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Pauvreté, santé et genre en RDC.

( Télécharger le fichier original )
par Darly KAMBAMBA Kambamba
Université de Kinshasa - Master en Economie publique 2013
  

Disponible en mode multipage

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ONIVERSTIIIFIR

YI~

FA CULTE DES SCIENCES ECONDMI UE$ ET DE GESTION
DEPARTEMENT DES SCIENCES ÉCONOMIQUES

B.P. 832 Kinshasa

PAUVRETE, SANTE ET GENRE EN

REPUBLIQUE DEMG RATI UE DU CONGO

KAMBAMBA liAMBAMBA Darly

Gradué en Sciences économiques et de gestion

Mémoire présenté et défendu en vue de l'obtention du Titre de licencié en Sciences économiques

Option: Economic publique

Directeur : MAT GT

Professeur

Rapporteur : KEBEL i KEBELA

Chef de travaux

née

Académique 2012-201

Résumé

P

aradoxalement à ses immenses potentialités, la République Démocratique du Congo affiche des indicateurs de santé pauvres en plus des graves inégalités de genre. Fondée sur les données de l'enquête démographique et de santé de la République Démocratique du Congo de 2007, la présente étude a pour objectif d'examiner la relation entre la pauvreté et la santé partant d'une approche de genre. Les résultats fondamentaux de cette étude renseigne que la mortalité des enfants est liée à la composition du ménage c'est-à-dire au genre du chef de ménage. En d'autres termes, la mortalité des enfants a moins de chance de baisser dans un ménage géré par une femme que dans un ménage géré par un homme. Ensuite, le niveau d'instruction de la mère a un effet positif sur le taux de mortalité infantile. Par ailleurs, les analyses révèlent que le niveau de vie a une incidence significative sur la mortalité des enfants.

Cette recherche est constituée de trois chapitres. Le premier chapitre passe en revue les considérations conceptuelles liées à la pauvreté, à la santé et au genre. Le deuxième chapitre porte sur une analyse des concepts précités dans le contexte congolais. Enfin, le troisième chapitre se focalise sur l'examen empirique des effets de la pauvreté sur la santé partant du genre.

Mots clés : pauvreté, santé, mortalité infantile, genre, RDC.

Poverty, Health and Gender in DRC

Abstract

P

aradoxically its immense potential , the Democratic Republic of Congo shows poor health indicators more serious gender inequalities. Based on data from the Demographic and Health Survey of the Democratic Republic of Congo in 2007 , this study aims to examine the relationship between poverty and health starting from a gender perspective . The basic results of this study informs that child mortality is related to household composition that is to say, gender of household head . In other words, the mortality is less likely to fall into a household run by a woman in a household run by a man. Then, the educational level of the mother has a positive effect on the rate of infant mortality. Furthermore, the analyzes show that the standard of living has a significant impact on child mortality.

This research consists of three chapters. The first chapter reviews the conceptual considerations related to poverty , health and gender. The second chapter focuses on analysis of the above concepts in the Congolese context . The third chapter focuses on the empirical examination of the effects of poverty on health hence the gender.

KEYWORDS: Poverty; health; child mortality; gender; DRC.

Epigraphie

cc Dans notre marche vers le développement, l'approche genre est indissociable des efforts que nous pouvons fournir en tant que

société. »

L'auteur

Dédicace

A

Mon père KAMBAMBA Nestor, Ma mère BANDU Gertrude,

Que ce travail soit le témoin de l'attachement qui nous lie.

iv

Remerciements

La présente recherche m'a demandé des temps et des efforts. Elle m'a aussi procuré beaucoup de satisfaction. Qu'il me soit permis de remercier ici ceux sans qui cette recherche n'aurait pas pu voir le jour. J'exprime d'abord ma

reconnaissance au Seigneur Jésus-Christ, Maître de temps et des
circonstances, pour son souffle de vie et sa bonté renouvelée chaque jour.

Je tiens à remercier le Professeur MVUDI MATINGU Séraphin, pour avoir accepté de diriger mon mémoire et pour qui j'ai une profonde estime et une grande admiration. L'écoute attentive, l'intuition scientifique dont il fait preuve, ainsi que la confiance qu'il m'a accordée, ont fortement contribué à l'aboutissement de ce travail. Ses conseils rigoureux, ses connaissances, ses suggestions et ses remarques m'ont été d'un appui précieux. Qu'il trouve à travers ces mots l'expression de ma profonde gratitude.

Je remercie le Chef de travaux KEBELA KEBELA Patrick pour avoir été Rapporteur de ce mémoire de fin d'étude. Un personnage aux qualités humaines rarissimes avec un dévouement pour la recherche. J'apprécie à sa juste valeur, la pertinence des commentaires et suggestions faits pour améliorer ce travail. Qu'il trouve à travers ces mots l'expression de ma très haute considération.

Une véritable reconnaissance infinie auprès de tous les Professeurs et les Chercheurs de la Faculté de Sciences Économiques et de Gestion de l'Université de Kinshasa. Ils m'ont permis d'accéder au monde de la recherche et des connaissances grâce à l'efficacité de leurs enseignements. Je souhaite également exprimer tout le plaisir que j'ai eu à passer ces années en compagnie de collègues et amis remarquables. Je pense en particulier à BANSEKE Mitterrand, DISESA Magnus, KAMBOLO Eric, KILUBA

V

Gracia, KODILA Oasis, KONSO Benedict, LUBANGI Déphila, LUZINGU Tryphon, MBORY Dieu Merci, MBUYI Cédric, MBUYI Mels, MUSOLONGO Charme, TSHIMANGA Tony, KUDIENGELEKA Célestin...et bien d'autres ! Que tous mes amis et amies reçoivent mon appréciation sincère et ma gratitude pour la solidarité étroite et la confiance totale qu'ils ont bien voulu placer en moi.

De façon plus particulière, j'exprime ma gratitude la plus chaleureuse à ma famille et aux personnes qui me sont chères. Je pense à : KAMBAMBA Nestor, mon père, BANDU Gertrude, ma mère, KAMBAMBA Glody, KAMBAMBA Isaac, mes frères, KAMBAMBA Emilie, ma soeur, BOOKA Bebette, MBALI Clara, FETI Marianne, mes cousines, FETI Mbo, FETI Peter, FETI Jocelyn mes cousins, BANDU Adrienne, BANDU Lydie, mes tantes, KAPULA Hubert, BOKAKO Guelord, BOKWANGO Monique, SENGA Jacques. Ils ont tous consenti d'importants sacrifices au cours de mes cinq années passées sur la colline inspirée. Dans les moments les plus difficiles et les plus douloureux où le doute était permis, ma famille est toujours restée avec moi.

Enfin, Je ne saurai passer sous silence sans exprimer une mention particulière à mes Pasteurs KAYEMBE Ephraïm et KASUMBI Louis d'or, ainsi qu'à toute mon Eglise pour leur soutient et les prières adressées en ma faveur.

Abréviations

ACP : Analyse en Composante Principale

APF : Assemblée Plénière de la Francophonie

ASEG : Action Socioéconomique participative selon le Genre

ASS : Afrique Subsaharienne

BIT : Bureau international du travail

CAD : Comité d'aide au développement

CEDEF : Convention sur l'Elimination de toutes les Formes de Discrimination contre

les Femmes

CMS : Commission Macroéconomie et Santé

EDS : Enquête Démographie et de Santé

FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation

IB : Initiative de Bamako

IPF : Indice de Participation des Femmes

ISDH : Indice Sexo-spécifique du Développement Humain

OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement Economique

OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

ONG : Organisation non-gouvernementale

ONU : Organisation des Nations Unies

PED : Pays en voie de développement

PCA : Paquet complémentaire d'activités

PEV : Programme élargi de vaccination

PIB : Produit Intérieur Brut

PMA : Paquet Minimum d'Activités

PMPTR : Programme Minimum Pour la Transition et la Relance

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

RDC : République Démocratique du Congo

SSP : Soins de Santé Primaires

UE : Union Européenne

UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la Population

UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance

USD: United state dollar

ZS: Zone de Santé

Liste des tableaux et figures

1. Tableau 1.1 : Panorama des systèmes de santé dans le monde.........................21

2. Tableau 2.1 : Indicateurs Doing-business, 2010-2011.......................................34

3. Tableau 2.2 : Evolution des dépenses sociales (en % des dépenses totales).........36

4. Tableau 2.3 : Indicateurs des OMD en matière de santé en RDC, 2007-2011..........37

5. Tableau 2.4 : Répartition des zones de santé par province..............................42

6. Tableau 2.5 : Evolution du budget alloué à la santé.......................................44

7. Tableau 2.6 : Taux brute de scolarisation en 2007-2008.................................49

8. Graphique 2.1 : Parlementaires selon les sexes Afrique Subsaharienne...........22

9. Graphique 2.2 : Taux de prévalence par âge du VIH/SIDA et sexe, des pays

africains..........................................................................................46

10. Tableau 3.1 : Listes des variables explicatives..........................................54

11. Tableau 3.2 : Résultats des régressions logistiques.......................................55

12. Tableau A1 : Résultats de régression logistique (MODELE 1)...........................72

13. Tableau A2 : Résultats de régression logistique (MODELE 2).........................74

14. Figure A1 : Coordonnées factorielles de l'ACP...........................................75

1

INTRODUCTION

2

0.1. Problématique

Le premier des objectifs du millénaire pour le développement est de réduire l'extrême pauvreté et la faim afin que chaque personne puisse, où qu'elle habite dans le monde, satisfaire ses besoins essentiels : santé, nutrition, logement décent, éducation, etc. Depuis 2008, le nombre des personnes vivant sous le seuil d'extrême pauvreté dans le monde s'est réduit de 1,9 milliard à un peu moins de 1,3 milliard entre la période 1981 et 20081. Une évolution d'autant plus positive que dans le même temps, la population mondiale s'est accrue. Ainsi, le taux d'extrême pauvreté a été réduit de moitié : 22,4% de la population mondiale vit avec moins de 1,25 USD par jour contre 52,2% au début des années 1980. En réalité, ces avancées sont maigres puisque même si le seuil international de la pauvreté est revu ; la planète comptera toujours un lot important des pauvres. Ce qui prouve que la pauvreté demeure à ce jour un problème majeur. Elle touche le monde en développement tout comme les pays développés. A cet effet, COHEN, écrit : «les vieilles nations occidentales sont ainsi rattrapées par un mal dont elles se croyaient guéries, le paupérisme »2.

Par ailleurs, la pauvreté dépend de la conception que l'on se donne des besoins humains. Pour dire qu'il n'existe pas de définition générique de la pauvreté3. De plus en plus, la pauvreté est définie comme la privation des capacités fondamentales c`est-à-dire les différentes choses qu'une personne aspire à faire ou à être plutôt que la simple insuffisance de revenus4. La définition retenue comme référence par l'Union européenne datant de 19845 est : « Par pauvres, on entend les personnes, familles ou groupes de personnes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si limitées qu'elles sont exclues du niveau

1 Disponible sur http//: basedesdonnees.banquemondiale.org

2 COHEN, D., Richesse du monde, Pauvreté des nations, Paris, éd. Champs Flammarion, 2012.

3 KAMBAMBA, D., RDC : Pourquoi tant de pauvreté ?, in Le potentiel, n05667, Jeudi 21 juin 2012, pp.3.

4 WORLD BANK, world developement report 2000/2001: attacking poverty, Washington, 2000.

5 CENTRE DE DEVELOPPEMENT DES RESSOURCES POUR L'EMPLOI, la pauvreté, la précarité et l'exclusion : état de lieux en Franche-Comté, Paris, 2005.

3

de vie minimal reconnu comme acceptable dans l'Etat membre où ils vivent ». Outre, dans son rapport sur le développement humain de 1997, le PNUD introduit le concept « pauvreté humaine 6». Dans ce rapport, la pauvreté est considérée comme « la négation des opportunités et des possibilités de choix les plus essentielles au développement humain : longévité, santé, créativité, mais aussi conditions décentes, dignité, respect de soi-même et des autres, accès à tout ce qui donne sa valeur à la vie »7. Mais elle est avant tout une privation des capacités élémentaires8.

Au nombre des défis majeurs à relever dans les pays pauvres, il y a l'amélioration de la santé, et notamment celle de la mère et de l'enfant. En effet, la situation sanitaire des pays pauvres est très loin d'être reluisante. Pour preuve, dans son rapport de 2008 sur la situation des enfants dans le monde, l'UNICEF9 fait remarquer que les deux tiers de tous les décès maternels surviennent dans 10 pays-pauvres seulement, et l'Inde et le Nigéria regroupent à eux deux un tiers des décès maternels de la planète. Bien plus, dans ces pays la probabilité que les parents soient affligés par le chagrin plutôt que par la joie après une naissance est cinquante fois supérieure à celle des pays riches10. Par ailleurs, l'OMS11 estime à 88 décès pour milles naissances vivantes dans les pays en voie de développement. Dans les pays développés, cette statistique est de 9 morts pour milles naissances vivantes. Les estimations par région du taux de mortalité des enfants de moins de

6 L'indicateur élaboré à l'occasion à savoir l'Indicateur de Pauvreté Humaine (IPH) ne saisit pas la totalité des aspects du concept pauvreté.

7 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Rapport Mondial Sur le Développement Humain, Paris, éd. Economica, 1997.

8 SEN, A., Un nouveau modèle économique : développement, justice, liberté, Paris, éd. Odile Jacobs, 2000.

9 FONDS DES NATIONS UNIES POUR L'ENFANCE (UNICEF), Rapport sur la situation des Enfants dans le Monde, New-York, 2008.

10 EASTERLY, M., Les pays pauvres sont-ils condamnés à le rester ?, Paris, éd. EYROLLES, 2007, pp.19.

11 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Rapport sur la santé dans le monde : Donnons la chance à chaque mère et à chaque enfant, Genève, 2005.

4

cinq ans variaient entre 9 morts par naissance vivante et 172 morts par naissance vivante pour l'Afrique Subsaharienne. Outre, 98% des décès néonatals sont observés dans les pays à revenu faible et intermédiaire alors que seulement 2% est observé dans les pays à revenu élevé12. En Afrique subsaharienne l'on déplore la dégradation de la situation sanitaire. A cet égard les dix derniers pays en 2013 où les conditions d'accouchement et de naissance sont médiocres sont tous d'Afrique subsaharienne13. En surenchère, le nombre d'enfants trop maigres est passé de 29 millions en 1997 à 37 millions en 2003 dans cette partie du monde14.

Dans les pays pauvres, les femmes en âge de procréer sont nombreuses à mourir - d'ailleurs, l'OMS observe que plus de 99% des décès maternels survenant chaque année ont lieu dans les PED. La moitié d'entre eux surviennent en Afrique subsaharienne soit 265.000 à cause principalement des complications liées à la grossesse et à l'accouchement15. En RDC, il s'observe un risque de mortalité élevé, notamment lors de l'accouchement. Selon le rapport « survey the first day, 2013 » de l'ONG internationale Save The Children, une mère sur 30 risque de mourir en RDC en raison de problèmes de santé liés à la maternité et notamment à l'accouchement.

Les causes principales de ces décès ainsi que du mauvais état de santé des femmes sont de plusieurs ordres dont : (i) les complications pendant la grossesse (ii) l'âge prématuré des mères qui donnent naissance ainsi que l'analphabétisme qui frappe la majorité d'entre elles (iv) les infections (v) le faible recours aux moyens contraceptifs couplé à l'absence de toute planification familiale (vi) une pénurie de travailleurs médicaux qualifiés. Dans le même registre, le nombre

12 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), La santé et les objectifs du millénaire pour le développement, Genève, 2005.

13 SAVE THE CHILDREN, Surviving The First Day - State of the World's Mothers, London, 2013.

14ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Op.cit.

15 KAMBAMBA, D., KONSO, B., RDC : Le pire de pays pour être mère en 2013 Disponible sur http://www.oeildafrique.com/rdc-le-pire-des-pays-pour-etre-mere-en-2013 consulté le 22 Mai 2013.

5

annuel de décès maternels à l'échelon mondial en 2009 se situait au-delà de 500 00016.

La mortalité maternelle reste un problème obstinément insoluble. Alors que le nombre de décès d'enfants de moins de 5 ans a fléchi dans le monde - passant d'environ 13 millions en 1990 à 9,2 millions en 2007 - La plupart des femmes souffrent des maladies infectieuses, traumatismes, etc. En plus, le risque de mortalité maternelle sur la vie entière pour une femme d'un des pays les moins avancés est 300 fois plus élevé que pour une femme qui vit dans un pays industrialisé.

En 1970, Esther Boserup17, dévoilait combien les politiques de développement économique négligeaient les problèmes spécifiques de femmes et plus encore leur participation à la vie économique. Ces travaux ont le mérite de focaliser l'attention de l'ensemble des pays sur la condition féminine. La forte augmentation d'analyses, d'études et de publications sur les femmes du Tiers Monde en dit long.

Deux approches sont nées concernant le genre. D'une part, l'approche Genre et Développement qui insiste sur les contraintes et les pouvoirs...inégaux qui maintiennent les femmes dans une situation d'infériorité sur le plan socio-économique. D'autre part, l'approche Intégration des Femmes pour le Développement qui tentait d'intégrer les femmes dans le processus de développement existant, afin de les rendre plus efficientes et efficaces.

16 FONDS DES NATIONS UNIES POUR L'ENFANCE (UNICEF), Rapport sur la situation des enfants dans le monde : la santé maternelle et néonatale, New-York, 2009.

17 AUROI C., CASTILLO Y., L'empowerment des femmes dans les organisations de commerce équitable : une proposition méthodologique, Genève, UCL/Presses Universitaires de Louvain, 2006.

6

Au loin de ces approches, la réalité des femmes est toute autre. Le nombre de femmes parlementaires n'atteint pas encore 14 % à l'échelle mondiale18. A l'échelle planétaire, 1 % de la population la plus riche dispose d'un revenu égal au revenu total de 60 % de la population la plus pauvre, dont 2/3 des femmes19. 854 millions d'adultes ne savent ni lire ni écrire ; 2/3 d'entre eux sont des femmes. 60% des 130 millions d'enfants qui n'ont pas accès à l'éducation de base sont des fillettes. Dans les pays en voie de développement en moyenne 58 % des filles vont à l'école secondaire, contre 62 % des garçons.

En plus il y a des violences faites aux femmes. En RDC, 64% des femmes de plus de 15 ans déclarent avoir été victime de violence depuis cet âge et 49% déclarent avoir subit des violences dans l'année écoulée20.

Il est une évidence que la pauvreté et la santé vont de pair. En matière de santé comme le note Wastagaff21, les pays pauvres tendent à réaliser de moins bons résultats que les pays riches et à l'intérieur d'un même pays, les pauvres se portent en moins bonne santé que les riches et meurent plus jeunes que le reste de la population. Leurs taux de mortalité maternelle et infantile et l'incidence de la maladie sont en moyenne plus élevés que dans les autres catégories, avec un accès plus limités aux soins de santé et aux dispositifs de protection sociale22.

Pour les pauvres, en particulier la santé est aussi un actif économique de première importance, la clé de leur survie. De ce fait, lorsqu'un pauvre tombe

18 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Rapport Mondial sur le développement humain, New-York, 2008.

19 Disponible sur http//:www.wereldvrouwenmars.be

20 MINISTERE DU PLAN, Enquête Démographique et de santé, RDC, 2007.

21 WAGSTAFF, A., Pauvreté et Inégalités dans le secteur de la santé, in Bulletin de l'OMS, Recueil d'articles N0 7, 2002. Disponible sur http//: www.cmhealth.org/wg1_paper5.pdf

22 ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES (OCDE), ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Santé et pauvreté dans les pays en développement - les grandes lignes d'action, in Revue de l'OCDE, France, 2003. Disponible sur http//:www.oecd.org/publications/Pol_brief/index-fr.htm consulté le 22 Juillet 2013.

7

malade, la famille risque de se trouver piégée dans un cercle vicieux de paupérisation face au coût élevé des soins médicaux. Dans ce contexte où les pauvres paient un lourd tribut de la maladie, l'amélioration de la santé permet de réduire la pauvreté. En ce sens, l'investissement dans la santé est un vecteur important de développement économique. Ce qui corrobore les conclusions des travaux de la Commission Macroéconomie et santé (CMS) de l'Organisation Mondiale de la Santé, qui ont mis en évidence les liens entre santé et développement économique.

En effet, l'investissement dans la santé permet l'augmentation de la productivité de la main d'oeuvre - les travailleurs en bonne santé, sont plus productifs et gagnent des salaires plus élevés. C'est ce que montrent les études qui établissent un lien entre les investissements dans la santé et la nutrition des jeunes d'une part, et les salaires des adultes d'autre part23.

Par ailleurs, l'amélioration de la santé conduit à l'accroissement de l'investissement national et étranger, du fait qu'il ouvre à des meilleures perspectives de croissance. C'est à cet égard que la Déclaration d'Alma Ata en 197824 visait de façon explicite l'amélioration de la santé des pauvres en demandant aux gouvernements de consacrer 15% de leur budget au secteur de la santé. Et qu'en 2000, la Déclaration du millénaire affirmait la nécessité de sortir les pays pauvres du piège de la pauvreté et de la mauvaise santé. Dans le même registre, le rapport des Nations-Unies de 2010 sur l'évaluation des OMD réaffirme l'idée selon laquelle les systèmes de santé doivent contribuer à la réduction de la pauvreté.

23 BLOOM, D., ET AL., Santé, richesse et bien-être, in Finances et développement, FMI, 2004.

24 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Déclaration Alma-Ata, Genève, 1978.

8

Ces dernières années, il a été beaucoup question dans les milieux universitaires et de développement, de la « féminisation de la pauvreté25 » et ce, pour montrer l'existence du lien entre la pauvreté et le genre. D'ailleurs de plus en plus fréquemment, les chercheurs intègrent cet aspect genre dans l'analyse de la pauvreté26.

Un rapport de l'OCDE et de l'OMS souligne que les inégalités entre hommes et femmes sont une cause majeure de pauvreté et de mauvaise santé. C'est ainsi qu'en RDC, la pandémie du VIH-SIDA continue de se féminiser. Soit 100 hommes touchés pour 178 femmes27. Signalons qu'en 2010, le pays a été 137 ième sur 138 pays en ce qui concerne les disparités entre le sexe28. On note en effet une ampleur importante de violences sexuelles faites à la femme, surtout dans le contexte des conflits sociaux et affrontement armés récurrents.

Somme toute, les lignes qui précédent montrent la relation qui existe entre la pauvreté et la santé. Mais aussi celle qui lie la pauvreté, la santé et le genre. De ce fait, cela nous offre la possibilité d'étudier l'influence de la pauvreté sur la santé dans une perspective de genre.

Dans un contexte de médiocrité sanitaire et de pauvreté galopante, il sied de s'interroger sur les éventuelles conséquences de la pauvreté sur la santé en RDC. Cela étant, notre étude voudrait répondre à la question suivante : quel est l'influence de la pauvreté sur la santé partant d'une approche genre en RDC ?

25 Expression apparue dans les années 1970 aux Etats-Unis dans le cadre du débat sur les mères célibataires et la protection sociale. Plus tard dans les années 80, ce concept sera lié à l'augmentation des ménages monoparentaux dirigés par des femmes et à la destruction de l'économie (surtout en Amérique latine et en Afrique subsaharienne) en période de programme d'ajustement structurel.

26 BADEN, S., MILWARD, K., Genre et Pauvreté, in Cahiers genre et développement, N0 3, Paris, éd. L'Harmattan, 2003.

27 PROGRAMME NATIONAL MULTISECTORIEL DE LUTTE CONTRE LE SIDA (PNMLS), Rapport National de suivi de la déclaration d'engagement, UNGASS, RDC, 2010.

28 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Rapport sur le développement humain, New-York, 2010.

29 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Les questions de genre révélées par l'approche participative de la pauvreté (APP), RDC, 2006.

9

0.2. Objectifs de l'étude

L'objectif général de notre travail est de montrer comment la pauvreté influe

sur la santé en se fondant sur une approche genre. A cet objectif central s'ajoute

des objectifs spécifiques suivants :

- Présenter la situation et les causes de la pauvreté en RDC ;

- Décrire la situation et la politique de la santé en RDC ;

- Analyser la situation du genre en RDC ;

- Formuler des recommandations.

0.3. Hypothèse de Recherche

Notre étude se fonde sur les hypothèses suivantes :

(i) La mortalité des enfants est liée au sexe du chef de ménage ;

(ii) Le niveau de vie du ménage a une incidence sur la mortalité des enfants.

0.4. Intérêt et Justification du sujet

La RDC est un pays pauvre avec des résultats de santé mitigés. La revue des programmes nationaux et des financements actuels, dans la lutte contre la pauvreté et dans le secteur de la santé, montre une non-prise en compte de la problématique de genre. Or, on estime que 80% des ménages congolais doivent leur survie au travail des femmes29. En outre, il existe en RDC de graves inégalités entre hommes et femmes. La plupart des femmes ont un statut très bas dans la société et connaissent souvent la marginalisation, la discrimination et les abus. Dans un tel contexte, il nous ait paru utile d'étudier l'influence de la pauvreté sur la santé dans une approche genre.

10

0.5. Méthodologie de travail

Pour réaliser l'étude, nous avons recouru à trois méthodes et deux techniques :

- La méthode systémique : elle nous a permis de faire un examen du système sanitaire congolais dans un contexte de pauvreté;

- La méthode descriptive : nous a permis de faire une analyse des données en

possession et une description des faits faisant l'objet de notre étude ;

- La méthode explicative : elle a permis d'établir une relation de cause à effets entre les différentes variables prises en compte dans le cadre de cette recherche et ce, dans la partie empirique de celle-ci.

Par ailleurs, la technique documentaire a consisté à consulter et exploiter différents documents pouvant nous faciliter l'accès aux informations afférentes à notre étude. Et avec les techniques économétriques, nous avons élaboré un modèle afin de procéder à un examen empirique de la pauvreté, la santé et le genre.

0.6. Structure du travail

Outre l'introduction et la conclusion, notre travail comprend trois chapitres. Le premier présente les généralités sur la pauvreté, la santé et le genre ; le deuxième analyse la pauvreté, la santé et le genre en RDC ; enfin le troisième analyse empiriquement la relation entre la pauvreté, la santé et le genre en RDC.

11

CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA PAUVRETE, LA SANTE

ET LE GENRE

12

Dans ce chapitre, nous donnons un aperçu sur les différents concepts de notre recherche afin de permettre aux lecteurs d'avoir une base conceptuelle solide pour la compréhension du travail. Nous aborderons successivement les points suivants : la notion de la pauvreté, ses définitions et ses différentes approches ; la santé, définition, systèmes de santé et indicateurs clés ; enfin le genre sous tous ces aspects.

1.1. Pauvreté

Etymologiquement, le concept pauvreté vient du latin pauper, pauvre. La pauvreté est un concept polysémique qui mérite d'être appréhendée de manière multidimensionnelle. Les différentes approches en la matière, complémentaires les unes des autres, mettent en évidence deux dimensions essentielles de la pauvreté : la dimension monétaire qui est mesurée par le revenu et la dimension humaine qui s'intéresse à la façon dont les ressources sont réparties entre les individus ou les groupes composant la société.

1.1.1. Pauvreté monétaire

La notion de pauvreté monétaire s'inscrit essentiellement dans la perspective d'une approche quantitative et opérationnelle visant à offrir un repère global permettant de classer les individus par rapport à leur niveau de bien-être. Il existe un niveau de bien-être prédéfini qui, s'il n'est pas atteint par défaut ou par insuffisance de revenu, correspond à une situation sociale de pauvreté. Le revenu qui permet de satisfaire ce niveau de bien-être est le seuil de pauvreté ; toute personne dont le revenu est inférieur à ce seuil, est donc considérée comme pauvre. Devant certaines difficultés pratiques pour cerner le revenu des ménages ou des individus, on essaie très souvent d'appréhender le bien-être par le niveau de consommation. Si la somme des dépenses de consommation est inférieure au seuil prédéfini, l'individu est considéré comme pauvre. La proportion des individus pauvres dans la population totale indique l'incidence ou acuité de la pauvreté. Le seuil de pauvreté (ou ligne de pauvreté) est donc un niveau normatif de dépenses

13

calculé à partir des besoins alimentaires et non alimentaires en dessous duquel les individus sont considérés comme pauvres. L'incidence de la pauvreté est la proportion des personnes pauvres (c'est-à-dire ayant un niveau de dépenses en dessous de la ligne de pauvreté) dans l'ensemble de la population.

Et qualifié de pauvre, toute personne dont les ressources sont en dessous d'un certain seuil. Différentes définitions de ces seuils existent ; les pays développés utilisent de seuils relatifs. Par contre, les pays sous-développés utilisent des seuils absolus.

Ainsi selon l'approche absolue30 ou de la grande pauvreté, le seuil est fixé selon un panier des biens alimentaires (2400 calories par jour pour la pauvreté et 1800 calories par jour la pauvreté non-monétaire) et non-alimentaires nécessaire à la survie quotidienne. Les biens non-alimentaires comprennent l'eau, l'énergie, le transport, etc. A cet égard, l'Organisation des Nations Unies considère la pauvreté absolue comme situation d'incapacité pour une population de se procurer un « panier » de biens considérés comme indispensables à sa survie. Notons que l'Organisation des Nations Unies a tendance concentrer ses efforts sur l'élimination de la pauvreté absolue. Pour preuve, le premier des objectifs du Millénaires pour le développement est de réduire la grande pauvreté et la famine.

Selon l'approche relative, le seuil est fixé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population, avec comme référence le revenu médian, revenu qui partage la population en deux parties égales. La gravité de cette pauvreté varie d'un pays à l'autre en fonction du niveau de vie de la majorité des citoyens.

1.1.2 . Pauvreté humaine

A côté des manifestations liées à l'insuffisance de revenu, il existe d'autres aspects de la pauvreté comme le non accès aux ressources productives, le non accès à certains services sociaux (éducation, santé, eau potable, logement, etc.),

30 http : // fr.wikipedia.org

14

l'exclusion sociale, la non participation à la vie de la communauté, etc. Ces différents aspects ont été recensés par le sommet social de Copenhague de 2007 sur « l'élimination de la pauvreté » et ont été repris et approfondis par le PNUD pour formaliser le concept de pauvreté humaine.

Le concept de pauvreté humaine, qui s'inscrit dans la perspective d'une approche qualitative de la pauvreté, se base essentiellement sur le manque ou la privation de capacités allant du domaine matériel aux domaines sociaux les plus complexes. Les visages multiples de la pauvreté - exclusion, marginalisation, discrimination, vulnérabilité - indiquent que la pauvreté n'est plus un enjeu économique et social ; elle constitue une violation des droits humains. La pauvreté et, plus généralement, l'inégalité mettent la stabilité sociale en danger et représentent une menace pour les libertés fondamentales au sens civil et politique. Réciproquement, l'élimination de toutes les formes de discrimination et de marginalisation peut contribuer puissamment à éradiquer une grande partie des causes profondes de la pauvreté.

Par ailleurs, la notion de pauvreté peut aussi être comprise partant des différentes approches sur sa mesure. Les trois principales écoles à ce sujet sont :

? L'école welfarist : pour les fervents du bien-être économique, la pauvreté est définie indirectement via l'utilité générée par la consommation totale. Cette approche est donc associée au niveau de revenus ou des dépenses de consommation des personnes ;

? L'école de besoins de base : cette école considère que le pauvre comme étant une personne qui manque un sous-ensemble de certains besoin de base et services qui sont jugés comme un préalable pour l'atteinte d'une certaine qualité de vie tels que être adéquatement nourri, habillé et logé. Ils ne sont pas perçus contribuant au bien-être ;

? Pour l'école des capacités, c'est des habilités ou les capacités d'atteindre un certains sous ensemble de fonctionnements qui manquent à un pauvre.

31 Préambule de la constitution de l'organisation mondiale de la santé adoptée lors de la conférence internationale sur la santé qui s'est tenue à New-York en 1946.

15

Quoique ces trois approches diffèrent, elles impliquent toutes le fait qu'une personne est jugée pauvre lorsqu'elle manque d'un minimum raisonnable d'une certaine chose à définir.

1.2. Santé

L'organisation mondiale de la santé définit la santé comme un état de bien-

être physique, mental et social complet et ne consistant pas seulement en une absence de maladie31. Toutefois, une définition aussi complexe serait difficile à mesurer et varierait probablement selon les cultures et sur le long-terme.

Dans le même temps, la santé publique se définit comme :

? une approche collective et administrative des problèmes de santé d'une

population sous ses aspects politiques, économiques, réglementaires, institutionnels ;

? un ensemble des moyens mis en oeuvre pour promouvoir la santé de la population ;

? la science et l'art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d'améliorer la santé et la vitalité mentale et physique des individus par le moyen d'une action collective concertée visant à assainir le milieu, à lutter contre les maladies qui présentent une importance sociale, à enseigner les règles de l'hygiène personnelle, à organiser des services médicaux et infirmiers en vue du diagnostic précoce et du traitement préventif des maladies, ainsi qu'à mettre en oeuvre des mesures sociales propres à assurer à chaque membre de la collectivité un niveau de vie compatible avec le maintien de la santé, l'objet final étant de permettre à chaque individu de jouir de son droit inné à la santé et à la longévité.

La santé communautaire quant à elle se comprend comme le processus par lequel les individus et les familles, d'une part prennent en charge leur propre santé et leur propre bien être comme ceux de la communauté, d'autre part développent

16

leur capacité de concourir à leur propre développement comme celui de la communauté.32

Les indicateurs le plus souvent exploités pour exprimer la santé sont ceux qui en décrivent l'absence : les statistiques de mortalité et de morbidité33.

1.2.1. Déterminants de la santé

Un déterminant de santé est un facteur qui influence l'état de santé d'une population soit isolément, soit en association avec d'autres facteurs.

1.2.1.1. Style de vie

De nombreux facteurs de risque sont intrinsèquement liés au mode de vie. Les soins corporels, l'activité physique, l'alimentation, le travail, les problèmes de toxicomanies, notamment, ont un impact global sur la santé des individus. Nutrition : Aliments - Oligo-élément - Alicament

Produits d'hygiène : Crème solaire - Dentifrice - Préservatif - Savon

Toxicomanies et dépendances : Alcool - Cannabis - Cocaïne - Tabac - Jeu pathologique

Par ailleurs, plusieurs risques et dangers sont liés au domaine de la santé, l'évolution de l'homme et également les changements de son mode de vie ne sont pas sans conséquences. L'alimentation et les nouvelles technologies sont également des facteurs de risques. Les rythmes, les cadences de travail ; les gestes inadaptés sont des facteurs très importants sur la santé. Ils entraînent des troubles psychosomatiques et parfois des handicaps pour la vie.

1.2.1.2. Hygiène

C'est l'ensemble des comportements concourant à maintenir les individus en bonne santé. Ils demandent de pouvoir notamment faire la part entre les bons

32 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Statistiques sanitaires mondiales, Genève, 2011.

33 DWIGHT, AL., op.cit

17

microbes et ceux qui sont pathogènes ou peuvent le devenir dans certaines circonstances ; circonstances que l'hygiène cherche à rendre moins probables, moins fréquentes ou supprimées.

1.2.1.3. Environnement

C'est un domaine - parfois nommé « santé environnementale » - qui se développe depuis la fin du XXe siècle, suite à la prise de conscience du fait que l'environnement, lorsqu'il est pollué est un déterminant majeur de la mauvaise santé.

La pollution aiguë ou chronique, qu'elle soit biologique, chimique, due aux radiations ionisantes, ou sonore, ou lumineuse (ces facteurs pouvant additionner ou multiplier leurs effets) est également une source importante de maladies.

Hormis ceux précités, plusieurs facteurs déterminent la santé notamment les facteurs génétiques, comportements individuels, qualité des soins médicaux.

1.2.2. Système de santé

Initialement, il s'agissait d'une activité relevant des professions médicales et des associations caritatives. Après la 2e guerre mondiale, il y eut emprise de l'état sur le secteur de la santé avec le développement des politiques sanitaires, incontournables dans les décisions d'organisation et de financement. Cette situation était variable d'un pays à l'autre.

1.2.2.1. Définition

Un système de santé est un ensemble de structures cohérentes dont le modèle est reproductible. Un système de santé renvoi également à un ensemble des organisations, des institutions et des ressources dont le but principal est d'améliorer la santé. Il est composé de sous-système : systèmes économique,

18

social, culturel, politique, législation, etc. Dans cette définition large, le système de soins est l'un des sous-systèmes du système de santé. Il correspond à l'ensemble des services qui fournissent des prestations à la population, dans le but d'améliorer la santé. Les rôles, idéalement, d'un système de santé sont :

- Identification des besoins de santé de la population ;

- Déduction des priorités ;

- Mise en oeuvre d'une politique et des actions de santé, capables de répondre à ces besoins.

1.2.2.2. Caractéristiques d'un système de santé

Un système de santé doit être :

- Global, assurant des soins complets, continus et personnels, sans négliger aucun aspect de la promotion de la protection et de la restauration de la santé ;

- Accessible à tous les niveaux socioéconomiques, quel que soit le cadre de vie et les difficultés de communication ;

- Accessible à tous les niveaux socioculturels, donc adapté au mode de vie, aux habitudes et aux cultures ;

- Efficace ;

- Sur le plan technique, basé sur des méthodes scientifiques approuvées ;

- Sur le plan scientifique, donc ouvert aux progrès des sciences et des techniques ;

- Sur le plan économique, avec un rapport coût/avantage satisfaisant, donc planifiable, évaluable, souple et modifiable ;

- Sur le plan sanitaire, donc attentif à l'amélioration de l'état sanitaire et aux changements des priorités. ;

- Sur le plan social, donc capable de modifier les attitudes vis-à-vis de la santé et des maladies et d'influer positivement sur la qualité de vie.

34 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Rapport sur la santé dans le monde, Genève, 2000.

19

1.2.2.3. Systèmes de santé dans le monde

L'OMS définit un système de santé comme étant la totalité des organisations, des institutions et ressources consacrées à la production d'interventions sanitaires, pour améliorer la santé dans le cadre d'un service de Santé publique ou d'une initiative intersectorielle34.

Comme soulignait plus haut après la 2e guerre mondiale, il y eut emprise de l'état sur le secteur de la santé avec le développement des politiques sanitaires. Cette situation était variable d'un pays à l'autre. Ceci fit sentir le besoin d'une typologie des systèmes de santé. Actuellement, nous distinguons 3 sortes de système de santé à savoir : les systèmes libéraux, les systèmes nationalisés, les systèmes intermédiaires.

A) Les systèmes libéraux:

Dans ce type de système, l'exercice libéral est prédominant, surtout en ambulatoire. Le financement repose sur les caisses d'assurance privées et le paiement est direct. Le secteur public existe, certes moins important, mais en développement avec une subvention étatique de plus en plus importante et un financement gratuit et des programmes spécifiques pour les pauvres et les personnes âgées. Il y a lieu de signaler que le système de santé de la RDC se retrouve dans cette catégorie.

B) Les systèmes nationalisés

Ici, le secteur public est prédominant. Le financement est étatique et budgétisé, basé sur la fiscalité (impôts). La couverture est universelle. L'accès aux soins est gratuit. Le mécanisme de rémunération est la dotation budgétaire publique et. Le secteur privé existe, surtout en ambulatoire mais il est moins important.

20

C) Les systèmes intermédiaires

Ici, le financement repose sur la cotisation sociale avec prélèvement obligatoire. Alors que la couverture est universelle, basée sur la sécurité sociale. Le régime général prévalant est l'assurance - maladie. L'exercice libéral existe, surtout en ambulatoire.

Source : Elaboré par nous - même sur base des informations obtenues sur http://mehdi-mehdy.blogspot.com/economie-de-la-sante

21

Tableau 1.1 : Panorama des systèmes de santé dans le monde

 

Système libéral

Système nationalisé

Système intermédiaire

Pays représentatifs

USA, Suisse

Canada, Suède,

Norvège...

Japon, France,

Allemagne...

DNS rapporté au PIB

12 à 13%

6 à 7%

8 à 9%

Etat de santé de la population

Bon, mais présence
d'une tranche de la
population marginalisée

Bon, mais existence
d'une longue durée pour
l'hospitalisation

Bon en général

Critères (avantages et inconvénient)

Niveau de DNS rapporté au PIB

Niveau élevé.

Forte évolution des
dépenses.

Niveau maîtrisé.
Evolution des dépenses
circonscrite dans des
proportions raisonnables.

Niveau moyen.
Maîtrise de l'évolution

des dépenses
nécessitant plusieurs

mesures.

Accès aux usagers bénéficiaires

Circonscrit aux seuls
assurés et population

aisée, pauvres

marginalisés.

Couverture universelle,
touchant la totalité de la
population.

Couverture universelle.
Population marginalisée
réduite.

Temps de réponse à la demande

Rapide.
Efficace.

Délais longs.

Rapide.
Efficacité moyenne liée
au niveau des
équipements.

Qualité

Elevée

Moyenne

Au-dessus de la
Moyenne

Rentabilité (gaspillage des ressources)

Elevée

Inefficacité allocative et
opérationnelle.
Forte bureaucratie.

Moyenne

Tendances des réformes

Meilleure prise en
charge des populations
marginalisées.
Usage rationnel des
ressources publiques.

Appelé à introduire plus
de rigueur et de
rationalité dans la gestion
des ressources
existantes.

Appelé à introduire plus
de rigueur dans la gestion
et à maîtriser les
dépenses.

35 JAYATI G., Genre et Macroéconomie, in Alternatives sud, Paris, Vol V, N 04, 1999.

22

1.3. Genre

Depuis le début des années 1990, le développement s'est ouvert aux questions de genre. Pourtant, la notion de genre reste difficile à appréhender, et nourrit beaucoup de préjugés voire d'incompréhensions.

1.3.1. Signification du concept genre

Le concept « genre » se rapporte aux rôles socialement construits des hommes et des femmes. Il se différencie du « sexe biologique », qui fait référence aux seules différences physiques. Le genre est déterminé par les tâches, les fonctions, les rôles assignés aux femmes et aux hommes dans la vie publique et privée. Ces rôles, généralement différenciés et caractérisés par des inégalités entre les genres, n'ont rien de « naturels » : construits culturellement, ils varient et évoluent selon les époques et selon les régions du monde35. Par exemple, l'espace public et politique est depuis toujours réservé aux hommes - qui continuent à l'occuper majoritairement - tandis que les femmes sont assignées à l'espace domestique, privé.

Graphique 2.1 : Parlementaires selon le sexe en ASS

Source: International Parliamentary Union, 2001. www.ipu.org/wmn-e.

23

A la lumière de ce graphique, il ressort qu'en Afrique subsaharienne, ce sont plus les hommes qui sont parlementaires que les femmes. Et ces disparités s'observent quasiment dans la plupart des pays repris dans le graphique ci-haut. L'Afrique du sud, le Rwanda, et la Tanzanie étant les seuls rares pays dont le taux de participation des femmes est élevé dans la sphère parlementaire.

Du fait de la moindre valeur attribuée traditionnellement aux femmes, leur travail domestique, reproductif n'a jamais été comptabilisé dans l'économie, alors même qu'il constitue la base qui permet le développement des activités productives de l'ensemble d'une société. Par ailleurs, la notion de « genre » suppose l'égalité et l'équité entre les sexes. Il y a lieu de signaler que l'égalité entre les sexes renvoie à l'absence de discrimination fondée sur le sexe du point de vue tant des opportunités que d'attribution des ressources et d'avantage et de l'accès aux services.

Alors que l'équité entre les sexes désigne une répartition juste et équitable des ressources socio-économiques entre les femmes et les hommes. Cette notion d'équité suppose des mesures permettant de corriger les déséquilibres historiques et sociaux.

La démarche de genre prend en compte les identités sociales et culturelles féminines et masculines pour favoriser les transformations sociales et atteindre une meilleure égalité entre hommes et femmes, dimension indispensable du développement durable.

L'approche du genre constitue donc à la fois :

- un concept sociologique analysant les rapports sociaux entre femmes et hommes et leur caractère inégalitaire ;

- un objectif politique de mise en oeuvre des droits fondamentaux ;

- une méthodologie proposant des outils concrets pour une meilleure efficacité de des politiques de développement.

24

La démarche de genre ne vise donc pas seulement les projets spécifiques s'adressant à des femmes. Elle s'applique à toutes les actions et concerne autant les hommes que les femmes puisqu'il s'agit de tenir compte des dynamiques sociales dans lesquelles chacun et chacune se situe.

1.3.2. Approche genre et développement36

L'approche « genre et développement » vise à contribuer à équilibrer les rapports de pouvoir entre les deux sexes, et pas uniquement à résoudre les problèmes des femmes. Elle tient compte de la répartition des rôles et des activités des hommes et des femmes, qui ne répond pas à un modèle unique et figé, mais dépend étroitement des sociétés et du temps où elle s'inscrit. Dès lors, les femmes sont reconnues, avec les hommes, comme actrices et partenaires des processus de développement, et plus seulement comme bénéficiaire de projets. Ainsi, en raison de la division sexuée du travail, particulièrement forte dans certains pays du Sud, femmes et hommes ont des connaissances différentes sur les plantes et les techniques agricoles.

L'aide à des programmes de modernisation agricole tournés vers les hommes, sous forme d'apports d'engrais, en oubliant d'analyser les tâches effectuées par les femmes, a pu rendre la vie de ces dernières plus pénible par l'augmentation du travail de désherbage dont elles avaient la charge, sans pour autant les faire bénéficier de revenus plus importants. L'aménagement de bas-fonds, la mise en valeur de terres marginalisées réservées précédemment aux femmes, leur a souvent fait perdre l'accès à ces terres au profit des hommes. Dans certaines régions au Sud, tandis que les hommes s'occupent de quelques cultures céréalières, les femmes cultivent plus de cent vingt espèces vivrières et locales et détiennent des savoirs traditionnels irremplaçables dans ce domaine. Pour

36 Cette section est essentiellement tirée de DIRECTION GENERALE DE LA COOPERATION INTERNATIONALE ET DU DEVELOPPEMENT, Promouvoir l'égalité entre hommes et femmes, 2006, pp.78. Disponible sur http :// www.mdgender.net

25

exemple : en Afrique, les trois-quarts des jeunes qui deviennent séropositifs sont

des femmes.

C'est que l'épidémie de VIH-Sida y est aggravée par des prescriptions et des stéréotypes culturels qui se traduisent par des comportements différents des hommes et des femmes, et par des lois discriminatoires à l'égard des femmes. Ainsi, elles sont rarement en mesure d'exiger le préservatif et la fidélité. Beaucoup sont victimes de violences et de mariages précoces ou contraintes à la polygamie. Pour être efficaces, la prévention et les traitements doivent donc prendre en compte les rapports sociaux de genre. Distinguant les besoins pratiques des femmes, qui touchent à leur vie quotidienne, de leurs intérêts stratégiques qui visent à moyen et long terme leur intégration à la vie de la société dans son ensemble, l'approche genre nécessite que les projets de développement prennent en compte ces deux niveaux.

1.3.3. Approche d'intégration des femmes pour le développement

Depuis une vingtaine d'années, un grand nombre d'institutions de développement au Sud comme au Nord ont pris conscience que les répercussions économiques, sociales et environnementales des inégalités de genre constituent une des principales entraves à l'exercice des droits de l'Homme et aux objectifs du développement durable et de la gouvernance démocratique. De la même façon, l'expérience leur a largement montré que la prise en compte des rapports sociaux entre femmes et hommes dans les actions d'appui au développement en accroît l'efficacité. D'autant plus pertinente dans les situations et les régions marquées par de fortes disparités de droits, de statuts et de rôles sociaux et économiques entre femmes et hommes, l'approche « genre » contribue à la poursuite des objectifs de gouvernance démocratique comme de renforcement des capacités et des droits, qui sont au coeur de l'approche actuelle des politiques de développement.

26

Des organisations, agences et programmes spécifiques en faveur des droits des femmes et de la prise en compte du genre ont d'abord été créés: Commission des Nations unies pour la condition féminine, Fonds des Nations unies pour les femmes, Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), etc. Puis, les institutions ont progressivement intégré ces préoccupations au sein de leur propre fonctionnement interne et dans la mise en oeuvre de toutes leurs procédures d'aide au développement (mainstreaming) : Nations unies, Banque mondiale, Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), Organisation internationale de la Francophonie, Union européenne, etc.

1.3.3.1. Organisation des Nations Unies (ONU)

Les Nations Unies intègrent systématiquement le genre dans leur fonctionnement et leurs procédures d'actions, depuis l'adoption en 1996 des « Conclusions sur l'intégration de la perspective de genre » (gender mainstreaming) au sein de l'ONU, faisant suite à la Conférence de Pékin. Ainsi, le PNUD a mis en place un indice sexo-spécifique du développement humain (ISDH) et un indice de participation des femmes (IPF).

Depuis 1995, le rapport annuel du PNUD sur le développement humain fournit une série de tableaux dans lesquels les pays sont classés en fonction de ces deux indicateurs. L'ISDH est basé sur l'indice de développement humain et ajusté selon l'inégalité des genres en tenant compte de l'écart des résultats obtenus par les hommes et les femmes. L'ISDH ajuste donc les résultats moyens de chaque pays en matière d'espérance de vie, de niveau d'instruction et de revenu conformément au degré de disparité des situations des femmes et des hommes. L'IPF reflète la participation des femmes à la vie économique et politique.

La Commission économique pour l'Afrique des Nations unies37 a élaboré un indice de développement et des inégalités entre les sexes en Afrique, outil destiné

37 http://www.uneca.org/fr/fr_main.htm

27

aux politiques publiques. Le BIT-OIT, l'UNESCO, la FAO38 et la plupart des autres agences et programmes onusiens ont adopté des stratégies «genre et développement» et élaboré des outils pratiques concernant leurs domaines d'interventions. Ainsi, le programme de la FAO d'action socioéconomique participatif selon le genre (ASEG) fournit de nombreux outils de formation (cycle de projet, micro-finance, irrigation, urgence...)39. Un Réseau inter-agences des Nations unies sur les femmes et l'égalité de genre a été mis en place.

1.3.3.2. Organisation de coopération et de développement économique (OCDE)

Cette organisation a créé, dès 1981, le réseau Gender net, chargé de définir des lignes directrices sur l'intégration du genre dans les projets de coopération et de faciliter dans ce domaine, à travers l'échange d'expériences, le passage des principes à la pratique. Ce réseau comporte différents groupes de travaux thématiques. D'ailleurs, son programme pour la période 2007-2009 porte sur les thématiques suivantes : alignement, harmonisation, nouvelles modalités de l'aide ; conflits ; intégration transversale du genre ; lutte contre la pauvreté et Objectifs du Millénaire pour le développement ; VIH-Sida.

Le Comité d'aide au développement (CAD) de l'OCDE a adopté, en 1995, une déclaration «Egalité entre les hommes et les femmes : vers un développement centré sur la personne» qui s'est concrétisée en 1998 dans les «Lignes directrices du CAD pour l'égalité entre les hommes et les femmes et le renforcement du pouvoir des femmes dans le cadre de la coopération pour le développement». L'OCDE met à disposition de nombreuses fiches pratiques sectorielles sur le genre. Elle a également créé un groupe de travail sur les statistiques et un indicateur «égalité hommes-femmes» que les pays membres sont tenus de renseigner pour

38 http://portal.unesco.org/fr/ev.php_URL_ID=3160&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201. html

39 http://www.fao.org/sd/seaga/index_fr.htm

28

chacune des opérations qu'ils financent. Ils doivent ainsi fournir chaque année leurs résultats chiffrés pour une mesure statistique des avancées réalisées en la matière.

1.3.3.3. Organisation internationale de la Francophonie40 (OIF)

Elle a adopté, lors de la Conférence des femmes de la Francophonie (Luxembourg, 2000) une déclaration «Femmes, pouvoir et développement», qui stipule : «Dans le but de garantir aux femmes une citoyenneté partagée, entière et active, nous voulons adopter une double approche privilégiant : le changement et l'évolution des rôles et des responsabilités des femmes et des hommes, qui doivent s'accompagner de la prise de conscience de la nécessité d'un partenariat nouveau ; la prise en compte systématique de l'approche du genre, c'est-à-dire l'intégration de la dimension sexo-spécifique qui respecte les conditions, les priorités, les besoins et les contributions des femmes et des hommes dans la conception, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation de toutes les politiques».

L'OIF a intégré l'égalité entre femmes et hommes dans son cadre stratégique décennal 2005-2014, adopté lors du 10ème Sommet de la Francophonie, en novembre 2004 au Burkina Faso. Dans sa contribution à l'examen mondial de la mise en oeuvre de la plate-forme d'action de Pékin en février 2005, elle s'est engagée à adopter une stratégie alliant simultanément des programmes spécifiques pour l'autonomisation des femmes et une intégration du genre, transversale, mesurable et chiffrable dans l'ensemble de ses activités de coopération. Un de ses objectifs est de favoriser la création et la diffusion d'outils francophones sur le genre. Elle a notamment publié un manuel explicitant les principaux concepts liés au genre et au développement.

Le réseau des femmes de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) a présenté en juillet 2005 une déclaration sur la CEDEF, adoptée par

40 http://cifdi.francophonie.org/genre/index.htm

29

l'Assemblée plénière de l'APF. Depuis 2004, le réseau présente chaque année un rapport de suivi de la mise en oeuvre de cette convention par les États membres de l'OIF. Dans le rapport de l'OIF « La Francophonie dans le monde 2006-2007 », figure une étude sur la parité entre les femmes et les hommes dans les États et gouvernements membres et observateurs de l'OIF. Cette étude, réalisée en partenariat avec l'Observatoire français de la parité, porte sur deux domaines sensibles : la vie politique et la vie professionnelle.

1.3.3.4. Union européenne41 (UE)

L'égalité hommes/femmes constitue un principe de l'UE. Sur un plan global, le traité d'Amsterdam (1999) stipule que l'égalité est intégrée dans toutes les actions de l'Union. Conformément à la résolution du 20 décembre 1995, le règlement du 22 décembre 1998 demande que «les questions d'égalité des sexes soient intégrées dans la coordination entre la Commission et les États membres en matière de coopération au développement».

Au niveau interne, un «Pacte européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes», adopté en mars 2006, vise à encourager les États membres et l'Union à prendre une série de mesures en vue de :

- combler les écarts entre hommes et femmes et de lutter contre une conception stéréotypée des rôles sur le marché du travail ;

- promouvoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour tous ;

- renforcer la gestion des affaires publiques grâce à une intégration du principe de l'égalité entre hommes et femmes et à un meilleur suivi ;

- veiller à ce que les conséquences du principe d'égalité entre hommes et femmes soient prises en compte dans les analyses d'impact des nouvelles politiques de l'Union.

41 http://ec.europa.eu/comm/europeaid/projects/gender/toolkit_2006/fr/index_fr.htm

30

Le Programme d'action pour l'intégration de l'égalité entre les femmes et les hommes dans la coopération au développement de la Communauté (2001-2006) prévoit la prise en compte transversale des questions de genre dans les domaines prioritaires définis par sa politique de développement, ainsi que le renforcement des capacités internes en matière de genre. Une boîte à outils méthodologique s'adressant aux agents de l'UE et à ses partenaires extérieurs a été publiée en 2004. La démarche pratique se base notamment sur une analyse des interventions aux niveaux macro (traduction dans les politiques nationales des pays des engagements internationaux et leur mise en oeuvre dans les politiques sectorielles), méso (intégration du principe d'égalité dans les institutions publiques et privées et leurs outils de mise en oeuvre de mécanismes économiques, sociaux, etc.) et micro (au niveau de la famille et de la communauté locale).

Dans le cadre de sa coopération au développement, l'UE considère que l'égalité des genres, condition pour atteindre les objectifs fixés de développement durable, constitue une application concrète du principe de cohérence des politiques. La plupart des coopérations européennes ont fait de l'intégration transversale du genre un axe de leur politique d'aide au développement, notamment la Grande-Bretagne et les pays d'Europe du Nord, mais aussi l'Espagne, la Suisse. Ces institutions ont élaboré des stratégies, des guides méthodologiques ; elles favorisent les travaux des institutions de recherche ainsi que des formations universitaires et associatives sur le genre qui alimentent le débat et font avancer les pratiques.

31

CHAPITRE II : ANALYSE DE LA PAUVRETE, LA SANTE ET LE

GENRE EN RDC

32

L'objectif de ce deuxième chapitre est de faire une analyse de la pauvreté, de la santé et du genre en RDC.

2. 1. Généralités de la pauvreté congolaise

2.1.1. Etat des lieux

Qualifié à tort ou à raison de scandale géologique, la RDC est en tout cas l'un des pays du monde immensément pourvu en ressources naturelles : de plus de 80 millions de terres cultivables dont 10% seulement sont mises en valeur, des ressources minières importantes (le diamant, le coltan, le tungstène, l'étain, etc.), le deuxième poumon vert de la planète après l'Amazonie, 2ème réserve d'eau douce mondiale. Le pays dispose d'un important potentiel hydro-électrique (soit 53% en Afrique et 13,5% au monde). Malheureusement les populations congolaises ne bénéficient pas de toutes ces richesses. Le pays a été et continue d'être sujet à des guerres, des rébellions incessantes détruisant ainsi les infrastructures sociales et les unités de production de base.

Les statistiques disponibles indiquent que la pauvreté frappe la majorité des congolais. Soit 80% de la population congolaise vit avec moins d'un dollar par jour42. En fait, il s'agit d'une pauvreté de masse qui touche toute les catégories socioprofessionnelles. Ce qui pousse le Professeur Kalonji Ntalaja à s'interroger : « y a-t-il encore des cadres ? »43.

Au niveau des ménages, 7 sur 10 sont pauvres avec une disparité entre milieu rural - où environ huit ménages sur dix sont pauvres - et milieu urbain - où moins de sept ménages sur dix sont pauvres. La pauvreté des populations congolaises est

42 http://africaneconomicoutlook.com

43 KALONJI, N., KASHIOBA, N., La pauvreté dans la ville de Kinshasa : y-a-t-il encore des cadres ?, in Notes de conjonctures, n0 13, 1993, pp.14-18.

33

aussi visible dans leurs cadres de vie44. En effet, seulement 26,9 % des congolais ont accès à l'eau potable en 2008 contre 30 % en 1995 et 80 % en 1980. De plus, le pays est classé 46ème sur 53 pays quant à l'accessibilité de l'eau potable en Afrique. Parallèlement à un faible accès au service d'assainissement soit un taux de desserte en assainissement de 23% la moyenne régionale est de 34% et ce, malgré les importantes conséquences sanitaires45. Moins de 20% de la population congolaise a accès à l'électricité.

Avec un PIB par tête d'habitant estimé entre 180 et 220 USD selon les sources, la RDC a occupé la 186 ième et la dernière position du classement sur le développement humain de 2012.

2.1.2. Causes de la pauvreté

Les statistiques des pages précédentes révèlent que la majeure partie de la population congolaise est pauvre. Ce constat appelle à déterminer les causes de ce phénomène.

2.1.2.1. Mauvaise gouvernance et Corruption

La mauvaise gouvernance et la corruption constituent des principales causes de la pauvreté, en ce sens qu'elles créent des inefficiences dans les secteurs et donc une perte de productivité. Elles découragent la création d'entreprises et donc d'emplois, ponctionnent les ressources des ménages pauvres, favorisent la fuite des capitaux et une perte de recettes pour l'Etat et donc moins d'investissements publics, etc. Au niveau macroéconomique, la mauvaise gouvernance fait perdre plusieurs points de croissance.

44 MUKOKO, S., Lutte contre la pauvreté en RDC : Mythes et réalités, in La lutte contre la pauvreté, la prévention des crises, le développement socio-économique et la démocratie, ACESM, 2002, pp.111-124.

45 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Statistiques sanitaires mondiales, Genève, 2011.

34

Quoique des efforts soient fournis en ce qui est de la gouvernance, le pays reste toujours classé parmi les pays le moins attractifs en termes d'investissement direct étranger. Ce qui prouve que les efforts fournis ne sont pas à la hauteur des défis à relever. Or, Ces investissements auront un potentiel sur l'emploi et donc sur la réduction de la pauvreté. Le climat des affaires actuellement est parmi les moins attrayants comme le montre le tableau ci-dessous partant du classement Doing Business sur la facilité de faire les affaires dans un pays.

Tableau 2.1 : Indicateurs Doing-business, 2010-2011

CATEGORIE

DB 2010 CLASSEMENT

DB 2011 CLASSEMENT

VARIATION DANS
LE CLASSEMENT

Création d'entreprises

155

146

+ 9

Octroi de permis de construire

139

81

+ 58

Transfert de propriété

125

118

+ 7

Obtention de prêts

167

168

-1

Protection des investisseurs

153

154

-1

Paiement des impôts

158

163

-5

Commerce transfrontalier

165

172

-7

Exécution des contrats

173

172

+ 1

Fermeture d'entreprises

152

155

-3

Total

179

175

+ 4

Source : Banque mondiale, Doing Bussiness

A la lumière du tableau 2.1 en 2011, le pays a occupé la 175e position sur 183 dans le classement Doing Business, avec néanmoins une nette progression par rapport à l'année 2010 au cours de laquelle il était à la 179èmeplace. Cette situation fait suite notamment à l'existence d'un cadre administratif et réglementaire complexe et peu stable, de l'insécurité juridique et d'une fiscalité lourde et complexe, avec une myriade de petites taxes et redevances. En 2012, la RDC était à la traine classée 181 ième sur 185 pays.

Dans le même registre l'indicateur du Wall Street Journal/Heritage qui mesure la liberté économique dans le monde plaçait la RDC à la 172ème position sur 175

35

pays en 2011. Ces indicateurs traduisent combien la pratique des affaires est malaisée pour un entrepreneur. Or, le recul de la pauvreté passe par le développement de l'entrepreneuriat46.

En matière de corruption, la RDC est très un mauvais élève. Son économie est handicapée par un des niveaux de corruption le plus élevés de la planète à en croire Transparency International, qui pour l'année 2011 plaçait la RDC à la 6ème place des pays africains les plus corrompus. En 2013, la RDC est classée premier des pays les plus corrompu au monde selon The Maplecroft risk index. Dans ce cadre, la réussite dans les affaires dépend de relations étroites entre le business et le pouvoir : favoritisme dans la distribution des autorisations légales, subventions gouvernementales, allègements fiscaux, etc.

Ce système a empêché l'accès d'un grand nombre au secteur formel : une part importante de la population active a ainsi été forcée de s'orienter vers l'informel. Le BIT estime à plus de 72% de la population active congolaise évoluant dans le secteur informel, à tel point qu'il est devenu le secteur dominant en matière de création d'emplois dans le pays. Mais dans l'informel, le « développement » économique est très fortement contraint47. Cette corruption constitue un facteur dissuasif des IDE en RDC48.

2.1.2.2. Chômage

Le chômage constitue l'un de fléau majeur de la société congolaise. Ce problème se pose avec acuité notamment à cause de l'accroissement rapide de la population en âge de travailler face à une pénurie d'emplois.

46 KAMBAMBA, D., RDC : Pourquoi tant de pauvreté ?, in Le potentiel, n05667, Jeudi 21 juin 2012, pp.3.

47 KAMBAMBA, D., 2012, op.cit

48 KAMBAMBA D., RDC : Pourquoi si peu d'IDE ?, in Le potentiel, n05827, Vendredi du 19 Décembre 2013, pp.6.

36

En économie, il existe un lien entre le chômage et la pauvreté. Cet ainsi que l'enquête 1-2-3 de 2005 renseignait que 70% des congolais pauvres sont au chômage ou en situation de sous-emploi. Or, quelqu'un au chômage ne peut plus consommer puis que sans revenu. Et de ce fait, il s'enfonce de plus en plus dans la pauvreté. Cette dernière entretiendra le chômage. Tel est le cas congolais.

2.1.2.3. Redistribution

L'impact faible de la croissance économique sur la pauvreté en RDC s'explique par le manque d'une vraie politique de redistribution des ressources de l'Etat. Le budget de l'Etat congolais sert plus dans l'entretien des institutions que dans la résolution des problèmes socioéconomiques que rencontre le pays. Il suffit de voir l'enveloppe budgétaire destiné aux secteurs sociaux de base. A ce problème de coefficient budgétaire s'ajoute celui de l'affectation des ressources de l'Etat dans les secteurs concernés, ceci à un impact sur la pauvreté.

Tableau 2.2 : Evolution des dépenses sociales (en % des dépenses totales)

Rubriques

2006

2007

2008

2009

2010

Santé

.

.

.

.

.

Fonctionnement

5,1

5,7

5,6

5,6

5,8

Investissement

9,9

6,6

5,1

11,4

10,6

Education

.

.

.

.

.

Fonctionnement

29,4

21,9

26,1

24,5

21,1

Investissement

2,9

8,7

6,5

4,2

4,9

Autres secteurs sociaux

.

.

.

.

.

Fonctionnement

2,2

4,1

3,6

3,6

3,9

Investissement

1,3

0,7

2,9

2,9

1,3

Fonctionnement

36,6

31,6

35,3

35,3

30,8

Investissement

14,1

16,0

14,6

14,6

16,9

Source : Ministère du Plan, Document stratégique pour la réduction de la pauvreté II, RDC, 2011.

37

Le tableau 2.2 renseigne sur l'évolution des dépenses sociales de 2006 à 2010. Il ressort que pour cette période, les dépenses de fonctionnement pour la santé, l'éducation ainsi que les autres secteurs sociaux ont connue une certaine stabilité relative. Quant aux dépenses d'investissements dans le secteur, elles vont baisser significativement de 2006-2008, pour faire un bond de 11,4% en 2009 pour baisser de nouveau à 10,6% en 2010. S'agissant des dépenses d'investissements de l'éducation, elles ont stagné durant la période 2006-2010. Alors que les dépenses d'investissements d'autres secteurs sociaux connaissent une stabilité dans ladite période.

2.2. Situation de la santé en RDC

2.2.1. Evolution des indicateurs des OMD liés à la santé

Les indicateurs des OMD liés à la santé constituent des résultats importants permettant de résumer la situation sanitaire d'un pays. Dans le tableau 2.3 ci-dessous sont présentés les indicateurs se rapportant à la survie, la nutrition et l'environnement sanitaire.

Tableau 2.3 : Indicateurs des OMD en matière de santé en RDC, 2007-2011

Indicateurs

2007

2010

2011

Survie

 
 
 

Taux de mortalité infanto juvénile

220

157

199

Taux de mortalité infantile

128

98

-

Taux de mortalité maternelle

1289

-

680

 

-

-

-

Taux de mortalité par paludisme

 
 
 
 

4,5

-

-

Prévalence du VIH chez les adultes

 
 
 

Nutrition

 
 
 

Insuffisance pondérale des moins de cinq ans (%)

31,4

24

28,2

Environnement et santé

 
 
 

Population ayant accès à l'eau potable (%)

28,9

-

-

Population ayant accès à un assainissement amélioré(%)

-

-

23

Couverture par les services de santé

 
 
 

Naissances assistées par du personnel de santé qualifié (%)

-

-

74

Prévalence de la contraception (%)

31

-

-

Source : Statistiques sanitaires mondiales, 2011 ; MICS 2010 ; RESP, 2007.

49 KAMBAMBA D., KONSO B., RDC : le pire des pays pour être mère en 2013. Disponible sur http://oeildafrique.com/rdc-pire-des-pays-pour-etre-mere-en-2013 consulté le 22 Mai 2013.

38

La lecture du tableau 2.3 renseigne que les mesures de survie, que sont la mortalité infanto juvénile, la mortalité infantile -indicateurs de santé de base- sont très peu reluisant pour la RDC. La mortalité infanto juvénile était de 220 en 2007 pour baisser en 2010 à 157 décès pour milles naissances avant de refaire un bond à 199 en 2011. Simultanément, le taux de mortalité maternelle a sensiblement baissé entre 2007 et 2011 soit 1289 à 680 décès pour 100000 naissances. Ce taux va connaitre un pic en 2013, ce qui vaudra à la RDC le titre de : pire des « pays pour être mère» en 201349. L'insuffisance pondérale des enfants de moins de cinq ans est passée de 31,4% à 24% de 2007 à 2010 et ce, avant d'augmenter de 28,2% en 2011.

La nutrition demeure un défi majeur de santé publique. En 2011, on estimait à 28,6% des enfants congolais souffrant de malnutrition aigue. Le contexte environnemental dans lequel vit la population congolaise est loin d'être reluisant, seul 28,9% des congolais avait accès à l'eau potable en 2007. Parallèlement à un faible accès aux services d'assainissement soit un taux de desserte de 23% en 2011. La couverture par les services de santé reste précaire puis qu'elle n'a pas atteint 100%. En 2011, cette couverture est de 74% pour les naissances assistées par un personnel qualifié. La prévalence de la contraception est 31% en 2007.

2.2.2. Politique sanitaire

Dans cette section, nous présenterons succinctement la politique sanitaire, l'organisation du système de santé, l'offre des biens et services de santé et le financement du système de santé.

2.2.2.1. Politique nationale de santé

Le 12 septembre 1978, la RDC, à l'instar des autres Etats membres de l'OMS, a adopté la Déclaration d'Alma Ata issue des travaux de la Conférence internationale

39

sur les soins de santé primaires (SSP) qui a adopté une stratégie mondiale visant à atteindre l'objectif de la santé pour tous à l'horizon 2000.

Huit composantes des soins de santé primaires ont été définies. Les principes qui sous-tendent la mise en oeuvre et le développement des SSP ont pour finalité une progression équitable de la santé. Il s'agit notamment de l'accès universel aux soins et à la couverture de santé en fonction des besoins, l'engagement à garantir l'équité en matière de santé dans le cadre d'un développement orienté vers la justice sociale, la participation communautaire à la définition et à l'exécution des programmes de santé et l'adoption d'approches intersectorielles de santé.

Les principes qui ont articulé l'Initiative de Bamako constituent des fondements de la politique de santé congolaise. L'Initiative de Bamako, lancée lors d'une conférence en 1987 de Ministres africains de la santé (à Bamako) sous l'égide de l'OMS et de l'UNICEF, a vu le jour afin de relancer la politique des soins de santé primaires.

L'objectif ultime de l'IB est « l'accessibilité universelle aux SSP »50. En effet, au milieu des années 1980, la stratégie ambitieuse des soins de santé primaires a été mise à mal par la crise économique que traversent les PED caractérisée par le poids de la dette et la chute des cours des produits à l'exportation, ayant des coupes budgétaires dans les secteurs sociaux dans le cadre de la mise en oeuvre des politiques d'ajustement structurel de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International.

Au problème des diminutions drastiques de crédits alloués par les gouvernements au secteur de la santé, viennent s'ajouter des politiques qui favorisent une mauvaise allocation budgétaire, un gaspillage des ressources et une gestion médiocre. En outre, le secteur de la santé allait connaître un exode massif

50 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Op.cit.

40

de son personnel qualifié . C'est dans ce contexte qu'est née l'initiative de Bamako51 ayant pour principal objectif la participation communautaire et principale recommandation la mise en place du financement communautaire de la santé via le recouvrement des coûts.

La RDC, comme beaucoup d'Etats africains, a eu de la peine à traduire les objectifs annoncés lors de ces conférences internationales en reformes concrètes. Ainsi, comme indiqué dans le Bilan Commun de pays de 2001, au niveau des SSP, les nombreuses actions menées après Alma Ata ont été abandonnées au profit du développement du secteur hospitalier. Il en est de même pour l'Initiative de Bamako dont la mise en oeuvre n'a jamais été effective au plan national car le principe de recouvrement des coûts n'est pas accepté par le politique qui prône la gratuité des soins.

2.2.2.2. Organisation du système de santé

En RDC, l'organisation du système de santé se fonde sur deux secteurs : le secteur public et le secteur privé.

a) Le secteur public

D'emblée présentons brièvement le Ministère de la santé publique52. En effet, le Ministère de la Santé Publique est structuré en 3 niveaux, à savoir : le niveau central, le niveau Intermédiaire ou Provincial et le niveau périphérique.

Le niveau central est constitué du Cabinet du Ministre, du Secrétariat Général qui compte 13 Directions, des 52 Programmes Spécialisés, et des Hôpitaux nationaux. Il a une responsabilité normative, de régulation et de prestation de soins tertiaires. Il définit les politiques, les stratégies, les normes et les directives. Il

51 RIDDE, V., L'initiative de Bamako 15 ans après, un agenda inachevé, in Health Nutrition and Population (HNP) Discussion Paper, World Bank, Washington, 2004.

52 MINISTERE DE LA SANTE, Plan National de développement Sanitaire : 2011-2015, RDC, 2010.

41

assure un appui conseil et le contrôle de conformité et le suivi de la mise en oeuvre en provinces.

Le niveau intermédiaire compte 11 inspections provinciales de la Santé, 65 Districts Sanitaires et des Hôpitaux provinciaux. Il assure un rôle d'encadrement technique, de suivi et la traduction des directives, stratégies, des politiques sous forme d'instructions et de fiches techniques pour faciliter la mise en oeuvre au niveau des Zones de Santé. Le niveau intermédiaire a aussi pour mission d'offrir à travers l'Hôpital Provincial, les soins de santé de référence secondaire. Actuellement le pays compte encore 11 Inspections Provinciales de la Santé. Mais avec la décentralisation en cours, il comptera 26 Divisions et 26 Inspections Provinciale de la Santé dans les années qui suivent conformément à la Constitution de la République.

Le niveau périphérique comprend théoriquement 515 ZS avec 393 Hôpitaux Généraux de Référence et 8504 aires de santé (AS) planifiées dont 8266 disposent d'un Centre de Santé. Ce niveau est chargé de la mise en oeuvre de la stratégie des soins de santé primaires sous la supervision et l'encadrement du niveau intermédiaire. La mission du Centre de Santé (CS) est d'offrir à sa population les soins de santé qui relèvent du Paquet Minimum d'Activités (PMA), tandis que celle de l'Hôpital Général de Référence du niveau primaire est d'offrir les soins qui relèvent du Paquet Complémentaire d'Activités (PCA) et d'apporter un appui au développement des PMA de qualité dans les Centres de Santé.

La répartition des Districts sanitaires et Zones de Santé53 par province est reprise dans le tableau ci-dessous.

53 Une zone de santé est un espace géographique bien défini comprenant une population d'environ 50.000 à 100.000 personnes en milieu rural et de 100 000 à 250 000 personnes en milieu urbain.

42

Tableau 2.4 : Répartition des Districts et des zones de santé par province

Province

Districts Sanitaires

Zones de Santé

Bas-Congo

5

31

Bandundu

6

52

Equateur

8

69

Kinshasa

6

35

Kasaï Occidental

4

43

Kasaï Oriental

6

49

Katanga

7

67

Maniema

4

18

Nord-Kivu

4

34

Province Orientale

10

83

Sud-Kivu

10

34

TOTAL

65

515

Source : Ministère de la santé, PNDS, RDC, 2011.

b) Le secteur privé (lucratif et non-lucratif)

Le système de santé en RDC est une bonne illustration du concept de collaboration entre des institutions publiques et privées pour la gestion des services de santé. Dans le secteur de la santé en RDC, le privé joue un rôle actif dans l'offre des services sanitaires. Le secteur privé gère un nombre important de centres de santé et la moitié des hôpitaux sur l'ensemble du territoire Congolais. Il participe aussi au financement du système de santé et ce, à travers des contributions sur les frais de consultation ou examens médicaux et les contributions directes pour compléter les salaires.

En outre, du point de vue de leur répartition spatiale les formations médicales privées s'établissent essentiellement là où la population a les moyens de s'offrir leurs services. Si les dispensaires et les postes de santé se rencontrent quelque

43

peu dans les zones périphériques, il n'en est pas de même pour les cliniques médicales qui s'orientent préférentiellement vers des services spécialisés, plus rentables plus coûteux et hors-porté des populations54.

2.2.2.3. Financement du système de santé

Le système de financement du secteur de la santé en RDC repose principalement sur un trépied constitué du budget de l'Etat, des apports extérieurs (bilatéraux et multilatéraux) et du recouvrement des coûts des soins et services de santé auprès des usagers - jusqu'à 70% des frais de fonctionnement comme le note la stratégie de renforcement du système de santé55.

Actuellement, la situation est marquée par un très fort désengagement de l'Etat dans le financement du système de santé - en grande partie du fait de la faiblesse des revenus fiscaux. La part des dépenses de santé dans les dépenses totales du Gouvernement est ainsi passée de 2.5% en 1972 à moins de 1% en 2002. - soit $13,5 millions répartis de la manière suivante: 62% pour les salaires des fonctionnaires, 14% en dépenses de fonctionnement, 13% en investissements et 11 pour cent en budgets annexes et divers. Ceci correspond à environ $0.22 par habitant, soit une baisse en termes réels d'à peu près 50% durant la période 19912002. Ces questions d'allocations sont aggravées par le faible niveau d'exécution du budget dans le secteur tel que rapporté dans le tableau suivant.

54 KAMBAMBA, D., WHEMBOLUA, G.-L., Comparative study of cost health care at Kinshasa, in Pan African Medical Journal, University of Cincinnati, USA, 2014. (À paraître).

55 MINISTERE DE LA SANTE, Stratégie de renforcement du système de santé, RDC, 2006.

44

Tableau 2.5 : Evolution du budget alloué à la santé (en milliards de FC)

-

2003

2004

2005

2006

2007

2008

Budget global

336,629

528,333

806,169

1039,561

1370,309

-

Budget accordé à la santé

16,394

28,671

35,936

41,848

49,609

44,284

% alloué à la santé

4,9%

5,43%

4,4%

4,03%

3,62%

-

Budget exécuté

9,013

9,356

19,676

18,757

-

34,586

Taux d'exécution

54,98%

32,63%

54,75%

44,82%

-

78%

Source : Ministère de la santé, Direction d'étude et Planification, 2010.

Les données de l'année fiscale 2001 suggèrent que les taux d'exécution sont d'environ 70% pour les salaires et d'environ 40% pour les dépenses courantes hors personnel. Enfin, les dépenses publiques pour la santé sont largement utilisées à Kinshasa, qui comprend environ 15% de la population mais reçoit 60% des dépenses salariales et dispose de près de la moitié des médecins les mieux formés du pays56.

2.3. Genre en RDC

Il existe de graves inégalités entre hommes et femmes en RDC ; la plupart des femmes ont un statut très bas dans la société et connaissent souvent la marginalisation, les discriminations et les abus. C'est à cet égard que le PNUD classait la RDC à la 130ième place sur 136 pays d'après l'indice de développement lié aux distinctions entre les sexes. En 2010, Dans le monde, la RDC est classée 137ème sur 138 toujours en ce qui concerne les disparités entre les sexes. Et ce, alors que les femmes Congolaises constituent 53 % de la population en RDC, leur visibilité et

56 BANQUE MONDIALE, Programme Minimum du Partenariat Pour la Transition et la Relance en RDC - santé, RDC, 2006, pp.13.

45

contribution à la sécurité alimentaire pour la survie et la maintenance de la société Congolaise sont incontestables et reconnu dans le monde entier57.

Dans le même ordre d'idées, La RDC a ratifié des instruments juridiques internationaux notamment la Déclaration Universelle de Droits de l'homme, qui consacre le principe d'égalité entre les hommes et les femmes dans ses deux premiers articles58. La RDC a établi le Ministère de la condition féminine pour l'émancipation des Femmes en 1980 - actuellement Ministère du genre et affaires sociales - et a ratifié la Convention sur l'Élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes (CEDEF ou CEDAW) en 1986.

Le préambule de la Constitution du 18 février 2006 soutient le principe d'égalité entre les hommes et les femmes. Les articles 5, 14 et 15 établissent les fondations de légitimation de toute politique d'égalité et d'équité en RDC. L'article 14 de la Constitution prévoit que « l'État a le devoir de garantir l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et garantir le respect ainsi que la promotion de leurs droits ». «L'Etat doit « prendre des mesures pour ...assurer la participation complète de femmes dans le développement de la nation ». L'Etat congolais est allé plus loin en mettant sur pied un plan national sur le genre en 2009. Mais force est de constater que les femmes restent discriminer. La discrimination est particulièrement évidente au niveau de la législation, participations politiques et décisionnelles, sécurité, économie, pauvreté, santé, violence, travail, éducation, droits politique.

57 MISSION DES NATIONS UNIES AU CONGO (MONUSCO), UN Mission in the DRC-country profil, 2010. Disponible sur http://monuc.unmissions.org/default.aspx?tabid=2171 consulté le 11 Octobre 2013.

58 UNITED NATIONS (UN), The Universal Declaration of human rights (UDHR), 2013. Disponible sur http://un.org/en/documents/udhr consulté le 11 Octobre 2013.

46

2.3.1. Genre et Santé

L'OMS indique que le genre a un impact sur la santé. De ce fait, les inégalités hommes et femmes en RDC limitent l'accès aux soins de santé pour les femmes. C'est ainsi que 85% des femmes dit connaitre des limitations à l'accès aux services de santé pour une question financière ou pour l'obtention la permission de la part du conjoint (l'argent pour 70%, le transport pour 44%, et « demander la permission » pour 22%).

De plus, l'EDS-RDC montre que seul 22% des femmes prennent habituellement les décisions relatives à leurs soins personnels. Dans 54,2% de cas, ce sont les maris qui prennent les décisions pour elles. En surenchère, la pandémie du SIDA tend à se féminiser. C'est ainsi qu'en 2007 pour 100 hommes touchés, il y aurait 178 femmes. Ce qui est d'ailleurs le cas dans la majorité des pays d'Afrique subsaharienne tel que renseigné dans le graphique ci-dessous.

Graphique 2.2 : Taux de prévalence par âge du VIH/SIDA et sexe, des pays africains

47

2.3.2. Genre et Economie

En 2006, 80% des ménages devaient leur survie au travail des femmes59. La femme congolaise est devenue la principale pourvoyeuse de la subsistance de nombreuses familles. Cependant les femmes congolaises ne jouissent pas d'autonomie financière. Cet ainsi que l'EDS-RDC de 2007 estimait que 78,6% des femmes avaient travaillé pendant les 12 derniers mois, mais les maris restent décideurs dans tous les domaines au sein du ménage sauf la cuisine. De plus, cette source note que la grande majorité des femmes travaille, mais seule 26% sont rémunérées avec de l'argent. Une autre enquête menée dans le Kivu en 2010 observe qu'en moyenne les femmes travaillaient 17h par jour, contre seulement 7h pour les hommes60. Pourtant, son statut social fait qu'elle ne contrôle ni la production, ni le revenu qui en découle.

Malgré leur représentation démographique de 53 % dans la population et le fait que le droit de l'emploi est constitutionnellement reconnu pour tous citoyens, les femmes Congolaises constituent seulement 2,8 % d'emplois ou activités rémunérés par l'Etat contre 12 % d'hommes. Les opportunités pour les femmes sont généralement limitées61. Elles sont sous représentées dans le travail formel, surtout dans les positions de fonctionnaires de niveau supérieur et elles sont généralement moins engagées que leurs collègues hommes dans la même position. Les femmes mariées manquent la capacité légitime de signer indépendamment des contrats juridiques car conformément à la loi; elles ont besoin de la permission de leur mari avant de travailler, ouvrir un compte bancaire, obtenir un crédit, commencer un commerce ou voyager.

59 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Les questions de genre révélées par l'approche participative de la pauvreté (APP), RDC, 2006.

60 GENRE CAPITAL (GENCAP), FONDS DES NATIONS UNIES POUR L'AGRICULTURE ET L'ALIMENTATION (FAO), FONDS DES NATIONS UNIES POUR L'ENFANCE (UNICEF), Malgré leur rôle central dans l'alimentation, les femmes n'ont pas les mêmes opportunités économiques et sociales, RDC, 2010.

61 MATUNDA, A., FARAY-KELE, C., op.cit

48

2.3.3. Genre et gouvernance politique

Alors que la constitution de la RDC a consacré la parité homme-femme, certaines lois restent non-favorables à l'égalité des sexes. Le code de la famille encore en vigueur contient certaines clauses démontrant clairement les fortes inégalités. Pour preuve, en son article 467, le code de la famille pénalise l'adultère pour le mari que dans certaines circonstances, alors que pour la femme, l'adultère est punissable en toutes circonstances.

Par ailleurs, les femmes Congolaises ne sont pas bien représentées et n'ont jamais effectivement participé dans la gouvernance du pays depuis 1960, l'année de l'indépendance du pays. Aucune femme Congolaise n'a jamais été chef d'Etat, ni à la tête de gouvernement (Premier ministre) et aucune n'a été à la tête d'un groupe armé. Plusieurs obstacles rendent difficile la participation des femmes dans la gouvernance du pays. Ces obstacles incluent les facteurs culturels comme le déficit d'éducation et de la connaissance du devoir civique, les obstacles pratiques comme les responsabilités familiales, la peur de rivaliser avec les hommes, la peur concernant la sécurité physique, les obstacles économiques qui rendent l'accès aux infrastructures difficile, ainsi que le niveau d'ignorance de ses propres capacités et talents62.

Bien que les femmes aient constitué 63 % de l'électorat en RDC et aient été intensivement mobilisées comme outil de propagande pendant les élections nationales de 2006 et de 2011, néanmoins la représentation générale actuelle de femmes est seulement de 7.2 % dans les hautes positions d'institutions (le parlement aussi bien que dans le gouvernement)63. Le Gouvernement de la RDC, l'Assemblée nationale et les institutions importantes sont dirigés par les hommes.

62 MATUNDU M, FARAY-KELE, M., L'inégalité du genre et les institutions sociales en RDC, UK WILPF, Avril-Décembre, 2010. Disponible sur http://www.observatoiredelaparite.org/525.pdf

63 MAWANZO, E., Observatoire de la Parité en République Démocratique du Congo, 2010. Disponible sur http://www.observatoiredelaparite.org/spip.php?rubrique2

49

En outre, beaucoup d'organisations qui caractérisent la société civile en RDC sont dirigées par les hommes. La participation des femmes aux postes de décision politique reste marginale.

2.3.4. Genre et Education

Des disparités entre hommes et femmes existent à tous les niveaux dans l'accès à l'éducation, les filles étant à la traine, notamment dans l'enseignement secondaire. La fréquentation scolaire diffère selon le sexe, les filles étant moins scolarisées que les garçons.

Tableau 2.6 : Taux brute de scolarisation en 2007-2008

Provinces

TBS-Garçons

TBS-Filles

TBS-Total

Indice de parité

Kinshasa

93,4

95,6

94,5

1,02

Bas-Congo

97,4

85,1

91,3

0,87

Bandundu

100,4

86,7

93,6

0,86

Equateur

105,3

74,9

90,1

0,71

Kasaï-Oriental

107,7

91,0

99,4

0,84

Kasaï-Occidental

98,6

75,8

87,2

0,77

Katanga

85,8

67,8

76,8

0,79

Maniema

89,1

89,1

81,5

1,00

Nord-Kivu

106,4

93,0

99,7

0,87

Sud-Kivu

100,1

89,4

94,8

0,89

Province Orientale

101,3

84,6

93,0

0,83

Total

98,5

82,7

90,7

0,84

Source : Annuaire statistique de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel, année scolaire 2007-2008.

Concrètement, pour 100 garçons scolarisés au primaire, il y a eu à peine 82 filles en 2006-2007 et 84 en 2007-200864. Cette disparité n'est pas seulement au niveau global, elle s'observe également au niveau des provinces en dehors de la province de Kinshasa et du Maniema avec des indices de parité respectif de 1,02 et 1,00. Ce que renseigne bien le tableau ci-dessous.

64 CELLULE TECHNIQUE POUR LES STATISTIQUES DE L'ÉDUCATION, Annuaire statistique de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel, année scolaire 2007-2008, MINISTERE DE L'EPSP, RDC, 2008.

50

CHAPITRE III : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION
ENTRE PAUVRETE, SANTE ET GENRE EN RDC.

51

Ce chapitre a pour objectif principal d'étudier la relation pauvreté, santé partant d'une perspective de genre, à l'aide des informations de l'enquête démographique et de santé -EDS - de la RDC de 2007. De ce fait, après une brève présentation des considérations méthodologiques dans la première section, la deuxième section expose tout d'abord la spécification des variables, le modèle et les options économétriques. Ensuite, la troisième section présente les résultats.

3.1. Méthodes

De nombreux auteurs se sont intéressés aux déterminants de la mortalité des enfants de moins d'un an dans les pays en développement et notamment en Afrique subsaharienne65. Ces facteurs, qui sont de plusieurs ordres, ont fait l'objet de représentations schématiques ayant chacun un intérêt. DESGREES DU LOU66 propose une nomenclature qui les classe en trois grands groupes : les variables démographiques, les variables socio-économiques et les variables communautaires. Notons que la mortalité, avec des indicateurs tels que l'espérance de vie à la naissance ou le quotient de mortalité infantile, est une des caractéristiques de la pauvreté.

SEN estime que l'étude de la mortalité en relation avec le bien-être des individus est importante à plusieurs égards. D'une part, en raison de l'importance intrinsèque que l'on accorde à la vie, puisque la plupart des Capabilités67 que nous valorisons sont contingentes au fait d'être vivant. D'autre part, les données sur la mortalité par âge peuvent constituer une approximation des échecs ou des réalisations auxquels les individus attachent une certaine importance.

65 BARBIERI, M., Les déterminants de la mortalité des enfants dans le tiers-monde, in les dossiers du CEPED, Paris, 1991 ; N°18, pp.10-30.

66 DESGRÉES DU LOÛ A., PISON G., Le rôle des vaccinations dans la baisse de la mortalité des enfants au Sénégal, in Population, 1995 ; 50(3): pp.591-620.

74 Chez Sen, les Capabilités représentent la capacité qu'ont les individus de faire ou d'être et de l'étendue de la liberté dont ils jouissent pour mener le mode de vie qu'ils ont raison de valoriser.

52

Indiscutablement, la mortalité peut être due à des facteurs en liaison avec la pauvreté des conditions de vie - Capabilités.

Pour analyser les déterminants de la mortalité des enfants en RDC, nous avons utilisé un modèle de régression logistique. Le choix du modèle est dicté par la nature de la variable dichotomisée dépendante quantitative : le taux de mortalité infantile. Le caractère dichotomique de la variable dépendante pose plusieurs problèmes à l'estimation par les moindres carrés en violant certaines hypothèses de base, notamment68:

? Le terme d'erreur ne suit pas une loi de distribution normale ;

? Les erreurs sont corrélées aux variables explicatives entraînant ainsi une efficience des estimateurs ;

? Les valeurs estimées de la variable dépendante se trouvent parfois hors de l'intervalle [0,1].

En outre, la régression logistique est le modèle indiqué lorsqu'on s'intéresse à la probabilité d'arriver d'un événement étudié, le but étant de savoir parmi différentes variables, lesquelles influencent fortement la probabilité de l'événement et celles qui l'influent à peine. Dans notre cas, il s'agit d'expliquer la probabilité de décéder de l'enfant, les caractéristiques de l'enfant et de la mère étant connues. Nous recherchons, parmi ces facteurs, ceux qui influent le plus sur le risque de décès des enfants avant un an. Pour ce faire, nous avons eu recours

aux données de l'enquête démographique et de santé (EDS) réalisée en 2007
par l'Institut National de la statistique (INS) de la RDC. Notre modèle de régression logistique a été l'aide du logiciel économétrique Eviews 5.0

68 KEBELA KEBELA P., Santé pour tous : Identification des facteurs explicatifs de l'accessibilité aux soins de santé dans la Commune de Ngaba, in Afrique et Développement, Faculté d'Économie et Développement, Facultés Catholiques de Kinshasa & Faculté Universitaire Saint Ignace d'Anvers (UFSIA), Observatoire d'Économie Politique et de Développement Humain, 2004.

53

3.2. Spécifications des variables

Notre modèle vise à expliquer le décès ou non durant l'enfance. Les variables d'analyse découlent des questionnaires de l'EDS-RDC.

3. 2.1. Variable dépendante

Nous avons retenu comme variable à expliquer le taux de mortalité infantile. Dans les questionnaires de l'EDS, la question relative à la survie de chaque enfant né vivant par femme en âge de procréer permet de distinguer les enfants survivants des enfants décédés. Ces différentes données permettent à partir de la date de naissance des enfants de constituer les indicateurs de notre variable dépendante.

La mortalité infantile mesurée par la variable dichotomique Mij prenant la valeur 1 si l'enfant est décédé entre la naissance et le premier anniversaire et la valeur 0 si non.

3.2.2. Variables explicatives

Partant de la classification de DESGREES DU LOU, nous avons regroupé les variables explicatives en trois grands groupes que sont les variables démographiques, les variables socio-économiques et les variables communautaires.

54

Tableau 3.1 : Liste des variables explicatives

Catégories des variables

Variables

Modalités retenues

Variables démographique

Instruction de la mère

Primaire

Secondaire

 

Age de la mère

25-29ans 30-34ans 35-39ans 40-44ans 45-49ans

 

Instruction du père

Primaire
Secondaire

Variables socio-économique

Femme chef de ménage
Homme chef de ménage

-

-

 

Niveau de vie du ménage

Moyen
Pauvre

Variables communautaires

Vaccination
Diarrhée

-

-

Notons que dans le présent travail, la pauvreté est mesurée à l'aide d'un indice de richesse construit à partir des caractéristiques du logement (eau potable, les installations sanitaires, nature des murs et du sol, le mode d'éclairage, etc.) et des biens durables du ménage. Calculé à l'aide d'une analyse en composante principale (ACP) non linéaire, l'indice de richesse sert donc de proxy pour évaluer le statut économique du ménage. Pour les besoins de l'analyse, l'indice de richesse a été décomposé en trois variables binaires (riches, moyens, pauvres) dont deux seront introduites dans les estimations (moyens et pauvres).

3.3. Résultats et discussions

Les valeurs numériques des coefficients n'ont pas d'interprétation directe mais leurs signes (positifs ou négatifs) sont interprétables1. Le signe permet de savoir si la probabilité de la mortalité des enfants est une fonction croissante ou décroissante de la variable explicative correspondante (toutes

u :

choses égales par ailleurs).

55

Tableau 3.2 : Résultats de la régression du modèle Logit.

VARIABLES

MODELE 1 MODELE 2

 

Coefficient

z-Statistic

OR69 Coefficient

z-Statistic

OR

Variables démographique

 
 
 
 
 

Instruction de la mère

 
 
 
 
 

Primaire
Secondaire

-0.472095*

-0.440080*

-4.688159

-4.541419

0.623 -0.396073*

0.643 -0.319994*

-3.941054

-2.051971.

0.672

0.726

Age de la mère

 
 
 
 
 

25-29ans 30-34ans 35-39ans 40-44ans 45-49ans

-0.091194* 0.997937* 0.293913* 1.339572*

1.150813

-0.497608 1 .4070 4.89951 14.62827 19.73462

0.912 -0.126484*

2.712 0.672484*

1.341 0.201744*

3.817 1.401713*

3.160 0.790567

-0.773555

0 .670807

1.175132

5.325968

9.62311

0.881 1.955 1.223 4.062 2.204

Instruction du père

 
 
 
 
 

Primaire
Secondaire

-0.256288*

-0.214517*

-1.482319

-1.221069

0.773 -0.250447*

0.806 -0.230410*

-1.287459

-0.205762

0.778

0.794

Variables socio-économiques

 
 
 
 
 

Femme chef de ménage
Homme chef de ménage

0.318594*

-0.292770*

10.13763

-5.109573

1.375 0.774526*

0.745 -0.063363*

10.16940

-5.194884

2.169

0.938

Niveau de vie du ménage

 
 
 
 
 

Moyen
Pauvre

0.080028*

0.225563*

1.198512

0.291590

1.083 0.092788*

1.253 0.249900*

0.725772

0.635361

1.097

1.284

Variables communautaires

 
 
 
 
 

Vaccination
Diarrhée

0.032129

0.031280

0.774992

0.460154

1 -

1 -

-

-

-

-

Log de Vraisemblance - 1879.2308 -1879.6621

Source : estimations obtenues à partir des données EDS-RDC, 2007.

(*) indique que le coefficient est significativement différent de zéro au seuil de 5%.

Le tableau 3.2 reprend les résultats de la régression logistique de la variable taux de mortalité infantile sur les variables démographiques (Instruction de la mère, Age de la mère, Instruction du père), socioéconomiques (Femme chef de ménage, Homme chef de ménage, et Niveau de vie), et communautaires (Vaccination et Diarrhée).

69 OR (Odds ratio) sont le rapport des probabilités données ou encore le rapport des chances.

Il se calcule par : OR= ( )=ez

56

Le modèle I est obtenu en estimant le logit de la mortalité des enfants à partir des toutes les variables auxquelles le taux de mortalité des enfants est associé. Ce modèle renseigne que les variables communautaires (Vaccination et diarrhée) sont non-significative. Cela s'explique par une couverture vaccinale assez élevée pour les enfants avant leur premiers anniversaires soit 72% 70 et du fait que la plupart des cas de diarrhée n'étant pas enregistré.

Cependant, le modèle II est obtenu en estimant le logit de la mortalité infantile après avoir éliminé les variables non-significatives qui sont des variables communautaires à savoir : la Vaccination et la Diarrhée qui représentent les variables communautaires. A la lecture des résultats obtenus, les variables Instruction de la mère, Age de la mère, Instruction du père ; Femme chef de ménage, Homme chef de ménage et Niveau de vie expliquent significativement la mortalité infantile.

Par ailleurs, le modèle I et le modèle II ne sont pas différent comme l'atteste le test du rapport de vraisemblance :

2* [-LogVR1-(-LogVR2)] =2*[-1879,6621-(-1879,2308)]= -0,862

Le Chi2 de la table est ÷2 (0,05 ; dl=26) = 38,885 ; Ainsi, La valeur de Chi2 étant supérieure à celle du rapport de vraisemblance (38,885>-0,862), de ce fait le modèle I ne se diffère pas du modèle II. D'où l'indifférence qu'il y a dans ce cas, quant au choix du modèle à retenir. Par principe de parcimonie, nous choisissons le modèle II. Ainsi, la mortalité infantile dépend de l'Instruction de la femme, l'Age de la femme, l'Instruction de l'homme, la femme chef de ménage, l'homme chef de ménage et le niveau de vie.

En outre, l'estimation économétrique des déterminants de la mortalité infantile fournit des résultats intéressants qui appellent les commentaires ci-après.

70 MINISTERE DU PLAN, Enquête Démographique et de santé, RDC, 2007, pp.502.

57

Premièrement, s'agissant des variables individuelles, on constate que le niveau d'instruction de la mère ; et celui du père sont inversement reliés au taux de mortalité des enfants, ce que renseigne le signe négatif associé à leurs coefficients respectifs. A cet effet, la mère et le père ayant fait des études secondaires ont respectivement 0,726 et 0,794 fois plus de chance de faire baisser la mortalité infantile qu'une mère et un père qui n'ont fait que l'école primaire. Nos résultats sur l'effet positif de l'instruction de la mère sur l'état sanitaire de l'enfant sont comparables à ceux obtenus pour d'autres pays en développement comme les Comores71 et la Côte d'Ivoire72.

En ce qui concerne l'âge de la mère, il exerce une influence significative sur la mortalité des enfants. En effet, les estimations par le logit confirment le fait que plus la mère est âgée, plus l'enfant une grande probabilité de décéder. Ainsi, pour un enfant dont la mère est âgée de 40-44ans ; le risque qu'il décède est de 4,062 fois. Tandis que pour la mère âgée de 25-29ans, le risque de décès de l'enfant est 0,881 fois.

Deuxièmement, toutes les variables socioéconomiques semblent avoir un impact significatif sur la mortalité infantile. Ainsi, alors qu'un ménage dirigé par une femme a 2,169 fois de chance d'avoir de cas de décès infantile celui géré par un homme, a 0,938 fois de chance de connaitre de cas décès infantile. La comparaison faite entre un ménage dirigé par une femme et un ménage dirigé par un homme renseigne que le second a 1,231 fois plus de chance de ne pas connaitre de cas de décès infantile. De ce fait, la mortalité des enfants est liée au sexe du chef de ménage. Ce qui confirme la première hypothèse faite à l'introduction de ce travail.

71 LACHAUD, J.-P., Modélisation des déterminants de la mortalité des enfants et pauvreté au Comores , in Pauvreté monétaire et privations des capacités en Afrique. Contribution à l'analyse des interactions, Pessac, Centre d'économie du développement, 2002.

72 ESSO, J.-C., « Les déterminants de la mortalité des enfants de moins de cinq ans en Côte d'Ivoire » in European Scientific Journal January, vol.9, N°.2, 2013.

58

Quant aux variables relatives au Niveau de vie, elles sont statistiquement significatives. Ainsi, un enfant issu d'un ménage pauvre a 1,284 fois de chance de décéder contrairement à un enfant appartenant à un ménage moyen dont la probabilité de décès est de 1,097. A cet égard, il s'observe que le niveau de vie du ménage a une incidence sur la mortalité infantile. Ces résultats viennent confirmer la deuxième hypothèse qui fonde cette recherche.

CONCLUSION

60

De nombreux travaux ont étudié les effets de la pauvreté sur la santé. Dans cette recherche, l'objectif principal était d'examiner l'influence de la pauvreté sur la santé en RDC partant d'une approche genre.

Pour mieux appréhender cette problématique, nous avons formulé une question de recherche, celle de savoir quel est l'influence de la pauvreté sur la santé dans une perspective de genre ? Partant de cette question d'étude, nous avons émis deux hypothèses suivantes : La mortalité des enfants est liée au sexe du chef de ménage, Le niveau de vie du ménage a une incidence sur la mortalité des enfants.

Comme méthodologie de recherche, nous avons recouru à trois types de méthode à savoir : la méthode systémique, la méthode descriptive et la méthode explicative. En outre, ces méthodes se sont accompagnées des techniques documentaires et économétriques.

Notre travail a été réparti en trois chapitres. Le premier chapitre a présenté les généralités sur la pauvreté, la santé et le genre ; le deuxième chapitre a porté sur l'analyse de la pauvreté, de la santé et du genre en RDC; enfin le troisième chapitre analyse empiriquement la relation entre la pauvreté, la santé et le genre en RDC.

Ainsi, l'analyse empirique faite à partir du modèle logit de la variable taux de mortalité infantile sur les variables : démographiques (Instruction de la mère, Age de la mère, Instruction du père), socioéconomiques (Femme chef de ménage, Homme chef de ménage, et Niveau de vie), et communautaires (Vaccination et Diarrhée) a attesté que seules les variables : démographiques (Instruction de la mère, Age de la mère, Instruction du père), socioéconomiques (Femme chef de

61

ménage, Homme chef de ménage et Niveau de vie) expliquent significativement la mortalité infantile.

En effet, l'Instruction de la mère et du père a un effet positif sur la mortalité infantile. A cet égard, la mère et le père ayant fait des études secondaires ont respectivement 0,726 et 0,794 fois plus de chance de faire baisser la mortalité infantile qu'une mère et un père qui n'ont fait que l'école primaire. De ce fait, l'impact de l'Instruction secondaire est plus significatif.

En ce qui concerne l'Age de la mère, il exerce une influence significative sur la mortalité des enfants. En effet, la mortalité des enfants s'accroit avec l'Age de la mère. Ainsi, pour un enfant dont la mère est âgée de 40-44ans ; le risque qu'il décède est de 4,062 fois. Tandis que pour la mère âgée de 25-29ans ; le risque de décès de l'enfant est 0,881 fois.

Par ailleurs, les variables socioéconomiques ont une influence sur la mortalité des enfants. Les estimations économétriques rapportent qu'un ménage dirigé par une femme a 2,169 fois de chance d'avoir de cas de décès infantile. Par contre, celui géré par un homme, a 0,938 fois de chance de connaitre de cas décès infantile. La comparaison faite entre un ménage dirigé par une femme et un ménage dirigé par un homme renseigne que le second a 1,231 fois plus de chance de ne pas connaitre de cas de décès infantile. Ce qui confirme la première hypothèse de ce travail.

Toutefois, l'un des résultats empiriques auxquels nous sommes parvenus dans ce travail révèle que les variables relatives au Niveau de vie ont une incidence sur la mortalité infantile. Ainsi, un enfant issu d'un Ménage pauvre a 1,284 fois de chance de décéder contrairement à un enfant appartenant à un Ménage moyen

62

dont la probabilité de décès est de 1,097. Ces résultats viennent confirmer la deuxième hypothèse de ce travail.

Ainsi, nous formulons les recommandations suivantes à l'endroit du gouvernement et des autorités sanitaires :

- Mettre en place des politiques qui encouragent les femmes à procréer pendant leurs jeunes âges ;

- Mettre en place des politiques qui prennent davantage en compte l'amélioration du bien-être des femmes et des enfants, et leur accès aux services de santé ;

- Assurer la continuité des efforts en matière de santé communautaire, et ce à travers les différents programmes en cours dans le secteur de la santé ;

- Définir des politiques de lutte contre la pauvreté intégrant des volets sanitaires qui visent prioritairement un plus grand accès des populations aux services de santé notamment l'instauration de l'assurance maladie sinon de mutuelles de santé.

Ce qui, en effet, tendra à réduire les taux de décès des enfants en RDC et à permettre l'accès de tous aux soins de santé.

Nous espérons avoir contribué à étendre le champ de la connaissance concernant les liens entre la pauvreté et la santé et ce, dans une approche de genre puisque les travaux empiriques dans ce domaine restent peu développés en RDC. Cela ouvre d'ailleurs la voie à d'autres chercheurs pour des investigations approfondies sur cette thématique.

63

BIBLIOGRAPHIE

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http://www.observatoiredelaparite.org/spip.php?rubrique2

51) MUKOKO, S., lutte contre la pauvreté en RDC : Mythes et réalités, in La lutte contre la pauvreté, la prévention des crises, le développement socio-économique et la démocratie, ACESM, 2002, pp.111-124.

52) RIDDE, V., L'initiative de Bamako 15 ans après, un agenda inachevé, in Health Nutrition and Population (HNP), Discussion Paper, World Bank, Washington, 2004.

53) WAGSTAFF, A., Pauvreté et Inégalités dans le secteur de la santé, in Bulletin de l'OMS, Recueil d'articles N° 7, 2002. Disponible sur http//:www.cmhealth.org/wg1_paper5.pdf

IV. Webographie

54) http://www.africaneconomicoutlook.com

55) http//: www.basedesdonnees.banquemondiale.org

56) http://www.cifdi.francophonie.org/genre/index.htm

57) http://www.ec.europa.eu/comm/europeaid/projects/gender/toolkit_2006/fr/in dex_fr.htm

58) http://www.fao.org/sd/seaga/index_fr.htm

59) http : // www.fr.wikipedia.org

60) http://www.ipu.org/wmn-e.

61) http://www.mehdi-mehdy.blogspot.com/economie-de-la-sante

62) http://www.portal.unesco.org/fr/ev.php_URL_ID=3160&URL_DO=DO_TOPIC&U RL_SECTION_201. Html

63) http://www.unaids.rog

64) http://www.uneca.org/fr/fr_main.htm

65) http//:www.wereldvrouwenmars.be

ANNEXES

71

Tableau A1 : Les résultats de la régression logistique (MODELE I)

Dependent Variable: TMI

Method: ML - Binary Logit (Quadratic hill climbing)

Date: 04/01/14 Time: 18:48

Sample (adjusted): 6 4323

Included observations: 1703 after adjustments

Convergence achieved after 5 iterations

Covariance matrix computed using second derivatives

Variable

Coefficient

Std. Error

z-Statistic

Prob.

C

-1.658568

0.557850

-2.973142

0.0029

Variables démographique

 
 
 
 

Instruction de la mère

 
 
 
 

Primaire
Secondaire

-0.472095

-0.440080

0.100699

0.096904

-4.688159

-4.541419

0.0235

0.0300

Age de la mère

 
 
 
 

25-29ans 30-34ans 35-39ans 40-44ans 45-49ans

-0.091194 0.997937 0.293913 1.339572 1.150813

0.183264 1.409908 0.454905 0.091574 0.058314

-0.497608 1 .4070 4.89951 14.62827 19.73462

0.0318 0.0439 0.0198 0.0062 0.1928

Instruction du père

 
 
 
 

Primaire
Secondaire

-0.256288

-0.214517

0.172897

0.175679

-1.482319

-1.221069

0.001o

0.0401

Variables du ménage

 
 
 
 

Femme chef de ménage
Homme chef de ménage

0.318594

-0.292770

0.0 31427

0.057298

10.13763

-5.109573

0.0420

0.0345

Niveau de vie du ménage

 
 
 
 

Moyen
Pauvre

0.080028

0.225563

0.066773

0.773564

1.198512

0.291590

0.0039

0.0466

Variables communautaires

 
 
 
 

Vaccination
Diarrhée

0.032129

0.031280

0.041458

0.067976

0.774992

0.460154

0.6283

0.7263

Mean dependent var

0.150910

S.D. dependent var

0.358066

S.E. of regression

0.356102

Akaike info criterion

0.842600

Sum squared resid

215.0677

Schwarz criterion

0.864961

Log likelihood

-1879.2308

Hannan-Quinn criter.

0.850877

72

Restr. log likelihood

-1784.9384

Avg. log likelihood

-0.417189

LR statistic (26 df)

1263.6894

McFadden R-squared

0.57923

Probability(LR stat)

0.000557

Obs with Dep=0

1446

Total obs 1703

Obs with Dep=1

257

73

Tableau A2 : Les résultats de la régression logistique (MODELE II)

Dependent Variable: TMI

Method: ML - Binary Logit (Quadratic hill climbing)

Date: 04/01/14 Time: 19:46

Sample (adjusted): 6 4323

Included observations: 1703 after adjustments

Convergence achieved after 5 iterations

Covariance matrix computed using second derivatives

Variable

Coefficient

Std. Error

z-Statistic

Prob.

C

-1.037686

0.523233

-1.98322

0.0001

Variables démographique

 
 
 
 

Instruction de la mère

 
 
 
 

Primaire
Secondaire

-0.396073

-0.319994

0.100499

0.155945

-3.941054

-2.051971

0.0020

0.0400

Age de la mère

 
 
 
 

25-29ans 30-34ans 35-39ans 40-44ans 45-49ans

-0.126484 0.672484 0.201744 1.401713 0.790567

0.163510 1.002500 0.171678 0.263185

0.082153

-0.773555

0 .670807

1.175132

5.325968

9.62311

0.0301 0.0433 0.0038 0.0092 0.2131

Instruction du père

 
 
 
 

Primaire
Secondaire

-0.250447

-0.230410

0.194528

1.119793

-1.287459

-0.205762

0.0011

0.0422

Variables du ménage

 
 
 
 

Femme chef de ménage
Homme chef de ménage

0.774526

-0.063363

0.076162

0.012197

10.16940

-5.194884

0.0486

0.0346

Niveau de vie du ménage

 
 
 
 

Moyen
Pauvre

0.092788

0.249900

0.067343

0.393321

0.725772

0.635361

0.0143

0.0208

Mean dependent var

0.150910

S.D. dependent var

0.358066

S.E. of regression

0.364422

Akaike info criterion

0.86836

Sum squared resid

408.0677

Schwarz criterion

0.88034

Log likelihood

-1879 .6621

Hannan-Quinn criter.

0.80141

Restr. log likelihood

-1745.3527

Avg. log likelihood

-0.38458

LR statistic (26 df)

1179.7021

McFadden R-squared

0.5903

74

Probability(LR stat)

0.000587

Obs with Dep=0

1446

Total obs 1703

Obs with Dep=1

257

Figure A1 : Niveau de vie des ménages en termes d'actifs : analyse en composante principale - EDS-RDC, 2007.

Coordonnées factorielles

75

TABLE DES MATIERES

Résumé i

Epigraphie ii

Dédicace iii

Remerciements iv

Abréviations vi

Listes des tableaux et figures viii

INTRODUCTION....................................................................................1

0.1. Problématique.............................................................................2

0.2. Objectifs..........................................................................................9

0.3. Hypothèse de recherche

...............................................

 

.............9

 

0.4. Intérêt et justification du sujet du sujet

 

.....................9

 

0.5. Méthodologie du travail...............................................................10

0.6. Structure du travail.....................................................................10

CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LA PAUVRETE, LA SANTE ET LE GENRE... .11

1.1. Pauvreté...................................................................................12

1.1.1. Pauvreté monétaire......................................................................12

1.1.2. Pauvreté humaine............................................................

13

1.2. Santé.......................................................................................15 1.2.1. Déterminants de la santé.............................................................16

1.2.1.1. Style de vie.................. .......................................................16

1.2.1.2. Hygiène..................................................................................16

1.2.1.3. Environnement.........................................................................17

1.2.2. Système de santé......................................................................17

1.2.2.1. Définition...............................................................................17 1.2.2.2. Caractéristiques du système de santé............................................18

b) Le secteur privé (lucratif et non-lucratif)...................................42

76

1.2.2.3. Système de santé dans le monde.................................................19

a) Systèmes libéraux.................................................................19

b) Systèmes nationalisés............................................................19

c) Systèmes intermédiaires.........................................................20

1.3. Genre......................................................................................22

1.3.1. Signification du concept genre.......................................................22

1.3.2. Approche genre et développement......................... ......... 24
1.3.3. Approche d'intégration des femmes pour le développement.................25

1.3.3.1. Organisation des Nations Unies (ONU).................................... 26
1.3.3.2. Organisation de coopération et de développement économique

(OCDE).................................................................................27 1.3.3.3. Organisation internationale de la Francophonie (OIF).......................28

1.3.3.4. Union Européenne (UE)............................................................29

CHAPITRE 2 : ANALYSE DE LA PAUVRETE, DE LA SANTE ET DU GENRE EN

RDC............ ............................................................................31

2.1. Généralités sur la pauvreté congolaise........................................

32

2.1.1. Etat des lieux.............................................................................32 2.1.2. Causes de la pauvreté.................................................................33 2.1.2.1. Mauvaise gouvernance et corruption............................................33

2.1.2.2. Chômage..............................................................................35

2.1.2.3. Redistribution...................................................... .............36

2.2. Situation de la santé en RDC....................................... ...................37

2.2.1. Evolution des indicateurs des OMD liés à la santé...... ...................37
2.2.2. Politique sanitaire......................................................................38 2.2.2.1. Politique nationale de santé......................................................38 2.2.2.2. Organisation du système de santé..............................................40

a) Le secteur public

.................................... ......................40

77

2.2.2.3. Financement du système de santé..............................................43

2.3.

Genre en RDC...........................................................................45

2.3.1.

Genre et Santé .....................................................................46

2.3.2.

Genre et économie.....................................................................47

2.3.3.

Genre et gouvernance politique...................................................48

2.3.4.

Genre et éducation.....................................................................49

CHAPITRE 3 : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION PAUVRETE, SANTE ET

GENREEN RDC.................. ........................................................50

3.1. Méthodes...................................................................................51

3.2. Spécifications des variables............................................................53

3.2.1. Variable dépendante............ ...................................................53

3.2.2. Variables explicatives....................................................................53

3.3. Résultats et discussions..................................................................54

CONCLUSION.................................................................................59

BIBLIOGRAPHIE........................................................................ 63

ANNEXES............... ..................................................................70

TABLES MATIERES...........................................................................77






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe