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Pauvreté, santé et genre en RDC.

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par Darly KAMBAMBA Kambamba
Université de Kinshasa - Master en Economie publique 2013
  

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INTRODUCTION

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0.1. Problématique

Le premier des objectifs du millénaire pour le développement est de réduire l'extrême pauvreté et la faim afin que chaque personne puisse, où qu'elle habite dans le monde, satisfaire ses besoins essentiels : santé, nutrition, logement décent, éducation, etc. Depuis 2008, le nombre des personnes vivant sous le seuil d'extrême pauvreté dans le monde s'est réduit de 1,9 milliard à un peu moins de 1,3 milliard entre la période 1981 et 20081. Une évolution d'autant plus positive que dans le même temps, la population mondiale s'est accrue. Ainsi, le taux d'extrême pauvreté a été réduit de moitié : 22,4% de la population mondiale vit avec moins de 1,25 USD par jour contre 52,2% au début des années 1980. En réalité, ces avancées sont maigres puisque même si le seuil international de la pauvreté est revu ; la planète comptera toujours un lot important des pauvres. Ce qui prouve que la pauvreté demeure à ce jour un problème majeur. Elle touche le monde en développement tout comme les pays développés. A cet effet, COHEN, écrit : «les vieilles nations occidentales sont ainsi rattrapées par un mal dont elles se croyaient guéries, le paupérisme »2.

Par ailleurs, la pauvreté dépend de la conception que l'on se donne des besoins humains. Pour dire qu'il n'existe pas de définition générique de la pauvreté3. De plus en plus, la pauvreté est définie comme la privation des capacités fondamentales c`est-à-dire les différentes choses qu'une personne aspire à faire ou à être plutôt que la simple insuffisance de revenus4. La définition retenue comme référence par l'Union européenne datant de 19845 est : « Par pauvres, on entend les personnes, familles ou groupes de personnes dont les ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont si limitées qu'elles sont exclues du niveau

1 Disponible sur http//: basedesdonnees.banquemondiale.org

2 COHEN, D., Richesse du monde, Pauvreté des nations, Paris, éd. Champs Flammarion, 2012.

3 KAMBAMBA, D., RDC : Pourquoi tant de pauvreté ?, in Le potentiel, n05667, Jeudi 21 juin 2012, pp.3.

4 WORLD BANK, world developement report 2000/2001: attacking poverty, Washington, 2000.

5 CENTRE DE DEVELOPPEMENT DES RESSOURCES POUR L'EMPLOI, la pauvreté, la précarité et l'exclusion : état de lieux en Franche-Comté, Paris, 2005.

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de vie minimal reconnu comme acceptable dans l'Etat membre où ils vivent ». Outre, dans son rapport sur le développement humain de 1997, le PNUD introduit le concept « pauvreté humaine 6». Dans ce rapport, la pauvreté est considérée comme « la négation des opportunités et des possibilités de choix les plus essentielles au développement humain : longévité, santé, créativité, mais aussi conditions décentes, dignité, respect de soi-même et des autres, accès à tout ce qui donne sa valeur à la vie »7. Mais elle est avant tout une privation des capacités élémentaires8.

Au nombre des défis majeurs à relever dans les pays pauvres, il y a l'amélioration de la santé, et notamment celle de la mère et de l'enfant. En effet, la situation sanitaire des pays pauvres est très loin d'être reluisante. Pour preuve, dans son rapport de 2008 sur la situation des enfants dans le monde, l'UNICEF9 fait remarquer que les deux tiers de tous les décès maternels surviennent dans 10 pays-pauvres seulement, et l'Inde et le Nigéria regroupent à eux deux un tiers des décès maternels de la planète. Bien plus, dans ces pays la probabilité que les parents soient affligés par le chagrin plutôt que par la joie après une naissance est cinquante fois supérieure à celle des pays riches10. Par ailleurs, l'OMS11 estime à 88 décès pour milles naissances vivantes dans les pays en voie de développement. Dans les pays développés, cette statistique est de 9 morts pour milles naissances vivantes. Les estimations par région du taux de mortalité des enfants de moins de

6 L'indicateur élaboré à l'occasion à savoir l'Indicateur de Pauvreté Humaine (IPH) ne saisit pas la totalité des aspects du concept pauvreté.

7 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Rapport Mondial Sur le Développement Humain, Paris, éd. Economica, 1997.

8 SEN, A., Un nouveau modèle économique : développement, justice, liberté, Paris, éd. Odile Jacobs, 2000.

9 FONDS DES NATIONS UNIES POUR L'ENFANCE (UNICEF), Rapport sur la situation des Enfants dans le Monde, New-York, 2008.

10 EASTERLY, M., Les pays pauvres sont-ils condamnés à le rester ?, Paris, éd. EYROLLES, 2007, pp.19.

11 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Rapport sur la santé dans le monde : Donnons la chance à chaque mère et à chaque enfant, Genève, 2005.

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cinq ans variaient entre 9 morts par naissance vivante et 172 morts par naissance vivante pour l'Afrique Subsaharienne. Outre, 98% des décès néonatals sont observés dans les pays à revenu faible et intermédiaire alors que seulement 2% est observé dans les pays à revenu élevé12. En Afrique subsaharienne l'on déplore la dégradation de la situation sanitaire. A cet égard les dix derniers pays en 2013 où les conditions d'accouchement et de naissance sont médiocres sont tous d'Afrique subsaharienne13. En surenchère, le nombre d'enfants trop maigres est passé de 29 millions en 1997 à 37 millions en 2003 dans cette partie du monde14.

Dans les pays pauvres, les femmes en âge de procréer sont nombreuses à mourir - d'ailleurs, l'OMS observe que plus de 99% des décès maternels survenant chaque année ont lieu dans les PED. La moitié d'entre eux surviennent en Afrique subsaharienne soit 265.000 à cause principalement des complications liées à la grossesse et à l'accouchement15. En RDC, il s'observe un risque de mortalité élevé, notamment lors de l'accouchement. Selon le rapport « survey the first day, 2013 » de l'ONG internationale Save The Children, une mère sur 30 risque de mourir en RDC en raison de problèmes de santé liés à la maternité et notamment à l'accouchement.

Les causes principales de ces décès ainsi que du mauvais état de santé des femmes sont de plusieurs ordres dont : (i) les complications pendant la grossesse (ii) l'âge prématuré des mères qui donnent naissance ainsi que l'analphabétisme qui frappe la majorité d'entre elles (iv) les infections (v) le faible recours aux moyens contraceptifs couplé à l'absence de toute planification familiale (vi) une pénurie de travailleurs médicaux qualifiés. Dans le même registre, le nombre

12 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), La santé et les objectifs du millénaire pour le développement, Genève, 2005.

13 SAVE THE CHILDREN, Surviving The First Day - State of the World's Mothers, London, 2013.

14ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Op.cit.

15 KAMBAMBA, D., KONSO, B., RDC : Le pire de pays pour être mère en 2013 Disponible sur http://www.oeildafrique.com/rdc-le-pire-des-pays-pour-etre-mere-en-2013 consulté le 22 Mai 2013.

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annuel de décès maternels à l'échelon mondial en 2009 se situait au-delà de 500 00016.

La mortalité maternelle reste un problème obstinément insoluble. Alors que le nombre de décès d'enfants de moins de 5 ans a fléchi dans le monde - passant d'environ 13 millions en 1990 à 9,2 millions en 2007 - La plupart des femmes souffrent des maladies infectieuses, traumatismes, etc. En plus, le risque de mortalité maternelle sur la vie entière pour une femme d'un des pays les moins avancés est 300 fois plus élevé que pour une femme qui vit dans un pays industrialisé.

En 1970, Esther Boserup17, dévoilait combien les politiques de développement économique négligeaient les problèmes spécifiques de femmes et plus encore leur participation à la vie économique. Ces travaux ont le mérite de focaliser l'attention de l'ensemble des pays sur la condition féminine. La forte augmentation d'analyses, d'études et de publications sur les femmes du Tiers Monde en dit long.

Deux approches sont nées concernant le genre. D'une part, l'approche Genre et Développement qui insiste sur les contraintes et les pouvoirs...inégaux qui maintiennent les femmes dans une situation d'infériorité sur le plan socio-économique. D'autre part, l'approche Intégration des Femmes pour le Développement qui tentait d'intégrer les femmes dans le processus de développement existant, afin de les rendre plus efficientes et efficaces.

16 FONDS DES NATIONS UNIES POUR L'ENFANCE (UNICEF), Rapport sur la situation des enfants dans le monde : la santé maternelle et néonatale, New-York, 2009.

17 AUROI C., CASTILLO Y., L'empowerment des femmes dans les organisations de commerce équitable : une proposition méthodologique, Genève, UCL/Presses Universitaires de Louvain, 2006.

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Au loin de ces approches, la réalité des femmes est toute autre. Le nombre de femmes parlementaires n'atteint pas encore 14 % à l'échelle mondiale18. A l'échelle planétaire, 1 % de la population la plus riche dispose d'un revenu égal au revenu total de 60 % de la population la plus pauvre, dont 2/3 des femmes19. 854 millions d'adultes ne savent ni lire ni écrire ; 2/3 d'entre eux sont des femmes. 60% des 130 millions d'enfants qui n'ont pas accès à l'éducation de base sont des fillettes. Dans les pays en voie de développement en moyenne 58 % des filles vont à l'école secondaire, contre 62 % des garçons.

En plus il y a des violences faites aux femmes. En RDC, 64% des femmes de plus de 15 ans déclarent avoir été victime de violence depuis cet âge et 49% déclarent avoir subit des violences dans l'année écoulée20.

Il est une évidence que la pauvreté et la santé vont de pair. En matière de santé comme le note Wastagaff21, les pays pauvres tendent à réaliser de moins bons résultats que les pays riches et à l'intérieur d'un même pays, les pauvres se portent en moins bonne santé que les riches et meurent plus jeunes que le reste de la population. Leurs taux de mortalité maternelle et infantile et l'incidence de la maladie sont en moyenne plus élevés que dans les autres catégories, avec un accès plus limités aux soins de santé et aux dispositifs de protection sociale22.

Pour les pauvres, en particulier la santé est aussi un actif économique de première importance, la clé de leur survie. De ce fait, lorsqu'un pauvre tombe

18 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Rapport Mondial sur le développement humain, New-York, 2008.

19 Disponible sur http//:www.wereldvrouwenmars.be

20 MINISTERE DU PLAN, Enquête Démographique et de santé, RDC, 2007.

21 WAGSTAFF, A., Pauvreté et Inégalités dans le secteur de la santé, in Bulletin de l'OMS, Recueil d'articles N0 7, 2002. Disponible sur http//: www.cmhealth.org/wg1_paper5.pdf

22 ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES (OCDE), ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Santé et pauvreté dans les pays en développement - les grandes lignes d'action, in Revue de l'OCDE, France, 2003. Disponible sur http//:www.oecd.org/publications/Pol_brief/index-fr.htm consulté le 22 Juillet 2013.

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malade, la famille risque de se trouver piégée dans un cercle vicieux de paupérisation face au coût élevé des soins médicaux. Dans ce contexte où les pauvres paient un lourd tribut de la maladie, l'amélioration de la santé permet de réduire la pauvreté. En ce sens, l'investissement dans la santé est un vecteur important de développement économique. Ce qui corrobore les conclusions des travaux de la Commission Macroéconomie et santé (CMS) de l'Organisation Mondiale de la Santé, qui ont mis en évidence les liens entre santé et développement économique.

En effet, l'investissement dans la santé permet l'augmentation de la productivité de la main d'oeuvre - les travailleurs en bonne santé, sont plus productifs et gagnent des salaires plus élevés. C'est ce que montrent les études qui établissent un lien entre les investissements dans la santé et la nutrition des jeunes d'une part, et les salaires des adultes d'autre part23.

Par ailleurs, l'amélioration de la santé conduit à l'accroissement de l'investissement national et étranger, du fait qu'il ouvre à des meilleures perspectives de croissance. C'est à cet égard que la Déclaration d'Alma Ata en 197824 visait de façon explicite l'amélioration de la santé des pauvres en demandant aux gouvernements de consacrer 15% de leur budget au secteur de la santé. Et qu'en 2000, la Déclaration du millénaire affirmait la nécessité de sortir les pays pauvres du piège de la pauvreté et de la mauvaise santé. Dans le même registre, le rapport des Nations-Unies de 2010 sur l'évaluation des OMD réaffirme l'idée selon laquelle les systèmes de santé doivent contribuer à la réduction de la pauvreté.

23 BLOOM, D., ET AL., Santé, richesse et bien-être, in Finances et développement, FMI, 2004.

24 ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ (OMS), Déclaration Alma-Ata, Genève, 1978.

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Ces dernières années, il a été beaucoup question dans les milieux universitaires et de développement, de la « féminisation de la pauvreté25 » et ce, pour montrer l'existence du lien entre la pauvreté et le genre. D'ailleurs de plus en plus fréquemment, les chercheurs intègrent cet aspect genre dans l'analyse de la pauvreté26.

Un rapport de l'OCDE et de l'OMS souligne que les inégalités entre hommes et femmes sont une cause majeure de pauvreté et de mauvaise santé. C'est ainsi qu'en RDC, la pandémie du VIH-SIDA continue de se féminiser. Soit 100 hommes touchés pour 178 femmes27. Signalons qu'en 2010, le pays a été 137 ième sur 138 pays en ce qui concerne les disparités entre le sexe28. On note en effet une ampleur importante de violences sexuelles faites à la femme, surtout dans le contexte des conflits sociaux et affrontement armés récurrents.

Somme toute, les lignes qui précédent montrent la relation qui existe entre la pauvreté et la santé. Mais aussi celle qui lie la pauvreté, la santé et le genre. De ce fait, cela nous offre la possibilité d'étudier l'influence de la pauvreté sur la santé dans une perspective de genre.

Dans un contexte de médiocrité sanitaire et de pauvreté galopante, il sied de s'interroger sur les éventuelles conséquences de la pauvreté sur la santé en RDC. Cela étant, notre étude voudrait répondre à la question suivante : quel est l'influence de la pauvreté sur la santé partant d'une approche genre en RDC ?

25 Expression apparue dans les années 1970 aux Etats-Unis dans le cadre du débat sur les mères célibataires et la protection sociale. Plus tard dans les années 80, ce concept sera lié à l'augmentation des ménages monoparentaux dirigés par des femmes et à la destruction de l'économie (surtout en Amérique latine et en Afrique subsaharienne) en période de programme d'ajustement structurel.

26 BADEN, S., MILWARD, K., Genre et Pauvreté, in Cahiers genre et développement, N0 3, Paris, éd. L'Harmattan, 2003.

27 PROGRAMME NATIONAL MULTISECTORIEL DE LUTTE CONTRE LE SIDA (PNMLS), Rapport National de suivi de la déclaration d'engagement, UNGASS, RDC, 2010.

28 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Rapport sur le développement humain, New-York, 2010.

29 PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT (PNUD), Les questions de genre révélées par l'approche participative de la pauvreté (APP), RDC, 2006.

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