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Conflits enAafrique centrale: le cas de la RCA de 1960 à  2013. Dynamique récurrente d'une trappe de conflictualité

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par Yannick Stéphane NGBWA ESSO
Université de Yaoundé II - Master-Recherce en Science Politique, option: Relations Internationales 2014
  

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SECTION 2 : LES FACTEURS ECONOMIQUES ET SOCIAUX

Certains auteurs apportent une explication économique des conflits102(*). L''aspect socio-économique joue un rôle prépondérant dans le cycle infernal des conflits en RCA. En effet, la gestion hasardeuse des ressources (PARAGRAPHE 1) a conduit à la paupérisationde la population (PARAGRAPHE 2) créant ainsi des mécontentements et des exacerbations en son sein. La précarité a favorisé leur manipulation par certains leaders et groupes armés.

PARAGRAPHE 1 : LA MAUVAISE GESTION ET REPARTITION DES RESSOURCES

L'économie centrafricaine est une économie appendice du capitalisme français. Elle est pour ainsi dire extravertie au point où le peuple se trouve étranger dans son territoire. Tout pour les élites dirigeantes(A) et leurs alliés français(B). Rien pour les Centrafricains, sinon des miettes. A ce niveau se pose le problème de partage.

A- ENTRE CONFISCATION DES BIENS ET GABEGIE FINANCIERE,LA PATRIMONIALISATION DES RESSOURCES

Les dirigeants centrafricains n'ont jamais fait le distinguo entre les biens privés et ceux de l'Etat qu'ils incarnent.Le pays possède des ressources diamantifères plus ou moins conséquentes.Elles sont suffisantes pour assurer à la population un certain niveau de vie. D'autant que s'y ajoutent des ressources forestières importantes, le pétrole, l'uranium et le cuivre. On note malheureusement un manque de transparence dans leur gestion.La gabegie et le pillage sont les maitres mots. Plus de la moitié de la production diamantifère échappe au contrôle de l'Etat. Elle alimente la contrebande quand elle n'est pas détournée, érigeant la RCA en «gemmocratie»103(*). Convenablement gérées, ces ressources permettraient la création d'un tissu industriel. Jamais le peuple centrafricain n'a profité des ressources de son sous-sol. On parle à juste titre parle de la mainmise et de la confiscation du bien commun. Le gaspillage des ressources et des revenus tirés des secteurs stratégiques, miniers en particulier a pendant longtemps été érigé en système en l'absence des politiques de contrôle et de régulation de ces secteurs. Les conséquences sont l'aggravation des conditions de vie de la population. De nombreux citoyens ne parviennent pas à satisfaire leurs besoins fondamentaux notamment l'alimentation et la couverture sanitaire. Des disparités importantes subsistent dans la société. Georges NZONGOLA croit d'ailleurs savoir que la crise économique du début des années 1990 est à l'origine des mutineries de 1996-1997104(*).Les détournements et la mauvaise gestion occasionnent le non-paiement des salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat. Cette mauvaise gouvernance a fait fuir les investisseurs les plus sérieux105(*). Tandis que le contrôle et l'exploitation des ressources restent une exclusivité des entreprises étrangères.

B- LE MANQUE DE CONTROLE DES RESSOURCES

L'Etat centrafricain est caractérisé par le manque de contrôle et de souveraineté sur ses ressources. Des pans entiers de l'économie sont laissés en friche. D'où l'anéantissement de la créativité des richesses. Dès lors, il lui est quasi-impossible de répondre aux attentes de la population. Les entreprises étrangères, celles françaises notamment ont un contrôle total sur son économie. Leur raison d'être ce sont les matières premières pour l'intérêt bien compris de leur industrie. Aussi, ces entreprises vont-elle mettre en place des structures pour une exploitation totale des ressources du pays. Certes la RCA est seulement classée 32ème parmi les clients de la France. Cependant, l'investissement français n'est pas des moindres .On note la présence du Groupe BGI Castel (production de boissons et du sucre) et de Bolloré qui s'occupe de la distribution de l'eau, de la production des cigarettes, du fret grâce à sa présence au port de Douala et du transport dans le pays. Total monopolise le stockage, la commercialisation et la distribution des hydrocarbures. Le CFAO contrôle le secteur des importations et des pièces de voitures. Orange ou France Télécom est dans le domaine des télécommunications. Areva a une mainmise sur l'uranium centrafricain. Bivac Centrafrique s'occupe de la sécurité douanière pour ce qui est du bois, un des principaux produits centrafricains. D'autres entreprises à l'instar d'Air France qui monopolise le transport aérien dans le pays et Sécurité Sans Frontières du Groupe Sofema y sont également présentes. Les profits qu'elles tirent sont colossaux malgré la pauvreté du pays. Les domaines clés de la RCA sont entre les mains d'étrangers qui s'assurent leur contrôle par des interventions militaires fréquentes.

Toutefois, les entreprises étrangères n'interviennent pas seules dans le contrôle des ressources en RCA. Ce contrôle passe également par la monnaie extérieure, le franc CFA.L'Etat centrafricain est dans l'incapacité totale de piloter son économie parce qu'il ne produit pas (suffisamment)106(*). La situation conduit le pays à survivre au lieu de vivre et l'empêche de se projeter sur le long terme. La conséquence est la paupérisation d'une population qui travaille mais sans jamais voir les résultats. Elle est dépossédée de ses biens. De là naissent des sentiments d'injustice et de révolte susceptibles de créer des conflits.

* 102 Cf. Mamadou KOULIBALY, « Enjeux économiques, conflits africains et relations internationales », AfricaDevelopment, vol. XXIV, numéro 3 et 4, 1999 ; Philippe HUGON, « L'économie des conflits en Afrique », Revue internationale et stratégique, numéro 43, 2001, p. 152-169.

* 103 Le terme «gemmocratie» qualifie les régimes politiques qui accaparent les ressources diamantifères. Cf. Olivier VALLEE, Les gemmocraties: l'économie politique du diamant africain, Paris, Desclée de Brouwer, 1997, 240p.

* 104 Georges NZONGOLA, « La dynamique des acteurs des conflits en Afrique Centrale. Acteurs et processus », 14è congrès biennal de l'association africaine de science politique, Durban 29 juin-4 juillet 2003.

* 105 La déliquescence du pays a découragé les investisseurs les plus regardants en matière de gouvernance et de transparence pour laisser libre champ à des acteurs déjà présents (Syriens, Yéménites, Libanais) et à de nouveaux acteurs (Chinois, Indiens).

* 106 Le franc CFA (Colonies Françaises d'Afrique) appartient à la France. Par conséquent, il enrichit l'économie française au détriment des pays d'Afrique Noire qui l'utilisent. Cf. Nicolas AGBOHOU, Le Franc CFA et l'Euro contre l'Afrique : pour une monnaie africaine et la coopération sud-sud, Paris, Editions SOLIDARITE NATIONALE A.S, 1999, 269p.

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