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Transition démocratique en Guinée: perceptions de la diaspora vivant au Bénin

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par Pierre Pévé BAVOGUI
Université d'Abomey Calavi - Diplôme d'Etudes Approfondies  2012
  

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ABSTRACT

This study highlights the mechanisms related to the ongoing democratic process in the Republic of Guinea. The research was to test, on the one hand, the assumptions which stipulate that the opinions of Guineans in Benin are functions of their socio-professional categories and, on the other, the stipulation that some political players resort to strategies to slow down the democratic process. In addition, the study outlines different political and social conditions that are necessary for the success of democracy in Guinea, while it develops relevant strategies. Data were collected over a six-month period working with a sample of one hundred and seven persons, which included students, traders, executives, political refugees, representatives of political parties, of housewives and craftsmen as well as key resource persons. The study was conducted using a number of tools such as the individual interview and group interview protocol and the survey assessment grid. Data once collected and processed, were subjected to an empirical systemic structural-functionalist. From the data, it emerged that: (a) the speeches of Guineans living in Benin on the democratic transition are based on socio-cultural and political affiliation; and (b) the Slowing downs of the ongoing democratic process in Guinea are fundamentally rooted in past political events as well obstruction strategies that some political players induce in. However, despite the diversity of the speech uphold, there is a consensus that national reconciliation is socially and politically indispensable to the success of the democratic process; and those political actors strive towards that goal.

Key words: democracy, Diaspora, strategy.

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INTRODUCTION

Au-delà de toutes les stigmatisations dont elle est victime, la diaspora africaine a joué et continue de jouer un rôle déterminant dans la vie politique du continent. Elle est restée très active sur les plans économique, social et politique. C'est ce rôle qui lui a valu d'être considérée comme la sixième partie du continent après l'Afrique du Nord, l'Afrique du Sud, l'Afrique Centrale, l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est.

Dans les années 1900, c'est par elle que la prise de conscience commença en Amérique à travers le Mouvement de la Renaissance de Harlem conduit par le Docteur William Edouard Dubois et ses compagnons. Puis le groupe Sons of Africa de Londres avant le vaste Mouvement de la Négritude dans les années 30 au quartier Latin de Paris conduit par Aimé Césaire, René Maran et Leopold Sédar Senghor. Ces mouvements de diasporés qui se reconnaissaient par leur appartenance à la race noire avaient pour vocation de lutter contre la « discrimination de l'homme noir à travers le monde ».

Ces mouvements de prise de conscience se poursuivirent jusque dans les années 60 au moment des indépendances africaines car, le but principal était la liberté de l'homme noir dans le monde entier y compris sur le sol africain. Depuis ces moments, la diaspora africaine est restée une actrice principale de la vie politique et sociale de l'Afrique. Ce qui sous-tend qu'elle garde un oeil vigilant sur les problèmes qui se pose aux africains en Afrique et ailleurs.

Les réalités actuelles de l'Afrique confrontée à l'implantation de la démocratie sous sa forme occidentale ne sont pas en marge des préoccupations des populations africaines diasporées. En effet, la démocratie se définie comme un système de gestion politique caractérisé par la liberté, le droit à l'expression, l'égalité des citoyens. Elle se mesure principalement par l'accession au pouvoir des responsables politiques à travers des élections libres, équitables et transparentes. On constate que la démocratie est devenue désormais un « label » que doit s'offrir chaque Etat pour entrer dans le « concert des nations » contrairement à ce que disait Jean Jacques ROUSSEAU dans son célèbre ouvrage : « Du Contrat Social ». Pour lui, en Démocratie il faut «peu ou point de luxe ».(ROUSSEAU, op. cit. : p. 106)

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Dans les institutions sous régionales, régionales et mondiales, on assiste à l'exclusion des réunions, ces pays dits « non démocratiques » ou en « transition démocratique » comme ce fut le cas de la Guinée depuis l'accession au pouvoir en décembre 2008 de la junte militaire dirigée par le Capitaine Moussa Dadis Camara jusqu'au 21 Décembre 2010, date d'investiture du Professeur Alpha Condé à la magistrature suprême en tant que premier président démocratiquement élu de l'histoire depuis l'accession du pays à l'indépendance le 02 Octobre 1958 ; soit 52 ans après.

Le présent travail met un accent particulier sur la transition politique amorcé en décembre 2008 avant de s'appesantir sur les préoccupations politiques des ressortissants guinéens vivant au Bénin face au processus de démocratisation en cours dans leur pays. Il comprend huit chapitres dont: I- Cadre théorique, II- cadre pratique, III- De la diaspora aux diasporas guinéennes du Benin, IV- Typologie de discours des diasporas guinéennes sur la transition démocratique en Guinée, V- Evénements politiques des deux premiers régimes aux pouvoirs militaires de transition, VI- Situation du dialogue politique, VII- Nécessité d'une concertation nationale et VIII : la diaspora guinéenne en action au Benin : éléments empiriques. Ainsi que des perspectives pour une thèse de doctorat en sociologie intitulées: De la démocratie aux valeurs marchandes a la démocratie aux valeurs éducatives. Une conclusion met fin à ce mémoire.

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PREMIERE PARTIE :

DIASPORA GUINEENNE AU BENIN : UN

CHAMP D'ETUDE DE TRANSITION

DEMOCRATIQUE

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I- CADRE THEORIQUE

1.1.Problématique

L'histoire politique de l'Afrique commence avec l'engagement de ses « bras valides » déportés aux Amériques en faveur du rétablissement de leurs droits. Les premières manifestations de l'épanouissement politique du continent eurent donc lieu loin des terres africaines. (OUEDRAOGO, 2010 : p. 3). Du groupe « Sons of Africa » de 1776 à Londres aux mouvements de libération nationale des « années 60 »en Afrique, en passant par la renaissance de Harlem dans les années 1900 aux Etats Unis et la négritude dans les « années 30 » à Paris, la diaspora africaine a joué un rôle majeur dans l'épanouissement politique du continent.

Les idées sur la fin du colonialisme, l'égalité des races et l'unité des africains vont ainsi émerger chez les peuples noirs. La participation des africains aux guerres mondiales et la fréquentation de représentants de mouvements panafricains, a largement influencél'émergence et le dénouement des luttes pour les indépendances en Afrique.Des mouvements sociaux eurent donc lieu dans plusieurs colonies et conduiront à la naissance de groupements syndicaux et de partis politiques. Pour OUEDRAOGO (op. cit. : p. 7), l'attaque de l'Ethiopie en 1935 par l'Italie, toucha profondément la diaspora et sonna comme un appel à l'unité du continent contre le colonialisme. A la fin de la seconde guerre mondiale en 1945, le mythe de l'homme blanc s'effondra. Les conditions étaient réunies pour lancer le mouvement nationaliste à travers le monde. Le refus des injustices coloniales prendra la forme de révoltes. De l'Algérie au Cameroun en passant par le Kenya, le Mozambique, Madagascar, les luttes de libérations nationales ne s'arrêtaient guère jusqu'à l'indépendance des peuples noirs.

De nos jours, cette diaspora reste encore très active dans le processus de développement du continent. Et comme le constate bien VOKOUMA (2008 : En ligne), dans plusieurs pays africains, les transferts de capitaux sont très élevés et participent à la réduction de la pauvreté. Une étude conjointe de la Banque Africaine de Développement (BAD) et du ministère français de l'économie et des finances à révélé que les fonds envoyés de la France vers le Maroc en 2000 atteignaient 4.074 millions d'euros, soit 9 % du produit intérieur brut (PIB) du pays et 75 % de l'aide publique au développement (APD). Le Sénégal de son coté, avait été destinataire de 1.254 millions d'euros, soit 11 % du PIB tandis que le Mali avait reçu en cette même année 456 millions d'euros soit 11 % du PIB et 80 % de l'APD et les Comores,

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72 millions d'euros, soit 24 % du PIB. Les montants envoyés dans les ménages permettent à celles-ci d'avoir un niveau de vie au dessus de la moyenne nationale. Ces fonds sont imprévisibles en volume et la régularité du transfert varie, contrairement à l'aide internationale prévisible et budgétisée. Le manque de dispositions pour faciliter ces transferts, peut entraîner la variation du volume des transferts et perturber l'économie des pays bénéficiaire tout en entraînant une forte précarité de vie dans plusieurs familles. Soutenant cette idée, le président de la BAD Donald Kaberuka, affirmait : « Le rôle de la diaspora devient de plus en plus prépondérant au regard de l'importance et de la stabilité de ses transferts de fonds. Il s'agit maintenant de l'engager dans le développement de nos pays en levant les contraintes freinant le transfert des fonds » (ibid.).

Pour MANGOUA, (2005 : En ligne), au delà de l'investissement financier, la diaspora africaine regorge des ressources humaines très qualifiées avec des compétences techniques et professionnelles de haut niveau. Ces compétences seraient un atout pour le continent dans sa lutte contre les fléaux comme le VIH/SIDA, l'insécurité alimentaire, la dégradation de l'environnement, l'analphabétisme. Même avec le développement des nouvelles technologies, une mise en réseau des médecins africains et ceux diasporés, pourrait par exemple, contribuer à la résolution de problèmes médicaux sur le continent.

De même, la diaspora africaine s'organise formellement pour oeuvrer à travers les associations en collaboration avec les compatriotes vivants au pays dans le but de réaliser des projets de développement dans le pays d'origine. Ces interventions ont données jour à des infrastructures scolaires, sanitaires et des silos de stockage de céréale, d'agriculture irriguées, de réseaux d'eau potable, des services d'assainissement, etc. Plusieurs auteurs expliquent que les grandes mutations en cours dans le monde contemporain font apparaitre que la nécessité de la répartition des savoirs, des pouvoirs économiques, politiques et militaires sera tributaire des migrations scientifiques et technologiques (ASSOGBA, op. cit. :p. 6).

L'UA, pour sa part, conscient du rôle imminent de la diaspora dans le développement de l'Afrique, a jugé nécessaire, lors de la première conférence des intellectuels africains et de la diaspora tenue à Dakar,de la proposer comme la sixième région d'Afrique (UA, 2004 : p. 15).Elle a aussi consacré les dispositions de l'article 21 de la charte africaine de la jeunesse aux jeunes de la diaspora. Les objectifs principaux que se fixe l'UA dans ce sens, sont entre autres : 1) faciliter le retour et l'insertion socioprofessionnelle de la diaspora ; 2) Assurer la formation des diasporés ; 3) Encourager les diasporés à s'investir dans le développement de leur pays d'origine (UA, 2006 : p. 19). Cette détermination de l'UA à assister la diaspora,

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démontre combien les africains diasporés sont susceptibles de favoriser le développement de leur pays d'origine.

Il apparait donc clairement que si l'Afrique mettait en valeur les possibilités financières et humaines de ses populations diasporées, elle trouverait sans doute la solution à ses problèmes de développement et réduirait l'endettement croissant dû aux financements extérieurs venants principalement des pays du Nord. Interroger donc les dynamiques sociopolitiques de cette diaspora, c'est mettre en éveil la conscience et les logiques de celle-ci face aux problèmes engendrés par la démocratisation en Afrique.

En effet, pour COQUERY-VIDROVITCH (1997 : p. 1), la démocratie est née en Europe occidentale après plusieurs années caractérisées par des révolutions car, la monarchie de droit divin adoptait une idéologie différente de celle démocratique. Cette démocratie serait entachée du « péché originel d'eurocentrisme » et se trouverait dans l'impossibilité d'être plaquée comme tel en Afrique. Le « vieux continent » se doit de créer ses propres structures politiques enracinées dans son histoire sous peine de se voir « décervelé » comme le disait Joseph Ki-Zerbo. Car, les sociétés africaines ne portent pas en elles les germes de démocratie occidentale. L'histoire de l'humanité étant caractérisée par les changements sociaux, il y a lieu de se demander si l'absence d'une tradition démocratique incluse nécessairement l'impossibilité d'une naissance tardive de celle-ci. Les évènements politiques survenus dans les années 1989-1990 en Europe de l'Est et en URSS ont produit des effets sur les institutions politiques africaines les rendant de plus en plus instables. Ainsi se pose de façon spectaculaire, le problème de la démocratie dans le monde de façon générale et en Afrique de façon particulière.

Il ressort de tout ce qui précède que la diaspora constitue un potentiel important dans l'explication des transformations sociales en Afrique et dans le processus de développement du continent. On pourrait s'attendre alors à une tendance active chez les diasporas au profit des nations respectives. Pour ce qui relève de la Guinée, cette diaspora prend corps avec non seulement les instabilités au plan politique mais aussi dans le cadre de coopérations entre pays du sud. Ce qu'il revient de mettre en exergue est l'évidence ou non d'une harmonie ou encore d'une synergie des initiatives en faveur de la transition démocratique en Guinée. S'il est évident que l'intention de tous les membres de la diaspora guinéenne en Afrique notamment au Bénin est en faveur d'un rétablissement normal de la situation sociopolitique, on pourrait s'interroger sur une disparité et clivage dans la prise de position et d'initiative en faveur de la transition démocratique : c'est la mise en évidence d'un éventuel consensus au niveau de la diaspora. Déjà, avec Bourdieu (2009 : En ligne), l'uniformisation des points de vue dans un

groupe social ne saurait être évidente. Dans son analyse des « champs », il détermine les positions sociales des agents (acteurs) à partir des capitaux inégalement distribués. Il s'agit des capitaux : économique, social, politique, culturel et symbolique. La société apparait pour lui comme un espace de lutte pour l'accumulation de ces capitaux étant donné que ceux-ci orientent la position des agents dans l'espace social. Au sein de l'espace social, il existe plusieurs champs plus ou moins autonomes dont celui politique. A l'intérieur de chaque champ, des agents dotés d'habitus se déploient pour l'accumulation de capitaux spécifiques ainsi que la domination du champ. Les agents centraux sont ceux qui possèdent plus de capital pertinent à l'intérieur du champ. Pour Bourdieu, « le champ politique est le lieu où s'engendrent, dans la concurrence entre les agents qui s'y trouvent engagés, des produits politiques (problèmes, programmes, analyses...) entre lesquels les citoyens ordinaires, réduits au statut de « consommateurs », doivent choisir, avec des chances de malentendu d'autant plus grandes qu'ils sont plus éloignés du lieu de production » (ibid.).

La logique spécifique du champ politique est qu'il vise à donner sa vision du monde social comme étant fondée non seulement sur des critères de vérité mais aussi et surtout sur sa représentativité et bien sûr,sa capacité à mobiliser ceux qui s'y reconnaissent.Il partage avec le champ des sciences sociales, l'enjeu d'imposer sa vision du monde. Cette vision n'est pas validée par sa vérité intrinsèque mais par l'immensité de ceux qui l'adhèrent. Si dans le champ des sciences sociales on oppose des « idées-vérité », dans le champ politique ce sont des « idées-forces » qu'on oppose. Dans les sociétés modernes, le champ politique est l'espace de domination qui produit des rapports de sens, fondements de la dignité ou de l'indignité sociale. Cette indignité provient d'une impuissance à prendre part au jeu politique mais aussi de l'incapacité à en changer les règles et à le disqualifier. Ce champ apparaît comme celui de la domination méconnu donc reconnu et reste le lieu par excellence du théâtre de l'indignité politique et de la l'infériorité sociale (ibid.). Cette approche analytique de Bourdieu admet donc l»'inevitable» divergence dans la `'famille» de la diaspora guinéenne au Bénin. La présente recherche met en évidence un tel positionnement en appréciant l'opinion de la diaspora guinéenne du Bénin au sujet de la transition démocratique. Le problème de recherche ainsi mis en évidence articule un `'consensus» sur la transition démocratique et un défaut de consensus sur les mécanismes pour y parvenir chez un même groupe social en l'occurrence la diaspora guinéenne au Bénin.

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Pour BOURDIEU, (1996 : p. 1) la politique démocratique « est confrontée au choix entre l'arrogance du technocrate qui prétend rendre tous les hommes heureux, même sans ou contre leur volonté, et la docilité du démagogue, qui obéit simplement à la demande, qu'elle se manifeste par des études de marché, l'audimat ou des courbes de popularité». Bourdieu estime qu'une politique démocratique doit se soustraire d'une telle alternative puisque, quand il est question de démocratie, la finalité s'impose indiscutablement à l'esprit comme: les modalités d'accès économiques et culturelles à l'opinion politique doivent être démocratisées, donc à la disposition de tous. Pour lui, la formation (formation de base et formation continue) joue un rôle déterminant dans cette perspective dans la mesure où elle donne la certitude d'accéder aux emplois et à certaines positions sociales mais, elle est aussi la contrainte indispensable pour l'exercice réel des droits et libertés civiques.

BOURDIEU pense que pour reconquérir la démocratie il faut nécessairement rompre avec la « tyrannie des experts style Banque mondiale ou FMI » qui, selon lui, imposent les sentences du « nouveau Léviathan » c'est-à-dire les marchés financiers, sans vouloir en négocier mais se contentent de les expliquer. Pour lui, il n'est plus question de faire foi en l' « inévitabilité historique » que les théoriciens du libéralisme prônent. Mais il faut créer des formes nouvelles d'une activité politique collective pouvant faire des constats sur les nécessités économiques. Ces constats peuvent concernés les activités des « experts » mais, il s'agira de les « combattre », à défaut, de les « neutraliser » (BOURDIEU, 1995 ; En ligne).

Tocqueville ( SKYMINDS.NET, 2010 ; En ligne) pour sa part, croit que c'est l'égalisation des conditions sociales qui donne naissance à la société démocratique. Il considère la démocratie comme un Etat social et non comme une simple forme de gouvernement. Si la plus grande passion des peuples démocratiques est l'égalité, pour lui, la démocratie égalise les conditions et non les situations économiques et sociales puisqu'il existe des riches et des pauvres dans un pays dit démocratique. Il distingue alors trois types d'égalité:

y' l'égalité devant la loi : pas de privilèges

y' l'égalité des chances : méritocratie

y' l'égalité de considération : tous les honneurs sont accessibles à tous

Il affirme que c'est ce sentiment d'égalité qui agit sur la société et transforme les relations entre les Hommes. Cette passion de l'égalité est la source du changement social. Ce qui entraîne un passage inévitable et lent à la démocratie. Pour Tocqueville (ibid), « L'égalisation des conditions entraîne le rapprochement des niveaux de vie, donc une montée en puissance

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des classes moyennes ». Pour lui, les dangers qui guettent la démocratie sont l'individualisme et le despotisme. Il ne confond pas l'individualisme et l'égoïsme : «L'égoïsme est un amour passionnel et exagéré de soi-même», tandis que l'individualisme est «un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s'isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l'écart avec sa famille et ses amis ; de telle sorte que, après s'être ainsi créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même».Il affirme que si les citoyens s'attèlent à chercher prioritairement l'égalité, ils risquent de perdre leur liberté. (Ibid.)

Mais Tocqueville pense que le projet démocratique est irréalisable puisque la nature elle-même produit les inégalités; malgré cela, il exclut toute possibilité de retour en arrière parce que selon lui, le projet égalitaire est naturel et toute personne humaine en a droit. Il est donc impossible d'achever le mouvement d'égalisation des conditions donc,la démocratie ne peut être totalement « réelle ». Par conséquent, les gouvernements doiventlui fixer des bornes pour éviter qu'elle déshumanise l'homme en favorisant toute forme d'inégalité.(MANENT, 1982 ; En ligne). Pour Tocqueville, «Il est difficile d'être l'ami de la démocratie ; il est nécessaire d'être l'ami de la démocratie ».«Il est vrai que la démocratie est en un sens très réel l'ennemie de la grandeur humaine ; mais les ennemis de la démocratie sont des ennemis bien plus dangereux de cette grandeur ». «Pour bien aimer la démocratie, il faut l'aimer modérément» (ibid.)

L'objet essentiel de la recherche en sociologie est de comprendre la conception que se font les acteurs du monde social. C'est pourquoi il est nécessaire de se placer du point de vue des personnes qui participent activement à un phénomène pour l'expliquer. Les diasporas,apparaissant comme le prolongement de la société civile du pays d'origine et représentant à cet effet, les mouvements politiques, économiques, culturels et sociaux du pays d'origine (ASSOGBA, op. cit. :p.4), méritent d'être interrogées sur les problèmes politiques africains. Ainsi, dans cette étude, l'analysese focalisesur la manièredont les guinéens du Bénin, conçoivent la transition démocratique en cours dans leur pays.

Engagée dans une course démocratique sous l'influence de la communauté internationale, la Guinée semble être au pied du mur du fait qu'elle n'arrive pas à finaliser sa transition politique pour accéder au processus de consolidation démocratique. Les élections législatives prévues en juin 2011 n'ont pas encore eu lieu. L'atmosphère politique reste tendue entre les acteurs de la majorité présidentielle et ceux de l'opposition qui, durant un an ne se sont pas

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mis d'accord sur la gestion des grands dossiers comme le fichier électoral. La réconciliation annoncée depuis un an est au ralenti. Malgré cet état de chose, les avis sont divergents au sein de la diaspora guinéenne présente au Bénin. Laquelle diaspora victime de l'instabilité politique dans son ensemble, a immigrée au Bénin. Par conséquent, interroger les dynamiques sociopolitiques de ces diasporés, s'avère important dans la compréhension de cette transformation politique.Ainsi, nous nous posons la question de savoir en quel terme s'explique et s'illustre les clivages au sujet de la transition démocratique en Guinée chez sa diaspora présente au Bénin.

Hypothèses

Pour donner des réponses provisoires à cette question de recherche, nous avons formulé les hypothèses suivantes :

? Les guinéens vivant au Bénin produisent des discours différents par rapport à la transition démocratique en cours dans leur pays en fonction de leur catégorie socioprofessionnelle;

? Pour les guinéens du Bénin, les stratégies de certains acteurs politiques ont contribué au ralentissement du processus de transition démocratique dans leur pays;

? Les guinéens du Bénin définissent différemment les conditions politiques et sociales sine qua non pour la réussite de la transition démocratique dans leur pays et développent des stratégies y afférentes.

1.2.Objectifs de recherche

Toute recherche s'assigne des objectifs qui constituent son aboutissement final. Dans la présente étude, sont fixés un objectif principal et des objectifs spécifiques.

1.2.1. Objectif principal

L'objectif principal de cette recherche est de comprendre et d'expliquer l'intérêt que les guinéens vivant au Bénin accordent aux enjeux liés au processus de transition démocratique en cours dans leur pays. Cet objectif général a permis de décrire trois objectifs spécifiques.

1.2.2. Objectifs spécifiques

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? Faire la typologie des discours de la diaspora guinéenne sur la transition politique en cours dans leur pays ;

? Appréhender les obstacles liés au processus de transitiondémocratique en cours en Guinée selon la diaspora;

? Identifier les conditions indispensables à la réussite de la transition démocratique selon la diaspora ainsi que les stratégies y afférentes qu'elle développe.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault