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Externalisation des politiques migratoires européennes au Niger: reconfigurations des lieux et des trajectoires des migrants


par Bachirou AYOUBA TINNI
Université Abdou Moumouni de Niamey - These de Doctorat  2021
  

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4.3.4 Frontières imaginaires

Les autorités nigériennes ayant décidé unilatéralement d'arrêter les frontières de la CEDEAO à la commune urbaine d'Agadez, les migrants non nigériens ne doivent pas s'aventurer à ce niveau aux risques de se faire renvoyer à Agadez.

En fait, tout se passe comme si à la sortie d'Agadez se trouve une ligne imaginaire que les migrants, même ressortissants de la CEDEAO ne doivent pas franchir. Cette ligne constitue la frontière virtuelle du nord du Niger. Elle fonctionne sur la base d'un imaginaire collectif des autorités indiquant que tout voyage vers cette direction a pour destination la Libye. Pour cela l'argument moral est mis en avant. Le Niger ne peut pas regarder, passer les jeunes Africains mourir dans le Sahara ou la Méditerranée sans réagir. Joignant l'acte à la parole des actions sont prises à Agadez-ville de sorte que cette ligne rouge soit aussi effective sur place. À l'intérieur de la ville déjà, les gares, les ghettos, et autres lieux d'embarquement sont sous la surveillance permanente de la police. Il suffit de tenter de faire quitter la ville aux migrants, soit par motos, tricycles ou véhicules pour voir surgir des policiers afin d'immobilier et transférer les personnes au commissariat pour suite judiciaire.

La ligne rouge est aussi perçue à Agadez ville du fait de certaines pratiques policières. En effet, des migrants rapportent des cas de descentes de la police tard la nuit pour des opérations de rafles. Ils sont embarqués et conduits à la police qui leur demande de choisir le retour volontaire. Ceux qui acceptent sont transportés par l'OIM, tandis que les autres peuvent sortir librement pour rejoindre leur domicile. Face à la récurrence de ces rafles, certains migrants affirment ne pas passer la nuit dans les ghettos pour éviter d'être pris. Cela montre une psychose sur place, alors que quelques années auparavant cette pratique n'existait pas.

La ligne rouge est aussi sur place, à Agadez du fait des nombreuses opérations de démantèlement des réseaux facilitant l'accueil, l'hébergement et le transport des migrants vers l'Afrique du Nord. Sur la base d'enquêtes policières, de dénonciation, plusieurs personnes furent arrêtées et conduites en prison depuis août 2016.

4.4 Conséquences de la lutte contre le TIM 4.4.1 Des migrants abandonnés par les passeurs

Ce dispositif a abouti au blocage de migrants dans la ville d'Agadez, incapables d'avancer vers le nord faute d'offre de transport. Si elle existe, cette offre devient plus chère, 300 000 à 400 000FCFA et elle est plus dangereuse, car le risque d'être abandonné par le passeur à la vue

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des FDS est élevé : « la chose, quand elle est interdite, elle est toujours attrayante, et les enchères montent. Avant c'est 120 000FCFA le transport en Libye. Maintenant c'est 300 000FCFA. » (Entretien, Agadez, Substitut procureur, novembre 2017). En outre, les routes empruntées ne sont pas balisées, il n'y a pas ou peu de points d'eau et elles croisent les routes des trafiquants aux profils variés. Les migrants abandonnés, lorsqu'ils sont retrouvés, sont convoyés à Agadez où ils ont le choix entre aller à l'OIM, déposer une demande d'asile ou sortir se débrouiller seuls. En 2017, « 2.083 migrants abandonnés dans le désert ont été récupérés par les forces de défense et de sécurité; 52 dépouilles de migrants décédés ont été retrouvées » (Rapport bilan, 2017). Ses opérations de secours sont conduites grâce aux patrouillent des FDS mais aussi sur la base d'un partenariat entre l'OIM et la Direction générale de la protection civile.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci