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Les terrasses du Pech de Foix: recherches « ethno-historiques » pour la mise en oeuvre d'un sentier d'interprétation et perspectives de dynamisation du site

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par Elise LABYE
Université Toulouse Le Mirail - Master 2 professionnel Aménagement et développement transfrontalier de la montagne 2011
  

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9. Le Pech comme espace de « relégation »?

La zone des terrasses du Pech semble aussi être et avoir été considérée comme un espace de misère et de mise à l'écart. Si ce type de terroirs était plutôt privilégié à certaines époques, avant la mécanisation (voir plus haut ce qu'en dit Michel Chevalier), plus tard, il semble avoir été exploité par des personnes qui étaient plutôt au bas de l'échelle sociale. A l'époque de la mécanisation de l'agriculture, travailler ces terrasses sans outils modernes devait sembler un travail particulièrement difficile et ingrat. Selon les témoignages recueillis, les paysans de la crête du Pech étaient considérés comme mieux lotis et certainement plus riches que ceux vivant et cultivant les terrasses.

« Ils devaient vivre de misère là-haut [en parlant de la zone des terrasses]...en haut sur le plateau, c'est plat on peut le cultiver autrement, ça devait être riche » (M.Alozy)

Vers les années 1940 /1960 des personnes habitaient vers le chemin des asperges dans des sortes de cabanes dans des conditions rudimentaires sans eau et sans électricité. Des conditions qui paraissent d'autant plus précaires si on les considère depuis notre époque où le confort des habitations a largement évolué. Certains d'entre eux n'étaient pas commodes, ce qui ne devait pas inciter les Fuxéens à la balade.

Aujourd'hui, il y a encore quelques habitants sur cette zone du Pech : ce sont des personnes sans domicile fixe. Cette occupation par des personnes en marge et sans abri est favorisée pour au moins deux raisons : c'est un lieu à la fois proche de la ville et à l'abri du regard des Fuxéens.

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Au moyen-âge, à l'extérieur des remparts de la ville et à proximité de l'une des entrées de la ville médiévale (le vieux pont), il y avait vraisemblablement une léproserie située vers le début du chemin des asperges. Elle apparait sur plan de la ville de Foix réalisé par G de LLOBET, historien. A cette époque, les léproseries ou maladreries étaient des lieux d'isolement et de prise en charge des malades de la lèpre.

Figure 21: Atlas historique des villes de France G. De Llobet (1982) (Voir aussi en annexe la carte intégrale et sa légende)

10. Un espace agricole périurbain

Autrefois, lorsqu'il était habité, le Pech de Foix était comme « un quartier » de la ville33. Notamment en raison de la généralisation de la voiture comme moyen de transport, cette zone du Pech a été progressivement désertée de ses habitants et aujourd'hui il est plutôt perçu comme un espace naturel. C'est une zone qui présente les caractéristiques d'un espace de campagne, rural, tout en étant en proximité directe de la ville.

Cette situation devait permettre aux paysans de vendre facilement leur production aux nombreux Fuxéens sans avoir besoin de faire beaucoup de chemin. Cet écoulement de marchandises pouvait se faire sur les marchés, sur les foires et directement auprès des particuliers.

M. Piquemal, qui a vécu sur le haut du Pech de sa naissance jusqu'à ses dix ans (entre 1928 et 1938), se souvient de la vie de la ferme. Il y avait une dizaine de vaches, une trentaine de moutons et quelques cochons. Les agneaux et les veaux après avoir été engraissés étaient

33 Voir plus haut : l'expression « quartier du Pech » est utilisé dans un article de journal de 1914

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vendus sur le marché à Foix. Sa mère transformait le surplus de lait en beurre et le petit lait était donné aux cochons. La volaille et les lapins étaient aussi vendus sur le marché. Ils cultivaient un jardin potager et des céréales : blé, avoine, seigle. Une fois récolté et dépité, son père descendait le blé à dos d'âne jusqu'au pont de l'Arget chez le meunier pour le faire moudre. Avec la farine sa mère fabriquait le pain.

Henri Aillères se souvient que les jours de marché les deux soeurs Galy qui vivaient tout en haut du Pech descendaient des veaux. Elles vendaient aussi des produits de la ferme, de la volaille, des oeufs, des légumes. Par contre selon ses souvenirs, les maisons plus basses sur le Pech, dans la zone des terrasses, ne faisaient pas de production pour la vente à cette époque.

Autre exemple : la vente de lait cru aux particuliers de la ville de Foix. Nous avons eu plusieurs témoignages à ce propos. Le lait cru nécessite d'être vendu quotidiennement pour assurer sa fraicheur et la proximité de la ville constitue un avantage pour une livraison qui peut se faire à pied. Cette vente de lait frais aux particuliers a perduré jusqu'a il y a peu.

Mme Vacquié l'a fait jusqu'à ce qu'elle et son mari prennent leur retraite à la fin des années quatre-vingt-dix. Leur ferme est située sur la route de l'Herm du côté Pradières. Tous les jours, à pied, elle « portait le lait en ville ». Dans des bidons au départ, puis dans des bouteilles et à la fin dans des berlingots. Cela permettait de vendre plus cher que le prix du ramasseur et puis lors de l'instauration des quotas dans les années 1980, « il fallait bien faire quelque chose des surplus ». L'inconvénient c'est que cela prenait du temps. Cette pratique, certainement très ancienne, se faisait au début du 20ème siècle selon le témoignage de M.Roux qui raconte que les filles de Pierre Soula allaient tous les matins vendre du lait à des particuliers à Foix.

Grâce au dépouillement du cadastre ancien, on peut remarquer que certains propriétaires dont la profession est « cultivateur » sont domiciliés au centre ville de Foix et possèdent des parcelles en périphérie, notamment sur le Pech. Ce qui dénote encore une fois cette proximité, cette interpénétration des deux espaces : l'urbain et le rural.

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11. Le quartier du vieux pont34

Le quartier situé au départ du sentier des asperges est un point de passage très fréquenté. La route d'où le sentier démarre est une des artères principales de la ville (Route Nationale jusqu'à ce que la déviation par le tunnel soit mise en place) et jusqu'en 1962, le vieux pont est le seul qui permette d'accéder à la ville. Autrefois, les boîtes aux lettres des habitants du Pech étaient situées au niveau du passage sous le porche qui débouche vers les premiers lacets du chemin des asperges. Ce passage est comme une interface entre l'espace urbain et l'espace « naturel » du Pech.

Henri Aillères qui vivait au départ du chemin du Pech, où sa mère tenait un café jusqu'au début des années quatre-vingt-dix, se souvient bien de la vie et de l'animation qui régnait dans ce quartier lorsqu'il était jeune. Il y avait beaucoup de monde, des commerces, des services publics et bien moins de voitures qu'aujourd'hui. « Tout le monde passait par là ». C'était, jusqu'au début des années 1990, un quartier très vivant avec de nombreux commerces et services. Il y avait Fauré le photographe, plusieurs pompistes, Lautier pneus, la Sécurité Sociale, la Caisse d'allocations familiales, la Trésorerie Générale, etc. Et aussi un grand hôtel restaurant ayant une grande notoriété pour sa gastronomie.

Les jours de marché le café du départ du chemin des asperges était fréquenté par les agriculteurs qui venaient à la foire, le marché de la place du Mercadal n'était pas loin. Les personnes qui vivaient à Flassa venaient également au café. Sa fréquentation était aussi liée au trafic des cars qui desservaient Toulouse et la Haute-Ariège. L'arrêt était devant le café. la gare n'est pas loin non plus.

Il y avait également du transport de marchandises pour lequel le café faisait dépôt et réception des colis. La charcuterie Rouch, par exemple, faisait partir des colis vers la Haute-Ariège pour approvisionner des épiceries. A l'époque il n'y avait pas de chaîne du froid. Cet endroit de la ville a été pendant des siècles un lieu de rencontre, de passage, de circulation de personnes et de marchandises. Actuellement, c'est toujours un lieu de passage, mais la circulation est surtout routière.

Au chemin des asperges des gens travaillaient leurs jardins. Plusieurs personnes nous ont parlé d'un gendarme, M. Rouzaud, et de son magnifique jardin. Il habitait dans Foix et venait là cultiver son jardin, une petite cabane lui servait à ranger ses outils. Il faisait un

34 Afin de mieux situer ce quartier, se référer au plan situé dans la première partie du mémoire dans le chapitre présentant le site.

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potager et un peu de vigne dont il consommait le raisin. Pour les enfants du quartier, le chemin des asperges et le Pech c'était la balade principale.

« C'était la nature, la construction de cabanes, la cueillette des asperges...des jeux ayant trait à la nature...on y était tout le temps. Beaucoup de gens du Rivals, la partie basse de la ville, fréquentaient. » (Henri Aillères)

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote