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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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2.1.3.4 Offrir la protection internationale aux personnes en mouvement forcé

Au Niger, c'est la loi 016 du 20 juin 1997 qui précise les modalités individuelles de demande d'asile et la mise en place d'une Commission Nationale d'Éligibilité au statut de réfugiés. Sur cette base le Niger ouvre la possibilité de demander l'asile aux personnes qui le souhaitent. C'est dans cette perspective que l'arrêté qui reconnait les Maliens comme refugiés prima faciès ouvre également la possibilité pour ceux qui en sont exclus de suivre la procédure de demande d'asile. Il en est de même des Nigérians non ressortissants des trois régions du Nord Est. Le Niger accueille au 31 mai 2021 sur son territoire 3 048 demandeurs d'asile. La répartition en fonction des régions donne les données désagrégées suivantes comme l'indique la carte (5) ci-dessous : Agadez (562), Diffa (2 109), Tillabéri (25) et Niamey (352). Depuis novembre 2017, le HCR en accord avec l'Etat du Niger a mis en place un mécanisme d'évacuation d'urgence et de transit de la Lybie vers le Niger des personnes relevant de son mandat. A ce titre la ville de Niamey accueille 1173 demandeurs d'asile.

Carte 4 : Statistique sur les demandeurs d'asile au Niger

Source : Notre étude

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2.1.4 Migration de retour

Pays d'émigration, le Niger enregistre une migration de retour de ces ressortissants. A l'échelle nationale dans le contexte de la migration circulaire, il s'agit des migrants ayant quitté le milieu rural ou la ville qui reviennent en fonction de la saisonnalité des travaux champêtres. Les allers-retours des migrants s'effectuent à l'intérieur des frontières du pays. A l'international, le retour s'inscrit dans le cadre de la migration circulaire ou saisonnière. Cette migration inversée n'est pas liée à un évènement conjoncturel et s'inscrit dans la stratégie et le mode de vie des ménages pour la gestion des risques.

À côté de cette migration de retour se greffe un retour forcé ou contraint qui ne relève pas de la volonté du migrant. Il s'agit des retours dictés par des conditions politiques, sécuritaires et sociales des pays d'accueil. A titre d'exemple, on peut mentionner les retours dû aux expulsions, guerres, durcissements des politiques migratoires, xénophobie, conflits politiques ou sociaux. L'histoire migratoire du Niger est marquée par plusieurs types de retours contraints. On peut citer l'expulsion des Nigériens du Ghana dans les années 60, du Nigéria en 1983 et 1985. Il s'agit là d'expulsions de masse organisées par les pouvoirs politiques. En principe, les expulsions massives sont interdites par les protocoles de la CEDEAO mais les États continuent à le faire. L'expulsion doit être faite au cas par cas avec notification au citoyen et à son gouvernement. En fait la CEDEAO n'a pas prévu de sanction contre les États qui ne respectent pas ces dispositions. Aucune voie de recours n'est prévue pour le citoyen victime de rapatriement ou expulsion (Maga, OIM, 2009).

Dans la période récente, l'accord entre le Niger et l'Algérie en 2014 a permis l'expulsion de milliers de Nigériens hommes et femmes. Il s'agit en majorité des femmes ressortissantes de Kanché dans la région de Zinder qui s'adonnent à la mendicité. Par-delà et en l'absence de tout accord, l'Arabie Saoudite expulse régulièrement des immigrants nigériens de son territoire (Boyer, 2016).

Notons aussi que le retour forcé émane souvent du migrant lui-même. En effet, devant la dégradation de la situation sécuritaire dans les pays d'accueil, le migrant peut décider de retourner au pays en attendant une normalisation de la situation ou chercher une nouvelle destination. Les exemples des Nigériens en Côte d'Ivoire en 2002 et plus récemment en Libye en 2011 sont illustratifs.

Le retour contraint en masse, dans certains contextes peut poser des problèmes dans les zones d'arrivée. Il s'agit principalement de l'accès aux terres de cultures et la pression sur les

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ressources locales. Leur gestion nécessite l'intervention des pouvoirs publics. En 2011, dans la zone de Tchintabaraden, il a fallu l'intervention de l'État et de ses partenaires pour trouver des activités génératrices de revenus aux migrants de retour. La même situation a été observée à Kantché pour les femmes retournées d'Algérie. Des projets ont été initiés et mis en oeuvre ; même si par ailleurs ce n'est pas dans une logique d'atténuer le choc du retour ; mais plutôt dans une perspective de les fixer.

Certains retours contraints s'effectuent avec l'intervention de l'État. En effet, à la suite de la détérioration de la situation sécuritaire et politique dans les pays d'accueil, l'État du Niger intervient souvent pour rapatrier ses ressortissants. En 2014 par exemple, l'État est intervenu pour rapatrier 1.163 migrants nigériens de la République centrafricaine lors de la crise qu'a connue ce pays grâce à une collaboration avec l'OIM. Les 3/4 des personnes rapatriées sont des ressortissants de la région de Tahoua, espace connu pour sa forte émigration (Ocha, 2014). Il en est de même en 2018 en Libye à la suite de la publication de la vidéo de la chaine américaine CNN sur la vente d'esclaves dans ce pays

2.2 Facteurs et tendances récentes de la migration au Niger 2.2.1 Réaliser son projet migratoire au Niger

La migration au Niger trouve son fondement dans l'histoire coloniale. En effet, la politique coloniale a mis en place un système permettant d'utiliser les populations de l'hinterland comme main d'oeuvre afin de développer l'économie cafetière dans les pays côtiers. Par-delà, la monétarisation de l'économie a contraint beaucoup de personnes à migrer à la recherche du numéraire pour s'acquitter de l'impôt ou se soustraire à la colonisation française jugée très contraignante. Pendant cette période, la migration de certains est motivée par des considérations culturelles. De nombreux jeunes quittaient leurs terroirs à la découverte de la ville et ses merveilles. Cette dimension de la migration persiste toujours dans des nombreuses zones du Niger où elle est considérée comme un rite pour des nombreux jeunes. Les nombreuses chansons dédiées aux migrants de retour ou en partance témoignent de la place de la migration dans la société.

De nos jours, la migration est motivée par les contraintes du milieu devenu de plus en plus répulsif à cause des mauvaises pluviométries, des inondations, sécheresses, famines, attaques des criquets pèlerins, chômage, absence d'opportunité économique et d'emploi. Elle apparait comme l'ultime recours des ménages pour faire face à l'incertitude du milieu et une alternative de gestion des risques. Pour de nombreux jeunes, elle se présente comme le chemin pour réaliser

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son projet, comme une stratégie d'autonomisation et d'acquisition de biens face au système familial de gestion de biens. Au même moment, les pays d'accueil deviennent plus attractifs avec une offre diversifiée de formation au supérieur, des fortes demandes d'emploi, d'une stabilité de l'emploi, des salaires mieux rémunérés.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore