de la cité, de 14 à 18 ans, se sont mobilisés pour débroussailler des sentiers. Une initiative très physique pendant leurs vacances, à l'initiative du Pôle jeunesse.

Stéphan Davila, animateur au pôle jeunesse (Fajip) de la ville de Foix, a mobilisé cette semaine un groupe de six jeunes de 14 à 18 ans pour aller débroussailler le chemin des Asperges. Ce sentier démarre du Pont vieux, au niveau de l'ancien café Aillères, et conduit sur les terrasses du Pech, offrant au promeneur une vue exceptionnelle sur la cité de Fébus. Au fil du temps, les hautes herbes, les ronciers, les arbrisseaux envahissaient un accès qui menaçait de disparaître. Dans le cadre du dispositif ville vie vacances (3V) fruit d'un partenariat entre la commune et l'Etat, les jeunes travaillent durant 5 matinées de 8 h 30 à 12 h 30, encadrés par un animateur socio-éducatif et un technicien municipal des espaces verts, Jean-Charles Péreira. Un jeune saisonnier des services techniques, Samir Bel-Ghazi, complète le groupe. Passer du collège ou du lycée aux exigences du travail physique en pleine nature, voici qui bouscule les habitudes. Scies, cisailles ou sécateurs en main le chantier progresse, à tel point que lorsque nous nous y sommes rendus, nous avons constaté que l'itinéraire était devenu confortable même s'il demeure un peu abrupt. Ce sentier sera le point de départ de l'itinéraire qui accueillera les randonneurs pour les guider vers l'aménagement futur des murets du Pech. En guise de gratification, les jeunes recevront en fin de chantier un bon d'achat de 75 euros échangeable dans l'un des commerces de la ville. Après le travail réalisé début juillet à la cité Pierre-Faur du Courbet, ce second chantier manuel contribue à développer chez les jeunes le sens de l'intérêt collectif. C'est une école concrète de citoyenneté.

Source : http://www.ladepeche.fr/article/2011/07/24/1133920-ce-qui-s-appelle-debroussailler-le-terrain.html (consulté le 25 août 2011)

108

ANNEXE 7 : PORTRAITS ET PAROLES46

Les habitants du Pech ?Suzanne DEPAS

Dans les années soixante, âgée d'une vingtaine d'années, elle fut l'une des dernières habitantes du Pech pendant environ un an et demi ; avec son mari, son fils de deux ans et sa fille, née durant cette période. Malgré des conditions de logement très rudimentaires, l'amour qui l'unissait à son mari et la tranquillité des lieux lui ont fait garder de très bons souvenirs de cette période et de ce lieu qu'elle appelle « son petit paradis ».

« J'allais aux asperges, aux champignons, je ramassais des oeillets sauvages...après y'avait des amandes, à l'époque y'avait de tout...On ramassait aussi des poireaux sauvages pour faire la soupe...on avait rien, on n'avait pas un sou ! Après mon mari a trouvé du travail, on a pu commencer à s'acheter ce qu'il fallait pour manger... »

« Je m'y plaisais beaucoup, je l'appelais `mon petit paradis' [...] De là-haut, j'ai vu construire le nouveau pont en 1962 [...] ce qui me plaisait c'était le calme, c'était la ville en dessous, on pouvait tout regarder...la tranquillité surtout...moi j'aime être tranquille ».

?Monsieur BARONA :

D'origine espagnole, il est probablement le dernier à avoir cultivé des terrasses aux Bentenaous, jusque dans les années soixante.

Ce monsieur, qui était puisatier, vivait avec sa femme dans la maison, aujourd'hui en ruines, située en contrebas du chemin plat menant au site de terrasses. Il avait des lapins, des poules, un âne et deux mulets. « Il faisait un peu de tout » pour sa consommation personnelle.

« Quand il y avait Barona, il entretenait la maison qui est démolie, il entretenait sous l'orry, une baraque basse. Il avait des lapins...il était puisatier...c'est-à-dire qu'il cherchait des points d'eau pour faire des puits. Il en aurait trouvé un plus bas, là ou il y a la baraque au drapeau...(M.Alozy)

« Mme Baronna c'était une dame petite assez costaud et son mari c'était un grand maigre. Il descendait à Foix sur son âne et il remontait sur l'âne...et elle, la bonne femme, elle tirait l'âne parce qu'il voulait pas qu'elle monte dessus...alors elle s'arrêtait à la maison pour boire un petit coup d'eau ou de café, elle disait `il faut que je monte sur cet âne je vais pas monter là-haut à pied moi j'en peu plus'...alors elle prenait un rocher, un peu haut, elle montait dessus et puis elle voulait monter sur l'âne et quand elle allait mettre la jambe, l'âne il avançait ! » (Mme Depas)

46 Tels qu'ils ont été livrés au bureau d'étude et présentés lors de la réunion du « groupe-projet » du 28 juillet 2011

109

? Albert PIQUEMAL

Il est né sur le Pech en 1928, à la ferme du Pech de Naut (Pech d'en haut) que ses parents avaient acheté en 1920 et qu'ils ont habité jusqu'en 1938. Il a donc vécu là jusqu'à l'âge de 10 ans et se souvient de la vie de la ferme.

Il y avait une dizaine de vaches, une trentaine de moutons et quelques cochons. Les agneaux et les veaux, après avoir été engraissés, étaient vendus sur le marché à Foix. Sa mère transformait le surplus de lait en beurre et le petit lait était donné aux cochons. La volaille et les lapins étaient aussi vendus sur le marché.

Ils cultivaient un jardin potager et des céréales : blé, avoine, seigle. Une fois récolté et dépité, son père descendait le blé à dos d'âne jusqu'au pont de l'Arget, chez le meunier, pour le faire moudre. Avec la farine, sa mère fabriquait du pain.

Le cochon, c'était pour la consommation familiale, lorsqu'on le tuait, il y avait une grande fête avec les amis qui étaient venus donner un coup de main. La semaine, pour être plus près de l'école, il dormait chez sa tante à Flassa. À partir de 1938, la famille Piquemal est descendue du Pech pour s'installer dans une ferme plus bas mais tout en continuant à utiliser les terres du haut. Puis, en 1955, la ferme sera vendue.

Ceux qui fréquentent(ou ont fréquenté) le Pech

Gérard ALOZY :

Artisan peintre à la retraire, il fréquente le Pech depuis ses plus jeunes années pour se promener, pour explorer, pour admirer la vue qu'il y a depuis là-haut et profiter de la tranquillité des lieux.

Vers l'âge de quatorze ans, avec ses copains, c'était le terrain de jeux et d'exploration mais toujours en évitant de passer trop près de la maison où vivait un monsieur avec une jambe de bois et son chien blanc, car il leur faisait peur.

Plus tard, c'est à la recherche de grottes ou autres cavités qu'il parcourt les lieux.

La photographie, autre de ses passe-temps, l'amène à prendre quantité de photos, principalement des fleurs, sur le Pech et ailleurs.

Autre but de ses escapades : la cueillette des asperges, au printemps, lorsque les jeunes pousses sortent de terre.

« Cet endroit là j'y vais pour les asperges, sur les terrasses il y en a plein...c'est fin...il faut prendre que le bout et on les fait en omelette...Après, je vais plus vers le haut du Pech. »

110

« On voit loin, c'est à deux pas de Foix y'a pas à prendre la voiture et le paysage est très diversifié sur le Pech selon le coin où l'on va. »

« J'y allais pour me promener, pour découvrir, trouver de nouveaux endroits...Je faisais des photos, surtout de fleurs »

« J'y allais le weekend quand je travaillais, maintenant je peux y aller quand je veux. »

Henri AILLERES :

Educateur sportif, Henri Aillères a vécu toute sa jeunesse à proximité du départ du chemin des asperges. Sa mère y tenait un café jusqu'au début des années quatre-vingt-dix. Pour les enfants du quartier, le Pech, c'était le terrain de jeux.

« Aller au Pech, c'était la nature, la construction de cabanes, la cueillette des asperges...des jeux ayant trait à la nature...on y était tout le temps. »

Le Pech pouvait aussi être le lieu d'autres cueillettes :

« Quand on allait chercher des truffes, avec les voisins, c'était quelque chose d'exceptionnel, j'étais content de les sentir... »

Lucette FAVERGEON :

Tout comme ses parents, Lucette Favergeon était marchande de chaussures à proximité du vieux pont. Lorsqu'elle avait une dizaine d'années elle allait sur le chemin du Pech pour se promener et ramasser des fleurs, notamment des pervenches. Quand sa mère l'accompagnait, elles allaient jusqu'au quartier de Flassa « pour faire la boucle ».

« Parfois, j'y allais avec un livre et je m'asseyais au bord du chemin pour lire...on y est bien...Mais c'était toujours sous l'oeil de ma mère qui surveillait depuis le pont...il fallait qu'on nous voit. »

Paroles diverses :

« Il y avait un manque d'eau sur le Pech. On utilisait la `Fount de Labat' sur la route du Pech de Naut ou on descendait chercher l'eau à Foix. Les filles Soula allaient tous les matins vendre le lait à des particuliers à Foix, puis elles remontaient les bidons remplis d'eau » (Yves ROUX)

111

« Quand ils faisaient le blé, ils accrochaient un tissu blanc pour que ceux du Saint-Sauveur viennent dépiquer...il y avait beaucoup d'entraide à l'époque » (Mme VAQUIÉ)

« Enfant, je venais cueillir des gentianes puis je les disposais dans une assiette à soupe pour en faire un coussin et l'offrir à ma mère. » (Richard DANIS)

« Au printemps, j'allais cueillir des pervenches sur le chemin des asperges. Par le chemin situé en face de la croix de Bouychères j'allais cueillir des iris avec ma mère et au bord des anciennes habitations, des lilas. » ( Annie CAZENAVE)

« Mon oncle Josépou, sur le chemin de l'école, passait par le Pech, faisait une petite botte d'iris violet clair et avec il se faisait un peu d'argent pour s'acheter une petite bagatelle » (Gaston GERAUD)

112

TABLE DES MATIERES

REMERCIEMENTS 1

INTRODUCTION 6

1ère PARTIE : CONTEXTE DE L'ETUDE REALISEE DANS LE CADRE DU PROJET

DE MISE EN PLACE DU SENTIER D'INTERPRETATION 9

I. La Fédération Pastorale de l'Ariège 9

A. Type de structure 9

B. Objectifs, territoires d'actions et missions 10

II. Le programme « 1001 terrasses d'Ariège » 12

A .Le système terrasse 12

1. Definition et principes 12

2. Un savoir-faire paysan complexe 13

3. Les terrasses de cultures en Ariège 14

B. Objectifs et actions 17

C. Un projet intégré au programme leader 19

III. Le site de terrasses du Pech de Foix 20

A. Présentation géographique du site 20

B. Une ressource territoriale « multi-patrimoniale » 23

C. Suivi du projet et mode de financement 26

1. Le Comité de pilotage 26

2. Le groupe-projet 27

3. Financement des différentes tranches du projet : 30

D. Travail confie et méthodologie mise en place 31

Conclusion de la première partie 33

2eme PARTIE : RECHERCHES ETHNO-HISTORIQUES : RESULTATS ET FONCTIONS

34

113

I. Résultats de l'enquête ethno-historique 34

A. Rappel des objectifs et précisions sur la méthode 34

1. Les recherches aux archives départementales de l'Ariège 35

2. L'enquête par entretiens 35

3. Les observations de terrain 36

B. Toponymie des noms de lieux 36

C. Habitat, usages et représentations 37

1. A propos des habitants et propriétaires 39

2. Evolution des rapports: d'un espace essentiellement agricole à un espace de loisirs

42

3. La question de l'eau sur le Pech 44

4. Les cueillettes sur le Pech 45

5. Faits divers et croyances : 48

6. L'abri en pierre sèche construit en encorbellement 50

7. Les terrasses monumentales 50

8. Le Pech: un espace de tranquillité, d'exploration voire d'apprentissage 52

9. Le Pech comme espace de « relégation »? 54

10. Un espace agricole périurbain 55

11. Le quartier du vieux pont 57

D. Portraits d'habitants du Pech 58

1. Suzanne DEPAS 58

2. Monsieur BARONA : 59

3. Monsieur PIQUEMAL 60

II. Synthèse et préconisations 61

A. Bilan de l'enquête 61

B. Préconisations pour un approfondissement des recherches 61

III. Apports pour la conception du sentier d'interprétation 63

A.

114

La notion d'interprétation 63

B. Une perspective ethno-historique 64

C. Portraits et paroles 65

D. Participation à la démarche partagée 65

Conclusion de la deuxième partie 66

3ème PARTIE: PISTES DE VALORISATION DU SITE ET MODALITES DE SUIVI PAR

LE GROUPE PROJET UNE FOIS LE SENTIER EN PLACE 67

I. Enjeux, objectifs, méthodologie et limites de cette partie 67

A. Les enjeux d'une dynamisation du site 67

B. Objectifs et méthodologie 68

C. Les limites 69

II. Autres sites de terrasses : Actions mises en oeuvre, modalités de gestion 69

A. Les terrasses de la carolle à Auzat 70

B. Le Mas d'Azil : site de Souribet 70

C. Camon : les cabanes en pierres sèches 71

III. Quels projets pour le site de Foix ? 73

A. Synthèse des potentiels du site de Foix 73

B. Domaines d'actions possibles et exemples de projets 74

1. Tourisme et randonnée 75

2. Les projets agricoles 76

3. Valorisations pédagogiques 78

4. Projets artistiques 79

5. Projets scientifiques 80

6. Projets événementiels 80

C. Possibilités de financements 81

IV. Modalités de pilotage et de développement d'activités sur les terrasses du Pech de Foix

81

A. Les réunions du groupe-projet, les besoins identifiés 81

B.

115

Les actions à mettre en oeuvre par le groupe-projet pour avancer dans le

développement d'activités sur le site 83

C. Mise en réseau avec le collectif 1001 terrasses d'Ariège 85

D. Synthèse pour la valorisation du site de terrasses du Pech de Foix 85

Conclusion de la troisième partie 87

CONCLUSION GENERALE 88

BIBLIOGRAPHIE 90

LISTE DES SIGLES UTILISES 93

ANNEXE 1 : PHOTOS ANCIENNES 94

ANNEXE 2 : PLAN NAPOLEONIEN 95

ANNEXE 3 : PLAN DE FOIX, ATLAS DES VILLES DE FRANCE, G.DE LLOBET 96

LEGENDE DU PLAN 97

ANNEXE 4 : ARTICLES DE JOURNAUX ANCIENS CONCERNANT LA

DISPARITION DE JEAN SOULA 98

ANNEXE 5 : TABLEAU RECAPITULATIF DES PERSONNES DU GROUPE-

PROJET INTERVIEWEES 102

ANNEXE 6 : ARTICLES DE PRESSE SUR LES CHANTIERS DE JEUNES 106

ANNEXE 7 : PORTRAITS ET PAROLES 108






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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote