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Conflits enAafrique centrale: le cas de la RCA de 1960 à  2013. Dynamique récurrente d'une trappe de conflictualité

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par Yannick Stéphane NGBWA ESSO
Université de Yaoundé II - Master-Recherce en Science Politique, option: Relations Internationales 2014
  

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CHAPITRE I:

LES FACTEURS INTERNES DE PRODUCTION DE LA CONFLICTUALITE EN RCA

La RCA a connu des conflits dès les premières années qui suivent l'indépendance. Les élites gouvernementales qui héritent du pays s'appuient sur la politique de l'ancien colon. Celle-ci consiste en la répression. Les mécanismes qu'elle implique ne sont pas sans conséquence. Les différents magistères brillent par le verrouillage de la vie politique et les inégalités sur les plans économique et social. Face à cette situation, les voix s'élèvent pour revendiquer le changement. Certains leaders profitent de la conjoncture pour assouvir leurs intérêts égoïstes. Moyennant la violence cultivée pendant la colonisation, la force armée devient le recours principal. C'est ainsi que le pays se retrouve pris dans un cycle infernal. La cascade des coups d'Etat et tentatives de coups d'Etat en est la parfaite illustration. Si la responsabilité interne est avérée, il convient d'identifier le fondement sur lequel repose la conflictualité en RCA. Il s'agit des facteurs politiques (SECTION 1), des facteurs socio-économiques (SECTION 2) et des facteurs culturels (SECTION 3).

SECTION 1 : LES FACTEURS POLITIQUES

Les facteurs politiques jouent un rôle prédominant dans les conflits que traverse la RCA.Ceux-ci reposent sur les conditions d'accession à l'indépendance (PARAGRAPHE 1) et la conquête et l'exercice du pouvoir(PARAGRAPHE 2). Les attentionsqu'ils cristallisent alimentent des intérêts pernicieux. Ilsont largement favorisé les coups d'Etat.

PARAGRAPHE 1 : UNE INDEPENDANCE SOUS TUTELLE

Le 13 août 1960, la RCA accède à l'indépendance. Cette transition se fait dans des conditions difficiles et non avantageuses pour sa population. En effet, la France installe des vivriers potentiels d'instabilités politiques qui lui permettent de perpétuer les pratiques de division, de domination et d'exploitation des Centrafricains qui ont toujours servi de moteur à son entreprise. La désormais entreprise néocoloniale passe par la sélection de l'élite appelée à présider aux destinées du jeune Etat. Une élite qui ne fait pas l'unanimité auprès de ses concitoyens(A). L'autre subterfuge passe par la signature des accords de coopération militaire (B). Ainsi sont posés les jalons des conflits latents dans le pays.

A- ENTRE REBELLES ET REBELLES, LES ENTRE SOI DE L'ELITE POLITIQUE

Contrairement à d'autres territoires africains, il n'existe pas un fort mouvement nationaliste en RCA. Il y'a peu d'auxiliaireset partant, peu de raisons de développer l'enseignement.Cette carence plus ou moins considérable d'élites intellectuelles suffisamment aguerries, ouvertes et favorables au dialogue social est préjudiciable. Une situation qui rend l'élite centrafricaine inapte à gérer le territoire et à encadrer la population. Le pays brilledonc parune «absence quasi-totale d'élite»92(*). Le principal leader de l'époque est un jeune abbé, Barthélemy BOGANDA. Il décède le 29 mars 1959 lors du crash de son avion. Une perte lourde de conséquence pour le pays qui traverse un moment décisif de son histoire. Cette perte est d'autant plus lourde que le pays ne dispose pas d'un large éventail de leaders intellectuels. David DACKO prend sa succession avec la bénédiction de l'ex métropole. Une situation qui crée des tensions au sein de l'opposition dont Abel GOUMBA est l'une des têtes de proue.

Le pays accède à l'indépendance dans la division et la méfiance. L'élite dirigeante s'accroche au pouvoir et s'accapare du « gâteau national ». Elle est davantage préoccupée par la défense des intérêts égoïstes que tout autre chose. L'oppositionne bénéficie pas des retombées. De plus, elle subit le durcissement du régime. Les nouveaux dirigeants stigmatisent les opposants et les contraignent à l'exil. L'autre option qui leur reste est le recours à la force armée. De là s'accentue la culture de la résistance. Une culture déjà présente pendant la colonisation. Face au verrouillage politique, on assiste à l'éclosion des rébellions à base ethnique. Le Sud est souvent opposé au Nord. Parfois le Sud est opposé au Sud. Chaque ethnie vise sa part du gâteau au détriment des autres. De fil en aiguille, s'ériger en rebelle s'avère être la voie la plus sûre de bénéficier des ressources du pays. Aussi, l'élite centrafricaine va-t-elle basculer dans la violence. C'est dans ce contexte que nait petit à petit l'insécurité dans le pays. Une insécurité amplifiée par les accords de coopération militaire qui servent de rempart aux dirigeants.

B- LES ACCORDS DE COOPERATION MILITAIRE, VERITABLE EPEE DE DAMOCLES

La France et la RCA sont liées par un accord de défense signé le 15 août 1960. Un autre accord concernant l'assistance militaire a été signé le 8 octobre 1966. Cette coopération cible plusieurs aspects à l'instar de la vente d'armes, les transferts de technologie, etc. Ses objectifs sont de plusieurs ordres93(*).Ils sont politiques pour le maintien de l'ordre interne, la stabilité et l'équilibre. Ils sont diplomatiques pour le renforcement des liens avec les dirigeants centrafricains dans l'optique de la formation d'un bloc pro français dans les instances internationales.Ils sont également militaires et stratégiques afin de maintenir un statut de puissance et se déployer facilement. La RCA de par sa situation centrale est un pays idéalement placé pour les opérations françaises dans la sous-région. Le pays a des frontières avec cinq Etats importants tout en étant «un verrou aux portes d'un Soudan de moins en moins fréquentable»94(*). Enfin, la coopération a des visées économiques et culturelles. La symbolique linguistique opère également dans le jeu politique et militaire.Par ces accords, la RCA abandonne les domaines clés de la défense et de la sécurité, les politiques économiques ou la politique étrangère entre les mains de la France.

La stratégie tend à conférer un «caractère conscient et calculé aux décisions par lesquelles on veut faire prévaloir une politique»95(*). Or, la RCA du fait de sa vulnérabilité et de son manque d'autonomie ne peut nourrir une telle ambition. Il convient de relever l'incapacité de l'Etat centrafricain à maitriser son destin.L'importante marge de manoeuvre concédée aux partenaires étrangers dans la définition et la mise en application de sa politique tant intérieure qu'extérieure démontre à suffisance que son indépendanceest juste juridique.Elle n'est ni politique, ni stratégique, encore moins économique.Ces accords planent au-dessus de la tête des gouvernants centrafricains. Tous ceux qui s'écartent de la politique française sont éjectés. On parle de révolution des palais où le peuple n'a rien à y voir. La conséquence est la naissance des maux qui entravent son épanouissement économique, social et politique. Cette dépendance politique et stratégique se traduit par l'extraversion étatique.Elle n'est pas seulement le résultat de la contrainte exercée sur la RCA par ses partenaires étrangers notamment la France. Certes, cette dernière a intérêt à voir cette dépendance se perpétuer. Mais, il est juste de préciser que la RCA ne subit pas forcément cette dépendance. Ses dirigeants respectifsy voient le meilleur moyen de compenser leur manque de légitimité. Ils y voient également un moyen efficace de se maintenir au pouvoir dans un environnement où la crise de la participation politique et le déficit démocratique rendent la sécurité à la tête du pouvoir incertaine. Le cas du Général AndréKOLINGBA est édifiant à ce sujet.Celui-ci impose sa dictaturependant 12 ans grâce à l'aide duColonel MANSION.Ce proche des services secrets français avait la main sur toutes les affaires sensibles du pays.

* 92Hervé BOURGES et Claude WAUTHIER, Les 50 Afriques, postface de Samir Amin, Paris, Seuil, 1979, p. 98.

* 93Jeany LORGEOUX, Jean Marie BOCKEL, La présence de la France dans une Afrique convoitée, Rapport d'information numéro 104, 29 octobre 2013, p. 257.

* 94 Jacques GODFRAIN, Réformes, numéro 2703, Paris, 30 janvier-5 février 1997.

* 95 André BEAUFRE, Introduction à la stratégie, Paris, Hachette Pluriel, 2012, 192p.

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