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Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).


par Jacques Simo Djilo
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018
  

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1.1.3 La végétation, et les productions culturelles à Bandjoun

Les caractéristiques climatiques ont donné à Bandjoun une végétation spécifique. C'est un climat équatorial camérounien remarquable par sa fraicheur, des températures constantes et moyennement basses (dépassant rarement 22 et 230). Les minima atteignent rarement 130. Les précipitations sont abondantes (plus de 1600mm par an) avec une amplitude thermique faible. Ce climat est subdivisé en deux grandes saisons : une saison sèche appelée kap lem qui va de la mi- novembre à la mi- Mars et une longue saison de pluie appelée Kap So'o qui occupe le reste de l'année56(*).

Ce climat a donné à Bandjoun un couvert végétal que Jean Paul Notué décrit en ces termes : «  Alors que savane, bocages et prairies occupent le plateau, les forêts de galeries s'observent le long du Noun »57(*). Ces végétations ont subi un véritable coup de l'action anthropique. De cette forêt est issu le bois, élément primordial de la sculpture ou du savoir-faire endogène chez les Bandjoun. L'image suivante illustre la végétation de forêt de la chefferie Bandjoun. .

Photo 3: végétation de forêt autour de la chefferie Bandjoun

Source : Cliché Simo Djilo 12- 01- 2019 à Djouomhouo.

Cette image prise à quelques encablures de la chefferie (Djouomhouo) illustre clairement le premier spécimen végétal qu'on retrouve à Bandjoun. Elle se présente comme une forêt constituée des arbres de tailles variées et serrés traduisant un caractère ombrophile, hygrophile et sempervirente58(*). Après rapprochement avec le patrimoine culturel Bandjoun, on comprend rapidement que le développement de l'art du bois dans la chefferie Bandjoun trouvait déjà un terrain assez approprié pour son épanouissement. A base de cette matière première qu'est le bois de forêt, les artisans de Bandjoun ont bâti un patrimoine matériel extraordinaire constitué des Tam-tam, des tabourets, des poteaux sculptés...

Cette végétation de forêt humide, au-delà de fournir des matières premières nécessaires à la réalisation du riche patrimoine matériel Bandjoun, constitue également un atout plus ou moins essentiel dans une dimension patrimoniale immatérielle. En effet, certains arbres de cette forêt sélectionnés au crible de quelques critères fondamentaux jouent le rôle d'autel et de recueillement dans la spiritualité traditionnelle Bandjoun. De ce fait, ils sont considérés comme lieux saints, lieux réservés à Dieu, argument qui peut d'ailleurs se vérifier dans l'expression Tuep si(Place de Dieu). L'image qui suit met en exergue un Tuep si.

Photo 4: Lieux sacré (Tuep si)

Source : Cliché Simo Djilo 12- 01- 2019 à Hiala.

Ces images ci-haut présentent deux gigantesques arbres. L'épaisseur du tronc (photo gauche), la grosseur et la longueur des racines témoignent la puissante capacité de ces arbres à chercher l'eau souterraine. Ces arbres sont entourés par une autre espèce végétale appelée feken traduit littéralement «  arbre de paix ». A proximité de la partie basse on peut apercevoir des morceaux de roches basaltiques qui donnent une nette impression de coloration conséquence des sacrifices effectués. Cet espace sacré est selon le prêtre traditionnel (kam si) Tagne Jérôme l'un des sites sacrés les plus anciens du royaume Bandjoun. Il est situé à quelques pas de la chefferie et appartiendrait à un ancien dignitaire Bandjoun59(*).

Dans la chefferie Bandjoun comme dans toutes les autres unités politico-traditionnelles Bamiléké, la végétation de forêt est un outil indispensable pour l'affirmation du symbole sacré et mystérieux de la chefferie nommée forêt sacrée.

Autour des cours d'eaux qui arrosent le village Bandjoun, se dressent des forêts qualifiées de forêts de galeries60(*).

Photo 5: Foret de galerie à Bandjoun

Source : Cliché Simo Djilo 12- 01- 2019 à Djouomhouo.

Au regard de l'image ci-dessus, on remarque que l'essentiel de l'espèce végétale qui constitue les forets de galeries à Bandjoun est le kroh «  raphia ». Cette ressource naturelle a été utile aux artisans Bandjoun notamment dans la construction des cases traditionnelles, les clôtures des grandes concessions, les greniers externes, l'extraction du vin de Raphia...

L'une des végétations qui caractérise encore Bandjoun est la Savane herbeuse. Dans cette savane, le peuple Bandjoun trouve la matière première qu'est la paille tropicale pour l'édification des toitures des cases traditionnelles. L'image qui suit présente le sommet des cases traditionnelles à la chefferie Bandjoun pratiquement dans les années 1917.

Photo 6: Une toiture réalisée à base de la paille.

Source : les archives de la chefferie Bandjoun consultées le 14-03-2019.

Ces cases ci-dessus sont les prototypes des toutes premières cases de la chefferie Bandjoun. Elles auraient été les lieux d'habitation des premiers monarques entre le XVI et le XVIIème siècle. On peut apercevoir des toits coniques tissés à base des lianes de raphia et habillés par des composantes de la savane herbeuse que les Bandjoun appellent no'o. Il est donc évident que ce savoir-faire représenté ci-dessus a été rendu possible grâce à la disponibilité de cette matière première (no'o).

* 56Notué, J-P., « Le royaume de Bandjoun ( Leng Djo ou Gung a Djo) : Histoire, contexte de la création artistique, art et tradition dynamique », in Bandjoun trésors royaux au Cameroun, Milan, Editions 5 continents, P.38.

* 57Ibid.

* 58En botanique, l'hygrophylie qualifie les plantes dont les besoins en eau sont importants. Les plantes hygrophiles vivent habituellement en milieu lacustre ou palustre et sont souvent des plantes amphibies. Ainsi on peut déduire qu'une forêt hygrophile est celle qui exige une quantité importante d'eau pour sa constitution et le maintien de son équilibre.

Par ailleurs la forêt dite ombrophile est une catégorie végétale qu'on retrouve dans les écorégions caractérisées par un climat tropical humide. Elle est dominée généralement par des espèces de conifères et de pins.

L'adjectif sempervirent (du latin sempervirent, « toujours vert ») désigne, en botanique, une plante qui garde ses feuilles tout au long de l'année. On parle plus couramment de plante à feuillage « persistant », par opposition aux plantes à feuillage caduc.

* 59 Entretien avec Tagne Jérôme le 17 Janvier 2019 à Mlem

* 60 La forêt-galerie désigne une forêt longue et étroite qui longe les rives d'un cours d'eau.

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