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Le travail des enfants dans l'agriculture, mythe ou réalité ? : une étude de cas dans les exploitations cotonnières au Bénin

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par Christhel Sonia Jesugnon Padonou
Université Catholique de Louvain, Belgique - Master complémentaire en développement, environnement et sociétés 2013
  

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1.2. Problématique et questions de recherche

En Afrique de l'Ouest, la production cotonnière était passée de 100 000 à 1 000 000 de tonnes de fibres de coton entre 1960 et 2005 et représentait près de 5 % de la production mondiale (OCDE, 2006 : 17). Mais entre 2005 et 2010, cette zone a connu une forte diminution des superficies emblavées, avec une chute spectaculaire de la production de coton1(*). Durant la campagne cotonnière 2001-2002, les superficies emblavées de 357.000 ha sont passées en 2009-2010 à 149 000 ha au Bénin (CCIC/ICAC, 2012, cité par UE et Groupe des Etats ACP: 64). Cependant, la production cotonnière suscite encore un engouement auprès des acteurs de la filière dans de nombreux pays, à cause de son importance socio-économique. « Au Burkina-Faso, le coton est considéré comme la locomotive de l'agriculture » (ENDA, 2005 : 14). A l'instar du Burkina-Faso et d'autres pays, le coton est encore d'une importance assez capitale pour l'économie béninoise.

A part son rôle socio-économique, « la production de coton en Afrique de l'Ouest bénéficie d'un avantage comparatif naturel en matière de rapport prix/qualité. Cet avantage comparatif qu'ont les pays ouest africains est lié à l'utilisation d'une main d'oeuvre familiale faiblement ou presque pas rémunérée en comparaison aux pays développés producteurs de coton »2(*) (OCDE, op.cit.). « Au Bénin, la plupart du coton est produit avec de la main d'oeuvre familiale composée d'hommes, de femmes et d'enfants en fonction des circonstances et des caractéristiques de l'exploitation familiale » (Ton et al., 2004 : 10) .

Malgré cet avantage comparatif reconnu dont disposent les producteurs ouest africains, leurs revenus et marges bénéficiaires ne cessent de diminuer. Cette situation est hautement favorisée par les politiques de subventions des pays du Nord qui concourent à la chute des cours mondiaux du coton (ENDA, 2005 : 7). Ainsi, « sur la saison 2001-2002, l'estimation des élasticités montre qu'une augmentation de 1 % des subventions accordées par les USA et l'Union européenne a entraîné une baisse de 3,8 % des cours mondiaux du coton » (Adjovi et al., 2003).

De plus, la hausse du prix du pétrole ces dernières années a entraîné l'augmentation du coût des intrants agricoles (ces coûts ont augmentéde plus de 50% entre 2005 et 2008, malgré les subventions aux intrants pratiquées dans de nombreuses filières (CCIC/ICAC, 2012 : 17). Tous ces facteurs ont entraîné la dégradation du prix payé au producteur de coton (le prix au producteur est passé de 200 FCFA le Kg en 1996 à moins de 155 FCFA le kg en 2007) et la chute des emblavements en Afrique de l'Ouest et du Centre en général et au Bénin en particulier. Au Bénin, entre la campagne cotonnière 2003-2004 et celle de 2007-2008, la production du coton a chuté de 63% (USDA, cité par Stratégied'opérationnalisation et déclinaison en plans d'investissements sectoriels de la vision Bénin 2025, 2008 : 16). Pour faire face à la baisse de leurs revenus, les cotonculteurs ont tendance à délaisser la culture du coton et à la substituer avec d'autres cultures qui nécessitent moins d'intrants agricoles (Stratégied'opérationnalisation et déclinaison en plans d'investissements sectoriels de la vision Bénin 2025, 2008 : 14).

Les producteurs qui n'ont pas d'autres alternatives à la culture du coton essaient de maintenir le niveau de leurs revenus en réduisant leurs charges de production. En Afrique, l'agriculture est encore manuelle3(*) et nécessite l'utilisation importante de main d'oeuvre pour les différentes opérations culturales. A cet effet, la main d'oeuvre constitue l'une des charges de production les plus importantes. Une réduction du coût de cette dernière entrainera une baisse considérable des charges de production. La main d'oeuvre moins chère est alors recherchée et utilisée. « ... child labor costing less than adult labor ; it's used to save costs » ( Global March Against Child Labor, 2012 : 11). Les agriculteurs recourent alors à la main d'oeuvre des femmes et surtout celle infantile. « Around 60 percent of all child labourers - 129 million girls and boys - work in agriculture. More than two-thirds of them are unpaid family members. The agricultural sector has the highest incidence of both unpaid child labor and early entry into the workforce, which often occurs between the ages of five and seven»4(*)

«  Le travail des enfants est une `'aberration économique'' et une violation des droits humains... » (Aguilar Molinaet al., 2001 : 7).

Le Bénin est conscient des enjeux liés au travail des enfants, en témoignent sa ratification à plusieurs conventions de l'OIT contre le travail des enfants (la convention n°138 sur l'âge minimum d'admission à l'emploi (1973) et la convention n°182 sur les pires formes de travail des enfants (1999). Malgré cette détermination, le travail des enfants y est encore un sujet d'actualité notamment dans le domaine agricole (BIT/INSAE, 2009 : 13)

Par ailleurs, la perception dans les sociétés africaines et la place de l'enfant dans sa famille confèrent une fonction économique et sociale au travail des enfants. Tingbé-Azalou (sd : 4) remarque que le travail des enfants vu sous l'angle de la socialisation en Afrique est une réalité plutôt complexe qui met en jeu des phénomènes socioculturels importants.

Au Bénin, peu d'études ont été réalisées sur le travail des enfants dans la filière coton, malgré l'importance de cette dernière pour le pays. Comment comprendre et éradiquer le travail des enfants si des études ne sont pas effectuées dans le domaine ?

C'est dans cette perspective que s'inscrit la présente étude intitulée : « Le travail des enfants dans l'agriculture, mythe ou réalité ? Une étude de cas dans les exploitations cotonnières au Bénin»

La question centrale de recherche à laquelle cette étude se propose de répondre est la suivante :Quels sont les déterminants du travail des enfants dans les exploitations cotonnières au Bénin ?

Plusieurs questions connexes découlent de cette question centrale : elles se déclinent dans les points suivants :

- Quelles sont les formes et les conditions de travail des enfants dans les exploitations cotonnières ?

- Quelles sont les effets positifs et négatifs que pourraient avoir le travail des enfants dans les exploitations cotonnières ?

* 1 Dans plusieurs pays africains, la production de coton est repartie après 2010. Cette hausse est en partie liée à la remontée des coûts de la fibre de coton sur le marché mondial. Mais le Bénin, n'a pas su tirer pleinement profit de cette situation, à cause de la mal organisation de la filière cotonnière et d'autres problèmes concernant la baisse de la fertilité des sols et des rendements de coton (CCIC/ICAC, 2012cité par UE et Groupe des Etats ACP: 17 ; 51)

* 2 Toutefois, cette qualité intrinsèque reconnue au coton africain devient de plus en plus relative actuellement. En effet, les exigences des industries textiles ne cessent d'évoluer. La contamination du coton par des débris végétaux et des emballages en polypropylène en sont pour beaucoup ( www.Cottonacp.org du 03/07/2013 ; SNV, 2010 : 10). Les pays africains producteurs de coton doivent intégrer cette nouvelle donne, pour se maintenir sur le marché cotonnier)

* 3 L'agriculture manuelle est mise en opposition à l'agriculture mécanisée pratiquée dans les pays développés. Toutefois, la culture attelée est utilisée dans les grandes zones cotonnières au Bénin, mais toujours avec un besoin de main d'oeuvre pour diriger les animaux de trait.

* 4 http://www.fao.org/docrep/015/i2490e/i2490e01b.pdf du 03/07/2013.

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