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Enquête sur la perception de la notion de "développement durable" par les étudiants.

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par Pryscillia PORLON
Paris 7 DIDEROT - MASTER 1 METIERS DES ETUDES, DU CONSEIL ET DE L'INTERVENTION 2015
  

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Enquête sur la perception de la notion de « développement

durable » par les étudiants

1

Mémoire Master 1 MECI Métiers des Etudes, du Conseil et de l'intervention

PORLON Pryscillia

Sous la direction de Petia KOLEVA

2014-2015

2

Table des matières

Introduction page 3

PARTIE 1 : Constat, état des lieux du Développement Durable page 4

I/ Qu'est-ce que le développement durable ? ..page 4

1.1 Une genèse du développement durable ..page 4

1.2 Les trois piliers du développement durable page 6

II/ Quelles enquêtes en terme de « développement durable » ? page 6

2.1 Des enquêtes menées auprès des ménages page 7

2.2 Mais également auprès des entreprises page 10

PARTIE 2 : L'étude qualitative et quantitative ...page 11

I/ Etat de la question page 10

1.1 Présentation du sujet ..page 12

1.2 Problématique .page 12

1.3 Hypothèses .page 12

II/ Démarche quantitative et qualitative page 13

2.1 La démarche qualitative ..page 13

2.2 La démarche quantitative page 15

PARTIE 3 : Résultats de l'étude page 16

I/ Résultats de l'étude qualitative .page 17

1.1 Profils des étudiants interrogés page 17

1.2 Les représentations positives à l'égard du développement durable page 18

1.3 Les représentations négatives à l'égard du développement durable page 22

II/ Résultats de l'étude quantitative page 27

2.1 Profils des étudiants interrogés page 27

2.2 La notion de « développement durable » page 27

2.3 Sensibilisation, information et pratiques page 29

Conclusion .page 31

Annexe page 33

Bibliographie .page 38

Remerciements .page 39

3

Introduction

Selon l'INSEE, le développement durable ou soutenable est un « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », citation de Mme Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien (1987). »1 Dans un souci de préserver les générations futures, le développement durable est un modèle qui se doit de concilier la dimension écologique, économique et sociale.

Le développement durable nait dans un contexte où l'environnement est mis en péril en raison d'une forte croissance économique. C'est la période far des Trente Glorieuses qui est à l'origine de cet intérêt pour l'environnement. De même, c'est durant cette époque que de nombreuses interrogations concernant les effets de la croissance naissent. De nombreux travaux ont alors émergé dans le but de faire prendre conscience à l'opinion publique que protéger l'environnement est nécessaire afin de vivre dans un monde meilleur. On comprend donc que le premier pilier qui a été discuté sérieusement est le pilier environnemental.

Par ailleurs, le développement durable a fait l'objet d'études menées auprès des ménages et des entreprises. Ces enquêtes témoignent donc la nécessité de connaître l'opinion des individus concernant le développement durable. Cette notion a souvent été qualifiée « d'imprécise » » ou « d'ambigu ». Les études auprès des ménages2 ont montré que la dimension écologique est celle qui est la plus ancrée dans la conscience collective.

C'est dans cette logique que ce mémoire sera consacré à une enquête sur perception de la notion de développement durable par les étudiants. Il s'agira de mener une enquête qualitative (pour avoir des données approfondies) et une enquête quantitative (pour avoir des données chiffrées). Cette enquête nous donnera des informations sur le regard du « public » étudiants concernant le développement durable. Nous pourrons alors comparer les résultats des études déjà menées avec les résultats de la présente enquête et même apporter des éléments nouveaux. Comment les étudiants perçoivent-ils la notion de développement durable aujourd'hui ?

La première partie sera consacrée à une explication de la notion de développement durable, la seconde partie abordera l'étude qualitative et quantitative et enfin, la troisième partie sera une présentation des résultats de l'étude.

1 Définition de l'INSEE

2 Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie,( CREDOC) Enquête sur les attitudes et comportements des Français en matière d'environnement, 2011

CREDOC, Enquête sur la connaissance du développement durable, 2013

Institut Français d'opinion publique (IFOP), Les Français et le développement durable, 2007

4

Partie I .Constat, état des lieux du Développement Durable

La notion de développement durable a pris naissance dans un contexte économique assez favorable : les Trente Glorieuses. Cette ère est marquée par une forte croissance économique des pays développés. Fort de cette croissance économique fulgurante, l'opinion publique commence dès lors à s'interroger sur cette croissance et aux limites qui en découlent. En effet, une forte croissance économique aurait des effets néfastes sur l'environnement. De même, le choc pétrolier de 1973 illustre la limite qu'il existe concernant la croissance économique. La nécessité d'instaurer un développement durable prend alors tout son sens.

Dans cette première partie nous verrons ce qu'est le développement durable. La seconde partie s'intéressera aux études réalisées par de grands instituts de sondages d'opinions Français (IFOP, TNS SOFRES)3 ainsi que des centres de recherches et d'études tels que le CREDOC.

I. Qu'est-ce que le « Développement Durable » ?

Cette partie vise à expliquer ce qu'est le développement durable en se focalisant sur l'historique de ce concept. Il s'agira de présenter les dates importantes qui ont contribué à la mise en oeuvre du développement durable. Puis de présenter les différents enjeux du développement durable qu'ils soient environnementaux, économiques et sociaux.

1.1 Une genèse du développement durable

Le XIXème est marquée par la Révolution Industrielle. Cette période marque un tournant majeur dans les sociétés. En effet, progrès techniques et innovations sont les principaux facteurs de croissance. Cependant, les années 1920 marquent une prise de conscience globale sur les impacts négatifs de l'industrialisation sur l'environnement.

Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale ce constat s'est confirmé. Les villes ont été profondément détruites. On note alors que la population affluait vers les grandes villes pour échapper à la misère que connaissaient les petites villes. Ces flux ont donc engendré une crise du logement sans précédent. C'est alors que des politiques ont été menés afin de lancer de programmes de construction massive en réponse à la crise du logement des années 1970. Ces habitats étaient pour la plupart salubres et agréables à vivre.

Le développement durable émane donc de préoccupations anciennes. En effet, penser que la dégradation de l'environnement est un phénomène récent est trompeur. Le monde doit faire face à des sociétés contemporaines qui

3 IFOP, 2007

Société Française d'enquête par sondage, TNS SOFRES, Les entreprises et le développement durable, 2009

5

empiètent de plus en plus sur les espaces jusqu'à en oublier les pratiques classiques. Il doit faire face également à d'autres effets aggravants comme par exemple le commerce international. De même, le développement durable serait fondé sur deux ordres qui sont en contradictions : « l'équité intergénérationnelle » qui se doit de préserver les ressources pour les générations suivantes et enfin « l'équité spatiale » entre les pays riches et les pays pauvres.4 En d'autre terme, le développement durable repose sur deux ordres : le bien être pour les générations à venir et garantir un même niveau d'accès entre les pays pauvres et les pays riches.

En 1972, se tient la conférence des Nations Unies à Stockholm. Lors de cette conférence se dresse une déclaration de principes et plan d'action afin de prévoir la mise en place d'un « Programme des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement durable ». Cette conférence avait pour objectif d'informer sur les plans prévus en termes de développement durable. Durant cette période, les préoccupations étaient les ressources disponibles ainsi que leur renouvellement, la justice sociale et l'efficacité économique. Les problèmes économiques, environnementaux et sociaux qu'a connus la France dans les années 1970, font l'objet à de vives préoccupations. On peut citer des cas de catastrophes qui se sont produites : l'usine de pesticides de Bhopal en 1984 ou encore les accidents nucléaires de Three Miles Island en 1979. Ce sont ces catastrophes qui ont alimenté les préoccupations environnementales. De même, les années 1980 font l'objet à de vifs débats à tels point que cela solidifient la prise de conscience des dangers qui menacent la société. Suite à ces évènements, les Etats ont décidés de mettre en place des « politiques de l'environnement et d'une législation propre ».

A l'origine cette notion concernait un public « scientifique » mais on s'aperçoit qu'elle prend place autour de travaux. En 1972, naît le rapport Meadows (rapport commandé par le club de Rome). Ce rapport, « les limites de la croissance », nait dans un contexte où la conjoncture économique était favorable : Les Trente Glorieuses. Dès lors, les penseurs commençaient à s'interroger très sérieusement aux effets d'une croissance économique. Le rapport vise à remettre en cause les effets de la croissance par de nombreux chercheurs. De plus, cette conférence avait également pour objectif de mettre en garde les populations contre une pénurie pour les générations à venir.

La même année, les Nations Unies vont organiser la toute première conférence sur l'environnement aux Etats-Unis. Cette conférence débouche en sur mise au point d'un programme : Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Ce projet vise à combiner les actions des Nations Unies dans le domaine de l'environnement et d'accompagner les Etats dans la mise en oeuvre de politiques environnementales.

C'est alors qu'en 1992 se tient le sommet de Rio. Cette conférence d'ordre mondiale liste les différents principes d'application. De même, trois conventions sont établies : biodiversité, changement climatique et contre la diversification. On voit qu'ici que les préoccupations environnementales sont très ancrées et ce, à l'échelle internationale. La conférence de Rio marque une prise de conscience planétaire sur les enjeux environnementaux.

Un autre évènement important dans la chronologie du développement durable : le protocole de Kyoto en 1997. Il s'inscrit dans la même logique de la conférence du sommet de Rio en 1992. Cet accord international bâti sur la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, vise à réduire les gaz à effet de serre des pays industrialisés.5

4 MANCEBO François, le développement durable, 2008, Armand Collin

5 http://unfccc.int/portal_francophone/essential_background/feeling_the_heat/items/3294.php

6

Cette chronologie historique visait à montrer que les préoccupations environnementales n'étaient pas récentes mais bien au contraire. La période d'industrialisation a fait naître une prise de conscience généralisée et rapide. Par définition, le développement durable repose sur trois piliers fondamentaux : environnemental, économique et social.

1.2 Les trois piliers du développement durable

Etant donné que les ressources naturelles ne sont pas illimitées, l'un des fondements du développement durable repose sur le fait qu'il faut préserver et garantir un environnement meilleur. L'environnement est menacé puisque ces ressources naturelles sont en voie de disparition. Compte tenu de cet état de rareté des ressources naturelles, la protection de ces équilibres écologiques est plus que nécessaire. Le pilier environnemental apparaît alors comme le pilier fondateur de cette notion puisque les Etats du monde se réunissaient, lors de conférences, à l'origine en raison d'inquiétudes à l'égard de l'environnement. Cette dimension écologique concerne donc l'ensemble des problématiques relatives à l'environnement : éco système, ressources naturelles, énergie... Concernant l'opinion publique, des études de grands instituts de sondages telles que l'IPSOS et l'IFOP montrent que le développement durable est souvent associé à la dimension écologique en dépit des autres aspects. Les entreprises sont également intégrées dans des logiques de développement durable. En effet, elles intègrent la RSE dans les politiques d'entreprises. La RSE vise à instaurer des conditions de travail favorables aux salariés. C'est donc le pilier social qui est sollicité.

II. Quelles enquêtes en termes de « Développement Durable »?

Les sondages d'opinions prennent une place de plus en plus importante dans la société actuelle. En effet, ils peuvent être utilisés par les entreprises, les médias ou encore les parties politiques. Ces sondages sont donc de véritables instruments de communication. Dans cette partie il s'agira de présenter les différentes enquêtes réalisées en matière de développement durable. De ce fait, des études se sont déroulés auprès des ménages Français et certaines auprès d'entreprises, plus particulièrement auprès de décideurs d'entreprises.

2.1 Des enquêtes menées auprès des ménages

En 2013, le CREDOC a mené une étude sur la connaissance du « développement durable » à la demande de l'ADEME6. Cette étude s'est basée sur un échantillon représentatif de 2009 personnes âgés de 18 ans et plus. Elle a été effectuée en « face à face ».De ce fait, l'enquête met en évidence deux parties. La première partie s'appuie sur « l'impact de la crise économique actuelle ». La seconde partie du rapport d'enquête se consacre à la description des représentations en matière de développement durable.

6 ADEME, Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie

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1. Les conséquences de la crise économique

L'enquête a montré que la sensibilité environnementale est forte pour les Français. En effet, 28% des Français se disent « très sensibles » aux problèmes d'environnement. Une majorité d'entre eux (59%) est « assez sensible » et seulement 13% estiment être « peu ou pas du tout sensibles ». Pour résumer, la majorité des Français semblent plutôt sensibilisé aux problématiques environnementales.

L'étude a également montré que les préoccupations concernant le chômage semblent beaucoup plus inquiétantes que les préoccupations environnementales. En d'autres termes, dans un contexte de crise économique, les préoccupations environnementales sont mises à distance en dépit de problèmes socioéconomiques. On constate qu'en 2013, 50% des individus estimaient que le chômage était l'un des deux sujets qui les préoccupent le plus contre seulement 14% pour « la dégradation de l'environnement ». La lecture du graphique montre donc que le problème du chômage est perçu comme étant plus préoccupant que l'environnement. Le volet « environnemental » est mis à distance au détriment du volet « social ».

8

2. La connaissance en « développement durable » se stabilise

La connaissance en matière de développement durable semble se stabiliser. En effet, l'étude a révélé que 51% des personnes interrogées estimaient avoir une idée très et assez précise du développement durable en 2013 (Annexe figure 1). De plus, ce degré de connaissance du développement durable diffère selon le capital économique dont dispose un individu. En effet, les individus ayant un capital économique élevé seraient plus nombreux à avoir une idée précise de la notion de « développement durable ». L'étude montre que cette connaissance diffère selon le diplôme obtenu. On note que la majorité des personnes interrogées ayant une connaisse précise sur le développement durable, sont des individus qui ont un haut niveau de diplôme (Annexe figure 2).

Enfin, l'élément qui ressort de cette enquête c'est « le clivage générationnel ». La connaissance en matière de développement diffère selon les générations. L'étude montre que 56% des 18-24 ans estimaient avoir une idée précise du terme contre 32% des 70 ans et plus. On remarque bien qu'il existe un clivage entre les générations. Les anciennes générations n'auraient pas toutes une idée précise de ce qu'est le développement durable. De même, cette tendance semble s'intensifier puisqu'en comparaison avec 2012, ce clivage a augmenté. (+16 points en Juin 2012). En somme, l'enquête a permis de montrer que la « sensibilité environnementale » demeure forte et que ces préoccupations environnementales sont quelque fois oubliées au profit de problèmes socioéconomique comme le chômage. En effet, les Français sont davantage touchés par des problèmes sociétaux. Puis l'étude montre que la connaissance du développement durable stagne : peu de citoyens affirment connaître le concept de « développement durable » et enfin, le développement durable est souvent associé à l'aspect environnemental au détriment des autres dimensions.

L'IFOP a réalisé en 2007 une enquête intitulée « Les Français et le développement durable ». C'est une étude qui vise à connaître le rapport qu'entretiennent les Français avec le développement durable. 1005 personnes âgées de 15 ans et plus ont été interrogés par téléphones à leur domicile. L'étude a permis de tirer trois enseignements majeurs :

? La majorité des Français a déjà entendu parler de développement durable. En effet, en 2007, 76% des personnes interrogées disaient avoir déjà entendu parler de développement durable contre 46% en 2004. On remarque que la notion de « développement durable » est en progression depuis 2002.

? Bien que certaines littératures académiques estiment qu'il semble difficile de concilier les trois piliers du développement durable, l'étude montre que le développement durable et le respect de l'environnement sont perçus comme étant conciliables avec les enjeux économiques. Près de 70% des Français estimaient qu' « on peut continuer à se développer et à consommer en étant davantage respectueux de l'environnement ». Dans la même réflexion, on remarque également que les 25-34 ans étaient plus nombreux à penser qu'on pouvait concilier le pilier économique avec les problématiques environnementales (75%), contre 68% pour les 65 ans. Ce « clivage générationnel » montre que les problématiques concernant le développement durable, ne sont pas perçues de la même manière. En effet, les jeunes générations sont davantages optimistes sur ces enjeux. Les anciennes générations, quant à elles, seraient peut-être moins sensibilisées et donc plus pessimistes.

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IFOP,2007

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? Enfin, l'enquête a mis en évidence que les consommateurs incorporent de plus en plus « l'exigence environnementale dans leur comportements ». En d'autres termes, les consommateurs éprouvent de plus en plus d'intérêt à l'aspect environnemental.

83% des personnes interrogées estimaient que s'il existait sur les produits et services une fiche environnementale cela influencerait « beaucoup » et « assez » leur choix.

Ces études menées auprès de ménages a permis de comprendre ce que le développement durable leur évoquent. Le développement durable est encore associé au volet environnemental en dépit des autres aspects. On note également un « effet générationnel ». De ce fait, les jeunes générations seraient plus nombreuses à avoir une idée précise de la notion de développement durable alors que les anciennes générations seraient moins nombreuses. L'étude montre aussi que les 18-25 ans seraient plus optimistes en une conciliation des enjeux environnementaux et économiques. Qu'en est-il des entreprises Françaises ? Comment les décideurs d'entreprises incorporent-ils des logiques de développement durable ?

2.2 ....mais également auprès des entreprises

TNS SOFRES a réalisé en 2010 une enquête intitulée « Les entreprises et le développement durable ». L'étude s'est basée sur un échantillon représentatif de 200 décideurs en entreprises ainsi et de 21 interviewés dans le CAC 40. Le mode de recueil était l'enquête par téléphone. Contrairement aux enquêtes réalisées auprès des ménages, les enquêtes auprès des entreprises ne concernent uniquement les politiques de développement durable. Plusieurs éléments ressortent de l'enquête :

? Premièrement, la crise financière n'a pas freiné « l'engagement des entreprises sur le développement durable ». Près de 52% des décideurs estimaient que la crise économique n'avait eu aucun effet sur les projets et les actions de développement durable contre 16% qui estimaient que la crise réduisait les projets et actions en termes de développement durable. (Annexe figure 3)

? De plus, les politiques de développement durable ont tendance à s'élargir au sein des entreprises. En effet, il y a une prise en compte croissante des enjeux sociaux et sociétaux interne à l'entreprise : luttes contre les

discriminations, insertions des personnes en difficultés etc. En effet, près de 66% des personnes interrogées, estimaient que l'environnement est un axe « tout à fait prioritaire » et 51% pour le pilier social. A la lecture de ces chiffres, on remarque bien que les entreprises tendent à incorporer les logiques en termes de développement durable dans leurs stratégies d'entreprises. (Annexe figure 4)

? Enfin, les derniers points abordés sont « les impacts attendus des politiques de développement durable ». L'étude montre que ces politiques de développement durable tendent à se diversifier (innovation de produit, réduction des risques, réductions des charges etc.). Au-delà des pratiques traditionnelles en matière de développement durable, l'enquête montre que les entreprises mettent en place des pratiques innovantes et diversifiées. L'image et l'innovation seraient les deux effets escomptés des politiques du développement durable. Près de 77% des participants estimaient que les politiques de développement allaient certainement « améliorer l'image » et 61% estimaient que cela allait certainement développer l'innovation. (Annexe figure 5)

L'étude a montré que les entreprises inscrivaient de plus en plus des logiques de développement durable et ce, dans les trois piliers. De même, de nouveaux éléments émergent à travers les politiques de développement durable (innovation et image). En somme, les entreprises tentent de s'adapter à un environnement en perpétuel mouvement.

Cette partie visait à présenter les différentes enquêtes en termes de développement durable que soit auprès des ménages ou des entreprises. L'enquête conduit auprès des ménages a révélé un élément important : le développement durable est fortement associé à la dimension environnementale. Les deux parties suivantes seront consacrées à l'enquête qualitative et quantitative menée auprès des étudiants de Paris 7. Il s'agira donc dans un premier temps de comparer les enseignements des enquêtes menées auprès des ménages avec ceux des étudiants de l'Université de Paris 7. Compte tenu de l'enseignement « Développement Durable » dispensé dans le cadre du Master 1 MECI, les étudiants associent-ils le développement durable à la dimension environnementale ?

Partie II. L'étude qualitative et quantitative

Comme dit précédemment, cette partie sera entièrement consacrée à l'étude qualitative et quantitative menée auprès des étudiants de Paris 7. Dans un premier temps, il s'agira de présenter le sujet (état de la question, problématique et hypothèses) puis la seconde partie se proposera de présenter la démarche qualitative et quantitative en profondeur.

11

I. Etat de la question

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L'enquête vise à connaître les représentations et perceptions qu'ont les étudiants du développement durable. Pour cela il conviendra d'effectuer une enquête qualitative et quantitative.

1.1 Présentation du sujet

L'enquête réalisée est une enquête sur la perception de la notion de développement durable par les étudiants. Rappelons que certaines études révélaient que les individus associaient le développement durable uniquement à la dimension écologique. Cependant, nous n'avons pas connaissance de la raison pour laquelle cette dimension semble fortement ancrée dans la conscience collective. Pour se faire, il s'agira donc d'interroger des étudiants de Master 1 MECI (Métiers des études, du conseil et de l'intervention) et de Licence 3 SES (Sciences économiques et sociales) de l'Université Paris 7 afin d'avoir des informations plus subjectives. En somme, l'enquête qualitative permet de répondre à des problématiques qu'une enquête quantitative ne permettrait pas de faire.7 Il est important de préciser que les promotions d'étudiants n'ont pas été sélectionnées aléatoirement. Les étudiants du M1 MECI suivent un enseignement qui s'intitule « Développement durable » quant à la L3 SES, un enseignement « d'économie de l'environnement » leur aie proposée. C'est donc dans cette logique qu'interroger ces étudiants paraissait cohérent puisqu'ils seront, a priori, en mesure de répondre.

1.2 Problématique

L'enquête permettra de savoir comment les étudiants perçoivent la notion de développement durable aujourd'hui ? Cette problématique étant large, il s'agira également d'avoir des informations sur les pratiques en matière de développement durable et le degré de sensibilisation. Ce sont les deux « sous-axe » de mon étude. Enfin, celle-ci permettra également de savoir si d'autres aspects du développement durable commencent à émerger dans l'esprit des individus et si ces notions sont acquises.

1.3 Hypothèses

Nous pouvons donc émettre quelques hypothèses :

· Les étudiants pourraient eux aussi associer la notion de développement durable à la dimension écologique. Le rôle des médias ou de l'Etat peut avoir un impact sur la perception de la notion dans la mesure où l'aspect écologique y est toujours mis en avant au détriment des autres aspects (social et économique)

· A l'inverse, l'étude pourrait révéler que la notion de développement durable est désormais acquise pour la majorité des personnes. On pourrait donc dire que l'information se serait diffusée de manière satisfaisante.

7 DESANTI Raphael, L'enquête qualitative en sociologie, 2007

· Les étudiants qualifieraient la notion de développement durable de « subjective ». Compte tenu de ce concept « vaste », l'enquête pourrait révéler que chacun serait en mesure de s'approprier ce terme. De même cela pourrait dresser une typologie d'étudiants. Ces profils montreraient que chaque étudiant n'aurait pas été sensibilisé de la même manière.

· Enfin, paradoxalement, l'enquête pourrait mettre en évidence une inégalité d'accès à l'information selon les classes sociales.

Afin de valider ou non les hypothèses précédemment exposées, il sera nécessaire d'utiliser deux méthodes issues des sciences sociales : la méthode qualitative et la méthode quantitative.

II. Démarche quantitative et qualitative

2.1 La démarche qualitative

L'entretien est une méthode qui permet de nous éclairer sur les représentations individuelles, les comportements et les pratiques. Elle se doit donc de faire ressortir des logiques sociales.8 La démarche de l'entretien individuel peut tendre également à instaurer un rapport égal entre l'enquêteur et l'enquêté. Bien plus qu'un enchaînement de questions/réponses, un entretien individuel produit des réponses sous formes discours pouvant être analysées en profondeur. C'est dans cet esprit que la méthode utilisée est la méthode par entretien individuel « semi directif ». Un entretien semi-directif est préparé à l'aide d'un guide d'entretien qui contient plusieurs thèmes en vue d'être évoqués durant l'échange :

Guide d'entretien :

- Définition du développement durable : De manière générale, ce thème vise à comprendre comment les étudiants définissent cette notion. De ce fait, connaître la définition de chacun des étudiants permettra de dresser des profils divers.

- Les acteurs : Il s'agira de s'intéresser à l'opinion des étudiants concernant les différents acteurs qui contribuent de loin comme de près aux logiques de développement durable. (Etat, entreprises, médias). Ce thème nous orientera d'une certaine manière sur la perception de la notion de développement durable. La contribution de ces acteurs peut avoir une influence sur ces représentations.

8 BLANCHET Alain, L'Entretien, 2010

13

14

- Perception et représentation du développement durable : Cette rubrique nous indiquera comment les étudiants perçoivent le développement durable. Nous verrons donc si ces représentations confirment ou infirment les résultats d'enquêtes déjà réalisées.

- Pratiques en matière de développement durable : Ce thème nous permettra de comprendre si les étudiants ont des pratiques en matière de développement durable.

- Sensibilisation : Vise à comprendre comment les étudiants ont été sensibilisés (médias, enseignements à l'université, sphère personnelle) et si ils se sentent sensibilisés ou non.

-

Talon « sociologique »

L'échantillon est composé 4 étudiants en M1 MECI. Les caractéristiques sociodémographiques vont donc permettre de dresser une typologie c'est-à-dire regrouper les personnes enquêtées selon certains critères (âge, sexe, lieu d'habitation, diplôme).

Enquêté-e-s T L F A

Sexe

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

Age

21 ans

24 ans

24 ans

32 ans

Filière

M1 MECI

Option socio-
économie

M1 MECI

Option socio-
économie

M1 MECI
Option socio-
économie

M1 MECI

Option ADL1

Baccalauréat

Général
série S

Général
série S

Général série
ES

Général série
ES

Lieu

d'habitation

Herblay (95)

Bobigny (93)

Puteaux (92)

Paris (75)

Déroulement des entretiens, terrains, accès aux enquêtés

Accéder aux enquêtés était simple, dans la mesure où ce sont des étudiants de ma filière donc l'échange s'est fait très facilement et rapidement. Pour certains étudiants du Master 1 MECI, un mail leur a été envoyé afin de convenir d'un entretien et pour d'autres, la demande s'est faite en « face-à-face ». Tous les étudiants ont accepté un entretien, il n'y a pas eu de refus. Cependant, des difficultés ont été rencontrés notamment pour l'accès aux étudiants de la licence 3 SES. Il a été impossible d'obtenir leur mail puisque le secrétariat n'est pas en droit de me les communiquer.

Les entretiens se sont déroulés au sein de l'Université entre le 7 avril et le 25 avril 2015 et ont duré entre 40 minutes et 1 heure. Les entretiens étaient individuels et non collectifs même si cette forme d'entretien aurait montré des formes d'interactions entre les étudiants, qui seraient intéressantes tout de même. L'entretien individuel « semi-directif » permet

15

également de faire des relances sur des questions déjà abordées. Enfin, l'intégralité des entretiens ont été enregistrée puis retranscrits afin de faciliter le travail analytique.

En somme, l'enquête par entretien permet donc de qualifier les résultats de mon étude, c'est à travers cette démarche que nous aurons connaissances des perceptions et représentations qu'ont les étudiants à l'égard du développement durable. Or, nous avons également besoin de quantifier ces résultats, c'est pour cela que nous solliciteront les outils statistiques.

2.2 La démarche quantitative

En complément de la démarche qualitative, il conviendra également de faire appel aux outils de statistiques. La démarche quantitative permet de rassembler des informations sur des populations déterminées9. En effet, il s'agira donc de quantifier des résultats afin d'avoir des ordres de grandeurs. La méthode utilisée est la passation de questionnaires. De ce fait, ces questionnaires seront composés de questions « ouvertes » et « fermées ».

Description de l'échantillon et des thèmes du questionnaire

L'échantillon n'est pas exactement similaire à la démarche quantitative. En effet, pour l'étude on prendra en compte l'ensemble des étudiants du M1 MECI et l'ensemble des étudiants de la L3 SES (100 en L3 et 50 en M1).

Le questionnaire est structuré en trois parties. La première partie concerne les variables « socio-économique », la seconde partie est consacrée à la notion de développement durable et enfin la troisième partie, aborde la question des pratiques en termes de développement durable.

1. « Les variables socio-économiques » : Age, sexe, diplôme. Ces variables sont le ciment de l'enquête puisqu'on pourra les mettre en relation avec les autres résultats de l'étude et qui par la suite permettra de dresser une véritable typologie. On pourra par exemple établir des liens et des rapports entre le genre et les représentations du développement durable. Existerait-il une perception « genrée » du développement durable ? Autrement dit que l'on soit une fille ou un garçon, aurait-on, la même perception du développement durable ?

2. « La notion de développement durable » : Cette rubrique vise à comprendre de manière générale comment les étudiants perçoivent la notion de développement durable.

- L'expression du développement durable : Les étudiants ont-ils une idée précise de ce que signifie la notion de

développement durable ?

- L'importance du développement durable : Est-ce important selon eux ?

- Les expressions associées au développement durable : Quelles sont les termes qui leur viennent à l'esprit

lorsqu'on leur parle de développement durable ?

- La démarche du développement durable : Qu'est-ce que la démarche du développement durable selon eux ?

- Sensibilisation : Comment ont-ils été sensibilisé ?

9 ROSENTAL Claude, Introduction aux méthodes quantitatives en sciences humaines et sociales, 2001

16

- Le sentiment d'information : Les étudiants ont-ils l'impression d'être suffisamment informés des actions mises en place en matière de développement durable ?

3. « Les pratiques concernant le développement durable ». Enfin, ce thème a pour but de nous indiquer sur les pratiques en termes de développement durable par les étudiants.

- Les habitudes : est- ce que les questions autour du développement durable les amènent à changer leur habitudes ? Ont-ils des pratiques spécifiques ?

- Le milieu associatif : Est-ce que certains étudiants sont membres d'associations en lien avec le développement durable ?

A travers les thèmes énoncés ci-dessus, on remarque que l'étude débute sur un aspect général du développement durable (la notion de développement durable) pour se diriger vers les détails (les pratiques). Connaître les pratiques en termes de développement durable pourra, en quelque sorte, nous donner une idée sur le degré de sensibilisation.

Outils mobilisés

Afin de mener à bien une étude quantitative, il convient de mobilisés outils des statistiques. Il s'agira de faire une passation de questionnaire. Le questionnaire a pour but de récolter des données empiriques qui sont standardisées.10

L'administration de questionnaire s'est faite via le site de sondage ze-questionnaire.fr. Le site permet de rentrer son propre questionnaire puis d'envoyer un lien par mail aux destinataires souhaités. Une fois les résultats obtenus, on peut « importer » les résultats sur un fichier Excel. Les résultats se présentent alors sous forme de pourcentage. Excel est indispensable aux traitements statistiques. Le site ze-questionnaire présente les résultats sous forme de graphiques, de ce fait, il n'y a pas eu besoin de réaliser des graphiques manuellement sur Excel. Les données obtenues, à partir des tableaux visent à illustrer les résultats afin d'en faciliter les lectures.

Partie III. Résultats de l'étude

Cette partie sera consacrée aux résultats des études quantitatives et qualitatives. Nous analyserons donc les entretiens individuels menés auprès des étudiants et ainsi que les questionnaires qui leur ont été administrés. La présente partie est la base de l'enquête puisqu'elle présente les résultats obtenus à partir de différentes méthodes.

? 10 SINGLY de F , Le questionnaire. L'enquête et ses méthodes (3e édition), Armand Colin, 2012

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I. Résultat de l'étude qualitative

1.1 Profils des étudiants interrogés

V' Enquêté 1 : A

A a 32 ans et est actuellement en reprise d'étude à l'université de Paris 7 en Master MECI option ADL, (Aménagement et développement local). Elle a obtenu un baccalauréat économique et social puis une licence en Administration Economique et Sociale. Dès l'obtention de sa licence, elle entre dans une école de travail social appelé « Institut Régional de travail social de Montrouge ». Elle a occupé divers postes dans des centres sociaux. Elle dit s'être toujours intéressée à « l'aménagement et au développement local ».

V' Enquêté 2 : T

T a 22 ans et est également en Master 1 MECI. A l'inverse de A, T a suivi un parcours plutôt scientifique. (Baccalauréat scientifique puis une Licence MAAS). C'est arrivé en Master que l'étudiant a vu son parcours être plus économique et plus « objectif ». Par ailleurs, T se dit sensibilisé grâce à l'enseignement « développement durable » qui est proposé dans le cadre du Master 1 MECI. C'est donc à l'université que T a été sensibilisé principalement.

V' Enquêté 3 : F

F est en Master 1 MECI et suit l'option socio économie. Il a obtenu auparavant une licence SES. F se dit être très sensibilisé au développement durable puisque ses pratiques font parties de sa vie quotidienne et de son éducation. C'est donc dans la sphère personnelle que celui a été sensibilisé au développement durable. En effet, il dit trier les déchets tous les jours. Parmi les étudiants interrogés, F est le seul qui a des pratiques en matière de développement durable. Par ailleurs, F affirme être sensibilisé en raison d'un acte simple de la vie quotidienne : son contrôle technique.

V' Enquêté 4 : L

L a 24 ans et est en Master 1 MECI parcours socio économie. Elle a obtenu une licence en SES l'année dernière. L dit ne pas « être du tout sensibilisée et ne pas penser au gaspillage de l'électricité ». Cependant, elle semble avoir conscience des enjeux en matière de développement durable. De plus, Comme pour T, L déclare que le cours de développement durable proposé par Madame Petia Koleva11 a réussi à la sensibiliser malgré tout.

11 Enseignante à l'Université Paris 7

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On remarque qu'à première vue, les étudiants ont des parcours différents et qu'ils ont été sensibilisés de manière différente. Leur rapport au développement durable n'est donc pas semblable. La partie qui va suivre va montrer que malgré ces divergences, les étudiants partagent globalement les mêmes opinions à l'égard du développement durable qu'elles soient positives ou négatives.

1.2 Les représentations positives à l'égard du développement durable

? La dimension environnementale toujours ancrée

L'ensemble des entretiens révèlent que les étudiants interrogés semblent avoir conscience de ce qu'est le développement durable. En effet, ils estiment que le développement durable est « quelque chose de positif » et un ensemble d'actions, de démarches en faveur de l'environnement. De même, il apparait que le développement durable est perçu comme un processus « important ». Au premier abord, c'est la dimension environnementale qui est dominante. Comme pour les enquêtes menées auprès des ménages par le CREDOC, la dimension environnementale semble encore bien ancrée dans l'esprit des individus. Les étudiants interrogés attribuent, en premier lieu, le caractère environnemental pour définir le développement durable. On remarque que les autres piliers ne sont pas mentionnés dans leur définition. C'est uniquement au fil des entretiens que la définition du développement durable tend à s'élargir.

« Ce qui m'évoque en premier c'est faire attention à l'environnement » F.

« Selon moi, le développement durable serait la capacité que les sociétés pourraient avoir pour garantir le futur de la terre. Garantir l'existence de toute les espèces, les faunes marines comme les terrestres et ainsi que les ressources durables. » L

On remarque bien, que la dimension naturelle et environnementale prime dans le discours des enquêtés concernant la notion de développement durable. De même lorsque l'on demande quel pilier leur semble plus important, c'est le pilier environnemental qui resurgit.

« Le pilier environnemental parce que selon moi quel que soit l'économie dans laquelle on est, l'environnement ça reste le pilier essentiel pour toute croissance économique. » L

Pour résumer, la définition de développement durable selon les enquêtés reste très marquée par la prédominance de la dimension écologique. De même, lorsque l'on leur demande d'associer des termes à la notion de développement durable, on remarque que « environnement » et « écologie » sont les termes les plus employés. Il existe donc une similitude au niveau des résultats par rapport aux enquêtes déjà réalisée auprès des ménages12. En effet, le volet environnemental prime dans le discours des enquêté au début des entretiens.

? L'enseignement, au secours des idées pré conçues

12 CREDOC, 2013 IFOP, 2007

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Un aspect positif a été mentionné par trois des étudiants interrogés. Ils estiment que l'enseignement de Madame Petia KOLEVA, dans le cadre du Master 1 MECI, a été très bénéfique. En effet, cet enseignement proposé leur a permis d'être davantage sensibilisé au développement durable. De plus, les étudiants pris conscience que d'autres aspects et acteurs pouvaient intervenir dans des logiques de développement durable.

« Je trouve qu'elle a réussi à nous sensibiliser sur le fait que les entreprises font du profit, cherchent à faire du profit mais derrière faut quand même penser qu'il y a un environnement qu'il faut protéger mais aussi une société qu'il faut surveiller » T

« On a eu droit au cours de développement durable et ça nous permis de comprendre qu'il faut essayer de garder les ressources, de les travailler correctement pour ne pas les épuiser et aussi pour ne pas dégrader l'environnement ». F

En somme, cet enseignement a permis aux étudiants d'élargir leur vision du développement durable qui semblait se limiter à la dimension écologique. De même, il semblerait que les enquêtés ont appris sur la dimension économique, particulièrement sur le rôle des entreprises, que sur les autres aspects.

« Pour moi le développement durable c'était surtout un acte citoyen et avec le cours de madame Petia KOLEVA je me suis rendue compte que les entreprises avaient aussi une grande part dans le développement durable ».L

Les enquêtés avaient des idées pré conçues sur le développement durable, c'est l'enseignement qui leur a permis d'avoir une vision plus large. De ce fait, ils semblent avoir obtenus de nombreuses connaissances sur la question.

« J'ai appris beaucoup de nouvelles choses. Disons que j'avais une certaine idée du développement durable, j'avais une certaine base et que cette base s'est solidifiée, s'est imprégnée de son cours ». F

On ne peut exclure le fait que l'enseignement suivis par les étudiants a été déterminant dans la suite des entretiens réalisés. A l'inverse des individus interrogés par l'IFOP ou encore le CREDOC, le « public » étudiant est avantagé dans la mesure où le développement durable leur aie enseigné. Ils sont, a priori, en mesure de répondre car ils disposent de toutes les informations nécessaires en termes de développement durable. Cela s'inscrit dans leur quotidien puisqu'ils étudient la question. Pour finir, l'enseignement a dans un premier temps sensibilisés les étudiants à la question du développement durable mais il a , par ailleurs, « éteints » certaines idées pré conçues qu'avaient les étudiants du développement durable. L'enseignement semble avoir forgé leurs opinions et notamment permis aux étudiants d'établir une grille de lecture sur les problématiques de développement durable. Il aurait été intéressant d'administrer des questionnaires avant l'enseignement proposé pour ainsi comparer les résultats de l'étude.

? L'importance du rôle des entreprises

L'étude a révélé que les étudiants ont pris conscience du rôle qu'ont les entreprises dans les logiques de développement durable. En effet, comme dit précédemment, les enquêtés avaient des idées pré conçus. Cela se limitait à l'environnement. Selon les étudiants, l'entreprise agit dans le but de « rendre le monde meilleur ».

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« L'entreprise ce n'est pas du profit à tire largo c'est aussi essayer de rendre le monde un peu meilleur. L'entreprise peut être là pour faire du profit mais peut être là aussi pour améliorer les droits du travail dans un pays où il n'y en a très peu. [..] Elles peuvent aussi apporter des solutions ». T

Le discours de l'enquêté laisse à penser que les entreprises ont un rôle aussi déterminant que l'Etat dans ces dynamiques. En effet, les entreprises doivent également assurer le bien-être des salariés.

« En Tunisie par exemple, il y avait la pratique courante de proposer aux employés un séjour à la Mecque offert par l'entreprise. » F

Les enquêtés semblent donc avoir conscience que les entreprises n'ont pas pour unique objectif de faire du profit mais d'assurer le bien-être des salariés. Ils comprennent donc que la dimension sociale concerne le monde de l'entreprise. De même, les étudiants semblent attribuer une place importante au rôle des entreprises. De ce fait, certains étudiants interrogés estiment que les grandes entreprises se préoccupent uniquement du pilier économique alors que les « jeunes entreprises » du pilier social.

« Déjà souvent les grandes entreprises quand elles pensent développement durable elles pensent écologie et pas forcément social. Et les plus jeunes entreprises pensent plus au social/environnemental. » T

En d'autres termes, l'enquêté oppose grandes et petites entreprises. Selon lui, les grandes entreprises se préoccupent davantage du pilier écologique que du pilier social alors que les petites entreprises se concentrent sur le pilier social ainsi que sur le pilier environnemental.

En somme, les étudiants interrogés semblent comprendre la place qu'occupent les entreprises dans les logiques de développement durable. Au départ, ils avaient une vision « éco centrée » de l'entreprise. A présent, ils parviennent à comprendre les enjeux sociaux autour des entreprises. De même, les entreprises sont perçues comme des acteurs incontournables du développement durable.

? Le développement durable : un effet générationnel

L'étude a mis en évidence que le développement durable est à la croisée de plusieurs générations dans lesquelles il y aurait des écarts de connaissance. Nous pourrions donc dire qu'il existe un effet générationnel. Une étudiante interrogée a expliqué qu'il y a trois générations qui se suivent et que le développement durable n'était pas « pratiqué » ou compris de la même manière selon les générations.

«J'ai l'impression d'être à cheval entre une génération qui s'en préoccupait pas du tout du développement durable et une génération qui l'a complètement intégré [...] Ma belle-mère qui vient de la génération de mes parents, ne se pose pas du tout la question [des déchets, de préserver la planète] et ça ne fait pas partie de ses pratiques alors que votre génération oui ». A, 32 ans

L'enquêtée distingue donc une génération qui n'est pas du tout sensibilisée aux problématiques de développement durable, une génération « entre les deux » et enfin une génération sensibilisée et ayant intégré le développement durable.

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Par ailleurs, elle explique que les anciennes générations ne sont pas sensibilisées au développement, par le fait que ce sont des générations ayant connu des « privations ».

« Faut dire que la génération de ma belle-mère c'est une génération qui a connu des privations ou alors, c'est considéré comme un progrès d'avoir accès à l'opulence ». A

En effet, les années 1950 sont marquées par le début de la société de consommation (société où les consommateurs sont incités à consommer des biens avec abondance). De ce fait, avoir accès à la consommation de manière abondante était synonyme de mutation, voire de progrès, de la société. Rappelons que c'est en 1972 (période de croissance) que les problématiques en termes de développement durable ont commencé à émerger auprès de l'opinion publique. Ce qui pourrait expliquer le degré de sensibilisation de ces anciennes générations.

« Moi mes parents ils s'en foutent complètement de l'écologie, ils ne votent pas ils ne votent pas EELV13, c'est générationnel, c'est évident ». T

Par ailleurs, l'étudiant interrogé pense que cet effet générationnel peut évoluer de manière positive. Selon, lui les générations futures seront encore plus sensibilisées. « Nous oui on est sensibilisé à ces choses-là, peut-être que les générations futures seront encore plus sensibilisées parce qu'elles seront encore plus ancrées dans ces enjeux écologiques et sociaux ». T

Un autre étudiant affirme également que le développement durable est une « question de génération ».

« Quand je vais chez certaine personne de ma famille, ceux qui font du tri ce sont ceux qui sont proches de ma génération. Mais c'est sûr qu'au niveau des parents, grands-parents ou de ma famille d'un certain âge, il n'y a pas vraiment de tri. » F

A travers cet exemple, on remarque que le rapport au développement durable diffère selon la génération notamment à travers les pratiques comme le tri. Il apparait donc que les générations anciennes semblent moins préoccupées par les démarches de développement durable. Pourrait-on dire que ces générations ne se préoccupent pas aux enjeux du développement durable en raison du degré de connaissance de la notion ? L'enquête du CREDOC menée en 2013 a mis en évidence qu'il subsiste un clivage générationnel. 56 % des 18-24 estimaient avoir une idée précise du terme contre 32% des 70 ans et plus. On pourrait peut-être établir un lien entre le degré de connaissance et le degré de préoccupation aux problématiques du développement durable. Plus une personne connait et maîtrise la notion de développement durable plus elle serait préoccupée à ces enjeux.

Une quatrième étudiante a montré qu'il existait aussi un effet générationnel. A l'inverse des autres étudiants interrogés (qui estimaient que les anciennes générations étaient beaucoup sensibilisées et préoccupées par le développement durable), L pense que les générations anciennes sont aussi sensibilisées. En effet, l'enquêtée explique que ses parents viennent du Cameroun et que les conditions de vie n'étaient pas les mêmes qu'en France. Par exemple, les personnes étaient contraintes de récupérer de l'eau dans un puit car l'Etat n'avait pas pu construire de canalisations pour l'eau.

13 Europe Ecologie Les Verts, parti politique écologiste Français

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« En fait, c'était pas la même vie, mes parents viennent du Cameroun. Là-bas la vie n'était pas la même par exemple y'a des coupures d'électricité assez souvent [...] donc les modes de vie n'étaient pas les mêmes. » L

Elle explique alors que sa mère a gardé des habitudes en raison de ses conditions de vie. Elle a donc des pratiques en termes de développement durable comme par exemple la gestion de l'eau. « Ma mère a gardé cette idée de ne pas gaspiller l'eau. » L.

A travers ce discours, on remarque que la mère de l'enquêtée a adapté ses comportements en fonction du cadre de vie. De même, le manque a permis d'être plus vigilant aux ressources naturelles et énergétiques.

« Elle fait quand même plus attention qu'une personne qui aurait vécue avec de l'eau et de l'électricité à disponibilité ». L

Les différents discours des étudiants ont montré qu'il existait bien un effet générationnel en termes de développement durable. Cet effet peut s'expliquer par le contexte socioéconomique (l'essor de la consommation de masse par exemple). Par ailleurs, les entretiens ont également montré que les conditions de vie pouvaient avoir un impact sur les pratiques en termes de développement durable.

Les anciennes générations apparaissent encore comme des générations peu sensibilisées ou peu informées en comparaison avec les générations actuelles, même si il existe des exceptions (par exemple, les conditions de vie qui peuvent entraîner des comportements et pratiques en matière de développement durable). Cet écart de connaissance a un impact sur les pratiques des individus. Les plus jeunes semblent plus sensibilisés aux logiques de développement durable.

1.3 Les représentations négative à l'égard du développement durable

? Le développement durable : difficilement accessible à tous

Les étudiants relèvent deux sens dans la notion d'accessibilité : d'une part l'accessibilité à l'information, à la connaissance et d'autre part, l'accessibilité en termes de pratiques.

1. L'accessibilité à l'information

Trois des étudiants interrogés pensent que le développement durable est un terme réservée à une élite. De ce fait, ils estiment alors que le développement durable ne serait pas accessible à tout le monde.

« C'est élitiste, c'est encore trop théorique pas assez pratique, y'a des choses qui se sont passées et c'est pas assez mis en valeur ! Moi j'ai jamais entendu parler de l'impact social et environnemental dans les principales villes où le tramway s'est développé. Pourtant pourquoi on n'en entendrait pas parler aux informations ? » T

L'enquêté regrette que les informations en terme de développement durable ne soit pas diffusées dans les médias mais uniquement dans le champ académique/universitaire.

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« Parce qu'aujourd'hui quand on entend développement durable, ça reste confiné dans le cercle des écolos et les personnes qui n'ont pas la fibre écolos ne se sentent pas concernés en fait. Faudrait qu'on apprenne à en parler de manière plus démocratique pour montrer que ça concerne tous les individus et que c'est juste dans une sphère écolos que ça va se faire. » L

Les étudiants interrogés affirment que le développement durable n'est pas encore pratique mais théorique. Par ailleurs, l'enquêtée pense que celui-ci est une notion qui semble être mise à distance et qui devrait davantage être intégrée dans la vie des individus. De surcroit, elle pense que c'est une élite qui s'est emparée de la question de développement durable en créant des inégalités d'accès à l'information.

« Je pense qu'elle a été mise en place par des élites qui avaient un comportement, c'était pas suffisamment terre-à-terre en fait. C'est trop conceptuel ». L

« En fait cette notion est compréhensible seulement par des personnes avec une formation supérieure qui peuvent facilement appréhender les nuances entre ces notions-là» L

Les étudiants interrogés jugent la notion de développement durable non accessible à tout le monde. Il semblerait donc qu'il existerait une inégalité en terme d'accès à la connaissance et à l'information. La perception des étudiants confirment les résultats des études menées auprès les ménages. L'étude CREDOC montre que les personnes ayant un capital économiques plus élevés seraient plus nombreuses à avoir une idée précise de ce que signifie la notion de développement durable. On pourrait donc établir un lien entre la connaissance en termes de développement durable et le capital socio-économique. Cela montre bien que le développement est un terme compréhensible par une certaine classe sociale et qui tend à exclure certains individus n'ayant pas les prédispositions nécessaires (enseignements lors des études supérieures par exemple).

Un étudiant interrogé a estimé qu'il faudrait instaurer un pied d'égalité entre les individus afin que l'accès à la connaissance et à l'information soient équitables.

« Je pense qu'il faudrait que tout le monde aient une certaine sensibilisation, une certaine base du développement durable » F

Cet écart de connaissance montre donc que le développement durable n'est pas accessible à tous.

2. L'accessibilité aux pratiques quotidiennes

Deux étudiants interrogés estiment que les pratiques en termes de développement durable sont difficilement accessibles.

« On essaye d'avoir des pratiques mais après c'est vrai que parfois ce n'est pas facilité de ce qui nous entoure quand on a pas les infrastructures nécessaires. Il y a très peu d'infrastructures ici à part à Paris où ils essayent de permettre le développement durable franchement quand on est en banlieue il n'y en pas des masses ». L

Le discours montre qu'il existe une forme d'inégalité dans l'accès aux pratiques en termes de développement durable entre le centre et les villes en périphérie. Elle estime que le développement est difficilement accessible et qu'il subsiste une inégale répartition des infrastructures.

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Le second étudiant considère qu'il existe un accès difficile au développement durable non pas en terme de pratique des citoyens mais en terme d'équipement collectif comme les transports.

«Le développement dans les grandes villes de transport aux communs, les tramways, les Vélibs et Autolibs. Il y a une certaine discrimination, toutes les villes ne peuvent pas se payer ce genre de choses. » F

On comprend donc qu'à travers ses dires, le développement durable parait difficilement accessible tant par les citoyens que par les villes. Il y aurait une inégale répartition de ces équipements selon les départements.

« Par exemple, tu prends le 92 il me semble que dans toutes les villes du 92 tu as des Vélibs et Autolib. Quand tu vois le 93, je connais que la ville de Drancy qui ait des Autolibs ». F

Le développement durable parait peu accessible que ce soit individuellement (en terme de pratiques) ou collectivement (équipement des villes comme les transports). Les étudiants estiment donc qu'il y aurait un effet discriminant dans les logiques de développement durable, dans le sens où cela ne serait pas accessible à tous. Les entretiens ont permis de comprendre que certaines villes seraient donc en marge de ces démarches en termes de développement durable.

? Une notion ambiguë et « trop large »

Les étudiants perçoivent également la notion de développement durable comme une notion ambigu et large.

« Ce sont des mots simples normalement compris par beaucoup de monde. Mais voilà c'est trop large : Le développement durable ça veut tout et rien dire ! Il y a trop de choses à comprendre. Ca englobe beaucoup de choses. Ces choses ne sont pas comprises et cernées par tout le monde. » F

Selon l'enquêté , la notion de développement durable est une notion très large. De ce fait, elle recouvre de nombreux éléments qui ne sont pas forcément compris par tous les individus.

« Le développement durable c'est plutôt un mot fourre-tout que ce soit dans le marketing ou dans des discours politiques.. » A

« A force de créer des concepts on le perd. C'est beaucoup trop fourre-tout. Si on avait un concept clair par exemple le développement durable, c'est seulement ça, ok ! Mais dire que le développement durable c'est l'économie, la croissance, l'environnement, les ressources naturelles, santé. Les personnes se sentent perdues ». L

« C'est ça le problème avec le développement durable c'est qu'ils ont mis des domaines différents et des domaines où personnes ne peut être expert dans ces domaines-là ». L

Comme énoncé dans le point précédent, il y a un écart de connaissance. Les domaines qui forment la notion de développement durable sont des domaines explicités uniquement dans la sphère académique/universitaire. Les discours en termes de développement durable ne semblent pas adaptés à tous. Dans les définitions officielles du développement durable, trois piliers sont distingués. Néanmoins, les étudiants ont quand même le sentiment que cette notion est vaste. Cela traduit le fait que certaines personnes peuvent définir la notion de développement selon sa propre perception.

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« Quand tu demandes à un écolo de définir le développement durable, il va prendre sa partie à lui. Il ne va pas prendre en compte les autres piliers. » L

Définir le développement durable selon sa propre conviction, perception ou encore vocation, peut en définitif déformer la définition concrète. C'est pourquoi beaucoup d'individus considèrent le développement durable comme un concept « ambigu ».

? Le rôle des acteurs : médias, gouvernements

Nous avons vu que les étudiants avaient une représentation positive de certains acteurs comme par exemple les entreprises. Cependant, il apparait que d'autres acteurs ne sont pas forcément bien perçus par les étudiants, c'est le cas des médias.

Un enquêté regrette que les médias n'informent pas suffisamment les individus sur le développement durable et que par ailleurs, cela crée un manque de sensibilisation et d'information. De ce fait, l'étudiant propose que le développement durable soit davantage explicité dans les médias comme par exemple dans les magazines spécialisés.

« Je dirai que les médias n'en parlent pas forcément assez. Je dirai qu'il faudrait plus de sensibilisation à travers des revues spécialisées. Je dirai qu'il y a un manque de transparence, un manque de développement sur ce sujet par les médias ». F

De plus, certains étudiants interrogés considèrent que les médias mettent en avant certains piliers du développement durable au détriment des autres. Les entretiens réalisés ont donc permis de distinguer deux types de discours. Le premier discours énonce le fait que les médias mettent en avant le pilier écologique alors que le deuxième discours affirme que c'est le pilier économique qui est le plus exposé.

« On s'intéresse trop à l'écologie je trouve, l'écologie c'est un fait mais faut aussi se rendre compte qu'il y a des inégalités, je trouve que les médias en parlent trop peu. C'est pour ça quand tu vas demander à n'importe qui n'a pas fait de cour de développement durable, on dit c'est quoi le développement durable il va dire `écologie' ». T

« La dimension sociale est en retrait, on se focalise beaucoup sur l'écologie et très peu sur le social. C'est bien beau d'avoir un environnement tout propre mais c'est bien aussi d'avoir des humains qui se sentent bien et égaux ! » T

A travers son discours, on comprend donc que le pilier social semble en retrait par rapport au pilier écologique. Le pilier social semble être important puisqu'il se doit de procurer du bien être aux individus dans la société. La surexposition du pilier environnemental dans les médias a donc ancré cette logique dans l'esprit des individus. Lorsque l'on demande aux étudiants de citer des mots qu'ils pourraient associer au développement durable, on remarque que ce sont les termes « écologie » et « environnement » qui reviennent fréquemment. Nous pourrions donc mettre en cause le rôle des médias dans la diffusion des informations. Cette surexposition de la dimension écologique conditionnerait donc les individus à penser « écologie » et donc mettre à distance involontairement les autres piliers. Par ailleurs, cette surexposition tendrait également à fausser la définition concrète du développement durable.

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L'enquête a permis d'identifier un second discours. Une étudiante estime que c'est la dimension économique du développement durable qui est surexposée au détriment du pilier environnemental.

« Le pilier environnemental n'est pas suffisamment exposé » L

« En fait les médias ont souvent tendance à communiquer cette phrase `L'environnement est important mais ce qui est plus difficile c'est l'économie et on verra l'environnement plus tard'. Et tous les ans l'écologie est remis à plus tard, ça veut que ce n'est pas suffisamment important selon eux. » L

L'étudiante juge que les médias se préoccupent principalement de l'économie. Elle estime donc que le pilier économique « fait de l'ombre » au pilier social. La représentation de l'étudiante confirme un des résultats de l'enquête du CREDOC. L'étude a montré que les préoccupations concernant le chômage, par exemple, semblent beaucoup plus inquiétantes que les préoccupations environnementales. En d'autres termes, dans un contexte de crise économique, les préoccupations environnementales sont mises à distance en dépit de problèmes socioéconomiques. On pourrait dire que la surexposition de certains piliers dans les médias aurait donc une influence sur les représentations des individus. Plus un pilier est exposé, plus il sera davantage préoccupants dans l'esprit des individus.

Concernant les acteurs, deux étudiants avancent une idée similaire. Ils estiment qu'il y aurait un « manque d'acteurs » et plus particulièrement, un manque de « spécialistes » dans les logiques de développement durable.

Une étudiante interrogée reproche le manque de « techniciens » dans les logiques de développement durable. En effet, elle estime que la notion de développement durable est très conceptuelle car elle a été mise en place par des théoriciens et non des « techniciens ».

« C'est surtout ça le problème. Je pense que le jour où l'écologie, l'économie et le social seront compréhensibles par tout le monde c'est le jour où les techniciens vont essayer de vouloir reprendre ces principes là et les recréer en fait pour être plus facilement compréhensibles. » L

Cela pourrait expliquer le fait que certains individus n'ont pas une idée précise de ce que signifie la notion de développement durable. La manque de « techniciens » ou de personnes qui mettent en place des mesures concrètes concernant le développement durable, pourrait avoir un impact sur la perception des individus. De ce fait, les « techniciens » seraient en mesure de rendre la notion plus compréhensible en la concrétisant réellement et en l'incorporant dans le quotidien des individus.

Un second étudiant déplore également un manque de « spécialistes » en termes de développement durable.

« J'aurai tendance à vouloir mettre des personnes qui sont spécialisées dans les domaines en question. Par exemple pour le développement durable je suis sure que les personnes à la tête du ministère ils doivent être très intelligents. Mais qu'est-ce qui en savent au développement durable ? Il y a peut-être ce manque de spécialistes au sein du gouvernement ou du moins leur place n'est pas valorisée. » F

L'étudiant interrogé estime que le gouvernement manquerait d'acteurs-spécialistes dans le domaine du développement durable et que leur place mériterait d'être valorisée. Mettre des personnes spécialisées dans ces domaines permettraient en définitif une meilleur compréhension de cette notion. L'enquêté insiste sur le rôle du gouvernement. Il considère que c'est au gouvernement d'inclure des acteurs spécialisés.

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« Le gouvernement devrait peut- être faire de la recherche et du développement peut être qu'ils devraient intégrer à leur ministère des personnes spécialisées dans les domaines. » F

Cette partie avait pour ambition de présenter les résultats de la partie qualitative de l'enquête. Cependant, ce n'est pas représentatif puisque 4 étudiants ont été interrogés. Malgré que cette partie de l'enquête ne soit pas représentative, plusieurs conclusions ont pu être tirées. De ce fait, nous verrons si la partie quantitative confirme les résultats de l'enquête qualitative ou si les résultats diffèrent.

II. Résultat de l'étude quantitative

2.1 Le profil des étudiants interrogés

La population enquêtée est composée de quarante-trois étudiants (Master 1 MECI et L3 SES), âgés entre 21 et 40 ans. On compte également que 54,8% des répondants sont des filles contre 45,2% (garçons) (Annexe figure 8). Parmi les étudiants interrogés 95,2 % ont obtenu un baccalauréat général et 4,8 % ont obtenu un baccalauréat technologique (Annexe figure 7). Par ailleurs, on remarque que 93 % des étudiants interrogés estiment avoir été sensibilisés au développement durable contre 7% qui pensent qu'ils ne l'ont pas été. (Annexe figure 20).

2.2 La notion « développement durable »

? Comme pour les enquêtes réalisées auprès des ménages, l'enquête a permis de savoir si les étudiants avaient une idée précise ou non de ce qui signifie la notion de développement durable. La majorité des étudiants interrogés estiment avoir une idée « assez précise » de ce que signifie la notion de développement durable, 28% ont une idée « très précise » et 7% une idée « peu précise ». (Annexe figure 9). On remarque que la majorité n'a pas encore une idée « très précise » de ce que signifie la notion de développement mais qu'une minorité a une idée « peu précise ». Ces chiffres sont rassurants dans la mesure où cette notion semble assez compréhensible pour la majorité des étudiants.

? 95% des étudiants estiment que le développement durable est important contre 5% qui le jugent « pas important ». La minorité des étudiants qui estiment que le développement durable n'est pas important seraient peut-être des étudiants qui ont une idée « peu précise » de ce que signifie la notion. (figure 10).

? Lorsque l'on demande aux étudiants les mots qui leur viennent à l'esprit quand on leur parle de développement durable, l'enquête a montré que « environnement » est le terme qui a été mentionné le plus fréquemment (19 fois). Ce résultat confirme une partie des résultats de l'enquête qualitative puisque lors des entretiens, les

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étudiants évoquaient également la notion « environnement » lorsque l'on leur demandait de citer les mots qu'ils associeraient à la notion de développement durable. En revanche, le terme « social » est mentionné 7 fois. On remarque de nouveau que le développement durable est encore assimilé à la dimension environnementale.

· Concernant la démarche de développement durable, on constate que trois grandes tendances apparaissent. En effet, 24,8% des étudiants pensent que le développement durable c'est une « une prise de conscience des impacts de nos comportements individuels et collectifs », 28,2% estiment que c'est « un équilibre entre le bien-être social, économique et la protection de l'environnement ». Enfin, 22,2 % considèrent que le développement durable c'est « une préservation de l'environnement. » Même si les étudiants associent encore la dimension environnemental au développement durable, on remarque qu'ils semblent avoir conscience que le développement durable est l'association des trois piliers : environnemental, économique et social. On note cependant que 8,5% des enquêtés estiment que le développement durable c'est « une amélioration des conditions de vie des populations. » L'aspect social ne semble donc pas être aussi intégré dans la conscience des étudiants. Lorsque que les étudiants prennent en compte un seul pilier du développement durable, c'est le pilier environnemental qui est mis en avant et non le pilier social. (figure 11).

· 52,4 % estiment que le développement durable est « nouveau » contre 47,6% qui pensent que celui-ci est « ancien » (figure 12)

· La totalité des étudiants estiment que le développement durable est « positif » (figure 13)

· 55,8% estiment que le développement durable est « abstrait » et 44,2% le considèrent « concret ». (figure 14)

· 60,5% des répondants considèrent que le développement durable est « pratique » alors que 39,5% pensent que c'est « conceptuel ». Le présent résultat ne confirme donc pas celui de l'étude qualitative puisque la majorité des étudiants interrogés pensent que le développement durable est « conceptuel » et pas assez pratique. (figure 15). Les réponses des étudiants interrogés pour les entretiens sont en réalité les réponses approfondies des étudiants pensant que le développement durable est conceptuel

· 95,3 % pensent que le développement durable est « collectif » contre 4,7 % qui pensent que celui-ci est « individuel ». (figure 16)

· 64,3 % des répondants estiment que le développement durable c'est « politique » contre 35,7% qui estiment qu'il est « populaire ». En somme, la majorité des étudiants interrogés pensent que le développement durable est un concept qui s'inscrit uniquement dans le champ politique. (figure 17). Autrement dit, le développement durable serait une problématique qui ne serait pas propre au peuple mais aux élites politiques.

· Paradoxalement, la majorité des étudiants interrogés pensent que le développement durable est équitable (69%) contre 30,2% qui le pensent « élitiste ». Les étudiants interrogés pour les entretiens individuels estiment que le développement durable est « élitiste », c'est-à-dire que celui-ci serait réservé à une élite. Ils ont également énoncé le fait que celui-ci serait difficilement accessible à toutes les populations et qu'il existerait un effet

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discriminant. Les différents pourcentages montrent que les étudiants ont des perceptions spécifiques relatives au développement durable. De même, les écarts entre ces pourcentages demeurent élevés. (+ 40 points de pourcentage). (figure 18)

· La majorité des répondants semblent optimiste quant à la réalisation du développement durable. En effet, 90,7% des enquêtés estiment que le développement durable est « possible » contre 9,3% qui le juge « impossible ». (figure 19)

2.3 Sensibilisation, information et pratiques

· 93% des étudiants affirment avoir été sensibilisé au développement durable contre 7% qui ne considèrent pas avoir été sensibilisé au développement durable. (figure 20). La majorité des répondants estiment alors avoir été sensibilisés.

· Par ailleurs, ils disent avoir été sensibilisé principalement à travers des supports audio-visuels 31,7% ; 26,8% à travers la presse et enfin 23,2% autrement. La modalité de réponse « autres » a été explicitée par les étudiants. En effet, les étudiants ayant répondu « autres » ont fait référence à l'enseignement proposé (développement durable) dans le cadre du Master 1 MECI. On note également que c'est une minorité d'étudiants qui considèrent avoir été sensibilisé par la famille (11%) ou les amis (7,3%). (figure 21)

· Concernant l'information sur les actions mises en place pour le développement durable, 55,8% des enquêtés se disent être « peu informé-é », 23,3% « trop peu informé-e », 18,6% « bien informé-e » et enfin seulement 2,3% estiment être « très bien informé-e ». Ces résultats confirment les résultats, relatives à l'information concernant le développement durable, de l'enquête qualitative. En effet, les étudiants interrogés estiment que les médias n'informent pas davantage sur les démarches de développement durable ou encore qu'ils ne renseignent pas davantage sur certains piliers au détriment des autres. De manière générale, les étudiants ont le sentiment de ne pas être suffisamment informés. (figure 22)

· Concernant les pratiques, 74,4% pensent que les questions autour du développement durable les amènent à changer leurs habitudes contre 25,6%. La majorité des étudiants semblent avoir quelques pratiques en terme de développement durable. Les étudiants ayant répondu « oui » ont eu la possibilité d'expliciter leurs réponses. Certains étudiants disent faire attention à leur consommation ou encore être adepte du recyclage. (figure 23)

· Enfin, 81,4% des étudiants interrogés ne font pas partie d'une association en lien avec le développement durable. Cependant, 14% des répondants disent être membre d'une association et 4,7% disent « en avoir l'intention ». (figure 24)

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Les résultats de l'étude quantitative ne sont pas similaires avec les résultats de l'étude qualitative. En effet, certains résultats des entretiens sont des réponses approfondies aux résultats des questionnaires lorsque les étudiants y ont répondu en minorité. L'étude quantitative est donc un complément à l'étude qualitative.

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Conclusion

Les résultats obtenus à partir de l'analyse des entretiens tendent à démontrer que les étudiants ont des opinions positives mais également négatives à l'égard du développement durable. Concernant les représentations positives, les étudiants estiment que le développement est « important » et « positif » de manière générale. Par ailleurs, celui-ci pourrait contribuer à rendre le « monde meilleur ». Les enquêtés semblent donc avoir conscience de la finalité du développement durable. Cependant, c'est la dimension environnementale qui « pèse » dans la définition des étudiants concernant le développement durable. En effet, le début des entretiens est marqué par une vision « écolo-centré » de celui-ci. On remarque un effet réducteur puisqu'ils associent le développement durable à l'aspect environnemental. Les étudiants n'ont pas manqué d'ajouter que l'enseignement à l'université, qui leur aie proposé, a eu un impact positif puisque celui-ci a permis d'élargir leur vision concernant le développement durable.

De ce fait, ils ont pu comprendre que d'autres aspects s'inscrivaient dans les logiques de développement durable. Par exemple, ils ont eu conscience que les entreprises étaient des acteurs incontournables. En définitif, ils ont appris davantage sur le pilier social. Enfin, l'enquête a révélé que le développement durable était un effet générationnel. Les logiques de développement durable n'étaient pas appréhendées de la même manière selon les générations. L'enquête du CREDOC a mis en évidence un clivage générationnel entre les jeunes et les plus âgés. Les plus âgés n'auraient pas une idée précise de ce que signifie la notion de développement durable alors que les plus jeunes auraient une idée plus précise. Ces résultats confirment les résultats de l'enquête sur les étudiants de Paris 7. Les enquêtés ont également mis en évidence cet effet générationnel.

Concernant les représentations négatives, la notion de développement durable est perçue comme une notion « fourre-tout » ou encore « trop large ». Les étudiants estiment que celle-ci est très large, ambiguë et pas comprise de tous. Ils estiment également que le développement durable n'est pas accessible à tout le monde. Il existerait un effet discriminant rendant difficile tout accès à l'information relative au développement durable. Selon les étudiants, le développement durable serait réservé à une élite ayant de hautes qualifications. Elle serait également difficile d'accès en termes de pratiques créant des clivages entre les villes favorisées et défavorisées (équipements comme les transports.) Les villes défavorisées n'auraient pas les ressources nécessaires pour financer des transports répondant aux logiques du développement durable. Cela met en évidence le coût élevé du développement durable.

L'enquête a montré que certains acteurs pouvaient être remis en cause comme par exemple les médias. Les étudiants estiment que les médias exposent des piliers au détriment des autres. Par exemple, lors de conjoncture économique défavorable, les médias mettraient à distance le pilier environnemental, privilégiant alors les informations relatives aux fractures socio-économiques que connaît le pays (chômage). Paradoxalement, les résultats de l'enquête qualitative ont montré que les médias tendraient également à surexposer l'aspect écologique. Cette surexposition serait responsable de l'ancrage de l'aspect écologique dans l'esprit des individus. Cette visibilité médiatique aurait donc des conséquences quant à la perception des individus du développement durable. En effet, les étudiants pourraient avoir une vision erronée du développement durable.

Concernant l'étude quantitative, la majorité des étudiants estiment avoir une idée « précise » de ce que signifie la notion de développement durable.

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L'enquête a montré que les opinions « pèsent » davantage lorsqu'elles sont négatives. Le développement durable semble encore réduit aujourd'hui à l'aspect environnemental même si d'autres aspects tendent à émerger. De manière générale, les étudiants ont conscience de l'importance et de la signification du développement durable. Cependant, on relève un manque d'information, que ce soit des informations mises en places ou des informations relatives à la définition de cette notion.

Les problématiques autour du développement durable devraient être intégrer dans le quotidien des individus mais elles semblent encore être l'apanage des politiques plutôt que de la population.

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Annexe

Figure 1 Figure 2

Figure 3 Figure 4

Figure 5

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Figure 6 Figure 7

Figure 8 Figure 9

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Figure 10 Figure 11

Figure 12 Figure 13

Figure 14 Figure 15

Figure 16 Figure 17

Figure 18

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Figure 19 Figure 20

Figure 21 Figure 22

Figure 23 Figure 24

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Bibliographie

· BLANCHET A. & GOTMAN A. (2000) L'enquête et ses méthodes : l'entretien. Ed. Nathan Université, 157p.

· IFOP, Etude « les Français et le développement durable » , 2007

· JODELET, Denise (sld). 2003. Les représentations sociales, Paris, Presses Universitaires de France, Coll. Sociologie d'aujourd'hui

· MANCEBO, François 2008. Le développement durable, Paris, Armand Collin

· SINGLY de F .,, Le questionnaire. L'enquête et ses méthodes (3e édition), Armand Colin, coll. « 128 », 2012, 128 p.,

· VERGES P. L'analyse des représentations sociales par questionnaires. In: Revue française de sociologie. 2001, 42-3. pp.537-561.

Etudes et enquêtes

· CREDOC, Enquête sur la connaissance du « développement durable », 2013

· CREDOC, Enquête sur les attitudes et comportements des Français en matière d'environnement, 2011

· IFOP, Les Français et le développement durable, 2007

· TNS SOFRES, Les entreprises et le développement durable, 2010

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Remerciements

Pour commencer, j'adresse mes remerciements à ma tutrice de mémoire, Petia Koleva , pour sa disponibilité et ses encouragements tout au long de la rédaction de ce mémoire.

Je remercie également les étudiants du Master 1 MECI ainsi que la Licence 3 SES pour leur participation.






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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo