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Patrimoine culturel Bandjoun. Destruction et stratégies de protection (1904-2005).


par Jacques Simo Djilo
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2018
  

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1.2 LA CHEFFERIE BANDJOUN : UNE HISTOIRE SINGULIERE ET PROPICE A L'ECLOSION DU PATRIMOINE CULTUREL

Après l'étude du cadre physique, nous constatons que l'unanimité peut être faite au sujet de l'assertion selon laquelle le milieu naturel influence la production du patrimoine d'un peuple en général et Bandjoun en particulier. Cependant, il est important pour nous d'étudier le contexte historique dans lequel émerge la chefferie Bandjoun, contexte qui nous permettra d'élucider la puissance matérielle et immatérielle du patrimoine de cette chefferie Grass-Field. Alors cette sous partie abordera la fondation de la chefferie et de la lignée dynastique.

1.2.1 Fondation du royaume et mise en place d'une entité traditionnelle porteuse d'un riche patrimoine culturel

En faisant appel à la tradition orale, on remarque évidemment qu'une unanimité se profile au sujet de l'aspect selon lequel Baleng constituerait l'hypocentre de la chefferie Bandjoun65(*). Jean Paul Notué est précis et pointilleux quand il évoque la fondation du Royaume Bandjoun. «  Certains apparaitront au XVIe, XVIIe et XIXe siècle : Baleng, Bandjoun, Bana, Baham, Bangangté, Bafoussam, Batcham, etc. Leurs fondateurs vinrent pour la plupart des régions périphériques aux hautes terres de l'Ouest. Bandjoun spécifiquement est une souche secondaire de la chefferie Baleng »66(*).

La légende de fondation de la chefferie Bandjoun est longue, riche en leçons et stratégies. La légende et la tradition orale nous rapportent qu'entre le XVe et le XVIe siècle se dressait autour de la vallée du Noun une petite chefferie dénommée Nepèguè dirigée par le 19ème souverain nommé Tchougnafo. Ce dernier avait comme princes : Notchwegom, Mouafo et Tayo ou Foyo. Un jour, une dispute éclata entre les princes au sujet du partage de l'huile de palme67(*) et surtout au sujet de la succession de Tchougnafo. A la mort du vieux roi, dans le souci de fuir la vengeance de leur frère, Notchwegom et Mouafo prirent fuite et s'exilaient du village. Malheureusement, la situation relationnelle entre Tayo et son Kuipou se détériora progressivement avec pour dénouement la prise du pouvoir de Nepèguè par son Kuipou qui s'était installé dans un quartier éloigné du royaume Nepèguè. Après la prise du pouvoir, le kuipou réunifia son quartier et Nepèguè et l'ensemble né de la fusion était Baleng ou Lengsap. Les dignitaires opposés au coup d'Etat se joignirent à Notchwegom et s'installèrent au lieu dit Famleng. Quant à son frère Mouafo, celui -ci s'installa dans l'actuel département du Ndé où il fonda Banlengou68(*).

Notchwegom qui s'était installé à Famleng devint un puissant chasseur à Famleng car cette localité était dans une zone très giboyeuse. Il convient de préciser que la zone d'installation de Notchwegom était aussi composée de plusieurs chefferies indépendantes et rivales comme Dibu, Soung, Mouwe, Moudjo, Tse, ... Alors, Notchwegom réussit à obtenir la confiance du très puissant Foadibu, Chef de Dibu (la plus importante chefferie de la zone), qui lui donna sa fille en mariage. Un jour, en guise de récompense pour les gibiers qu'il recevait assez souvent de son gendre, Foadibu lui envoya un sac rempli de légumes par sa fille venue lui rendre visite. Au grand bonheur du chasseur venu de Nepèguè, le sac contenait le bracelet de cuivre (kwè pè), insigne du pouvoir et symbole de la royauté de Foadibu. L'histoire ne dit pas s'il s'agissait d'une mégarde du monarque, ou d'une manoeuvre de la princesse au bénéfice de son mari. Toutefois, Noutchwegom se trouva avec ce bracelet, et fut aussitôt reconnu comme fo. Fin stratège, il agrandit sa chefferie en soumettant plusieurs petites chefferies du voisinage, et agrandit sa population en accueillant des refugiés, et aussi en achetant des esclaves qu'il affranchit. Ceci est d'ailleurs l'origine du nom Bandjoun, une déformation de padjo .Pa qui signifie «les gens ». Djo signifie « acheter » par extension le concept peut traduire «  groupe de personnes ou pays qui achète »69(*).

Ainsi la chefferie Bandjoun était née. Un cadre politico-humain nécessaire à l'éclosion d'une production culturelle venait ainsi de voir le jour.

* 65C'est la raison pour laquelle Le processus d'intronisation d'un nouveau chef après la mort du prédécesseur à la chefferie Bandjoun est fait sous la houlette du Chef Baleng.

* 66 Notué, J-P., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de création artistique, arts et traditions dynamiques » in Bandjoun trésors royaux au Cameroun tradition dynamique, création et vie catalogue du musée Bandjoun, Milan, 2005, p.40.

* 67Il s'agissait de 7 calebasses d'huile de palme apportées par un notable comme droit d'entrée dans la société sécrète dit Komla.

* 68 Entretien avec le Notable Ta Souop Tokam le 26 janvier 2019 à Pete.

* 69 Notué, J-P., « Le Royaume de Bandjoun ( Lem Djo ou Gug Djo) : Histoire, contexte de création artistique, arts et traditions dynamiques » ...., pp. 41-43.

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